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| | Iblîs Nemrodus Nombre de messages : 599 Âge : 37 Race : Marcheur des Ombres Poste : Démon Libre Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae) Feuille de personnagePuissance: (980/1000) | |
| Mar 20 Mai 2008 - 14:22 | |
| "N'est pas mort celui qui à jamais dort, Et au long des siècles peut mourir même la mort."Mythe de Chtulu Comme le vent souffle, ce soir ...
La journée avait été belle, pourtant. Une matinée de printemps, fraîche, coupée d'averses, suivie d'un après-midi ensoleillé. Mais à présent que le jour s'est enfui, le froid gagne. La bise passe en rafales âpres et froides, souvenir de l'hiver vaincu. Au ciel, des nuages pâles défilent rapidement, laissant apercevoir l'éclat de lointaines et pâles étoiles. Le Cimetière est silencieux, hormis les feuilles déplacées par le vent. Les arbres sommeillent, épuisés par cette journée passée à faire reverdir leurs bourgeons, les animaux nocturnes attendent le lever de la lune pour vaquer à leurs occupations.Seules les pierres tombales sont debout, dressant dans la nuit leurs piliers de deuil. Certaines sont toutes récentes, gravées d'un nom d'élève ou d'habitant ayant péri dans la Bataille qui ensanglanta Elament quelque temps plus tôt. D'autres semblent dater des premiers temps du monde, tant elles sont rouillées et mangées de mousses ... toutes restent ainsi, hiéraldiques et fières, défiant le temps. Ainsi elles demeurent, en mémorial à ceux qui ne sont plus, afin que nul n'oublie que ce qui commença un jour, un jour devra finir. Passant, fais silence, retiens ton pas ... en ces lieux, les morts dorment sous la pierre ...
Et chaque nuit, le vent murmure sa berceuse pour ceux qui sommeillent ...
Mais pourquoi, cette nuit, la rafale passe-t-elle si violemment sur le champ de tombes? Le Cimetière est à l'abri des grands vents qui frappent les Falaises de Fëlt ou descendent des Monts Décharnés. D'habitude, la brise nocturne y est douce comme la caresse. Ce soir, quelque chose est différent. Le vent ne hurle pas entre les pierres, ne déchaîne pas sa colère, et pourtant, on y sent de l'agitation. Ce sont de grandes rafales espacées, qui agitent la nuit comme une main invisible. Est-ce la nuit de la Toussaint, celle où chaque automne les voix des morts peuplent l'air, appelant leurs descendants? Non, ce n'est pas l'époque. Les étoiles n'ont pas prédit que la Porte de l'Au-Delà s'entrouvrirait cette nuit. C'est autre chose ...
Des goules, au Cimetière, errant entre les pierres comme des hyènes? Non plus - ces créatures n'aiment pas le vent, et ne sortent que par les nuits noires, où le monde lui-même semble être plongé dans son dernier sommeil. Or cette nuit, la Lune se lève. C'est une bonne lune, ce soir. Ni Rouge, ni Noire, elle jette ses clairs rayons d'argent sur les chemins et les sépulcres. Oui, tout serait paisible sans ce vent nocturne qui souffle, tout serait désert sans celui qui est debout sur la colline.
Qui est-il? Qui le saurait, sinon vous et moi, enfants qui suivez le Conte depuis les Origines. Nous savons qui est cet homme apparu de ne nulle part, au milieu de la nuit. Souvenez-vous ... nous l'avions laissé quelque temps, peu après la grande guerre. Alors que tous s'attendaient le le voir prendre en main la Caverne, il avait disparu, sans un bruit, sans un mot. Nul ne savait où il avait été, à présent libéré de son châtiment et de son exil, redevenu Démon et non plus Banni. A présent il revenait, non pas à la Caverne, mais d'abord au cimetière d'Elament, sans bruit, sans escorte, sans pompe. Tout le contraire des démons en général. Pourquoi? Parce que cet homme s'appelle Iblîs - et ce simple nom est une raison suffisante.
Sa robe noire flotte au vent, et sous son capuchon, les yeux d'obsidienne brasillent doucement. Il attend ... quoi? Put-être que tourne le vent. Peut-être le lever du soleil. Peut-être le pas léger qui retentit derrière lui ... |
| | | Invité | |
| Mer 21 Mai 2008 - 19:18 | |
| *Quel froid*
Un nuage de vapeur s’échappa de la bouche de la silhouette, qui marchait lentement entre les pierres tombales. Une grande cape bleue nuit jetée sur ses épaules et recouvrant habilement sa tête, la silhouette observait, s’arrêtant de tant à autres pour lire un nom ou décrypter une inscription. Ses pas étaient à peines audibles sur le fin gravier devant les pierres tombales. De nombreuses tombes étaient récentes ; sans doute le vestige de la bataille qui avait ébranlé la fière cité d’Elament quelque mois plus tôt. Maintenant, tout ce qu’on discernait sur les visages de ses habitants était tristesse et amertume. Elament avait peut être encore plus perdu que ce que l’on pensait ce fameux jour.
Cela faisait une éternité que la silhouette tranquillement emmitouflée dans sa cape n’était pas venue. Avant, ce cimetière était un de ses terrains de prédilections pour ses jeux du soir. Elle avait eu le sentiment d’être invincible, de ne plus jamais pouvoir se briser. Ces temps la étaient depuis longtemps révolus, trop de choses avaient changés et trop de temps s’était écoulé. Il y a des choses qu’on ne peut acquérir qu’avec de longues années d’apprentissage de la vie, des choses que l’on n’apprend qu’après un drame. Toujours, on change changés de nos rencontres, parfois dans le bien, et parfois de manière négative. Oui, l’être humain est en constant changement, comme la mer, ou comme le vent qui soufflait cette nuit là.
Le vent se fit violent à nouveau, et se déployèrent de sous la capuche de longs cheveux noirs de jais. Althys ne cherchait pas à se cacher, et ses yeux étaient parfaitement visibles à la lumière de la lune. Oui, cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas arpenté ces allées sinueuses, et elle se rendait compte de sa longue absence par le nombre incalculable de tombes qui semblaient avoir poussées comme des champignons. Rien n’avait changé dans son apparence ; cette peau légèrement teintée, ses yeux d’un noir profond, tout comme ses cheveux, sa silhouette fine… Pourtant, ses yeux n’étaient plus teintés de cette expression de joie qu’elle avait lors de son arrivée dans la ville, mais semblaient affectés par la tristesse perpétuelle de ceux qui connaissent l’éternité, ou de ceux qui ont été gravement malades, des condamnés…
Lentement, Althys avançait, où, elle ne savait pas. Elle avait été attiré par cet endroit tôt dans l’après midi, mais n’était pas venue plus tôt par peur de rester près des nombreuses familles en deuil ; elle ne souhaitait pas être accostée, et tous cs gens qui pleuraient, ça la dérangeait ; presque au point d’en être malade. La nuit était donc un bon moment pour visiter ce lieu ; même si il avait la réputation d’être mal famé. En tout cas, pour l’instant, elle n’avait pas fait de rencontres malveillantes.
Toutefois, au détour d’un chemin, elle finit par apercevoir une seconde silhouette, emmitouflée dans une cape, qui lui tournait le dos. Althys n’eut pas à réfléchir longtemps pour comprendre que cette présence n’était pas un simple gardien de cimetière. C’était bien plus qu’un être simple. Elle se rapprocha de nouveau, jusqu'à se trouver à environ trois mètres de la personne. Elle avait bien conscience qu’elle ne faisait rien pour se dissimuler. Mais Althys n’était semblable à l’ange puissance qu’en apparence, et elle ne connaissait plus rien de la peur. |
| | | Iblîs Nemrodus Nombre de messages : 599 Âge : 37 Race : Marcheur des Ombres Poste : Démon Libre Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae) Feuille de personnagePuissance: (980/1000) | |
| Mar 3 Juin 2008 - 16:15 | |
| (désolé du court, manque d'inspi ce soir ^^)
Dans un long froissement de tissu, le vent fit flotter le manteau qui enveloppait l'inconnu, tandis que celui-ci se retournait. Pris dans l'axe du vent, le capuchon glissa en arrière, révélant le visage lisse et les yeux d'obsidienne. Les longues mèches noires ondulèrent, et derrière elles se dessinait vaguement un symbole tatoué sur le front. Un rayon de lune l'éclaira une seconde, sculptant dans sa lumière d'argent les cinq pointes d'une étoile entourée de runes. Le Pentacle.
Celui qui portait ouvertement la marque des démons faisait à présent face à Althys. Son regard de braise détailla la silhouette comme lui dissimulée sous une étoffe, mais qu'on devinait fine et musclée. Sous ces yeux et leur diabolique noirceur, le tissu et la chair semblait transparents, sans substance. Lentement, le Démon noir approcha de la jeune fille. Sa haute taille obscurcit les étoiles, une à une, cachant même les rayons lunaires. Seuls les yeux continuaient de flamboyer, inquiétantes lueurs d'ébène.
Il était tout proche, à présent. Presque paresseusement, il leva la main et caressa le menton de la jeune femme du bout du doigt. Une sorte de doux sifflement vint de l'ombre de la bouche, comme si l'être de nuit humait d'invisibles effluves. Sa voix éthérée troubla à peine le silence nocturne.
« Tu n'as pas l'odeur des nôtres. Mais elle en est proche ... si proche ... »
La main squelettique lâcha Althys comme à regret. Iblîs recula d'un pas, la dévisageant pensivement.
« Qui es-tu? » |
| | | Invité | |
| Lun 9 Juin 2008 - 17:56 | |
| Un nouveau souffle de vent fit tomber la capuche de la personne devant elle, qui se retourna pour lui faire face. Même sans cela, Althys pouvait sentir qu’il n’était pas quelqu’un de banal. Il dégageait réellement quelque chose, quelque chose de si particulier qu’elle aurait eu du mal à le décrire, quelque chose que l’on n’oublie pas, même quand ces souvenirs ne sont pas les vôtres. Althys observa avec attention le démon qui se rapprochait d’elle, doucement. Ses longs cheveux noirs, ses yeux couleur de jais, ses traits fins et son expression indéchiffrable… Ils se ressemblaient d’une certaine façon, même si un monde les séparait.
Elle ferma les yeux quand il lui toucha le menton, comme quand on aspire à l’étreinte d’un frère, mais elle ne fut pas étonnée de le voir hésiter quand à sa nature. Même ce touché avait quelque chose de dérangeant ; comme la rencontre de deux êtres qui n’étaient jamais supposés se croiser. Oui, elle était si proche des démons ! Elle se sentait plus proches de ces créatures de la nuit que des habitants naifs d’Elament. Qui est tu ? Une question simple, qui amenait pourtant une réponse compliquée. Althys rouvrit lentement ses yeux foncés, et étudia avec attention le démon qui se tenait fièrement face à elle. A question ouverte, elle décida de répondre la vérité.
- Je me nomme Althys Emphel, j’habite la cité d’Elament.
Elle garda le silence un moment. Bien, cette réponse suffisait pour la question « qui est tu » ; mais elle se demandait si « qu’est tu » n’aurait pas été plus approprié. Un fin sourire se dessina sur les lèvres rouges de la jeune fille, sa capuche était tombée pour elle aussi, et ses cheveux se soulevaient telle une toile d’araignée noire emportée par le vent et ses frasques.
- C’est vrai que je ne suis pas des vôtres ; mais je vous ressemble, je crois. – Elle marqua une pause- Oui, nous sommes semblables, dans ce que nous recherchons.
Elle se tut à nouveau, savourant en silence les mouvements changeants du vent. Elle resserra son étoffe autour de ses épaules.
- Et vous ? Puis-je vous demander votre nom ? Je ne pensais pas rencontrer quelqu’un par ici à une heure aussi tardive.
Ce n’était pas tout à fait vrai. Elle avait entendu qu’il était plus que probable qu’elle fasse des rencontres dans ce lieu réputé mal famé, surtout à cette heure de la nuit. Tant que ce n’était pas de marmots pleurant la perte de leurs proches, elle se sentait capable de supporter. |
| | | Iblîs Nemrodus Nombre de messages : 599 Âge : 37 Race : Marcheur des Ombres Poste : Démon Libre Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae) Feuille de personnagePuissance: (980/1000) | |
| Jeu 19 Juin 2008 - 11:34 | |
| Paisiblement, le démon s'assit sur une tombe et appuya son dos contre la pierre. Il renversa la tête et plongea son regard dans le ciel. Ses pupilles d'obsidienne reflétèrent la voûte céleste, comme une eau noire qui réfléchit sans s'éclairer. En cette nuit un peu brumeuse, les constellations brillaient d'une lueur diffuse. On les distinguait à peine derrière le voile nocturne. La lumière argentée de la lune perturbait le firmament, donnant l'impression d'une mer de lait parcourue de longues vagues paresseuses. Le Démon fait d'Ombre, héritier de la nuit d'en-bas, contemplait la nuit d'en haut, et dans les yeux ténébreux, flottait un océan d'étoiles !
L'heure ... tardait ... la lune vieillissait. Iblîs parla, et sa voix était rêveuse. Il ne s'adressait qu'à demi à Althys – celle-ci n'était qu'un prétexte pour continuer ses rêveries dans une nouvelle direction. Tout comme il avait souvent parlé seul, dans le grand silence de l'abîme. Sans personne pour écouter ce qu'il prononçait, des siècles durant, quand nulle tâche ne l'attendait sur Terra. Sa voix étrange murmurait interminablement dans les ténèbres, et ces chuchotements qu'on croit entendre parfois dans les grands gouffres, n'étaient peut-être que l'écho de sa voix ... pour lui-même, pour rien, pour tout, pour la magie des mots gravés dans l'obscurité.
« Pourquoi accordez-vous autant d'importance au temps ... un jour, le dernier de tous les soleils se couchera sur ce monde. Cette heure sera vraiment tardive, car alors viendra la nuit. En attendant, nulle heure n'est tardive, puisqu'elle contient encore la promesse d'un avenir. »
L'être sombre émit un petit rire sifflant. Mais le sourire qui étira ses lèvres n'anima que la moitié du visage. Les yeux restèrent morts, fatigués, dépouillés de l'étincelle qui différenciait la chair de la pierre.
« Qu'importe ... moi, je suis Iblîs des Démons. Assieds-toi. »
La main blanche indiquait la pierre tombale en face de lui. Il y avait dans ce geste plus qu'une invitation, mais une autorité puissante. Non pas due à une quelconque domination sur Althys, elle était pourtant là, pressante. Iblîs ramena ses genoux contre sa poitrine et les entoura de ses bras, se laissant aller contre le roc. Juste derrière lui, une épitaphe écrite en demi-cercle, dans un langage oublié, couronné sa tête. Etrange vision que ce démon, coiffé d'une auréole de paroles de regret, et d'espoir d'un bienheureux au-delà !
« Nous sommes semblables, as-tu dit? Quelle idée amusante. Je t'écoute ... explique-moi comment nous nous ressemblons? » |
| | | Invité | |
| Ven 20 Juin 2008 - 15:40 | |
| Althys regarda le démon en face d’elle. Elle le regarda sans ciller, jusqu'à ce qu’il lui demande de s’asseoir. Pourtant, ce n’était pas qu’elle n’écoutait pas, ni qu’elle ne trouvait pas d’intérêts aux paroles du démon. A contraire, ses paroles résonnaient en elle, il lui semblait qu’elles étaient dans sa tête, elles lui parlaient. L’âme d’Althys n’existait presque plus. Elle allait bientôt flétrir, et se décomposer.
« Vous êtes d’une sagesse incroyable, Iblîs des abîmes ; car pour moi le temps à beaucoup d’importance, une importance capitale même. Il me faut sans cesse lutter contre cette notion nuisible ; il y a des choses que je veux, et pour cela il me faut me hâter. »
Elle réfléchit un instant, sans cesser d’observer Iblîs, puis elle s’assit sur la tombe qu’avait montré le démon de la main. Le vent soufflait toujours à rafales irrégulières.
La dernière question du démon la déconcertait quelque peu. C’était comme si on lui demandait d’expliquer son existence même, mais elle était une chose rare, et ce simple fait flattait son orgueil. Elle prit une longue inspiration et expira la tête légèrement rejetée en arrière. Elle se demandait se que voyait le démon dans le ciel nocturne. Pour elle, les astres n’avaient ni signification ni importance. Elle était comme une novice que l’on devait éduquer à tout. Quand elle baissa à nouveau la tête, ses yeux n’avaient plus de pupille, ils étaient noirs, brillants et intelligents comme ceux d’un insecte. Elle portât la main à sa tête, et ses yeux redevinrent normaux. Puis, elle se mit à raconter, car le démon lui inspirait beaucoup de respect, une certaine crainte aussi, la même crainte qui accompagne l’inconnu :
« Je ne connais pas bien les démons, leurs ordres et leurs ambitions, mais je sais que je leur ressemble, d’une certaine manière…Oui, je le sens dans mon existence même.- Elle marqua une pose, et regarda le démon- Je ne suis pas, Althys Emphel. Je crois que personne ne sait vraiment ce que je suis…Ce que je sais, c’est que depuis que j’ai prit conscience que j’existais, je me suis débattu, et j’ai prit le contrôle d’une enveloppe charnelle ; peut importe le prix. Je suis comme un enfant, à qui on doit tout apprendre, mais je sais que je suis plus proche des démons que de ceux qui se nomment habitants. Je le sais, je le sens, car l’odeur du sang, est pour moi quelque chose de si doux! Quand j’ai renversé la misérable âme qui habitait ce corps, j’ai eue un sentiment d’exhalaison! Un sentiment de.. »
La voix d’Althys se brisa, car elle se rendit compte qu’elle s’était emportée et qu’elle en avait peut être trop dit. Elle baissa la main qu’elle avait levée pour observation, et reprit d’un ton plus calme, avec une voix pas plus forte qu’un chuchotement, mais qui résonnait clairement dans la nuit :
« La destruction…Ce n’est qu’à cela que j’aspire »
Et alors qu’elle reposait son regard sur Iblîs, ce regard n’avait plus rien de sain, et plus rien d’humain. |
| | | Iblîs Nemrodus Nombre de messages : 599 Âge : 37 Race : Marcheur des Ombres Poste : Démon Libre Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae) Feuille de personnagePuissance: (980/1000) | |
| Mer 9 Juil 2008 - 22:39 | |
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A nouveau, Iblîs rit. De ce rire grinçant si sinistre pour une oreille humaine. C'est pourtant sans mépris ni ironie. Simplement parce qu'il y a des choses qui ne s'expriment pas par des mots. Le bonheur ... il n'existait pas, mais la jubilation si, et cela faisait un certain temps qu'il n'avait pas été aussi captivé. Un être de ténèbres né dans un corps d'Ange? Né de nulle part, simplement, comme une fleur de noirceur sublime?
La nommée Althys n'avait même pas attiré son attention en temps qu'Aera. Insignifiante. Inutile. Sans intérêt. Mais cette chose qu'elle était devenue ... elle était un être vierge, tissé de pure maléficience. En quelques mots, il y sentait quelque chose de dément, et pourtant d'effroyablement calculateur. Elle avait tout à apprendre, mais respirait le désir de détruire avant même d'être elle-même complètement formée. Elle était aussi innocente et aussi cruelle qu'un raz-de-marée ou un tremblement de terre, une force primordiale vouée à la Destruction comme un but et non pas comme un moyen. Elle était comme lui. Plus que tous les autres Démons, plus qu'Alouqua elle-même, ils partageaient la nature de Démons dans son essence la plus pure.
Elle les désirait. Elle désirait leur force pour grandir et se développer. Et elle ne se laisserait pas manipuler. Il essaierait pourtant – on ne se débarrasse pas ainsi des habitudes. Et ils passeraient certainement de très bons moments dans cette joute.
C'était un jeu intéressant! C'était un esprit intéressant ! Oui, il revenait à la Caverne après avoir rencontré ces rois de l'enfer qui ne changeaient pas, toujours désespérément égaux à eux-mêmes ... et aux abords même d'Elament, sa vieille ennemie, il trouvait quelque chose de prodigieusement, de diaboliquement INTERESSANT !
Iblîs rit follement, sous la Lune ! Et au son de ce rire, le monde tout entier semble se tordre, frappé de démence. Est-ce vraiment l'homme morne et froid qui fut l'ombre d'Apharez si longtemps? Il y a quelque chose de changé en lui, comme s'il avait retrouvé le sourire infernal du Faucheur d'autrefois. Aux rayons de lune, sous sa lueur foetale, la folie sacrée se dévoile !
Quand le silence revient enfin, le Démon est toujours là, assis sur la pierre. Dans sa cape, il ressemble plus que jamais à un Serpent aux écailles grises, patinées par le temps, qui se love sur lui-même et vous regarde avec un immense sourire venimeux. Et dans les yeux d'abîme, tournoie une passion sans mesure.« Tu es jeune! » murmure le Démon. « Et tu es noir! Noir! Noir! En attendant que tu te choisisses un nom qui te convienne, je te nomme la Flamme Noire, Kaleth! »La cape vole soudain au vent. Iblîs s'est levé, et une fraction de seconde plus tard, la tombe où il se tenait est vide. Vide, car le voilà réapparu juste à côté de la jeune femme. Sa taille interminable la domine, et le manteau noir l'enveloppe comme une seconde robe. Deux bras squelettiques vous entourent délicatement, comme le ferait ceux d'un amant. Et sa bouche murmure à votre oreille, presque amoureusement, les mots de fiel qui portent la tentation. Car cette voix, c'est celle du Mal lui-même !« M'accompagneras-tu, Kaleth? Tu verras ce que nous sommes, tu grandiras à notre contact, tu apprendras ce que tu désires. Je ne te demande rien en échange, car que tu me serves ou que tu me trahisses, tu emporteras quelque chose de moi ... »Mais que peut bien avoir cette nuit, pour griser jusqu'aux Démons eux-mêmes? |
| | | Invité | |
| Ven 26 Sep 2008 - 20:17 | |
| Et Althys se sentit submergée d’un sentiment inconnu. Elle se sentait plus vivante qu’en entrant dans le cimetière. Pourquoi est ce que le fait que quelqu’un reconnaisse son existence la rendait extatique à ce point ? Elle qui n’est que vide, abîme de noirceur…
Alors qu’en venant dans ce lieu perdu et seul, elle pensait n’y trouver que la solitude, elle rencontrait quelqu’un qui la voyait enfin telle qu’elle était réellement, quelqu’un qui comprenait son désir, son désir intense et pur, voué non pas à la haine, mais à la fin de toute chose. Car il n’y a aucune haine en elle. Elle n’est ni animée par un sentiment de vengeance, ni par la passion, seulement par ce besoin maladif et incurable de vouloir détruire, tout ! Aucune pitié, aucune tristesse ! Aucun sentiment humain ne l’anime. Mais où est donc passé la Althys d’autrefois ?
"Kaleth "
Elle savoura ce nom, qui sonnait familier, juste. Elle le sentait comme une caresse sur sa peau, sur son âme. Et alors qu’elle plongeait ses yeux dans l’abîme de la nuit, Iblîs reprit la parole. Il semblait presque heureux, sentiment humains se mêlant à l’inhumain même, la joie se mêlant à un esprit tordu, incapable de sourire ! Ah, comme elle se sentait bien, dans cet instant ! Comme si elle souhaitait que le temps se fige, que tout s’arête et se fonde dans l’obscurité La voix d’Iblîs résonnait du plus profond d’elle-même, emprunte d’exhalaison. Elle n’était pas la seule à se réjouir de cette rencontre. Et quand bien même Iblîs pouvait l’utiliser, elle s’en moquait, car rien n’effacerait ce qu’elle apprendrait à ses côtés. Elle ne cherchait pas, grâce à son enseignement, le rôle d’un père, d’un ami, ou de combler le vide de son âme. Elle n’était pas non plus le genre d’être à apprendre pour mieux détruire. Elle n’avait pas besoin d’apprendre, détruire était son existence même, une naissance faite dans la mort de tout chose. Elle ne voulait que savoir, en savoir toujours plus ! Voir le monde, le connaître dans ses moindres recoins, et savourer encore plus, par la suite, le moment de sa destruction !
Iblîs s’était approché d’elle, comme le ferait un amant. Elle sentait bien cette connivence, cet appel qui le liait à lui, d’une certaine manière. Alors, quand il lui demanda si elle souhaitait le suivre, satisfaire son désir d’en savoir plus, de mettre à profit ce qu’elle apprendrait avec les êtres pleins de noirceur que les ignorants appellent démons, sa réponse était déjà faite, inscrite dans la nuit comme formée par les étoiles, une réponse évidente :
« Oui » Ce oui, elle le répéta, doucement, car elle était enfin satisfaite. Elle allait obtenir, ce qu’elle désirait tant, tout se mettait soudain en place, comme les pièces d’un puzzle éternel, construits par des maîtres de l’humanités, dont ils ne seraient que des pions. Oui, sa place n’était ni à Elament, ni parmis ces pierres tombales ; sa place était ici, dans la nuit ! Ici, avec l’être qui lui ressemblait le plus dans le monde, ici, dans le noir absolu. |
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