Les quelques robes que Lorelaï avaient amenées avec elle de sa cité elfique commencait à tomber en ruines, il lui fallait maintenant une nouvelle garde-robe. C'était difficile à accepter et ses robes de princesse lui manqueraient horriblement, mais il lui fallait vraiment les remplacer. Elle se rendit donc dans la seule boutique qu'elle connaissait, et y entra un peu de reculons. Elle se promena lentement entre les vêtements, touchant les différents tissus, admirant les couleurs et humant les parfums des nombreux vêtements. Elle croyait être seule dans la boutique, aussi sursauta-t-elle en aprecevant un mouvement du coin de l'oeil. Quelqu'un admirait les robes sirènes. Elle reconnut alors Coralline, qui était déjà venu à son infirmerie:

" Coralline! Salut! Tu vas bien?"

Puis elle ajouta, hésitante:

" Tu as eu des nouvelles de la pauvre Emmeraude?"

Coralline était venue la consulter pour une Ondine qui avait perdue ses jambes... elle gardait sa queue même lorsqu'elle sortait de l'eau. N'ayant pas pu trouver le pourquoi ni un moyen de la guérir, elles avaient du se résoudre à la laisser dans un point d'eau... et poursuivre leurs recherches infructueuses.

Lorelaï prit une robe rose et argent sur un support et la tint devant elle. Elle ressemblait presque à l'une de ses tenues elfiques.

[HS] Désolée, je suis en plein déménagement et ça traîne... Heureusement que je n'ai pas mis l'ordi dans un carton ! [HS]

Coralline reconnu immédiatement l'infirmière et tout lui revint soudain en mémoire : l'attaque du lézard sous l'eau, Emmeraude qui avait perdu ses jambes... que de mauvais souvenirs et pourtant, il y en avait aussi de bons. Par exemple, le fait que Sirènetta soit devenue une excellente amie. Cette dernière lui avait récemment offert un petit couteau et lui avait même promis de l'aider à s'entraîner afin d'apprendre à le manier !

Finalement, la jeune Nymphe commençait à avoir des amis et cette nouvelle rencontre avec l'infirmière lui réchauffa le coeur. Il était vraiment agréable de rencontrer un visage familier dans cette immense Cité. La jeune fille fut toutefois assez surprise par le ton qu'avait employé Lorelaï... "Salut ?" Ce n'était pas très habituel pour quelqu'un dont elle estimait beaucoup l'autorité. Les gens à Elament étaient vraiment étranges à leur façon.

"_ Oh, bonjour madame Elandhil... Non, je n'ai aucune nouvelle d'elle. Nous avons essayées d'aller la voir avec Sirènetta au lac des Aquas, mais elle n'y était plus... J'ai entendu dire qu'on l'avait emmené dans un village hors d'Elament qui connait le problème. J'espère qu'elle va bien..." balbutia Coralline surprise de rencontrer l'infirmière dans cette boutique.

Elle la vit prendre une robe sur un cintre et se demanda un instant de quoi pourait bien avoir l'air l'infirmière dans cette tenue...

Lorelaï fut très heureuse d'avoir des nouvelles de l'ondine, mais surtout, de savoir qu'elle était maintenant entre de bonnes mains. Elle tiqua un peu quand Coralline l'appella "Mme Elandhil' et l'arrêta:

"Appelle-moi Lorelaï voyons... comme tout le monde. On se connaît bien maintenant..."

Puis admirant de nouveau la robe, elle eut envie de l'essayer.

"Tu crois que ça m'irait?" demanda-t-elle en se dirigeant vers une des jolies cabines d'essayage. La cabine était spacieuse et commode. Elle y enfila rapidement la robe avant de s'admirer dans le miroir. Elle tourna sur elle-même pour se regarder sous tout les angles avant d'en sortir.

"Qu'en penses-tu?... Quand j'étais à Elandhil, chez le roi, on choisissait toujours mes tenues à ma place... c'est la première fois que je magasine moi-même depuis mon départ de la cité. "

Cet aveu la fit rougir, elle se sentait bête de ne pas savoir choisir les vêtements. L'opinion de Coralline comptait donc beaucoup pour elle.

La jeune Nymphe était encore sur le coup de la surprise. Vraiment, Elament était bien différente de son ancien village. Là-bas, on lui avait appris à respecter les adultes, à ne jamais tutoyer les grands et à se faire toute petite face à l'autorité. Lorelaï était l'infirmière... elle était donc respectable et par réflexe, Coralline se faisait toute petite face à elle. Mais voilà que cette dernière lui demandait de l'appeler par son prénom ? C'était à n'y rien comprendre.

Enfin, tout à Elament la déboussolait. De même, lorsque l'infirmière lui demanda conseil pour savoir si la robe lui irait, la jeune fille resta muette. Surprise, elle ne sut que répondre. Fort heureusement, elle n'eut pas à le faire puisque Lorelaï entra d'elle-même dans une cabine d'essayage. Ouf ! Mais lorsqu'elle en ressortit, elle exhorta de nouveau Coralline à lui donner son avis, tout en se confiant un peu. Alors la jeune fille retrouva un peu d'insoucience et parla à la jeune femme comme à une amie :

"_ Elle vous va très bien, j'adore le rose !" s'exclama t-elle avec enthousiasme.

Puis elle marqua une courte pause, son regard admiratif posé sur Lorelaï, avant de reprendre :

"_ Moi aussi c'était toujours ma mère qui choisissait mes robes !" rit-elle de bon coeur.

Mais cet aveu lui rappela quelque chose de douloureux : elle n'existait plus aux yeux de ses parents... Elle jeta un coup d'oeil vers la jolie robe de bain qu'elle convoitait et se demanda également si cette dernière lui irait, sans oser ni la toucher, ni demander son avis à Lorelaï... En effet, Coralline n'avait pas la moindre pièce en poche et en tant que première année, on lui avait dit qu'elle ne pourrait pas travailler et donc, pas gagner d'argent...

"_ Vous portez le même nom de famille que l'endroit d'où vous venez ?" demanda t-elle brusquement pour changer de sujet.

Lorelaï se regardait sous tout les angles, et elle apercut le visage intriguée de Coralline dans le miroir. Elle comprit que son attitude la déconcertait:

"Je sais... je ne devrais pas te demander de m'appeller par mon prénom... mais ayant grandi à la cour, je ne supporte pas cette façon de mettre les gens sur un piédestal... pour moi, nous sommes tous égaux... Je ne suis pas à l'aise de me faire parler ainsi..."

Lorelaï se demanda alors si cette attitude lui causerait des problèmes. Elle respectait les conventions en générale, mais n'aimait pas mettre de la distance entre elle et les gens.

Elle venait de décider d'acheter la robe et se préparait à aller l'enlever quand Coralline l'interrogea:

"Oui... je porte le même nom que la cité ou j'ai grandi parce que j'ai été adopté par le roi de cette cité. Mes parents m'ont abandonnés à la naissance, je ne sais pas pourquoi... n'ayant pas de nom, le roi m'a baptisé ainsi... "

Lorelaï gardait la robe serrée contre elle. Elle était heureuse de son choix. Elle jeta un coup d'oeil à celle que Coral tenait en main. Elle voyait bien que la jeune fille mourrait d'envie de l'essayer. Elle tendit la main et effleura le tissu soyeux:

" Tu devrais l'essayer... juste pour le plaisir, rien ne t'oblige à l'acheter."

À ce moment-là, elle sentit une autre présencedans la boutique, derrière elle. Elle jeta un coup d'oeil par-dessus son épaule. Une jeune femme, probablement la vendeuse, les observait de l'escalier.

* Normal... elle attend de voir si on achète...

Lorelaï reporta son attention sur sa compagne. Elle s'apprêtait à la diriger vers une cabine lorsque la vendeuse s'adressa à elles:

" Eh bien, moi je vais prendre celle-ci... et je crois que la demoiselle voudrait bien essayer cette magnifique robe..."

Puis elle ajouta pour Coralline:

"Va l'essayer, je vais continuer à farfouiller dans ces merveilles...

Le coeur de Coralline se serra lorsque l'infirmière lui proposa d'essayer sa robe... C'est sur qu'elle en mourrait d'envie, mais elle n'avait pas l'argent pour l'acheter. Elle s'en voulu d'être entrée dans cette boutique, sachant qu'elle ne pourrait que regarder et de surcroit, saliver... Elle sourit timidement, hésitante. Et puis la vendeuse la fit sursauter. Elle allait lui répondre lorsque Lorelaï prit la parole à sa place et l'exhorta une seconde fois à essayer sa robe.

"_ Ok, je vais l'essayer..." murmura t-elle à l'intention de son infirmière avec un enthousiasme retrouvé.

Puis elle se dirigea vers la cabine, tout sourire. Cela lui faisait réellement plaisir de jouer à faire les boutiques avec quelqu'un. C'était un petit plaisir qu'elle se faisait pour la première fois depuis qu'elle était à Elament. Il était vrai que ce n'était pas facile de toujours être seule pour tout... Ce moment de complicité la détendait.

Lorsqu'elle ressortit de la cabine, elle était vêtue de la "robe". D'un bleu nuit presque mauve, lisse, le vêtement moulait le corps comme s'il s'agissait d'une seconde peau. Cela n'avait rien de vulgaire, bien au contraire. Un joli moirage lui donnait un ton particulièrement mystérieux, voir romantique. Nager avec une telle robe devait être un véritable plaisir ! En revanche, marcher avec avait tout d'une épreuve tant le tissu était serré au niveau des pieds !

"_ Alors ?" demanda t-elle à Lorelaï en riant.

Puis elle ajouta à l'intention de la vendeuse, avec beaucoup de timidité et une certaine gêne mal dissimulée :

"_ Excusez-moi, si ça ne vous ennuie pas, je ne pourrai pas l'acheter tout de suite..."

[HS] Pas d'inquiétude pour ton retard, tu n'es pas non plus obligée de rester greffée à ton ordi [HS]

A vrai dire, Coralline s'attendait à se faire envoyer sur les roses, tout en comptant sur Lorelaï pour la défendre, en cas de mauvaise humeur de la vendeuse. Mais elle fut étonnée de constater qu'au contraire, cette dernière avait l'air tout simplement heureuse de voir la jeune Nymphe porter cette robe et ce malgré le fait qu'elle ne pouvait pas se la payer ! Elle ouvrit de grands yeux étonnés et resta une seconde sans voix avant de se reprendre :

"_ Oh... merci madame, vous être vraiment gentille !" lui répondit-elle avec sincérité.

Elle baissa les yeux afin de contempler sa silhouette dans cette fameuse robe avant de reprendre :

"_ Et bien, comme les premières années n'ont pas le droit d'exercer un métier, ça risque de prendre du temps pour que j'économise de quoi acheter cette robe..." semblait-elle réfléchir tout haut.

Elle sourit à Lorelaï et à la vendeuse avant de disparaître dans une cabine, juste après avoir pris sa décision :

"_ Merci beaucoup madame, mais quelqu'un d'autre la voudra peut-être et ne pas la vendre vous ferait perdre de l'argent, à cause de moi. Je reviendrais lorsque j'aurai un peu d'argent. Vous vendez des robes tellement jolies que je suis certaine d'en trouver une autre qui me plaira !"

Lorsqu'elle se fut changée, elle rangea la robe avec milles précautions et attendit Lorelaï. Peut-être pourraient-elles sortir toutes les deux en ville un moment ? La petite Nymphe se sentait en effet très seule et ne s'était toujours pas fait d'amie durables... En effet, Sooryane, Emmeraude ou même Sirénetta avaient toutes disparues et la Cité était si grande, qu'elle ignorait où elles avaient bien pu aller.

Lorelaï se retenait depuis un moment pour ne pas acheter la robe à Coralline... elle ne voulait pas l'offusquer, mais maintenant, sa décision était prise.

" Mettez-la sur ma facture" demanda-t-elle à la vendeuse et avant que Coral n'ait pu émettre un seul son, elle se retourna vers elle, l'index en l'air pour lui indiquer de se taire.

Elle paya leurs achats et tendit son sac à la jeune fille, puis la poussa doucement vers la sortie. Une fois dehors elle lui dit:

" Je sais que tu veux payer cette robe, alors voila ce que je t'offre. J'ai parfois besoin de quelqu'un pour prendre soin de Rudy à ma place... Alors quand tu le feras, je déduirai ce montant du prix de la robe... tu me la rembouseras en me rendant des petits services... ce n'est pas comme un métier... d'accord? "

Lorelaï trouvait important qu'une jeune fille ait de belles tenues pour pouvoir s'épanouir... et cette petite aimait vraiment cette robe...Elle la méritait après tout ce qu'elle avait vécu.

Elle ne lui laissa pas le temps de répondre qu'elle la prit par le coude, l'écureuil roux les suivant dans leurs jambes:

" Allez, j'ai du temps devant moi, allons nous balader...l'air frais nous fera du bien!"

Elle sourit à sa petite copine et lui fit un joli clin d'oeil.