Et c'est par cette belle journée rythmée par le bruit incessant du tonnerre, les flashs lumineux et déchirant le ciel de l'orage, et des larmes de ses gros nuages sombres qui sillonne le ciel en quête de refuge contre l'arrivée de ses démons, que l'elfe noir travaillait sur les collines en tant que chasseur de primes, profitant de ce temps propice aux Aquas, pour faire tomber sur des mises à prix des gouttes de pluie transformait en une nuée de dards tranchants la peau et les organes des malheureux qui ont eu l'audace de voir jusqu'à combien leur têtes pouvait couter: pas bien haut en tout cas.

La scène se passe aux collines Devëlite, près d'un campement de quelques esprits démoniaques où le jeune elfe noir aux coeur de glace et aux corps puissants venait de punir par le chatiment sanglant. On pouvait dire sans problème que le temps et le sang formait une véritable inondations dans ses lieux, Shinreï n'est pas un saint.

Mélangeant dards, pouvoirs élementaires, et quelques coups de griffes de ses mains à la puissance aiguisées, il ne lui avait suffit que de quelques minutes, il n'avait point utiliser sa vitesse, ses victimes avait pu enfin observer le visage de leur assasin, du chasseur de primes qui venait de mettre un terme définitif à leur activité. Le temps avait masqué son passage aux yeux des observateurs lointains, mais l'odeur du sang émanait à profusion.

En absorbant le sang qui servait de témoignage de la réussite de sa mission, il ressentit l'énergie très puissante et chargé positivement d'une énergie Aqueuse vaste, d'un personnaqe à une centaine de mètres de sa position attirait peut-être par les hurlements qui sait, mais que l'elfe à la peau aussi noicit que les nuages à cet heure ici, n'eut pas de mal à reconnaitre. C'était celle de son ancien professeur élementaire, Mlle Ruby, il n'avait qu'un cours, mais elle l'avait aider à résister aux froids, qu'il avait largement perfectionner dans les grotte de Finduilas pendant quelques temps. Son enseignement était enreichissant, mais Suiton ne possédait plus le rang d'élèves. Néanmoins il eut le respect d'attendre la suite de ses mouvemnts, et la saluait si nécessaire.

"Shin"

Et ce mot, dans sa bouche, quoi que déformé par un accent guttural à couper au couteau, n'était pas une question mais une constatation.
Il était debout, raide comme un tronc d'arbre que le vent n'influence pas. Tendu, trop tendu. Sur ses gardes ? Prêt au combat ?

Dans l'esprit de la Cristalléenne, elle qui avait déjà tué, elle traduisit cette pose comme celle d'un adversaire ou celle, moins polie, d'un être peureux, essayant de prendre dans le bon sens du poil un animal hargneux. Un vague hérissement passa dans sa chevelure qui se dressa un peu malgré la pluie. Son coeur battit plus vie, envoyant du sang chariant dans le glace dans son corps.
Devait-elle s'offusquer d'une pareil réaction ? La prenait-il pour un être dangeureux ? Ca, par contre, s'aurait été flatteur. Ainsi, la petite fille que le Clan de l'Aigle prenait pour un simple morceau de chair était bien une véritable louve, capable non seulement de prouesse animale, mais celles aussi due à sa race !

"Ai-je l'air d'aller mal ?" Et sa voix, quoi que rendue grâve par sa transformation et sa colère à peine dissimulée, était comme un coup de plus pour qui osait la défier en ces heures sombres.

Puis, comme si elle avait lu dans le coeur même de l'elfe - à vrai dire, elle lisait plus dans sa posture - elle reprit :

"J'ai peut-être l'air affaiblie par mes sentiments, mais n'aie crainte que la folie n'enserre pas mes actions et la rage se montrera plus forte que la raison. Je ne te chasse pas. Retourne vers la cité, ne te met pas sur la route de ma vengeance."

Elle grogna à peine, feulement quasi félin dans sa gorge de canidé et recula d'un pas avant de s'arrêter, les yeux sur les corps sans-vie sur le sol.

"Ainsi, tu chasses, toi aussi. Aurions-nous la même proie ? Participerais-tu à ma chasse ?" Et dans ses yeux, toutes traces de douceur avaient disparues, remplacées par de la haine à l'état pur.

Le rire de l'elfe Noir lui cingla le visage aussi bien qu'un coup de fouet, qu'une cravache. Elle aurait presque put sentir la marque sanglante que ses paroles avaient laissé sur son âme. Ainsi, il était un meurtrier ? Cela expliquait bien sa volonté d'apprendre à maitriser plus ses pouvoirs sur le froid. Mais oser dire qu'elle n'avait pas été son professeure ! N'avait-elle pas infuser la glace dans le sang de l'elfe ? Ne lui avait-elle pas apprit à supporter des températures bien plus basse que toutes celles trouvables sur la Terre ? Non, c'est vrai... Après tout, elle n'était qu'une petite fille bien gentille ! Pouah !

Mais c'est vrai qu'il la surprit assez : il bougeait rapidement et d'autant plus vite qu'elle se s'attendait pas à son mouvement. Mais elle ne bougea pas, ne tourna même pas la tête pour le regarder, pour le reconnaitre comme égal à elle. Pour lui donner simplement l'image d'un adversaire. Mais en elle, quelque chose avait tressaillit.

Un combat ! Une guerre !
Déjà, elle sentait s'infuser dans ses veines une chaleur anormale. Le bout de ses doigts resta lui glacé, étrangement froid. Avait-elle remarqué que ses griffes s'étaient faites de Glace, plus dure et plus solide que le carotène naturel ? Non, probablement pas. Ses crocs aussi, plus durs, plus brillants. Et sur son épaule, comme une bougie dans l'obscurité, la source de son agressivité, son tatouage crépitait, faisant s'évaporer l'eau qui le touchait. Et la pointe des cheveux de la jeune femme, adoptant le rouge, révélait sa colère certaine. Mais, était ce qu'elle était, elle ne bougea pas, comme quand elle était petite, et elle eut l'impression d'attendre un coup et se détesta pour ça.
Sa vision d'obscurcit.
Etait-ce ainsi ? Comme cela que ses ancêtres voyaient la guerre ? Comme une bonne chasse ? Plus enivrante qu'un orgasme, plus brillante que le soleil, plus suffisante d'un bon repas ! Et ils avaient décidé de préférer la science à cela ? Mais quels fous ils étaient !

Mais Ruby restait Ruby, même sous sa forme animale, même sous la rage du combat. Jamais elle n'avait permis à sa langue de mentir, même si cela révélait une de ses faiblesses.

"Tu sais comme moi que je ne le savais pas." Et sa voix était revenue normale. Non, ça ! Elle n'était plus douce et pacifique, mais mordante. Et elle n'avait plus la trace du moindre accent.

"Je vais te révéler un secret : ma puissance ne vient pas seulement de moi, de ma nature, ou de la magie rattachée à ma race. Je te le dirais peut-être à toi, qui sait. Et tu dis que tu veux poursuivre l'enseignement des Aquas ?"

Elle se tut. Elle lui proposait de redevenir son élève, le comprenait-il ? Elle était prête à sacrifier sa chasse de la nuit à l'enseignement d'un assassin. Mais, après tout, n'en était-elle pas un, elle aussi ? Ou était passé la gentille demoiselle toute tissée de douceur ? Morte, détachée de son corps à sa résurrection. Morte lorsqu'elle était morte, car Ruby était bien passé dans le monde des esprits, malgré de que l'ange et la fée croyaient.
Elle s'avança vers les corps sans vies des démons que Shin avait tué - car qu'importait quel était son nom, pour Ruby, il resterait Shin. La Cristalléenne s'accroupit, caressa le front du premier de sa paume douce. Sous son geste le sang se remit à circuler. Coagulé, certe, mais toujours ayant la capacité d'être liquide. Et elle en aspira la chaleur, transforme le licor vermeil en glace, donnant à la peau du démon une teinte bleuâtre. Et cette force nouvelle, dans sa main, se transfusa en lumière bleu qui engloba son corps frêle.
Et de dos, illuminée par sa propre clarté, elle semblait être un ange immaculé.

"Je sais très bien que je ne pourrais pas tuer la Démone. Je n'en ai pas la force, même au plus grand de mes capacités. Je traque et chasse les démons qui sont à sa solde." Elle se retourna vers lui. Ses crocs miniatures semblaient cachés sous sa lèvre. Le regard qu'elle adressa à Shin étaient vide de colère. Pouvait-il comprendre là qu'elle s'était détransformée ? Que l'énergie qui émanait d'elle était maintenant infusée d'une paix déstabilisante. "Cela l'affaiblit indirectement, Sans qu'elle ne s'en rende compte. Et j'ai l'impression que jouer un tour de renard..."

Elle leva son visage vers le ciel au moment où un éclair illuminait le ciel, éclairant sa peau couleur de neige fraiche. Ses paupières étaient close sur l'escarboucle de ses prunelles. Elle leva les poings et ses joints sur sa poitrine. Ses ongles avaient reprit une taille normale mais ils restaient toujours de glace, comme du verre, mais en plus résistant.
Puis, elle rouvrit les yeux, fronça les sourcils et posa son regard sur l'elfe noir.

"Je ne t'apprendrai pas à tuer, mais je te demande de me fournir cet enseignement. Je n'ai jamais appris la haine, la colère, je la connais de nature. Je t'enseignerais en échange des techniques qui peuvent se révéler utiles."

Etait-ce bien toujours la professeure qu'il avait devant ses yeux ?

Douce, douce race, gentille race, race clanique !
Ruby écoutait attentivement ce que lui disait Shin. Il allait devenir son maître, il allait lui apprendre. Se montrerait aussi dur qu'elle comptait l'être ? Elle ne comptait pas le battre, pas faire couler le sang, elle ne voulait pas ça. Elle serait dure dans ce qu'elle lui demanderait, elle serait exigeante. Pas violente. Elle savait que la violence pour apprendre ne servait que dans des cas extrèmes. N'y avait que les idiots qui se servaient de la violence pour l'enseignement. Punition n'était pas synonyme de discipline.

Elle le laissait parler. Pouvait-elle faire autre chose ? Pouvait-elle désirer connaitre une chose en étant trop pressante ? Non, elle ne le pouvait pas. Elle savait que la patience était plus utilie que la précipitation.

Ruby écarquilla les yeux lorsque Shin prononça le nom de Sélène. Sans le vouloir réellement, elle gronda comme un loup, retroussa sa lèvre et dévoila ses crocs. Ses griffes de Glace avaient de nouveau une taille assez concéquente.

"Que sais-tu de Sélène ? Va-t-elle bien ?!" Puis elle se tut et se reprit. Autant de transformation l'épuisait et elle eut un vague vertige qui troubla sa vue. "Elle m'a sauvé la vie, mieux, elle m'a ramené du pays des Morts. J'étais morte, elle m'a rendue la vie, se liant à mon âme sans le savoir. Elle est ma famille et même plus que ça. Elle est ma meute. Sa meute est la mienne, Mercure est mon nouveau compagnon. Il n'y a pas de mot pour dire ce que je lui dois ni ce qu'elle a fait pour moi. Aveugle, elle m'a ouvert les yeux."

Elle se mordit la lèvre. Continuer, poursuivre et dire qu'elle n'avait pas pu la protéger malghré la puissance de sa magie, la souplesse et l'endurance de son corps ? Qu'elle était non seulement une professeure des plus pitoyable mais en plus une loive riddicule, pas capable de protéger sa meute ? Fallait-il qu'elle apprenne maintenant qu'une guerre allait avoir lieu ?! Elle se battrait ! Ca oui ! Et Shin avait plutôt interêt à lui apprendre à tuer comme il fallait !

"Commencons maintenant. Mes raisons ne sont pas celles qui sont tiennes. Et puis, faut-il réellement une raison pour chasser ? Pour moi, elle est un prédateur qui est entré dans le territoire de la meute de Layna. Chassons-la ! Qu'importe si elle meure. Son terrassement sera dissuasif pour ses démons. Elle n'est pas un adversaire, elle est une étrangère en nos terres."

Se rendait-elle compte que sa manière de penser était parfois difficile à suivre ? Non, je ne le pense pas. Elle pensait comme un animal humain, faisant pour elle la vengeance, sans qu'elle soit pourtant logique.

"Trouvons une proie, capturons là, tu m'apprendras comment faire."

Elle se retourna, jetta un dernier coup d'oeil derrière elle, vers l'elfe rigide, se mit accroupit, leva le visage vers le ciel et flaira.
Il n'y avait pas d'odeurs ici, pas la moindre fragrance puante des humains ou des démons. Ce n'est pas ça qui l'empêcha de partir en chasse, figure sauvage et animale, terrifiante, son regard brillait, promesse de meurtre et de sang. D'une pression, d'un jeu de ses muscles souples, elle s'élança en avant, bondit, bondit encore, se redressa sur ses deux jambes, toujours penchée en avant, les bras vers l'arrière, oriflamme d'une blanche opalescente, suivit de ses cheveux, comme une trainée.

Et les arbres cachèrent son pas, alliés de toujours.

Il sauta.
C'était ça, ce dont il était capable ? C'était impressionnant ! Un bond de sauterelle à taille humaine. Il atterrit prestement devant elle, élastique, souple, félin. Félin ! Qu'il ne fasse plus ça alors que Ruby avait cette mentalité ! Les félins, arrogants, égoïstes. Des Félins ! Mais elle s'arrêta quand même. Il était son mâitre, là, ici, non ? Elle devait se plier à ses volontés. Devait céder à toutes ses envies quelles qu'elles soient. Elle se tint donc droite, mais décontractée, écoutant avec plus d'attention qu'il n'y paraissait ce que lui disait son maître.

Ainsi, elle ne devait pas être énervée, calme, paix, confiance en soi. Accord avec les choses, les éléments. Rien de plus simple ! Mais il devait lui laisser quelques secondes pour se calmer, absorder en elle, au fond de son être toute sa colère.

Mais cela se révé la plus complexe qu'elle ne s'y attendait. Depuis combien de temps tellement de haine s'était nichée dans son coeur ? Elle s'immergea en elle, n'accordant plus aucune importance à ce qu'il y avait autour d'elle. La concentration avait toujours été son point faible : il fallait soit qu'elle reste à la lisière de sa conscience et ce qu'elle réalisait était alors maladroit mais fructif ou alors, elle s'immergeait complétement dans ce qu'elle faisait et toute chose autour d'elle devenait aussi interessant qu'un caillou couvert de mousse.

Mais elle était ainsi et devait se concentrer, plus qu'elle ne l'avait que rarement fait. Le vent agita ses cheveux et sa robe qui, trempée, collait à son corps, la pluie battait sur les feuilles, aucuns oiseaux ni aucuns n'insectes ne faisaient du bruit. Qu'importe ! Elle pouvait se concentrer sur rien, comme elle avait toujours du le faire.
Quelle était l'origine de sa colère ? Son incapacité à n'avoir pu protéger Sélène. Et pour pouvoir la protéger, la récupérer, elle devait ne plus être en colère. Sa haine contre Apharez aussi elle la ravala.

La mince lueur bleutée qui enveloppait son corps s'annula d'un coup puis réaparut, douce, calmante, sereine. Ruby expira l'air qui se trouvait dans ses poumons et ce fut comme une libération. Elle eut l'impression d'expirer de l'air lourd et chaud. Piquant.
Et ce fut tout.
Le Vide l'envahie. Etait-ce à cela qu'elle ressemblait une fois débarassée de sa colère ? A une poupée de porcelaine qui ne ressentait rien ? Vide, simplement, comme l'interieur du cocon d'un papillon ? Mais, dans ce cas, où était parti le papillon qui se trouvait en elle ?

De la paix, douce, diffuse, entêtante. Avec une colère sous-jacente auot-dirigée. Non, elle n'était pas vide. Elle était sereine, nuance. Ainsi, son oncle n'avait pas tout brisé en elle. C'était bien.

Elle rouvrit les yeux sur Shin et son regard s'était éclaircit : "Oui maître."

C'était ainsi que son oncle voulait qu'elle l'appelle. Etait-ce ainsi que réagissait un élève face à son maître ? Elle ne le savait, n'ayant jamais eu de véritable mentor ni de véritable enseignement. Dans le doute, elle préféra faire preuve de respect et de déférence, comme face à un sage, à un ancien, à quelqu'un qui possèdait plus de savoir qu'elle.

Mais, maintenant, sans ce vide en elle, elle se rendit compte qu'elle était trempée et qu'elle avait faim. Elle était aussi fatiguée. Le froid ne la gênait pas et l'eau qui tombait averse sur elle non plus. N'y avait véritablement que le contact du tissu collé sur sa peau qui la dérangeait et elle songea quelques secondes à l'enlever... avant de se rapeler qu'elle n'était pas seule.

Et ses cheveux battaient dans le vent eux qui, normalement, arrivaient aux chevilles de la jeune femme. Ils battaient encore et encore, cinglant la peau glacée de la Cristalléenne. Avait-elle remarquée qu'elle ne portait plus sa couronne frontale ?

Tout, tout, elle savait tout, percevait la moindre parcelle d'énergie et pouvait dire à quel ordre elle appartenait. Elle sentait son énergie partir, comme le brin d'une trame complexe, sans pouvoir l'en empêcher. Quelques secondes, son coeur s'arrêta sous le choc. Puis il se remit en marche, battant à tout rompre, comme perforant sa cage thoracique.

Et des mains sur elle. Des mains, de la chaleur du bout des doigts sur sa peau blanche. Cela, pire que le contact de félin alors que son esprit canidé se libérait, cela plus qu'autre chose lui donna envie de vomir. L'amerture de la bile envahit sa bouche avec un léger gout de sang par derrière, reste de la première viande qu'elle avait mangé.
Et le sommeil, lourd, venu d'elle ne savait où. Quelques instants éternels. Ne plus rien ressentir, sinon cette vague impression de viol sous-jacente.
Et le réveil, oppréssion libératrice. Elle rassembla ses sentiments, ses sensations. L'herbe humide sous son visage. Depuis quand était-elle sur le ventre ? Les pierres et la terre sur sa gorge, sur ses bras sous elle. Le bruit de la pluie qui continuait de battre son plein, le manque de lumière. Toujours la nuit ? Non, le jour, mais couvert des nuages.
Elle se retourna, posa ses yeux sur l'elfe. Ses muscles étaient douloureux, elle se sentait sale. Et plus que de la transpiration que la pluie avait lavé, elle était sale du toucher.

Sur le dos, elle ramena ses bras sous elle, se poussa en arrière avec ses coudes, le regard affolé, se poussant avec ses pieds pour s'éloigner plus vite, sans trouver le courage d'essayer de se relever pour fuir réellement. Ses joues restèrent secs de larmes mais la peur était bien là. Elle ne voyait pas bien, n'arivait pas à comprendre ce qu'elle ressentait, n'entendait pas la question qui venait de lui être posée.

"Non ! Pitié, Fërima ! Ne me touche pas ! Je t'en supplie !" implora-t-elle. "Non ! C'est ingure à la Déesse ! Pitié ! Ne me touche pas !" Et ces mots, dans sa bouche qui ne s'était jamais laissé à implorer ni à demander quelque chose, lui faisait mal et aurait été une ingure à une personne qui la connaissait.

Et les digues de sa peine lâchèrent. Elle en avait trop vu. Pourquoi avait-il fallut qu'elle fouille dans ses souvenirs ? Pourquoi l'avait-elle fait ?! Où avait-elle trouver la force de le faire ?
Mais, prise dans sa destibilisation, elle ne remarqua pas qu'elle n'était plus petite, que ce n'était plus son Fërima qui se trouvait devant elle, ce n'était pas lui cette forme vague et sombre. Elle se laissa aller à toutes les plaintes qu'elle avait eu le courage de retenir.

"Non ! Arrête ! Ne fait pas ça ! S'il te plait ! Je t'en prie !" Ses yeux grands ouverts versaient des larmes qui, en tombant sur le sol, se transformait en onde glacière qui gelaient le sol alors qu'elle cherchait toujours à fuir en reculant, grattant la terre de ses ongles, poussant de ses pieds nus qui s'écorchaient au talon. Sa robe se déchirait, la pierre ouvrait ses coudes, mélant à la pluie un peu de son sang...

Ne pas bouger.
Comme une pierre, stable, immobile, elle attendait la fin de la leçon. Une certaine personne lui avait déjà appris à faire des choses qu'il ne connaissait pas. Et s'il advenait qu'elle ne le faisait pas comme il le voulait, il pouvait la priver de nourriture pendant plusieurs jours. L'eau, elle pouvait l'attirer à elle aussi naturellement que le fleuve retourne à la mer. Le repos ? Elle avait passé des périodes en dormant moins et moins confortablement qu'en ce moment.
Mais lorsqu'il lui proposa du repos et un repas avant la fin de la journée, elle écarquilla les yeux.

"Du repos ?" chuchota-t-elle.

Il était étrange, ce maître. Etaient-ils tous comme cela, les autres maîtres ? Et puis, il ne l'avait pas encore frappé, ni pour la punir ni pour le plaisir.
Oh, et puis, elle-même n'était pas comme cela avec ses élèves. Mais la relation élève maître et élève professeur n'était pas la même, celon ce qu'elle pensait.
Et il retourna en méditation. Faisant demi tour, elle retourna vers le bois à vitesse normale. Il ne lui avait pas dit d'utiliser sa nouvelle énergie pour cela.

A l'orée du bois, elle voyait bien les arbres fruitiers, sauvages et donc délicieux. Sa faim se révéla encore plus prenante qu'elle ne le pensait. Trois à cinq pommes ?! Et escalader un de ces arbres sans les mains ? Enfin, s'il le disait, c'est que c'était possible. A vrai dire, il aurait pu lui ordonner de faire un trou sans toucher à la terre, elle aurait essayé, par devoir.
Elle leva son visage vers les futaies. Il n'y avait pas beaucoup de lumière sous les arbres. L'orage allait bientôt revenir. Elle le sentait dans l'air.
Enfin, elle ferma les yeux et inspira, taisant encore plus fort la faim qui la tenaillait. Et lui, il ne mangeait pas ? Elle lui apporterai un fruit, au cas où. Il ne lui en avait pas demandé, mais il ne lui avait pas dit non plus de ne pas lui en apporter.
Taisant sa faim, elle taisa aussi ses autres magies. L'eau, elle, elle pouvait la taire lorsqu'elle le voulait. Mais sa magie clanique, c'était une autre histoire ! Comment taire des sens comme ceux-la ? Enfin, elle devait le faire, non ?

Fouillant dans son corps l'énergie infusée par cette marque éternellement sur sa peau, elle remonta à la source, réabsorba la moindre parcelle de magie de ses veines, la moindre parcelle de magie animale.
Ainsi, elle retrouvait les aptitudes physiques d'un être humain normal, c'est-à-dire, plus grand chose, et elle était en plus frêle et maigre. Sa restistance était considérablement diminuée.

Bon, cela fait, elle passa à la suite. L'autre magie qu'elle n'avait pas encore nommée, la concentrant de nouveau dans la partie inférieure de son corps. Comment devait-elle s'y prendre ? Sauter sur une branche et espérer qu'elle tienne sous son poids ? Elle opta pour cette réponse et essaya.
Impulsion. Mal dirigée, elle fonca vers la branche. Deux choix : l'attraper de ses mains et se relacher après ou ne rien faire et subir le choc. Qu'avait-il dit ? "tu vas devoir grimper aux arbres sans utiliser les mains". Bien, elle accusa donc le choc avec un cri de douleur, en serrant les dents, chuta et atterrit durement sur le sol. Pas de mains ? Pas de mains ! Elle ne les utiliserai même pas pour se protéger.

Ce qui est sur, c'est qu'elle sentit bien l'impact de l'arbre sur son épaule. Là, sur sa peau de la couleur de la lune, nacquit une belle ecchymose. Ruby remercia le ciel de ne pas avait donné plus de puissance : de toute manière, il ne lui restait plus grand chose, il fallait bien l'avouer.
Mais le sol aussi avait prélevé son tribu. Ses chevilles craquèrent étrangement et elle sentit ses hanches répercuter le choc. Elle fut prise de vertige quelques secondes et s'appuya sur l'écorce pour se reprendre, sa main sur le bleu qu'elle avait sur le front, ignorant les petites égratinures qu'avaient laissé les ronciers des bois lorsqu'elle avait foncé dedans.

Ruby releva de nouveau son visage vers le haut. Plus poussée par le besoin de réussir l'exercice que pas la faim qui la tenaillait, elle ignora ces nouvelles douleurs. Elles n'étaient que des bleus et des bosses de plus. La Cristalléenne s'était déjà déboitée l'épaule, foullée la cheville... Enfin, ce genre de chose. Heureusement, sa magie l'avait aidée à cicatriser et à se soigner. Mais là, elle n'avait pas le droit de s'en servir.

Redosage de la puissance, réglage de l'angle de saut. Impulsion.
Dans les airs, elle tourna sur elle-même. Les sens saturés par la fatigue, par la faim, par l'envie et la nécessité de réussir, elle parvint avec difficultés à faire ce qu'elle devait faire. Les creux de ses genoux se callèrent sur la branches. L'écorce attaqua durement sa peau fragile, l'écorchant, encore. Sa robe déchirée se retroussa sur ses cuisses mais, heureusement, grâce à l'humidité qu'elle contenait encore, elle resta collée en partie.
Vertige, le coeur au bord des lèvres. Elle avait fait et, la tête en l'air, elle recevait de plein fouet les caprices de son estomac.
Sans les mains, donc. La Cristalléenne se balança, se déchirant toujours fort la peau, se balança encore et se débrouilla pour se retrouver assise sur la branche. Mais elle ne cria pas sa joie ou son soulagement d'avoir réussi. Elle attrapa une poire et descendit de l'arbre, accusant le choc en s'aidant de cette nouvelle magie qu'elle envoya de plus belle dans ses jambes.

Arrivée sur le sol, elle mangea le fruit, s'essuya les mains sur sa robe, la bouche du revers de son bras. Puis, Ruby se tourna vers un autre arbre, un peu plus loin. Le tronc était lisse mais les branches étaient régulières. Pommier, lui apportèrent ses yeux et sa connaissance des arbres. Elle chercha un autre arbre non loin qui pourrait lui servir de tremplin. Et elle trouva.
Trouver le dosage donc, avait-il dit. Vitesse, course. Elle s'avança rapidement, courut le long du tronc, poussa et se réceptionna sur le pommier, l'enserra de nouveau de ses jambes. Elle ceuillit cinq fruits. Deux pour elle, trois pour son maître.
Sautant de nouveau en poussant de ses cuisses, Ruby atterit sur le sol. Elle avait à peu près saisit comment se receptionner sur le sol en concentrant l'énergie dans ses jambes.
Utilisant la vitesse qu'elle avait apprit, elle revint vers Shinreï. Devant lui, elle posa les 5 fuits, en prit deux, en laissa trois, resta debout et mangea, attendit un moment que le tout glissa, se coucha sur place, sur la pierre trempée et l'herbe humide, se roula en boule et ferma les yeux, les mots "quinze minute", "quinze minutes", résonnant dans son esprit.

C'était plus qu'elle avait souvent eut. Et, habituée à profiter du moindre moment de sommeil qu'elle pouvait grapiller, elle s'endormit immédiatement...