Et c'est partit! [Libre]

Il fallait qu'il trouve un truc, une solution, n'importe quoi... Faust voulait... il ne savait pas vraiment comment penser ça en mots... Il voulait en tout cas rester avec Ariane... Et qu'elle... Arf... C'était difficile de penser en ne sachant pas exprimer ses idées, même à soi-même... Il voulait rester avec Ariane... Bien sûr, ils avaient maintenant trouver le moyen de se voir un peu plus souvent... Mais il lui fallait quelque chose en plus... Là, par exemple, il avait trop peur de la toucher... Son corps, avec ses griffe et son bec, et sa force qu'il ne contrôlait pas, l'avaient déjà blesser alors qu'il essayait simplement d'être plus près d'elle... Il voulait pouvoir la toucher, la prendre contre lui quand elle avait peur ou qu'elle était triste. Et ce sans lui faire mal ou l'effrayer par des gestes trop brusques.

Le chiropteran était donc partit, s'éloignant de la cité qu'il protégeait en sercet depuis maintenant environs deux mois... Il ne savait pas où aller, ne savait pas ce qu'il cherchait non plus, mais rester aux abords de la cité de lumière n'aiderait pas beaucoup plus. Il était partit au risque de ne pas pouvoir revenir et aussi en sachant qu'il ne verrait pas Ariane pendant un bon moment... Mais ça vallait le coup, non?

*Mouais... Si je savais quoi chercher et où ce serait quand même bien...*

Faust survolait la forêt Darke... Mais tout en volant, ses yeux se fermaient doucement... Cela faisait trois jours qu'il volait et il ne s'était arrêté que de jour, mais sans arriver à s'endormir tellement il était envahi de pensées... Là, ça devenait un peu trop, même pour un chiropteran... Pour finir, ses yeux se fermèrent complètement... Il continua à planer pendant une minute environs avant de commencer à tomber... Et il tomba en piqué dans la lagune... Le contact de l'eau le réveilla instantanément, mais Faust ne savait pas nager...

Et merde!!!

Il essaya tant bien que mal de rester à la surface, puisant dans ses dernières forces pour essayer d'avancer, de rejoindre la rive... La fatigue risqu'ait d'avoir raison de lui à tout moment, mais il tenait bon... Après tout, quoi que ce soit, il avait quelque chose à trouver!

"Ooooooooooooooooooooooooooh !"

Un cri de surprise mélangé à ce qui semblait être de la curiosité retentit non loin du machin marron qui barbotait frénétiquement. Ce dernier put sentir un mouvement non loin de lui dans l'eau, quelqu'un approchait. Puis il put voir une petit main se tendre pour choper ce qui semblait être son poignet, mais ça bougeait trop à son goût, alors elle abandonna vite : Avec les griffes qu'il y avait au bout, elle ne voyait pas l'utilité de toucher si c'était pour s'en prendre une. Elle retenta en croyant un instant à un moment de calme dans la panique de la bête, mais finalement non. Pas facile. En lieu et place d'un sauvetage, la petite chose hurla :

"PAPAAAAAAAAAAAAAAAAA !! J'AI TROUVE UN GROS PASSON VOLANT !"

Il fallait l'attraper avant qu'il ne disparaisse, parce qu'il était bizarre, et très gros : ce devait être un spécimen rare ! Mais la gamine à elle seule savait pertinemment qu'elle ne parviendrait jamais à le soulever ou à le tirer, aussi abandonna-t-elle en attendant que Papa arrive, s'il avait entendu. Logiquement, il avait entendu, il n'y avait pas de souci. Elle espérait qu'il serait fier d'elle, fier qu'elle ait trouvé une aussi grosse bête ! Et qu'ils pourraient en manger ce soir ! Elle se planta devant la bête en question, les bras croisés dans le dos, reculant au fur et à mesure que la proie avançait et éclaboussait tout autour : Ses jolis yeux oranges, tout en amande, fixèrent attentivement cette chose qui… Suffoquait… En coulant… Encore un peu plus… Au revoir, le passon…

Et vlan, une prise le tira violemment de l'eau, le jetant sur la berge sans trop de peine et surtout sans aucune forme de cérémonie. Le machin marron était maintenant couché sur le dos dans la terre, et deux visages quasi-similaires étaient penchés sur lui. Le premier, tout rond et enfantin, ouvrait ces mêmes grands yeux flamboyants qui l'avaient patiemment regardé couler, curieux et fiers en même temps ; l'autre visage, bien plus adulte et surtout plus sceptique, semblait analyser la chose comme on estime la valeur d'un objet.

-C'est pas un poisson, il sait pas nager, dit l'adulte, un homme à la voix grave et au fort accent étranger.
-Tu crois que ça se mange ?

Un silence - lourd de sens - suivit l'interrogation.

-Non. Je sais pas c'que c'est.

La grimace peinte sur la visage de l'homme, dont les oreilles pointues trahissaient facilement des origines elfiques sans importance, en disait long sur le goût qu'il imaginait. Ca avit l'air dégueu, mais on pourrait peut-être récupérer la peau pour faire des pantalons en cuir, ou des doublures de couvertures bien pratiques l'hiver. L'elfe fit reculer la fillette, se pencha sur le truc et appuya brusquement, sans aucune délicatesse, sur ce qui, chez les êtres lambdas, était l'emplacement commun de la cage thoracique, juste pour voir si ça réagissait ou si c'était noyé.

Faust eu juste le temps de voir quelque chose bouger, quelque chose de flou, avec comme deux bille de feu... Faust ne savait pas ce que c'était, mais ça n'avait plus grande importance maintenant... A cause de la fatigue et du manque d'air, il perdait conscience et il allait se noyer... Son voyage qui lui avait semblé devoir être si long allait s'arrêter à la forêt Darke... Mais il y eu retournement de situation...

Evanoui qu'il était, Faust ne sentit pas qu'on le sortait de l'eau... Il avait du liquide plein les poumons, mais ne sentait plus rien... Il ne réagit que quand quelque chose appuya brutalement sur son torse. L'eau fut expulsée de ses poumons et il se redressa brusquement, toussant et recrachant le tout... Toussant toujours, incapable de parler, il vit deux créatures en face de lui... Presque les mêmes, sauf qu'il y avait un petit et un grand...

La toux de Faust se calma, et il regarda la plus grande des deux créatures dans les yeux... C'était probablement eux qui l'avait sortit de cette merde... Mais malgré tout, le chiropteran n'aimait pas du tout la façon qu'il avait de le regarder... Comme si... Comme si...

Hey! Je préviens direct: je suis pas votre dîner!

La nuit était froide... Et être mouillé quand il fait froid c'est pas génial... Faust avait la chair de poule... D'autant que ces deux êtres là étaient pas rassurants... Faust se leva et recula... Il ouvrit ses ailes pour être plus impressionant...

Heu... C'est vous qui m'avez sortit de là et...

Comment disait Ariane déjà?

Merci...

L'autre allait devoir faire très attention s'il voulait approcher... Faust ne savait pas ce qu'étaient ces créatures, ni quels étaient leurs pouvoirs ou leur puissance... Et après tout, peut-être étaient-ils des enfers.. Dans ce cas, il était mal... Et Faust était pris pas la peur... Donc, il était dangereux...

Un nouveau "OH !" de stupeur échappa aux deux elfes lorsque la bestiole prononça ses premiers mots. Folle de joie de cette découverte, la petite fille ne cessa de répéter que c'était elle qui l'avait trouvée, la grosse créature parlante, et que c'était vraiment trop fort, hein que c'était trop fort ? Tranlthanas était moins enthousiaste : Cette chose vivait encore, et en plus elle causait. Il songea à l'assommer direct et partir, mais il se demandait d'où ce truc sortait et surtout ce que c'était. Un genre de mélange raté, quelqu'un d'un peu free-style qui aurait mis un dragon, une chauve-souris, un aigle, un cheval et du cuir dans un mixer. Il ne savait pas ce que c'était, inconnu au bataillon des créatures bizarres ; Pourtant il en avait vu moult, mais là… Joker. L'intérêt l'emporta, comme souvent.

-Ah ? Dommage, dit-il, faussement déçu.

Il vit les ailes s'ouvrir et haussa un sourcil, pas très impressionné. Dans le principe, forcément, ça lui plairait pas des masses de se prendre un coup dans la tronche, mais sinon… On aurait dit un chat qui fait le dos rond en hérissant les poils pour paraître plus intimidant. En moins mignon, sans doute. L'elfe parut même amusé et intéressé un instant de la tentative. Pas intimidée pour un sou, Solmyr, elle, à quatre pattes dans la terre, s'était approchée pour toucher la peau bizarre de la créature en tirant la langue d'un air d'experte concentrée. Elle parvint à l'effleurer avant qu'une main puissante ne la saisisse précipitamment et brutalement par le col de ses guenilles, dans lesquelles, bien que trempée, elle ne semblait même pas avoir froid ; Elle atterrit dans les bras robustes de son père qui reculait tansi qu'elle riait à gorge déployée, désignant la créature du doigt en émettant un drôle de "kr-r-kr-kr-r" par moment, à moitié entre le crachement du chat et le rire de la hyène.

-C'est pas un passon volant, c'est une GROSSE chauve-souris !

Le père ne riait pas, lui. Elle l'embrassa sur la joue pour le calmer, parce qu'elle savait qu'il n'aimait pas les gens, et surtout les gens qui la voyaient, elle, sa petite perle exotique, et qui étaient donc susceptibles de vouloir lui parler.

-C'est pas grave, je te trouverai un vrai gros passon tout à l'heure.

Et elle n'aimait pas non plus les gens parce qu'à part Lén, ils étaient souvent très bêtes. Plus que les vraies bêtes elle-mêmes ! Et elle vivait entourée d'animaux divers, elle était donc bien placée pour le savoir. La plupart du temps Papa laissait faire quand même, parce que Solmyr voulait parler avec les gens… Innocemment bien sûr. Elle savait y faire, et il était fier de la laisser s'entraîner : Il ne fallait jamais négliger l'affûtage de la parole. Autant qu'elle se fasse les crocs sur des êtres doués de parole, sur les animaux c'était pas terrible. Pas très efficace surtout. La tenant fermement contre lui, sur sa hanche, Tranlthanas lui donna un petit coup dans les côtes pour lui faire signe que ça irait. Tant qu'il était là, la petite avait une protection contre tout. Et la petite aimait le voir tuer des gens pour elle.

-Mouais, répondit-elle alors d'un air boudeur à la créature ailée qui la remerciait, y'aurai dû attendre que tu te noies. Papa dit que t'es pas mangeable de toute façon, mais moi j'pense que t'ferais un youli tapis.
-On n'a pas besoin de tapis, Solmyr, coupa Tranlthanas avec calme, l'incitant à chercher autre chose.

Elle aussi avait un accent, plus fort encore que celui du père. Et quelque part, plus cruel. Elle fut reposée lentement par terre. Elle souriait de toutes ses petites dents de sauvageonne.

-T'as froid, hein ?

Ces deux là étaient vraiment bizarres, trop bizarres... Et il ne savait pas ce que c'était... Ca resseblait au créatures dElament, sans vraiment être les mêmes... Pendant que la petite créature approchait de lui et que lui s'éfforçait de se faire impressionnant, sans parvenir à convaincre ni la plus grande des deux créatures, ni lui-même, il se repassa dans sa tête les créatures qu'il connaissait pour voir s'il y en avait une qui correspondait... Géant? Non, trop petit... Heu... Fée? Ah non pas du tout non... Chiropteran? t'es con ou quoi? Heu...

Non, décidément, il ne voyait pas du tout à quoi ça pouvait s'apparenter... Mais ils prlaient, ce qui était déjà bien, et si leur regards trahissait leur envie d'en faire quelque plat ou quelque chose d'utile, ils ne l'avait quand même pas encore tué... Donc, que faire? Ses pensées furent perturbées quand la mini créature l'effleura... Il ne l'avait pas vue venir, car il avait gardé les yeux uniquement sur le plus impressionnant des deux...

Mais le grand récupéra la petite chose, et la cala dans ses bras... La petite s'adressa alors à lui... Mais Faust ne lui répondit pas... Il se doutait que le grand la protégeait, et qu'il n'était probablement pas préférable de faire quelque geste que ce soit vers elle... Le chiropteran avait au moins compris une chose... La petite venait de sortir de son oeuf... L'autre, il ne savait pas qui c'était... Son mentor probablement... Mais il savait qu'il s'appelait "papa"...

C'est donc à lui qu'il s'adressa, même si, par réflexe, il hocha la tête à la question de la petite... Ouais, il crevait de froid...

Heu... Ecoute... Papa... je veux pas te faire de mal, d'accord? Ni à toi, ni à la petite chose... Mais c'est pas une bonne idée de m'attaquer... D'accord, je suis un démon, un truc des Enfers et tout le bordel... Mais j'en fait plus partie...

Puis il fronça les sourcils... il ne pouvait plus retenir sa question plus longtemps... et puis, peut-être que ça ferait diversion... Il avait tropfroid pour essayer de fuir tout simplement... Sinon, il aurait grimpé dans l'arbre et aurait décollé...

Mais vous êtes quoi? Vous venez de la cité?

Mmmm... m'étonnerais... Il avait plus l'air de vagabonds... Puis, n'y tenant plus, il s'adressa à la petite qui le regardait avec toujours le même regard avide et cruel...

Et ne me regarde pas comme ça!

Il crevait de froid et cela suffisait à Solmyr qui le laissa congeler tranquillement. L'intention d'aider ne lui avait jamais traversé l'esprit, elle voulait juste être sûre qu'il ait bien froid. Et comme il avait l'air fatigué en prime – c'était éprouvant de se noyer quand on n'était pas un passon – elle était satisfaite. Il resterait encore un peu. Une grimace se peignit cependant sur son visage quand la créature adressa la parole à son père, vers qui elle se tourna, la bouche ouverte d'indignation : Il l'avait appelé… "Papa" ? Son froncement de sourcils la rendit agressive, mais le Papa en question se contenta de ricaner un peu. L'appellation lui convenait de toute évidence puisqu'il savait très bien que la créature n'était pas de lui – ou alors elle aurait plus tenu de la mère – et que c'était l'ignorance qui lui faisait utiliser ce mot. Après tout, comme l'idée de se présenter avait abandonné l'elfe depuis belle lurette, le sobriquet suffisait. Et puis Solmyr était jalouse et c'était si mignon…

Il se contenta de hausser les sourcils d'un air intéressé, presque appréciateur, lorsque l'étrange bestiole lui avoua être un démon. Ou avoir été, parce que selon elle, elle n'en faisait plus partie ; En fait Tranlthanas s'en foutait. Fondamentalement, démon ou pas, tout ce qui vit est potentiellement dangereux. Et tout ce qui parle (parce que qui dit parle dit conscient et intelligent, même si je vous accorde que le troisième terme est largement à débattre) est potentiellement plus dangereux. Et accessoirement super-barbant.

-Aaah, bon…, lâcha-t-il tranquillement en hochant lentement la tête devant cette belle auto-dénonciation.

Il allait ajouter quelque chose mais déjà, hop, une question, ça y est ! C'était typique des rencontres, ça, les questions ! Et même pas d'épreuve écrite pour se récupérer… Deux questions d'affilée ? Là, il méritait la mort ! Heureusement pour la créature, coupant l'élan meurtrier de l'irascible père, Solmyr se remit à rire de son "kr-kr" caractéristique.

-La Cité ! Kr-kr ! La grooooosse prison en or !

L'idée de venir de là-bas semblait être une des meilleures blague au monde ! L'elfette prit la main de Tranlthanas et frotta sa joue tout contre elle pour marquer sa possession sans cesser de regarder la créature qui venait pourtant lui ordonner de détourner le regard. Preuve que c'était à elle de décider de quand elle regarderait ailleurs, et que le beau paternel, là, il était à elle et pas à lui ; dans son ignorance de petite fille elle n'avait pas compris que son vis-à-vis ne devait même pas connaître le sens du mot. La gamine ferma finalement ses deux mirettes orangées et, toute doucereuse, dit :

-Ah non, on vient pas de allá, c'est vraiment nul ! Hein, mon petit Papa ?
-Pas terrible, en effet, répondit le "petit" Papa en question du haut de son mètre quatre-vingt-dix, s'adressant directement à la créature ayant posé la question. Alors comme ça tu viens pas des démons ? Cela est bien. Ca change rien, pour nous… Si t'es mangeable, on te chasse. C'est comme cela que ça marche ici ; mais bon, on mange pas les chauve-souris, démoniaques ou pas.

En plus de l'accent, ils parlaient mal la langue commune. Là, c'était des mots et des bouts de phrases qu'on mettait dans le mixer…. Eeeeet paf, ça fait des trucs biscornus.

-Nous on est des elfes. Mais c'est pas très important. Elle est bizarre ta question ! Tu as peur de quoi ?

Un rire franc lui échappa dès la question posée, bientôt imité par Solmyr qui lui échappa, enthousiaste et sourire jusqu'aux oreilles, s'approcha de la créature pour lui prendre le poignet et tirer un peu sur son bras afin d'attirer son attention.

-Hé masieur démon ! C'quoi "tout le bordel" des Enfers ?

OOOk... Ca commençait à aller, même si les deux créatures n'avait toujours pas l'air amicale et que l'homme, ou quoi que ce soit d'autre n'avait pas eu l'air d'apprécier qu'il pose des questions... D'ailleurs, le démon se dit qu'il allait éviter ça à l'avenir... Les deux créatures parlèrent, la petite s'adressant autant au chiropteran qu'au grand homme qui faisait la même taille que Faust. Elle avait semblé jalouse et le chiropteran n'avait pas compris pourquoi, où était l'erreur, mais finalement, il laissa tomber... Après tout, ce n'était pas elle le boss dans l'hsitoire... Enfin, Faust le croyait...

Ils n'avaient pas l'air d'apprécier Elament, ni spécialement les Enfers... Ils étaient donc impartiaux... Du moins au niveau idéologique. Et le chiropteran avait vu juste: leur première idée avait été de se faire un steak de chiropteran... Et pour une fois, il remercia la nature de l'avoir créé un rien repoussant... Mais il voulait être sûr qu'ils avaient bien changer d'idée...

Même moi je me mangerais pas... Je dois être dégueulasse...

Et quelques part, aussi étranges que ces deux êtres étaient, aussi effrayant également, le chiropteran commençait à les trouver amusant avec leur accent et les phrases qu'ils tournaient à leur façon... D'autant qu'en y réfléchissant bien, au pire, Faust se sentait capable de rivaliser avec eux... Il avait bien échappé à Swa alors...

Ah des elfes... Jamais entendu parler... Je suis un chiropteran, j'ai un nom, Faust... Heu...

L'autre lui avait demander s'il avait peur... alors là il y avait dilemme... Devait-il dire la vérité ou pas?

Ben... j'ai pas vraiment l'habitude de tomber sur des gars qui veulent me manger... C'est plutôt le contraire normalement...

Il allait enchaîner sur Elament quand il sentit quelque chose le tirer par le poignet. Faust sursauta en voyant la petite qui, deux secondes plus tôt, était encore dans les bras de son père... Mais sa question le fit sourire... Là, il se dit que ça pouvait vraiment commencer à aller, qu'ilpourrait peut-être avoir une conversation avec eux... Et ppeut-être même qu'ils pourraient l'aider... Il répondit en s'adressant à la petite comme s'il s'était adressé à un adulte...

Ben la réponse est dans ta question... Les Enfers, c'est vraiment un gros bordel... Je peux même plus y aller, ils veulent ma peau là-bas... et juste pour le fun, pas pour en faire un sac...

Il reporta ensuite son attention sur l'adulte...

Pourquoi tu n'aimes pas Elament, Papa?

C'était une question, encore une, mais ça l'intéressait, lui qui voulait tellement entrer dans la cité... Tout en attendant la réponse, le chiropteran s'approcha de l'eau, et s'accoupi devant, la regardant, concentré, les sourcils froncés. Puis soudain, il plongea sa main griffue dedans et en sortit un énorme poisson qu'il lança à la petite fille.

-Wouaaah… Sont bêtes quand même, un sac c'est mieux utile qu'un cadavre.

Sur ce, Solmyr, satisfaite de la réponse, retourna coller au pantalon de son père, s'accrochant à ses jambes et zigzaguant entre elles en continuant à ricaner un peu. L'elfe n'était pas trop embêté, il avait de longues gambettes ; en souriant il caressa les cheveux de la petite, marchant vers le bord de l'eau pour retourner à leurs affaires mais sans tourner le dos au dénommé Faust. Ne jamais tourner le dos. C'était la règle (enfin, une des nombreuses règles) ; Etonné, il vit qu'il n'y avait même pas besoin de prendre cette précaution puisque la créature aussi avait bougé et s'était avancée vers l'eau. Comme elle était occupé, il prit soigneusement le temps de retarder sa réponse ; Y réfléchir ? Pas besoin. Un sauvage fonctionne aux sensations et aux sentiments, pas à la raison. Juste qu'il n'avait pas de quoi faire un exposé sur la Cité : Il la détestait en bloc pour tout ce qu'elle était, simplement.

Il resta silencieux encore un temps, planté debout à côté du rocher au pied duquel ils avaient caché quelques affaires le temps de la pêche. Quatre yeux de flammes s'étaient rivés sur Faust, une paire brillante d'impatience, l'autre de méfiance. Un truc mouillé vola et, toute preste, Solmyr l'attrapa au vol : Un poisson encore tout gigotant.

-EEEEEEEEEEH !! s'écria-t-elle, joliment surprise et indignée en même temps. Papa, regarde comment il l'a eu, le passon !
-C'est ça que je voudrai que tu fais, un jour, fit remarquer le père, impassible, en montrant la créature du doigt.

Comme le poisson frétillait encore, l'elfette le posa sur le gros rocher et l'assomma avec un gros caillou. Aussi délicate que Papa, c'était beau à voir. Elle alla chercher sa besace et le fila dedans, avec les deux autres, puis retourna directement dans l'eau, face à la grande chauve-souris, la tête haute et les mains croisées dans le dos.

-Ye fais pareil avec les chiens d'prairie !

Eeeeh ouais ! Bientôt elle saurait faire comme lui à la pêche, pour l'instant elle apprenait. Mais elle savait faire à la chasse ! Elle voulut visiblement ajouter quelque chose, mais elle était en concurrence avec son père qui devait répondre et à qui Faust prêterait plus d'attention. Elle s'effaça donc un instant dans l'ombre imposante du paternel qui s'était assis sur le rocher. Et que justement la créature continuait d'appeler "Papa"… Elle crispa encore la bouche de mécontentement mais ne dit rien parce que s'il ne réagissait pas, c'est parce que ça ne le dérangeait pas. Lui peut-être mais elle, oui !

-J'aime pas, mauvaises vibrations, dit enfin Tranlthanas avec nonchalance, puis, voyant que cela ne suffirait pas, ajouta : C'est comme tes Enfers, c'est comme tout ailleurs où les gens vivent à beaucoup : le bordel. Trop de gens partout, qui se prennent pour tout et n'importe quoi, savent pas ce qu'ils veulent... Sûr, j'suis comme eux, c'est pas qu'on est tous différents qu'on est plus intelligents, mais là c'est trop à la fois. Et on peut pas faire c'qu'on veut avec leurs lois débiles.

Il éclata d'un rire franc, d'une obscénité remarquable. "Tous cons et moi le premier", ainsi pensait-il. Longtemps avant, il ne l'aurait jamais admis, un peu moins longtemps avant il l'admettait mais seulement à lui-même ; Aujourd'hui il l'affirmait pleinement car il en était sûr. Toute chose douée de conscience est stupide, mais à petite échelle c'était vivable ; sauf que là, c'est un millier de crétins que vous mettez dans le fameux mixer eeeet… Pas super le résultat !

-Voilà. Baste, on s'en fait tout un plat mais y se passe rien ! C'est juste beau à visiter, et c'est amusant de profiter d'eux aussi. Y a pas que des mauvais côtés non plus.

Il haussa les épaules et revint auprès de Solmyr. Celle-ci avait parfaitement compris le fondement de la question. Tranlthanas laissait faire, elle insistait : Elle se rapprocha de Faust, posa encore une fois ses mains sur ses bras et se fit à nouveau toute doucereuse, un peu inquiète pour lui, apparemment, mais souriant en découvrant ses quenottes blanches :

-Tu veux rentrer dedans, hein ? Les yens voudront ta peau là-bas aussi… T'es démon pour eux. Et Papa m'a dit que les démons peuvent pas rentrer de toute façon…

Ils étaient étranges, certes, mais leurs mainères rudes, faust trouvait cela normal, puisqu'au Enfers, c'était pire. Maisplus il les écoutait, plus le chiropteran commençait à comprendre leur façon de penser, de fonctionner. Et a vrai dire, il s'y retrouvait là dedans. Les mots qu'ils utilisaient étaient souvent les mots justes et la façon dont ils formaient leurs phrases donaient encore plus de dimensions à leurs paroles. Bref, ils étaient vrais.

La petite fille sembla impressionnée quand il attrapa le poisson et le lui offrit. Une bonne idée qu'il avait eu là puisqu'à partir de là, il sembla avoir gagné un tout petit peu de la sympatie de la petite. Et il était sûr que s'il gagnait l'enfant, il pouvait tirer quelque chose de l'autre... Ne fusse que de se quitter sans aucune égratignure. Il s'adressa donc encore une fois à la petite...

C'est pas compliqué, t'apprendras vite... C'est surtout attendre le poisson qui est chiant...

Si avec Ariane, il faisait plus ou moins attention aux mots qu'il employait, ce qui n'était pas toujours facile vu qu'il était un démon de la basse classe, il se sentait plus à l'aise à ce niveau là avec ces deux créatures-ci... La petite assoma le poisson (ou lui éclata la tête, faust n'avait pas bien vu) et le mit dans une sorte de sac dont Faut se demanda en quoi il était fait... Après quoi, elle se remis face à lui, dans l'eau... elle semblait aimer l'eau... Ou du moins, cela ne la dérangeait pas...

Faust avait toujours froid, et la conversation en l'aidait pas... Il fallait qu'il bouge, qu'il marche un peu. Alors il se redressa... Il remarqua que ni lui, ni l'autre créature ne se tournait jamais le dos... Faust en sourit... Ils étaient aussi méfiants l'un que l'autre... Il répondit enfin à sa question et Faust l'écouta attentivement... Quand il eu terminé, Faust hocha la tête. De tout ceux qu'il avait rencontré jusqu'ici et à qui il avait demandé l'impression que leur faisait Elament, cet elfe avait celle qui s'approchait leplus de la vision de Faust lui-même.

Ouais... Tu viens d'exprimer ce que je n'arrivais pas à exprimer jusqu'ici... ou plus ou moins. Elament aussi me fais des mauvaises ondes, comme les Enfers...

La petite enchaîna alors, un air... un peu inquiet sur le visage, mais qui était faussé par son sourire exagéré... Et elle aussi avait raison...

Je suis au courant, j'ai déjà été blessé par une flèche d'un garde d'Elament parce que je m'étais approché un peu trop près...

Il hésita puis finalement, se lança...

Mais ce n'est plus tellement la cité qui m'intéresse, ça, je sais désormais qu'il est impossible que j'y entre... C'est une fée...

-C'est pas yentil mais c'comme ça, dit Solmyr avec une indifférence taquine, cherchant une trace de la blessure des yeux. Ca veut dire qu't'as pas raté grand'chose ! Aha ! La flèche en tout cas, elle t'as pas raté !

Elle pointa du doigt, triomphante, un restant de cicatrice au bras. Comme elle tenait encore le poignet de Faust dans sa main, elle baissa le regard et s'écria :

-C'est la triche ! Lui l'a des griffes pour 'traper les passons !

Elle n'avait, elle, que des ongles sales et une dague pendant à son flanc, dans son fourreau. Alors, une nouvelle réplique fit un instant cligner les deux petites billes orangées qui lui tenaient lieu de mirettes sous le papillonnement frénétique de ses longs cils. Elle fixa longuement Faust dans le silence le plus complet, puis, à nouveau… "kr-kr !". A côté d'elle, Tranlthanas laissa échapper un "aaaaahaaa…" de compréhension amusée.

-Oooooooooh, Papa ! Il est AAAAAAAAAA-MOOOOOUUUU-REUUUUUX ! Kr-kr-kr !

Comme si la nouvelle l'attendrissait – ce qui était faux vu que le concept lui était parfaitement inconnu et qu'elle ne s'y intéressait pas, la gamine enlaça Faust, ou plutôt ce qu'elle pouvait enlacer de lui, comme pour son père : Autrement dit, une jambe. C'était à l'évidence tout ce qui pouvait être à portée de sa taille miniature devant ces deux géants ! Elle le lâcha bien vite cependant pour mieux lui tourner autour en sautillant et en chantonnant, moqueuse "L'a les n'yeux vitreux, Il est amoureux !"… Au bout de deux tours, toujours très vite lassé, son père l'attrapa par le col de ses nippes déchirées et la souleva de terre sans aucun effort, au risque de l'étrangler. Mais elle continuait à sourire à pleines dents, "kr-kretant" encore par moments.

-Mignon, admit Tranlthanas avec l'indifférence de convenance. Et quoi ? Elle peut bien sortir de là-bas ta fée... ?

Il sourit à Solmyr qui s'était sagement arrêtée de "kr-kreter", puis releva un regard interrogatif sur Faust. C'est vrai quoi, si la Cité lui avait bien fait passer le message comme quoi il était pas bienvenu et qu'il avait bien imprimé, où était le problème ? La fée sortirait, elle. Les Elamentiens n'étaient enchaînés à rien hormis leur propre bêtise, alors si elle préférait la si bêêêêlle ville à la compagnie d'un pseudo-démon, elle saurait lui faire comprendre aussi. Dans le cas inverse, il avait toutes les chances de la voir si elle l'intéressait ; Fallait pas dire qu'il manquait d'imagination pour ça ! Tranlthanas ne le croirait pas.

En tout cas sa justification avait l'air d'être bonne. Tant mieux après tout, selon lui cela évitait les débats interminables. Il n'aurait pas eu envie de creuser plus loin de toute façon et ça aussi, il l'aurait vite fait comprendre. Le retournage de tréfonds de pensées, les débats, les batailles d'esprits… Tout ça c'était plus pour lui : Ca amuse cent, cent cinquante ans et puis… Au bout d'un moment on finit par cramer la tête des gens à la question de trop, que voulez-vous !

Sauvageon reposa Petite-Sauvageonne dans l'eau et elle partit vagabonder loin de la berge, sans doute préoccupée de nouveau par la pêche à laquelle elle voulait retourner s'entraîner. Le temps extrêmement humide, l'eau froide, la nuit… Rien de tout ça ne semblait la déranger. En vérité, elle avait de la chance d'avoir un père Igni et elle en profitait sans retenue. Quant à l'histoire de fée du dénommé Faust, elle ne s'y intéressait pas et laissait Papa gérer ces trucs d'adultes… Au grand dam évidemment du Papa lui-même qui espérait ne pas jouer le "mentor de la drague".

Sans appréhension aucune, il s'approcha de Faust et, avec un sourire, lui fit une accolade de face, comme s'il voulait le pousser en arrière mais sans y mettre la puissance. Juste une accolade. Elle restait toutefois aussi rude que le reste de sa personne.

-Bouge s'tu veux pas geler, conseilla-t-il, l'accolade appuyant cette idée. T'as l'air d'un malheureux, dans tes gouttes, là !

Fast rigola quand la petite pointa la cicatrice que lui avait laisser la flèche. Lui-même n'avait jamais remarqué que ça avait laissé des traces... Elle le tenait par le poignet, et Faust se rendit compte que sa main était bien chaude sur sa peau froide... Chaude comme la couleur de ses yeux... De leurs yeux en fait. Elle retourna ensuite l'énorme main du chiropteran, la regardant sous toutes le coutures avant de s'éxclamer qu'il trichait avec ses griffes... Faust rigola encore une fois... Quelque part, il était plus proche de ces deux là que de outes les créatures qu'il avait rencontré jusqu'ici... Papa et Solmyr (puisque c'était comme ça que Papa l'avait déjà nommée à plusieurs reprises)n'appartenaient à aucun camp, et se contentaient de vivre comme ils le pouvaient, avec leurs propres manières... Tout comme Faust pour le moment...

Mais ce que la petite chantonna ensuite, Faust ne compris pas ce que cela voulait dire... Il se demanda d'ailleurs si c'était vraiment un mot ça "amoureux" ou si c'était juste des syllabes mises l'une à côté de l'autre et qui lui permettait de garder le rythme...

Hu?

Faust penchait la tête sur le côté en signe d'interrogation... Mais Solmyr ne l'aida pas, trop occuper à faire krkr... Papa, apparement exaspéré, l'attrapa par le col, l'tranglant un peu... Mais faust ne s'en alarma pas... Manquerait plus que ça, lui qui avait commencé sa ville de bébé chiropteran en bouffant son frère jumeaux... Papa lui posa alors une question des plus intérressante... Le tout était de trouver les bons mots pour s'expliquer, lui qui ne savait pas lui-même ce qu'il voulait.

Heu... Ben si, elle sort de la cité et des fois, on passe la nuit ensemble à discuter, à manger des trucs qu'elle apporte. Mais heu...

*Mais t'as vu ma tête?!*

Faust ne continua pas sa phrase, mais lança un regard qui voulait tout dire à Papa... Il y avait incompatibilité des races, même si Faust ne savait pas du tout ce qu'il voulait faire...

Quand je la touche, ça lui fait mal... Je...

Papa lui donna alors un coup un peu rude, mais du genre auquel faust était plus qu'habitué... Et il savait que c'était amical... Il suivit le conseil de Papa et se leva, se dégoudissant les jambes en marchant en rond avant se secouer sa longue chevelure blanche... Il regarda ensuite Solmyr qui semblait des plus à l'aise, courant partout, touchant à tout... Il posa alors une nouvelle question à Papa...

Tu l'as trouvée où?

Certes, le regard voulait dire que ça marchait pas super la drague, mais Tranlthanas n'était pas télépathe. Il ne demanda cependant pas la suite, qui arriva finalement d'elle-même. Les gens étaient magiques ! L'elfe imaginait que ce n'était pas la seule raison, le fait de "lui faire mal", à sa fée, mais c'était déjà du souci, c'est sûr. Pour caresser quelqu'un, à moins qu'il ou elle soit complètement masochiste, c'était pas terrible. Il se contenta de hocher frénétiquement la tête avec un "oui" à demi-murmuré, signe qu'il avait compris la douleur de son camarade et qu'il compatissait vachement. Il laissa alors le camarade en question faire son tour de chauffe et se secouer un peu. Lorsque son regard s'arrêta loin à côté de lui, Sauvageon tourna la tête à demi, lentement.

Là-bas, dans l'eau, il y avait sa Solmyr qui batifolait joyeusement dans l'eau glacée pour trouver ses "passons". Elle restait accroupie un moment, puis, d'un grand coup, éclatait sa main dans l'eau pour choper la bestiole comme elle avait vu faire Faust ; sauf qu'elle s'éclaboussait toute seule plus qu'autre chose. Pas démontée pour un sou, elle utilisait alors une autre technique, comme essayer d'en écraser un dans la gadoue du fond un avec une grosse pierre, ou en planter un autre avec sa dague. La réussite n'était pas au rendez-vous, mais l'effort était louable. Après tout, c'était sa fille : Elle irait loin dans la vie.

Une nouvelle question, encore complètement bizarre, lui parvint aux oreilles. Un regard vers l'elfette, puis un autre à la créature ailée. Un sourcil levé, mélange d'air perplexe et surpris. J'ai bien entendu ou j'hallucine ? Ou les deux en même temps peut-être ? Ou c'est lui qui picole trop avec sa fée ?… "Où il l'avait trouvée"…

-Dans le ventre de mon amante enceinte… Quelques mois plus tard… Boum ! Solmyr.

Il montra du doigt la Solmyr en question. Boum ? Oui, comme la plupart des enfants de son pays, elle était née à même le sol puisque la mère accouchait par terre. Et sur le plancher d'une yourte, quand un bébé tombe ça fait "boum". Après on le récupère et on attend qu'il gueule pour vérifier qu'il est toujours vivant, on compte les doigts des mains, des pieds, on regarde tout, pour vérifier s'il est pas abîmé ou mal formé… Ouf, tout va bien, on garde. La sélection naturelle était implacable pour les défaillants et les faibles…

-Tu sais pour tes pattes griffues c'pas compliqué, suffit de la tourner. Quand on veut pas faire mal, on fait pas mal. Comme les félins, quand ils prennent les bébés dans leur gueule, y pourraient les broyer : Bah non, hein. Ils font doucement.

Il montra le dos de sa main, et mima le geste de caresser. Un animal, hein, lui. Ou sa fille. Ouais bon, ou une amante, aussi. Et voilà il avait craqué, il avait conseillé ; Ca lui semblait tellement évident ! Faut quand même mettre de la mauvais volonté, ou être super maladroit – ou bigleux, éventuellement – pour pas s'y prendre correctement.

-Même ma fille te câline, elle pourrait faire des efforts aussi ta fée.

Solmyr, trempée et hirsute, revenait vers eux parce qu'on parlait d'elle depuis tout à l'heure et qu'elle aimait pas qu'on dise des trucs dans son dos alors qu'elle était juste à côté ! Comme elle avait entendu la dernière phrase, elle montra Faust du doigt et lança de but en blanc :

-Je lui apprendrai pas à faire l'amour !

Son père l'attira à lui pour l'embrasser et lui assurer que non. Encore toute rouge de colère mais rassurée sur parole, la gamine lui tendit un passon sensiblement désarticulé et un peu amoché. Victime d'un bon gadin de dix kilos sur la gueule. Tranlthanas sourit avec douceur, l'embrassa et accepta ce premier trophée avec fierté, qu'il laissa tomber dans sa propre besace.

En silence, ils regardèrent la petite fille essayer de choper des poissons pendant un moment, jusqu'à ce que Faust demande à Papa où il l'avait trouvé. En effet, les chiropteran n'avait pas vraiment la même vision de la parenté... En réalité, ils ne connaissaient pas leurs géniteurs (qui n'était en fait qu'un seul autre chiropteran), naissaient seuls, sortant de leurs oeufs, devaient survivre au combat contre leur jumeaux, et ensuite errer jusqu'à se trouver une place aux Enfers... Certains n'y arrivaient jamais... Faust ouvrit grands les yeux quand Papa répondit à sa question. Il l'imaginait entrain d'éventrer un de ses semblable pour en retirer Solmyr...

Ca doit faire mal... Mais elle avait qu'à pas la manger aussi...

Il regarda encore un peu Solmyr avant de reporter son attention sur Papa qui avait recommencer à parler, lui expliquant, sur un ton amical, comment faire pour carresser sans faire mal avec ses griffes. Il accompagna son conseil d'un geste pour lui montrer exactement ce qu'il voulait dire. Faust l'imita, caressant dans le vide avec le dos de la main...

Puis, il regarda papa d'un air perplexe quand il lui dit que Ariane avait qu'à faire un effort aussi... il ne voyait pas trop ce qu'il voulait dire... Mais avant qu'il n'ait pu dire quoi que ce soit, Solmyr réapparu... Elle était vraiment rapide, ou vraiment discrète, car Faust n'avait jamais le temps de la voir arriver. Elle prononça une phrase sur un ton d'indignation... Lui apprendre quoi? Faust restait interdit c'était comme si des fois, les deux créatures parlaient une langue étrangère...

Heu... Je comprends pas tous là les gars...

Il regarda Solmyr qui avait un poisson dans la main et le tendait à Papa. Le regard du chiropteran s'éclaircit, s'accrochant à des choses qu'il comprenait...

Hey! T'en as eu un!

Le ventre du chiropteran gronda alors, lui rappelant qu'il n'avait rien mangé depuis la tombée de la nuit...

Oh-oh...

Il retourna près de l'eau et chopa un nouveau poisson qu'il enfourna direct dans sa bouche, encore vivant.

La réponse de Faust laissa Sauvageon sans voix sur le coup, puis il éclata de rire à l'idée d'avoir éventré son amante pour en sortir Solmyr. Pauvre Quarena, elle qui avait déjà assez souffert ! Il éclata de rire, railleur, et entre deux éclats parvint à dire vaguement : "oui, oui… le choix était… pas facile !" avant de se calmer extérieurement. Son esprit, lui, continuait à rigoler. Pendant que la créature ailée était occupée à remplir sa panse vide, Tranlthanas serra sa fille contre lui et lui glissa discrètement au creux de l'oreille :

-Il croit que Maman t'a mangée et que c'est en l'ouvrant en deux que j't'ai trouvée…
-Kr-kr-kr !!

Il se marrèrent tout bas quelques secondes comme des comploteurs et Solmyr s'arrêta la première pour faire remarquer avec mépris :

-Y'suis pas un gars, moi !

Un troisième baiser atterrit sur ses cheveux mouillés et elle s'en contenta largement. Faust lui semblait pas très futé, comme tout ce qui pensait et parlait, et elle comprenait dans le regard bourré de sous-entendus de son père qu'il n'avait aucune autre connaissance des choses que la sienne. C'était ça qui était drôle. Pas gentil de se moquer ? Ils n'étaient pas gentils. Commença alors entre eux un long et étrange échange de regards, un genre de jeu de devinettes silencieux à grand renfort d'œillades et d'expressions exagérées ; Finalement il s'avéra que la réponse définitive était "non", et voilà tout ce qui pouvait se comprendre pour un observateur extérieur.

Solmyr s'approcha encore de la créature en train de mâchouiller son passon, toujours aussi tranquillement, toujours en croisant les mains dans son dos d'un air décontracté.

-T'es vraiment pas un démon, hein, affirma-t-elle dans un soupir. Enfin si en fait, parce que tu comprends pas c'est quoi être amoureux et c'est quoi faire l'amour. Ca existe pas chez vous, Papa m'a dit. Mais c'est pas grave hein, tu comprendras quand t'y seras. Si t'y arrives !

Comme il était accroupi au bord de l'eau, elle put lui tapoter l'épaule, qui était maintenant à sa hauteur. Courage mon gars, ça viendra !

-Faudra y faire des bisous, ça s'ra pas facile.
-Sans mordre le nez, bien sûr, ricana le père.

Et ils insistaient dans le vocabulaire nouveau et inconnu. Et ils riaient ensemble comme par transmission de pensée parce qu'ils imaginaient un chiroptéran dans des situations pour le moins cocasses… Tranlthanas se leva, amusé.

-Et pourquoi pas la faire danser ?

Solmyr fit la moue, amusée elle aussi.

-Ca s'rait meilleur d'lui apprendre à pêcher ! Kr-kr !

Les deux cratures rigolait... Et Faust, loin d'être un imbécile malgré qu'il ignorait bien des choses, savait que c'était parce qu'il comprenait mal les choses... Aussi, il ne s'offensa pas de ces rires... Il ne savait pas comment ça marchait chez les autres races, et il l'assumait... Justement, n'avait-il pas quitté les Enfers pour apprendre? Aussi, il leur sourit, leur faisant un signe comme quoi ok, il avait rien compris... Il regarda la petite Solmyr qui s'était offusquée d'avoir été appelée "gars"...

T'en fais pas... Je sais pas beaucoup de choses, mais je sais distinguer les mâles de femelles...

Il rigola puis alla pêcher un poisson pour calmer sa faim. La petite fille le suivit et, une fois qu'il fut accroupi, elle posa sa petite main chaude sur son épaule... Elle lui dit que ça viendrait quand ça viendrait...

Ouais... je suppose que c'est un genre de truc instinctif...

Elle avait ajouté "si tu y arrive"... Le chiropteran la poussa un peu, de sa main énorme par rapport à la taille de la petite fille... Mais c'était un geste amical, qui la fit juste tomber sur son postérieur.

Hey! J'y arriverai!

Il rigola et elle parla de bisous, Papa, de danse...

Vous le faite exprès d'utiliser les mots que je connais pas.

Faust eu alors un regard espiègle... Il commençait à comprendre comment marchait Solmyr... Il allait essayer un truc.

Pas cap de me montrer c'est quoi un bisous!

Solmyr était censée être résistante, en tout cas elle devait être formée pour ; Mais quand elle se retrouva sur les fesses, poussée au sol, Tranlthanas ne put contenir un profond grognement de félin qu'aucun bipède lambda ne pouvait imiter vraiment fidèlement. Lui le pouvait clairement, et c'était pas de la blague… Mais le grognement s'éteint rapidement. Il ne savait pas précisément pourquoi il l'avait poussé : Peut-être par inquiétude, sans doute par méfiance, très sûrement pour réponse à ce qu'il prenait comme une provocation. Il ne bougea pourtant pas. Il avait juste esquissé le mouvement, comme un sursaut, puis s'était raidi sur place, les ongles griffant la roche sur laquelle il était assis.

Il s'était arrêté parce que c'était à sa fille d'appeler à l'aide si elle en avait besoin. Elle savait quand la demander, quand se plaindre. Et ce n'était sûrement pas pour un geste comme celui-là, que Papa lui distribuait souvent depuis qu'elle était petite ! Même elle le reproduisait sur d'autres. C'était dans leurs manières à eux.

Mais que voulez-vous, là, toute de suite, comme ça, c'était une atteinte à la progéniture… Et chez les elfes c'était sacré. Sauvageon se racla la gorge comme pour cacher son grognement, bien que trop tard : Personne n'allait croire qu'il était enroué pour sortir un bruit pareil.

-Kr-kr-kr…

La stupeur passée, Solmyr se releva. Elle avait poussé une exclamation de surprise en voyant la grosse patte lui arriver dessus et c'était sûrement ce qui avait attisé le sursaut menaçant du père. Elle avait eu au moins le réflexe de protéger sa tête d'un bras et de tirer sa dague de l'autre, qu'elle rangea finalement en voyant que ce n'était pas une invitation au combat. C'était même plutôt "faites l'amour, pas la guerre" ; Embrasser un chiroptéran ça coûtait moins cher que de refaire forger une arme.

-Papa m'en a fait plein, grogna-t-elle, boudeuse, t'pourrais deviner c'est quoi quond même ! Pis ye sais pas s'tu l'mérites, maintenant !

Elle croisa les bras et fronça les sourcils, visiblement très vexée. Elle lui tourna à demi le dos, se mordant la lèvre inférieure dans une moue franchement contrariée.

-Une dague neuve, demain, lança Tranlthanas avec un rictus étrange.
-Tenu !

L'elfe ne se le fit pas dire deux fois et, d'un bond d'une puissance incroyable, fondit sur Faust pour le renverser dans l'eau. Il ne craignait pas les représailles et n'était pas prêt de lâcher prise, car si tentative de défense il y avait, il n'aurait qu'à sortir ses propres griffes pour assurer sa saisie… Et éventuellement apparaître en panthère, mais ça c'était vraiment en cas de gros renfort. Dans la foulée Solmyr bondit à son tour, moins impressionnante mais tout aussi énergique, agrippa le museau de Faust et y posa le fameux "bisou", triomphante.

*Oh-oh...*

C'était ce qu'avait pensé Faust quand il avait entendu le grondement venant de derrière lui, de Papa plus précisément... Il y allait peut-être un peu vite dans les gestes de familiarité. Mais le grondement s'arrêta presque directement... Faust resta tout de même su ses gardes jusqu'à ce que la petite se relève. Elle avait une petite dague à la main, mais vu sa taille et la taille de l'arme, faust pensait bien ne pas avoir trop à craindre...

Pourtant, il aurait été un temps, et ce n'était il n'y a encore que quelques mois, Faust aurait probablement déjà sauter sur la petite et l'aurait déchiquetée. Mais après tout ce qu'il s'était passé, les rencontres, le combat contre Swa, la fuite des Enfers, sa paranoïa en avait pris un grand coup... Il savait maintenant attendre et voir avant d'agir.

Et il avait bien fait, car la petite rangea sa dague, et Papa sembla se détendre. Elle lui dit qu'il pouvait deviner ce que c'était, mais ils avaient eu tellement de gestes l'un envers l'autre que c'était difficile de choisir parmis l'un d'entre eux. Il suiit alors la rapide conversation qui se déroula entre les deux elfes. heureusement, parce qu'autrement, il aurait mal réagit à l'assaut de Papa. Faust se retrouva dos et ailes dans l'eau (encore mouillé...) les yeux de Papa plongés dans les siens...

*Bordel! Ce type est aussi fort que moi!*

Ouais, car malgré qu'il savait que les intensions de l'elfe n'étaient pas hostile, il essayait de se dégager, histoire de voir s'il y arrivait quoi... Bien sûr s'il forçait, il y arriverait certainement, mais il avait pensé que ça aurait été plus facile... Faust s'arrêta de bouger pour offrir à Papa une belle expression perplexe.

Heu... Si c'est ça un bisous, je ne suis pas sûr qu'Ariane apprécie...

Mais le bisous ne vint pas de la, mais de la petite Solmyr qui sauta sur le torse de Faust, lui vidant les poumons d'un coup. Alors, elle posa ses petite lèvres sur son museau et ça fit un gros "smack!"... Faust sourit à la petite fille... Il comprenait un peu mieux... Il reporta ensuite son regard sur Papa qui le tenait toujours... Ce regard était un regard de défi, mais de défi amical... Le chiropteran repoussa alors brutalement l'homme en arrière, usant de ses forces presque au maximum... "Presque" pour une raison très simple: sans aile, sans queue et probablement avec des os moins épais, l'elfe était plus léger que le chiropteran. Une fois dégagé, Faust se releva...

T'as gagné une dague, petit casse-croûte...

Il ne l'appelait pas ainsi parce qu'elle semblait être un casse-croûte pour lui, mais en référance à l'histoire de Papa sur comment il avait trouvé Solmyr... Cela dit, vu le grognement dont papa lui avait fait démonstration un peu plus tôt, il trouva bon de la préciser...

Enfin le casse croûte à son amante...

Tranlthanas se sentit repoussé et après quelques secondes à lutter vaguement, pour la forme, il se laissa tomber sur le côté, les fesses dans l'eau. Il n'avait plus à tenir la créature, et Solmyr avait gagné. Il resta alors assis là sans être dérangé par la température. Faust reprit la parole, le père et la fille tiquèrent ensemble sur le mot "casse-croûte" et leur même regard, comme un seul, en disait long sur ce qu'ils pensaient de l'idée et sur ce qui allait arriver à Faust s'il recommençait… Vint alors la précision, et Solmyr, se souvenant de la bonne blague, se contenta de demander :

-Ton namante ? Maman ?

Hochement de tête affirmatif du paternel. La gamine s'approcha de lui et tendit sa main, paume tournée vers le ciel et remuant les doigts en signe d'attente du cadeau. S'ensuivit alors une conversation dans leur langue natale, le sabrone, dans laquelle Tranlthanas faisait remarquer qu'il avait promis la dague pour le lendemain ; Mais Solmyr voulait sa garantie, et en attendant lui imposait de lui donner une de ses dagues en guise "d'otage de sûreté". Comme il ne savait pas manquer à sa parole envers son unique trésor, Sauvageon céda l'une de ses lames en échange de celle de sa fille, toute petite et déjà bien usée. Il serait donc obligé de lui en trouver une neuve s'il voulait récupérer la sienne, et là était la finalité, compréhensible même sans paroles et sous-titres, de ce court échange.

Folle de joie, Solmyr partit l'essayer bien plus loin, disparaissant en courant entre les arbres de la Lagune sans se soucier d'un quelconque danger, de la nuit, de l'atmosphère étrange et inquiétante du lieu... Elle voulait juste taper du monstre bizarre et la seule idée d'avoir un meilleur matériel la rendait plus forte.

-C'est sûr t'es pas obligé d'la renverser, ta fée, dit alors Tranlthanas en se relevant, trempé jusqu'à la taille. Y en a qui essayent, des fois. Et pis bon, bah… Y z'ont des problèmes. Chacun son truc…

C'était à son tour d'être taraudé d'une question bête, qu'il ne se gêna pas pour poser ; C'était le juste retour du questionnaire de Faust. Il attendit simplement de remettre ses lourds bracelets en place, aux poignets et aux chevilles, vérifiant qu'aucun ne se soit détaché. Et de tordre un peu le pantalon aussi pour évacuer l'eau, parce que ça faisait lourd. Et pendant cette dernière étape questionna distraitement :

-Dis, t'es plus un démon : Ca veut dire que les autres te courent après, hein ? Y doivent pas être jouasses. Sauf s'ils t'ont sortis à coups de pieds dans l'train, bien sûr…

La perspective d'un Faust coursé par la Caverne l'amusait visiblement. Le… "démon" avait l'air de prendre l'idée plutôt bien, comme s'il était délivré d'eux ; Soit effectivement on l'avait viré, même si dans ces cas là on tue les anciens pour pas qu'ils caftent, soit les gens de la Caverne étaient pas super rancuniers. Ce qui serait… Etonnant. Mais que voulez-vous, dans un monde ou un chiroptéran a le béguin pour une fée et où les gens ont des dons magiques à la pelle, on n'est plus à un détail bizarre près.

Spoiler:

Et ouais, faust s'était enfoncer dans son erreur au sujet de la ère de la petite, mais c'était fait exprès... Cela dit, ouf, c'était pas passé loin et la petite précision n'avait pas été de refus. Et bien vite, les deux elfes retournèrent à leurs affaires... Ben ouais, elle avait pas fait sa pour rien la petite maline! La conversation se déroulait dans une langue que Faust ne connaissait pas, mais il comprenait quand même. Les gestes et les actes suffisaient.

En effet, les deux créatures ne se parlaient apparement que pour des choses pratique... Jamais il n'imaginerait, alors qu'il ne le connaissait que depuis quoi? Une heure, Papa se mettre à parler philosophie avec la petite Solmyr... Et ce n'était pas pour déplaire à Faust qui en avait un peu raz-le-bol de la philosophie. Avec les rencontres qu'il avait fait jusque là, il avait eu sa dose... Les mots qu'ils ne connaissaient pas, c'était bon là...

La petit obtint ce qu'elle voulait, un genre de caution et partit jouer avec... Pour un démon, la vision d'une petite créature s'enfonçant dans les ténèbres n'était pas anormale. Au contraire, cela faisait pleinement partie de l'apprentissage. Papa revint alors vers le chiropteran et lui explica qu'il n'était pas obligé de renverser Ariane...

T'façon je l'aurais pas fais... Je veux pas de la purée de fée moi...

Il se sentait de plus en plus dans son élément... Papa et Solmyr étaient à certains points comme les démons, puis à d'autres non... Leur façon de former le phrases ressemblait à celle des démon bas de gamme tels que Faust. Et en parlant de démons...

Ben... Je suis d'une race démoniaque, mais si je retourne aux Enfers, c'est seulement si j'ai envie de me suicider... Et pour répondre à ta question, ouais, ils me cherchent... Je me planque du mieux que je peux pendant la journée et la nuit, enfin avant que je ne parte pour je ne sais pas où et je ne sais pas combien de temps, ben je protégeais la cité de lumière... Enfin j'essayais, du mieux que je peux.

Faust, par réfexe, gratta les cicatrices qui lui restait de son affrontement avec Swa... La mixture d'Ariane avait bien marché, ce n'était plus infecté.

Et non, ils sont pas jouasses du tout. J'ai réussi à me tirer avant qu'ils ne m'égorgent. Je sais qu'il y en a au moins deux qui sont à ma recherche... Maintenant, je sais pas s'ils ont rameuté tout le monde, ou s'ils ont garder ça pour eux afin d'en tirer profit au cas où ils me choperaient...

Tout ça avait l'air d'amuser follement Papa... Ca n'amusait pas trop Faust par contre... Cependant, celui-ci parvint à sourire, à prendre la chose à la rigolade...

Ouais, rigole... Mais je voudrais t'y voir moi avec deux démons, si pas tous les enfers, entrain de te filer le train! Puis toi t'es quoi? Attend laisse moi deviner...

Il fit mine de réfléchir, mais il avait bien compris certaines choses rien qu'à les observer. Faust n'était peut-être pas très fortiche au niveau sentimental (et plus si affinité), mais il restait tout de même un démon.

T'es un gros profiteur.

-Ouais, entre autres trucs forcément…

Oui il était profiteur. Synonyme poli : Opportuniste. Et "entre autres" parce qu'il n'était pas que ça, comme tout le monde, bien entendu ; Mais c'était pas en affirmant qu'il était profiteur qu'il voyait mieux le rapport avec Faust et ses histoires de démons. L'adjectif tombait de nulle part sans qu'on sache trop comment ni pourquoi ; Ce que Tranlthanas décida de ne pas chercher à comprendre, sans se départir de son sourire en coin.

-Dommage, oui, que t'ais pas vu quand j'y étais. Parc'que des démons à m'courir après, et d'autres abrutis, y en a eu des milles et des cents. Moi je trouve ça drôle ! Risquer sa vie pour le spectacle de les ridiculiser à la fin, c'est très bon… Faut juste être un peu joueur.

Ceux qui avaient un jour poursuivi l'elfe sans relâche, seul ou avec ses compagnons, avaient tous fini dézingués tôt ou tard. Et à chaque victoire on ne manquait jamais les éclats de rire de Sauvageon qui n'en revenait jamais qu'on puisse encore penser lui courir après indéfiniment dans l'espoir de l'attraper un jour, et/ou pour toujours. Les gens étaient tarés ! Ils s'épuisaient tous à le courser pour des raisons plus ou moins nazes, se tuaient eux-mêmes à la tâche, bien plus que lui ne se fatiguait à les foutre dans le pétrin à l'arrivée. Oui, le spectacle était des plus amusants, à lui pour qui se battre était toujours un jeu !

Comment ça on joue pas avec la vie ? Ouhlà, il semble que vous avez pas tout compris à la vie en question, alors. Enfin, faites comme vous voulez de votre life dans votre coin mais laissez les pros faire leur numéro.

-Jme s'rais gourré de camp, pas grave ! lança-t-il en découvrant ses dents blanches dans un immense sourire. Au moins, profiteur peut-être mais aucun souci ! Tu sais c'est quoi ton problème ? Tu t'en fais trop !

"Profiteur" avait généralement une connotation de "c'est pas bien d'être méchant", mais entre ce qui est bien et méchant, chacun ses points de vue… On va pas palabrer là-dessus des heures. En admettant la connotation habituelle, alors c'était peut-être dans l'idée de Faust de titiller, par retour de moquerie ; Difficile vu qu'au fur et à mesure où les années de sa vie se remplissaient, Tranlthanas voyait défiler des milliards de provocations verbales et qu'à force, se connaissant de mieux en mieux, il trouvait la plupart d'entre elles justes. Plus elles abondaient et plus les concepts de honte et d'honneur le quittaient ; Pas la peine de faire style ! La mauvaise foi empêchait de s'amuser vraiment. Autant assumer et même, le prouver avec le sourire et une bonne baigne dans la gueule.

Mais qu'on se disperse pas : C'était de la provocation, mais pas violent. Ou si c'était réellement censé être vexant, Faust savait pas y faire ! S'il s'engageait sérieusement dans de la provocation il était pas sûr de réussir son œuvre de toute évidence. Là, c'était carrément foiré. Alors on penche plutôt pour la blagounette. L'effort ne déplaisait en rien à Tranlthanas : Allez, s'il le prenait à la rigolade, c'était signe qu'il se détendait. Fallait arrêter de se faire de la bile avec ces démons.

-S'tu veux vraiment t'amuser, tourne pas autour du pot, bouge ! Ca t'réchaufferas encore.

Une nouvelle fois, le rire à l'obscénité terrible de Sauvageon résonna sous les arbres sans feuilles. Ici, "s'amuser" avait le sens de se battre. Puisque ce n'était qu'un jeu, on vous dit… Certes, cela pouvait clairement être une invitation de la part de l'elfe lui-même, mais c'était aussi et surtout prendre à l'anticipation : Si la créature cherchait vraiment le combat… ahem… Amical, qu'elle move son body au lieu de jouer de la flûte ! Mais est-ce que ce vocabulaire-là elle en comprenait les sous-entendus ?

Mouais... Faust suivait plus ou moins ce que Papa voulait dire, sa façon de fonctionner au niveau des camps. C'était trè simple... Tire ce que tu peux tirer des gens, quels qu'ils soient, d'où qu'ils viennent. Le reste, on s'en balance. Et quelque part, Faust l'enviait d'avoir une vie aussi relax. Papa ne vivait ni dans le futur, ni dans le passé, il vivait juste le moment présent. En même temps, à part avoir le maximum d'amusement possible, il ne semblait pas avoir de grandes ambitions.

Ouais... Je m'amuserais peut-être aussi avec les démons si, de un, je n'avais pas une trouille bleue de la mort et de deux, si je ne pensais pas avoir quelque chose de plus intéressant à faire... Et de moins douloureux.

Faust rigola... C'était la première fois qu'il avouait qu'il avait autant la trouille... Mais bizarrement, ça ne lui faisait rien... C'était comme ça et puis voilà... Il ne voulait pas crevé avant d'avoir vu autre chose que ce qu'il avait vu jusqu'ici... Avant d'avoir compris ce qu'était ce foutu poids à l'estomac qui apparaissait quand il pensait à Ariane...

Je cherche quelque chose pour arriver à ce que je veux... A ce que les humanoïdes n'aient plus peur de moi, et à ce qu'Ariane me voit comme autre chose qu'un gentil chiropteran ou une brave bête.

Il se leva et commença à rebouger parce qu'il avait froid encore puisqu'on l'avait rebalancer dans l'eau... Puis une invitation familière raisonna à ses oreilles. Une invitation comme il n'e avait pas entendu depuis qu'il était un chiropteran d'un mètre trente de haut. Il voulait jouer?

Faust lui sauta dessus par derrière, et ils firent ensemble un roulé-boulé jusque dans l'eau. Faust fini par se retrouver au dessus, les ailes grandes ouvertes, plaquant Papa dans l'eau vaseuse. De loin, on aurait pu croire que les deux créatures allaient d'entretuer, mais le sourire du chiropteran montrait bien que ce n'était qu'un jeu.

Je sais être opportuniste moi aussi quand je veux!

Il marqua une pause, réfléchissant puis une expression espiègle se peignit sur son drôle de visage.

Le premier fatigué à perdu... Et si je gagne, je veux la besace avec les passons!

Wah, c'était tellement beau qu'on y aurait bien ajouté un ptit trio de violons pour accompagner cette belle déclaration… Euh pause, il venait pas de sous-entendre juste avant son monologue idéaliste que c'était pas intéressant de faire courir les gens ? C'est sûr, sa trouille de la mort devait le paralyser à c'point pour qu'il prenne même pas son pied à esquiver les crétins ! C'était eux qui cherchaient hein… Comment ça fallait chercher un peu aussi ? Ben et alors ? La mort, certes pas joyeuse, mais la taquiner rien que pour le plaisir de la renvoyer chez elle bredouille, c'était beau. Et on avait les sensations.

Mais, c'est vrai, Tranlthanas était un elfe. Il avait 480 piges derrière lui, et autant voire plus devant : Il avait tout son temps pour avoir, à nouveau, d'autres idées, d'autres ambitions. Tout son temps pour les accomplir, et tout son temps pour décider quand mourir ! Un chiroptéran, lui, déjà rien qu'en sous-entendant automatiquement le fait d'être un démon, ça doit pas vivre super longtemps. Et traître en plus, ça raccourcit l'espérance de vie ! … Où ça attention derrière ? Bon trop tard, maintenant que je l'ai distrait avec ma narration, il s'est retrouvé dans la gadoue… Et l'autre qui s'amuse. Ah ben voilà, c'est déjà mieux. Là, l'espérance de vie elle augmente, déjà. P'têt que s'il vivait assez longtemps il comprendrait, alors, que la vie c'est fait pour changer d'avis et de façon d'être.

"Bon, bon. C'est parti !"

Sur ce, avec une vitesse étonnante, Tranlthanas parvint d'un grand coup d'épaule à libérer un bras pour s'en faire un appui dans la gadoue du fond. Il leva le buste et la tête d'un seul bloc comme pour filer un coup de boule à Faust, sauf qu'au dernier moment ce fut une panthère enflammée qui prit sa place ; Ses crocs saisirent l'épaule du chiroptéran, violemment et très fermement mais sans aller au sang, et l'envoyèrent valser sur le côté, aidés des pattes arrières. Le félin roula lui aussi sur lui-même, dans l'autre direction, et c'est l'elfe qui se releva dans l'eau à sa place, comme si rien n'avait changé.

"Enfin, non, la besace, j'la garde."

Fallait pas déconner, il s'l'était faite tout seul. Faust avait qu'à s'en bricoler une aussi pour les transporter, les poissons ! Autant pêcher ça allait vite et le gibier y en avait partout, autant se faire son matos ça prenait du temps. Non mais.

L'elfe fonça sur Faust comme pour l'attaquer, sauf qu'il lui fila à côté d'un nouveau bond. Il grimpa à un arbre, qui étaient tous dénués de feuilles en cette saison, fit le co(cho)n pendu à une branche quelques secondes, puis d'une traction s'y hissa. Il aimait courir dans les arbres. Faust, avec ses si belles ailes chéries, n'avait qu'à lui tourner autour pour l'avoir… Ca avait l'air facile comme ça. Surtout que s'il se souvenait bien, le chiroptéran avait manqué se noyer par fatigue. Et c'était lui qui parlait de se fatiguer en premier ? Qui sait, on dit que "l'ennemi" a toujours un second souffle !

Papa semblait aimer que faust se prenne au jeu, et cela faisait du bien à ce dernier. Jouer, comme un gosse, ne penser à rien d'autre et surtout pas à demain, ni à ce qu'il faudrait y faire. Se battre, car c'était le seul jeu qu'il connaissait, mais sans se faire mal, même si ça aurait tout de même été impressionnant pour un observateur extérieur. Faust fut pris par surprise quand Papa se changea en panthère. Ca, il s'y était pas entendu. IL voulu avoir un mouvement de recul quand celui-ci fit mine de le mordre à l'épaule, là où il y avait encore les trace laissées pas Swa, mais il avait été trop rapide... Heureusement, il ne mordit pas vraiment, rappelant au chiropteran que tout ça, c'était "just pretend"... La panthère l'envoya valser sur le côté, mais quand Faust se releva, c'était à Papa qu'il faisait à nouveau face. Celui-ci lui affirma qu'il ne gagnerait pas la besace. Faust sourit...

Ah si j'y ai droit! Parce qu'en plus tu triches!

Alors Papa fonça sur Faust, celui-ci se préparait à se baisser pour pouvoir l'envoyer dans les airs, mais papa s'esquiva au dernier moment et grimpa dans un arbre... Faust ricana... Il était pas sauvé là dedans. Le chiropteran s'approcha de l'arbre... Il ne pouvait pas décoller de là où il était pour la simple et bonne raison qu'un chiropteran, ça ne volle pas à proprement parler, ça plâne. Donc, s'il avait voulu voler, il aurait fallu justement qu'il grimpe dans un arbre pour sauter de la cîme et trouver un bon courant d'air... Mais escalader, c'était piece of cake aussi. Il planta ses griffes dans l'arbre et grimpe, simplement, mais très vite, repliant ses ailes tout contre lui pour passer là où les branches ne lui laissaient qu'un passage étroit. Il attrappa la cheville de Papa. En tirant bien fort, il arriva à défaire celui-ci de ses prises sur l'arbre et le tint suspendu dans le vide, la tête en bas. Faust ne tiendrait pas longtemps comme ça. De toute façon, il n'avait pas envie de tenir.

Les chats ça retombe toujours sur les pattes on dit... On va voir.

Et il lacha Papa. Sachant bien que vu ce que ce type lui avait fait comme démonstration jusqu'ici, tomber d'un arbre ne pouvait pas lui faire grand chose.

"Pas de règles, pas de triche !"

C'est con hein. De toute évidence, il pouvait le balader comme il voulait au sujet de la besace ; Tranlthanas savait bien que le "démon" ne repartirait jamais avec. Ni avec les poissons. Boarf, rien à voir avec une bataille pour l'honneur de la Sainte Besace en question, simple évidence que l'elfe se faisait une affaire de prouver sans même s'essouffler. Ah, il s'en souvenait bien de cet autre combat dans la Lagune, le feu, la foudre, le ballet aquatique et ses Nyruades partout autour, le monstre-squelette sortit de l'eau, les lames tranchantes, le sang à foison… Ca aussi, ça n'avait été qu'un jeu ! Non, quand même : Un entraînement. Mais en toute amitié bien sûr. Ca avait duré toute la nuit, et ce n'était que quand le soleil s'était levé sur la scène du combat qu'il s'était endormi, sur un match nul. Alors un Chirop', même qui grimpe aux arbres… Piece of cake too.

Il essaya de grimper encore un peu pour lui échapper encore un temps, mais déjà dans sa fuite il se faisait choper le pied. Il secoua pour que la sangsue lâche prise, sans grand succès, et se sentit partir en arrière en éclatant de rire : La tête en bas c'était encore plus ridicule, et encore plus marrant ! Même s'il savait faire tout seul en temps normal, quand il avait envie de voir le monde à l'envers, c'était pas désagréable. Il jeta un œil en bas – enfin, en haut pour lui maintenant – afin de déterminer de probables points de chutes, les bras croisés et l'air vexé.

"T'aggraves ton cas, là. Deux raisons d'moins d'avoir le bonus !"

Tenir Tranlt la tête en bas + Faire des allusions douteuses au chaton qu'il était = -2 drop de besace ! Il secoua encore le pied en grognant.

"Bon allez dépêche."

Pas besoin de le dire deux fois, la créature le lâcha, puisqu'elle voulait voir si les chats retombaient vraiment sur les pattes. Et les neuf vies aussi, pendant qu'on y est ? La chute fut de courte durée : Tranlthanas n'eut qu'à tendre les bras pour attraper une branche, puisqu'il n'y avait que ça tout autour ! Faites votre marché. Celle qu'il avait choisie par pur hasard lui servit à s'arrêter net et à faire un bon tour. Rien que pour le plaisir de la demande, le joli minet en feu réapparut en une fraction de seconde et n'eut qu'à se servir de son élan pour planter ses griffes dans le bois et repartir d'un grand bond vers le haut, zigzaguant de branche en branche avec une rapidité peu commune, jusqu'à passer au-dessus de Faust. Tranlthanas reprit sa place dans un bref halo enflammé et se laissa tomber juste sur lui en souriant très assurément, signe que ça sentait le coup fourré.

Effectivement dans sa réception il agrippa une aile et la rabattit devant la créature comme on vous rabat un chapeau sur la tronche – mais pas pareil forcément – histoire de lui cacher la vue et le déséquilibrer ne serait-ce que quelques secondes, le tirant vers lui afin d'échanger leur place et de se retrouver derrière. Il n'eut qu'à coller un bon coup d'épaule – il les avait solides - dans le dos du chirop' pour le pousser au bout de la branche où ils jouaient aux acrobates.

"Plane !"

Ca faisait bien longtemps que Faust ne s'était pas amusé comme ça. En fait, il ne s'était jamais vraiment "amusé" en se battant à proprement parler... Même entre petits chiropteran, ils finissaient toujours par se blesser ou par manger le plus faible... Bref, il y avait toujours un moment où ce n'était plus un jeu. Mais là, faust pensait qu'il pouvait bien espérer que ça le reste. Il savait qu'il avait déjà perdu la besace... Mais bon... Il avait au moins gagné un peu de fun dans l'histoire. Papa avait bien joué le jeu quand le chiropteran l'avait laissé tombé. Il s'était transformer encore. Et ça impressionnait vachement Faust qui ouvrait des grands yeux comme un enfant. Mais il se repris quand il vit la panthère montrer à nouveau à l'arbre.

Oh-oh...

Faust voulu grimper encore, histoire de devancer l'animal qu'était maintenant Papa... Mais il était fatigué, il l'avait presque ouliée, cette fatigue, surtout après avoir mangé un peu. Mais la voilà qu'elle revenait, juste quand on a pas envie de la sentir évidement. Il sentait ses muscles s'engourdir. Mais il pensait qu'il pouvait bien jouer un peu quand même... La panthère passa par au dessus de lui et Papa retomba sur le chiropteran.

Pfff...

Pas léger l'elfe dit donc. En plus, celui ci lui cacha la vue et, faust ne suivit pas trop comment, mais ils se retrouvèrent à faire les équilibristes sur une branche, Faust en tête. Le chiropteran reculait, entendant la branche gémir sous son poids. Papa lui dit de plâner... Faust, très peu inquiet de sa situation un peu critique mis un doigt dans son bec puis le leva en l'air.

Pas de vent... Pas moyen de plâner...

Faust fit au revoir de la main puis la branche craqua et le chiropteran tomba... Mais pas longtemps. Quand il ne fut plus qu'à 5 mètres du sol, il ouvrit ses ailes, la chute ayant créé un courant, il pu plâner. Il plâna un moment près du sol, puis sentit un autre courant qui lui permit de remonter. Il se rapprocha de Papa qu'il fit tomber de la branche (où de ce qu'il en restait, ce type crevait littéralement de bol) puis le rattrappa, l'invitant ainsi à un baptême de l'air...

Y a rien de mieux que voler!

Fallait dire que le pauvre chiropteran n'avait aucune connaissance sur un autre plaisir bien connu, mais cela ne saurait tarder...