La salle de classe est en réalité une grande serre dont le sol est entièrement recouvert de mousse verte. Sur les côtés et au fond, d’étranges végétaux déploient leurs immenses feuilles afin de protéger les élèves des éventuels regards extérieurs. Les rayons du soleil parviennent à peine à toucher le sol, par endroit, louvoyant entre les feuillages. Ici et là, des grappes de fruits colorés pendent paresseusement, tandis que de magnifiques fleurs dégagent leur effluve douce et sucrée.

Des roches grises en guise de chaise et de petits pupitres de bois parsèment ce sous bois artificiel aux allures de jungle. Enfin, là où auraient dû se trouver un bureau, un tableau et une estrade de professeur, trône un simple mur de pierres meulières, à demi effondré et retenu seulement par les crampons d’un lierre. Ici, la végétation démesurée s’est écartée afin de laisser le soleil frapper. Ses quelques rayons, projetés au travers des vitres de la serre, n’en sont que plus brûlants.

Là, les yeux fermés, Sayah. Il ne dort pas : il dore ! C’est très différent ! Ses écailles verdâtres luisent au soleil. Et puis soudain, ses paupières se soulèvent et ses yeux jaunes à la pupille fendue vous foudroie du regard... son sourire s’efface....



Le cours allait commencer et Sayah n’avait même pas prévu de discours. Il se demanda un instant s’il n’avait pas fait une erreur en acceptant ce poste, se sentant incapable de supporter ces mômes plus de quelques secondes... Une lueur de sadisme passa dans ses prunelles, comme un éclair fugitif, un désir tout de suite réprimé par la voix de la raison. Métatron attendait plus que du mépris de sa part... il devait se contrôler... Ses yeux allèrent d’un élève à l’autre, sans parvenir à s’attarder sur un seul d’entre eux, puis il sauta au bas de son muret, provoquant un petit bruit spongieux. Le choc avait été étouffé par la mousse.

« _ Je sssuis votre professsssseur... Sssayah Cordylusss... » se présenta t-il, sifflant entre ses dents.

Et comme Sayah n’était pas du genre à tailler la bavette, il enchaîna immédiatement après avoir jeté un dernier regard foudroyant à chaque élève. Inutile de perdre son temps en blabla superflu, Sayah préférait entrer dans le vif du sujet sans tarder. Il se retourna, entamant une marche silencieuse le long de ce qui aurait dû être son estrade et ses paroles s’élevèrent dans la serre, d’un ton sec, parfois brutal.

« _ Pour csseux qui pensssent posssssséder un pouvoir, je vous arrête tout de sssuite... VOUS NE POSSSSSSÉDEZ RIEN DU TOUT !!! Vous n’êtes que des hôtes... avisez-vous de ne pas ressspecter ce don et il vous détruira... ou bien peut-être que vous le perdrez ! »

Sur ces derniers mots, il fit une violente volte face et lança un regard empreint d’un sadisme jubilatoire à son assemblée. Oh oui... perdre son don... voilà qui pouvait bien effrayer ses élèves ! Heureux d'avoir proféré sa menace qui n'en était pas moins réelle, il reprit, soudain curieux.

« _ Y en a t-il parmi vous qui ont assssssisssté à la bataille contre les forcsses démoniaques ? » demanda t-il, un sourire mauvais aux lèvres.

*Aie, aie, aie...*

Ce furent les première pensée de Tetsuo lorsque le centaure était entré dans la classe. Non pas que le fait d'avoir un lézard pour prof lui soit désagréable, au contraire ces bestioles étaient plutôt familière au jeune homme du désert, mais les lueurs dans les yeux animales de l'hybride n'étaient pas pour le rassurer.
Le jeune garçon ne s'attarda pas dans l'encadrure de la porte et fila s'allonger vers le fond de la classe. Non qu'il était mauvais élève mais au vu de sa grande taille il lui était plus simple d'être derrière tout le monde. Tetsuo retira la pierre, avec ses propres pattes, qui était censé lui servir de siège et s'allongea à sa place. Même ainsi couché il restait grand, son torse humain restant dressé et dépassant fortement le pupitre.

Ces derniers temps le centaure avait beaucoup grandit. Sa propre porte de chambre était devenue trop petite pour lui, chaque soir il devait se baisser pour passer dessous. Son corps de cheval aussi avait grandit, il dépassait largement le mètre au garot. Cela l'inquiètait un peu, dans le désert sa grande taille pourrait plus l'handicapé qu'autre chose. En effet avec un grand corps il devrait, pour se rafraîchir, suer plus et ainsi plus rapidement se désydrater... Les années sous ces latitudes plus douce changeaient-elles sont métabolisme ? Après tout cela faisait plus d'un an et demi qu'il était ici, à elament...
Le centaure ne put que sa mordre la lèvre inférieure et être sortit de ses pensées par la voix sifflante de son professeur.

Tetsuo resta perplexe quand au nom de son prof : Ssssayah Cordylussss ?
Devait-il lui aussi rouler autant ses S ? Tetsuo tenta de rester sérieux mais quelques rires de certains élèves le firent sourire, c'est vrai que à y penser c'était comique... Mais très vite le centaure désenchenta, Sayah avait laissé entendre que n'importe qui pourrait perdre son pouvoir. Le centaure n'avait jamais penser à son pouvoir comme un parasite qui habitait son corps. À cette idée il sentit un frisson descendre le long de sa colonne vertébrale entière, il secoua sa queue sous l'effet des nerfs.
Le prof posa une seconde question avec un sourire mauvais. Il devait être franchement pas net dans sa tête pour ainsi s'amuser à traumatiser ses élèves et à leur poser des questions aussi saugrenues...
Le centaure piaffa intérieurement mais leva tout de même la main et attendit d'avoir la parole :

"Je l'ai vu mais uniquement depuis les rempart, je suis resté à l'intérieur de la citée."

L’esprit tordu de Sayah venait de repartir vagabonder ailleurs, loin de ce cours. Pourtant, un mouvement imperceptible le ramena à la réalité et ses yeux s’arrêtèrent sur Tetsuo, avec une expression étonnée. Il lui fallu quelques secondes pour réaliser que l’élève répondait à une question qu’il avait lui-même posée... quelle question déjà ? À l’observer, on pouvait douter qu’il s’en souvienne. Il détailla le Centaure face à lui, comme s’il venait tout juste d’apparaître par enchantement, entendant distraitement sa réponse. Derrière l’élève, un autre mouvement et Sayah plissa ses yeux jaunes toujours rivés dans ceux de Tetsuo.

« _ Ssspectateur... » siffla t-il très lentement, sur un ton de quasi reproche.

Ou peut-être était-il simplement déçu ? Toujours est-il qu'il se retourna aussitôt, faisant volte face sur ses talons et arrachant un peu de mousse sous ses pieds au passage. Oublié le Centaure et sa réponse à une question qu’il avait de toute façon oubliée. Dans son esprit, dansaient les quelques paroles qu’il se souvenait avoir entendues dans le bureau de professeur Terra. Oui, oui... Métatron lui avait vaguement parlé d’une sorte d’assistant...

« _ ... sssale petit essspion... » marmonna t-il sans se soucier du fait qu’on l’entende ou non.

Il se dirigea vers l’avant de la serre à pas rapides et disparu derrière son muret quelques secondes, avant d’en ressortir avec un espèce de grand plateau de bois dans lequel étaient découpés plusieurs compartiments profonds. Il s’avança vers ses élèves mais il s’arrêta soudain, réalisant que quelque chose, dans cette salle, ne convenait pas à son cours.

« _ Pour commencsser, csses pupitres ne vous ssseront d’aucune utilité ! »

Et aussitôt, surgissant de terre et crevant la mousse spongieuse, de jeunes Liserons se mirent à pousser à une vitesse déconcertante, saisissant les meubles par les pieds et les écartant vivement comme autant de bras mus par leur volonté propre. Les petits bureaux allèrent s’échouer sur les côtés de la serre et furent bientôt entièrement recouverts de Liserons aux fleurs blanches épanouies, entortillés tout autour du bois. Les élèves se retrouvèrent subitement assis sur leur pierre – mis à part Tetsuo dont le physique lui interdisait de s’asseoir ailleurs que sur son propre corps – le champ libre au devant d’eux. Satisfait, Sayah sourit, découvrant ses horribles petites dents pointues.

Le plateau appuyé sur son ventre et tenant la poignée opposée de son autre main, il passa dans les rangs et distribua de grosses poignées de graines rondes et plates qu’il allait puiser au fond du plus gros compartiment :

« _ Cssecssi... »

Il marqua une pause d’une seconde. Pour des raisons évidentes, Sayah détestait les mots tels que « ceci », comportant bien trop de sifflantes à son goût...

« _ ... sssont des lentilles... Il n’y a pas de graine plus facssile à faire germer... Sssurtout dans le sssol que nous avons là ! » expliquait-il au gré de sa distribution.

La dernière poignée de graines jetée dans la main d’un élève, il fit demi tour aussi brutalement que précédemment et alla se positionner près de son muret.

« _ Faites-moi pousssssser çssa !! » ordonna t-il sans douceur.

Puis il tourna le dos à ses élèves, levant son visage vers les rayons brûlants du soleil, au dessus de lui. Les yeux fermés, comme s’il ne prêtait plus aucune attention à ce qui pouvait bien se dérouler autour de lui, il savoura la chaleur réchauffant sa peau, dans une expression de soudaine quiétude.

Erylis était là assise sagement à écouter ce que le prof était en train de raconter. Dès qu'elle l'avait vu apparaitre pour la premiere fois elle ne l'avait pas aimé. Et sa façon de faire ses s n'arrangeait pas la chose. Mais elle l'écoutait puisqu'il n'y avait rien d'autre à faire. Elle jeta un coup d'oeil a la salle, elle était vraiment très belle. Puis elle regarda un pars un les éleves. Une jeune fille paraissait s'endormir.

*J'en ferai bien autant moi* se dit-elle

Erylis n'aimait pas se lever tôt mais elle ne voulait pas non plus rater son premier cour. Elle bailla discretement pour ne pas perturber la classe.

*Quand est-ce qu'on commence à travailler?* se demander l'elfe

Elle voulait apprendre et était impatiente de pouvoir utiliser ses dons. Justement c'est à ce moment que le prof demanda de faire pousser des lentilles.

*Facile*

Elle planta la graine et se concentra. Il falut à peine une seconde pour que la graine commence à germer. Erylis était fiere de son travail et en attendant observa les autres.

Le visage inondé par les trop rares rayons du soleil, Sayah était toujours immobile. S’intéressait-il seulement à ce qui se déroulait tout autour de lui ? À en juger par sa somnolence, rien n’était moins sûr. Au dessus de lui, les feuilles venaient de frémir et s’écartaient doucement afin de laisser passer plus de lumière. Le feuillage obéissait à un ordre. Ce que les élèves ignoraient, c’était que l’entièreté de la salle faite de mousse et de Rhubarbe géante, de Liserons et d’autres végétaux aux proportions tropicales, était comme connectée à l’hybride impassible. Il sentait, courir dans ses orteils, la moindre vibration provoquée par les exercices de ses élèves...

« _ Bien ! » dit-il au bout d’un long moment.

Sa voix brisa soudainement le silence, mais sans se soucier du fait qu’il ai pu faire peur à qui que ce soit, il alla chercher son plateau de bois et recommença son petit manège de distribution dans les rangs. Cette fois-ci, les graines étaient longues et fines, plus fines même qu’un grain de riz et Sayah les offrait par poignées, sous les regards parfois agacés – voire méprisants – de ses élèves.

« _ Puisssque la plupart d’entre vous sssait faire pousssssser un végétal, nous allons passsssser à l’exercssicsse sssuivant... Voicssi de l’herbe... »

Il reposa son plateau et alla s’asseoir en haut de son muret recouvert de Lierre du Diable. Ses yeux vifs lançaient d’incessants défis. Manifestement, ce cours l’amusait.

« _ Je veux que vous me fassssssiez pousssssser çssa ! Et ensssuite, je vous que vous appreniez à multipliler csse végétal et que vous le fassssssiez reproduire... Je veux que la sssalle ne sssoit plus tapisssée que d’herbe... JE NE VEUX PLUS VOIR UN SSSEUL CSSENTIMÈTRE DE MOUSSSSSSE ! » acheva t-il d’une voix forte.

Sa dernière phrase sonna comme une menace... et quand on observait le personnage, on se demandait bien quelle serait la punition en cas de désobéissance ! Cette fois, Sayah garda les yeux bien ouverts, fusillant du regard les moindres faits et gestes de ses élèves. Il voulait voir comment ils s’y prendraient.

Earena prit les graines ans un mots et commença à essayer l'exercice. Sa première expérience fut minable, elle manquait d'entrainement il faut dire mais ce cours était sencé servir à çà justement elle recommença donc . Une pousse apparut, les brins d'herbes également. L'herbe était maintenant très haute et Earena pensait avoir réussi l'exercice lorsque les herbes se mirent également à dépérir, jusqu' à devenir poussière...
Sa troisième tentative fut la bonne, après avoir planté et fait poussé un bon nombre de graines, elle s'autorisa à regarder les autres élèves de plus près: il y avait un centaure, une nymphe et deux autres elfes .
Soucieuse de commencer son premier cours en beauté, elle s'approcha du centaure : Heu,Bonjour.
__Je m'appelle Earena et je viens d'arriver... est ce que tu saurais au courant de la guerre qui vient de se dérouler dans cette cité, je ne suis au courant de rien... ( qu'est ce qui m'a pris de dire çà, il a fallu que je dise une phrase stupide, y a vraiment que moi pour dire çà ! )

Pendant tout ce temps, le nymphe était resté en retrait, surveillant les opérations. A vrai dire, il ne savait pas réellement ce qu’était sa place en ces lieux. Métatron lui avait dit de venir histoire d’empêcher que le nouvel assistant commette un meurtre, point final. Avait-il lui-même un quelconque rôle à jouer ? Il ne savait pas. A la remarque de Sayah Cordylus, il n’avait répondu que par de l’indifférence, le personnage n’étant pas d’une sympathie à toute épreuve autant éviter un conflit en plein cours. Dwenyös avait donc préféré se concentrer sur le travail des élèves, ne pouvait les voir, il avait fait comme d’habitude, ayant appris à tirer avantage de sa cécité. L’aveugle avait laissé les fourmillements de la terre grimper jusqu’à ses pieds nus et envahir tout son être, créant d’agréables sensations dans l’intégralité de son corps.

De cette manière, il pouvait presque visualiser le terrain sur lequel s’entraînaient les élèves, sentant chaque pulsation, chaque frémissement de vie qui provenait d’une plante en train de pousser et de s’épanouir à même la terre. Dans un coin de la salle il perçut de faibles battements s’éteignant presque aussitôt, sans nul doute un élève qui n’y arrivait pas, à l’odeur de crin qui émanait de lui, Dwen devina qu’il s’agissait d’un centaure. Ce dernier, perdant patience avec l’herbe, tenta de faire pousser plusieurs grains à la fois. Le résultat fut à la hauteur du bruit. Une légère appréhension parcourra le nymphe en sentait l’élève en difficulté s’approcher trop près du professeur, il se demanda un bref instant s’il tenait à la vie.

Une jeune elfe vint rejoindre le centaure, semblant vouloir engager la conversation avec lui. Dwen avait senti les efforts qu’elle avait promulgués pour faire pousser ses plantes et le résultat assez satisfaisant qu’il en avait découlé, toutefois converser à côté d’un professeur tel que Sayah Cordylus lui sembla ne pas être une si bonne idée que ça en soi. Son ouïe affinée par le manque de vue, il perçut les quelques paroles qu’elle lui adressa et son échine frémit aussitôt. Le sujet de la bataille était beaucoup trop présent, et cela lui déplaisait. Ne souhaitant pas rester à l’arrière à ressasser de sombres pensées, il finit par avancer, se découvrant aux premières années. Il marcha jusqu’au petit groupe que formaient l’hybride, le centaure et l’elfe et parla.

« Professeur, je peux aider les élèves qui ont du mal » Et éviter qu’ils se fassent décapiter, pensa t-il. « C’est le professeur Métatron qui m’envoie pour vous aider, je suis un élève de troisième année, Dwen. »

Sayah semblait dormir... comme un incorrigible paresseux lézardant au soleil. Comment pouvait-on se prétendre professeur et se montrer si détaché et inattentif...? La réponse était peut-être que l’hybride reptile ne se considérait pas comme un professeur. Cependant, les apparences sont parfois trompeuses et, bien qu’ayant l’air tout à fait somnolent, monsieur Cordylus n’avait pas perdu une seule miette de ce qui s’était déroulé sous ses yeux fermés. Yeux qu'il rouvrit brusquement, lorsqu’un élève arriva à sa porté, juste à un mètre à peine. Ses pupilles fendues transpercèrent Tetsuo comme deux flèches empoisonnées. Il écouta le Centaure se confondre dans une excuse minable, prétendant que les végétaux étaient son point faible...

« _ Css’est le moins que l’on puisssssse dire... » siffla Sayah pour toute réponse.

La pédagogie, le réconfort ou l’encouragement étaient des notions tout à fait étrangères au reptile. Un sourire mauvais s’était dessiné au bord de ses lèvres. En fait, l’incompétence toute relative de son élève l’amusait et observer Sayah amusé était... déconcertant ! Ses regards allèrent se poser sur les stalagmites de Tetsuo et aussitôt, ces dernières se desséchèrent jusqu’à tomber en poussière, en une pluie de sable fin. Le sable, c’est ce que sentait le Centaure... et à plein nez ! Puis Sayah se retourna avec ce même comportement d’indifférence et, sans un mot, alla puiser dans son plateau. Il revînt presque immédiatement avec une grosse poignée de graines qu’il tendit à son élève.

« _ Tout est quessstion de dosage... et d’écoute. »

Il fit tomber quelques graines à ses pieds, volontairement ou non. Rapidement, de petits brins d’herbe sortirent du sol en se tortillant, puis se mirent à jaunir et se couchèrent, comme brûlés.

« _ Vous avez un garde-manger rempli de nourriture... Mangez tout en une ssseule fois, vous mourrez... » commenta Sayah.

L’exemple était curieux, mais il lui semblait assez représentatif. D’autres graines s’échappèrent d’entre ses doigts et atterrirent à ses pieds. D’autres brins d’herbe émergèrent du sol, mais ceux-ci cessèrent leur croissance après quelque cinq centimètres seulement.

« _ ... mangez un peu chaque jour, juste ce dont vous avez besoin, et vous vivrez. »

De manière tout à fait inattendue, la voix de Sayah s’était révélée très douce. Cependant, ses petits yeux perçants n’avaient pas lâché Tetsuo une seule seconde. Son sourire mauvais réapparu et ses minuscules dents pointues étincelèrent soudain. Sa voix redevint froide, ses propos abrupts.

« _ Vous devez sssentir la vie que vous avez entre les mains, ne fermez pas les yeux sssi vous en êtes incapable et regardez csse que vous faites ! Vous sssavez comment faire... mais vous ne sssavez pas écouter. Canalisez votre énergie et épargnez-moi d’autres catassstrophes géologiques ! » débitait-il sèchement.

Sans douceur, il plaça les graines dans les mains de Tetsuo.

« _ Ssservez-vous de vos appuis au sssol pour sssentir... Avec quatre pieds, çssa devrait être plus facssile pour vous ! Et faites moi plaisir, cssessez d’insssufler votre énergie à temps, avant de transssformer cssette ssserre en cssimetière ssstérile... »

On eut dit qu’il allait continuer ses recommandations, prêt à faire preuve d’une ironie sans borne, mais c’était sans compter sur l’intervention d’une élève qui lui ôta toute patience (pour peu qu’il en ai eu). Son sourire s’effaça brusquement et ses yeux, deux fentes horribles, fusillèrent la jeune inconsciente. Comme s’il était pris d’un soubresaut, Sayah se redressa, totalement indifférent à Tetsuo à qui il avait eu la grâce d’accorder de son temps :

« _ VEUILLEZ RETOURNER À VOTRE PLACSSE !!! » ordonna t-il d’un ton qui ne laissait guère de place à la sympathie.

Il n’avait pas crié et pourtant, sa voix avait grondé comme un coup de tonnerre. Et puis brusquement, le pied d’un Lierre surgit du sol et – se dépliant aussi vite qu’un fouet – s’enroula autour du cou de la jeune Elfe, l’enserrant sans la moindre douceur, c’était le moins que l’on pouvait dire ! Bien au contraire, la prise semblait se resserrer avec une infinie lenteur. Les pupilles dilatées, Sayah paraissait subitement furieux :

« _ Nous sssommes en cours jeune fille... Cssessez vos bavardages et faites csse que l’on vous demande... »

Exactement au même instant, ou sans-doute juste un peu avant, les paroles de Dwenyös arrivèrent jusqu’aux oreilles de l’hybride reptile. Bon sang, il l’avait oublié celui-là, dissimulé au fond de la salle. La voix du Nymphe rappela Sayah à la raison (s’il en avait une) et le Lierre se rétracta aussitôt. Sans tenir compte de la terreur qu’il aurait pu causer à ses élèves – ou qu’il leur causait toujours – le professeur se détourna de l’Elfe et retourna à son muret. Mais à une seconde de s’y rasseoir, il fit volte face afin de jeter un œil méfiant en direction de Dwen.

« _ Faites donc, sssi cssela vous amuse... » lui siffla t-il comme s'il venait de comprendre sa question.

Erena sursauta brusquement;il fallait etre idiote pour ne pas apereevoir le professeur à côté, et pourtant elle vennait bavarder devant son nez !
« _ VEUILLEZ RETOURNER À VOTRE PLACSSE !!! »
Mais c'est un malade de première catégorie ! Me faire peur et de plus profiter de ma faiblesse temporaire pour me lier avec son lierre !J'ai bien cru m'éfondrer! Ce n'est pas parceque c'est son cours qu'il peut tout se permettre ! Sa bouche était en train de s'ouvrir pour une répartie lourde de menaces (Non mais sans blagues ! Le coup du lierre elle s'avait aussi le fairebien qu'en moins rapide ) mais elle ne put proférer qu'un petit mugissement dans les égus sans doute à peine capable d'effrayer une souris ! A la reflexion celà ressemblait d'ailleurs plutôt à un glapissement de terreur.
« _ Nous sssommes en cours jeune fille... Cssessez vos bavardages et faites csse que l’on vous demande... »
Face à de tels arguments la meilleure solution était sans doute de s'incliner et de dicerner tout leurs bons sens, aussi Earena acquiéça d'un ton tout à fait misérable :
"Oui Monsieur..."
Elle se débarrassa de ces liens pour le moins incongrues et ayant terminé son exercice, elle se contentit d'observer ce qui se passait en catimini. Le professeur semblant se désinteresser d'elle por un autre élève ayant pris la parole pour proposer son aide aux autres;il s'emblait avoir plus d'expérience. Ayant un alibi elle l'interpella :
"Bonjour, pourrais tu m'aider ? J'y arrive mais cela me prend beauoup plus de temps que la majorité des élèves ici ; aurais tu une méthode à me conseiller ?"