Anciennes blessures

Mar 14 Mar 2006 - 10:59

Le soleil se levait sur les étendues désolées des Monts Décharnés. Il faisait un froid très vif. Le brouillard enveloppait tout d'un manteau d'humidité, signe qu'une journée pluvieuse commençait.

Soudain, entre deux nuages, une forme plus claire passa à grande vitesse. Bientôt, Archael se posait gracieusement sur le sol sec et rocailleux. Il replia ses ailes de cristal et observa les alentours comme quelqu'un qui cherche à retrouver son chemin.

Après quelques secondes d'hésitation, il sembla reconnaître ce qu'il recherchait et s'enfonça entre deux hauts rochers. Il marchait lentement, et son visable habituellement paisible et rêveur était sombre, fermé, comme s'il remâchait de sombres pensées. Il arriva bientôt au pied d'un gros rocher noirci et cassé en plusieurs blocs.

"Aessethr" murmura simplement l'Ange. "Le rocher de la tombe..."

Il avança au pied du plus gros bloc et s'arrêta. Là, presque caché sous la masse noire, se dressait un simple tas de pierres surmonté d'un bout de bois mort. Archael se pencha, arracha la branche pourrie et la remplaca par une nouvelle, fraîche et dure, qu'il tenait à la main. Puis, debout face à la tombe, il resta longtemps immobile, tandis que le brouillard tourbillonnait autour de lui. Par degrés, son visage devenait de plus en plus sombre, prenant une expression de peine et de colère mêlée, surprenante dans ce visage toujours serein..

Un crissement. Le bois mort venait d'exploser dans la main qui le serrait de plus en plus fort. Archael contempla sa paume, profondément entaillée par le bois, avant de reporter son regard sur l'humble tombe. Une goutte de sang tombe et s'écrasa sur le sol. D'autres gouttes tombèrent à côté de la tache rouge, mais ce n'était plus du sang, mais des larmes.

Archael resta longtemps face au petit monument. Ce ne fut que plusieurs heures plus tard qu'il s'éloigna enfin de quelques pas. Il alla jusqu'à un surplomb rocheux qui dominait la plaine et s'adossa au rocher et contempla la Cité d'Elament, là-bas, dans la plaine.

Ven 17 Mar 2006 - 12:45

"*Vite, vite, vite...
Le moment presse, presse, presse...
Il ne reste plus beaucoup de temps, temps, temps...*"

Le vent apporta un chuchotement à peine persebtible qui se répétait, sans échos... Il venait peut être du lointain du ciel, ou de la terre qui s'étendait loin en dessous du surplomb rocheux en pierre sombre.

"*C'est peut être lui qu'il nous faut trouver*"

Les rayons du soleil perçaient depuis longtemps déjà l'horizon. La fin de la matinée sonnait son glas dans les cris des rares oiseaux qui osaient braver le froid du printemps...

"Vous devriez lécher la plaie avant qu'elle ne s'infecte" dit une voix infantile, surgissant de nul par...

Puis apparut petit à petit Ruby. Debout, à côté de l'ange se trouvait une petite fille, simplement vêtue d'une robe bleuâtre. Le vent soufflait fort mais pourtant, pas une seule vaguelette qui aurait pu trahir un mouvement n'était visible sur le tissu lisse. Ni même dans sa cheveulure violette qui lui tombait jusqu'aux genoux...
Et même malgré la lumière, ses yeux rougêatres n'avaient aucun reflet...

"Et enlever les échardes aussi..."

A côté de l'ange, légèrement sur la pointe des pieds pour mieux observer la plaie, la petite fille était comme absorbée dans sa comtemplation.
Lorsqu'elle releva le visage, des mèches de cheveux s'écartèrent, laissant voir sur son front une couronne frontale de forme triangulaire reposant sur une peau blafarde. Alors, un sourire fendit sa petite bouche...

"En plus, ce doit être assez douloureux comme blessure!"

Lun 20 Mar 2006 - 20:50

Archael ne répondit pas. Il dévisagea pendant quelques instants la petite fille qui venait d'apparaître. Puis il contempla sa main blessée avec indifférence, mais suivit le conseil de sa petite visiteuse et porta la coupure à la bouche pour la nettoyer. Lentement, les souvenirs qu'avaient soulevés la visite à la tombe se calmaient et cessaient de tournoyer dans son esprit. La paix retombait peu à peu en lui...

Il s'arracha à nouveau de sa méditation et fixa l'enfant apparue comme par magie. Elle irradiait quelque chose de curieux, de profondément inhabituel. Quelque chose qu'il n'avait jamais rencontré, même au cours de ses interminables voyages. La Grande Mémoire elle-même, à laquelle il aurait pu avor accès, ne contenait aucune information qui se rapproche de cette petite fille. Humaine? Non. Ange? Non plus. Elfe? Elle y ressemblait par certains côtés... la mélancolie, l'apparente fragilité... mais non. C'était autre chose... cette petite fille différait de tout ce qu'il connaissait. Habituellement, il excellait à sonder rapidement ceux qu'il renconctrait. Avec elle, ce n'était pas même la peine d'essayer. Elle était aussi insaisissable que l'eau d'un torrent, aussi mystérieuse que le chant d'une source. Et elle avait quelque chose de... lointain, de transparent.

Il ne répondit pas, car il sentait que ce n'était pas encore le moment de parler. La souffrance qui habitait son coeur était encore trop vive pour qu'il aie envie de l'aviver. Son passé... ou plutôt celui de toutes les mémoires d'autres anges qu'il abritait en lui, était tellement rempli d'horreurs qu'en parler ne ferait qu'en évoquer les spectres.

Et à propos de spectres... il lui semblait sentir quelque chose tournoyer dans l'air. Quelque chose de léger, comme un chuchotement... Distrait par ses pensées, il heurta un rocher de sa main blessée. Une onde de douleur résonna dans son bras... le calme revint rapidement, mais quelque chose l'intriguait. Il était trop perturbé en ce moment pour vraiment analyser ses perceptions. Mais à l'instant où il avait heurté sa blessure, il lui avait semblé que le chuchotement était devenu plus proche, plus fort, pour un instant...

Jeu 23 Mar 2006 - 13:44

Avec admiration, la petite fille translucide observait de deux yeux braises les deux ailes transparentes de l'ange. La lumière passait au travers, comme s'il s'agissait de cristal. De tout ce qu'on lui avait appris, elle ne se rappela pas que des ailes d'ange transparentes n'ai été citées. Peut être était-il le seul de toute la grande race des anges à posséder deux magnifiques appendices de cette couleur... qui n'en était pas une d'ailleurs.

Il était grand - pour la race des Hommes - et de court scheveux dorés lui encadraient un visage à la peau parfaitement lisse. Le saphir aux teintes quel peu mauve qui lui ornait le front ne faisait que mettre en valeur la couleur de sa crinière.

Il était beau, et plus que cela.

Il n'y avait que la tristesse et le désespoir sourd qui perçaient dans ses yeux - aux mêmes nuances que la pierre - qui tâchait cette magnificence. Ses yeux étaient comme deux abîmes qui aspiraient la vie. Ils n'avaient pas de reflets. Aujourd'hui en tout cas, et elle espérait que cela changerait.

Sa curiosité fut poussée lorsqu'il fit enfin ce qu'elle lui conseillait. Il porta sa main à sa bouche et laicha la plaie, se mettant au passage un peu de sang sur les lèvres. La jeune fille, d'un geste réconfortant, aurait bien put essayer de le toucher, mais elle n'était pas matériel. Et elle ne le serait pas encore un moment si on ne venait pas l'aider.

Elle tourna le visage en fermant les yeux, cherchant au fond d'elle, dans son corps posé loin, dans son âme qui faisait d'elle ce qu'elle était, la force de poursuivre ses recherches. Et il était peut être l'aboutissement d'autant d'efforts.
Mais, étrangement, elle ne voulait pas lui parlait, elle n'osait pas plutôt.

Mais les murmures de son esprit s'en chargèrent pour elle.

"*Ecoute là jeune fille...
Oui, écoute là... "*

Puis le vent reprit ses droits alors que Ruby adressait à l'ange un regard pitoyable.

"Vous êtes la personne que je cherche." dit elle finalement...

Sa voix était atone pourtant. On n'avait pas l'impression que c'était le désespoir qui la faisait venir ici, ni celui-là même qui la forçait à continuer à se battre pour vivre.
Mais une chose était sûr dans l'esprit de la Cristalléenne, si elle ne trouvait pas d'aide, elle mourrait.

Jeu 23 Mar 2006 - 14:12

Archael porta une main à son front en percevant les voix qui tounoyaient dans l'air, impalpables et fantômatiques. Mais présentes, terriblement présentes. Car au fur et à mesure qu'il sortait du terrible gouffre des souvenirs stockés en lui, son coeur d'Ange retrouvait la capacité de ressentir l'invisible...

"*Ecoute... ecoute, Ange meurtri... ecoute... la jeune fille...*" martelaient les Voix.

Quand il entendit la courte phrase de la petite fille, il leva les yeux de l'estafilade de sa paume et plongea son regard dans le sien. Les deux paires de prunelles, rouge terne et bleu-violet, restèrent longtemps soudés l'un à l'autre. Sang et ciel. Rubis et saphir. Escarboucle et lapis-lazuli. Il n'y avait presque pas de vie dans ces regards, comme si l'intérieur de ces deux êtres ne béait qu'un abysse sans fond et sans lumière. Sec. Mort. Dévasté.

*J'ai vu ces yeux chaque jour*, pensa l'Ange. *Chaque fois que je me regarde dans un miroir.*

Il laissa glisser son regard sur celle qu'il venait de rencontrer d'une manière si étrange. Il n'y avait pas de mots pour la qualifier. Elle était irréelle, comme si elle n'appartenait pas à ce monde. A vrai dire, il aurait été bien en peine de dire qui, entre la petite fille et les voix d'ombre qu'il entendait, était le plus réel. Son petit visage aux traits fins respirait encore la pureté et l'innocence de l'enfance. Mais il semblait vieilli, comme si la dureté de la vie y avait imposé une marque presque invisible mais aussi profonde qu'une brûlure au fer rouge. Quand à sa voix... elle n'avait aucune profondeur, creuse et sans intonation, hormis cette expression de supplication intense ans ses iris écarlates. Mais cette voix l'avait tiré du gouffre de ses Mémoires plus vite que n'importe quelle technique qu'il avait créée pour cela, en près de trois siècles de vie...

Finalement, l'Ange rompit le silence qui planait, pesant. Sa voix n'était pas très forte, mais avec une consonnance un peu cristalline, très différente des harmoniques des voix humaines... ou même des autres Anges. Comme le bruit d'un verre en cristal qu'on heurterait.

"Quand le destin décide que deux choses doivent se rencontrer, même s'il s'agit de deux lourdes pierres impossible à bouger, ni leur poids ni la distance ne peuvent empêcher qu'elles se rencontrent un jour..."

Il s'assit sur le sol, juste devant la petite fille, le visage tourné vers l'horizon. Entre tous, ce jour était un jour de mystères. Cela faisait cent ans exactement aujourd'hui. Et cette petite fille qui sortait du néant, avec au fond de ses iris la même expression qui imprégnait les siens. Hasards... ou bien les rouages du destin s'étaient-ils mis en marche une fois de plus...

"Parle, enfant de nulle part...", murmura doucement le Trône.

Le ciel, déjà pluvieux au début de la journée, était maintenant teint d'un gris presque noir. La lumière était si voilée qu'on aurait pu croire que le crépuscule était déjà là, alors que la journée n'avait pas même atteint la moitié de sa drée. Les grondements d'orage roulaient depuis plusieurs minutes dans les vallées qui entouraient la Cité des Elements. Un éclair fendit le ciel et inonda d'une lumière . De leur poste d'observation, Archael et l'enfant dominaient une bonne moitié du pays. La vallée était visible, plus bas, entre deux passages de nuages blanc sale qui s'effilochaient dans le vent. Personne d'autre ne devait être dehors par ce temps. En effet, de grosses gouttes d'eau tombaient déjà, promettant de se transformer en véritable déluge. Mais cela ne semblait déranger ni l'un ni l'autre. Les gouttes d'eau ruissellaient sur les cheveux blancs, le visage et les vêtements du Trône, mais ne parvenaient pas à les mouiller. Elles coulaient sans laisser de traces, tandis que les yeux de pierre de l'Ange continuaient de s'ancrer à l'horizon...

Sam 25 Mar 2006 - 12:43

Un soupir cristallin accompagnait la voix de l'ange. Loin d'être magique, elle était un peu hypnotique de par son écho clair.
Durant quelques secondes, il avait fixé le regard de la petite fille qui, loin d'être de glace, se sentait complétement nue, comme si on l'observait à l'intérieur. C'était comme si les prunelles de l'Ange avait la capacité de voir au travers de son âme.
Etrangement, même si la sensation n'était pas agréable, elle piquait la curiosité de la cristalléenne. Jamais personne ne lui avait fait ressentir ça. Sauf peut être... un être dont elle ne se rappelait plus très bien.

Lorsqu'il lui demanda de parler, elle fit d'abord comme lui et s'assit sur le sol caillouteux et humide. Mais elle ne sentait ni la plus qui passait au travers de son corps, ni les cailloux qui étaient censés lui rentrer dans la peau.
Et elle changea de forme.
Elle reprit sa forme naturelle. Celle d'une jeune femme, très jeune même. Sa chelure passa du violet au blanc. Presque le même qui composait celui de la cheveulure de l'Ange, mais en plus terne. Son visage vieillit un peu mais ne changea pas beaucoup. A son épaule, apparut un tatouage en forme de loup. Un loup de la couleur de l'acier pur, dont les reflets des poils passaient du noir à l'argenté.
La robe courte se transforma en une longue robe qui lui laissait les épaules nues. Le tissu était d'un joli bleu.

"J'ai besoin d'aide." dit une voix qui avait étrangement vieillit dont même le fracas des gouttes de parvenait à masquer la douceur.

"Et, pour le moment, vous êtes le seul à être receptif..."

Le soupson de désespoir qui, un peu avant, donnait à la voix de l'ancienne professeur un air pitoyable, avait disparut, remplacé par un espoir improbable et peut être vain. Mais l'espoir faisait vivre, et c'est pour cela qu'elle était encore là, sous un ciel couleur gris foncé dans lequel des éclairs apparaissaient parfois, sous un vent (force 12 xD) fort qui ne faisait même pas onduler ses cheveux et sur le haut d'une montagne rocailleuse, elle était là pour vivre.
Mais le temps passait et sa conscience s'effilochait, comme une pelote de laine. L'effort que lui demandait le fait de préserver sa personnalité était éprouvant pour son corps qui se trouvait loin de là.

Sam 25 Mar 2006 - 17:36

"Réceptif..." répliqua l'Ange d'une voix lente. Tranquillement, il tourna la tête et regarda longuement la jeune fille. Les seuls êtres aux monde à pouvoir changer de forme étaient ceux qui étaient détachés temporairement de la matière. Et cette transparence, cette impression de distance qu'elle émettait...

"Réceptif aux voix de ceux qui ont perdu leur enveloppe corporelle, n'est-ce-pas..."

La voix du Trône étaient toujours aussi dénuée de passion. Comme si les sentiments avaient tellement usé son coeur qu'il n'était plus capable de les manifester réellement. Comme s'il lui fallait réapprendre cela. Néanmoins, il se tourna vers celle dont il ne connaissait pas le nom..

Néanmoins, il se tourna totalement vers Ruby, une étincelle d'intérêt semblant d'être allumée un instant au fond de ses yeux de cristal. Ce qui lui permit d'apercevoir la légère contraction des lèvres de sa fragile interlocutrice et la bref vibration qui estompa un instant ses contours. On aurait dit un souvenir que tout le monde a presque oublié, et qui tente de se maintenir en vie avant de pâlir peu à peu, s'effaçant et se disolvant dans l'air. Lesvoix n'évaient-elles pas dit "le temps presse?"

"Tu peines à maintenir cette apparence?"

Dim 26 Mar 2006 - 0:35

Etrangement, l'ange tutoyait la jeune femme. Chez elle, le respect était primordial, et elle ne tutoyait pas les gens sous sa forme adulte. Les convenances ne lui permettaient pas de s'exprimer ainsi.
Ruby admira encore quelques secondes la posture de l'ange. Depuis le début, c'était la première fois qu'il la fixait réellement. Elle voyait vraiment son visage, doux mais dur, les traits lisses mais pour autant sage. La pluie ne collait pas les cheveux du Trône sur son visage, ne trempait pas ses vêtements. Mais, quel élément maitrisait-il pour ne pas être mouiller? L'eau?
Et puis, après tout, l'esprit s'en moquait un peu, elle n'était pas là pour ça. Mais elle ne put s'empêcher de regarder la pluie ruisseler sur les ailes de cristal ou de verre de l'être angélique...

"Moi, sous cette forme, je ne ressens rien. Mais on corps, lui, doit être très affaiblit."

La jeune femme installa ses jambes en tailleur et posa la paume de ses mains sur ses genoux. Et, le dos droit, elle soupira, avant de pencher la tête sur le côté.

"Vous êtes le premier à comprendre que je ne suis pas vraiment matériel. Mais aussi le premier à ne pas être fermé complétement aux voix."

Elle marqua une pause et ferma les yeux, puis, levant son visage vers le ciel, permis aux quelques rares rayons de lumière qui passaient au travers des nuages d'éclairer son visage. Mais, dans l'ensemble, son corps n'avait pas besoin de lumière. Il brillait de lui même d'une lueur qui venait de l'intérieur de son corps.

Puis elle rabaissa son visage et reprit, les yeux plongés vers l'horizon:

"Elles sont tellement belles... On les croirait venues d'un temps lointain et sage. Elles savent tout de moi et tout de vous, mais ne veulent rien me dire. Elles sont mes amies mais ne m'aident pas. Elles possèdent la connaissance mais ne veulent pas la transmettre. N'est-ce pas illogique?
J'ai l'impression qu'en faite, elles viennent de moi, que c'est moi qui les ai créées. Mais se serait me vanter. Je ne possède pas ce pouvoir.
Alors, peut être viennent-elles de vous et elles m'ont appelé."

La forme féminine leva les yeux vers le regard mauve de l'Ange.

"Mais, dans ce cas, comment pourraient-savoir ce qu'elles savent?
Alors, j'en suis venu à la conlusion qu'elles étaient d'un ressord plus élevé. Qu'elles étaient un peu les envoyées de la Déesse Louve..."

Un pâle sourire tordit sa petite bouche infantile, creusant des faussettes dans ses joues lisses sur lesquelles la pluie ne ruisselait pas. Mais les yeux de la Cristalléenne restait toujours sans éclat.

"Comment deux énormes pierres peuvent-elles se rencontrer?"

Lun 27 Mar 2006 - 12:57

[RP: Chronologiquement, on va dire que ce post remonte à mon arrivée dans la Cité, arce que mon perso a évolué entretemps ^^ ]

Archael ne répondit pas tout de suite. Il ne parvenait pas à détacher son regard de la jeune fille. Elle était... étrange. Très étrange. Pas seulement à cause de sa situation d'esprit non corporel, mais... il avait ouvert brièvement la Grande Mémoire pour tenter de trouver quelque chose qui permettrait de l'indentifier. Peine perdue. Parmi les centaines de vies et de Mémoires d'Ange stockées dans son esprit, aucune n'avait jamais rencontré un être pareil. Il renonca et secoua la tête. Peu importait... si un jour il s'avérait nécéssaire qu'il sache, il l'apprendrait sûrement.

Il reporta son regard sur les énormes blocs qui formaient un chaos rocheux au pied des Monts décharnés, vestiges d'un très encien glissement de terrain. Cela le ramena à la question posée par la jeune fille. Une question que lui-même s'était longtemps posée.

"Comment? En temps et lieu..." répliqua-t-il.

Il eut un geste circulaire de la main.

"Au moment et à l'endroit exacts ou le destin l'aura décidé. Ses moyens sont très nombreux... Peut-être un tremblement de terre fera-t-il s'effrondrer la montagné qui soutient l'une d'entre elles tandis qu'une éruption volcanique trnasportera l'autre jusqu'à ce qu'elles se rencontre. Peut-être un peuple les utilisera-t-il toutes deux pour construire un temple à son dieu. Peut-être devront-elles être réduites en poussière impalpable et franchir des pays entiers, avant que des siècles plus tard elles finissent par se rencontrer..."
Il se baissa et ramassa une poignée de poussière.

"Et peut-être emportons-nous, collée à nos chaussures, un peu de cette poussière, car nous aussi nous participons au grand jeu du destin. Nous ne sommes que de petites pièces sur l'échiquier de l'Univers..."

Archael se pencha vers la jeune fille fantômatique et déposa la poignée de terre sèche devant elle.

"...et peut-être es-tu comme ces pierres. Etre réduite en poussière est douloureux pour les pierres. Mais c'est grâce à cela qu'elles peuvent continuer à suivre leur destin malgré la douleur. Cette même douleur qui habite tes yeux - et les miens", ajouta-t-il sur un ton plus sourd. "Peut-être es-tu aussi comme l'une de ces pierres destinées à passer par la souffrance pour en rencontrer une autre, dans un autre lieu et un autre temps."

Il remarqua distraitement qu'elle avait tiqué quand il l'avait tutoyé. Il renonça à lui expliquer que jamais les Trônes n'avaient compris l'usage du mot "vous" dans les langues des peuples de la terre. Dans les cieux, il n'y avait pas de différence entre "tu" et "vous". Un même mot était utilisé. En effet, les anges de jadis avaient décidé qu'introduire des différences dans la façon de s'adresser aux autres ne créait que malentendus et disputes... mais là aussi, peu importait.

"Les Voix... non, tu as raison, elles ne viennent pas de moi. C'est quelque chose de très étrange. Très rares sont ceux qui parviennent à les entendre, même parmi les Anges. Parfois, même les plus grands médiums en sont incapables... Que sont-elles? D'où viennent-elles? Nul ne le sait... de nous-mêmes? D'un autre monde? D'un ancien Dieu? Ou peut-être... de tout cela à la fois?"

Il laissa son regard dériver sur la vallée.

"Mais comment expliquer alors qu'elles soient si proches de nous? Que certains personnes en possèdent mais passent leur vie entière sans les entendre une seule fois? Ou que d'autres, comme moi, puissent les percevoir mais n'en possèdent pas? Ou qu'enfin, plus rarement, il soit possible d'entendre chuchoter les siennes? Qui sait? Tant de choses restent encore inexpliquées en ce monde..."
Il se laissa aller en arrière, les bras croisés sous sa nuque et son regard de jade bleu, dur et profond, perdu dans le ciel. Mais ses pupilles ne reflétaient toujours pas le moindre rayon de soleil.

"Mon maître disait que le monde était imparfait et que c'était pour cela qu'il était magnifique. Peut-être avait-il raison... mais j'ai vu pendant si longtemps les laideurs de ce monde que je n'arrive plus à voir sa beauté..."

Il tourna légèrement la tête pour regarder sa compagne. Il fut encore surpris par leur ressemblance. Il venait de découvrir quelque chose qu'il n'avait pas noté auparavant. Dans les pupilles de la jeune fille, au-delà de l'ombre de désespoir sourd qui les remplissait, par-delà l'étincelle d'espoir qui y luisait epuis quelques minutes... il pouvait voir une sagesse et un savoir qu'il ne pensait pas retrouver chez quelqu'un d'autre qu'un Trône. Avait-elle la Grande Mémoire, ce chapelet de vies cachées dans sa mémoire? Non. C'était quelque chose d'autre, mais elle semblait elle aussi cacher au fond de ses iris l'expression de ceux qui ont trop vu et peut-être trop vécu...

"Pourquoi ne peux-tu pas retourner dans ton corps?" demanda simplement l'Ange en se redressant lentement.

Là-haut, l'orage se calmait peu à peu, mais nul ne savait s'il s'agissait juste d'une accalmie ou si la colère du ciel s'apaisait définitivement.

Lun 27 Mar 2006 - 20:04

[Okay xD.]

La cristalléenne ferma les yeux comme pour savourer le vent sur son visage lisse.
Comme c'était étrange, c'était toujours lorsqu'on ne pouvait plus les voir, les sentir ou même les gouter, que les choses simples devenaient si manquante dans une existence. Ainsi, rares étaient les personnes qui se fascinaient de la simple comtemplation du ciel. Jusqu'au moment où leurs yeux devenaient aveugles et ne discernaient même plus les différences entre les éléments du paysage.
Et là, là c'était le toucher des choses qui lui manquait. Pourtant, la jeune femme ne les percevait plus depuis peu de temps. Un temps qui était court mais qui paraissait si long.

Et oui d'ailleurs, quelle était cette chose qui avait provoqué son état? Un choc? Un accident? Ruby ne s'en souvenait plus. Et c'était peut être mieux ainsi. Comme cela, elle n'aurait pas à affronter une chose nouvelle, encore une épreuve qui ne ferait qu'émousser un peu plus la dague de ses sentiments.
Déjà, depuis la découverte de ses pouvoirs, elle était devenu si froide, si distante avec les autres. Elle ne se voyait pas comme une personne exeptionnelle, ni comme une chanceuse, encore moins comme une personne qui aurait reçu un don divin.
La première fois, elle s'était plutôt vu comme une étrangeté, comme une difformité de ce monde déjà si imparfait. Mais, toute jeune, elle avait déjà appris que c'était des impuretés qu'on obtenaient le plus dur des métals. De l'acier pur est fragile. C'était les impuretés, ces choses étranges et hord normes, qui faisait du monde ce qu'il était. Ainsi, Ruby abordait mieux le navire de sa bizarrerie. Elle était un peu comme un pirate qui voit dans un combat, non son improbable mort prochaine, mais sa richesse incertaine. Il fallait mieux voir le bon côté des choses.

"Ce sont justement les laideurs de ce monde qui en font sa beauté." dit elle en apparté lorsqu'il commenta ce qu'il avait vu dans le monde.

Mais, dans le moment actuel, quel était le bon côté des choses? Certe, voyager sous forme spectrale devait être éprouvant - si elle pouvait ressentir la douleur - mais c'était aussi la meilleure manière de surprendre les gens dans des actions et des expressions qu'elle n'aurait jamais pu voir avant. Voir les êtres sous un oeil nouveau. C'était raffraichissant de voir qu'on pouvait encore apprendre des choses!

Ruby rouvrit les yeux et s'adressa au Trône:

"Le tout n'est pas de savoir pourquoi je ne peux pas y aller, mais que faire pour y retourner."

Pour elle, trouver la cause du problème ne résolvait pas le problème.
Devant elle, le petit tas de poussière que l'ange avait fait prenait peu à peu l'eau et formait une espèce de coulée marronnâtre. La jeune femme voulu passer le doigt dessus, comme pour laisser l'empreinte de son ongle, mais elle passa au travers.
Ruby ramena sa main entre son coude et son genoux et posa son menton sur son poing et soupira.

"Vois-tu" commenca-t-elle en oubliant volontairement le 'tu' "pour entrer dans cet état, j'ai du subir un choc. Mais je ne m'en souviens pas."

Avec l'ange, la Cristalléenne avait échangé plus que des propos aimables. Ils s'étaient transmis des pensées intimes, des conclusions sur leurs existences. Etait-ce assez pour qu'elle le tutoyait? Qui sait. Et puis, après tout, il n'allait pas la blâmer puisqu'il l'écoutait.
Ruby l'avait écouté parler avec attention. Tout ses propos refletaient une sagesse qu'elle ne possédait pas. Certe, sa cheveulure avait pris une teinte blanche, mais elle ne se jugeait pourtant pas encore apte à devenir une sage, ni une chamane. C'était peut être pour cela, d'ailleurs qu'elle était tombée dans cet espèce de coma.
Mais comme elle l'avait dit au Trône, savoir pourquoi n'aidait pas à trouver comment.

"Je ne connais pas toute les traditions de mon peuple. Et, peut être cet état n'est en rien la cause d'un changement que j'aurais subit. Mais, prudence est mère de sureté disent les anciens dictons..."

Sa voix avait pris une note plus chaleureuse. Malgré ce qu'elle disait, la jeune femma aimait enseigner son savoir. Elle aimait instruire sur ce qu'elle savait. Et elle n'était pas totalement sûre qu'elle fut apte à apprendre à de jeunes personnes - aussi vieux qu'elle, la plupart du temps - ce qu'elle ne connaissait que partiellement. Il n'y avait pas plus dangereux que transmettre un savoir fragmentaire. Or, ici, elle était sur de connaitre parfaitement ce qu'elle allait dire à l'ange...

"Certains écrits disent que lorsque la Déesse Louve accorde à un mortel un don, elle leur accorde le droit de se marquer pour que tous puissent le reconnaitre. Ainsi, par exemple, les femmes en âge de procréer recoivent le tatouage de l'animal dont les manières de leur instinct sont les plus proches. Par la même occasion, les personnes apte à transmettre le savoir ... s'éclaircicent."

Une petit sourire dut à une ironie cruelle apparut sur ses lèvres. La jeune femme retira sa main de sous son coude et remit une mèche de cheveux derrière ses oreilles pointues.

"Ce qui se passe après, je ne saurais l'affirmer pour le deuxième exemple. Mais ce que j'en sais, c'est qu'on ne revoit pas les hommes et les femmes qui passent par cette épreuve durant plusieurs jours. Peut être passent-ils dans cet état, pour parcourir le monde et en apprendre encore. Je ne sais pas."

Ruby marqua une pause et releva la tête vers l'ange.

"Ainsi, j'erre, sotte, à la recherche d'une personne qui pourrait m'aider sans qu'elle ne sache que faire. Et, si je suis une déduction logique: Pourquoi n'ais-je pas été voir une personne de mon peuple? Je suis peut être sotte et niaise, mais ma fierté est encore là. Jamais personne ne demanderait de l'aide à un peuple aussi divisé que le mien. Je n'appartiens vériatblement à aucun clan. Et les clans ne transmettent pas leur savoir à une personne qui n'est pas des leurs."

[PS: j'commence à avoir des complexes que tu fasses des messages aussi beau xD]

Mar 28 Mar 2006 - 8:58

HJ: Mais les tiens sont tout aussi super Very Happy

C'est le meilleur RP que je fais depuis des mois pouces

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Le Trône laissa à nouveau son regard se perdre dans le ciel, ce ciel qui était toute sa vie. Il songeait aux paroles de la jeune fille qui était assise à côté de lui - si du moins on pouvait employer ces mots pour un être aussi transparent et fantômatique, qui semblait prêt à s'évanoir dans l'air à tout moment.

Ce sont les laideurs du monde qui font sa beauté, disait la jeune fille - enfant. Il n'avait pas besoin de réveiller la Grande Mémoire pour se souvenirs des horreurs qui peuplaient son passé. Enfin, le passé des Anges dont il possédait la mémoire, ce qui revenait au même. Tant de sang répandu, de pleurs versés, de flammes attisées, de haine dépensée au cours de centaines d'années de vie de ce monde... en qui cela pouvait-il être beau?

Là-haut, l'orage se calmait peu à peu. Un rayon de lumière flirtait parfois avec la terre, surgissant furtivement d'un nuage pour éclairer le sol d'une lumière dorée. Archael fixa la tache d'or de son regard vide d'émotions. Il lui semblait qu'il était sur le point de comprendre quelque chose.

La Cristalléenne et lui-même ne parlaient plus depuis plusieurs minutes. Il n'avait d'ailleurs pas répondu à ses dernières remarques, mais le moment viendrait vite ou la conversation reprendrait. "Le silence est parfois la meilleure chose à dire" avait jadis écrit avec humour un philosophe angélique. Et le silence entre l'Ange et la jeune fille n'était pas pesant. C'était un silence riche, parce que chacun suivait ses pensées tout en restant attentif à l'autre. Comme si, au-delà de leurs différences, leurs pensées se ressemblaient tant qu'elles étaient capables de comprendre l'autre sans même lui parler.

Il reporta son regard sur les rayons du jour. Peu à peu, la lumière se fit en lui. Il comprenait le sens des paroles de la fragile jeune fille, ou plutôt l'un des sens que l'on pouvait y attacher.

"Alors... Ce qui est beau dans ce monde, c'est que ses souffrances, ses laideurs n'empêchent pas la beauté d'exister? Qu'elles la laissent cohabiter sans la détruire? Et parfois même la renforcent?"

Il désigna un rocher non loin d'eux. Celui-ci avait une forme tourmentée, assymétrique, torturée. Sa couleur était d'un brun à la fois jaune et noir. L'effet était saisissant de laideur. Mais soudain, un rayon de soleil était tombé dessus, poudrant d'or la silhouette de pierre et l'auréolant de lumière. Les traits du roc semblèrent devenir plus vivants, se cherger de cheleur, de lumière, de bauté. Ses formes aïgues se détachant sur le ciel bleu-noir devenaient des flèches pointées pour atteindre le ciel.

"Même si je ne peux plus ressentir la beauté ni la joie qu'elle procure..." continua l'Ange à voix basse. "...je peux néanmoins savoir qu'elle est là..."

Il tourna son regard vers sa petite compagne de solitude. Elle aussi était à la fois le réceptacle de la souffrance du monde et de sa beauté. Le désespoir sans fond qui habitait ses yeux ternes trahissait la présence dans son destin de l'une des plus terribles choses au monde. Mais au fond, c'était peut-être cela qui la rendait si belle, ce contraste entre la pureté de ses vêtements d'azur et de sa peau blanche, et du puits sans fond de ses yeux... le même contraste entre sa voix morne et l'expression chaude et riche qu'elle prenait quand elle parlait comme un adulte enseignant à des enfants. Qu'avait-elle dit? "Les personnes aptes à transmettre le savoir..." Quelle chaleur dans ses mots. Comme si enseigner était la dernière chose à quoi elle puisse se raccrocher. La même chaleur qui animait sa propre voix quand il parlait du ciel et de la façon de voler dans l'air cristallin et pur du soir...

"Mais les Sages de ton peuple - ceux qui enseignent aux autres - finissent toujours par revenir après leur errance, lorsqu'ils ont appris ce qu'ils devront transmettre..."

L'Ange blanc ramassa doucement un caillou et le fit rouler pensivement dans ses mains. Il réfléchissait aux paroles de son interlocutrice. Il aurait pu demander tout simplement "Où se trouve ton corps, alors?", mais cela n'était pas son habitude de poser des questions aussi inutiles. Si la jeune fille ne savait pas comment retourner dans son enveloppe corporelle, c'était soit qu'elle ne savait pas où elle se trouvait, soit que celle-ci était hors d'atteinte.

"Si l'un d'entre eux abritait en lui, tout au fond de son coeur, une envie d'apprendre pour redonner à d'autres qui serait plus grande que quoi que ce soit d'autre..." murmura-t-il d'un ton pensif. "Si son amour pour le savoir du monde était plus important pour lui que n'importe quoi..."

Il se releva et regarda la jeune fille d'un air lointain, comme perdu dans un souvenir, comme si jadis il avait connu quelqu'un d'autre dans ce cas.

"Alors, si c'est quelqu'un de ton peuple comme tu me le décris... même s'il ne s'en rend pas compte, cette soif de sagesse le poussera à prolonger son errance encore et encore, jusqu'à ce qu'il aie la réponse aux questions que son coeur se pose..."

Il lâcha le caillou, qui rebondit dans la pente avec des claquement secs, puis s'immobilisa au fond du ravin.

"Et comme ce caillou, tant qu'il n'aura pas atteint son but, l'arrêter est difficile. ll faut être fort et habile pour cela... contrôler son coeur est l'une des choses les plus difficiles au monde."

Il s'interrompit, la gorge serrée.

"C'est là que moi-même j'ai échoué. Sais-tu ce que signifie mon nom? Archael... Arch-a-el, cela veut dire "Chef de Son propre Dieu". Celui qui a maîtrisé les dieux et les démons de son âme. Eh bien sans doute que je ne mérite pas ce nom... mais un jour... cela arrivera. Car chez les anges, le nom de chaque personne englobe son destin tout entier."

Il se tourna vers la jeune fille.

"Peut-être est-ce aussi ton cas. Examine ton être entier, ton corps, ton âme, ton esprit... tout cela dans tron nom. Peut-être cela te donnera-t-il une piste pour te comprendre toi-même, pour comprendre alors ce qui dicte le destin qui t'es imposé... Et de le changer, peut-être... Peut-être est-ce en cela que je puis t'aider."

Il laissa planer un instant de silence. Il ne conaissait même pas le nom de sa visiteuse...

Mar 28 Mar 2006 - 16:01

[J'vais pas dire le contraire de mon côté xD]

La jeune femme admirait l'éclat des rares rayons solaires sur les ailes cristalines de l'ange triste. N'était-ce pas ironique de voir un ange, cet être si beau et si sage, possedant les connaissances de milions d'êtres avant lui, être si triste.
Elle n'aurait voulut qu'une chose, poser sa main sur son épaule et le serrer dans ses bras. C'était désespérant de voir une personne aussi triste. Etait-ce l'image qu'elle même renvoyait aux autres?
Elle avait un pincement au coeur. Comme une aiguille enfoncée dans la peau. Elle ne désirait pour le moment qu'une chose, redonner le sourire à cet être.
Comment était-ce possible de ne pas voir la beauté des choses?

"Vous savez" dit-elle en jonglant avec les formes de politesse "ce n'est pas la laideur qui fait du monde sa beauté. C'est sous la laideur qu'elle se cache la plupart du temps."

La jeune fille soupira et regarda plus intensément l'ange.

"C'est dans le fracas des armes, sous les flots de sang, après la pire des guerres que l'on voit pousser les plus belles fleurs de la bienveillance humaine. C'est souvent après la misère et le malheur que survient cet élan de bonté caractéristique de l'âme humaine."

Puis elle ferma les yeux, essayant de discerner l'écho bref du caillou contre les rochers.
Elle même ne poratit-elle pas un nom de pierre? Ruby, la pierre rouge, de la couleur du sang. Ruby, la pierre vermeil.

"*Ruby*" chuchota-t-elle pour elle même

Puis, plus fort "Ruby"

Avant de compléter, à l'adresse de l'ange "C'est ainsi que je me nomme. Ou plutôt que l'on m'a nommée..."

La cristalléenne ramena ses genoux contre sa poitrine, et encercla ses jambes de ses frêlent bras. Rien de plus pitoyable que de voir ainsi une gamine que la pluie ne trempait pas, que le soleil n'éclairait pas, comme indifférente des choses humaines. Mais c'était aussi cela qui faisait sa beauté en ce moment.

Et puis, elle songea quelques instants à ce que l'ange lui avait dit.
Il fallait qu'elle trouve sa voie, qu'elle cherche à se connaitre plus profondément et plus intimement que jamais. C'était simple, en théorie. Mais, voulait-elle vraiment trouver en elle les démons qui habitaient son coeur?
Autant demander à une personne saine si elle voulait qu'on lui coupe un membre!

"Malgré ce que tu penses, rien que le fait de m'écouter m'appaise et m'aide à trouver le bon chemin. Tes paroles reflètent une sagesse que je n'ai trouvé que chez de rares personnes."

La jeune fille se détendit et se releva. Puis, dans un geste habituel mais inutile, épousta ses vêtements.

"Je m'en vais. Mais je reviendrais te voir. Et j'espère alors me souvenir de toi, cher Archael. Ce que tu m'as dis m'a éclairé plus qu'aucunes autres paroles citées dans ma vie."

Elle s'inclina devant lui, comme on devait le faire devant les chamanes ou les autres sages.

"Ce n'est pas un adieu."

Mais un éclair d'indécision passa sur ses traits. Peut être la première expression vraiment humaine que l'on pouvait voir sur son visage depuis le début. Mais, une expression vraiment infantile.

"Mais, toi, te souviendras-tu de moi?"

Mer 29 Mar 2006 - 9:12

HJ: post un peu plus court, parce que je risque d'être apellé d'un instant à l'autre pour aller en cours ^^

Le silence planait sur ces terres désolées. Là-bas, le soleil se couchait déjà. Déjà une journée avait coulé au sablier de l'Eternité, depuis le moment où il avait rejoint Aessehtr pour ce triste anniversaire. La discussion avec Ruby avait été peuplée de silence longs et profond, et le temps leur avait filé entre les doigts comme l'eau d'un torrent.

Archael plongea une dernière fois son regard dans celui de sa petite compagne. Regard d'escarboucle et regard de lapis-lazuli se soudèrent encore une fois. Pour la première fois depuis de longues années, Le Trône sentit son coeur s'éveiller brièvement à un autre sentiment que la tristesse. Il se souvint du surnom qui lui avait été donné des années plus tôt. L'Ange du Crépuscule... quel titre ironique quand on y pensait...

"Un adieu? Entre deux amis, ce mot n'existera jamais, Ruby..." dit-il doucement, en appuyant intentionnellement sur le mot "amis".

Il posa son menton sur l'un de ses genoux repliés. Plus que tout, il aurait voulu lever son bras et caresser la joue de Ruby pour pouvoir lui dire ce que les mots ne parvenaient pas à exprimer. Pour lui dire que depuis eux ans à Elament, elle était la seule à avoir jamais touché son coeur. Pour la première fois depuis qu'il était sorti de l'enfance, un vrai sourire, dénué d'amertume, de tristesse ou d'ironie, illumina fugacement son visage. Et au fond de ses prunelles ternes, passa une petite étincelle, brève, si brève... mais qui existait tout de même.

"Et que nous devions nous revoir dans un jour ou dans cents ans, je te promets que je ne t'aurai pas oubliée. Et que je te reconnaîtrai."

Il hésita un instant, puis, avant que la lueur qui avait éclairé ses yeux s'éteigne peu à peu, il ajouta:

"Et je voudrais te remercier, Ruby... parce que toute ma sagesse ne pouvait m'aider à comprendre certaines choses sur le monde. Grâce à toi, j'arriverai un jour peut-être à revoir la beauté et à verser des larmes qui ne seront plus de sang. Pour cela aussi... merci, Ruby."

A présent, tout était dit, ou presque. Il se releva et plongea son regard vers la Cité d'Elament, dans la vallée, à plusieurs heures de vol. Lentement, ses ailes se déployèrent, étincelantes, et se poudrèrent d'or dans les derniers rayons du soleil. Il fixa son regard sur la boule de feu qui disparaissait à l'horizon, sans ciller. Puis, sans qu'il batte une seule fois des ailes, il s'éleva lentement dans l'air, baigné dans la lumière dorée dans laquelle il semblait vouloir se fondre. Mais, arrivé dans le ciel, il se retourna encore une fois vers Ruby. Il la voyait, là-bas, menue et fragile petite silhouette debout sur les durs rochers. Il ne parvint pas à sourire encore une fois, car la brève lueur qui avait percé dans son coeur n'était pas revenue. Alors il recourut au pouvoir de l'Air, la Parole du Vent, pour porter son message. Une petite brise tourbilonna autour de lui, et, pendant que ses ailes l'emportaient loin dans le ciel, ce souffle vint envelopper Ruby, lui chuchotant à l'oreille les paroles de l'Ange.

"A bientôt, petite Ruby, à bientôt..."

Jeu 30 Mar 2006 - 13:58

[J'vais rien dire n_n]

Amis.
C'est ainsi qu'il la considérait. Mais elle, comment le considérait-elle, lui? Elle n'en savait rien et, le plus simple était de ne pas y penser. Les choses venaient toujours lorsqu'elle devait venir, avait-il dit, même si, des millénaires plus tôt, elles devaient à peine commencer leurs voyages.

Le vent, bien après que l'ange soit parti, porté par des courants invisibles qu'elle n'aurait jamais puis utiliser, le vent donc, apporta aux oreilles de la figure fantômatique, des murmures qu'elle seule - son instinct lui disait - pouvait entendre. Comme ces voix venues de nul part, d'un ici et d'un ailleurs, donc le lieu précis lui était inconnu.

Bien après que l'astre solaire se soit enfui, par delà les montagnes et les plaines, bien après que les premières étoiles apparurent dans le ciel, rendant aux mortels la noirceur de l'obscurité moins effrayante, la figure ammena lentement sa main vers sa cheveulure et arracha une mèche, toute de fils de lune constituée, et la lâcha dans les remous du vent.

"Di Lougia ad verti, fri naï denta."

Et entre ses doigts coulèrent ces rayons de lune, après qu'elle eu raffermit sa volonté d'une prière en Cristal. Elle laissa le vent jouer avec eux, juste le temps qu'ils disparaissent, emportés par leur inexistance originel. Alors, encore, elle resta en sielnce, cherchant au fond d'elle la réponse que la sagesse insensible de l'ange lui avait donné. Mais elle était encore trop mince, cette détermination, pour que la figure veuille vraiment la chercher au fond d'elle.

"Tu devrais te réjouir de ressentir encore quelquechose, même si ce n'est que de la tristesse..."

Sa voix, devenu presque un murmure, s'éteignit dans ces paroles qu'elle même ne comprenait pas. En quoi pouvait-on ressentir de la joie d'être triste?
L'antithèse était risible pour qui aurait encore eu la force de sourire. Mais Ruby ne voulait pas. Son corps, pâle sculture d'âlbatre, l'attendait quelque part...

Elle porta sa main à son ventre, sans passer au travers comme le faisait la plupart des choses matériels qu'elle touchait. La douleur était aiguë, la transperçait. C'était la faim, simplement la faim.
Cela ne faisait que deux jours qu'elle était hord de son corps, deux petit jours, mais elle était trop faible, plongée dans ce coma pour s'abriter d'une réalité qu'elle préférait fuir.

Mais quelle était-elle, cette réalité si dure que même elle avait dû la fuir? Elle ne s'en souvenait plus.

Puis elle se redressa, lentement, comme jugeant encore si la douleur était là, bloquant malgré elle sa respiration fantômatique pour échapper à cettes impression. Mais elle n'était plus là, c'était seulement un signal qu'émettait son enveloppe véritable...

Ruby s'assit sur le bord de la falaise, balançant ses pieds dans le vide. Pour la première fois depuis longtemps, elle se résignait à sa mort prochaine, accusant le coup de sa fin comme un coup de poing raté... sans grande conviction néanmoins. La feme-enfant laissa le vent jouer avec ses cheveux. Elle aurait tant voulu le sentir une dernièr fois, savourer sur sa peau la morsure presque indolore pour elle du froid de l'Hiver... même se bruler, rien que pour le plaisir.
Mais elle ne pouvait pas, et cela la chagrinait.
Une autre douleur vive à son ventre... Son estomac criait son dû.

Pourquoi falait-il qu'elle soit sous cette forme, fantôme transparent, si elle ne pouvait rien sentir à par la douleur?

Non, elle ne pouvait pas rester là, à geindre sur son sort, pauvre, pauvre infortunée de ses reflexes instinctifs... Elle devait lutter, se battre comme le poisson que l'homme à pêcher mais qui pourtant ne peut rester immobile.
Car, au fond d'elle, elle savait ce qu'elle avait besoin, la seule chose qu'elle ne pouvait se résigner à faire elle même et que, de toute manière, elle ne pouvait faire ainsi...

Les grottes de Finduilas Sùrion

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