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 Fuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ]

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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyLun 27 Aoû 2007 - 23:01

Deux jours. Inlassablement ces mots resonnaient dans son esprit. Deux jours qu’elle se traînait dans la boue la nuit, s’abritait dans les grottes le jour. Elle avait fui. Elle n’avait pas eu d’autres possibilités. Assise sur sa monture, elle avait vu le nombre de démons diminuer, la clé de la porte qui n’arrivait toujours pas l’angoissait terriblement, et il y eut alors comme un declic : les soldats ennemies se battirent avec plus de fougue, les démons commençaient à fuir… Déjà, elle avait senti un changement. Comme les fourmies ne peuvent s’organiser sans leur Reine, les démons inférieurs ne pouvaient combattre sans Apharez… Or tous avaient compris qu’elle était morte. Ils l’avaient ressentis, tous. Sans attendre d’autres signaux, elle avait fui à cheval. Elle s’enfuyait. Les démons étaient lâches par nature, elle aussi donc. Mais tandis que sa jument galopait en direction des Montagnes, une flèche fendit l’air et s’enfonça dans son mollet… En plus de l’avoir blessée, la flèche avait aussi touché sa jument. Et en effet, à quelques mètres seulement de là, l’animal s’arrêta. On avait deviné que sur la jument se tenait Alouqua.

La succube serrait les dents. La douleur était atroce, irrésistible. D’un mouvement sec et impitoyable, elle avait arraché la flèche de sa jambe. Elle avait hurlé de douleur, et s’était laissé choir sur le sol. Sa jument s’était alors ecroulé, morte de ses diverses blessures. Alouqua ne pensait à rien d’autre à part la douleur à ce moment. Elle s’était traîné contre un tronc d’arbres et avaient décroché son ceinturon où pendait son épée, et enlevé son casque, les abandonnant ici. Elle avait cependant gardé son poignard et Kïo… Ce dernier avait adopté un silence prudent, étant donné l’état actuel de sa maîtresse. Alouqua s’était relevé, et s’était mise en route, en direction des grottes, trébuchant souvent à cause de sa jambe.

Pendant ces deux jours de marches, elle avait beaucoup réfléchis. Ainsi, elle s’était fixé des priorités : trouver les grottes et retrouver Iblîs et Raziel. Elle savait qu’elle pourrait trouver un refuge dans les grottes, après avoir pris un peu de repos elle se mettrait à la recherche d’Iblîs et de Raziel… En espérant qu’ils aient survécu ! Concernant Iblîs, elle n’était pas trop inquiète, il avait certainement compris bien avant la majorité des démons qu’Apharez était morte. Mais Raziel ? Il nétait que récemment entré dans la Caverne, avait-il eu le temps de fuir ? Ou bien était-il mort ? Au fond d’elle-même elle s’en moquait. Aucun démon n’est irremplassable. Si elle mourrait, personne ne la pleurrait, Iblîs se contenterait de penser à Lilith et Raziel s’en souviendrait comme celle qui l’avait amené chez les démons… Dans le meilleur des cas. Alouqua venait de s’installer entre les énormes racines d’un arbre calciné, un abri rustique et indigne d’elle, mais qui offrait une protection contre le soleil, quand soudain la voix moqueuse et tranchante de Kïo resonna dans sa tête :


** Idiote ! Pourquoi vouloir retrouver cette ombre embulante et ce gringalet ? Rassemble les démons inférieurs et devient leur Reine ! Au moins, tu ressemblera plus à ta sotte de mère ! Ahahah !**

- J’y avais bien pensé maudite chaîne ! Mais figure toi que devenir Reine n’est pas mon but ! Lilith a été assassinée en étant Reine, je ne VEUX PAS lui ressembler !

** Alors sois comme ton père ! Une brute sans cervelle ! Un lâche au service des lâches ! Les enfants toujours à leurs parents, et si tu ne veux pas être ta mère, sois ton père !**

- Tais-toi ! C’étaient tous des idiots ! Baal, Lilith, Seth, … Iblîs ! Tous… Oui, Et je les hais, tout les quatre ! Si Seth n’avait pas joué de sa magie perfide, je ne serais pas là ! Je ne serais jamais né ! Et d’abord si Iblîs n’était pas devenu si arrogant à l’époque, ils seraient tous morts ! Tous… Je ne devrait même pas exister ! Ou alors, je devrais être aux côtés de Lilith… Oui… Ah…

** Mais regarde-toi ! Maintenant tu pleures comme une gamine ! Puisque tu les hais tous, tues les ! Baal et Lilith sont déjà morts, mais Seth est encore en vie ! Et Iblîs est à ta portée ! Après l’avoir tué, pars à la recherche du sorcier Et…**

- Tu crois vraiment que quelque’un peut tuer Iblîs ? N’est-ce pas son châtiment que de ne jamais mourir ? … Et oui, maintenant je pleure comme une enfant ! Pleine de boue, d’eau, et de honte, mais surtout vide de sang ! Je meurs de faim… Seth… Je ne sais pas où il est… Il a disparu après avoir été mon mentor… Après la mort de Lilith… Après m’avoir indiqué l’emplacement d’Elament… Mais finalement c’est celle qui m’avait rendu vampire qui m’a indiqué Elament… Elle aussi est déjà morte… Kïo, sais-tu si un vampire peut mourir de faim ?

** Pouah ! Aucune idée ma vieille ! Mais si tu meurs je n’aurais plus personne à qui parler, alors crève pas !**

Ses yeux étaient devenus rouges de larmes. Son visage était plus blanc que jamais et ses cheveux noirs étaient emmêlés, plein de bboue et de brindilles… Elle avait un aspect pitoyable. Mais il lui restait tout de même son esprit. Et sachant qu’elle mettrait longtemps avant de trouver un abri convenable, elle avait préféré se cacher ici, bien que le soleil ne se léverait que dans plusieurs heures… Cette fois, la voix de Kïo s’éleva dans l’obscurité :

- Eh ? Dis, Alouqua, t’es morte ? Tu réponds plus ? Eh ! tu m’entends ?
- Kïo… Apharez est morte, les démons n’ont plus de Reine, Elament est toujours debout. Layna… Elle a tué. Elle L’a tuée. Mais… Layna est-elle toujours en vie ?
- Je ne suis pas un spécialiste de la magie démoniaque ou élémentaire, mais je pense que la magie d’Apharez et de Layna était pratiquement égale, donc, il y a une forte probabilité pour que l’elfe soit morte aussi…

Silence. Alouqua se réjouissait de cette victoire, cependant, Elament était encore debout, alors la Caverne s’effondrait. Ou s’effondrera, si personne n’en prend le contrôle. Devant la victoire de la cité, elle ne se sentait plus le courage de détruire Elament. Il lui fallait un test, un acte qui lui prouverait à elle-même qu’elle en était capable. Et quoi de plus délicieux, et de plus rassurant qu’une vengeance ? Se venger de ceux qui l’avaient amenée ici. Iblîs était trop proche d’elle, et elle se sentait incapable de le tuer, il fallait aussi être réaliste… Qui restait-il ? Seth. Le magicien, mentor d’Alouqua après la mort de Lilith, puis qui avait fui leur repère. Elle le retrouverait. Et elle le tuerais. Ainsi, elle se sentiras prête à anéantir Elament.

Cependant, la tâche serait ardue, et son pouvoir était insuffisant. La succube avait compris que la chaîne possédait un pouvoir qui lui était propre, d’une grande puissance : il lui fallait ce pouvoir. Alors, elle s’adressa à Kïo :


- Kïo, comment dois-je t’utiliser ?
- Pourquoi me demander ça, à moi ? Je suis simplement là pour donner vie à ce pouvoir, et la matérialiser quand mon détenteur, toi, l’utilisera… Mais je connais quelque’un qui connaît ce pouvoir…
- Hum ?
- On joue aux devinettes ? Grand, mince, …
- Iblîs savait comment t’utiliser ? Depuis le debut ?
- A ton avis ? Oui, évidemment ! Dis donc, je te trouve un peu lente là.

Silence. Il savait. Pourquoi ne pas lui avoir dit avant ? Au fond d’elle même, elle devinait pourquoi : elle n’était pas assea mûre, à l’époque. Mais était-elle devenu suffisamment sage pour qu’il lui révèle ce pouvoir ? Elle espérait que oui, mais rien n’était moins sûr avec un être des Ténébres.

Voyant à quel point elle était idiote dans ce trou de de souris, à se lamenter et à rejeter la fute sur les autres, Alouqua se redressa, en s’appuyant contre l’arbre. Elle remit de l’ordre dans ses cheveux, arrangea au mieux sa tenue - après tout, elle était une succube - jeta un coup d’œil à sa blessure… Aïe, la boue agglutinée contre la plaie profonde l’avait infectée. C’était un spectacle affreux. Mais c’était de sa faute. Alors elle la laissa à l’air libre, tentant de la nettoyer quelque peu avec des feuilles et un peu d’eau sale. La succube sortit alors sa chaîne d’Adamant. Une lueure violacée s’échappait de l’arme. Comment pouvait-on augmenter sa puissance ? Cette question maintenant, l’occupait.

Alouqua se reprit en main. Pas question de passer la nuit sous cet arbre, il lui fallait un abri solide. Alors elle se mit en route. Elle avait bien pensé se télé-porter, mais dans état, elle risquait de retrouver devant la Cité ! Alors elle marchait… Et trébuchait, se relevait, et marchait à nouveau… Ses sens encore embrouillés, elle ne sentit pas venir celui qu’elle cherchait…
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Iblîs Nemrodus
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyMar 4 Sep 2007 - 13:10

"Par le fer, coule le sang. Par le sang, rouille le fer."

108e glyphe du Livre des Nains.

***



"Où comptes-tu aller, Alouqua des Démons?"

Comme d'habitude, la voix s'était faite entendre sans avertissement. Comme d'habitude, elle était dépourvue d'intonation, morne à force d'être calme. Et comme d'habitude, son propriétaire semblait encore sorti de nulle part.

Il se tenait à quelques pas derrière elle, debout au milieu des buissons. Aussi fantômatique que jamais, qu'il arrive en se téléportant, ou bien - comme aujourd'hui - en marchant comme n'importe quel mortel. Apparu sans un frôlement, comme tombe la nuit sur le monde. Toujours aussi obscur, aussi lisse, aussi lointain. Vêtu de son habituelle cape usée, à peine digne d'un vagabond. Mais derrière le feutre épais, on distinguait cette flamme malsaine qui n'appartenait qu'à lui ... aussi froide que le ciel quand l'Hiver a levé son sceptre, aussi noire que les diamants quand ils prennent la couleur de la nuit.

Mais ce qui n'était pas comme d'habitude, c'était cette longue entaille sur le visage de statue.


* * *


Je vous ai dit un jour, mes enfants, quelle fut la fin de la grande bataille d'Elament. Comment elle s'acheva, comment tout revint au silence, comment la Cité survécut et comment ses habitants retrouvèrent la paix. Mais à la fin du récit, je ne vous ai pas dit ce que sont devenus les Autres, les Démons. Ecoutez donc comment s'acheva cette partie du conte ...

Le nom de l'homme, vous l'avez deviné, était Iblîs.

Quand Elament fut attaquée, ce fut de toutes les directions. Depuis l'Entrée jusqu'à la Tour, en passant par le Lac et le Square. Et c'est du Square Xéna dont je vais vous parler, justement. Vous souvenez-vous de ce parc empli d'arbres et de plantes, devant les murailles? Ce fut là que surgit Nemrodus. Pendant les cinq jours de la Bataille, son armée et les habitants s'y affrontèrent sans merci.

Face à lui, les défenseurs avaient à leur tête quelqu'un du nom de Métatron Aurion. C'était le Professeur de la Terre qui menait les Terras. Longtemps, le combat fut incertain, car si les démons étaient plus nombreux, les magiciens bénéficiaient de l'avantage du terrain. Les arbres et le sol étaient leurs alliés, et firent payer à leurs adversaires chaque pouce de terrain beaucoup plus cher qu'ils ne l'avaient pensé. Et ce qui devait arriver, arriva. Le cinquième jour, les deux Généraux se trouvèrent face à face. Ce fur très simple. Ils se rencontrèrent avec calme, se saluèrent avec courtoisie et se battirent avec acharnement.

Au début, il avait été visible que le Général démoniaque avait un net avantage. Métatron se rendit compte à ses dépens que son adversaire était insensible aux coups. Son Trident avait beau s'enfoncer dans les habits noirs, il aurait aussi bien pu frapper le vide. Il ne parvenait pas à blesser le corps immatériel d'Iblîs, tandis que celui-ci ne lui épargnait pas les blessures.

Mais nul n'est intouchable en ce monde ... Soudain, devant les portes, un terrible impact annonça la mort des deux Reines, la blanche et la noire. Et à cet instant, le combat changea de visage. Troublé, Iblîs laissa son attention dériver sur le drame et laissa voir une partie de son corps. Métatron comprit que celui-ci était à la fois une force et une faiblesse. Il jeta son Trident, matérialisa la magie pour en faire des lames de marbre - et ces armes furent efficaces. Le sang d'encre du démon gicla à trois reprises.

Touché au visage, blessé deux fois au torse, Nemrodus préféra ne pas continuer un combat qui menaçait de s'éterniser. Il rompit l'affrontement et rejoignit le gros des troupes démoniaques. Il prit le commandement et reprit la lutte tant bien que mal, car la mort d'Apharez Sycan avait déjà brisé l'élan des assaillants. Peu d'heures plus tard, les démons battaient en retraite, sous les Eléments déchaînés et les hurlement des loups.

De sa rencontre avec Chilk Agony et de ce qui s'ensuivit, je vous parlerai plus tard. Car cela, est une autre histoire.

Nemrodus parvint à reprendre en main l'armée démoniaque, à présent réduite d'une bonne moitié. Il confia aux chefs restants la tâche de la ramener à la Caverne, et partit regrouper les Généraux. Un à un, il retrouva ceux qui manquaient et les dirigea sur la Caverne. Finalement, il n'en manqua plus qu'Alouqua. Puisqu'elle se trouvait au Nord de la Cité, elle avait dû se replier dans la direction opposée à la Caverne, et faire un grand détour. Il retrouva les restes de son armée, mais d'elle, ne restait qu'une piste tachée de sang.

L'aura de la Succube était trop affaiblie pour être détectable à distance. Et se téléporter n'est possible que si l'on sait où on veut aller ... Aussi, il avait dû remonter la trace sur plusieurs lieues à travers les Monts Décharnés. Peu avant l'aube du deuxième jour après la Bataille, il avait atteint Alouqua.


* * *


"Où comptes-tu aller, Alouqua des Démons?"

En quelques pas glissés, la haute silhouette du Marcheur se porta à sa hauteur. Les yeux d'anthracite glissèrent rapidement sur l'armure ternie, le visage fatigué, le corps aux formes divines souillé de terre. Pourtant, même dans cet état, Alouqua continuait d'irradier une séduction brûlante. Il fallait qu'elle soit une vraie Succube pour que cette tenue douteuse ne fasse que renforcer son magnétisme sexuel. Elle aurait rendu fou de désir n'importe quel mâle, et il fallait être un asexué comme Iblîs pour rester de glace - sans mauvais jeu de mots.

Pas franchement intéressé par les avantages physiques d'Alouqua, celui-ci examina rapidement sa jambe. La marche dans l'eau terreuse avait aggravé la blessure, qui présentait un vilain aspect. Pourtant, Iblîs ne fit pas un geste pour la soigner à l'aide de la sorcellerie. Il se contenta de hausser les épaules.


"Dans un état pareil, tu ne serais arrivée nulle part avant que le soleil ne se lève. Réfléchis un peu avant de gaspiller ta vie!"

Effectivement, l'horizon commençait déjà à pâlir à l'est. De plus, ils se trouvaient en plein milieu des Monts Décharnés : un désert de rocs escarpés sans le moindre trou où s'abriter. La situation allait bientôt devenir inconfortable, car les démons détestaient le soleil et les vampires n'y survivaient pas. A présent qu'ils s'étaient rejoints, la chose la plus raisonnable était de se transporter illico à la Caverne.

C'est sans doute ce qu'aurait fait le Conseiller ... Au fait, conseiller de qui à présent? ...

Iblîs donc, aurait sans doute mis l'idée à exécution, s'il n'avait pas senti que quelque chose ne tournait pas rond chez Alouqua. Toujours si bavarde, elle n'avait pas pipé mot depuis leur rencontre. En temps normal, l'épuisement ne l'aurait pas empêchée de répondre vertement. Il la dévisagea quelques secondes. Entre son masque de sphinx et les traits fermés d'Alouqua, le silence commençait à devenir un peu lourd. Finalement, le regard indéchiffrable s'étrécit légèrement. Et chose rare chez lui, il alla droit au but.


"Si tu as un problème, ce n'est pas la peine de me faire attendre des heures ..."
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyMar 4 Sep 2007 - 21:59

Elle se retourna, comme un automate. Avant même de voir son visage, elle le visualisa, la figure blafarde, sans une seule imperfection, ses yeux plus noirs que la nuit, c'était comme si il était déjà en face d'elle. Mais soudain, à ce visage si parfait, si pâle, vint se superposer une toute autre face. Il n'y avait pourtant qu'une seule différence, un seul changement, mais il était si saisissant, si déchirant pour Alouqua, qu'elle ne put retenir un hoquet de surprise. Une déchirure sur ce visage, noire sur blanc. Cependant, elle ne demanda pas d'où venait cette blessure, il y a peu, la succube l'aurait bombardé de sarcasme, mais à ce moment, elle était epuisée, blessée, et surtout préoccupée. A sa question, elle ne repondit pas non plus. Il était évident qu'en continuant ainsi, elle n'irait pas ailleurs qu'à sa perte. Comme précédemment, elle ne fit aucun commentaire sur l'innutilité de cette question ( ce qui pourtant la tentait ).

Iblîs. Elle le cherchait, et il venait à elle ? Evidemment, il avait déjà dû rassembler le reste de l'armée, et maintenant il venait la chercher. Le démon des Ténébres l'observa, il regarda son armure sale, ses membres maculés de boue, son visage terne, il s'attarda à peine sur sa blessure, et de toute manière, Alouqua aurait refusé son aide, par orgeuille, par fiérté.

Encore des paroles. Iblîs fit une déclaration qui ressemblait à un sermon, avec raison d'ailleurs. L'aube pointait plus vite qu'elle ne l'aurait crue, et elle jeta à peine un regard à cette clarté qui perçait encore timidement l'obscurité. Elle regarda à nouveau le Marcheur d'Ombres. elle examina un instant la balafre sombre, puis la chaîne dans ses mains, pour finalement fixer les yeux d'Iblîs Nemrodus. Deux puits vers le Néant, mais ce qui l'occupait était si fort, qu'elle devait le fixer. Son regard était puissant, les deux flammèches violètes qui dansaient dans ses orbites noires était presque menaçantes. Finalement, après un silence pesant, il lui parla encore, mais cette fois, elle répondit, d'une voix pleine de reproche, et d'amertume :


- Iblîs ! Te souviens-tu de ma mère, de Lilith ?... Tu sais qu'elle detestait perdre une bataille ! Te surprendrais-je en te disant que moi aussi, je hais la défaite ? ... Je ne pense pas. Perdre m'est insupportable, la douleur est pire que cette blessure là. Je ne veux plus perdre.

Oui, Lilith abhorrait les défaites, même après plusieurs déroutes, elle ne les supportait toujours pas. C'était ainsi, l'orgeuil, la superbe, la fiérté : on ne pouvait pas perdre. Alors à chaque échec, elle rejetait la faute sur les autres. "Baal n'a rien fait !", "Seth s'est enfui !", "Le Faucheur a fauché du vent !", etc. C'était son seul moyen pour se calmer, s'apaiser. Mais ça provoquait souvent des combats entre elle et Baal ( parfois avec Seth, et rarement avec Iblîs ). Alouqua fonctionnait sur le même principe, mais là, il n'y avait qu'une seule personne sur qui rejeter la faute.

- Pour cela, je dois d'abord me venger. Je n'ai que Seth sur qui déchaîner ma colère... Mais pour le combattre il faut qu'il vienne et je ne sais pas où il est... En revanche je pense qu'il viendra s'il sent une grande puissance qu'il peut posséder, en outre c'est un grand sorcier... C'est pourquoi j'ai besoin de toi Iblîs.

Elle se tut un instant, laissant ses paroles flottaient dans l'air, telles des bulles légères et sans importances, jusqu'à ce qu'elles eclatent et repandent la réalité de ses mots. Tant que sa puissance n'égalerait pas ou surpasserait celle de Seth, Alouqua se savait incapable d'affronter à nouveau la Cité. Finalement, elle avoua enfin ses intentions profondes. Pour le premier mot qu'elle prononça, elle copia exactement l'attitude et le ton de sa defunte mère, Lilith :

- Faucheur ! Explique-moi comment révéler le véritable potentiel de la chaîne et de l'esprit qui l'habite, Kïo !

Voilà c'était dit. Pour terminer cette phrase, un rire eclata soudain dans l'aube naissante. Un rire reconnaissable entre tous; aigü, perçant, acerbe : C'était le rire de Kïo, l'esprit démoniaque qui habitait la chaîne d'Adamant.
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyJeu 6 Sep 2007 - 10:19

Au nom de son ancien compagnon, Iblîs eut un léger tressaillement. Et chez un être aussi impassible que lui, c'était comme si la mèche d'un fouet l'avait frappé en pleine face.

Seth...

Aviez-vous remarqué? Cette petite chose toute simple, mais révélatrice? Si Iblîs parle rarement de son passé, il lui arrive d'évoquer Lilith, et parfois Baal. Mais jamais il ne prononce le nom de Seth. Comme s'il l'avait effaçé de sa mémoire, ou qu'une ancienne affaire était encore en suspens entre les deux, malgré les siècles qui s'étaient écoulés depuis leur séparation. Pourtant, dans sa voix, il n'y eut pas la haine, juste la contrariété.


"Ne m'appelle pas ainsi ! Quand à Seth, c'est un Maître Sorcier" gronda l'être noir entre haut et bas. "Pendant les siècles où il dort dans ses repaires, nul ne peut le trouver. A quoi bon venir me demander..."

Iblîs n'avait que rarement reconnu à quiconque le titre de Maître Sorcier. Cela c'était produit moins d'une dizaine de fois en six mille ans, parmi tous les démons du monde. Autrefois, il y avait eu Kanlothl, un Aasimar perverti, génie des maléfices de Corruption. Plus tard, Maeglan et Galaad, les jumeaux succubes, et un Roi Liche dont le nom était oublié, mais qui restait dans les mémoires comme le premier nécromancien de l'histoire. Il y avait eu aussi un Ardent qui avait été l'ennemi personnel d'Iblîs pendant trois cent ans, Chiron du Brasier. Le dernier en date avait été Sirius Aberbald, qui avait ouvert la voie d'une variante des Ténèbres - mais il avait senti confusément sa mort, il y a quelques jours à peine.

Seth était différent. C'était l'un des derniers survivants de l'époque d'Iblîs. Il n'avait jamais montré son visage derrière son turban, et même son ancien maître ne savait pas grand-chose à son sujet. La plupart du temps, il se plaçait en léthargie dans un endroit inconnu, et disparaissait littéralement de la surface du monde. Parfois il se réveillait - la dernière fois avait été pour entraîner Alouqua. Depuis, il avait disparu à nouveau, aussi Iblîs se prépara à répondre à la Succube de se débrouiller.

Mais Alouqua avait contiué à parler.

Et sa dernière phrase changeait la donne. Elle ne désirait pas savoir où était le sorcier voilé, mais elle voulait le Pouvoir. Ce Pouvoir endormi qu'Iblîs avait senti en elle quand elle avait trouvé la chaîne. Ce pouvoir dont il avait toujours évité de lui apprendre l'existence, car elle n'était pas prête. Seulement, l'éclat de rire moqueur de Kïo l'informait que désormais, Alouqua savait ...

Iblîs se retourna sans rien dire, rouvrit une porte de téléportation et plongea dedans.


* * *


La porte en question les amena directement au Cimetière. Là, le brouillard permanent et les arbres morts les protégeaient de l'aube. Pour une fois, le champ de tombes était désert. C'était un lieu assez fréquenté d'habitude, car beaucoup d'êtres de la nuit aimaient à s'y promener. Mais l'arrivée de deux auras imposantes sur les lieux n'avait pas tardé à vider l'endroit. Chacun savait que les Démons de la Caverne n'appréciaient pas d'être dérangés.

Ils s'étaient retrouvés droit sur la tombe où avait dormi l'artefact durant des siècles, avant de venir en la possession d'Alouqua. Iblîs s'assit non loin de là, sur une autre tombe. Le menton au creux de la main, il considéra pensivement la Succube, la chaîne et la crypte. La première, recouverte de l'Armure de Zara ; la seconde, d'où Kïo avait enfin décidé de se taire ; la troisième enfin, où demeuraient les restes des runes démoniaques qui avait été placées là pour la sceller.


"Le pouvoir que tu demandes a une longue histoire" soupira enfin l'être noir. "Peut-être le temps est-il venu de te la raconter ..."

Iblîs se baissa et ramassa une brindille. Comme à son habitude quand il réfléchissait, il essayait de la faire tenir en équilibre sur son index. Jeu puéril? Peut-être...

"Moi-même, j'ignorais tout de cette chaîne quand tu l'as déterrée. Elle m'intriguait. J'étais curieux de savoir ce que ta mère avait pu faire de l'Adamant. J'ai observé, j'ai cherché, mais il m'a fallu longtemps pour tout reconstituer."

La main livide se tendit et fit signe à Alouqua de lui donner la chaîne. Au contact de l'ancien Faucheur. Kïo émit un crissement désagréable, mais ne fit pas de commentaires. Iblîs la tint intensément sous son regard, comme s'il cherchait à analyser la sorcellerie qui l'imprégnait. Puis il la déposa à terre devant lui, à demi-déroulée. De l'index, il suivit les mailles du long serpent de métal. A une extrémité, le dernier maillon était attaché à cinq maillons de métal. Quand à l'autre bout de la chaîne, il s'achevait en une pointe acérée. Le démon eut un hochement de tête.

"As-tu remarqué" fit-il sans regarder Alouqua, "que tes pouvoirs sont assez curieux? Passons la séduction de ta race. Tu es bonne combattante, mais tu n'as pas la force des grands guerriers. Tu as des pouvoirs de sorcière, mais tu les utilises à peine. Tu possèdes des armes, mais tu ne cherches pas à en maîtriser une à fond. Les Succubes choisissent souvent de se spécialiser dans une de ces voies, toi pas. Pourquoi ne t'es-tu jamais décidée entre les trois?"

Iblîs mettait le doigt sur l'une des caractéristiques curieuses de sa compagne. Parmi les Démons, on pouvait gagner en puissance de trois façons. Ceux de l'Arme en choisissaient une ou plusieurs, en s'entraînaient des années, voire des siècles, pour en devenir des maîtres absolus qui portaient la mort à la vitesse de l'éclair. Ceux de la Magie étaient ceux qui choisissaient de manier la magie démoniaque, polissant leurs pouvoirs dans les disciplines de la sorcellerie. Ceux de la Force préféraient entraîner leur corps pour le rendre infiniment puissant, rapide et souple, capable d'utiliser le combat armé ou à mains nues, d'endurer les pires blessures et de devenir l'arme la plus parfaite qu'on puisse imaginer.

Bien sûr, chacun avait sa façon de se battre et d'organiser ses pouvoirs. Mais généralement, chez les Démons, on retrouvait la prédominance d'un ou deux styles. Vishnu était un maître d'Armes qui utilisait parfois la magie du Chaos en complément. Erkios avait choisi la voie de la Magie, et ses lames n'étaient que des accessoires. Moloch et Fear étaient des guerriers qui comptaient en premier sur les réactions et les capacités de leur corps. Iblîs était un sorcier qui n'utilisait que très rarement autre chose que la magie démoniaque. Et ainsi de suite ...

Féline et Raziel étaient encore trop nouveaux démons pour avoir choisi, mais Alouqua était différente. Son niveau était supérieur à beaucoup de démons, mais elle n'avait jamais été ni une sorcière, ni une maître d'armes, ni une guerrière. Elle était ... quoi?
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyVen 7 Sep 2007 - 21:54

Seth... Un Maître Sorcier ? Dans la bouche d'Iblîs, le terme "Maître Sorcier" ne devait pas souvent être utilisé. Le démon n'élèvait pas n'importe qui à ce rang, et très peu avait été qualifié ainsi. Mais... Seth était un Maître Sorcier. Alouqua pensait avoir cerné les pouvoirs du mage, mais s'il était bel et bien aussi puissant qu'Iblîs le laissait entendre, alors elle l'avait sous-estimé. Raison de plus pour en apprendre plus sur les pouvoirs de Kïo.

Celui-ci avait d'ailleurs cessé de rire. Alors Iblîs le Sombre se retourna, ouvirt une nouvelle porte de téléportation, et s'y engouffra sans un mot. Alouqua ne se fit pas attendre, et lui emboîta le pas. La succube pensait decouvrir la Caverne de l'autre côté du passage, mais ils étaient à présent dans le cimetierre. Les arbres, nombreux, les protègeaient des faibles rayons purgatoires. Le champs de tombes était vide, les créatures de la nuit l'avait deserté en les sentant venir. Alouqua observa les alentours : et elle reconnut cet endroit. C'était ici que la chaîne avait dormi pendant plusieurs siècles. Sur la pierre tombale subsistait les runes démoniaques qui avaient scellées l'artefact pendant tout ce temps, jusqu'à ce qu'a ce qu'Alouqua réveille l'esprit qui someillait dans l'Adamant. Ayant reconnu le lieu de son enfermement, Kïo frémit dans l'esprit de la vampire, ce qui provoqua chez elle un frisson glacial.

La démone remarqua alors Iblîs, assis non loin de là sur une tombe, il semblait réflechir. Son regard passa d'Alouqua aux runes, en passant par la chaîne dans ses mains. Puis il commença son récit. Alouqua était si impatiente qu'elle remarqua à peine la brindille qu'Iblîs essayait de maintenir en équilibre sur son index, ce qui lui aurait valu une replique sarcastique. Le Marcheur d'Ombre tendit sa main blafarde vers Alouqua, et lui fi signe de lui passer la chaîne. La succube sentit Kïo fremir de nouveau au contact d'Iblîs, mais il gardait un silence respectueux ( pour changer ). Tout d'abord, il observa l'amre intensèment, comme s'il essayait de percevoir les particules magiques autour de l'Adamant. Puis, il déposa la chaîne au sol, et suivit avec son index le parcour sinueux des maillons. Il s'arrêta aux deux extrémités, Alouqua remarqua les cinq anneaux d'un côté, et la pointe acérée de l'autre. Mais elle ne comprit pas le sens de cette "découverte".

Après avoir écouté la suite, Alouqua se mordit la lèvre inférieur, apparemment gênée. Iblîs venait de mettre le doigt sur une de ses préoccupation. Elle avait beau y réflechir, elle n'arrivait pas à choisir car les trois voix lui semblaient incomplètes. La Force brut rimait avec barbarie et mort subite, la Magie signifiait sans défense, et sans participation réelle au combat, et choisir une Arme l'empêcherait à jamais de pouvoir en essayer une autre... Elle ne voyait que des défauts aux trois "spécialisations". A chaque fois, elle devait renoncer à un plaisir : la Force lui enlevait la Magie, la Magie enlevait la Force, et l'Arme lui enlevait les deux... C'était un véritable cercle vicieux. De fait, elle était devenue une sorte de touche-à-tout, sans spécialités. Elle reflechit un instant avant de répondre, pour une fois, assez peu sûre d'elle :


" Je... Je ne vois que des défauts dans ces trois catégories. Aucune ne m'apporte de satisfaction. Dans les trois cas je serais comme bloquée, prisonnière d'un art. Et ce sera irréductible... Je veux de la Force, mais pas sans ruse; je veux de la Magie, mais pas sans force; je veux pouvoir maîtriser plusieurs types d'armes, et pas seulement une épée ou une lance : sinon ce serait l'impasse. Or, il ne faut jamais se retrouver coincé, c'est dangereux, c'est fatal. Je serais bornée dans tout les cas... Pour certains, c'est inné : ils sont sorciers, ils sont guerriers, ils sont spécialisés. Moi, je n'ai jamais ressenti une attirence particulière pour l'un ou l'autre... "

Elle s'interrompit. Elle savait que ses propos étaient désordonnés, etranges, et parfois difficilement compréhensibles, mais elle avait tout dit. A ce moment on est censé ressentir un immense soulagement et... Non. Pas de soupir, pas d'apaisement. Juste la sensations désagréable de s'être tant révélée, comme si soudain elle se retrouvait nue... ( Bon, la métaphore est plutôt mauvaise avec une succube qui ne trouve pas cela si désagréable... ) Alouqua regarda Iblîs, puis la chaîne, sans comprendre le pourquoi d'une telle question. Mais connaissant le démon, la réponse ne saurait tarder.
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Iblîs Nemrodus
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyLun 24 Sep 2007 - 8:20

Pensivement, Iblîs hocha la tête et jeta sa brindille. Sous le capuchon, les yeux sans regard revinrent se fixer sur Alouqua.

"Parce que tu as su d'instinct quelque chose que certains mettent des années à comprendre. Choisir un savoir parmi les autres t'impose des limites et bride ta force. Pour s'en débarasser, il n'existe que deux solutions. La première est d'en choisir une et la maîtriser à fond - mieux, de la transcender totalement, afin de pouvoir en faire tout ce que tu veux. Littéralement."

La main gauche du démon s'entoura de volutes de sorcellerie, puis ses doigts se crispèrent jusqu'à se fermer complètement. Soudain, le poing d'Iblîs fendit l'air. Si les spectres des Habitants hantaient encore le cimetière, l'un d'entre eux dut avoir une surprise désagréable. Car la cible du coup de poing fut la pierre tombale de sa dernière demeure ... et sous l'impact, le haut de l'épaisse dalle de granit explosa comme du verre.

La lueur s'éteignit. Mais un éclat noir apparut dans l'autre main d'Iblîs. Un faisceau opaque, irisé de reflets métalliques, prit peu à peu formes et réalité. Trois lames avaient jailli de la paume ou plutôt trois longues griffes. Les armes d'obsidienne sifflèrent dans l'air avec la grâce de déesses de la mort. Avant même que les fragments de pierre aient touché le sol, le reste de la dalle funéraire fut découpé en dizaines de menus morceaux.

Dans le fond, il n'y avait pas tellement de différence entre ceux qui arrivaient au bout de la voie qu'ils choisissaient. Ceux qui avaient des dons innés ne pouvaient plus en choisir une autre - il n'y arriveraient pas. Mais dans celle qu'ils suivaient, ils s'approchaient assez de la perfection pour utiliser toutes les technique, chacun à leur façon. C'tait comme si, passé un cerrtain stade, les trois disciplines séparés se rejoignaient, en une seule corde à trois brins.

Une forme parfaitement mîtrisée de sorcellerie peut prendre la force d'une lame ou prêter une force inhumaine pendant quelques secondes. Les maîtres de l'Arme, eux, avaient une telle connaissance des lois physiques qu'ils étaient capables de produire des phénomènes apparemment surnaturels en maniant leurs armes, comme générer des éclairs sur leurs lames, ou les rendre invisibles. Tout comme les plus grands lutteurs savaient concentrer leur force physique en un point précis pour arrêter une lame avec leur peau, et entourer leurs poings de flammes par échauffement de l'air.


"Mais pour arriver à une maîtrise parfaite, il faut être un guerrier-né ou un être de magie, bref posséder quelque chose d'inné. Tu ne l'as pas ... c'est parce que tu as quelque chose de différent. Être capable d'utiliser indifféremment, n'importe quelle technique ou arme. Alors, tu pourras affronter un maître d'égal à égal. Car tu auras l'avantage de pouvoir les utiliser toutes en même temps. Comme Apharez le faisait."

Et en effet, si on faisait abstraction de sa monstrueuse puissance naturelle, on réaliserait que l'ancienne Maîtresse des Enfers équilibrait parfaitement la force physique, la maîtrise des armes et la connaissance de la magie. Ceux qui suivaient ce principe prenaient le problème à l'envers. Dans chaque domaine en particulier, il n'étaient pas parfaits. Mais il pouvaient s'en servir simultanément, à volonté. Et surtout, ils pouvaient les combiner à volonté, sans avoir besoin de s'interrompre.

Ce don inhabituel était un redoutable défi, car habituellement, toutes les races ont des dons innés pour tel ou tel art. Rares étaient ceux qui y parvenaient ... seuls les Incubes et les Succubes avaient une chance d'y parvenir, et encore. Même Lilith n'avait jamais eu ce qu'il fallait pour puiser dans cet art. Elle disait avait abandonné cette idée pour elle-même, et pourtant ... les yeux d'Iblîs se posèrent sur la chaîne, puis sur Alouqua. Et ses yeux s'étrécissaient. La dernière pièce du puzzle...


"La Lilith que j'ai connue n'aurait jamais laissé son enfant vivre, s'il avait été faible. Cette fois, elle a vu loin, très loin ... non seulement ton pouvoir, mais même ma route. Et elle a laissé quelque chose ici qui devait fatalement nous amener à nous rencontrer, pour que je fasse pour toi ce que je n'aurais pas fait pour elle. N'est-ce pas, bout de ferraille?"

A l'accusation, Kïo ne répondit que par son ricanement iritant. S'il savait, il se taisait. S'il ignorait, il ne tenait pas à l'avouer .... ce dernier tour de Lilith, qu'elle jouait au-delà de la tombe à son ancien complice!

Il existait d'autres réserves d'Adamant de par le monde. Pourquoi avait-elle choisi exactement celle-ci, cachée dans cette tombe qui portait la marque d'Iblîs? Celle où il reviendrait forcément, un jour lointain de l'avenir? Dans le ricanement de Kïo, on avait presque l'impression d'entendre le rire de la succube, qui résonnait à travers tous ces siècles pour une ultime provocation.


"Tu voulais savoir le secret de tes pouvoirs? Là-dedans, il y a un peu de la force de Baal, de la magie née de Seth, une part de l'esprit de ta mère et une goutte de ton sang. Le jour où ils se mélangeront en un seul, il y aura un démon majeur de plus sur cette terre. Une seule personne au monde peut donc faire sien ce pouvoir : toi. Une seule personne au monde peut t'enseigner comment : moi. Et ça" conclut Iblîs avec lenteur, "elle le savait parfaitement ..."

Et dans la voix du grand abîme, il n'y avait pas la colère froide qui l'animait parfois. Ce qui y passait ... ah, si vous le demandiez, peut-être que pour la première fois depuis l'aube des temps, il serait incapable de vous répondre.


Dernière édition par le Lun 1 Oct 2007 - 14:01, édité 1 fois
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyDim 30 Sep 2007 - 21:31

Transcender un art... Jamais elle n'avait ressenti ce besoin, celui de s'adonner à une discipline, de perfectionner un domaine en particulier. Iblîs lui, avait transcendé les Ténébres. Il avait exploré jusqu'aux recoins les plus sombres de cette magie, et désormais il était un bien plus qu'un Maître Sorcier. Sa demonstration en était la preuve. Sa magie valait bien la plus tranchante des lames.

Ce procédé marchait pour les trois disciplines : un Maître d'Armes pouvait générer de la foudre ou du feu autour de son arme, ou la rendre invisible, ou encore créer des illusions avec. Un combattant à mains nues expert pourra aisèment combattre un homme armé. Au bout du compte, on arrivait toujours à relier les trois voix. Mais cela demandait du temps, et un talent inné : chose qu'elle n'avait pas.

Iblîs lui en fit d'ailleurs la remarque. Oui, elle n'avait ni don, ni disposition, ni faciliter dans une quelconque matière. Pendant un temps, elle avait essayer de cacher cette... indispotition, en utilisant souvent des armes. Mais rapidement, elle se lassa de cet enseignement, et elargit ses connaissances aux trois arts.

La suite l'a surpris énormement : Iblîs la comparait presque à Apharez ?! Certes, cette dernière était morte, et si elle est tombée, c'est bien qu'elle n'était pas suffisament puissante. Cependant, l'ex-Maitresse de l'Enfer avait été respectée, admirée, et surtout cainte, pendant son règne. Il est vrai qu'elle pratiquait à la fois la magie avec talent, la force avec grâce, et les armes avec agilité. Un mélange eplosif et surprenant chez les démons, qui l'avait élevé au-dessus des autres. Sa mère Lilith s'était donc spécialisée dans le maniement des armes, du fouet en particulier; Baal était devenu un combattant à mains nues excpetionnel, et Seth un Meître Sorcier. Trois démons qui n'en formaient qu'un, et qui se detestaient, avec comme point de ralliement, le Faucheur Rouge. Il n'y avait sûrement qu'un seul sujet surlequel ils étaient tous d'accord : leur chef. C'était aussi leur seul point commun.

Mais cla phrase suivante d'Iblîs fut la plus folle : Lilith aurait prévut tout cela, la découverte de la chaîne ici, la présence d'Iblîs, ... Un dernier envoûtement qu'elle aurait lancé depuis sa tombe ? Une machination au-délà de la conscience ? Lilith... Son esprit rusé et perverti aurait-il souhaité offrir un dernier présent à sa fille et une nouvelle tâche pour son ancien Seigneur ?... A toutes ses questions intérieures, il suffit d'un rire pour repondre : Kïo. Il savait, forcèment. Plus Alouqua en apprenait sur la chaîne, plus la ressemblance entre Lilith et Kïo grandissait. Leurs sarcasmes, leur rire, leur esprit... Mais c'était sûrement dû au sort de la succube.


"Non... C'est impossible ! Elle avait tout prédit ? ..."

Cette remarque était inutile en réalité, elle n'arrivait pas à y croire, il fallait qu'elle le dise à haute voix.

En comprenant l'étendue de son influence, une certaine fierté l'envahit. Sa mère avait su voir ce que d'autres n'aurait jamais deviné : l'avenir. En laissant des indices qui guideraient sa fille et le Faucheur Rouge pour qu'un jour ils se rencontrent, et que sa fille révèle les pouvoirs de Kïo.

La suite lui donna plus d'orgueil encore. Oubliée la défaite, oubliée l'atroce blessure de sa jambe : son arrogance habituel commançait à reprendre le dessus. Son attitude changea presque radicalement. Elle se detendit et un sourire étrange apparu sur son visage : celui qu'elle ne faisait qu'à sa mère autrefois, le plus tendre que lui permettait ses dents de vampires et ses yeux de flambloyants.

Mais bien vite, cette expression charmante laissa place à son habituel air arrogant et provoquant. Désormais, une nouvelle soif de pouvoir grandissait en elle, afin de combattre Seth. Enfin, elle avait un moyen d'y parvenir. Unn moyen de se tester, de s'epprouver. Tout était de nouveau possible pour elle... Un nouvel avenir plein de massacres, de jeux et de tortures s'offrait à elle. Alouqua regarda la chaîne : pouvait-elle vraiment contenir tant de choses ? Forces, magie, ruse... Tout cela pour elle ? Un bien somptueux cadeau, digne d'une Reine ! Qui aurait pu croire cela possible, de rassembler les trois voix en un seul objet, en une seule arme ? ...

Mais maintenant, Alouqua avait une question à poser à Iblîs.


"Lilith, ses manigances nous auront guidés longtemps après sa mort... La suite est simple, ou pas : soit il y aura bel et bien un nouveau démon majeur sur terre, moi, soit tu refuse... Je ne te supplierais pas de l'enseigner comment révéler ses pouvoirs, je laisse cela à d'autres. Je te demanderais simplement si oui ou non, tu désire honorer Lilith, une dernière fois."

Jamais Alouqua ne se mettrait à genoux devant quelqu'un. Jamais elle ne se sousmettrait ainsi. L'humiliation serait telle, qu'il serait difficile pour la succube de l'oublier. Ce comportement arrogant, elle le tenait de Lilith, exclusivement. Mais en ce moment, Alouqua était bien trop excitée pour faire une demande polie. Et même quand elle était calme, elle avitait les marques de politesse de toute manière...
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Iblîs Nemrodus
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyJeu 25 Oct 2007 - 3:54

Avec le dernier mot d'Alouqua, le silence s'abattit sur le Cimetière. Iblîs se hâtait rarement pour répondre à ses interlocuteurs, mais cette fois, il semblait réellement décidé à ne pas piper mot. Toujours assis au bord d'une tombe, il avait laissé retomber Kïo à terre et avait baissé la tête. Ses longues mèches noires retombèrent sur son visage, cachant son expression. A le voir ainsi, on aurait dit qu'il ressassait de sombres pensées. Songeait-il à celle qui lui faisait un dernier signe, au-delà du temps? Soupesait-il le pour et le contre de l'ultimatum d'Alouqua?

Celle-ci n'avait rien ajouté - de toute manière, il n'y avait rien de plus à dire. La partie civile avait présenté son réquisitoire. La parole était au procureur. Et comme celui-ci restait bouche close, le silence s'éternisa. Jusqu'au moment où un petit bruit vint percer le silence. Une sorte de ricanement grinçant. Il ne faut pas longtemps pour reconnaître ce son : c'est le petit rire de l'homme noir.


"Heh ... "

Sous ses cheveux, on ne voit que sa bouche - et son sourire. Il flotte sur les lèvres livides, ce sourire sans joie qui passe quelquefois sur son visage de marbre. Le sourire vide d'expression, le même qu'on croirait voir sur la face de la Lune, les mois où la nuit est mauvaise ; ou sur les crânes des morts quand la chair est tombée en poussière ; ce sourire maudit de spectre !


"Moi? Honorer Lilith?"

Iblîs relève la tête, et ses orbites fixent Alouqua avec intensité. Sa voix est retenue, comme un chuchotement. Plus que jamais, il ressemble à un grand serpent lové sur la pierre, qui vous dévisage de ses yeux morts. Le serpent est ainsi. Sous ses écailles aux couleurs changeantes, qui peuvent imiter bien des formes et des humeurs, son coeur est de glace. Ce n'est qu'en surface qu'il s'anime - derrière les pupilles noires, il y a un esprit de fer et de rouages, qui tourne aussi inexorablement que l'horloge de l'éternité.

Ainsi, la question est réglée. Même les plus puissants souvenirs de la vie d'Iblîs - ou plutôt de ce que l'on connaît de sa longue vie - ne peuvent éveiller quelque chose d'humain en lui. La perte de ce qu'il fut, et l'ombre de celle qui fut plus proche de lui que quiconque - ni l'un ni l'autre ne peuvent lui causer le moindre frémissement. Ni regret de ce qui s'est passé, ni rancune, ni tristesse, ni joie en évoquant ces souvenirs, rien que le vide et le froid, rien que le noir absolu de l'encre du passé.

Jusqu'à présent, je n'en étais pas sûr. A présent je sais que tu n'es plus un être, démon de la Grande Nuit. Tu n'es qu'une ... chose. Une erreur qui n'aurait jamais dû exister. Car en montrant que tu ne ressens rien face à ton passé, tu prouves que tu n'as pas la moindre parcelle de ce qui te rapprocherait un peu d'un humain.


"Je n'ai pas de dette envers ta mère, et je ne te donnerai pas ce pouvoir par le simple bon vouloir d'une ombre. Il me faut plus que ça, Alouqua des Démons. Une raison - et un prix. Encore faudrait-il que j'aie besoin de quelque chose, et que tu puisses me le donner. Normalement, cela ne devrait pas exister."

Tu secoues la tête, et tu te lèves lentement. Tu tiens la succube sous tes prunelles dévorantes, et ton sourire est vénéneux.

"Mais les choses changent. Apharez ... au passage, paix à ses cendres, s'il en reste ... Apharez morte, m'assurer le contrôle de la Caverne peut me servir. J'ai déjà envoyé Raziel en tant que Hérault auprès des autres Rois. Il leur porte une certaine lettre, déjà prête depuis assez longtemps d'ailleurs" ajoutent les lèvres blanches avec une sorte d'ironie perverse. "Mais pour qu'ils reconnaissent un Banni, il faut qu'ils n'aient pas le choix. J'ai donc besoin d'un état-major puissant qui fasse semblant de m'être fidèle pendant un certain temps. Conclus toi-même."
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptySam 10 Nov 2007 - 23:47

Comme bien souvent, il était impossible de connaître les pensées d'Iblîs Nemrodus, mais c'était sûrement plus compliqué lorsque son visage était caché... Pendant un instant, Alouqua reflechit à sa declaration, et une pensée germa dans son esprit comme elle disparut, c'est-à-dire très vite. Ridicule. Elle-même, si elle s'était entendu, aurait ri. Non, elle n'aurait pas ri, elle serait partie. C'était pitoyable, comme pouvait-elle demander à un démon d'en honorer un autre ? Pure folie, démence même ! Comment avait-elle pû penser un seul instant qu'Iblîs accepterait ? Simplement pour rendre un dernier hommage à une succube ? ... Cette pensée s'effaça : elle ne devait pas voir la vérité en face, mais son orgueil ne l'ayant pas quitté, elle refusait de demander une faveur directement au Marcheur d'Ombre... Seulement pour préserver sa fiérté... Alouqua ne pouvait pas le faire, mais si lui, il lui faisait une proposition ? Alors elle pourrait accepter, quel qu'en soit le prix.
Mais quand le rire du démon de l'Ombre retentit, plus sombre qu'un glas, mais c'était la réaction qu'elle attendait... Et qu'elle redoutait. Une véritable humiliation que d'entendre ce ricanement maudit. Mais le pire pour elle, c'était sans doute ce sourire vide de tout : elle le trouvait particulièrement machiavélique... Et elle l'adorait.

Pourtant, elle resta de marbre. Pas question de montrer ses sentiments; surtout dans son état : elle risquait de s'énerver rapidement, et cela serait très mauvais pour les pierre tombales aux alentours...Mais quand Iblîs relève sa tête, que ses yeux sans fond la fixent encore, elle ne peut retenir un haussement de sourcil, ni un leger mouvement de recul. Elle n'aurait pas dû. Il ne fallait jamais reculer devant lui, c'était surtout une marque de peur, ou de faiblesse, et Alouqua se devait de n'éprouver aucune crainte, de ne montrer aucun point faible... Même devant un "allié"...

Mais la première reponse du démon la fit trembler. Il... refusait ? Cependant, sa peur s'évanouit presque lorsqu'elle entendit la suite... presque.... Il avait dit "normalement" ? Etait-ce pour se jouer d'elle ? Ou bien était-ce une proposition ?

" Normalement ? Rien n'est normal ici..."

En effet. Beaucoup de futurs étaient devenus des conditionnels. Les démons auraient dû gagner. Apharez aurait dû battre Layna. Alouqua devrait être morte. Lilith devrait être en vie... Iblîs... ne devrait peut-être pas exister...

Maintenant qu'il s'était levé, Alouqua crut un instant qu'il partait et qu'il l'abandonnait à son sort, mais il n'en fit rien, et son sourire, ses yeux, seuls images de ses pensées, l'effrayèrent plus que la mort. Ainsi, il voulait diriger la Caverne, et cela depus longtemps... Dans un sens, cela ne l'étonnait pas, qui d'autre aurait reprit la Caverne sinon lui ? Alouqua n'en voulait pas s'enraciner dans une grotte, il lui fallait de l'air, du sang, une lune et des massacres. On ne vit pas d'eau et d'air pur chez les démons.

Ah ! Ce n'était pas très surprenant, aucun chef démoniaque ne voudrait d'un dirigeant Banni et Maudit, sauf s'il est appuyé par un second fidèle, dans ce cas, les démons le reconnaissent. Encore faut-il trouver un démon suffisament puissant... Stop. Attendez une minute. Je rêve où il... il n'aurait pas...? Si, si, il l'a fait, ce qu'Alouqua espérait, coupant net ses pensées, elle se rendit compte qu'il voulait un état-major et que... la conclusion était-elle vraiment nécessaire ?


" Je... vois. Depuis combien de temps avais-tu prévu cela ? Lilith ne semble pas être la seule à créer des plans au-delà du temps, c'était un passe-temps commun ?" Ses lèvres s'étirent en un sourire sarcastique. " Et qui te dit que je ferait semblant ?"

Cette fois, une vague de sensation la submergea et pendant un moment, elle ne sentit plus son corps, comme si.. quelqu'un en prenait le contrôle... Elle se vit avancer vers Iblîs, dévoiler ses canines de vampire, poser ses mains sur les épaules du démon, et elle s'entendit...

" Moi, je peux et je veux être un lieutenant... à nouveau... Alors elle aussi, Faucheur !"

Elle ecquarquilla ses yeux lorsqu'elle se retrouva près, trop près à son goût, d'Iblîs, même si ses bras les séparaient encore. Que c'était-il passé, elle était incapable de la dire, elle voulut parler, mais ne savait pas quoi dire, alors elle commença par enlever ses mains de ses épaules... Quand elle entendit à nouveau le rire métalique de Kïo, elle en conclut qu'il avait quelque chose à voir avec ce phénomène. Mais elle ne savait plus quoi dire, et son esprit lui sembla embrouillé, et extrémement flou...
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Iblîs Nemrodus
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyLun 17 Déc 2007 - 8:49

Droit dans les yeux - en face. C'était ainsi qu'elle le fixait jadis, avec insolence, méfiance ou crainte, mais sans détourner le regard. Mère ou fille, laquelle était-ce ce soir qui parlait vraiment? Peut-être les deux à la fois, car les prunelles de reine rouge soutinrent le regard du roi sombre - et ce fut le second qui se détourna. Pour la première et la dernière fois, c'était ces yeux insoutenables qui avaient cédé les premiers. Iblîs eut un long soupir.

"Soit."

Levant la main, le démon murmura un mot de pouvoir, et la rafale invisible explosa. La chevelure d'Iblîs vola en arrière, soulevée par la déferlante, la cape déchirée de la succube claqua dans ce vent immatériel. Les feuilles mortes et la poussière furent prises dans le tourbillon et rejetées en arrière dans un sifflement sinistre.

On aurait juré qu'une cloche de cathédrale venait de sonner le tocsin en face de vous, dont même un sourd percevrait la puissante vibration. Celui qui ne révélait que rarement la pleine mesure de sa puissance, venait de libérer violemment l'Ombre qui le constituait. Toute cette noirceur se leva en tempête et dévora le peu de lumière qui demeurait, noyant le Cimetière dans une chape d'ombre totale. On se serait soudain cru à la nouvelle lune, pendant quelques minutes, à l'heure maudite où les pouvoirs des Démons étaient à leur sommet.

Les tombes autour des deux êtres s'estompèrent, le sol sembla se changer en une dalle lisse et vitreuse, tout bruit s'évanouit dans un silence irréel. Le monde extérieur avait disparu. Ils se trouvaient quasiment dans un autre monde, car le pouvoir du seigneur de l'Ombre gommait toute substance dans la poche de ténèbres qui recouvrait les lieux. Un champ de force scellait désormais tout le centre du cimetière, et Apharez elle-même n'aurait pas créé de muraille plus infranchissable. Au centre du maëlstrom, ne restaient que deux silhouettes indistinctes.


"Selon ton désir" se fit entendre la voix de Nemrodus, "je vais libérer les pouvoirs de la chaîne et les fondre en toi. Ce ne sera ni agréable ni rapide, mais la Puissance est à ce prix. Prends garde, je commence."

Le démon posa sa main sur le sol et se mit à murmurer une longue litanie de mots indiscticts. Au milieu de l'obscurité, un pentacle pâle se dessina sur le sol, puis se multiplièrent les complexes symboles tracés par une invisible main. Quand le dernier glyphe fut tracé, toute la figure de forcellerie pulsa comme un coeur géant. En réponse, Kïo se mit à flamboyer d'une lueur étrange, chaque maillon de la chaîne d'Adamant résonnant de puissance contenue. La main spectrale d'Iblîs se tendit et saisit le long serpent de métal par le milieu.

"Kïo, Gardien de la Chaîne, par la volonté de Lilith et la mienne, j'autorise et j'ordonne la levée du sceau et le réveil de ceux qui dorment en toi. Entends le Maître-Mot qui te lia jadis ..."

Les paupières du Démon Majeur se contractèrent. Jusqu'à cette seconde, il n'était pas certain que cela réussirait. Lilith connaissait la magie, mais quel mot de pouvoir avait-elle employé pour sceller les pouvoirs de ses deux complices? La Magie des Ténèbres devait être correctement incantée pour être maîtrisée. Et la Succube n'était pas à la base une sorcière ... Seth lui avait probablement soufflé les plus puissants des glyphes, mais si elle souhaitait qu'Iblîs puisse rouvrir le sceau, des centaines d'années plus tard, elle devait en avoir choisi un qu'ils connaissaient tous deux. Un qu'il utilisait souvent au temps où il se nommait Faucheur ...

Dès cet instant, il sut. Ils se connaissaient si bien! Il plaqua la chaîne sur la poitrine d'Alouqua, canalisa la magie, banda sa volonté et prononça le Mot.


"Siddarthâ!"

Le milieu de la chaîne jeta un éclair et l'on entendit un bruit sourd, écoeurant. Les maillons de la chaîne s'étaient dressés, mûs d'une volonté propre. Et fouettant l'air comme des serpents, les deux extrémités de métal acéré venaient de s'enfoncer dans la poitrine d'Alouqua. A la vitesse de l'éclair, incisant la chair sans détruire l'organe, ils formèrent un noeud enroulé autour du coeur et s'immobilisèrent.

Il y eut une seconde de terrible silence, coupé par une quinte de toux d'Alouqua. Mait avant que le sang qu'elle avait craché n'atteigne le sol, une autre aura entra en éruption. Cette fois, elle venait de l'Adamant, qui déchaînait d'une seule détente la puissance accumulée en lui. Une aveuglante lumière rouge jaillissait du noeud formé par Kïo. Le corps d'Alouqua se raisit et s'arqua en arrière, bras étendus, secoué de soubresauts comme un humain foudroyé par les éclairs noirs d'Erkios.

Iblîs continuait de retenir la chaîne par le milieu, lui évitant de tomber en arrière. Le second problème venait d'apparaître. Les pouvoirs de la Chaîne étaient immenses, car il y reconnaissait la puissance brute de Baal et l'inquiétante magie de Seth. Toute leur puissance s'ancrait dans le corps d'Alouqua, modifiant chacune de ses cellules pour devenir la sienne propre. C'était quelque chose de beaucoup plus profond qu'un simple transfert d'énergie, mais quelque chose de plus violent également - le don des pouvoir de Démons Majeurs à l'état brut.

Aucun organisme ne pouvait supporter un tel afflux de changements sans quelque chose servant de relais, pour le préserver. Le don de Lilith était là pour cela, ce milieu de la chaîne qu'Alouqua porterait noué autour du coeur, marque indélébile de son nouveau statut. Mais avant qu'Iblîs puisse prononcer les litanies qui donneraient sa forme finale à la chaîne, la Succube devait d'abord forcer son corps et son âme à accepter les changements.

Ou mourir.
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyLun 17 Déc 2007 - 22:46

Le premier mot :
Noir...
La première sensation :
Douleur...
Le premier sentiment :
Peur...

Un résumé bref mais réaliste. Car c'était bien là les seuls mots auxquels elle pensait. Il y avait d'abord eu un cri, lorsque, contre toute attente, Iblîs plaqua la chaîne contre sa poitrine. Alouqua suffoqua sous le choc. [color=indigo]Puis lorsqu'elle vit la pointe acérée de l'arme s'enfoncer dans son corps, elle fut saisie d'effroi. Par la suite, la douleur fut telle qu'elle entendit à peine la longue litanie du démon des Ténébres... Souffrance. Elle sentait l'Adamant glacé dans son être... Si froid. Etranglant son coeur dans une etreinte funeste. Il avait suffit d'un mot pour que la chaîne agisse ainsi. Ce mot, elle ne pensait pas l'avoir déjà entendu, cependant, il lui était etrangement familier.


"- Siddarthâ...
- Siddarthâ ? Qu'est-ce, Mère ?
- Rien... Rien de plus qu'un mot.
- Maître Seth m'a révélé que les mots étaient plein de pouvoirs...
- Il a dit ça ? Tss, ne l'écoute pas. Un mot est un mot tant que l'on en a pas décidé autrement.
- Alors, si je veux que ce mot soit magique, il faut que je le souhaite ?
- Non, il ne faut pas le souhaiter.
- ...
- Il faut le vouloir.
- ... Je ne comprend pas.
- Dors. Tu comprendras demain. "


* Mère... Est-ce bien un cadeau que tu me fait ? Est-il empoisonné, comme tout tes présents ? *

Paroxisme de la douleur. Elle cria à nouveau, mais elle n'entendit pas son cri. Tout était silencieux autour d'elle. Elle se voyait, agonisante sous l'afflux de puissance... Gesticulant comme un pantin dont on secouerait les fils... Sans vie. Etait-elle morte ? Elle-même l'ignorait.

* Mère... Je ne vois plus rien. Je t'appelle mais je ne t'ai jamais vraiment connu en vérité. Peut-être voulais tu me tuer ?... *

Elle vit Iblîs retenir la chaîne pour l'empêcher de basculer. Iblîs qui avait libéré ses Ténébres. Iblîs qui l'avait retrouvée.

* S'i le faut, je crierais pour m'entendre vivre. Je me blesserais pour sentir mon corps. Je survivrait. Mais je ne vivrai plus pour toi, je vivrai pour moi. *


Noir. Ténébre. Insondable. Repos.
Silence à nouveau. Mais cette fois, elle se sentait vivre. Les maillons d'Adamant protégeaient son coeur. Du sang coulait au coin de sa bouche, et à l'endroit où la chaîne s'était glissée dans son organisme. Elle tomba à genoux. La douleur était vive, et elle aurait voulu hurler encore. Mais ses forces l'avaient abandonnées, elle ne voyait plus que la douleur. Le reste n'était rien. Son âme hurlait. Mais le plus important était qu'elle était en vie. Du moins, elle pensait être vivante.


" Suis-je... en vie ?... Ah !"

Nouveau pic de souffrance. L'Adamant brûlait en elle maintenant. C'était une sensation étrange et particulière : autour de son coeur, la chaîne semblait gelée, isolant l'organe vitale du reste de son corps. A part à cet endroit precis, la chaîne devint brûlante. Elle cracha du sang, et hurla; mais c'était tout ce qu'elle pouvait faire. Sans force, elle ne pouvait même pas serrer ses poings. La chaîne aurait pû être une épée faite d'un acier bénéfique, que le résultat serait le même. A une ou deux exceptions : la douleur passée, elle serait plus forte. Elle pourrait tuer Seth de ses propres mains. Cette seule pensée suffit à rendre la douleur suppor... moins horrible qu'avant. Maintenant, une nouvelle question l'obsedait : quand la douleur cessera-t-elle ?

Chaque seconde semblait une heure, et chaque seconde la changeait. En elle, elle sentait quelque chose de nouveau. Dans ses racines, ses cellules, ses organes, son corps... Un fourmillement inssessant sous sa peau : incontrôlable. Toutefois, son corps ne se transformait pas seul. Un son dur résonna à travers tout son corps, la faisant tréssaillir. De ce son naquit une pensée. Qui se propagea à la vitesse de l'eclair dans tout son être : Elle était vivante. Dans un effort surhumain, elle redressa la tête. Elle vit Iblîs, imperturbable, tenant la chaîne. Sur son visage, Alouqua chassa toute trace de supplication. Paralysée, elle se mordit la langue pour esquisser un hochement de tête, signalant à Iblîs qu'elle était prête... Ou du moins, qu'elle pensait être prête.
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Iblîs Nemrodus
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyJeu 20 Déc 2007 - 14:32

[et voilà ... Tu me diras si j'ai bien respecté ^^]


Quand les spasmes s'arrêtèrent, Iblîs rouvrit les yeux. Fermés depuis le début du rituel, ils rencontrèrent ceux de a Succube et y lurent la détermination. D'ailleurs, le seul fait qu'elle aie survécu au transfert des pouvoirs prouvait qu'elle avait accepté le don qui lui était fait, de corps et d'âme.

A présent, le changement était lancé. La magie inscrite dans chaque parcelle de Kÿo était prévue pour réagir d'une certaine façon avec le corps et l'esprit d'Alouqua - et s'il n'était pas complètement sans pouvoir, il ne dirigeait plus exactement les évènements. Il aidait simplement un nouvel être à naître, un nouvel être fait de pouvoir et de magie, un être qui ne serait ni complètement Alouqua, ni complètement ceux qui lui avaient légué les dernières parcelles de leur être.

C'était plus qu'un rituel, c'était une cérémonie. Et Iblîs sut, malgré son peu de sens de la grandiloquence, que pour une fois, elle ne pouvait se conclure sans un ultime salut.


"Lilith, la meilleure ennemie que je n'ai jamais eue, je transmets aujourd'hui ton héritage à celle que tu enfantas. A son coeur je place ton sceau, en souvenir de ce qui était hier."


Avec un dernier tintement, l'Adamant se figea autour du coeur d'Alouqua, désormais confondue à son être. La chair se referma, le sang coula et la douleur s'évapora comme si elle n'avait jamais existé. Seule ce petit feu glacé, au fond de la poitrine, rapellerait que la Succube avait désormais un coeur de métal.

Et une fois la chaîné en place, le reste de la magie qui y était emprisonné se libéra d'un seul coup. La seconde moitié de la chaîne, au sol, jeta un éclat, puis se brisa elle-même en deux. L'une rougeoya d'une lumière rouge sombre, et l'aura de Lilith fit place à une autre. Une présence intense, plus violente, plus primaire, elle était aussi plus sûre et moins instable. La présence d'un démon des origines, comme si la Mémoire de Baal s'affranchissait soudain des lois du Temps et de la Mort, pour venir porter un dernier salut.


"Baal, le meilleur guerrier qui combattit à mes côtés, je transmets aujourd'hui ton pouvoir à celle que tu engendras. A sa main droite je place ton sceau, en promesse de ce qui sera demain."


Dans un crissement, la chaîne se dressa et vint se souder au poignet droit d'Alouqua. Elle s'épaissit un peu, devenant d'un noir à reflets rouges. C'était désormais une chaîne de combat, terminée par une pointe aiguisée comme un rasoir à un bout, par un bracelet commode et efficace à l'autre bout. Plus solide que le meilleur acier, c'était une réduction d'une des armes que le père d'Alouqua utilisait parfois, quelques millénaires plus tôt. Iblîs leva la main et effleura le poignet de la Succube de son toucher de Ténèbres, lissant la magie et lascellant définitivement.

C'était curieux, cette sensation de ressentir la présence presque physique de ces êtres qu'il avait côtoyé jadis. Ils étaient là, tous fondus en un seul être, qui était Alouqua et quelque chose de plus. L'aura de celle-ci était en train de muter, devenant sans cesse plus imposante ... elle n'avait plus rien de commun avec la succube qu'elle était autrefois. Ilîs referma les yeux, et entama la dernière partie du rituel.


"Seth, le meilleur sorcier qui unit sa magie à la mienne, je transmets aujourd'hui ton pouvoir à celle que tu élevas. A sa main gauche je place ton sceau, en promesse de ce qui sera demain."


Alors le dernier fragment de la chaîne s'éveilla enfin. Cinglant l'air, elle se dressa, puis ce fut comme si le métal devenait vivant. Il se dépara en cinq chaînes plus fines,qui se fondaient en ue seule à un bout. A l'autre, cinq anneaux naquirent, aussi fins que des bagues couvertes de glyphes et de runes. D'elles-mêmes, elles virent se placer sur chacun des doigts d'Alouqua, à la main gauche. Les chaines étaient invisibles, mais pouvaient jallir des anneaux dès que la magie s'y éveillait.

Car c'était cela qu'émettait cette chaîne. Mois violente que les deux autres, elle était complexe et subtile, celant de multiples pouvoirs encore plus ou moins éveillés. Elle bourdonnait littéralement, courbant l'espace autour d'elle. On comprenait pourquoi Iblîs lui-même considérait Seth comme un des plus grands adeptes des arts sombres. S'il était encore vivant, quelque part, nul doute que le sorcier n'aie appris le réveil de ce qu'ils avaient laissé derrière eux.

A présent, l'aura d'Alouqua faisait littéralement trembler le sol. Un sifflement intense se faisait entendre, et l'air semblait plus surchauffé qu'au-dessus d'une fournaise. Les cheveux et la longue robe d'Iblîs claquaient en arrière, comme soulevés par un vent violent. Une aveuglante lumière violette inondait chaque trait de son visage de cire, comme si le corps de la succube s'était changé en une étoile aux froids rayons d'améthyste.

Le bouclier que le démon avait placé autour d'eux avait-il été pour les protéger d'une intrusion ... ou bien pour protéger le Cimetière d'eux-mêmes? A peine entendit-on sa voix prononcer les derniers mots ...


"Et moi, Iblîs Nemrodus, salue aujourd'hui la naissance d'un nouveau Démon Majeur. A son front je place ma Marque, en mémoire de ce qui fut aujourd'hui."


Sous le toucher de l'index glacé, un pentacle se dessina sur le front d'Alouqua. Un pentacle particulier, un symbole d'une puissance unique, avec en son centre un glyphe particulier à chacun, et qui pouvait disparaître et réapparaître à volonté. Nul n'avait le droit de le tracer, sauf à a cérémonie de l'adoubement, car il marquait ceux qui avaient été reconnu comme digne de prendre place au rang des grands du royaume des enfers. C'était le même signe qu''Iblîs portait sur son front, à la différence que celui d'Alouqua était violet, la marque des Démons Majeurs.

Comme si c'était la dernière pièce du puzzle, la dernière clé indispensable, tout se calma enfin. Le silence tomba. L'aura écrasante revint sous le contrôle absolu d'Alouqua, celle d'Iblîs se tut à son tour. Les trois présences qui étaient revenues une dernière fois s'estompèrent peu à peu. Avaient-Ils été réellement là, ces trois ombres d'un passé lointain, ou bien n'étaient-ce que des trces rémanentes de leurs pouvoirs? Qui pouvait le savoir, à présent que tout était fini ...

L'enchantement était arrivé à terme, et un peu de lumière revint. D'une seconde à l'autre, les Ténèbres s'enfuirent et tous deux furent debout au milieu des tombes.

Alors, l'être noir releva la tête. Et comme il l'avait fait jadis, annonça :


"Bienvenue, Alouqua des Démons ... "
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MessageFuite, Rencontre et Pouvoir [ PV ] EmptyJeu 20 Déc 2007 - 22:19

Comme sortie d'un cauchemar, Alouqua "se réveilla". Elle sortit de sa létargie due à la douleur insupportable causée par la transformation de son être tout entier. Elle sentait son corps. Ses doigts. Ses bras. Ses pieds. Ses jambes. Elle pouvait bouger, elle pouvait réspirer. En effet, elle se rendit compte qu'elle avait pratiquement stoper sa respiration. Sa poitrine se souleva à nouveau de manière régulière.
Mais.

Mais ce n'était plus Alouqua. Physiquement, son corps n'avait pas changé, ou très peu. Toutefois, son âme avait muté. Au fond d'elle même, elle sentait comme une présence. Parfaitement confondue à ses pensées, incluse dans ses souvenirs, elle semblait avoir toujours été là. A la fois familère et étrangère. Eternelle. A jamais.

Son visage n'était plus marqué par la douleur, et elle paraissait surout surprise. Et, quand Iblîs avait parlé en l'honneur de Lilith, elle avait levé vers lui un regard à la fois étonné et reconnaissant. Un mince sourire se dessinait sur ses lèvres pâles. Là où la chaîne était entrée dans son corps, la chair s'était refermée. Maintenant, son coeur ne la faisait plus souffrir. Au contraire, jamais elle ne s'était sentie aussi protégée... Cependant, bien qu'elle soit aussi froide qu'un mort, la sensation glaciale au fond de son être était toujours là, et elle comprit qu'elle ne partirait jamais.

Alors, devant elle, la chaîne qui était restée hors de son corps se scinda en deux parties identiques. L'une des parties prit une teinte rouge sang, et Alouqua reconnut l'aura de celui qu'elle avait acculé, jusqu'à ce qu'il se suicide : Baal, le Guerrier.
A nouveau Iblîs parla, mais cette fois, ce fut Baal qui fut honoré. La chaîne rougoyante vint se souder à son poignée : le contact fut, comme elle l'imaginait douloureux : comme un métal chauffé à blanc qui se déposerait sur sa peau blanche. Mais cette sensation fut brève, et elle eut à peine le temps de fermer les yeux, que la souffrance s'estompa.

Maintenant, un bracelet noir aux reflex sanguins était soudé à son poignée, de là, une chaîne aux mêmes teintes débutait, magiquement retrécie, qui se terminait par une pointe acérée dans sa main droite. Instinctivement, elle comprit comment l'utiliser, lui rendre sa taille originelle : elle serait presque aussi massive que celle de Baal autrefois.
Iblîs effleura son poignée droit, et elle sentit ce toucher si particulier, empli de Ténébres insondables.

Son aura aussi changeait. L'aura dépendait de l'âme, de la puissance, du pouvoir. Mais, celui-ci s'étant infiltré dans tout son être, elle n'arrivait pas à le contrôler, il était là, ce pouvoir, mais elle ne le maitrisait pas à cet instant... C'était, comme si quelque chose manquait...

Seth. Le troisième Général. Celui qui l'avait élevée. Les paroles du Démon des Ténébres éveillèrent le dernier fragment de chaîne endormi. Mû par une volonté propre, elle se divisa en cinq chaines, au bout desquelles cing anneaux naquirent. Chacun se glisssa sur un doigt de sa main gauche. Dans chaque anneau sommeillait un pouvoir... Il battait au même rythme que son coeur... Oui, tout était relié.

Encore sous le choc, elle observa ses mains, et ne se rendit pas compte du tremblement que causait son aura desormais débordante de magie et de puissance. Elle essaya en vain de contrôler cette aura turbulente... Mais il manquait toujours quelque chose. A chaque fois qu'Iblîs avait parlé, c'était comme un vide qui se comblait dans son âme. Mais... Il manquait une carte dans son passé : le Faucheur Rouge.

Alouqua sentit un contact presque aussi que son coeur maintenant, sur son front. L'index d'Iblîs. Comme tracé dans sa chair, et dans son âme, un symbole. Un pentacle, un glyphe. Marque des Démons Majeurs. Marque des Ténébres, unique à chacun.

Et ce fut le declic. Le dernier vide fut comblé. L'aura d'Alouqua revint sous son contrôle. Elle sentait Kïo, cette présence désormais familère... Mais elle pensa discerner d'autres présences. Familères elles aussi, mais qui s'estompaient peu à peu... Avant de disparaitre totalement, laissant un goût amer dans l'esprit de la démone.

Elle se releva, malgré sa blessure encore fraîche de sa jambe. La marque violette sur son front semblait assoiffée de sang... La douleur avait laissé place à un sentiment de puissance. Grisant. Permanent.
Alouqua répondit à Iblîs, un sourire satisfait ( et sûrement ironique ) aux lèvres :


" A votre service, Seigneur de l'Ombre, Iblîs Nemrodus. Je suis honorer de vous servir... "

[ Mais bien sûr ! C'est même plus que respecter... Bon, je pense qu'on peut clore le sujet. ]
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