Un hululement maussade s'éleva dans les airs, pendant qu'une bourrasque balayait des débris jonchés au sol, pour les emmener loin, au-delà de la mer. Le vent soufflait fort, en ces lieux. Un temps plutôt rare pour une saison chaude... sauf pour les falaises de Fellt, connues pour ses puissantes rafales de vents, aussi bien en contrebas des coteaux, que sur ses rebords.

Que lui avait-il donc prit, d'entamer une excursion nocturne dans ce coin-là?
Il était évident qu'un tel endroit était plutôt déconseillé, car à l'extérieur des remparts de la cité, nul ne pouvait savoir ce qu'il allait advenir.

*...* -pensées vides-

De toute façon, lui-même ne s'expliquait pas. -Juste une simple envie de s'aventurer hors de la ville, dans le calme qu'offre la nuit.
Loin d'être nyctalope, Haxendre finit par poser pied à terre, le vent fouettant son visage pâle. Il faisait sombre, mais la lumière de la lune permettait de distinguer vaguement les différentes silhouettes des troncs et rochers, aux alentours. -suffisamment visibles pour ne pas se heurter contre une branche basse par mégarde.-

Alors que quelques mètres plus bas, la mer s'acharnait contre les parois de la falaise, l'ange parcourut un petit bout de chemin, en ligne droite, sans but précis, comme à l'ordinaire. C'est alors qu'il aperçut une forme sombre et incertaine, quelques mètres plus loin. De là où il était, peut-être que la présence en question ne l'avait pas senti, car les rafales venaient en contre sens. ...Mais à quoi bon dissimuler sa présence alors qu'aucun signal de danger n'était palpable à cet instant?

Tranquillement, le Trône s'avança encore un peu, les yeux légèrement plissés, vers cette silhouette frêle.

Puis, il s'arrêta.

Après tout, rien ne l'obligeait à aller à la rencontre d'un inconnu, et, il ne resta là, que par curiosité. Et pour combler le tout, il trouva même un rocher près d'un tronc d'arbre, pour s'assoir et observer cet étrange être encapuchonné.
D'ailleurs, une rafale poussa ce dernier au sol.
Ne le voyant pas se relever, Haxendre resta encore ainsi, -presque intrigué mais toujours immobile, en observateur passif. Non, cette scène ne l'amusait pas, et encore moins le désolait; ce n'était là que la manifestation de son caractère étrange.

De là où il était juché, le Trône ne pouvait voir ce que manigançait cet être. S'agissait-il d'une vampire? D'un démon? ...ou encore d'un élève?
A cette pensée, Haxendre se releva d'un mouvement fluide. S'il était gardien de la cité, ce n'était sûrement pas pour laisser les élèves ou les habitants dans le pétrin, sous ses yeux. D'autant plus que le mystérieux individu semblait être sur le point de se faire emporter par le vent, et qu'il était tout près du rebord. Chancelant, il s'effondra de nouveau quelques minutes plus tard.

Accélérant très légèrement la cadence, l'ange arriva juste derrière son hôte, sans mot dire. -De toute manière, il n'avait rien à dire.-
Silencieusement, il s'accroupit, à côté de l'étranger- (aussi fut il surprit de constater qu'il s'agissait d'une étrangère). N'est ce pas là une manière étrange, pour aller proposer son aide à une inconnue d'apparence frêle?
En tout cas, pour l'heure, le fait est que cette inconnue marmonnait des choses qu'il ne saisit pas.

« ... il se fait tard... mais je peux vous raccompagner à la cité » prononça l'ange, d'un ton calme, mais suffisamment haut pour couvrir le bruit des rafales.

Pas de questions sur son identité, ni de commentaires sur son état. Il avait dit cela sans vraiment s'adresser à cette jeune femme -dont il ne reconnut pas la race-, le regard lointain, rivé quelque part devant lui.

[HS: Arf dsl pour le retard mais ça y est j'vais me rattraper Xd]

Quelque chose dans l'ambiance se modifia -légèrement- au rire étranglé de la jeune femme. Probablement face à l'absurdité des paroles de l'ange... Pourtant, rien ne l'incita à changer d'attitude. De toute manière, l'étrangeté et l'incohérence étaient les maîtres-mot de sa personnalité.

Il haussa imperceptiblement des épaules. Le regard perdu au-delà de la falaise, Haxendre finit par se tourner vers son interlocutrice, qu'il tenta de détailler. Face à la pénombre, il ne parvint qu'à distinguer une large capuche rabattue sur le visage de son hôte, vêtue d'un longue cape sombre. En tout cas, il n'était vraiment pas fait pour vivre de nuit: aveugles, ses yeux ne parvenaient pas à percer davantage l'obscurité.

« Il me semble qu'il n'y ait personne d'autre que vous dans les parages... », prononça Haxendre d'un ton calme, couvrant à peine le sifflement du vent.
Il leva ensuite la tête, comme pour regarder le mouvement des airs autour d'eux, avant de reporter son attention vers cette inconnue.

« Excusez-moi, mes yeux ne sont pas habitués à la nuit, et... et je ne vous vois que très mal. »

Seuls les contours de la cape se détachaient vaguement de la nuit, se mouvant au gré du vent. Pendant un bref instant, cette étrangère lui parut frêle -très frêle- face à la violence des bourrasques. Peut-être que, quelques instants auparavant, il l'avait imaginé en train de vaciller?
Incertain, il scruta les alentours une fois de plus. A cet instant, un épais nuage voilà la lumière de la lune, plongeant les falaises sous leurs aspects le plus sombre. Seule son ouïe fine lui permettait encore de se repérer, car sa vue, incapable de l'orienter en l'absence de lumière, l'empêcher de fixer un endroit précis.

«Il y a toujours un vent violent dans les Falaises de Fellt... », commença-t-il, d'une voix posée, d'un air presque absent. « Il peut être dangereux de s'aventu... »

Haxendre s'interrompit, et le vent emporta la fin de sa phrase non prononcée.
En y réfléchissant, il n'allait tout de même pas se mettre à faire de la morale, alors que lui même, était venu traîner dans les parages par une heure pareille. De façon presque machinale, il se reprit, tentant d'améliorer la portée de sa vue -en vain-, en regardant la silhouette noire.

« Puis je me permettre de vous demander ce qui vous amène en ces lieux si peu accueillant? ...Il ne me semble pas que vous soyez une élève de la Cité mais... peut être cherchez-vous quelque chose?»

Le Trône avait parlé comme s'il exprimait tout haut, ses pensées du moment. Et, à peine eut-il prononcé ses derniers mots, qu'il surprit une rafale bien plus marquée- que les précédentes, arriva brusquement en sens inverse. Instantanément, l'ange replia ses trois paires d'ailes sur lui même, pour ne pas se laisser emporter par le courant.

Décidément, le climat était vraiment surprenant et peu docile par ici...

L'autre prit son temps pour répondre , mais Maorn ne s'en souciait pas. Ou plutôt, elle ne s'en souciait déjà plus. Elle était en difficulté, ce qu'elle haïssait, et en plus devant quelqu'un. Un élémentaliste. Rien que cette pensée suffisait à lui donner des frissons qui se répercutaient le long de sa colonne vertébrale. Que l'inconnu ailé oublie sa présence, c'était tout ce qu'elle souhaitait.. Mais non, elle n'a pas songé à prendre en ligne de compte l'habituelle naïveté des habitants d'Elament..Soyons doux et aimants envers non semblables...

Il n'y a personne d'autre que vous dans les parages..Si vous-même, et c'était bien le problème de la jeune femme! ... D'accord, elle allait avoir des problèmes pour rentrer seule à l'abri, sans aide ça allait se révéler complexe même avec les herbes qu'elle venait d'ingérer... Mais plutôt mourir dans cet endroit ignoble qu'accepter qu'on la raccompagne! Surtout pour Elament.

Néanmoins un fin sourire tira sur les lèvres de la nécromancienne en entendant l'aveu suivant. Evidemment, les anges sont des êtres de lumière, de jour, et il était aussi démuni qu'un nouveau né ainsi sans autre lumière que celle, tremblotante, de la lune. Dommage pour lui, elle s'était le contraire.

-Quelle tristesse.. Je vous vois très bien moi.

Elle lui lança un bref regard, observant de haut en bas sa silhouette. Mince, grand, délicat, immaculé.. Et il tenait debout malgré les assauts du vent. Maorn reserra son poing sur le touffe d'herbe à laquelle elle s'accrochait. Evidemment, monsieur se tenait droit au milieu des éléments et se permettait de lui faire la morale. Il peut être dangereux.. Elle en aurait presque éclater de rire, c'était tellement stupide..

La nécromancienne reporta ses yeux vers l'ange, le fixant. Ce n'était pas dans ces habitudes, mais elle n'allait pas se gêner, puisque lui même ne voyait rien à ses dires! C'était un avantage qu'elle avait et qu'elle tenait à conserver. Peut-être avait-elle tord de considérer toute rencontre comme une bataille, cependant, elle se savait trop haïe des habitants de la Cité pour ne pas les haïr en retour. Coutume de bête traquée.

Aussi elle vit clairement l'ange chanceler lui-même sous une nouvelle rafale. Elle, elle était plus allongée au sol qu'autre chose et cramponnée à cette terre qui lui donnait pourtant la nausée. Elle ne risquait rien, n'offrante aucune prise aux courants d'airs. Même si pour ne pas se faire emporter par le vent et rentrer à l'abri il lui faudrait ramper lentement comme un animal. On ne peut pas tout avoir. Le vent néanmoins, avait réussi à rejeter son capuchon en arrière, délivrant son visage pâle et ses longs cheveux, semblables à ceux de son vis-à-vis quoique peut-être plus longs. Agacée par son visage à découvert elle grinça.

-Non vous ne pouvez pas vous permettre.

C'était tout ce qu'elle pouvait faire, tout ce qu'elle pouvait dire. C'était rageant, mais c'était comme ça. Elle détourna le regard, fixant le précipice à quelques mètres d'eux, comme si sa vie en dépendait.

[Je préviens au cas où je ne poste plus avant de partir: Je suis en vacances du 27 au 3, désolée ]

Le ton mordant de la jeune femme laissa l'ange indifférent.
Quelqu'un d'autre aurait pu prendre cette réponse tel un affront; pourtant l'ange ne s'offusqua pas le moindre du monde. Un coup de vent rejeta en arrière la cape qui voilait le visage de la jeune femme, en même temps qu'il dégageait les nuages de la lune.

"Vous avez bien raison. Rien ne vous oblige à répondre à mes questions." répondit Haxendre d'un ton neutre.

Tout en prononçant ces mots le Trône s'agenouilla à son niveau. Face à l'attitude de cette dernière, il aurait pu la laisser là, et tourner sur ses talons.

Mais non. Et ce n'est ni par compassion, et encore moins par pitié, qu'il était venu à la rencontre de cette inconnue. L'ange avait eu envie de sortir de la ville, pour longer les coteaux, ni plus ni moins. A vrai dire, ce n'est que son statut de gardien qui l'avait poussé à lui adresser la parole. Il lui aurait été ennuyeux de se faire accuser sous prétexte d'avoir ignoré un habitant de la cité, en difficulté.

Apparemment, son interlocutrice ne semblait pas enclin à lui adresser la parole. Peut être valait-il mieux qu'il ne lui pose aucune question, dans ce cas-là.
Agrippée à une touffe d'herbe, sa fierté semblait l'empêchait de quémander de l'aide; mais de telles futilités n'accrochaient pas la conscience de notre ange. Préférant de loin le silence que les paroles inutiles, il finit par s'assoir à même le sol. Si autour de l'ange, semblait émaner une aura blanche -élément souvent emprunt d'un bonté propre à ceux de son espèce,- Haxendre, lui, possédait une essence comparable à un désert calme... voire plutôt à une coquille vide. Un fluide peut être brillant, mais dépourvu d'une once de chaleur.

Un bref clair de lune éclaira alors le visage de la jeune femme tourné en sa direction. La lumière de la nuit rendait son visage d'une pâleur surprenante, bien plus claire que ses propres teintes. Contrastant avec la couleur sombre de sa cape, des filets de cheveux blancs se détachèrent, de l'obscurité. Ce n'était ni une elfe, ni un être aquatique, ni même une hybride.
Quelle nature pouvait-elle se cacher derrière ce masque d'hostilité? Ce n'était pas non plus une fée... L'ange laissa son regard fixe en direction de son hôte, bien qu'il la regardait sans vraiment la voir, distrait par ses propres pensées. Le vent soufflait, et le précipice était plus proche que ce qu'il pensait. Néanmoins, à ce stade, ses pensées avaient repris le dessus, comme d'habitude. N'importe qui aurait pu l'attaquer, pendant ces longues minutes de distraction.

Pensif, ses pensées étaient totalement ailleurs quand la jeune femme essaya, pour une énième fois, de se relever. Sa première préoccupation semblait se résoudre à vouloir quitter les lieux au plus vite. Une volonté pourtant contrainte par les coups de vent dissuasifs...

Assis tranquillement au sol, Haxendre finit par émerger de sa réflexion, sentant un vague afflux d'hostilité émaner de l'être sombrement vêtue. Bien que celle-ci ne pipa mot, l'ange sentait bien que sa présence n'était pas la bienvenue depuis le début. A cette pensée, il haussa des épaules, d'un air indifférent; qu'avait-il à faire de telles futilités? Après tout, on ne pouvait tout de même pas lui reprocher d'avoir croisé le chemin de cette inconnue. Elle s'en irait, si elle le voulait. Aussi, son esprit se désintéressa de l'aura désagréable de cette dernière, pour aller scruter les bords de la falaise.

Il l'entendit jurer. Son regard alla alors des bords de la falaise à là silhouette: elle avait été délibérément poussée vers le précipice. Quelqu'un d'autre serait naturellement allé aider cette jeune femme en difficulté. Pourtant, le seul mouvement qu'eut l'ange fut un léger redressement de la tête, comme s'il avait entendu son prénom au loin. Non pas qu'il lui rendait la monnaie de sa pièce, de paraître aussi hostile; Haxendre n'était pas rancunier. Simplement, il semblait être là, en tant qu'observateur passif. Qui d'ailleurs, ne portait aucun jugement sur son interlocutrice.
Pour l'instant, la seule chose qu'il percevait derrière les rafales d'un vent entêté, était le chant futile et délicat de l'air -un son si agréable à écouter.
Allait-il pour autant, tenter de calmer le souffle du vent?

... Il s'y résigna.
De toute façon, il ne pouvait faire grand chose face à de telles intempéries. Et puis nul ne lui avait demandé quoi que ce soit. D'ailleurs, tout dans l'attitude de cette jeune femme laisser à comprendre qu'une aide extérieure serait mal reçue. Qu'avait-il donc à gagner, à se mêler dans sa situation? L'être ailé eu un autre haussement imperceptible des épaules.

Agacé par le cour de ses propres réflexion, l'ange replia complètement les ailes sur son dos. Il faut dire que le Trône n'aimait pas vraiment mijoter avec des questions, préférant agir quand les choses se présentaient à lui.

Mais si le courant l'emportait dans les abîmes, là bas, contre les vagues rageuses ...que se passerait-il?

L'ange jouait avec une brindille, d'un air absent.
Combien de temps s'était-il écoulé depuis? Quel importance! Après tout, il lui arrivait souvent de se laisser emporter par le cours de ses pensées, et de rester ainsi, pour de longs instants.

De loin, la scène devait paraître incompréhensible, voire même absurde: une jeune femme sombrement vêtue à plat ventre en train de résister de toutes ses forces aux intempérie, un ange complètement indifférent à son entourage, et pour couronner le tout, un vent qui se déchaînait, plus fort que jamais.

Pourtant, une voix essoufflée, et presque lointaine- lui parvint, le ramenant alors à la réalité.

Lui, un spectre d'ange? Ou bien un véritable angelot?

*...*

Bonne question. Que pensait-il être au juste? Simplement un ange tout court, non? Détournant les yeux d'un horizon imaginaire, Haxendre reporta son attention vers son interlocutrice. Surprenant, qu'elle prenne l'initiative d'une question, d'ailleurs. Cependant, rien au ton de sa voix de démontrait qu'une conversation pourrait s'entamer. Trop de rage, d'impatience et de dégout se mêlaient à ses voix et gestes.
Faisant abstraction de son humeur, il se résigna à lui répondre, d'une voix claire se mêlant au son du vent:

« ... Je ne ressemble pas à un ange? ...Pourtant, j'appartiens à cette espèce. »

Le Trône marqua un temps d'arrêt.

* D'une manière ou d'une autre, qu'importe la race? Ange ou pas, nous sommes voués à vivre, je suppose. * A cette pensée, il haussa des épaules. Il perçut brièvement la haine qui irradiait de la jeune femme.

De la haine dirigée contre lui, mais également contre le monde entier. Une rancœur profonde, qui ne datait probablement pas d'aujourd'hui. Quelqu'un d'autre aurait pu faire preuve de quelque compassion. Mais l'ange que lui, était, n'éprouvait rien de tel. Car après tout, c'était malheureux à dire, mais il n'y pouvait rien. A quoi bon se faire une opinion d'une personne par rapport à son passé?
En cet instant, il ne voyait qu'une femme en train de se débattre contre de pénibles bourrasques menaçant de l'emporter. L'être ailé se contentait de percevoir que ce qu'il se déroulait dans le présent. Et cela était déjà bien complexe.

L'ange ne perçut pas le rictus mauvais qu'eut la jeune femme, en l'entendant prononcer le mot 'espèce'. En tout cas, il était fort probable qu'elle ne conçoive pas les choses de la même manière que lui ! Aux yeux du Trône, peu importait tous les différents êtres qui pouvaient peupler cette terre. Car, quel qu'il soit, tout le monde menait sa vie à sa propre manière, et c'est la seule chose qui faisait la valeur d'un vivant. Du moins, c'était sa vision des choses.

Et puis décidemment, cette dernière avait une étrange façon de mener la conversation: son hostilité était presque palpable. Si elle avait pu l'atteindre pour le blesser, elle l'aurait probablement fait. Quoiqu'il en soit, elle finit tout de même par lui renvoyer un semblant de réponse, et ce, non sans mépris. Faisant abstraction à son caractère, Haxendre mit un certain temps à répondre, pensif, avant de se mettre à rire, d'un rire sans joie. Ni de dérision.

« Les anges sont des vivants, tout comme nous le sommes vous et moi. Enfin... je suppose que vous êtes vivante.»

Il marqua une pause, avant de rajouter en un murmure, sans vraiment s'adresser à quelqu'un, comme s'il pensait tout haut:

« ...Et puis un jour, ça finit par mourir; du moins, pour la plupart. »

Tout en parlant, il s'était levé tranquillement, inconforté par sa positon précédente. A rester figé comme ça, il allait finir par attraper une crampe.
Les bourrasques de vent ne s'estompaient pas. Mais le chant de l'air que percevait l'ange depuis tout à l'heure, se modifia soudain, pour se méler au grondement sourd du tonnerre.

Allait-il pleuvoir?

Il n'eut pas besoin d'attendre plus longtemps, car l'instant d'après, les premières gouttes s'abattirent sur eux, l'impact de l'eau étant renforcé par le vent.

Un semblant de rire -presque joyeux- parut résonner un court moment avant d'être balayé par le vent. « ...ça meurt oui, de grès comme de force » avait-elle dit.

*...*

L'ange était-il d'accord? ...Ou non? De toute façon, quelle importance! Pourtant cette phrase lui resta quelques instants dans la tête, comme un écho. C'était peut être vrai après tout...
Une nouvelle perception s'interposa brusquement dans l'esprit distrait du Trône. Une sensation de douleur, alors que pluie et vent battaient contre eux.

Bientôt les ailes de l'ange s'affaissèrent, sous le poids de l'eau. Décidément, le temps était toujours imprévisible par ici. Il lui faudrait rentrer à pied... pensa-t-il d'un air presque résigné. D'ailleurs ce dernier, oubliant ses alentours, commençait déjà à retourner vers la cité pour aller s'abriter. Si son corps tombait malade à cause de du temps, c'est son esprit qui allait subir. Les visions, les bruits du passé et ce chant... ils étaient revenus à chaque fois qu'il s'était trouvé affaibli. Non, il préférait ne pas y penser. L'impression de souffrance se fit plus forte à mesure que la pluie tombait. Son Bouclier était-il en train de céder? Non. Impossible...

L'ange fit soudain volte-face vers la jeune femme à terre.
C'était elle.

Pendant un laps de temps, la haine qui émanait de la jeune femme se mua en une aura chargée de souffrance. A l'égal des anges, Haxendre était sensible aux différents fluides que pouvaient dégager les êtres autour de lui. Non pas qu'il s'en émouvait; puisqu'avec le temps, il avait appris à ne pas se morfondre au milieu des ressentis des autres. Et cela, lui était indispensable pour ne pas crouler sous le poids des Souvenirs antérieurs de son espèce. Malgré tout, il sentait les changements d'humeur ou d'émotion; du moins, ceux qui n'étaient pas intentionnellement camouflés.

Sur le moment il avait cru que ce tourment lui était propre; il lui avait paru si proche que cela l'en avait déstabilisé.

Le vent venait de rabattre la capuche de la jeune femme. Il y voyait toujours aussi mal, mais suffisamment pour distinguer les quelques mèches blanches qui s'y échappaient. La pluie mêlée à l'air la rendait-elle si vulnérable?
Des quelques mètres qui les s'étendaient entre eux, Haxendre n'entendit pas sa plainte inaudible. Mais sa posture cramponnée au sol, seule contre un temps déchaîné, était si parlante. Tellement parlante... aux yeux d'un autre.
Pourtant, si l'ange n'avait pas perçu son aura, il n'aurait jamais eu l'idée de se retourner. Ce n'était pas un manque de volonté, ni vraiment de l'égoïsme. Sortirait-il un jour de son mur d'indifférence.

Sans se presser il retourna à côté d'elle. Était-ce par devoir ou par un sens de responsabilité? Lui même ne se posait pas de telle question. Il le faisait, sans vraiment avoir un état d'âme.
Tandis que la pluie l'obligeait à plisser des yeux, il se plaça dos au vent et à la pluie, et déploya ses ailes, avant de s'accroupir près de la jeune femme, sans mot dire. Et puis de toute manière, il n'avait rien à dire. A cette pensée, il se contenta de hausser des épaules.