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| Devoirs et Sacrements [Privé] | |
| | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Jeu 17 Juil 2014 - 20:45 | |
| Au cœur de la cité, un arbre-maison, au bois clair. Le bouleau projetait sa ramure argentée vers le ciel, tendant ses branches délicates vers la voûte inexorable, piquetée de millions d'étoiles. Et, en son sein, roulée en boule dans un tas de coussin, un flocon, assoupi.
La Dame dormait peu. Était-ce parce que son organisme tournait au ralenti ou parce que de trop nombreuses préoccupations occupaient son esprit, elle-même ne le savait pas. Ce qu'elle savait, c'était que nulle nuit de sommeil ne pouvait lui apporter du repos : elle ne faisait que fermer les yeux obstinément, perdait connaissance et retrouvait la lumière du jour des heures plus tard. Pas un rêve, pas une image.
Mais parfois, il y en avait, sanglante, sauvage et brutale, des souvenirs d'une époque trop proche, des moments de perte, de deuil, de désillusions. Il y avait une époque où son esprit la menait doucement vers des chasses amusantes, des traques dans les buissons, des instants fugitifs où il n'y avait que la proie. Tout n'était que neige et froid glaciaire. Apaisant.
Il y eut un bruit strident, et des murmures. Des vagues la soulevaient, la tiraient plus haut. Quelque chose la saisit par le nombril et l'extirpa des remous. Puis tout fuit d'une blancheur douloureuse, et la chaleur la prit à bras le corps. L'air devint du coton, lourd à respirer, dont l'humidité perlait sur sa peau. Des chatouilles sans le fond de la gorge et l'arrière de ses yeux qui la brûlaient. Puis une voix.
« Viens. »
La Cristalléenne se réveilla en sursaut, couverte de sueur. Elle dormait nue, et le tissu de sa couche collait à sa peau. Non sans mal, elle se releva et se dirigea vers une cuvette pour y noyer son visage. Elle semblait fiévreuse, mais le monde ne tournait pas sous ses pieds. Tout était ferme, trop réel, trop aigu. Les contrastes étaient trop vives. A chaque battement de son cœur, le dernier mot entendu résonnait, encore et encore. Inlassablement.
En silence, elle enfila une robe grise, et jeta sa cape sombre par dessus. Sa pâleur, reconnaissable entre mille, devait être dissimulée hors de la ville. Et même si la route jusqu'à l'endroit n'était pas si longue, nombreux y étaient les dangers.
Le chemin fut calme, et rien ne troublait le silence de l'Artifice quand elle y pénétra, ignorant du mieux possible les grattements insistants des esprits des lieux. |
| | | Senector Nombre de messages : 200 Race : Drewoor Loup (Loup ? Si vous l'dites) Poste : Ancien Chevalier Démoniaque Magie Contrôlée : Ténèbres (avec un Zeste de Chaos venant de Swa) Feuille de personnagePuissance: (960/1000) | |
| Sam 19 Juil 2014 - 21:10 | |
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Les voix s’éloignèrent, de murmures en murmures… au silence. Une seule persistait pourtant.
"Erreur…
Vous marchez sur un tombeau… Erreur… Gé…no…cide… "
Les raies luminescentes, éclatantes de beauté, semblaient porter les mots sur leur dos. Autour de la dame blanche. Cachant derrière le miroir des illusions, leur visage cauchemardesque. L’Artifice était assez calme… mais ses larmes coulaient à travers la sève des arbres multi centenaires. Trop d’âmes avaient rejoint les rangs en si peu de temps et l’énergie des lieux était beaucoup plus lourde qu’auparavant. Plus la Femme avançait, plus le sentier semblait étroit et distordu, comme dans un mauvais rêve. Ses pas chassaient l’herbe abondante sous ses pieds, cette verdure aussi belle qu’au printemps, se crispait, fuyait la dame tel des serpents dérangés dans leur sommeil. Et ce n’étaient pas les seuls à qui le sommeil venait d’être interrompu.
Il était là avant, il était là pendant… et ce jour-là aussi. Dans sa couverture de verdures. Mère Nature aimait tant le bercer. Après avoir mis au monde une créature douteuse, elle pouvait bien se racheter. Ses pupilles jusque-là endormies, s’écarquillèrent, gringottant sur le bleu lunaire de l’iris. Sa tête s’arracha des petites lianes et racines qui le liaient à la terre, au pied d’un vieil arbre gigantesque. Alors, les lucioles s’affolèrent autour de leur étrange drogue, leur aimant. Tels des papillons devant la lumière. Un grondement raisonna dans sa gorge, un soupire, celui du réveil. Il bailla de toutes ses forces, réanimant petit à petit son corps encore endormit, engourdit, sous cette lourde couverture qui roulait sur son dos et craquait lorsque les liens étaient trop serrés autour de lui. Une oreille pointa une zone… au loin, quelque chose, du bruit, des pas… la source de son réveil. Son pelage blanc tâché de vert et de douceur cachait un loup parsemé de férocité et d’amour. Un étrange duo de blanc et de noir. Le duo qui pourrait rappeler l’histoire d’un démon et d’un ange… dont la fin est encore en suspens.
Un craquement de brindilles pas bien loin… un flash… du blanc… de la douceur et de la folie… un petit quelque chose de ravissant mais avec un arrière-goût amer, une touche de fer. Il huma l’air… c’était elle. La dame. Celle qui… il ferma les yeux un instant. Un autre flash… une magie incontrôlée… du sang et des larmes… le loup s’arracha à son berceau. Coléreux. Il l’attendait, ses griffes pianotant un sol noir, une ombre grouillante sous son corps qui le suivait depuis ce massacre… il manquait un petit quelque chose à son corps de loup.
Lorsque la Dame Blanche arriva au bout du sentier menant à une toute petite clairière, les branches qui lui barraient la route se retirèrent violemment dans un grand fracas de bois et de déchirures. Les quelques créatures du coin s’éloignèrent en un rien de temps, grouillant, volant, sautant… échappant au tête à tête. La bête, elle, resta muette… attendant avec impatience ce que lui voulait cette visite. Elle qui avait massacré bien trop d’être vivants. Chassant la magie, la rendant différente…
Dernière édition par Senector le Mar 25 Aoû 2015 - 21:37, édité 2 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Mar 5 Aoû 2014 - 17:11 | |
| Et dans les bois, la silence se rompit soudaine au passage de la Dame, clairon de bienvenue dont elle se serait, au final, amplement passée.
De ses yeux flamboyants, elle balaya le paysage que la trouée des bois lui offrait soudain, et ses pupilles s'arrêtèrent sur une masse sombre, qui dénotait par sa silhouette sur les ruines et la végétation. Ce n'était que ténèbres ramassées, desquelles chuintaient de la malice. La Cristalléenne se pourlécha les lèvres d'anticipation, oubliant bien vite l'appel inconnu qui l'avait fait venir ici. Etait-ce le moment où sa vengeance allait enfin s'accomplir ? Elle n'avait à présent suivit que peu d'objectifs personnels, se pliant toute entière à la charge qui était … qui avait été sienne. Mais ce manteau avait glissé de ses épaules, et un autre l'avait ramassé.
Déchargée de ce fardeau, pouvait-elle enfin faire preuve d'égoïsme ?
Elle rabattit le capuchon de son ample mante et dévoila sans honte ni pudeur la blancheur lactescente qui était son emblème plus que n'importe quelle couronne. Elle ne souriait pas, ses traits étaient aussi lisse que l'os. Il était loin le temps où on la confondait avec une enfant. Maintenant, il fallait être nouveau en ces terres pour se laisser avoir par les apparences. Elle avait le visage sans âge des Madones.
Prudemment, elle avança encore de quelques pas en direction de son nouvel hôte, la puissance des lieu faisant comme une brume à travers laquelle il fallait se débattre pour avancer. Ce n'était pas surprenant que les pierres de ces ruines aient la puissance nécessaire pour broyer les esprits des faibles. Son pied laissait une trace légère dans la mousse.
« Fallait-il vraiment que tu précipites ta perte en m'invoquant, Senector ? » Sa voix métallique crissa dans la poudre de la nuit.
La proximité lui donnait l'occasion de voir son hôte, son adversaire, pour ce qu'il était : d'une race corrompue, que la déviance avait pourrie jusqu'à l'os. La réalité-même semblait se plier doucement autour de lui, tentant d'équilibrer l'anomalie qu'il représentait. Mais ce n'était là que des subterfuges inefficaces, que l'oeil initié notait au premier regard, et que l'instinct des innocents fuyait avidement. |
| | | Senector Nombre de messages : 200 Race : Drewoor Loup (Loup ? Si vous l'dites) Poste : Ancien Chevalier Démoniaque Magie Contrôlée : Ténèbres (avec un Zeste de Chaos venant de Swa) Feuille de personnagePuissance: (960/1000) | |
| Mer 6 Aoû 2014 - 11:46 | |
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L’Artifice se crispa au son de sa voix. Enduit d’une couche de haine envers elle. Alors, tel un chœur d’Eglise prononçant des textes incompréhensibles… il chanta.
Les esprits des lieux baignaient dans la douleur du passé et seul l’Artifice pouvait changer leur destin. Leurs larmes semblables à des pétales séchés, goutaient dans l’astre des immortels. De l’autre côté des pupilles, l’envers du miroir. La force des souvenirs.
L’atmosphère se serra, oppressant et moite, tels des poumons en alerte. Le cœur battait le rythme des tambours de guerre. Le temps suspendu à une mince cordelette, celle qui autrefois, avait craqué lors du passage de cette folie meurtrière. Et sous les griffes de ce qui fut gueule de Sang, bouillonnait une flaque flasque noirâtre. Le vent s’engouffra dans l’abondante végétation, tandis que la terre tremblait et grondait en murmure autour des deux protagonistes.
*en m’invoquant *… ça rebondissait dans sa tête. Balle, petite bulle, petite chose qui voulait éclater. *En… m’in…voquant… * avait-il ce pouvoir-là ? Celui de disposer des gens à sa guise ? Celui d’outrepasser l’espace et de communiquer au-loin ? Il s’en réjouissait déjà. Mais ce n’était qu’un lien formé ici, par l’ancienne magie, la magie pure… celle qui répondait à son maître au doigt et à l’œil. Aujourd’hui… la voilà fugace et fugueuse. Trop volatile. Le cou craqua, la gueule bailla longuement. La vérité ? Elle était devant lui… presque à nu dans ce sanctuaire piétiné. Qui courrait à sa perte… ? Lui, qui n’avait à perdre, qu’une vie qui s’éteignait lentement dans ses sommeils ? Où elle, encore fine, belle, et avec tout un peuple qui devait certainement encore la soutenir ?! Alors, Gueule de Loup, d’un corps manquant, fit entendre sa voix rocailleuse.
"Les oiseaux aveugles peuvent-il encore voler … ? Hun hun hun hun…. dit-il d’un rire étouffé. N’est-ce pas là, votre vengeance que vous venez chercher ?"
Les violons de la discorde sifflaient leurs notes, crachaient leur rage tandis que la bête approcha à pas saccadés d’un corps peu adapté pour une posture animale et pas vraiment non plus pour celle d’un homme. Le contraste entre déchéance et beauté presque enfantine. Pelage blanc face à une peau pâle. Tous deux maladifs d’un quelque chose. Au fond… il y avait des ressemblances, mais ils ne sauraient les avouer. Encore fallait-il qu’ils osent les voir.
"Allons… n’ayez crainte, nous avons tous une vengeance à exécuter un jour où l’autre… "
Ses yeux se posèrent dans le vide, çà et là… ces petites choses invisibles qui sortaient du passé. Ces petites âmes qui ont trop connues les guerres… Puis revinrent droit dans le regard de la Dame. Deux yeux d’un bleu pressant, d’une couleur vaporeuse, telle une aquarelle qui dégoulinait sur la feuille, débordant des yeux, s’échappant de leur cage. Une âme… contre tant d’autres ? Si sa vengeance était bien celle-ci… celle de la perte d’un être fabuleux. L’ange… durant la prise de la Cité. Ça lui revenait petit à petit. Des flashs, de la terre… de la poussière. Une gerbe de sang. Un beau combat. Un seul vainqueur. Puis un long silence… La guerre, si grande, si belle… et gerbante à la fois. Inévitable boucle infernale. Et cette Dame, dressée tel un ange devant la bête, avait-elle des remords ? Son génocide avait un prix… et elle ne l’avait à ce jour, pas encore payé. Mais lui, devait-il payer la mort de l’Ange ? Ce jour-là, il répondait à son rang, aux ordres du Haut Roi. Tout comme l’armée qui le suivait fidèlement, ainsi que celle qui suivit Dame Ruby au cœur de l’Artifice… l’armée devait-elle aussi payer pour ses actes ? Pourtant, il est vrai qu’à l’époque Senector convoitait secrètement le trône. Mais ce n’était pas pour lui, les Loups solitaires ne peuvent diriger un peuple.
Dame Ruby avait du courage pour venir se pointer ici. Pour se montrer forte et Puissante. Alors qu’ici, le seul puissant, portait pour nom l’Artifice. Le reste, ne sont que des pantins. Senector aussi, bien qu’il avait dompté les vagues folles du lieu. Mais une bête sauvage ne se dompte qu’à moitié. Et ça, il le savait pertinemment.
Ils n’étaient qu’à quelques pas l’un de l’autre maintenant, au milieu, des mots et des lucioles faisaient encore barrage. Mais pour combien de temps ? |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Dim 17 Aoû 2014 - 17:40 | |
| Il y avait des murmures dans sa tête, et des lumières qui dansaient devant ses yeux. La magie du lieu était trop forte, même pour elle. Elle s'insinuait, trouvait son chemin jusqu'à son esprit et y grattait avidement à la porte, suppliant pour rentrer. Serrant la mâchoire, la Cristalléenne fit taire de son mieux les chuchotements languissants qu'on lui soufflait. Et son oreille accrocha le mot vengeance.
Oui, c'était tout à fait pour cela qu'elle était ici. Il n'y avait pas de but plus grand ou plus noble, de juste quête après laquelle elle courait, pour sauver des innocents, aider la veuve, protéger l'orphelin. Rien de tout cela. Pour une fois, oui, elle se montrait égoïste, n'agissait que pour elle. Le monstre qui se trouvait devant elle n'était même pas responsable de ce qui se passait dans le fond, mais cela, elle ne pouvait se l'avouer.
Archaël. Il lui manquait tellement. Elle revoyait son visage, ses yeux d'un bleu plus profond que le ciel dans lequel elle se perdait. Sa sagesse. La douceur de sa voix. De la lumière qui irradiait de lui quand il lui avait sauvé la vie. Des nuits à parler sous les étoiles. De la chaleur de son corps. Son frère. Son amour. Quelque chose entre les deux, sans qu'aucune de ces facettes ne puisse corrompre l'autre.
Il lui manquait tellement, et c'était la pâte avide de l'être devant elle qui lui avait arraché de ce monde. Il n'y avait pas eu alors de Séraphin pour le sauver. Il n'avait pas eu la chance qu'elle avait eue. Pas de détour, pas de subterfuge. Parti pour de vrai, emporté vers un ailleurs. Loin d'elle. Et cette pensée était inacceptable.
En une fraction de seconde, la Cristalléenne se métamorphosa, adoptant les traits animaux que la magie de sa race concédait à sa volonté : canines allongées, yeux de loup, griffes noires au bout de ses longs doigts fragiles.
« Aucune crainte, oui. Je sais pourquoi je suis ici, et j'en accepte les conséquences entièrement, Senector. » Elle s'avança de quelques pas, ses yeux percevant mieux les formes et les contours de l'animal blanc. « Viendras-tu danser avec moi ? »
Elle était venue seule, sans prévenir personne et, au bord de l'Artifice, aux pieds des ruines d'un temple ancien, elle était aussi nue qu'on pouvait l'être : sa magie pouvait se retourner à tout moment contre elle si elle l'utilisait. Elle ne savait pas utiliser d'arme et n'en avait, pour cette raison, amenée aucune. Le corps à corps restait sa dernière possibilité.
Et c'était ce qu'elle appelait cruellement à ses vœux, sa peau souffrant de l'absence de toucher. |
| | | Senector Nombre de messages : 200 Race : Drewoor Loup (Loup ? Si vous l'dites) Poste : Ancien Chevalier Démoniaque Magie Contrôlée : Ténèbres (avec un Zeste de Chaos venant de Swa) Feuille de personnagePuissance: (960/1000) | |
| Jeu 21 Aoû 2014 - 19:00 | |
| Acte 2 Scène 3
Rideaux…
La pièce de Théâtre va commencer, asseyez-vous sagement. Vous avez beaucoup de choses à vous raconter je le sais bien mais voilà les protagonistes qui arrivent enfin sur scène.
Cessez les chuchotements, laissez vos voisins s'installer, faites taire vos enfants et applaudissez les acteurs qui entrent sur scène.
*CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP* *CLAP*..... *CLAP* *CLAP* *CLAP..........*
Silence ça commence.
L’Artifice calma sa froideur, un peu de douceur en contretemps. Un semblant de pause de légèreté et de liberté. Moelleux et mousseux, volatile. Apaisant et presque même proche du bonheur. Alors que cette femme… Femme louve changea d’aspect et d’intonation dans sa voix mélodieuse et étrange, les notes de l’Artifice se voulurent changeantes, dégringolant lentement dans un « autre chose », une intensité marqua chaque nouvelle seconde, plus rapide alors... Entraînant les deux protagonistes dans un tourbillon de folie pure, celle que l’on ne peut contrôler ni toucher. Il y avait là, le gout amer de la vengeance, celui de fer et de sang. La suite des bavures. Ça tanguait gravement, piquant et venimeux. Comme si tout tournait, un monde nouveau, le sentier des représailles. Quatre yeux qui ne se lâchaient pas. Rouge vif, bleu lune.
L’univers se craquelait, ici, tout était permis. Le sol était-il en haut… ? En bas ? Le ciel existait-il encore ? Le chaos… les lois bafouées, remodelées. Un sourire grimaçant, en coin de babines. Les muscles tendus et vifs. Il y avait quelque chose dans l’air, un tout et un rien. Moite. La bête s’avança. Blanche. Grande. Craquante et enivrante. Ici, il avait sa chance. Vaincre ! " Viendras-tu danser avec moi ? "… Oh, quelles belles notes !
" Je suis un fin danseur ! Hahahahaha…. " Son rire… il raclait l’espace, telle une craie sur son tableau.
La flaque, prison sous son corps, s’étendit alors en de longs et fins tentacules gluants. Tout s’assombrit subitement autour de Dame Ruby. Des bruits de pas un peu partout, des pleurs pas loin, des rire moqueur çà et là. Des tâches violettes dans l’air, floues. Il n’y avait petit à petit, plus que les lucioles qui venaient de s’inviter à la danse, comme repaire lumineux. Le Loup, vêtu de sa robe noire, couverture de ténèbres, se tassa dans l’obscurité. Ne pas attaquer, trop tôt… il fallait toujours tâter l’adversaire, sonder son esprit mis à nu. Le faire pencher. Chercher la faille et ses peurs. Pourquoi s’était-elle donnée à lui ? Pure folie ! Qu’avait-elle ici pour se battre contre lui… ? Y avait-il un piège quelque part ? Senector cherchait, tournant autour de la Dame comme un fauve en chasse, narguant son gibier. Il ne comprenait pas. Pas normal. Avait-elle déjà tant perdu ? Assez pour se jeter dans la gueule du loup ? Impossible. Oui, un piège… Derrière son passage, une traînée de sa flaque restait, telle une empreinte bouillonnant encore… un cercle tout juste visible dans la pénombre autour de Dame Ruby… Il piétinait alors, pas totalement sûr de lui, savourant le délice de l’après. Bavant, imposant le tempo. Marquant ses flaques d’une note d’effroi. Suspense, dégringolons dans le doute. Dans le bain de l’ignorance. La voix de l’Artifice s’intensifiait, formant des échos, puis des échos de ses échos. Des copies non parfaites. Les arbres se tordaient, la végétation tourbillonnait. Même le vent sifflant sans relâche, avait ce petit truc d’anormal. Sombre présage. La tête dans les nuages.
" Je vous admire. Sortit de nulle part. Vous avez du courage… ou de la folieeee…. "
Tout juste le mot achevé, qu’il bondit dans le dos de sa proie, la gueule grande ouverte et baveuse. Le temps ralentit, en suspend. Tout était alors confondu, mixé entre l’espace, le temps, les odeurs, les sons… au ralentit. Un bond. Une histoire cherchant sa suite. Une page blanche, la panne de l’écrivain. Attaque fulgurante, première tentative. Premier loupé peut-être. Il ne savait pas bien à quoi s’attendre.
Soyons fous... soyons anormal... après-tout, ce n'est qu'une fabuleuse pièce de théâtre ! Deux pantins et un dictateur, guidant de sa baguette de chef d’orchestre, le chœur sur la scène. Battant la mesure. Les crocs prêts à mordre, les griffes en avant, les yeux largement écarquillés et le poil dressé, Senector devait viser juste. La nuque… miam, la nuque, brisons ses rêves, dévoilons les craintes. Mais c’était froid, plus près encore, trop froid… la chaleur du sang n’était pas. Allez, encore un centième de millimètres, la langue prête à se coller sur la peau, contre les cheveux, se mêler à ce tout. Le publique retenait son souffle, les voix errantes n’étaient plus… sous l'envers du décore, les insectes grouillaient. La folie... la folie... qu'elle ronge les chaires, crisse sous les ongles. La folie... l'Artifiiiiice... tourne tourne tourne sous l'écorce des maux glissants. Dame Ruby, dans ce voile sombre, n'avait qu'à bien se tenir. La folie lapait son visage, déséquilibrant son attention. Par ici... non par là... cherches encore de ce côté, oui... viens... !!!! Le tonner du tempo gronde, la musique du récit s'affole, les millimètres s'estompent et les crocs frôlent les cheveux blancs. La langue salive, la mâchoire s'ouvre encore, c'est son maximum... puis un courant électrique traverse les muscles, qui se referment... sur ce qui semble être si glacial... pourquoi ? Ses pupilles s'écarquillèrent comme deux immenses boules noires, ses oreilles se couchèrent sur son crâne. Çà picotait. Et c'est alors que...
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| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Ven 19 Sep 2014 - 13:08 | |
| Il tournait autour d'elle, son poil iridescent sous la lumière des étoiles. A ses oreilles, les voix continuaient de se faire entendre, et elle eut l'impression que, dans ses prunelles, se marquaient des lueurs surnaturelles. Elle ferma les paupières forts pour les chasser, penchant légèrement la tête, tendant l'oreille, ouvrant grand ses sens pour ne pas perdre de vue la position de son adversaire. Sous ses pieds, le sol se recouvrait peu à peu de verglas, de givre, rendant les herbes aussi fragiles que les os d'un lapereau.
C'est alors qu'une vague la traversa : à ouvrir ses sens pour mieux repérer son adversaire, elle avait également laissé la porte ouverte à la magie de l'Artifice. Lieu incompréhensible. Repaire des illusions. Le mot folie résonna à ses oreilles et la Dame eut quelques difficultés à retenir un rire. Folie ! Bien sûr ! Mais qu'en savait-il, de la folie ? Elle n'avait plus rien à perdre, et tout à gagner, et ses pas l'avaient déjà menés sur les chemins de la perdition, des millénaires de ça lui semblait-il.
Elle avait fait couler le sang de son frère, baiser son ennemi. Elle n'en était plus à cela prêt. Aussi vierge qu'elle puisse-t-être, ce n'était dans le fond qu'une putain, troquant sa conscience pour des solutions désespérées, échangeant sa pudeur pour des mauvaises décisions perpétuellement réitérées. C'était à en mourir de rire.
Du revers de l'esprit, la Dame repoussa la vague. Toutes deux étaient puissantes, mais la Cristalléenne avait, pour le moment, la puissance des fous, et cela faisait monter en elle une euphorie qu'elle n'avait pas connu depuis longtemps.
La voix reprit, venant de nulle part, soupir surgissant des ténèbres, et la conscience de la sorcière se focalisa dessus, ouvrant grand les yeux, avalant la moindre lueur, repérant les aspérités de la matière même de la réalité. Elle se sentait incroyablement vivante, prête à courtiser la mort.
Vibration dans l'air. Pression venant en face d'elle, puis une bouffée de musc, l'odeur entêtant de la terre humide. Un poids sur son corps. Un sourire crispa ses lèvres. Elle n'avait rien à perdre, oui. Elle avait pu tout finir ici, là, dans un cataclysme de magie pure, mais l'Artifice avait un effet sur elle que la Dame ne comprenait pas directement : elle courtisait le combat, comme à une époque ancienne qu'elle avait préféré oublier.
De manière aquatique, elle esquiva l'attaque, se contentant de se décaler d'un pouce sur la droite, rentrant les épaules, faisant valser ses cheveux. Elle se laissa tomber sur le côté, roula en arrière et se releva … à temps pour le voir, sous la lumière solennelle de la lune, préparer un nouveau saut au ralentit, bondir... bondir avec la souplesse des saules et la lourdeur d'un roc.
Ses pattes avants la cueillirent aux épaules, la faisant chuter sous leurs poids. Mais la Dame connaissait les méthodes de combat des loups, et elle glissa son avant-bras profondément dans sa gorge : trop inconfortable pour mordre. Elle accompagna sa chute, roula avec lui et se retrouva au-dessus. Il était chaud, sous elle, terriblement chaud : le contact de la peau de la dame devait être comme une brûlure, un baiser de neige.
Un sourire carnassier aux lèvres, elle se laissa se consumer comme un soleil d'hiver |
| | | Senector Nombre de messages : 200 Race : Drewoor Loup (Loup ? Si vous l'dites) Poste : Ancien Chevalier Démoniaque Magie Contrôlée : Ténèbres (avec un Zeste de Chaos venant de Swa) Feuille de personnagePuissance: (960/1000) | |
| Dim 22 Mar 2015 - 15:46 | |
| Manqué, réessayons. Un point, un poids dans la gorge.
Elle était habile, c’était à prévoir. Les loups ne font pas des crapauds. C’est dans une suite de mouvements, d’enchevêtrements de tentatives, qu’il s’était retrouvé sur le dos. Mince, qu’elle était froide. Il lui semblait voir la vapeur se former à leur contacte.
Gueule de Sang inspira profondément, il y avait une pause dans l’atmosphère, un drapeau blanc passager. Il baya, pour lui confirmer cette trêve. Claqua la nuque. Détendis les muscles sous la glace imposante sur son torse. Son ombre s’était apaisée pour ce bref instant. Il avait, au bord des babines, le mot vengeance, prêt à dégouliner de rage… de haine. Cependant, la bête le savait, ça ne résoudrait rien, la Dame était perdue d’avance. Et la folie, il en connaissait un rayon, celui qui n’est pas assez fou, ne peut survivre longtemps dans l’Artifice. Et lorsque ce grand maître appelait une âme, c’est qu’elle avait déjà cette folie, cette démence en elle. Le chagrin trop fort pour le contenir.
Allongé sur le dos, il observa la beauté de ce grand flocon. Un cœur froid. Un fardeau trop lourd à endosser. Mais elle en avait été la première pierre. Alors, de sa gorge, cage, sortit des mots…
" Vous le savez " bref sourire " vous avez tout gâché " bref inspiration " le problème… c’est que nous ne sommes pas dans un jeu d’échecs avec des pions en bois. Vous avez dépassé la limite à ne pas franchir… Dame Blanche, votre âme est lourde de pêchés… elle va être longue à se repentir "
C’est une berceuse… enfant de glace. Les larmes ne seront pas séchées, tant que la faute ne sera pas corrigée. Y aura-t-il une âme de plus ce soir, dans le tableau de l’Artifice ? Senector grattait, la peur au creux de la louve. Elle qui avait tout perdu, pouvait-elle encore en ressentir ? Bien sûr, même la plus grande des folies ne peut masquer les peurs les plus profondes. On ne peut y échapper, s’évader loin de son destin. Il avait été écrit depuis bien trop longtemps, chacun sa page et son chapitre. On ne pouvait gommer un destin. Il y eu un petit vend qui s’était engouffré dans l’abondante végétation de l’Artifice, soulevant la chevelure blanche, le poil doux et luisant. Un peu de fraîcheur. Toutes ces notes de douceurs, n’étaient rien d’autres que l’envers des ténèbres grouillant entre les arbres, sous la terre, dans chaque brindille, chaque être plus ou moins vivant.
C’est une berceuse… endors toi. Aucune larme ne sera bercée ni acceptée. Les mots artificiels sonnaient dans l’espace, toquaient contre les oreilles de la Dame.
" Vous avez signé, le début de notre extinction… à tous. Et la haine est à son summum… aujourd’hui est triste, demain… " Grand Loup soupira. " Demain la pièce de théâtre sera un carnage, l’achèvement de votre Gé..no…cide ". Le dernier mot, lentement et finement bien ponctué. C’est en rabâchant qu’on fait rentrer des idées. Ce mot devait la hanter. Il le fallait. C’était peut-être même certainement déjà le cas. Loup blanc lui offrit un sourire, le regard profond, comme pour sonder ses pensées. Si Senector avait des doutes, il n’en laissait paraître aucun. Préférant se montrer inébranlable. Pourtant, personne ne pouvait se prétendre à ce point intouchable.
Loup Blanc, d’un geste sûr et rapide, se dégagea du poids de Ruby, d’un coup de pattes arrière et d’une roulade sur le côté. Cette position lui était inconfortable, les dominants le savent bien. Il baissa la tête, tout en écartant ses membres, presque à même le sol, la regardant du coin des yeux.
" Je regarderais votre spectacle avec dégout… " |
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