A l'abris du soleil.... [libre!!!]

Mar 3 Oct 2006 - 16:40

Kaylïn avait parcourut rapidement la cité d’Elament pour finalement décider d’en sortir et de trouver un abri dehors… Elle espérait trouver un endroit adéquat pour se protéger du soleil quand celui-ci se lèverait. Cependant elle ne se dépêchait pas, voyant que la nuit était encore là pour quelques temps. Cela faisait déjà un bon moment qu’elle marchait ainsi dans les alentours de la cité, au hasard, mais elle ne s’inquiétait pas, il devait bien y avoir un lieu où elle pourrait passer la journée.

Elle marchait presque machinalement regardant tour a tour, les hautes herbes qui battaient contre ses jambes au rythme de ses pas et le ciel étoilé qui s’étendait à l’infini au-dessus de sa tête… Etrangement, elle se sentit seule… Elle, qui avait toujours aimé être dans son coin pour fuir la compagnie des autres vampires du clan, n’était en réalité pas habituée à se retrouver ainsi, aussi seule… Mais pouvait-elle vivre avec au milieu d’autres personnes? Jusqu’à présent à part son meilleur ami, personne n’avait réellement été proche d’elle cependant elle n’avait jamais vécu vraiment seule mais elle n’avait pas eu de famille non plus.

Elle essaya de ne plus penser au fait qu’elle était seule même si elle aurait bien aimé croiser quelqu’un que se soit une rencontre hostile ou plus calme… De plus, elle venait de chasser et elle avait bu le sang d’un animal sauvage donc cela éloignait vraiment tout risque de morsures mais de toute façon elle avait décidé que dans sa nouvelle vie, elle ne mordrait personne si elle ne s’y sentait pas obligé… Elle avait déjà fait assez de mal sans vraiment de raison… A présent, elle ne se battrait que pour se défendre et ne mordrait que si elle le jugeait nécessaire. Elle espérait néanmoins qu’elle arriverait à respecter ses nouveaux principes qu’elle s’imposait… C’était différent de ce qu’elle avait vécu et lutter contre ses instincts de vampire n’allait peut-être pas être de tout repos… Mais après tout elle verrait bien…

Kaylïn ne s’aperçut pas tout de suite que le paysage autour d’elle avait peu à peu changé… Elle était bien trop perdue dans ses pensées pour regarder ce qu’il se passait autour. Mais lorsqu’elle leva la tête, elle remarqua que les arbres étaient plus denses et qu’à quelques mètres d’elle, se trouvaient des grottes…

*Des grottes! Ça correspond exactement à ce que je cherchais… un abri frais et sombre pour me réfugier du soleil*

Le visage jusque là impassible de la jeune fille afficha un léger air satisfait… Ces grottes étaient l’endroit parfait pour s’abriter durant la journée. Elle courut donc jusqu’à elles, impatiente de découvrir les lieux. Son épée se balançait au rythme de ses foulées et Kaylïn aimait ce contact qui lui rappelait que son arme était toujours là si elle devait se battre.

Devant les grottes, elle s’arrêta et regarda furtivement à l’intérieur. Un bruit d’eau se fit entendre et la jeune fille, curieuse, entra lentement dans une des grottes… C’était un endroit humide où l’eau froide la mouillait jusqu’à mi-mollet. Elle chercha un endroit où s’asseoir car le chemin jusque là l’avait tout de même un peu fatiguée… En cherchant du regard, elle vit un endroit plus en hauteur qui semblait à peu près sec et alla s’y installer.

La grotte était vide et chaque bruit si répercutait dans un écho lugubre… Assise ainsi au milieu des stalactites et des stalagmites, la jeune fille se rendit alors compte qu’elle allait s’ennuyer si jamais elle restait seule dans ses grottes… Surtout que le soleil n’était pas encore levé et que lorsque ça serait fait, elle ne pourrait plus sortir…

*Kaylïn, tu ne regretterais pas l’action qu’il y avait au sein du clan quand même?… Non! Non, bien sûr que non !*

Qu’est ce que la conscience pouvait être dérangeante pour elle par moment…

Mer 4 Oct 2006 - 17:11

Silence... puis, un bruit.

Un bruit presque imperceptible. Des pas réguliers et calmes, glissés, si légers qu'ils en étaient presque inaudibles. Ils venaient du fond des Grottes, des galeries sans lumière qui plongeaient sous terre.

Ils se rapprochaient régulièrement, sans précipitation. Avec autant de naturel que si leur propriétaire avait été chez lui. Soudain, celui-ci apparut à l'extrémité de la caverne où la jeune vampire se tenait, dans la pâle lumière qui passait par l'entrée. Il était grand, très grand, d'une minceur étonnante. Il ne portait aucune arme. Ses vêtements amples étaient du noir le plus profond, et ses cheveux de la même couleur. Au contraire, son visage livide comme celui d'un vampire se détachait nettement dans le noir, impassible, indéchiffrable, énigmatique comme une statue des anciens dieux. Ses yeux étaient fermés, comme s'il était aveugle ou n'avait pas besoin de la vision pour se diriger. Ou peut-être, parce qu'il souhaitait dissimuler son regard.

Quand à l'aura... eh bien, c'était étrange. Cet homme semblait ne posséder aucune aura. Normalement, tous les habitants d'Elament, et même ceux d'ailleurs, étaient entourés d'un halo invisible sauf pour ceux qui avaient appris à le voir. Elle était blanche ou grise pour les Aeras, brune ou verte pour les Terras, tandis que les Ignis semblaient entourés de minuscules flammes et que les Aquas se revêtaient d'une lueur d'un bleu marin. Elles changeaient aussi selon les personnes, et leur état du moment. Quand aux démons, il était impossible de rater leur aura: ils étaient en permanence entourés de rouge ou de noir, et il émanait d'eux le maléfice et la violence, même au repos.

Mais chez cet homme, rien de toute cela. Il semblait vide, absent... aussi impersonnel qu'une statue, aussi froid que la pierre. Il aurait pu être un ange, un golem, le diable ou juste une illusion, que cela ne changerait pas grand-chose. Pourtant, il semblait bien réel, et le bruit de ses pas aussi. Il était n'était pas un mirage, aucun doute sur cela. Il s'arrêta à quelques pas de la jeune femme, sans ouvrir les yeux.

"Bonjour. Je ne pensais pas tomber sur quelqu'un dans ses grottes, surtout à cette heure. Je ne vous dérange pas?"

Sa voix avait résonné, lisse et calme, dans l'air de la grotte. Avec naturel, l'inconnu s'assit sur une pierre et se mit à jouer avec une bille noire, qu'il faisait sauter d'une main dans l'autre, sans la rater une fois.

Jeu 5 Oct 2006 - 14:45

Kaylïn était toujours immobile, un peu perdue dans ses pensées… Elle commençait à douter de ce que pouvait lui offrir cette nouvelle vie... Elle n’avait été rien d’autre qu’un pion, une arme, mais en liberté, elle n’avait pas l’impression de vivre plus qu’avant. Peut-être fallait-il attendre, après tout, cela ne faisait que plusieurs jours qu’elle avait quitté les lieux de son enfance, aussi sombres et froids que cette grotte… Et dans le silence pesant, seulement rompu par le bruit régulier des gouttes d’eau qui tombaient, elle se demandait si elle n’avait tout de même pas fait une erreur en venant à Elament… Que pouvait lui apporter cette cité, à elle, une vampire dont le passé était taché de sang?

Elle n’entendit pas tout de suite le bruit de pas, léger et presque inaudible, qui provenait du fond de la grotte… Ce ne fut que le mouvement de l’eau qui indiqua à la jeune vampire qu’un inconnu s’approchait. Elle tourna la tête vers cet être étrange qui approchait les yeux fermés… Il était grand et mince, paraissant calme et serein… Elle n’avait pas vu beaucoup de démon avant, étant plus habituée à la présence de vampires, mais elle trouva que celui-ci était différent, et même plutôt étrange…

La jeune vampire était éclairée par un faible rayon de lune qui accentuait la pâleur de sa peau et illuminait ses yeux bleus-gris aussi perçant que l’acier… Le contraste avec sa cape et sa longue robe sombres, quoi que surprenant, était loin d’être désagréable… Elle regarda le démon s’approcher et ne dit pas un mot attendant de voir ce qui allait se passer. Et lorsque celui-ci s’arrêta à quelques pas et s’adressa à elle, les yeux toujours irrémédiablement fermés, une lueur mêlant curiosité et surprise passa dans le regard de Kaylïn.

La voix douce, calme et neutre de la jeune vampire se fit alors entendre pour la première fois dans la grotte…

"- Bonjour… "

Le démon, assis sur une pierre, jouait avec une petite bille noire sans la faire tomber. Kaylïn se demandait comment il s’y prenait puisqu’il avait les yeux fermés mais n’en laissa rien paraître…

"- Me déranger? Non vous ne me dérangez pas, il n’y a rien de bien passionnant à faire dans cette grotte… Et à vrai dire si le jour pouvait ne plus jamais se lever, je ne serais pas venu me réfugier ici… j’errerais encore à l’extérieur…"

C’était la seule chose qui la gênait vraiment dans le fait d’être une vampire: ne pas pouvoir sortir durant le jour… Non pas qu’elle aimait la lumière et qu’elle regrettait de ne plus pouvoir marcher au soleil car non seulement elle ne s’en souvenait plus mais elle aimait bien trop la pénombre de la nuit… Cependant, les heures durant le jour pouvaient lui sembler interminables lorsqu’elle était dans un lieu aussi vide que celui-ci… La jeune vampire, comme les animaux sauvages aimait la liberté qu’elle ressentait lorsqu’elle était à l’extérieur et n’appréciait pas beaucoup les lieux où rien ne pouvait éveiller sa curiosité…

Elle regarda à nouveau le démon se demandant ce qu’il était venu faire par là mais surtout qui il était… Ce qui l’intriguait le plus c’était la force qu’il semblait dégager, et qui en beaucoup de points devait surpassé celle du chef du clan de vampire dans lequel elle avait grandit… Alors pourquoi n’avait-elle pas peur? Avait-elle pris de l’assurance durant son voyage où était-ce le fruit d’une dangereuse insouciance nouvellement acquise?…

Jeu 5 Oct 2006 - 21:54

Iblîs ne répondit pas tout de suite. Il avait tout son temps. L'immortalité a la conséquence bizarre, chez ceux qui vivent très longtemps, de leur faire perdre toute notion de l'importance du temps qui passe. Que leur importait quelques minutes de temps perdu, quand le passé et l'avenir se comptent en millénaires? L'inconnu à la chevelure d'ombre continua à faire léviter la bille dans sa main, comme s'il était indifférent à la présence de la jeune fille.

Il n'avait pas pourtant pas perdu un mot de ses paroles. Y avait décelé le calme et l'absence totale de peur, et avait eu de l'estime pour elle. Elament était remplie d'écervelés qui ne pensaient qu'à se jeter sur le premier démon venu en beuglant. Elle, était différente. Si elle l'avait reconnu, elle n'avait pas fait un geste. Encore qu'il ne voyait pas vraiment comment on pouvait le reconnaître comme étant un démon, étant donné son absence d'aura maléfique, et son visage relativement humain, quoique étrangement inexpressif. Mais qui sait? Cette jeune vampire avait peut-être appris à déceler les démons à coup sûr. Pourquoi pas? C'était possible. Il ne connaissait rien de son passé, après tout.

"Que le jour ne se lève plus..." fit-il enfin, en refermant les doigts sur la petite sphère. "Que les ténèbres règnent sur le monde... Oui, peut-être d'autres que vous en rêvent-ils aussi. Et chacun, dans son clan, oeuvre à l'accomplissement de ses sombres rêves. Mais y en a-t-il un seul d'entre eux qui sache vraiment ce que sont la Nuit et le Silence?"

Il se leva et marcha jusqu'à l'entrée de la grotte. Déjà, sur les collines, le soleil se levait, inondant le monde de lumière. Les rayons blancs et purs, brûlants pour les êtres de la nuit, vinrent frapper le seuil de pierre et se reflétèrent un instant sur son visage. Il tendit la main vers le soleil, les yeux toujours clos, dans un geste qui était à la fois un défi et un salut. Comme lorsque l'on fait signe à un ennemi que l'on respecte, avant d'engager contre lui un combat à mort.

Puis il revint vers l'intérieur. Son bras était rougeâtre, comme gravement brûlé. Pourtant, l'être énigmatique ne parut pas s'en formaliser. Peu à peu, les taches de brûlure disparurent, commes régénérées instantanément. Quand il replaca ses mains sous son manteau, ils avaient repris leur pâleur fantômatique. Sans se hâter, il revint vers le centre de la grotte, admirant au passage les délicates dentelures des stalactites, et s'adossa à une colonne pétrifiée.

"Et vous? Le savez-vous?"

Sam 7 Oct 2006 - 10:33

Kaylïn observait l’inconnu qui resta un moment silencieux… comme s’il avait oublié sa présence. Faisant toujours léviter la bille, dans un calme presque surnaturel… l’impression de puissance était toujours là. Etait-ce simplement une illusion de sa part? Elle avait l’étrange sensation que non… Mais même sans réellement savoir qui il était, elle savait qu’il aurait sûrement du l’effrayer, pourtant il n’en était rien… Son regard pâle le regardait patiemment, guettant la moindre parole.

Et lorsqu’il lui répondit, elle regarda pensivement au dehors… La pénombre de la nuit avait laissé place à une aube que beaucoup auraient trouvé magnifique mais qui ne lui inspirait rien. Elle n’aimait pas le jour et le soleil, mais au fond qui aurait aimé ce qui représentait sa propre mort? Elle serait rester plusieurs minutes ainsi perdue dans ses pensées si l’inconnu ne s’était pas approché de l’entrée de la grotte pour tendre son bras au dehors, les yeux toujours fermés… Et lorsqu’il rentra à nouveau dans la grotte le bras rougis, Kaylïn eu sa première réaction… C’était elle qui soignait les blessures dans le clan, elle en avait gardé quelques réflexes et le fait de voir cette brûlure les avait réveillé. Cependant sa réaction avait été relativement discrète mais peut-être pas assez pour que l’inconnu n’ait rien remarqué malgré ses yeux clos. Elle constata néanmoins que son bras retrouva peu à peu sa couleur initiale, les brûlures disparurent… Cela ne fit que confirmer ce qu’elle pensait: c’était un être doté d’une force dépassant ce qu’elle avait pu voir jusque là.

Elle réfléchit un instant lorsqu’il lui demanda, adossé à une colonne, si elle-même, savait vraiment ce qu’était la Nuit et le Silence. Elle ne pouvait nier que comme beaucoup elle les avait connu, croisé à maintes reprises mais pour elle, la réponse était claire: jamais cela ne suffirait pour connaître leurs véritables escences…

"- Non… J’ai vécu et grandis au milieu de la nuit, entourée de ses ténèbres apaisants et dangereux, mais je n’aurais pas l’affront de prétendre que je sais ce qu’elle est… Je ne connais pas son essence et je ne saurais sûrement jamais la définir correctement… Pour ce qui est du silence il m’a souvent accompagné, une compagnie que certains trouveraient sûrement pesante et pourtant elle peut être parfois nécessaire… Mais lui aussi comme un compagnon anonyme, je ne peux absolument pas dire qui il est, je ne le sais pas et comme pour la nuit, je ne le saurais sûrement jamais…"

Elle avait été franche, et sa voix n’avait pas changé de ton, la peur y était toujours absente… Elle regarda à nouveau dehors… Ce soleil, qui semblait se moquer d’elle en se levant ainsi fièrement, l’obligeant à se terrer comme un animal apeuré… Elle détestait cette lumière aveuglante qui pouvait donner des airs de paradis à un monde qui en était bien loin, fort heureusement car un tel univers idyllique n’aurait aucune place pour les êtres de la nuit comme elle…

*Que les ténèbres règnent sur le monde…*

Cette phrase hantait agréablement son esprit. Un monde entièrement recouvert pas les ténèbres, était certes peut-être utopique, mais elle ne pouvait s’empêcher d’y penser ne serait-ce qu’un peu… Elle se tourna à nouveau vers l’inconnu.

"- Et vous, savez-vous vraiment ce que sont la Nuit et le Silence?"

Ce n’était une question posée comme un défit mais une simple curiosité… l’envie de savoir ce que lui-même en pensait. Elle savait que ses paroles n’avaient été que le simple reflet de sa propre opinion et de ce fait, celle des autres l’intéressait…

Lun 9 Oct 2006 - 10:00

Lentement, un sourire sans joie vint flotter sur les lèvres d'Iblîs. Un sourire sans joie, une sombre imitation de cette expression, tellement déformée qu'elle en devenait inhumaine.

"Peut-être..."

Sans s'expliquer davantage, l'être sombre tourna la tête vers la jeune fille, paraissant l'observer à travers ses paupières fermées. De tout temps, il n'avait eu qu'un immense mépris pour Elament et ses satellites, les considérant comme des primates incapables d'ouvrir les yeux sur une autre réalité que la leur. Même les vampires, qui pourtant lui ressemblaient par certains côtés, lui répugnaient par d'autres. Mais toutes choses changent en ce monde, tôt ou tard. Pour la première fois, il rencontrait une personne de la Surface capable de voir dans les Ténèbres. Pas seulement dans l'ombre, dans le noir d'une grotte, d'une maison, ou d'une nuit à l'extérieur. Mais l'obscurité, la vraie... sur les lèvres minces d'Iblîs, le sourire de sphinx continuait de flotter, énigmatique et inquiétant.

"Vous êtes plus proche de la vraie Nuit que vous le pensez... Sous nos pieds s'étend un pays qui dort dans l'ombre. La légende dit que ceux qui s'y aventurent verront le vrai sens du mot Ombre. Si vous voulez vraiment voir cet endroit, je peux vous le montrer. Mais ne vous y trompez pas: ici, la mort règne. Vous pourriez ne jamais en revenir."

Sur cet avetissement, il quitta la colonne contre laquelle il était appuyé, dépassa la jeune fille et se dirigea vers le fond de la grotte, en direction du passage en pente raide par laquelle il était arrivé. Arrivé là, il s'y arrêta, le dos tourné, comme s'il scrutait quelque chose au fond de la longue galerie qui s'enfonçait vers les abysses.

"Entendez-vous? EIles appellent..."

Il n'y avait aucun bruit dans la grotte. Le silence total de cette région désolée n'était troublé que par le tintement d'une goutelette qui coulait d'une stalactite. Pourtant, quand on tentait de percer du regard l'ombre derrière Iblîs, l'âme était étrangement troublée. C'était une faible rumeur, inaudible pour l'oreille mais que le coeur entendait. Un bruit étrange, une rumeur chuchotante, à la fois morbide et fascinante. Un instant, elle sembla grandir jusqu'à remplir toute la grotte, tandis que les cheveux d'ébène d'Iblîs volaient en l'air comme si un vent fantôme les soulevait.

La silhouette en robe noire pivota sur ses talons et refit face à la jeune fille. Sur ce fond noir, son avertissement prenait tout son sens quand on voyait son visage impassible de statue. Peu importe qu'on ne voie pas ses yeux, qui révèle souvent la vraie nature de quelqu'un. Peu importe qu'il n'aie aucune aura, ou plutôt qu'elle ne soit pas sensible pour le moment. Parfois, le coeur n'avait pas besoin des sens pour connaître la vérité. Les démons peuvent dissimuler leur puissance et leurs intentions, mais pas le mal qui habitait leur être. Tout à l'heure, quand il fixait le soleil, on pouvait peut-être s'y tromper, mais plus maintenant. De cet homme et de l'ombre qui l'entourait, émanait quelque chose d'indéfinissable et de maléfique.

Du reste, le démon semblait le savoir. Il ne cherchait pas à se faire passer pour quelqu'un d'autre. Il se tenait à l'entrée d'un monde ténébreux, sans faire le moindre geste menaçant, inquiétant seulement par sa présence. Il semblait laisser le choix à son interlocutrice. Voulait-elle voir réellement le vrai visage de cette obscurité qu'elle aimait? Ou choisirait-elle d'attendre le crépuscule dans cette grotte, à la frontière entre le jour et la nuit?

Mar 10 Oct 2006 - 16:05

L’étrange sourire qui était apparut sur le visage de l’inconnu, intrigua Kaylïn… Qu’avait-elle pu dire pour susciter une telle réaction? Il lui était impossible de le deviner… Mais les paroles qu’il prononça ensuite, détournèrent l’esprit de la jeune fille de cette question, car d’autres pensées venaient de prendre place dans son esprit. Il lui proposait de découvrir ce qu’elle n’avait jamais vu… L’Ombre, sous son véritable sens… l’essence même de l’Ombre semblait émaner du monde souterrain qu’il lui avait décrit et même sa mise en garde ne réussit pas à étouffer la curiosité qui était née dans les yeux de la jeune fille. La mort… Elle l’avait déjà aperçut lorsqu’elle était devenue une vampire mais ne l’avait pas atteint, restant dans cet état intermédiaire entre la vie et la mort… Elle n’avait aucun regret et n’avait rien à perdre non plus.
Alors pourquoi réfléchissait-elle autant au lieu d’accepter directement? C’était seulement sa nature craintive, comme un animal, elle restait sur ses gardes et n’accordait pas sa confiance facilement, elle préférait réfléchir ne serait-ce qu’un peu, au lieu de foncer tête baisser… elle regardait donc l’inconnu qui lui tournait le dos, observant le fond de la grotte. Lorsqu’il lui demanda si elle entendait, elle ne comprit pas tout de suite… Aucun son ne semblait venir du fond de la grotte, du moins, si l’on ne prenait pas la peine de scruter l’ombre dans laquelle était plongé le fond de la grotte… Mais lorsque le regard de la jeune fille perça l’ombre, son cœur put entendre le murmure, la rumeur étrange qui s’en échappait et emplissait la grotte…
Kaylïn s’avança un peu vers le fond de la grotte où l’inconnu se trouvait à nouveau face à elle, sa silhouette se découpant dans l’ombre… Cette posture impressionnante et maléfique ne l’effrayait pas même si elle aurait peut-être dû, mais elle la fascinait au contraire… Cependant, il ne fallait pas si méprendre, la jeune vampire avait des peurs comme tout le monde mais elle avait appris à en maîtriser certaines comme sa peur du danger et de la mort jusqu’à presque les faire disparaître. Elle avait grandit dans un univers où il était interdit de se montrer faible…

Elle s’arrêta à quelques pas de l’inconnu et ferma un instant les yeux pour écouter la douce et sombre rumeur qui troublait son âme et emplissait son cœur… Un vent qui semblait venir des abysses sombres et étrangement attirantes, venait caresser son visage et emmêler ses cheveux. Et lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle eut un faible sourire…

"- Oui, je les entends…"

Mais elle savait qu’à présent, il lui fallait se décider… Accepter de voir ce monde souterrain en se laissant guider par cet inconnu et cette étrange rumeur, ou bien rester cloîtrée dans cette grotte jusqu’à ce que la nuit vienne l’en délivrer… Elle regardait l’inconnu et cette situation lui rappela étrangement un souvenir, toujours le même, le plus ancien et le seul à la hanter de cette façon… Elle entendait encore la voix du vampire puissant et cruel… *Tu es seule, petite fée*…
Mais il y avait une différence avec la situation qu’elle était en train de vivre, contrairement au jour où elle était devenue une vampire, elle avait à présent le choix de prendre sa propre décision, elle n’était plus une petite fée faible et fragile, elle n’avait pas peur … Et surtout, elle était curieuse de connaître cette obscurité qu’elle aimait sans jamais l’avoir vraiment vu…

"- Cet endroit… ce pays qui dort dans l’ombre, sous nos pieds… J’aimerais le voir. Je sais ce qui peut m’en coûter mais ça n’a pas d’importance. Rien ne me retient à la surface… ni dans cette grotte vide, ni dans le reste de ce monde…"

Sa propre vie n’avait jamais représenté grand chose à ses yeux… Pour elle, avoir peur de mourir emprisonnait l’âme, l’empêchant d’agir à sa guise. Elle resta donc immobile devant l’inconnu, et malgré l’aspect sombre et maléfique de la scène, un sourire léger et discret naquit sur les lèvres de la jeune fille. Elle était prête à le suivre s’il était toujours d’accord pour l’amener avec lui, voir le véritable visage de l’ombre.

Jeu 12 Oct 2006 - 22:05

Pendant quelques secondes, Iblîs considéra la jeune fille. Et celui qui ne baissait même pas la tête devant un démon du rang de Kaho Long, mais seulement devant Apharez elle-même, s'inclina légèrement, dans un geste où il y avait, sinon du respect, au moins de l'estime. Estime pour le courage, et non pas pitié devant l'inconscience. Cette jeune femme n'était pas comme les écervelés de 1ere année qui se lançaient dans les Grottes pour les visiter, sans même chercher à savoir ce qui pouvait les y guetter. Elle, elle avait entendu l'appel hypnotique des abysses, senti leur fascination et la difficulté à y résister. Pourtant, elle s'y rendait, non pas follement ou pour une raison stupide, mais pour y chercher la vérité, cette vérité qui pour les démons, se trouvait au milieu de la bataille ou au coeur des Ténèbres.

Peut-être était-ce pour cela qu'Iblis souriait, en précédant sa compagne le long du couloir. La randonnée de l'ombre démarrait : le spectacle d'ombres avait commencé. Le prélude était joué: l'acte premier de la pièce pouvait prendre place.

Le décor? Eh bien, la lumière était absolument absente quand on s'enfonçait dans le tunnel. Pour ne pas se heurter en permanence aux parois, il fallait soit disposer d'un 6e sens comme la plupart des élémentalistes, soit se sentir tellement habitué aux ténèbres qu'on pouvait avancer les yeux fermés. Iblîs, plus que tout autre, était dans ce cas. Il avançait, presque silencieux, sans se retourner pour vérifier s'il était suivi. Et tous deux descendaient, interminablement, dans ce qui semblait être un puits sans fond. Dans l'obscurité, on sentait des galeries qui partaient à droite, à gauche, formant un infernal labyrinthe d'ombre. Mais, comme s'ils étaient guidés par un appel mystérieux, ils continuaient de descendre, encore, encore et encore. Combien de temps s'écoula? Une heure? Moins? Davantage? Qu'importe: dans une pièce de théâtre, le temps ne compte pas. Surtout quand les dieux sont les seuls spectateurs ...

Au bout d'un temps indéfini, une lueur pâle apparut loin devant. Elle était à peine percepible, mais elle paraissait aveuglante après cette descente aux enfers. Encore quelques pas... deux... un pas. Puis on débouche dans une vaste salle circulaire. Elle semble faire près d'une centaine de mètres de large. Mais surtout, on n'en voit pas le plafond, qui disparaît dans l'ombre. Et tout là-haut, un minuscule point lumineux, sans doute un trou sur le ciel, fait descendre un rai de lumière verical au centre de la grotte...

"Descendre?"... abaissons nos regards vers le sol. En en sens, la vue est plus impressionnante encore. Nous nous trouvons sur une sorte de terrasse inclinée, de quelques mètres de large, qui forme un balcon circulaire près de la paroi, en diagonale, comme une spirale. Au centre, sur la plus grande partie de la surface, c'est... le vide. Si on s'en approche, les yeux plongent dans un tunnel immense, mais vertical cette fois, comme un puits géant. Sur les parois de ce puits, la terrasse s'accroche en spirale descendante, véritable route vers les profondeurs.

Toujours muet, Iblîs s'arrête près de la balustrade. Sur son visage, le sourire de sphinx a disparu. D'une main, il brosse une poussière qui n'a pas dû être touchée depuis des siècles. Sur la pierre, des mots d'une langue ancienne et inconnue sont gravés. Il ne s'agit pas de runes démoniaques. Mais les caractères, bien que complexes, sont trop durs et griffus pour être un langage elfique ou angélique. Lentement, sans ouvrir les yeux, l'être obscur suit les symboles du bout du doigt.

"La race qui a laissé sa marque ici était un peuple sombre et sauvage. C'étaient des Drows, des Elfes Noirs, le peuple souterrain. Il y a bien des siècles, l'un de leurs clans disparut de la Surface. Ils se mirent à creuser, toujours plus profond, loin de la lumière, pour y bâtir une nouvelle cité. Mais ce qu'ils cherchaient vraiment, ce qui les poussait à chercher ainsi, eux-mêmes ne le savaient pas."

Un instant, le sourire revient sur ses lèvres, empli d'une sorte de cynisme.

"Pourtant, d'un certain côté, ils m'étaient presque sympathiques..."

Sans rien ajouter, la haute silhouette mince et noire se retourne et commence à avancer sur la route qui descend, toujours plus bas...

Mar 17 Oct 2006 - 21:24

[ dsl pour le retard et le manque d'inspiration... c'est un post vraiment raté mais je ne suis pas arrivée à faire mieux :S ]

Kaylïn suivit l’inconnu dans le fond de la grotte. Et c’est dans le noir le plus profond qu’elle avança à sa suite dans les profondeurs de la terre. Elle ne sut pas combien de temps dura cette première partie de la descente mais le temps ne lui parut pas long. Comment l’aurait-il pu alors qu’elle n’avait plus de notion du temps depuis si longtemps… Pour les vampires, il n’était guère un élément très utilisé pour rythmer leur vie, car le temps qui passe ne les effrayait pas. La jeune fille guidée par la présence de l’inconnu qu’elle sentait juste devant elle, ne chercha pas à fermer les yeux malgré l’obscurité totale qui régnait autour d’elle, car elle espérait au contraire habituer ses yeux à ce degré d’obscurité inhabituel pour elle.

Dans le dédale d’ombres, Kaylïn se sentait apaisée et elle ne regrettait certainement pas la grotte dans laquelle le jour filtrait un peu à l’entrée, laissant entrevoir quelques rayons de soleil… Or plus elle se trouvait loin de cet astre malsain, mieux elle se portait… Cependant, elle ne pouvait s’empêcher d’être sur ses gardes car c’était bel et bien un inconnu qu’elle suivait ainsi vers un lieu qui lui était totalement étranger. Mais dans ce silence quasi absolu, elle en oubliait parfois ne serait-ce quelques secondes, le danger qu’elle avait l’habitude de guetter… Et ses yeux pâles mêmes invisibles dans la noirceur qui les entourait restait à l’affût, cependant il ne s’agissait non pas de ce qu’ils pourraient voir mais de ce qu’ils pourraient percevoir… Malgré tout aucune peur n’était apparut en elle, car même si elle restait prudente, c’était seulement par habitude et non par crainte.

La jeune fille, de sa démarche souple n’eut, contrairement à ce qu’elle avait pensé, pas de difficultés particulières à suivre l’inconnu. Ainsi lorsqu’ils arrivèrent dans une pièce circulaire aux profondeurs et au plafond si grands, que l’on n'en voyait pas les extrémités. Elle écouta attentivement les paroles de l’inconnu mais ne dit rien… Ses propres paroles dans un tel moment ne seraient que mal vu, car elles n’étaient pas assez pertinentes pour mériter d’être énoncées. Et un fois que l’inconnu eut repris sa marche descendant toujours plus bas, Kaylïn le suivit, lui emboîtant le pas pour se rapprocher du monde souterrain dont il lui avait parlé…

La descente repris alors, les deux êtres allant toujours plus bas dans les Abymes, et la jeune fille commençait à s’habituer à cette obscurité bien différente de celle qu’elle avait connue… Mais elle savait néanmoins que ce n'était rien à côté de ce qui l’attendait sûrement une fois qu’ils auraient atteint leur but mais loin d’appréhender, elle se languissait presque de découvrir l’endroit d’où provenait le murmure, la rumeur fascinantes qu’elle avait « entendu », un peu auparavant.

Elle sourit dans le noir, un sourire qui était tourné vers son clan, ce qu’elle laissait derrière elle sans regret et que chaque pas qu’elle faisait semblant éloigner d’elle. En descendant dans les abysses, elle avait le sentiment agréable de se détacher définitivement de cette vie où elle avait été comme prisonnière, considérée comme une simple arme parmis tant d’autres…
Certains auraient peut-être hésité et ils n’auraient pas été vraiment à blâmer pour cela mais Kaylïn, elle n’était ni tentée de se retourner, ni de faire demi-tour, rien de plus intéressant ne l’attendait que ce vers quoi elle se dirigeait…

Ven 20 Oct 2006 - 21:14

[Mais non

]

Poursuivant leur descente, les deux êtres sombres avançaient le long de l'immense route en spirale. Le démon était en tête, menant sa compagne toujours plus bas vers l'abîme. De chaque côté, les inscriptions défilaient, sous leur gangue de poussière, mais elles demeuraient closes sur leurs secrets. Iblîs n'avait plus ouvert la bouche depuis qu'il avait évoqu le peuple créateur de cette région souterraine. Craignait-il d'en avoir trop dit? Après tout, en quelques mots, il avait déjà révélé une partie de lui-même, car ses paroles trahissaient un âge immense pour qu'il aie connu la naissance de cette cité ténébreuse. Ou peut-être, simplement, était-il trop habitué au Silence pour désirer se lancer dans une conversation prolongée.

A présent, on avait l'impression que l'énorme puits cylindrique s'élargissait peu à peu, comme un entonnoir de titan posé à l'envers. Au centre du gouffre, on ne voyait toujours qu'un infini d'ombre, et pourtant parcourir un cercle entier prenait de plus en plus de temps. A ce propos, combien de temps s'était-il passé depuis leur entrée dans cet univers sans couleur et sans vie? Plusieurs heures? Davantage peut-être. A descendre cet escalier sans fin, on finissait par perdre la notion du temps, déjà difficile à conserver dans cet univers étrange. On ne pouvait même pas mesurer l'écoulement des minutes à la fatigue qui gagnait les membres. En effet, quelque chose semblait aspirer toute lassitude du corps. L'appel hypnotique qui vibrait dans l'air était comme une sorte d'enchantement qui portait vers le bas, sans cesse...

Bientôt, voir la paroi d'en face devint impossible. On descendait le long d'un mur, et l'ombre régnait partout ailleurs: au-dessus, en-dessous, sur les cotés. La seule lueur était la colonne de pâle lumière qui descendait au centre du gouffre, et la tache blanche, là-bas au fond...

"Voici la cité de Lech'Dessen" fit soudain Iblîs en désignait le halo clair, à quelques centaines de mètres sous eux. "Dans la langue des elfes noirs, cela signifie le Joyau d'En-Bas. Depuis près de quatre millénaires elle repose ici, dans son écrin de roc."

Encore quelques pas en descente, et l'on découvrait l'objectif de cette hallucinante randonnée. Il s'agissait, comme l'avait dit le démon, d'une cité qui reposait au fond de ce réseau de galeries. De cette hauteur, on la dominait dans son ensemble. Plus petite qu'Elament, de moitié au moins, elle était toute entière construite selon une architecture nettement Drow, aux lignes à la fois savantes et démentes. C'était tout l'art de la construction elfique, mais perverti, habité par une sorte de frénésie malsaine qui y plaçait des lignes tourmentées et irrégulières, presque illogiques. La forme générale de la cité était en "V" très aplati, descendant en pente douce vers l'extrême fond du puits, encore invisible. Le tout était taillé dans une pierre polie, aux reflets légèrement laiteux, qui reflétait et démultipliait le mince faisceau de lumère qui descendait de la Surface. Mais l'ombre était si épaisse en ces lieux que la cité n'en était pas vraiment éclairée: elle baignait seulement dans un halo gris, presque fantômatique.

Il régnait en ces lieux un calme incomparable et mortel. La cité était déserte : il n'y avait aucune vie à cette profondeur, aucune vie naturelle dans tous les cas. La rumeur étrange que l'on percevait depuis le haut de la grotte était inaudible ici. Mais alors que l'oreille ne percevait rien que ce silence de tombeau, les effluves malsains que l'âme sentaient étaient plus intenses. C'était presque un chant silencieux qui inondait l'air, faisant vibrer chaque nerf. Les réactions qu'elle produisaient dépendaient de la nature de ceux qui l'écoutaient. Iblîs semblait à peine l'entendre, comme s'il possédait une sorte d'immunité naturelle, ou quelque chose de plus profond encore. Un être au coeur lumineux se serait senti abominablement mal, comme si cette note étrange et maléfique l'agressait au plus profond de lui-même. Quand à ceux qui abritaient déjà en leur coeur la fascination pour l'ombre, pour eux le chant prenait la forme d'un appel puissant, qui donnait envie de se précipiter vers la source de cette mélopée, comme un papillon attiré par la flamme. Sauf qu'ici, la flamme était noire et froide...

On avait même l'impression de sentir des présences passer dans l'air, comme des tentacules éthérées et tâtonnantes, ou comme les fils d'une invisible toile d'araignée, tendue comme un piège mortel. Il ne s'agissait de rien de matériel, rien de visible. Aucun mouvement ne se faisait, mais l'esprit, lui, ressentait ce toucher glacial, qui déclenchait des réaction instinctives, répulsion et attirance mêlées. Cependant, cette fois, Iblîs réagit. Il ouvrit la bouche et émit une note grave, dominatrice. Immédiatement, les frôlements immatériels semblèrent se rétracter, comme repoussés par une force invisible. Même le "chant" de l'Ombre sembla relâcher son étreinte et se taire pendant quelques instants. Lentement, le démon noir se retourna vers la jeune fille.

"Commencez-vous à comprendre ce qu'est devenu le peuple qui vécut ici, jadis?"

Ils se trouvaient à présent à peine au-dessus de la ville fantôme. La route de pierre descendait en pente douce vers le centre de l'immense caverne, en direction des premiers bâtiments, comme une invitation... mais si l'onde de fascination était déjà si magnétique à cette distance, que devait-elle être dans les rues? Et surtout, d'où venait-elle? Quel monstre, quel sortilège pouvait émettre cet appel trop semblable au chant des sirènes pour être innoffensif? Rien dans les premiers bâtiments ne paraissait exceptionnels: des constructions presque banales: murailles, maisons...

Mais au-delà, quels sombres secrets veillaient au centre de la cité, enveloppé dans son manteau de nuit?

Mer 8 Nov 2006 - 13:21

[désolée pour le retard, mais j'ai pas pu me connecter ou très peu, pendant un certain temps]

Le temps s’était encore écoulé durant leur descente sans que Kaylïn ne puissent dire combien de temps ils avaient descendu cet escalier qui semblait interminable. Elle n’était pas fatiguée alors qu’elle aurait sûrement du l’être, car leur destination paraissait bien loin, comme inaccessible… On avait l’impression de ne jamais pouvoir atteindre la fin de ce puits. Mais la jeune fille avait tout son temps et elle ne montrait aucun signe de lassitude ou d’impatience. Elle avait l’impression étrange d’avoir pris l’automatisme de descendre toujours plus bas, comme si une volonté invisible la poussait à le faire… Pourtant, pour la première fois elle était libre de faire de ses propres choix…

L’ombre qu’elle cherchait tant lorsqu’elle était à la surface , ici elle était présente partout autour d’elle. Et elle aimait sentir sa présence l’envelopper. Au bout d'un moment, le regard de Kaylïn fut attiré par le halo pâle qui se trouvait au fond du puits. Lorsque l'inconnu se retourna pour lui expliquer qu'il s'agissait d'une cité nommée Lech'Dessen, qui depuis quatre millénaires reposait dans la roche, il n'en fallut pas plus à l'imagination et à la curiosité de Kaylïn pour se réveiller mais elle n'en montra rien. Elle resta immobile les yeux toujours rivés sur la cité que l'on ne pouvait pas encore distinguer car elle se trouvait plusieurs centaines de mètres en contrebas.

Il leur fallut continuer à descendre encore et toujours avant d'atteindre enfin cette cité pour laquelle, ils avaient accomplit cette descente interminable. La jeune fille n'en croyait pas ses yeux... Elle était en train d'observer une ville, certes plus petite qu'Elament, mais beaucoup plus impressionnante... un véritable joyau de l'architecture drow. Kaylïn était fascinée par un tel art que l'on aurait pu à la fois attribuer à la folie et au génie mais pour elle le résultat était tout simplement au delà de tout ce qu'elle avait pu voir. Cette cité déserte semblait habitée par tant de mystères que la jeune fille, paraissait hypnotisée par ce lieu étrange... Elle sentait comme attirée par la cité, comme si un appel irrésistible était dirigée vers elle, une note que seule l'âme pouvait percevoir et à laquelle l'inconnu paraissait insensible. Kaylïn ne bougeait pourtant pas, ne voulant pas à céder à cet étrange mélodie car elle se doutait que s'était sûrement dangereux de se laisser entrainer aveuglément...

Cette cité l'intriguait de plus en plus, car elle sentait également comme une présence dans l'air qui lui donnait l'impression d'être prise au piège... Elle fixait la ville sombre sans en comprendre la complexité et elle ne serait même sûrement jamais en mesure de la comprendre et pourtant elle n'était pas assez crédule pour ne pas avoir ressentit que ce lieux était aussi fascinant que dangereux. Tous ce qu'elle avait ressentit depuis qu'ils s'en étaient approchés en était la preuve.

Et soudain lorsque l'inconnu émit un son grave, tout sembla s'arrêter un instant. La jeune fille avait à présent reporté son attention sur cet individu qui l'accompagnait et qui apparaissait plus puissant encore à proximité de cette étrange cité. Et la question qu'il lui posa ensuite ne l'étonna pas, elle avait effectivement une idée de ce qui avait pu arriver au peuple de cette cité... Il suffisait d'avoir eu à lutter contre l'attirance qu'inspirait cet endroit, contre cet appel qui semblait murmuré par l'ombre elle-même...

"- Oui, je pense que je commence à comprendre ce qui a pu arriver à ce peuple..."

Elle regarda à nouveau la cité et rien qu'à la voir, elle remarqua que l'envie de la visiter était forte, sans prendre en compte le "chant" qui essayait en plus de persuader les âmes de s'y aventurer. Cet appel lugubre et portant si attirant, la jeune fille n'en oubliait pas la force mais elle admettait surtout ne pas en connaître l'origine. Ces lieux abritaient sans aucun doute des secrets qui devaient dépasser son entendement. Mais elle ne se voilait pas la face, elle savait pertinemment que ses propres connaissances étaient très limitées même si cela était surtout du à son âge très jeune vampire et donc malgré tout ce qu'elle avait appris, il lui restait énormément à apprendre. Et ce monde souterrain que cet inconnu lui montrait était, elle en était consciente, une chose unique que peu de gens avaient la chance de voir. Un fin sourire apparut sur les lèvres de Kaylïn, elle ne regrettait vraiment pas d'avoir accepter d'entreprendre cette interminable descente...
Mais qu'allait-il se passer à présent? Elle n'osait pas bouger, ces lieux lui était étranger et tant que l'inconnu qui l'avait guidé jusqu'ici n'avancerait pas, elle resterait là, elle aussi. Elle avait appris, déjà longtemps auparavant que l'imprudence était une faiblesse du à l'inconscience du danger... Et même si elle n'était pas effrayée, elle n'oubliait pas pour autant les enseignements qu'elle avait reçut. Elle ne se laisserait pas submerger par les sentiments éphémères qui la traversaient telle que la curiosité à moment précis.

Mer 15 Nov 2006 - 18:21

L'inconnu fixa son regard sur le visage de Kaylin, comme s'il réfléchissait. Plus il la regardait, plus elle captait son intérêt. Les rares fois où un être de la Surface avait été anemé en ces lieux, il ne tenait pas jusqu'à la moitié de la descente. Arrivé à mi-chemin, soit il rejetait ce qui lui était présenté, et repartait en courant, laissant la terreur dominer ses réactions. Soit, dans le cas où il possédait déjà en lui de forts germes d'Ombre, il cédait à l'appel hypnotique d'en-Bas et se précipitait vers le fond du gouffre, comme un oiseau fasciné par le regard d'un serpent. Elle, était différente. Sans répugner au Chant qui inondait l'air de ses vagues tentatrices, elle lui résistait pourtant avec un calme sans faille...

Sans se presser, il bougea, mais sans s'engager sur le chemin qui menait vers le bas de l'immense entonnoir. Au contraire, il s'avança vers le côté de la route. Là, se dressait deux bancs de pierre polie, qui semblaient avoir été taillés là des millénaires auparavant. En le regardant, peut-être des souvenirs revenaient-ils à l'être en robe noire. Peut-être, derrière ses paupières closes, passaient des images du temps passé. Des images d'un peuple à la peau noire, à l'apparence elfique, qui habitait jadis cette ville souterraine.

Des images où peut-être, des philosophes de ce peuple s'étaient réunis sur ces bancs, devant le panorama de Lech'Dessen, pour débattre de la marche à suivre de leur race. Sans doute avaient-ils débattu longtemps, de cet étrange appel qui les guidait, qui les poussait à creuser toujours plus profond, faisant descendre leur cité au même rythme que leur puits, jusqu'au fond du gouffre. Certainement, avaient-ils envisagés d'y résister, de cesser cette descente aux enfers dontils ne pressentaient qu'une chose: qu'elle les mènerait à leur propre destruction. Mais déjà il était trop tard : le Chant les avait saisis jusqu'à l'âme, et ne les lâcherait pas.

Et peut-être, appuyé à la balustrade non loin de là, y avait-il eu un homme aux longs cheveux de nuit, au visage de cire, qui les écoutait parler, avec sur ses lèvres le sourire las de celui qui sait.

Mais ces pensées s'interrompirent bientôt, tandis qu'il revenait au présent. Sans hâte, il se dirigea vers les sièges de pierre et prit place sur l'un d'eux, invitant du geste Kaylin à l'imiter. Soigneusement, il lissa les plis de sa longue robe noire, croisant les jambes dans une position qui n'avait pas grand-chose de provocateur de la part d'un être aussi peu humain.

"Cela vous déplairait-il qu'avant de poursuivre, nous prenions quelques minutes pour parler? Toutes mes excuses d'ailleurs : je ne me suis même pas présenté. Ceux qui vivent sous le soleil m'appellent Iblîs Nemrodus, ceux qui habitent les lieux comme celui-ci me surnomment le Marcheur d'Ombre..."

Une fraction de seconde, son visage pivota pour se fixer sur un coin d'obscurité, où l'une des tentacules immatérielles bougeait, celle qui les avait déjà menacés tout à l'heure. Il leva la main, et une sorte de tourbillon magique se mit à y tournoyer. Bientôt, il se stabilisa sous la forme d'une bulle transparente, qui grandit très rapidement, jusqu'à dépasser Kaylin et former une sorte de cocon invisible, qui fit taire le chant lancinant du fond du gouffre, et tint à distance les frôlements légers des présences invisibles.

"Je voudrais vous poser une question, si vous le voulez bien. Quand vous avez accepté de visiter ces lieux, vous saviez que vous y trouveriez l'Ombre. Qu'est-ce qui vous attire chez elle? Pourquoi la préférez-vous à la lumière, assez pour suivre sous la terre un démon comme moi?"

A l'abris du soleil.... [libre!!!]

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