"Ici, ce sera parfait."
À peine Wall était-elle arrivée à £lament qu'elle en était ressorti, partant vers les Monts décharnés.
Quand elle avait pénétré dans la cité, les gens se promenaient autour d'elle en discutant joyeusement, comme si elle n'existait pas.
Mais à quoi s'était-elle attendu? À ce que des bienfaiteurs lui offrent nourriture, habits et logis?
Elle avait sans doute espéré un miracle. Trouver un travail. Une maison.
Ou même simplement une personne lui venant en aide.
Ses souhaits, aussi forts étaient-ils, n'avaient pas été réalisés, bien au contraire.
Devant cette indifférence générale, la Walkyrie s'était enfuie à toutes jambes vers le premier endroit venu.
Cet endroit, c'était les Monts décharnés. Une grande lande déserte aux arbres calcinées et envahie par les corbeaux.
Perdue pour perdue, elle avait cherché un quelconque endroit pour passer la nuit.
Après environ trois-quart d'heure, elle avait trouvé un endroit à peu près confortable.
Collée entre deux troncs d'arbre, assise dans la poussière, ses genoux contre sa poitrine, elle observa les branches qui faisaient une arcade au-dessus d'elle.
Les brindilles sèches qui tombaient dans ses cheveux sous le poids des corbeaux lui firent venir une idée.
Elle avait un pouvoir, aussi inutile soit-il dans la cité.
Elle secoua la tête et les petites branches gisèrent à ses pieds.
D'une main (elle tenait l'autre entre ses jambes; elle avait était attaquée par un corbeau agressif), elle les coinça entre quelques pierres et en fit un petit tas.
Puis elle ferma le poing, le serra fort et le rouvrit doucement.
L'étonnement fut à son comble: aucune flamme n'ondoyait au creux de sa paume.
Son arrivée à £lament avait sûrement bouleversé ses pouvoirs, le concentré de magie les avait apparemment choqué.
Elle réitéra l'expérience.
Mais en vain.
À la troisième tentative, le désespoir y jouant sûrement pour quelque chose, elle fit jaillir une flammèche, assez forte pour embraser les quelques brindilles.
Le feu réchauffa immédiatement le corps de la Walkyrie et elle se roula en boule dans la poussière, ternissant considérablement ses habits (un blouson et un pantalon moulants, à même le corps, ainsi que des bottes, le tout en cuir noir) et ses cheveux.
Elle serra sa main douloureuse entre ses genoux, le sang coulant toujours, et sombra bien vite dans le sommeil, épuisée.
Une heure après, le feu s'éteignit sous l'action de la brise.
Wall, tout en dormant, recommença à frissonner ...