Le jour pointait son museau humide en mouillant les herbes des collines avec de la rosée. Déjà, se sol magnifique était foulé par un jeune homme. Il avait les traits fins et doux, mais son regard transperçant, aussi acéré qu'une lame d'argent, était caché par un bandeau noir, de deuil.
Enfermant son bras droit, des serres d'aigle étaient fermements aggripées au bras de Targaën. Celui ci semblait méditer sur l'identité de la nouvelle rédactrice à scandale qu'il avait embauché. Ils n'avaient communiqué que par lettres, et jamais ils ne s'étaient rencontrés. Cependant, aujourd'hui, c'était différent. Ils allaient se voir, enfin rencontrer plutôt, pour la première fois. Serait-elle choquée par la présence de se bandeau sur ses yeux ? Peut-être, peut-être pas. Cependant, il s'en fichait pas mal. Il était habitué maintenant à se genre de choses. Il leva le bras et sentit l'entreinte de l'aigle se desserer lorsque le rapace s'élevait dans l'air. Il sentit la bise lui caresser le visage, et huma dans l'air cette belle portion d'humidité forte, mais pas trop pour lui lacérer les poumons à chaque inspiration. Il était vêtu de noir, comme d'habitude en fait.
Il entendit le cri de l'aigle, ce même cri qui prévenait le possesseur de l'oiseau que celui ci allait se poser de nouveau. Il tendit le bras, bras qui se plia après le choc de l'impact. Il flatta les plumes de l'animal, puis il tourna la tête, ayant entendu des bruits de pas.

"Amélie ?" demanda-t-il, se fiant un peu à ses instincts. Il ne savait si c'était elle, mais quelque part, il le savait aussi.[/list]

"En personne..." répondit une voix assez fine pour être celle d'un femme. Elle avait un léger accent, une accent du nord et un ton empreint d'une légère ironie. L'homme ne pu voir le haussement de sourcils de la jeune femme à la vue de son bandeau sur les yeux. Elle posa aussi ses yeux sur l'aigle, émerveillée.

"Somptueuse créature." dit-elle tout bas en détaillant avec une facscinantion respectueuse la bête de plumes.

Targaën pu perçevoir alors les pas de la jeune femme qui s'approchait de lui, en face. Une main se glissa dans la sienne... puis l'agita avec vivacité.

"Enchantée de vous rencontrer."

Targaën entendit la voix de la femme lui répondre. Il fut soulagé. En tout cas, lorsqu'elle agita sa main, il fut légèrement surpris. Il n'était pas très habitué à une telle façon de dire bonjour, en tout cas pour l'instant.

"Enchanté de faire votre connaissance. Puis-je vous inviter à marcher avec moi ?" demanda-t-il poliment. Il sourit doucement, il retira sa main de celle d'Amélie, le plus doucement possible. De son autre bras, il sentit l'aigle se pencher pour observer l'interlocutrice de son possesseur. Il lança un cri un peu trop aigu au goût de Targaën, mais l'aigle serra sa poigne de fer un peu plus, pour montrer qu'elle était digne de confiance.

[Se sera certainement mon dernier message avant Mercredi 26. TU m'en veux pas ? Mais je dois aller en Alsace demain, et comme je squatte soit l'ordinateur à ma mère en cachette, soit l'ordinateur de ma soeur parce qu'elle est pas là mais qu'elle rentre se soir, je pourrai pas répondre.. Désolé]

[Si je t'en veux ? Mais je vais t'écraser la tête contre un bananier d'Alaska en te déformant les deux oreilles avec mes pieds !!! Je vais piétiner tes cheveux pour te faire souffrir, je vais les tordre, les mordre, les couper et même... Les coiffer !!! Je suis cruellement démoniaque !... Gniiaaaaaaaaaaaark !!!
Bon en fait, je vais juste me contenter de te dire à bientôt... Mais rammène-moi des palmiers alsaciens aussi. Sinon je te met une choucroute garnie dans la culotte...]

Elle recula d'un léger pas au cri de l'aigle en faisant un petit "Ouah !" impressionné par la puissance de l'animal.

"Se sont vos yeux ?" demanda t-elle à tout hasard en pensant que le magnifique volatile devait être la canne blanche de l'homme.

Elle rejeta ses cheveux en arrière et tendit la main sans aucune prudence vers l'oiseau au regard de roi impitoyable. Elle aimerait tant le toucher, caresser du bout des doigts ses ailes... Ce devait être tellement doux un aigle, tellement fort...

Targaën haussa un sourcil sous son bandeau.

"Mes yeux ? Il me prévient s'il y a un danger et c'est un compagnon. Attention, il mord ceux qu'il n'aime pas.." dit il en sentant l'étrange envie qui émanait d'Amélie. Il tendit le bras sur lequel se tenait l'aigle vers la jeune fille, et la laissa flatter le plumage de l'animal.

"D'habitude, c'est l'air qui est mes yeux. Voyez vous, c'est mon élément. Cependant, si jamais je n'arrive pas à distinguer les vents naturels des vents maîtrisés, je pourrai m'égarer un peu trop.." dit il d'une voix calme, parfaitement stable, et de ce même air fraternel. Ses cheveux blancs et gris voletèrent quelques instants sous l'effet d'une petite brise, et il tourna la tête vers un arbre au milieu des collines.

" Voulez vous vous reposer sous le feuillage d'un arbre ?" demanda-t-il.

Elle laisse glisser triomphalement ses doigts sur les plumes du puissant animal. Tant de force, de tenue et de dignité en une telle douceur. C'en était jubilatoire. De côté, en réponse au discours de son interlocuteur, elle répond un vague "Haaa ! Moi, je suis terra." préférant laisser son esprit être absorbé par le toucher jouissif de l'oiseau.

Lorsque ses doigts quitte le plumage de l'aige, d'avantage par respect que par envie, elle reporte son attention sur son patron.

"Oui, j'irais bien m'asseoir." dit-elle d'une voix calme, apaisée par le contact de la divine bête sûrement.

Elle veut prendre le bras de l'homme pour le guider jusqu'à l'arbre mais quelque chose la retient... Mais oui ! Comment sait-il qu'il y a un arbre ? Il doit voir pour de vrai ! Le vent peut-il lui indiquer cela ?

Et puis, s'il a besoin d'aide, il le demandera, n'est-ce pas ?...


Elle reste là, debout et interdite face à lui.

En commençant à marcher, Targaën sentit la question titiller l'esprit d'Amélie. Il se retourna et s'approcha d'elle, doucement.

" Ecoute attentivement, Amélie.." lui dit il doucement, presque en murmurant lorsqu'il fut arrivé près d'elle. Il se tut ensuite. Unbruissement de feuilles par le vent se laissa entendre. Une branche craqua au grès du vent.

" Ecoute ton élément lorsqu'il te parle. Tu apprendras des choses que tu n'imaginais même pas.." reprit-il quelques secondes plus tard. Il lui sourit. Ses mèches blanches voletèrent quelques secondes avant de se reposer par dessus le bandeau.

La jeune fille acquièce, en levant les yeux au ciel cherchant à "entendre" son élement... Oh, et puis, elle n'y arrive pas. Ce n'est pas pour rien qu'elle fut virée de cours il y a quelques années. D'ailleurs, son employeur est-il au courant ? Probablement.
Et puis, bon, ces jolies paroles, bien que peut-être utiles ne lui rappellent pas frocément de bons souvenirs... A savoir l'enseignement qu'elle a "subit".

Elle se dirige vers l'arbre d'un pas lent.

"Une question me démange : pourquoi teniez-vous tant à me rencontrer ?" demande t-elle d'un ton poli mais enjoué par une éventuelle réponse amusante.

Targaën se redressa et suivit Amélie jusque sous l'arbre. Il haussa un sourcil en entendant cette question.

"Oh, vous savez, les employeurs aiment connaître ceux qu'ils embauchent.." dit il d'une voix légèrement amusée.

" Tenez.." dit il en cherchant la main d'Amélie. Il souleva l'aigle de sa main droite, et déposa les serres sur l'avant bras de la jeune amazone. L'aigle ne serra presque pas les serres, juste de quoi rester debout.
Targaën sourit.

"Je parie que vous en rêviez.." dit il un peu pour lui même.

L'amazone n'ose même plus bouger... Elle contemple en silence tous ses sens se décupler au contact de l'animal. Il est là, digne, froid, droit, comme le pilier du monde posé sur son bras blanc. Ses yeux perçants scrutent l'horizon comme un seigneur jaugerait son royaume du haut d'une tour. L'envie de voler devient contagieuse aux deux êtres qui se touchent... Elle sourit alors et murmure l'une des choses les plus sincères qu'elle eu a dire de toute son existence à Targaen :

"Merci..."

Elle se souvient la première où elle vit un aigle planer dans le ciel. Elle avait à peine dix ans et un cri perçant lui fit lever la tête. Le roi de la montagne était là, gracieux et majestueux, s'accaparant le monde de l'air comme une femme met ses plus belles parrures.
Amélie soupire de bien être.

"Comme s'appelle t-il ?" demande t-elle d'un ton presque enfantin.

Targaën sourit, ne sachant pas si le sourire avait été perçu par Amélie.

"Plume d'Air. Il a deux ans.." dit il en tournant la tête vers l'animal. Il tendit la main vers le bec de celui ci, en créant une sorte de brise pour guider ses doigts. Il flatta le bec de l'animal, et passa ses doigts entre les ailes et le corps du jeune volatile. Il prit ensuite l'autre main d'Amélie et la fit parcourir le même trajet, sur le corps de l'aigle.

" Au fait, tu as tout les droits pour publier ce que tu veux dans le journal. C'est pour ça que je t'ai embauché, " dit il en baissant le sourcil droit, comme s'il avait voulu faire un clin d'oeil.

"Mon jeune ami, raconte lui quelque chose.." murmura-t-il ensuite à l'"oreille" de l'aigle, qui peu après émit un cri perçant, exprimant la beauté et l'agilité.
Targaën tourna la tête vers Amélie, pour voir si elle avait compris le message..

Amélie hocha la tête. Elle n'allait pas se gêner pour tout raconter sur les blablas d'Elament. Quitte à ruiner les réputations, détruire les honneurs et se faire haïr (au point où elle en était en plus, elle ne se mouillait pas trop), elle prendrait tous les risques pour potiner un maximum. Ca allait rire et danser à Elament. Fête à chaque publication.

Elle se laissa malgré ses pensées emporter par le toucher de l'animal. Elle cligna des yeux lorsqu'il poussa un cri... Non, quel message ? Y avait-il quelque chose à déduire de cela ?

"Ca va bouger..." se contenta t-elle de dire, comme une réponse à l'animal.

Targaën secoua la tête deux ou trois fois. Il sourit ensuite. Apparement Amélie avait dû quitter l'école bien trop tôt. En tout cas, il s'en fichait, du moment qu'elle soit heureuse dans se qu'elle allait faire.

" Dîtes moi, Amélie, est ce la première fois que vous écrivez pour un journal ?" demanda-t-il doucement en passant la main parmis les plumes du rapace. Rapace qui s'envola pour aller briser la nuque d'un campagnol des champs. Targaën leva la tête, et regarda du mauvais côté, mais il s'en fichait. Il attendit la réponse d'Amélie, en remontant ses manches et secouant la tête, pour laisser une mèche tomber par dessus le bandeau?

Le langage des animaux ? Cours de quatrième année. L'année de spécialisation. Et puis, elle avait quitté les cours en début de troisième année... Cela ne la rendait pas sotte ni inculte, juste affaiblie et ignorante de ses dons.

"Oui, je rédigeais de petits articles pour les actualités sportives. Ce ne me passionnait pas et je restais dans l'ombre. Un de mes supérieurs m'a proposé d'écrire une nouvelle que nous avons publié dans différents numéros à la suite. Il m'a ensuite proposé de créer une mini-pages qui me serait réservée. J'ai sauté sur l'occasion. J'adore m'amuser des futilités de cette ville..." répondit-elle avec un air songeur, sans réfléchir à ses mots.
"J'adore choquer, perturber, faire naître des questions idiotes mais entêtantes dans la tête des gens... Et puis, ça obligera un minimum de respect... Vis-à-vis de certaines personnes..."

Elle pensait à Layna bien évidemment. Celle qui avait décidé, pour éviter les ennuis, de la rejeter. Ah ! Le pouvoir ! Facile, quand on l'a... Mais quand on vous le reprend ou qu'il joue contre vous ?

"Vous pensez certainement que je suis trop jeune, c'est vrai, la plupart des personnes qui dirgent l'Atia sont bien plus âgée et ont suivis une formation complète. Vous avez du apprendre que je n'ai pas terminé mes études. Cependant, ne pas être en phase avec mes dons ne m'empêchent pas d'écrire et je pense que mes connaissances sont suffisantes pour rédiger des articles fantaisistes..." ajouta t-elle en ponctuant sa phrase d'un sourire.

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