Une table et deux chopes

Spoiler:

Serek guida Vega jusqu'a la chope. Il poussa la porte et invita du geste son "invité" -si l'on peut dire- dans l'atmosphère étouffante de la taverne. Lui-même n'y venait pas souvent, malgré les bagarres qu étaient parfois drôles et divertissantes et il se demandait comment le bar pouvait avoir une si grande réserve de tables et de chaises.
Il s'assit à même le bar , sur une chaise a pieds surélevés et commanda une bière fraîche pour lui-même et son compagnon. Il posa quelques Elamentias sur le comptoir et se tourna vers Vega:

"A moins que tu ne veuilles autre chose...Choisis-toi un truc à manger aussi, parce sinon, tu vas mourir d'inanition, ce qui serait vraiment dommage après avoir trouvé Elament... Tu sais que j'ai mis plus de sept ans a trouver cette fichue citée, et que ca fait plus d'un an que je suis arrivé dans l'espoir d'en apprendre un epu plus sur mon élément. Malgré ça, les cours sur le feu n'ont toujours pas commencé et je passe mes journées a travailler seul et à méditer...A ce qui parait ils on trouvé un prof mais il est toujours pas en service!!!"

Serek se ramena à sa bière et en sirota un bon quart avant de reprendre:

" Pfouh! Ca fait du bien...Ca faisait depuis le petit matin que j'étais là, dans l'herbe, avant que je te voie passer."

Il regarda un peu autour de lui: les gens ne prêtaient quasiment pas attention a eux et tant mieux; c'est généralement par un regard de travers que commençait une bagarre et il n'avait pas envie de donner un mauvaise impression a Vega.

"Comme tu vois", dit-il en embrassant la salle d'un large geste, "Il y a de tout ici: des individus louches, des gars sympas, des jolies filles, des vieilles sorcières..."

Il se rapprocha de Vega et lui chuchota dans l'oreille:

" A ce qui parait il y a même parfois des démons!"

Il se rassit avec un petit rire:

"Moi j'y crois pas trop, mais bon. Si il y en a un veut que je lui paie un verre, je l'attend de pied ferme pour lui botter le cul jusqu'au pays! Et ensuite j'en fait du jambon de campagne avec ma trancheuse."

Il désigna du pouce l'épée qui ornait son dos et redevint sérieux:

"Et si on parlait un peu de toi? Alors comme ça tu débarque dans cette belle citée?"

La chope hurlante n'avait rien de hurlant à première vue, en tout cas plus on s'en approchait, plus il constatait que les sons qui en provenaient étaient tout à fait normaux. La porte s'ouvrit sur un escalier qui descendait, ce qui ne surprit Vega qu'à moitié : la partie "émergée" de l'édifice était un peu trop modeste pour une taverne standard. Au pied des escaliers (pas très larges, on pouvait à peine y passer à 2 de front) une autre porte. Lorsque Serek poussa celle ci, ils débarquèrent dans la salle principale, celle pour laquelle ils avaient marché depuis l'entrée de la cité. L'endroit était cossu mais pourtant assez simple, avec juste ce qu'il fallait de sordide pour le rendre attractif. Les tables et chaises en bois et métal avaient l'air solides (il faut dans ce genre d'endroit), le parquet était propre et même un peu glissant. Au fond il y avait un piano et une estrade vides, prévus pour une animation certainement nocturne, donc qui ne les concernait pas pour le moment. En levant la tête se trouvait le sempiternel nuage gris de fumée qui empêchait quiconque de voir les poutres. Vega se demanda si il avait déjà vu un établissement du genre dans ce genre de brume... Pas certain!

Les deux compères s'accoudèrent au comptoir de marbre noir. Pendant que Serek commandait, réglant la note avec courtoisie, Vega déposa son sac au creux de ses pieds, à un endroit que même un pickpocket talentueux aurait du mal à visiter sans se faire voir. Pour prévenir ce genre de désagrément, il mit sa hallebarde devant le tout, expliquant à qui voudrait le comprendre qu'il pourrait s'en servir rapidement au cas où. Les bières venaient d'arriver et le faux col se résorbait gentiment alors que Vega s'asseyait enfin. Il écouta son bienfaiteur commencer à parler en saisissant la chope, un petit geste à son attention pour le remercier avant de plonger ses lèvres dans le liquide. Vega avait entretemps observé du coin de l'œil la provenance de la bière : c'était la même dans les deux chopes, et il avait pu voir qu'elles étaient propres avant d'être remplies. Pas de soupçons de coup monté, de drogue dans le liquide... Bref, ouf.

Vega l'écouta parler sans mot dire, se contentant de tourner son regard dans la bonne direction quand il le fallait, et de hocher la tête de temps en temps. Le fait qu'il ait fallu 7 ans à Serek pour trouver Elament le surprit : il venait de si loin? Ou bien peut être étais-ce parceque la cité était assez recluse pour vouloir rester cachée. Vega, lui, n'avait pas mis plus d'un mois, il avait fait le chemin en ligne directe depuis la baronnie, contournant certains contreforts montagneux un peu trop chargé en créatures démoniaques, remerciant le vieux Charon de lui avoir assez cassé les oreilles avec son ancienne école pour avoir été jusqu'à lui dire ou elle se trouvait. Concernant les cours de feu... une année, c'est long pour être venu pour rien! Heureusement que ça n'était pas son élément, et qu'il n'était pas réellement élève, ça ne l'aurait pas motivé à rester. Une fois que son interlocuteur eut fini ses deux premières interventions, sirotant sa bière (un bon quart d'un coup), l'Aasimar eut le temps de glisser une réponse.

"Pour la nourriture, je me débrouille, je t'invite même. Je ne tiens pas à passer pour un assisté tout de même!"

Il déposa quelques uns de ses Elamentias sur le comptoir, réclamant quelquechose, comme du pain et du fromage et/ou un peu de viande. Il avait eu du mal à trouver cette monnaie, qui ne circulait pas beaucoup, et était donc surtout pourvu de coupures de la baronnie, dont le taux de change n'était pas négligeable, certes. Serek commença à parler de la taverne et des gens autour. Quoi, ils avaient l'air inoffensifs ces clients. Un peu étranges pour des considérations normales, mais rien de dangereux à première vue. Quand au coup des démons... Ce n'était pas la mention de ça qui allait le paralyser. Les détruire avait été son job jusque là, les démons, il avait fini par connaître... Il passa sur l'histoire du bottage de cul et du jambon, appréciant avec amusement le langage imagé de Serek, puis enfin arriva la question qui lui demandait de causer. Ils étaient là pour parler l'un de l'autre, alors c'était normal qu'elle arrive.

"Oui, je débarque. J'en avais beaucoup entendu parler sans être jamais venu. Je me suis dit qu'il était temps."

Il fit une pause en buvant une gorgée. Pour être honnête avec son hôte, il devait lui donner plus d'infos que cela, se montrer un minimum courtois (comme c'est déplaisant... bref, là ça allait). Aussi il continua sur sa lancée.

"En fait je n'ai mis qu'un mois pour venir ici, encore heureux, 7 ans, ça aurait fini par me lasser. Je viens en droite lignes des Baronnies, du Nord, de l'autre côté des montagnes. L'envie de traîner par là a fini par me décider. Si j'ai bien compris, tu es élève. C'est un statut intéressant. Je suis aussi venu apprendre deux ou trois p'tites astuces moi même, en espérant qu'il y a des cours pour les Aeras, mais je ne compte pas m'inscrire comme élève, plutôt comme étudiant free-lance à temps très partiel… Bref, juste de quoi fouiller dans la bibliothèque.".

Il eut un petit rire.

"Tu vois, je n'ai plus vraiment l'âge ni la patience de rester assis des heures à emmagasiner des cours, très peu pour moi, merci, j'ai déjà donné! En fait, mon but premier c'est l'Arène. Je n'ai d'ailleurs pas la moindre idée d'où elle se trouve..."

Elament était plus grand qu'il l'avait d'abord pensé. La collation arriva enfin, plateau sur lequel reposaient du pain, du fromage, un peu de viande froide et quelques fruits. On pouvait se servir librement. Ce n'était pas vraiment l'heure du service, alors le cuisinier avait dû rassembler un peu tout ce qu'il avait sous la main de mangeable sans préparation.

"C'est parfait ça, merci."

D'un geste, il invita Serek à se servir si il le voulait avant de prendre un des bouts de pain.

*Sympa*

Serek se servit d'un bon bout de viande et une miche de pain et se fit un sandwich a la viande. Il continua:

"Tu es donc quand même venu pour s'instruire...Mais pas pour apprendre! C'est drôle, mais intéressant, et au moins personne ne t'embête quand tu ne comprend pas du premier coup!"

Serek tiqua lorsque Vega parla de l'arène:

"Ben ça alors! Tu vas a l'arène aussi? Tu t'es inscrit en retard? Moi j'attends de faire mon deuxième combat...je crois que c'est la demi-finale...Alors comme ça tu vas aussi à l'arène? Et bé! T'as l'air plus taillé pour le combat que pour l'élément, je me trompe? En tout cas, moi j'adore l'épée, ca doit faire d'ailleurs soixante dix ans que je me bat exclusivement a l'épée."

Serek enfila sa troisième bière a ses fris et termina son délicieux sandwich.

"C'est fou ce qu'il peut y avoir de races différentes ici...malheureusement y'en a apparemment pas beaucoup qui sont comme moi, n'empêche que j'ai croisé quelques anges qui avaien encore leurs ailes, eux."

Serek n'en avait pas l'air, mais il surveillait chaque mouvement autour de lui, guettant quelque geste menaçant ou autre. Il décrocha son épée de son dos et la posa contre le comptoir. Il en orienta la lame de façon a voir se qui se passait derrière lui; cela le rassurait. Combien de fois cela lui avait sauvé la vie? Il l'ignorait, mais ses réflexes était son assurance-vie et son air apparemment enjoué cachait un esprit fermé et rapide.

Il calculait chacun de ses mouvement de façon a pouvoir se dégage rapidement en cas d'affrontement avec un suicidaire. Ainsi, il gardait une jambe vers l'extérieur du tabouret, et son bras droit visiblement accoudé au comptoir se retenait de foutre une baffe a son voisin de gauche; un vieux borne avec des morceaux de viande datant de plusieurs semaine coincés dans sa barbe.

L’invitation à la collation avait du succès apparemment, et Serek se servit sans se faire prier. Tout en préparant son goûter, il continua à parler. Vega, lui, l’écoutait en découpant un morceau du fromage à pâte dure et jaunâtre qui n’avait pas l’air mauvais. Son interlocuteur avait vite compris l’intérêt d’étudier en free-lance : la liberté et l’absence de contraintes extérieures. Ca, ça valait de l’or !

Lorsque Serek parla d’inscription en retard, de combat, de demi-finale, etc, l’Aasimar cessa de mâcher quelques secondes, se demandant de quoi il parlait. Alors il y avait de l’activité dans l’Arène ? Au fond, c’était normal, mais cela étonnait un peu Vega. Et bien oui, l’Arène pouvait tourner toute seule hein, alors qu’il s’était imaginé arriver dans un lieu vide à qui il devrait redonner vie… Au fond il allait y faire quoi ? Ah oui, donner des cours, c’était ça. Et peut être l’administrer un peu… En fait il se rendit compte qu’il n’en avait pas tous les détails : et si il devait organiser des évènements aussi ?! Du pain et des jeux, c’était essentiel dans une cité de cette taille…

Trèves de questions. Vega était du genre à vivre au jour le jour, à ne penser qu’au strict minimum du futur. Faire des plans à long terme n’était pas à son goût. Pendant ce temps, Serek avait continué à parler, s’était enfilé une autre bière, et était en train de changer son épée de place. Il avait rapidement évoqué sa race. Un ange ? Tiens donc. L’Aasimar avala sa dernière bouchée et but lui aussi une gorgée de son verre.

« Un ange sans ailes ? Je croyais que c’était fatal… Je me trompais p’t’être. Il faut dire que je ne suis pas tellement expert là dedans. Sinon… »

Il eut un petit rire.

« … en fait je ne suis pas là pour la demi-finale et tout ça, j’ignorais même qu’il y en avait une en cours. Si je cherche l’arène, c’était pour y travailler. Tu as raison, je m’y connais plus en combat. Mais ce n’est pas pour autant que je n’ai pas de bonnes bases dans l’utilisation de mon élément, c’était nécessaire, vital. Disons que j’ai passé l’essentiel de ma carrière avec du sang sur les mains. »

Quelle façon poétique de nommer la chose. Vega aimait bien cette expression, c’était si joliment imagé. Serek avait placé sa lame dans une position stratégique, elle lui servait de rétroviseur, pas une mauvaise idée, un bon réflexe même. Tout en se resservant (son estomac allait mieux mais pas complètement) il se dit que ce serait pas une mauvaise idée si c’était lui, maintenant, qui posait les questions.

« Et alors, en ce qui te concerne, ou as-tu pris ce genre de réflexe ? »

Il venait de montrer l’épée du doigt.

« Je ne doute pas que tu saches t’en servir vu la façon dont tu la manipules déjà rien qu’au repos. Tu es un combattant à la base, non ? »

Vega écouta poliment l’histoire de Serek en mangeant calmement. Entendre ainsi un quasi inconnu lui déballer sa vie avait de quoi surprendre, mais l’Aasimar mit ceci sur les quelques bières qui baignaient déjà dans l’estomac de son compagnon de repas, et puis peut être aussi au caractère aimable de Serek. Le jeune ex-ange parlait d’un maître, et Vega eut un petit sourire : tiens, un collègue. Savoir qu’il était mort ne l’émut pas : c’était un métier dangereux, il fallait s’attendre à passer l’arme à gauche n’importe quand, n’importe ou, parcequ’il est impossible de tout prévoir. La prudence, la prudence… C’était bien beau mais il fallait vivre aussi. Quitte à mourir un jour. Il valait mieux que ça arrive les armes à main que vieux, incontinent et paraplégique dans un lit souillé, non ? Bah, il enleva de son crâne ce genre de pensées. Songer au futur n’était pas une bonne idée pour lui.

Lorsque Serek parla de son pouvoir qui déraillait, Vega s’arrêta de manger. Non, il n’était pas du tout horrifié, ni même peiné pour ces innocents qui avaient trouvé la mort. Si ils avaient été trop faibles au mauvais endroit et au mauvais moment, et bien tant pis pour eux. Non, ce qui l’interpellait, c’était la façon dont pouvait dériver les possesseurs du pouvoir du feu. C’était étonnant de voir qu’ils avaient tous tendance à être des pyromanes sans le vouloir. Leur tempérament était-il lié à leur élément ? C’était tellement prévisible ça. Dans les Elites des troupes spéciales, ils avaient eu un contingent de feu, et ils avaient tous tendance à se laisser déborder par leurs émotions. Une belle coïncidence. Vega, lui, ne s’était que peu laissé maîtriser par son pouvoir, généralement c’était plutôt la colère qui l’amenait à faire des choses que la morale réprouve, comme un besoin viscéral de déverser une bonne dose de violence, et de faire couler le sang. Son pouvoir l’avait surtout sauvé, soutenu, jamais débordé. Peut être que ça allait arriver un jour… Ou peut être pas, l’avenir n’était pas à explorer, mieux valait le laisser venir.

« Se tracasser ne les ferra pas revenir. »

Vega repoussa un peu le plat, signifiant qu’il avait fini son repas et finit sa chope d’un trait.

« Je me suis toujours dit que la conscience était la pire invention des dieux pour mettre l’homme au désespoir. C’est tellement mieux de ne pas penser. D’ailleurs, c’est quelquechose qui s’apprend, d’arrêter de songer, mais certains y arrivent mieux que d’autres. »

Dans le fond de leur forêt, sa mère et lui avaient passé les premières centaines d’années de sa vie en totale autarcie, vivant l’un pour l’autre, avec un certain mépris nuancé de désintérêt pour les autres vies, les autres races, les autres personnes. Quand il s’était séparé de Dorcha, il n’avait plus vécu que pour lui-même, au fond, c’était bien mieux que s’il avait du vivre pour d’autres. Ce choix de partir, il ne l’avait jamais regretté.

« Il ne faut pas oublier ses fautes, mais reste à lever les limites de sa propre conception du mal et du bien. Tu peux t’émouvoir des actes difficiles, en gardant un souvenir persistant, l’expérience est toujours bonne à prendre, mais sans en souffrir. Alors c’est ça que je considère comme la vraie évolution, la vie pour soi, pas pour le passé. Sinon tu vis pour tes malheurs et ce n’est ni drôle ni sain. »

Il se rendit compte en parlant que son discours pouvait paraître obscur, et quelque peu moralisateur. Il avait l’impression de se trouver avec un élève… Ca commençait bien. Prenait il déjà goût à sa nouvelle fonction ?

« Pardon pour mon blabla, tu n’en as peut être rien à faire. J’ai tendance à parler comme un vieux croûton. »

Il eut un petit rire bref.

« Bref. Et pour ce qui est de ton expérience, as-tu déjà participé à des batailles ? Je parle de vraies batailles, pas d’escarmouches rapides. Et les démons, en as-tu déjà affronté ? Et tu dois sûrement savoir si il y a un corps armé dans cette ville. »

Posant un coude sur le bar, de côté, il se demandait ce que Serek allait répondre. Avec ces questions, à la fois il voulait savoir ce que son interlocuteur connaissait de la guerre, mais aussi de ce que cette cité valait : si il y avait un corps armé, alors peut être d’autres instructeurs, une concurrence, quoi !

Qu'y a-t-il de plus beau que les souvenirs ? Une image, une odeur et des centaines de milliers d'émotions qui envahissent nos pensées et transforment l'instant présent en instant particulier. Notre mémoire détermine qui nous sommes. Grâce à elle, tout se lie, les heures se ficèlent, un lien presque logique si l'on détient l'anagramme de notre passé.

Tout s'explique.

On trouve solution à nos peurs, l'arme qui nous a blessé, la guérison de nos plus profondes cicatrices, la raison de nos éclats de rire, la source de nos larmes, a noirceur ou l'éclat dans notre regard... Ces choses qu'on est souvent les seuls à comprendre.

Il n'y d'homme accompli sans passé remplit de souvenirs, il n'y a de personnes construites sans plaies encore à vif. La personnalité est la traduction de ce que nous avons éprouvé et ce que nous avons cherché et chercherons toujours à éprouver au cours de nos vies, aussi futile cela soit-il.

Beaucoup d'entre-nous, je dirais même la plus grande majorité, la fuit. Ils laissent cette mémoire s'embuer de leurs maux sans jamais parvenir à faire abstraction de leurs cicatrices. D'autres arrivent à faire surface. Par optimisme peut-être, par maturité... Ou peut-être par légèreté de penser, qui sait ? Il leur est vital de sourire quoiqu'il arrive. Mieux que personne, ils usent et abusent de la théorie de a relativité, comparant parfois le raisonnable au dérisoire. Mais qu'importe ? Cela allègent le poids de leurs soucis et leur vision du présent. Ils vivent dans l'étrange mais reposante conscience que leur malheur "ça ne peut pas être le pire puisqu'il y a pire"...



Dierebel vivait dans cette douce optique. Elle refusait purement et simplement le poids du passé. Elle s'interdisait d'être malheureuse ou de s'avouer vaincue. Après tout, elle était la meilleure et le resterait quoiqu'il advienne. Elle avait comme effacé les mauvais souvenirs. D'ailleurs, en avait-elle vraiment eu ? A ses dires, Dierebel était une fille comblée jusqu'au bout de son âme. Elle ne laissait paraître aucune écorchure ni fêlure. Elle se voulait parfaite et se conduisait (plus ou moins) en tant que tel.

Sa fierté et son orgueil n’avaient aucune limite. De la personnalité et du caractère, elle en avait à revendre, pour sûr. A vrai dire, elle se cachait aisément sous cette armure de sourires enjôleurs et de rires surfaits.

Mais le paraître est souvent gagnant. Aux questions hasardeuses sur le passé, l'intrigante fée ne répondait pas. Ses épaules se haussaient : "A quoi bon ?" semblait-elle dire par ce récurent silence. Pourvu qu'elle existe au moment présent...

Dierebel ne connaissait pas l'imparfait. Même si dans ses pupilles d'acier, un tout autre combat semblait se jouait. Quelqu'un oserait-il un jour le lui dire ? Qui oserait affronter son regard et défier son caractère de feu pour lui dire que ses yeux mentaient moins bien que sa bouche ? Que être assez fou arriverait un jour à tendre une oreille attentive pour entendre la juste version des faits ? Au comble du silence...

Dierebel était une enfant de la nuit, aux journées illuminées par la foule et la basse populace, elle choisissait es heures tardives et matinales pour montrer le bout de son nez. Elle aimait la fraîcheur et le calme qui les caractérisaient.

Pourtant, il y avait des soirs comme celui-ci où, prise par je ne sais quel démon, elle sortait s'immerger de la foule des Élémentaires.



Cette nuit-là commençait à peine, il faisait lourd. Chacun était de sortie pour faire la fête en ville, et dans les tavernes, notamment à La Chope Hurlante, nombres de tables étaient déjà prises. Dierebel s'y était engouffrée sans l'ombre d'une hésitation, se laissant bousculer par le monde et assourdir par la musique avec un plaisir soudain, presque malsain.

Ses cheveux noirs flottaient en longues mèches autour de son visage au gré de la tiède brise qui se jetait par la porte des Tavernes. Ils semblaient se jouer de l'air pour venir lui griffer les joues et dissimuler son regard. Cela ne l'empêchait pas d'observer ce qui l'entourait. Elle prenait un malin plaisir à scruter les gens, observer leurs mimiques et les gestes qui les trahissaient.

C'était ainsi, qu'aux jeux de la séduction nocturne, Dierebel était devenue imbattable. Elle était douée pour ce combat des atomes crochus auquel homes et femmes s'affrontaient depuis des milliers d'années. Elle excellait dans l'art d'espionner.

Ici, la piste de danse s'agitait et les tables peu animées étaient rares. Elle se faufila jusqu'au bar, les yeux rivés sur autrui, scrutant sans répit et avidité chacun. Attentive, aucun geste ne lui échappait.



Soudain, le serveur lui donna un verre qu'elle n'avait pas commandé mais comme il fila sans lui demander son reste, elle l'accepta avec un sourire ravi. Méfiante, elle le sentit avant d'y tremper les lèvres. Cela lui évoqua vaguement de la noisette noyée sous des kilos de sucres, de chocolat et de crème brûlante. Juste écœurant au possible. Elle avait passé l'âge des chocolats chauds. Dierebel ne buvait que de l'alcool, pur de préférence.

Elle frotta ses lèvres contre le dos de sa main avant de l'essuyer négligemment sur sa robe grise, contre l'un de ses jupons tziganes. Elle n'avait pour ainsi dire aucun style, ni fait aucun effort. Mais cela lui semblait bien égal.

Elle reposa son verre sur le comptoir et l'échangea, mine de rien, avec celui de son voisin qui bavassait avec une jolie blonde.

De la Vodka.

Pure.



Enfin...

La jeune fée tourna les yeux un peu surprise. On lui parlait, semblait-il. Ses pupilles s'écarquillèrent de stupéfaction durant une courte seconde. Oui, on lui parlait. Un garçon, grand, beaucoup plus grand qu'elle, avec une tignasse rouge comme la lave en fusion assis à sa droite avec négligence. Il avait l'air bien bâti sous ses vêtements. Non, vraiment, il n'avait pas l'air d'être fragile ou faible. Ses yeux gris le scrutèrent un instant, elle n'entendit même pas ce qu'il lui disait, trop concentrée à le dévisager. Son visage se détourna de la masse pour lui faire face. Il lui fallu un long moment pour comprendre ce qu'il lui disait et remettre de l'ordre dans ses pensées.

Avec impudeur, elle le fixait. Ses iris de fer s'imprégnait du visage carré presque anguleux de cet étranger qui voulait engager la conversation. Elle qui pensait se glisser inaperçue dans la foule, elle venait de trouver l'exception qui confirmait la règle et qui avait dès son apparition céder à la tentation de lui laisser les joies de sa solitude. Il avait quelque chose de pur, un minois presque enfantin, marqué par les années et les déceptions. Il devait être plus vieux qu'il n'y paraissait. D'autant plus que sa facilité à s'immiscer dans les pensées de Dierebel dénotait une habitude plus que dérangeante soit à vaincre une timidité qu'il cachait, soit une aisance bien ancienne à communiquer. Elle se demanda quel genre de créature il pouvait bien être. Il ressemblait à un humain.
Mais il y avait une douce dureté dans son regard, une sorte de porte fermée aux sources de ses pensées les plus profondes. Comme une blessure qu'on cache ou qu'on nie.
Le genre de secret qu'un humain ne sait garder et s'empresse de déballer verbalement comme si en parler, aidait.
Elle voyait en lui la longévité des elfes, la force du guerrier et la tristesse mélancolique des anges.

Lorsqu'il déposa ce qui représentait une somme astronomique sur le comptoir, son sourire apparu. Après tout, elle se fichait bien de qui il pouvait bien être. Tant qu'elle pouvait se saouler à loisir, elle était plus que disposée à bavarder.
Et la langue de cet inconnu se délierait au fil des pintes qu'ils descendraient. Elle finissait toujours par savoir ce qu'elle souhaitait.
Surtout avec l'alcool (bien que son sourire ravissant d'innocence et de fraîcheur jouait tout aussi bien de la situation).

Il se présenta alors. Serek. Sans même lui avoir articulé un mot, il parlait déjà. Cela lui plaisait. Son sourire fendit son visage d'une oreille à l'autre ravi d'une satisfaction anodine.

Elle se pencha vers l'autre homme duquel il était accompagné. Il était au moins aussi grand mais plus sec. Ses yeux parlaient avant même sa bouche dénotant un charisme naturel presque inné. Lui avait la peau pâle, en vérité, il était blafard. Il avait des cheveux un peu trop longs, blancs.

" Je suis rarement ici, en effet. Mon nom est Dierebel. Et vous ? " demanda t-elle au compagnon de Serek.

Vega avait doucement commencé à sombrer dans la fatigue alors que le soleil, lui, avait doucement commencé à sombrer derrière l'horizon. La nuit avait pointé le bout de son nez sans que le guerrier ne s'en rende compte. Avec elle, son lot de badauds avait pris place dans le bar, remplissant les tables. Un orchestre s’était installé et quelques danseurs commençaient à tournoyer. Quelle heure était il ? Aucune idée. Vega appréciait ces soirées à refaire le monde sans songer au reste, mais une autre question se posait à lui : l’Arène fermait elle la nuit ? Dans ce cas ce n’était pas ce soir qu’il allait pouvoir s’installer. Bah, qu’importe…

Serek avait confié son inexpérience des vraies champs de batailles et Vega eut un petit haussement d’épaules, presque en train de plaindre cette lacune. Ah, l’extase du combat ! Certains ne ressentaient jamais cette ivresse, trop concentrés sur leurs actes qu’ils étaient, mais ce n’était que lorsqu’on avait réellement fait abstraction des contraintes de son corps qu’on pouvait vivre pleinement cette excitation. Charon lui avait longuement expliqué que tout dépendait du combattant, et souvent Vega s’était demandé, en regardant un soldat, comment celui-ci envisageait la chose.

Trèves de réflexions. Serek avait continué à raconter son passé mais avait écourté son récit avec l’apparition d’une jeune demoiselle… Il fallait dire que la nouvelle voisine du rouquin avait de quoi lui faire tourner la tête. Dans le genre beauté glaciale, ou plutôt beauté macabre, elle avait de l’intérêt. Et puis de la descente aussi. Vega s’était retenu de parler, de ne serais-ce qu’émettre un commentaire, les regardant converser (enfin, regardant Serek parler) en buvant quelques gorgées.

Avec l’âge, Vega avait acquis une vision sans illusion des jeux de la séduction. Il avait eu tout le loisir dans les années passées de tomber dans les pièges les plus grossiers des beautés rencontrées, mais cette époque là était révolue. C’était presque avec amusement qu’il regardait désormais la demoiselle sourire, alors que Serek déballait son argent et montait en intérêt dans le cerveau de la jolie brune. Ah, les filles comme ça, au moins, c’était clair, mmmmh ?

« Moi ? Mmh. Vega, ça suffira bien j’imagine. »

Entamer une longue conversation aurait pu être des plus plaisants, mais voila… Etre deux sur le coup, c’était pas son truc. Même si la concurrence avait tendance à stimuler, il ne comptait pas se prendre la tête pour cueillir une rose noire. A moins que cela tourne à son avantage, il ne chercherait pas à faire son beau. ‘Vraiment pas que ça dans la tête ce soir… Quoi que, quand même… Une bien jolie rose…

Son regard balaya la silhouette, cernant quelques endroits précis, ses petites zones préférées, comme le creux de l’épaule, les pointes de la mâchoire, des détails du corps qu’il affectionnait, loin des habituels « aimants à hommes » qu’il avait de toute façon déjà eu le loisir de jauger rapidement. A impudeur, impudeur et demie… Suite à cette observation, il se pencha un peu en arrière. Une bien jolie rose… Même si Vega en avait vu des plus belles et plus piquantes. Son sourire toujours ancré sur ses lèvres, il décida d’envoyer voler son appréhension et de tenter la piqûre. Soyons sport !

« Mais ne reste pas en retrait, Dierebel, caché derrière le large dos de Serek c’est à peine si je peux te parler sans me contorsionner. ‘pas très agréable pour discuter, non ? »

Il recula légèrement son tabouret de bar, laissant à la jeune femme un endroit ou amener le sien, si l’envie l’en prenait. A elle de voir.

HS : je me permet de m'incruster le topic étant relancé deplus c'est un peu mon bar et le niveau de RP m'intéresse beaucoup ( et je ne parles même pas des personnes en elle même)

Soirée bondée en effet, c’est à croire que la pub faisait décidément bien son petit effet, le bar ne désemplissait pas, que ce soit au comptoir comme au table, un jeune elfe avait même prit place au piano, déposant son chapeau sur celui-ci et avait entamé une chanson pleine de la mélancolie si caractéristique de sa race avec la grâce qui lui convenait. C’est dans cette atmosphère que ce déroulerait cette soirée plutôt paisible, du moins elle l’était pour l’instant.

Ce qui interpella un peu plus le propriétaire de ces lieux, c’était la présence à son bar de cet ange déchu dont l’odeur si familière lui rappela les tourments de son propre passé, ces ailes n’était pas tombées pour sa part, car personne n’était descendu pour tenter de le faire, en effet qui aurait voulu s’y risquer contre un ex soldat ? Ce qui était tout aussi intéressant c’était le fait que celui-ci ainsi que son ami, se soit permis d’entrer avec leurs armes, ce qui était plutôt mal vu dans ce bar, encore plus à cette heure ci. L’ange avait déjà dut intervenir de loin en faisant un simple signe de tête pour éviter que plusieurs êtres imbibé d’alcool ne se permettent de venir jouer les videurs…

Si Clad s’était permis ceci c’était avait tout pour éviter de voir les lambeaux de chair alcoolisés joncher son parquet fraîchement ciré, en effet ces deux hommes semblaient hors du commun, comme toujours ce lieux attirait des spécimens bien étrange de tout temps , que ce soit par le passé une bande rebelle qui avait donné du fil a retordre aux démons comme aux dirigeants de la cité, comme des professeurs aux pouvoirs insoupçonnables…

Quoi qu’il en soit il en avait une bien belle arme ce Serek, mais Vega n’avait visiblement rien à lui envié… Comment connaissait-il leurs noms ? C’était bien simple évidement, il écoutait leur conversation depuis le début, en effet citez moi un barman qui ne saches pas tout de ces clients ? Quoi qu’il en soit le passé de chacun semblait bien lourd et pour ce qui est du présent il semblait soit tout tracé pour l’un soit totalement incertain pour l’autre, beaucoup de choses les rapprochaient, certes, mais il y en avait au moins autant qui les différenciaient.

L’ange noir ne se permit à aucun moment d’intervenir ne faisant que son métier, jaugeant la puissance de chacun des deux clients, tâchant d’en apprendre un maximum pour son propre compte, il ne cilla pas plus sur l’histoire de l’ange déchu, que sur les combats qui se préparait pour la demi-finale de l’arène, en revanche ce qui le fit réagir , deux fois, ce fut l’entrée de cette charmante demoiselle connue de bien des élémentalistes nommée Dierebel, Azazel l’avait déjà vu faire plus d’une fois et c’était toujours amusé de sa malice ainsi que de son audace, elle avait suscitée quelques batailles entre ivrognes la dernière fois mais s’en était toujours bien tirée ( non sans un coup de pouce du « tavernier » qui avait su rester dans l’ombre de ces actes) ce soir elle refusait le verre de son serveur, mieux encore elle venait de subtiliser un verre de vodka qu’elle c’était empressée de vider à la barbe du nain qui l’avait commandé.

Forte heureusement celui-ci mit un peu de temps avant de se rendre compte du subterfuge, suffisamment longtemps d’ailleurs pour qu’Azazel fasse signe a son videur de le sortir du bar ou tout du moins de l’éloigner de la demoiselle.

Elle en revanche n’avait pas perdu de temps , Clad sourit lorsque Serek totalement absorbé par le charme de la femme lui avait donné de quoi payer toute les consommations possible qu’elle désirerait, l’ange noir laissa le temps au deux amis de se présenter et se permis enfin d’intervenir après c’être lui-même permis d’allumer une cigarette lui tendant de sa main libre un second verre de vodka :

« Celui-ci je te l’offre si tu ne les fait pas s’entretuer pour tes beaux yeux ma chère Die »

L’ange noir n’espérait pas créer la surprise ni la gêne , il savait qu’il était impossible ou presque de la faire rougir si ce n’était pas elle qui le décidait, quoi qu’il en soit il voulait poser les limites d’entrée de jeu sans pour autant vexer aucun des trois membres de cette conversation. Toutefois il se permis d’ajouter :

« Messieurs je vous prierais malgré tout de ranger vos armes un peu plus discrètement, je ne tiens pas a refaire pour la troisième fois de la semaine les réparations du bar. Je ne doutes pas que vous sachiez vous tenir mais ce n’est malheureusement pas le cas de tout le monde ici, aussi je vous prierais de me faire confiance voir de me confier vos armes, les dagues et autre je vous laisse les garder sur vous ça ne me pose pas de problème, mais ça et ça , dit il en pointant les armes de sa main qui ne tenait plus la cigarette qui se trouvait désormais entre ces dents, ça risque d’en exciter plus d’un… »

Dierebel éclata de rire en entendant les conseils du Tavernier. C'était dire si elle ne se rendait pas compte de tout ce que le gérant avait du faire à son égard les rares fois où elle avait posé ses pieds dans son bar. Elle avait toujours pris la situation avec un insolent détachement, et même si un jour elle réalisait ce que Clad faisait pour elle, probable qu'elle ne lui en soit pas plus redevable qu'elle ne l'était à présent.

Malgré tout, elle aimait bien ce type là. Elle le respectait presque.
Elle aimait bien aussi la manière dont il la surnommait : "Die". La morte... Ou celle qui donne la mort. Les deux lui correspondait "à mourir". Dierebel feignait de ne rien voir, rien entendre, rien comprendre pour mieux prendre le dessus des autres et pomper leur énergie vitale. Le serveur employé par Clad avait préféré la surnommé "la petite garce" mais était-ce sa morale qui parlait ou son cœur d'artichaut qui ne s'était pas remis des avances sans suites qu'elle lui avait fait par le passé ?
Qu'importe, elle ne semblait pas s'en soucier. Surtout qu'elle avait également joué les langues de vipère et répandu la basse rumeur que le serveur était bien plus compétent à servir les verres qu'à les boire. Des sous-entendus qui laissaient imaginer le pire à qui les entendait.

L'autre homme assis à côté de Serek s'appelait Vega. "L'étoile". Il n'avait pas l'air d'un illuminé pour autant. Elle saisit le verre offert par Clad et s'assit entre les deux hommes sur le tabouret désigné par le compagnon de Serek. Ainsi, elle était entouré de deux présences masculines, pour son plus grand plaisir.
Cela laissait tout le loisir à Vega de l'observer de plus près et de sentir les effluves de sa peau teintée par les senteurs d'églantiers et des mûres sauvages des bois qu'elle habitait. Si ce dernier avait connu plus jolie rose, à ses dépends, il allait apprendre qu'elle était bien la plus piquante...
Elle bu le verre presque d'un trait avant de s'amuser à se pencher sur le comptoir pour saisir de ses doigts fin la cigarette fumante de Clad.
"Merci !" le remercia t-elle avec cet air malicieux presque agaçant qui la caractérisait. Elle tira une longue bouffée et souffla une épaisse fumée en l'air.

Elle aussi avait remarqué les belles armes des deux jeunes hommes qui l'avaient invité à se joindre à eux. Cela ne l'avait pas effrayée, bien au contraire, la vue des belles lames brillantes avait tendance même à l'attirer. Elle fit une moue toute enfantine lorsque le gérant leur demanda de les déposer ailleurs.

"Oh, vous n'êtes pas drôle très cher ! D'aussi jolies lames n'ont plus d'intérêt si elles ne se serrent pas contre les hanches victorieuses de leurs maîtres." déclara t-elle de sa voix la plus mielleuse.

Elle fit un petit haussement d'épaules charmeur en faisant papillonner innocemment ses cils noirs. Elle reposa son verre vide. Elle n'avait pas cillé en le buvant bien que l'eau de vie offerte par Clad aurait fait toussoté plus d'un orc.
D'ailleurs elle avait bien envie de s'amuser. Après avoir tiré une nouvelle bouffée de la cigarette du gérant, elle prit pour complice ses deux hôtes d'un regard brillant et susurra avec une douceur toute calculée au Tavernier :

"Allez, s'ils déposent leurs armes, promettez-moi de nous servir la meilleure absinthe de votre réserve... C'est un bon compromis."

Sa soif d'alcool pur lui donnait un petit air démoniaque. Un aussi petit corps saurait-il supporter la sensation grisante de l'alcool jusqu'au dernier verre ? Elle n'en était pas à son premier essai. Et puisque Serek offrait, il était l'heure de profiter...

Tous les bars se ressemblaient au fond. De la fumée au plafond, des badauds, des alcooliques, des couples, des gens qui cherchaient de la compagnie... Et si il avait bien une chose immuable entre toutes, c'était bien cette manie qu'avaient les barmen d'écouter (ou d'entendre seulement pour les plus polis) les conversations des clients. Derrière le zinc, ils semblaient pourtant bien occupés, mais c'était plus fort qu'eux. Bah, ce n'était pas une mauvaise chose la plupart du temps, et les barmen étaient des mines d'infos, mais bon, quand même... Heureusement que Vega et Serek n'avaient pas parlé de secrets d'états, mais de toute façon quand on ne veut pas être entendu, on prend une table en retrait, comme celle au fond dans le coin sombre, là bas.

Bref, le barman venait de se joindre lui aussi à leur petit entretien, élargissant le reste de discussion. Pourquoi pas, plus on est d'fous... Apparemment il semblait connaître déjà la demoiselle, qu'il affublait d'un diminutif, et dont il prennait soin malgré elle. Il semblait assez se soucier de sa santé pour éloigner d'elle le nain volé et donc les ennuis. L'ange noir n'avait pas fini son discours puisqu'il s'en prennait maintenant aux armes visibles qui choquaient, semblait-il dans la déco actuelle. Ah bon... Bon, peut être, certes, mais à vrai dire Vega n'avait pas vraiment eu d'endroit pour poser tout son fourbi avant de venir. La seule arme visible (les autres étaient rangées dans son sac, bien empaquetées et donc pas en causes), était sa hallebarde, qu'on ne peut bien évidemment pas ranger dans un sac. On voyait que c'était une arme, même si il avait pris soin d'enrouler les lames dans des bandes de tissus, pour le voyage. Baton de marche improvisé, il ne la considérait pas réellement comme un objet dangereux mais concédait qu'on pouvait penser le contraire.

Pendant ce temps Dierebel avait pris place, répandant dans son sillage un doux parfum boisé et fruité. Miam... Avec une bonne couche épaisse de minauderie (ce qui était, selon l'Aasimar, tout de même un brin agaçant), elle émettait un avis sur le cas des armes, avis qui ne servait certainement pas à grand chose que flatter le subconscient de leurs possesseurs. Pour Vega, cette façon de parler, ces mimiques et ce discours avaient un gout mielleux un peu trop sucré, un peu écoeurant. Mais c'était le droit de la séductrice de jouer de ses manières comme de ses atours. Il n'en prendrait pas ombrage. C'était juste amusant. Mais voila que la jeune femme devenait un peu plus intéressante, plus... sombre, le sourire un brin carnassier, et sa proposition d'absinthe étendit encore plus le sourire de l'Aasimar.

Un peu moins brute que Serek, qui avait déposé son épée d'un geste ample, il fit suivre le même chemin à sa lance, la posant plus délicatement sur le comptoir, mais quand même toujours un peu trop vivement. Du fait de sa longueur, elle alla chatouiller le verre d'un voisin de comptoir, le faisant vaciller, mais heureusement pas tomber. Le type émit un "heula!" surprit avant de se dire qu'avec deux armes sur le comptoir, il fallait peut être ne pas trop chercher les ennuis. Vega ne tourna même pas son regard vers lui. Même désarmé il n'était pas sans ressources, c'était son métier que diable. Surtout dans une cité comme celle là, dans cet endroit ci, ce n'était pas la pire des situations ou il s'était retrouvé mains nues.

"Puisque vous faites aussi vestiaire, ok, je te confie ma hallebarde. On sait jamais hein, au cas ou quelqu'un tomberait dessus, il pourrait se blesser. Mais ne laisse pas les enfants jouer avec, d'accord?"

C'était une plaisanterie, qui aurait l'idée de confier ça à un mioche (et puis d'abord quel gamin? il n'y en avait pas dans les parages. Ouf d'ailleurs!). Son sourire trahissait son ironie. Posant ses deux coudes sur le comptoir, il s'adressa au barman, un air amusé sur le visage.

"Alors, la demoiselle a fait une excellente proposition je trouve. Ce serait fort commercial en plus pour de bons clients - et un futur bon client potentiel!"

Il souriait, son regard tourné vers Clad. Entamer une soirée "sport" à peine arrivé à Elament ne le troublait pas outre mesure, ce serait une bonne entrée en matière. 'Boire sans soif et faire l'amour en tous temps, voilà ce qui nous distingue des autres bêtes', disait le poète. Son intérêt pour celui qui se tenait derrière le comptoir ne lui permettait cependant pas de voir Serek qui frôlait les ailes de Dierebel... Du grabuge en perspective?

Voila qu’il avait franchit le point de non retour, l’ange noir avait finalement établi un lien avec la jolie brune, il laissa faire, après tout c’était son choix avant tout. Ce fait n’était pourtant pas le plus approprié. Le risque était grand c’était sur du fait qu’il ne savait résister a ce genre de femme, à toute les femmes en réalité, l’ange noir était une sorte de Don juan malheureusement.

Mais l’ange n’eue pas le temps de porter plus loin sa réflexion étant donné qu’elle venait de saisir la cigarette de l’ange noir, celui-ci ne réagit sur le coup que par un bref haussement de cils, il la laissa faire quelques instant , souriant cyniquement a l’évocation de l’entrejambe des deux males symbolisé par leurs armes. Jusqu’où pouvait bien aller la perversité de cette ange pas si pure que soit, à cette pensée le sourire fut plus sincère que la dernière fois.

A ceci elle proposa un compromis, intéressant, au moins elle tiendrait ces deux hommes tranquilles. Azazel s’amusait vraiment de cette femme elle savait y faire avec les hommes, décidément elle était toujours un bon passe temps. Chacune de ces visites était un ravissement. Mais les deux personnes qui étaient ses compagnons de soirée semblait ne rien avoir a lui envier.

D’ailleurs puisque l’on parlait d’eux les deux hommes étaient entrain de lui parler. Celui des deux qui sentait le feu se permit même de le tutoyer directement. Clad aimait bien cela, la proximité n’avait rien de désagréable. Ce genre de familiarité lui faisait penser à bien des rencontres qui était devenue de grande amitié très rapidement.

« Soit va pour mon alcool puisque tu invites »

A peine avait il dit cela que l’être déchu papillonnait déjà avec l’ange au parfum si fruitée et délicat. Mais quoi qu’il en soit l’ange noir était ravi , il avait récupéré les armes des deux hommes apaisant ainsi les craintes des hommes qui peuplaient la taverne.

Entreposant les lames derrière le comptoir près de son propre katana noir il ne put s’empêcher de regarder avec une certaine appréhension a peine palpable pour ceux qui ne le connaissait pas le geste déplacé que venait d’avoir Serek.

Ce genre de jeu était mal perçu par Vega visiblement, l’ange noir lui s’en moquait un peu, après tout lui il voyait se genre de personne passer tout les jours alors a quoi bon se prendre la tête pour une seule femme quand on peu en voir tout les jours de un nombre impressionnant de femmes plutôt belles.

Et oui contrairement aux apparences ce bar était un lieu de rencontre certains soir, il faisait même des soirées organisées uniquement pour la séduction , malheureusement le dit barman avait plus de succès que la plupart des nains ivres.

L’ange finit par sortir une bouteille de l’absinthe si connu de son bar, le genre de bouteille qui n’avait servit que pour de grandes occasions ainsi que quatre verres, il sortit par la même occasion la liqueur qu’il était allé lui-même chercher dans le fond de l’enfer , les larmes de lucifel il remplit quatre shooter de cet alcool si particulier en prononçant ses quelques mots.

« Si vous voulez me montrez votre courage, je vous laisse boire ceci, on ne peut tromper ce liquide, il sait tout de vous avant même que vous l’aillez bu, si vous avez peur renoncez si vous avez des questions sur ces effets je suis a votre écoute. »

Dierebel frémit au moment où elle sentit dix doigts frôler l'une de ses ailes. Repliées sur son corps, elles touchaient le bout de ses chevilles. En l'air, elles dessinaient une forme ovale qui se répétait de plus en plus petit jusqu'à leur attache dans le dos de la jeune femme. On aurait dit un origami qui se dépliait et disparaissait. Elles étaient sans cesse en mouvement, toujours au plus près de son corps, pour les garder intactes et éviter aux curieux de les toucher. Elles étaient si fines qu'on aurait dit du papier de soie, d'ailleurs, si on y regardait bien, on pouvait voir au travers. Leur couleur cuivrée donnait l'impression qu'elle avait été trempée dans de l'or liquide. Des formes étranges et asymétriques se creusaient à l'intérieur. Et plus on jouait les curieux, plus on s'approchait, plus ces petites mosaïques du hasard s'apparentaient à des vaisseaux sanguins. Il suffisait de voir la lumière passer entre ses deux feuilles dorées pour voir le mouvement du sang qui passait et s'en allait. A vrai dire, ses ailes à elles seules constituaient un vrai petit plaisir pour les yeux, fascinantes et sublimes.
Les dix doigts de Serek doivent le picoter à présent qu'il les a touché, une étrange sensation dans le bout des doigts arrive à tout ceux qui osent tenter ne serait-ce que de les frôler. Des petites fourmis qui galopent sous la peau, une impression de chaleur ensuite, qui grandit, grandit, grandit... Et puis plus rien. C'est cher payé pour toucher ces ailes. Surtout s'il on savait que cela ressemblait à de la peau... On s'y risquerait moins !

Depuis qu'elle était assise entre Vega et Serek, ses deux ailes se laissaient souplement aller dans le vide. Dierebel avait presque l'air d'une petite fille assise là, le menton posé sur ses deux petits poings, avec sa taille de guêpe. Debout, elle ne faisait pas plus d'un mètre soixante. Après tout les fées ne sont-elles pas connues pour leur petitesse fantastique ?

Cette dernière s'amusa, en se penchant par au-dessus du comptoir, à chiper des bâtonnets en verre multicolores pour touiller les cocktails. Elle en glissa trois violets et un vert entre ses doigts avant d'élaborer avec précision et rapidité un chignon relevé de ses cheveux ébènes. C'était bien les femmes de se glisser n'importe quoi dans les cheveux tant qu'elles trouvaient ça original... Cette nouvelle coiffure révéla à ses deux hôtes deux petites oreilles pointues parsemées de boucles qui les perçaient du lobe à l'arcade. En tout, sept à droite et cinq à gauche. Elle replaça malgré tout une mèche derrière son oreille droite. Elle faisait ça avec un naturel déroutant.
Pas se recoiffer non, mais se jouer de sa féminité dans toute son entièreté ! La voilà qui se penche au-dessus du comptoir, qui s'incline encore et encore, prétextant sûrement intérieurement qu'elle ne fait pas exprès de s'allonger de tout son long comme ça, si seulement elle était plus grande ! Pour saisir quoi ? Trois petits accessoires en verre coloré ? Et puis elle agite sa tignasse faisant flotter dans l'air le parfum suave de sa peau, comme si elle avait été assez décoiffé pour être obligé de faire une démonstration de l'habileté de ses dix doigts... Non vraiment, il faut être aveugle pour ne pas voir à quelle point elle minaude et se complait dans son rôle de jeune femme fatale entourée de beaux mâles armés jusqu'aux dents.
D'ailleurs le serveur qui se pressait de table en table avec un plateau plein ne peut s'empêcher de glisser entre ses dents en passant derrière elle un "Garce !". Elle fait comme si elle n'avait rien entendu mais sur son visage s'agrandit un sourire satisfait, presque démoniaque. Ses yeux brillent de malice.
Aurait-elle prévu un sale coup ? Non...

Elle pivote doucement vers Serek pour regarder si c'est bien lui qui touche ses ailes, mais ce dernier a déjà retiré ses doigts de la plus grande vanité de cette dernière. Elle les agite nerveusement pour enlever cette impression désagréable que quelqu'un la touche sans pour autant perdre son précieux sourire.

Un soupir lui échappe lorsque Serek lui adresse la parole, et elle prend une moue toute réfléchie pour lui répondre :
" Non vraiment, je viens rarement. C'est juste que, ce petit bonhomme là (pointant du doigt Clad), je le connais déjà depuis fort longtemps et quand l'envie me prend d'abandonner ma solitude, il est toujours prêt à me recevoir.... "

Elle glissa la cigarette qu'elle tenait dans la bouche du sus-dit pour saisir un verre qu'elle attendit de se faire servir.
A peine son shooter remplit, elle le leva vivement en l'air pour trinquer et descendit le liquide avec une avidité effrayante. Elle ferma les yeux pour sentir les effets de l'alcool monter, monter, monter...
Les pores de sa peau commençaient à dessiner des frissons progressivement.

" Des larmes de Lucifer, dites-vous ? " demanda t-elle à mi-voix les yeux toujours clos.

Le barman avait versé dans des petits verres un liquide dont l'odeur laissa immédiatement comprendre à Vega qu'il ne s'agissait pas là de l'absinthe promise. Lui qui n'avait pas vu le pelotage d'ailes n'avait donc pas de raison de détourner son attention du liquide qu'il regarda couler. Qu'est ce que c'était ce truc? Un tord-boyaux local? C'était fait avec quoi alors? En tout cas ça avait l'air de bien cogner rien qu'à l'odeur. Bref, le spectacle gustatif se promettait explosif. "Il sait tout de vous avant même que vous l’aillez bu" ah bon, parceque l'alcool ça pense... Il en avait une bien belle façon de parler de barman. Etais-ce des images ou bien il était sérieux? On était à Elament après tout, pas à la baronnie, peut être existait il ici des choses qu'il ne connaissait pas...

Il saisit le verre juste après Dierebel, regardant la demoiselle le boire direct, cul-sec. Bien, à la fois elle ne manquait pas de tripes, c'était plaisant, et en plus avec son geste généreux elle venait de prouver que ce n'était pas du poison : pourquoi un barman si prévenant avec sa cliente prendrait il le soin de lui faire passer l'arme à gauche? C'était rassurant. Vega approcha le verre de son nez, reniflant un peu son odeur, tout de même encore un peu victime de sa paranoïa habituelle. Les larmes du lucifer étaient sur la bonne voie pour rejoindre son gosier... De son côté, Serek avait l'air de ne pas avoir confiance dans le liquide non plus, même si il semblait encore plus méfiant que lui.

La question que posait Serek avait le mérite d’être sensée et la petite voix prudente dans le crâne de Vega l’incitait à attendre la réponse du barman. Seulement voila : hésiter là ou une femme y était allé franco, son ego de mâle ne voulait pas en entendre parler, ainsi que la fatigue et le fond d’alcool qu’il avait déjà dans l’estomac.

« Allons, allons, ne fait pas ton vieux rabajoie ! Sans danger… »

Vega les laissa finir mentalement la phrase tout seul, et but lui aussi cul-sec son verre. La sensation de chaleur parcourut sa gorge, descendit le long de son œsophage et atterrit dans son estomac. ‘Marrant, on sentait sa progression. Le feu des larmes se mélangea à ses sucs gastriques, les réchauffant de sa présence, répandant une sensation de bien être. Et puis ce fut le contre-coup final, la remontée du second effet Kiss-cool, c'est-à-dire cette sensation piquante de l’alcool brut qui ne réchauffe plus mais brûle.

« Ouah, la vache, on a pas intérêt à être malade avec ça, parceque à boire, ça picote, mais alors à vomir... Ca doit être quelquechose! »

Il eut un petit rire et après un regard à Dierebel, qui devait éprouver la même sensation, il attendit la réponse de Clad. Bon, ok, il ne pourrait que subir, maintenant c’était un peu trop tard, mais savoir à quoi s’attendre était toujours une bonne chose. En plus, Vega détestait les surprises…



EDIT : Bon, ben mon dernier message est passé à la trappe… Alors je le poste a la suite de celui la. Pardon pour le topic un peu décousu qui en résulte…

Spoiler:

Vega avait regardé l’effet du liquide sur Serek et Dierebel, un peu étonné de voir que ça semblait agir bien fort sur eux. Lui, de son côté, avait le ventre qui le brûlait un peu, et il sentait en même temps les efflues d’alcool qui lui montaient au crâne, mais rien de plus particulier. C’en était même… Pas drôle ! Oui, certes, il sentait que l’alcool lui était monté très vite à la tête, et il commençait à perdre un peu de son équilibre, mais tant qu’il était assis, ça pouvait aller…

Pendant ce temps là, Die était allée chercher un pauvre péquin, pour faire quoi ? Aucune idée. Vega n’écoutait plus vraiment, par contre il regarda Serek péter les plombs pendant quelques secondes. Au final… Ce qu’il avait raconté semblait tout a fait véridique, même si de toute façon Vega n’en avait jamais vraiment douté.

Bref, voila, tout s’était passé, et lui… Avait mal au crâne. Quoi ?! C’était tout ? Il soupira, un peu déçu, posant sa tête sur son coude, et c’est à ce moment là qu’il sentit quelquechose tomber sur son genou. C’était comme une grosse goutte de pluie… Baissant les yeux il aperçut une tâche carmin, luisante… Du sang ? D’autres gouttes suivirent avant qu’il se rende compte que ce liquide épais provenait de son visage, de ses yeux. Passant une main sur une de ses joues, elle ressortit colorée de rouge. Le liquide était glacé, lourd, et son odeur était cuivrée.

Allons bon ! Regardant son reflet dans une bouteille, deux traînées rouges coulaient de ses yeux. Ses yeux eux-mêmes d’ailleurs avaient changé, une pupille jaune verticale sur un fond totalement noir. Tiens, cette couleur n’était jamais encore apparue… Ca faisait… Démoniaque. Il eut un hoquet de surprise à son propre reflet. Saisissant une des serviettes posées avec le reste de leur repas, il tenta de se débarbouiller… Il ne savait pas d’où venait ce sang, mais au fur et a mesure qu’il coulait, Vega avait de moins en moins mal au crâne, comme si il éliminait ce qui causait la pression dans sa boîte crânienne depuis qu’il avait bu le verre de larmes… De larmes… Quelle coïncidence…

Quelle était la signification de ce phénomène ? Vega ne pleurait pourtant jamais, assumant pleinement ses décisions, sa vie, la vie, et par extension la mort. A la rigueur une petite larme quand il avait un peu trop baillé… Etais-ce une punition pour n’avoir jamais éprouvé aucun remords ? Aucun regret pour telle ou telle tête coupée ? Il fallait dire que ce n’était pas la première fois qu’il avait du sang sur le visage, mais généralement ce n’était pas le sien. L’écoulement mit une bonne minute à se stopper, pendant lequel Vega marmonnait : non seulement c’était pas drôle, mais en plus il avait l’air fin !

Spoiler:

L’ange noir était on ne peut plus concentré sur la jolie jeune fée, a vrai dire il avait sortit cet alcool uniquement pour elle, il suivit la cigarette des yeux les ferma quand celle-ci gouta l’alcool sentit celui-ci comme si il coulait le long de son corps, sa peau se raidit sur le coup comme si il partageait cette sensation, en fait c’était un peu le cas puisque celui qui le puise à sa source dans la fontaine des démons était lié a l’alcool et se sentait au moins aussi ivre que la personne qui le buvait.

Tout sourire, l’ange alluma une seconde cigarette alors que les larmes de la fée perlait sur son visage il hésita à rattraper la première mais ne se fit pas prier pour saisir la deuxième avant qu’elle ne s’écrase sur le comptoir, rejetant la fumée par le nez il se décida enfin à expliquer les effets tandis ce que l’alcool faisait ces premiers effets sur Dierebel alors que Vega venait de la suivre, se servant lui-même un verre il expliqua donc :

« Les larmes de lucifel sont en quelques sortes un test pour les démons, ceux-ci doivent en tenir les effets sans jamais laisser passer une quelconque émotion. Or c’est bien de cela qu’il s’agit, le liquide ne fait pas que passer dans votre estomac il gagne directement le cerveau en passant par le sang, en réalité une très petite quantité atteint la fin de votre trachée. Cet alcool aussi puissant soit il vous touche jusque dans votre âme, il vous fait transpirez d’émotion, une fois ingéré il est impossible (hrp : j’y tiens vraiment, j’espère que vous jouerez le jeu) de retenir le sentiment qu’il fait naître en vous, c’est ce qui est délectable pour quiconque ne vous connait pas, il permet de faire vibrer votre corde sensible, c’est aussi pour ceci que j’ai réquisitionné vos armes de prédilection »

Après un sourire passé sur son visage de sa main libre il se servit lui aussi un shooter de sa propre liqueur le buvant d’un trait, espérant que Serek en ferait de même bouclant ainsi la boucle.

Les effets eurent proie en un instant sur l’ange noir, il faut dire que sa corpulence ne lui laissait guère d’échappatoire, bien que musclé il n’apparaissait pas comme quelqu’un de lourd c’est pourquoi cet unique alcool le touchait au plus au point. Tout ce passa donc très vite, ces yeux jusqu’alors ébènes s’embrasèrent d’une teinte rouge, un vent chaleureux mais aussi sombre que le brouillard l’enveloppa , basculant sa tête en arrière l’ange se souleva de quelques centimètres sous le courant d’air chaud, il paraissait plus serein, plein d’assurance lui qui semblait si sombre auparavant, son regard vint se planter sur la chevelure de Die qui était partit rejoindre son assistant puis son regard revint un instant sur Vega et finit par s’arrêter sur Serek à qui il décocha ce trait.

« Alors petit, as-tu peur de ce pouvoir là ? »

La cigarette que tenait l’ange noir laissait s’échapper une fumée qui semblait dansé dans la paume de son autre main, cette même fumée se modelait selon le désir de l’ange , elle finit par prendre la forme d’une tête de mort sur laquelle il souffla, celle-ci passa sur Serek et à son contact se changea en cœur a l’intention de la fée qui se trouvait plus loin , une simple plaisanterie bien entendu, le message qu’il venait de délivrer était simple, Serek devait affronter l’alcool et montrer sa valeur et Dierebel le rejoindre dès qu’elle le désirait… Comme toujours

Après avoir frissonné longuement, Dierebel fit une drôle de grimace. Cet alcool là était fort à l'écœurement, il lui brûlait l'œsophage et l'estomac avec. Elle réprima un toussotement avant de tirer la langue pour désapprouver le choix du barman. Lorsqu'elle rouvrit les yeux, deux petites larmes perlaient au coin de ses joues. Pouah, pouah ! Ça n'avait pas vraiment un goût agréable, bien que sûrement idéal pour faire tourner les têtes et laisser son esprit à l'abandon. A vrai dire, les larmes de Lucifer lui donnaient plutôt l'impression qu'elle devait rendre son repas au plus vite. Le mélange chauffait encore douloureusement son estomac quelques minutes de silence plus tard. Elle se contint de tousser à nouveau et essuya l'une des larmes qui s'était mise à couler lentement sur sa joue gauche. Un petit sourire pour dire que ça irait à Clad lui échappa avant qu'elle ne jette une œillade méfiante à ses deux nouveaux compagnons.
Vega, avait l'air d'apprécier. Il n'avait pas bronché en suivant la jeune fée d'un cul-sec aussi rapide. Elle s'en voulut alors d'avoir manqué de discrétion en essuyant cette petite perle de faiblesse sur sa pommette. Peut-être, par chance, ils n'avaient rien remarqué. Quoique Clad s'empressa d'essuyer la joue de cette dernière. Avec un peu de chance, il verrait que c'était juste le goût trop fort qui avait vendu son âme.

Même si Dierebel était une amoureuse des alcools forts et purs, ce dernier lui laissait un arrière-goût âcre dans la bouche. Sa langue endolorie ne régissait plus vraiment et ses lèvres gercées par le froid la suppliait de laisser couler une nouvelle larme pour la libérer de cette drôle de sensation de fourmillements et de dégoût qu'elle ressentait encore.
Elle passa sa langue sur sa lèvre supérieure, comme avec délectation, bien que cela lui donnait encore plus envie de vomir. Elle saisit un verre vide et se servit un verre d'absinthe qu'elle vida au plus vite dans sa bouche, sans l'avaler, pour faire passer sa mauvaise impression.

Quelque part au fond d'elle, elle avait une envie folle de se laisser aller au larmes. De pleurer. Presque de hurler. Pas que le mélange soit si fort, non, mais une boule au ventre, comme une grande inquiétude l'avait gagné. Elle avait envie de s'effondrer dans les bras de quelqu'un et couiner comme une gamine. Elle jeta un autre regard à Vega, elle cru bien qu'elle allait se précipiter dans le creux de son épaule... Elle avait envie de sentir l'odeur de son cou, peut-être même le couvrir de baiser, humer la chaleur de sa peau avec le bout de ses lèvres, se sentir protégée et oublier sa solitude. Elle ferma les yeux un instant, le goût du sang avait envahit ses papilles. Elle s'était mordue la langue mais n'avait pas senti la douleur physique. Soudain elle eu envie d'égorger quelqu'un, lui sauter dessus pour lui trancher la gorge et jouir de voir son sang se répandre sur le sol, le bruit du craquellement de ses os et le son de ses cris d'agonie... Elle se sentait si mal, envahit de haine et de mélancolie...
Ses mains se crispèrent, et les vaisseaux sur ses ailes firent apparaître des petites fleurs de phalaenopsis (orchidée, NDLR) qui se desséchèrent aussitôt.

Elle rouvrit immédiatement les yeux et déglutit sa longue gorgée d'absinthe.

L'absinthe, elle, était exquise. Les pupilles de la belle se dilatèrent en absorbant le doux mélange sucré et froid. Ses joues pâles reprirent un rosé plus rassurant. Elle se sentait calmée maintenant bien que surprise de son brusque changement de tempérament. Elle écouta d'une oreille attentive les paroles de Clad et haussa les épaules. Ses yeux encore décontenancés par cette triste rage qui l'avait dévorée. Elle secoua son petit minois de gauche à droite comme pour effacer les images qui défilaient encore sur ses paupières...
Elle s'enquit alors de reprendre la parole :

" Vos larmes de je-ne-sais-quoi... C'est la dernière fois ! Et puis ça ne m'a rien fait, je ne comprend pas... " mentit-elle outrageusement à Clad avec un air froissé.

Elle reprit un air satisfait en se servant un nouveau verre. Un peu d'ordre dans ses cheveux, elle s'étire de tout son long et pivote face à la salle en s'accoudant négligemment contre le comptoir, épaules rejetées en arrière.
Au moins, comme ça, ils ne verront pas qu'ele a réagit comme un vulgaire démon à l'affreuse potion du barman. Ses yeux rougis passeront inaperçus ainsi.
Pensivement, ses pupilles se baladèrent sur le serveur qui l'avait insulté et qui traînait plus loin. Un éclair s'illumina dans le fond de son regard, mais pas vraiment le genre de lueur sympathique ou pleine d'affection qu'elle aurait pu lancer à son cher barman, non. Le genre de choses qui sonne l'heure de la vengeance...

" Attendez pour boire Serek... "

Elle saute de son tabouret, effaçant le petit cœur de fumée de Clad à son départ précipité, sa petite silhouette se faufile jusqu'au garçon. Ce dernier se stoppe en la voyant, fait comme s'il ne l'avait pas vu et fait mine de repartir dans l'autre sens. Mais plus maligne encore que lui, elle se pose en plein sur sa route avec un sourire plein de sous-entendus. Ils se mettent à discuter quelques secondes, sur un ton d'abord houleux qui semble s'adoucir par la suite. Puis elle le ramène avec elle au comptoir, l'air décidé, chope le dernier verre de larmes et lui tend :

" A notre réconciliation... " déclare t-elle avec un ton un peu plus cérémonial encore qu'à son habitude.
" Pas pendant le service Dierebel ! " s'offusque t-il en repoussant gentillement le verre.
" C'est une exception, je te dis, allez, bois. Ça me fait plaisir, je te dis ! " insiste t-elle en lui glissant le verre de larmes de Lucifel entre les doigts. " Et cul-sec s'il te plaît. "

Le garçon la regarde hésitant, et personne ne pourra le nier ici, dans son regard on voit bien qu'il en pince pour la belle et qu'il est prêt à lui céder. Il sourit bêtement en matant son précieux breuvage du coin de l'œil mais elle le presse avant que Clad ne s'y oppose :

" Enfin !!! Bois !!! Allez, hop ! A la réconciliation te dis-je ! "

* Ridiculise-toi, bon Sang !!! *

Trois réactions différentes, pour trois essais différents, intéressant… Il n’avait visiblement pas fait d’erreur en choisissant de les initier à ces larmes. L’effet le plus surprenant provenait de l’homme le plus discret, ce Vega, les larmes qu’il pleurait, son iris qui changeait, cela faisait un peu penser aux anciens effets de la mutation de Clad, décidément chacun de ces invités était bien surprenant.

Celle qui tenta de rester la plus noble et insensible, avait tout de même prouvée sa vulnérabilité, mais le geste le plus réfléchi, bien que n’étant pas encore sous les effets de la première fois revenait a Serek, qui avait su prendre le problème avant la moindre réaction d’Azazel en s’interposant entre le serveur et Dierebel.

Décidément il ne cessait de le surprendre, lui qui après avoir bu d’un trait l’alcool se retrouvait littéralement tout feu tout flamme. Il était donc bel et bien doté du don des flammes. Et visiblement il peinait à détacher ses émotions de son pouvoir. C’était potentiellement dangereux mais au pire, l’ange noir pouvait toujours utiliser la négation, cette technique qui consiste à réduire l’air au sein d’un espace.

Quoi qu’il en soit il semblait tous s’en remettre mais être aussi plutôt surpris de l’expérience, heureusement personne n’avait aperçu les larmes de Vega sinon l’ambiance se serait vite dégradée. Mais après tout, le videur était là et l’ange était loin d’être désarmée dans son lieu de prédilection, à savoir son propre bar.

« Je vois que ca vous a plus ».

Dit l’ange en éteignant sa cigarette dans un cendrier d’acier, qu’il venait de poser afin de justement pouvoir se débarrasser du mégot, l’ange fumait trop c’était un fait, c’est d’ailleurs pourquoi il en rallumait d’ailleurs une.

« Bien maintenant que vous avez chacun prouvé vos capacités, commençons les choses sérieuses »

Dit il en remplissant les verres, congédiant les piliers de bar qui ne tenait plus la route, le bar fit place net, seuls les vrais buveurs était resté présent , soit une petite vingtaine de personne, la coutume était simple, chacun payer une tournée , a prix cassé ca allait de soit, la première tournée était pour un nain ivre, impulsé par une elfe, il rinça tout le monde d’un whisky de douze ans d’age , barman compris , cela allant aussi de soit ^^.

" Pas pendant le service ! " avait déclaré Serek en arrachant le verre des mains du serveur.

Dierebel eu beau faire une moue suppliante et attristée, ce dernier retourna au comptoir, sans un mot de plus, boire son propre gobelet de Larmes de Lucifel. La jolie fée haussa les épaules, un peu déçue que sa petite blague n’ai pas eu l’effet escompté. Un coup d’œil vers Clad, ce dernier semblait soulagé que l’ange déchu à la crinière de feu l’en ai empêché, elle lui fit un petit sourire pour se faire pardonner. Après tout, il était habitué à ses frasques…

Bien que la jeune femme vivait son existence dans le silence et la discrétion la plus absolue, ses tentatives de socialisation étaient on ne peut plus maladroites. Et ses blagues, trop souvent, de mauvais goût. Clad la connaissait un peu, plutôt bien même en comparaison aux autres habitants d’Elament. Ils étaient arrivés à la même époque dans la Cité, et même si ce dernier était un élémentaire de l’air tandis qu’elle se dotait du don Terra, ils avaient plus ou moins lié d’amitié à la fin de leur adolescence.
Amitié ayant comme signification pour la belle, quelques brèves conversations sur leurs états d’âmes passés entre deux cours.
Dierebel était, durant les années de sa scolarité, une élève calme, presque timide. Introvertie, elle parlait peu et s’isolait d’elle-même dans le fond des salles de classe. A l’époque, la séparation avec ses sœurs lui pesait, elle avait du mal à se remettre de cette solitude soudaine que lui imposait ce nouvel environnement de vie. Elle n’arrivait pas à aller vers les autres, ou du moins, elle n’essayait pas. Leurs cultures et leurs manières d’être l’agaçaient profondément, elle ne s’en cachait pas. Glaciale, elle avait pour habitude d’envoyer quiconque lui parlait sur les roses. Aussi bien intentionné fut-il. Elle renforçait sa différence et l’antipathie qui planait autour de sa personne en étant une élève acharnée au travail. Major de sa promotion après ses trois années d’études, l’ancienne directrice de l’école lui avait même proposé de devenir professeur Terra. Dierebel avait éclaté de rire.
Comme si elle était assez masochiste pour continuer d’évoluer dans l’école ! Non, sa solitude lui avait bien assez coûté.

La jeune fée avait par la suite trouvé un emploi chez un médecin pour qui elle jouait l’apprentie sorcière. Se servant de ses parfaites connaissances botaniques, elle créait des potions de toutes sortes pour guérir ses patients. Sous-payée mais cependant reconnue pour son efficacité, elle avait finit par se mettre à son propre compte, élaborant dans son appartement inaccueillant, un atelier de chimiste.
A présent, elle ne travaillait que pour sa survie : un toit, du pain et du vin. Pas plus. Elle vendait le plus souvent des mixtures miracles au Beauty’Facil, pour une poignée de pièces. Le reste de ses consommations lui étaient offertes le plus souvent par de nombreux prétendants prêts à se ruiner pour les yeux de la belle. Et Dieu, qu’elle avait appris à en jouer !

Trèves de bavardages, elle regagna son tabouret entre Vega et Serek. Ce dernier maugréa quelque chose entre ses dents sur la boisson de Clad avant de l’avaler cul-sec.
A la bonne heure, la fée avait soif, il était temps de commencer à s’amuser. Mais à peine eut-elle le temps d’ouvrir la bouche pour quémander un autre verre que Serek prit subitement feu avant de s’agenouiller devant elle. Surprise, elle jeta une œillade inquiète à Vega, la bouche encore entrouverte. Lui avait vidé son verre lorsqu’elle s’était levée… Elle n’avait pas vu s’il avait subit le même sort que son compagnon de beuverie. Mais dans ses yeux, on pouvait voir qu’elle lui posait mentalement la question.

« Ça arrache ce truc… » Déclara t-il ensuite avec un léger sourire.

« C’est peu dire ! » Répondit-elle dans un vague murmure.

A vrai dire, elle se posait la question de savoir si oui ou non, elle s’était également enflammée. Si c’était le cas, Clad devait bien se moquer de sa douce feinte de n’avoir rien senti.

« Je vois que ça vous a plu. » Dit mystérieusement leur serveur attitré en guise de toute réponse.

Alors qu’il se rallumait une nouvelle cigarette, il proposa d’attaquer les choses sérieuses. Un nain dans l’assemblée offrait sa tournée de whisky, l’un des meilleurs, Dierebel ne se fit pas prier et commença à siroter le sien avec délice. Elle avait hâte que sa tête commence à tourner. Elle adorait se sentir prisonnière du coton que lui imposait l’ivresse de certains soirs. Elle aimait voir les lumières devenir trop fortes pour ses yeux. Et par dessus tout, elle préférait l’instant où Clad ferait les portes de la Chope Hurlante et où elle se retrouvait, le cerveau bouillonnant de couleurs et de musique, les joues rougies par les vapeurs audacieuses de la boisson, dans la rue froide et déserte.

Mais il restait un peu de temps avant cela, et comme pour défier ses preux cavaliers d’un soir, elle dit d’un air détaché :

« Tiens, j’aime bien ce que joue le pianiste. J’irais bien danser un peu… »