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 Le Destin ou le Hasard (Privé)

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Tyrol
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Tyrol
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyMar 1 Avr 2008 - 20:45

La foule est bruyante, compacte, sans-gêne… un jour de marché habituel, du moins fallait-il le supposer ! Les mouvements de foule à Elament étaient rares, mais lorsqu'ils arrivaient, c'était toujours l'effusion. C'était la première fois que Tyrol retournait au marché, et ce marché-là était sans doute le premier depuis la fin de la guerre. Aussi l'allégresse était-elle mitigée : certains paraissaient heureux de ce signe d'un retour à la vie normale, d'autres étaient ouvertement déçus de ce que l'on pouvait trouver sur les étals. La pénurie sur certains produits se faisait encore sentir, et rappelait donc la guerre. Courte mais rude, paraissait-il…

Les gens voyaient le verre soit à moitié plein, soit à moitié vide ; Personne ne s'accordait donc à dire qu'il était un peu des deux ?…

Tyrol ne souhaitait pas vraiment connaître les détails. Il n'était pas venu pour acheter ; il n'achetait plus vraiment, à vrai dire ! Aussi regardait-il distraitement ce qu'il y avait à voir, sachant qu'en réalité, les boutiques les plus intéressantes - quoique sans doute victimes elles aussi des bombardements, encore devinables à cause des toits que l'on n'avait pas encore réparé – se trouvaient à l'autre bout des ruelles, à l'autre bout de la foule, à l'autre bout du bout du fin fond des ruelles longues et étroites, interminables et bondées...

L'elfe ne comptait pas se presser pour traverser cet océan de gens ! En tout cas, la Cité ne paraissait pas avoir dépeuplé. Ou peut-être que sa mémoire lui jouait des tours, cela était possible aussi… Y avait-il toujours eu ce monde ? Alors cela signifiait qu'il supportait moins bien la foule. Bon point, mauvais point ? Il n'en savait trop rien et ne s'y intéressait pas !

Non, elle était sympathique. Tant qu'elle ne le violentait pas, à le pousser dans tous les sens ou à le tirer de ses rêveries en criant trop fort… Gentille foule, gentille…

La foule n'était de toute façon qu'un détail comparé à la raison de cette sortie : le printemps était installé. Finies, les giboulées ! Aujourd'hui, le soleil brillait haut et fort dans un ciel sans nuage. Il ne faisait pas exceptionnellement chaud, mais l'on se sentait extrêmement bien. Et les ruelles étaient baignées de soleil à cette heure-ci. Tyrol adorait le soleil ! Ce qui pourtant ne l'empêchait pas de garder sa cape et son capuchon noirs sur lui.

Il se cachait dans une foule déjà anonyme. Il se cachait sans raison parce qu'il avait fini par en prendre l'habitude : à force de se dissimuler, on ne fait plus attention à soi-même… Autant dire alors que le summum de la perfection du camouflage était atteint ! Malgré tout, ses longues mèches blanches dépassant du capuchon et un pan de tunique dépassant de la cape, tous blancs, brillaient au soleil, comme un signal discret de sa présence. Je suis là mais je ne suis pas là. J'y étais mais j'ai rien vu !

Un instant, il leva la tête, s'arrêtant au milieu des gens. Depuis tout à l'heure, dans sa marche, il semblait glisser dans la foule sans toucher personne, sans faire de bruit, sans exister : à présent c'était la foule qui semblait l'éviter, lui laisser la place. Les gens le contournaient - râlant plus ou moins à propos de son sans-gêne - mais ne le bousculaient pas, ne le forçaient pas à avancer… Un effet théâtral ou cinématographique quelconque afin de focaliser l'image sur le protagoniste ? Non, juste un don naturel : Le vent. Et une certaine capacité à lever des barrières autour de soi pour ne pas être dérangé !

Tyrol semblait chercher quelque chose dans le ciel. Ou… Dans le vent, allez savoir ? Il avait comme qui dirait un nouveau message, une nouvelle qui le laissa planté là encore un temps, ses yeux pâles se perdant dans le bleu du ciel comme si un miracle allait en tomber. Son capuchon tomba de sa tête levée trop haute ; il le rajusta aussitôt, preste et gracieux.

Et il reprit la marche parmi les badauds bavards et agités.
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Eal
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyMer 2 Avr 2008 - 1:40

Le réveil n’avait pas été particulièrement difficile, à vrai dire, le jeune oréade n’avait pas réussi à dormir plus de deux heures d’affilées , une nuit de plus. Une nuit parmi tant d’autres depuis son retour à Elament. Son retour à Elament, un peu plus d’un mois, un peu moins d’un mois d’une vie sur le bord des falaises, dans la maison qu’il avait reconstruite avec l’aide d’autres pêcheurs. Ne voulant décidemment plus habiter en ville, ni dans la rue qui l’avait accueillie pendant une partie de sa troisième année dans l’école, trouver un travail s’était révélé obligatoire s’il ne voulait tout simplement pas finir mort de faim, mendiant à tout va. Non, décidemment même mendier il n’y arriverait pas. À la limite faire quelques jobs pas réellement à buts lucratifs, sans problème, mais mendier…
L’eau étant son élément, le jeune brun avait erré longtemps, cherchant ici et là un travail honnête, et c’est finalement sur les docks du port, un soir qu’il s’était vu confié un travail de déchargement de caravelle. De fil en aiguille, des liens s’étaient tissés entre les marchands et lui, et finalement il devint un pêcheur dépendant du centre de commerce maritime de la ville. Un centre qui se relevait doucement de la guerre et qui demandait du coup des employés pour pouvoir reprendre les affaires.

Transformant une partie de sa maison en atelier, avec certaines de ses connaissances, il retapa quelques coques de navires, ainsi que des filets endommagés, sans oublier la pêche matinale. Et le voilà donc, avec cette pêche certes maigre mais pas si mal pour un débutant, arrivant au port de bon matin. Les discussions avaient duré, mais finalement le chef de sa section négocia le poisson mieux que les dernières fois. Les prix discutés, ils purent aller vendre le reste au marché, le premier marché depuis la guerre, cette affaire-là n’était pas à occulter ! Plusieurs personnes furent chargées de se rendre au marché, dont Eal. Embarquant les caisses sur les charrettes, les munins (de grosses bestioles, ressemblant à nos bœufs avec les cornes en moins et des écailles à la place de la peau) harnachés, la route fut prise et moins d’une demi-heure après ils arrivèrent en ville.
La foule était dense, trop dense pour que le convoi puisse se faire un passage sans encombre. Sautant au sol, Eal, cape blanche sur les épaules, capuchon sur la tête (bah oui, soleil, mais pas assez chaud tout de même pour lui -monsieur est un grand frileux-) tenue noire en dessous avec tablier typique, attrapa le mord des munins, et tira la tête du premier là où ils devaient se rendre. La foule fut bien obligée de se ranger quand d’un pas direct l’oréade se fraya un chemin en douceur. (Tu ne te pousses pas ? Bien je t’écrase…)

Les étalages étaient nombreux, malgré le peu qu’il y avait dessus, heureusement, dans un angle, un espace était resté libre et ce fut à cet endroit que les poissonniers décidèrent de s’installer. Tous descendirent des charrettes, tous sauf ceux qui devaient décharger les caisses, les bonni menteurs du groupe commençaient déjà à faire leur vente en hurlant dans la foule déjà bruyante. D’un geste Eal ôta sa cape et la déposa juste à côté des munins pour ne pas qu’on la lui vole. (Peu de monde est au courant qu’un munin c’est aussi stupide qu’une vache des pleines du sud, faut en profiter.) Ses cheveux attachés en cardigan se balançaient avec la légère brise qui régnait sur le lieu. Fermant un instant les yeux, le jeune oréade savoura le bonheur de la présence du soleil là-haut. Il n’y avait pas à dire, qu’est ce que ça faisait du bien ! Fichue neige, il était temps de venir voir les beaux jours ! Ou les jours de pluies…

Baissant son regard, Eal observa, caisses en main, la foule qui se pressait dans la rue, beaucoup de têtes inconnues, beaucoup de personnes amaigries par ces temps de pauvretés. Heureusement, la citée s’en remettait et recommençait enfin à vivre.
Ses yeux s’arrêtèrent à un moment donné, quand une ombre se faufila parmi les gens, une ombre… une silhouette connue ? Son cœur sembla manquer un battement, …connue ?
Comment ça connue ?

Eal était toujours debout sur la charrette, et perdu dans sa recherche un de ses compagnons le bouscula, lançant haut et fort une blague sur le rêveur qu’il était. Lui jetant un rapide coup d’œil excédé, Eal s’avança , sauta de son perchoir et déposa la caisse sur un des étalages que les autres venaient de finir de construire. Frottant ses mains pour enlever les résidus de bois, son regard s’était de nouveau assombri. On ne pouvait plus réellement dire que ses yeux avaient la teinte d’un soleil couchant, non, il était simplement rouge, d’un rouge saphir basique. Mais qu’importe, de toute façon il ne laissait personne approcher pour pouvoir regarder ses mirettes en détail.

Cette silhouette,… ce fut stupide hein, oui totalement stupide, mais l’espace d’un instant il avait bien cru que c’était Lén. Seulement ce dernier n’aurait pas été une telle ombre, enfin, sans doute… Qu’était-il devenu ? Etait-il toujours en vie ? La dernière fois qu’il s’était rendu dans la rue de la Rosée, la maison n’y était plus, il ne restait qu’un résidus de gravats, sans doute avait-elle été détruite lors de la guerre… Et si elle n’avait pas été reconstruite, c’est que, soit l’elfe était parti, soit il était… décédé.
A cette idée, l’oréade avala sa salive et secoua doucement la tête. A chaque fois qu’il pensait à toutes ses solutions, son moral en prenait un coup. Pourtant il devait s’y faire ! Il devait se faire à cette absence. Le destin avait fait en sorte de ne pas le rendre solan lui. Le destin le forçait à continuer à vivre… et le laissait avec cette image que son ami devait se trouver quelque part et qu’il était peut-être heureux. Oui, sans doute qu’il l’était. Donc non ! Non l’homme là-bas ne pouvait pas être Lén, cela ne servait à rien d’espérer. Relevant son visage, Eal remonta sur la charrette et continua son déchargement, sa dernière caisse posée, environ 10 minutes après qu’il eut aperçu cette ombre, un des poissonniers lui demanda un petit tour de passe-passe et de créer des glaçons pour tenir le poisson au frais. Sourire en coin, le jeune oréade accepta sans broncher. Après tout, pourquoi pas, ça n’allait rien lui apporter mais pouvait amuser les jeunes enfants qui regardaient les vendeurs avec une attente lisible dans leurs mirettes. Détachant son tablier et le pliant tranquillement avant de le ranger dans la charrette, sans relever ses manches (monsieur a des cicatrices, monsieur est pudique, monsieur il peut bien bousiller ses manches s’il veut !) il s’avança vers les étalages.

Ce n’était plus comme il y avait de ça un mois, là il arriverait sans problème son tour de glace, ce n’était plus un problème vu qu’il n’était plus à jeun. Mettant sa paume à plat dans le vide, Eal rendit l’atmosphère un peu plus humide, même carrément vaporeux en fait ! Une brume légère naquit autour des étalages sous les rires des enfants, puis ce sont des flocons qui apparurent et nul besoin de l’air pour ça, calculer les particules d’eau dans l’air suffisait aux flocons pour leur donner un effet tombant. Un peu moins humides, les flocons tombaient plus vite, brume plus dense, les flocons se glissaient lentement vers le sol, simple non ? Et en un coup, la brume disparut, et de la glace apparut sur les étalages, se glissant avec la fluidité de l’eau sous les poissons. Les enfants applaudirent, les parents étaient contents de se divertissement et approchèrent des étalages, voulant voir sans doute ce poisson qui n’était pas comme les autres. Petites accolades venant du patron et Eal s’apprêta à rejoindre les munins, quand une petite fille l’interpella. Oh elle ne devait pas avoir plus de 68 ans (elfique), la petite elfe. Une petite elfe aux cheveux dorés et aux yeux de la même couleur.
Elle voulait aussi un flocon ! Mais rien que pour elle…

Regardant l’enfant une seconde, le jeune homme se pencha vers elle et déposa dans la main de cette dernière, une bestiole en glace. Un petit chat des montagnes qui bougeait tout seul ! Les yeux de l’enfant s’ouvrirent grands, et son sourire fut égal aux cris de joie qui s’en suivirent. Remerciant le brun, elle partit à toute vitesse dans la foule rejoindre sa mère.
Oui une créature en glace… fichue ombre…
Mais cette fois le sort était maîtrisé, et le chat resterait ainsi, même loin de lui. Hélas que deux heures. Mais n’était-ce pas déjà assez ? Bien assez…
Son regard se fit dans le vide tandis que sa main machinalement passa sur les écailles des munins en un toucher fin et léger.
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyMer 2 Avr 2008 - 17:18

Quelque chose fila devant Tyrol, l'obligea à s'arrêter quelque seconde pour ne pas percuter la petite chose qui venait de passer et qui écartait avec autant d'aisance les autres badauds, remontant le courant à sens unique de la masse en bondissant. L'elfe suivit l'enfant des yeux, un léger sourire peint sur les lèvres : cette fillette courait dans la foule comme on traverse un champ de blé !

Un coup à l'épaule le tira d'une nouvelle rêverie déjà bien amorcée : Un passant venait de le bousculer. L'elfe ne broncha pas. Les yeux rivés sur la fillette, il ne faisait plus attention à grand chose : L'enfant était le détail qui effaçait le décor ! L'enfance avait toute une symbolique pour lui, à la fois douce et amère car c'était un état qu'il avait profondément aimé vivre et dans lequel il ne pouvait pas retourner. Une guerre, des enfants joyeux ; Une nouvelle preuve de la vie qui continue.

Il se recula, se positionna contre le mur d'une maison, dos à lui, afin de regarder encore l'elfette sans être bousculé une nouvelle fois. Sous le capuchon noir, ses yeux s'illuminèrent de joie et son sourire rêveur s'élargit. Pour disparaître presque aussitôt. Il avait vu la fille courir vers un étal à poissons, et à présent, avec tous les gens qui circulaient, il ne la voyait plus que par intermittence, entre deux personnes. Cela le décevait, certes, mais en réalité, ce n'était pas cela qui lui avait fait perdre son sourire au profit d'un air étonné : c'était l'homme à qui elle parlait. Le poissonnier ? On aurait dit. Même si cette solution paraissait absurde aux yeux de Tyrol.

Mais enfin, que lui voulait-elle donc à cet homme étrange ?

L'elfe revint sur ses pas : à son tour de prendre la marée à contresens ! Il se glissa entre les gens, les écartant faiblement de ses bras blancs, s'excusant mille fois. Il s'était éloigné en croyant que le miracle dont le Vent lui avait parlé se trouvait plus bas dans les ruelles : il remercia cent fois l'elfette de l'avoir remis dans le droit chemin. Curieux, il s'approcha pour voir, restant un étal plus loin pour pouvoir regarder sans gêner les passants et tout en restant à distance raisonnable pour l'instant. A demi-tourné vers l'étal où il se trouvait, feignant de s'intéresser aux articles, il garda le regard discrètement tourné vers ce qui l'intéressait.

Il assista donc au tour de magie aquatique, aimablement accordé, et vit l'elfette filer à nouveau, joyeuse, un cadeau entre les mains. Il n'avait pas très bien vu, mais il avait remarqué le rapide petit tour, la formation d'une petite chose en eau. Qu'elle en avait de la chance, cette enfant !…

L'elfe contourna une charrette de déchargement stationnée juste devant les étals de poissons mais s'arrêta un instant, se cachant derrière comme s'il venait soudain de réaliser quelque chose ; Il retira son capuchon, sans doute pour plus d'honnêteté. Peut-être le retirait-il pour toujours. Si, si !

Il se pencha pour vérifier que l'homme aux cheveux noirs était toujours là. Oui. Il avait l'air occupé, mais Tyrol n'a cure de ces choses-là lorsque l'affaire est importante. Alors il se redressa, leva même un peu plus la tête que d'habitude. Par réflexe, il rejeta quelques mèches derrière son épaule, en passa d'autres derrière son oreille. Sous sa cape fermée, il croisa les bras. Et il passa enfin la charrette, se dirigeant lentement vers sa cible d'un pas qu'il tentait de rendre le plus mesuré et posé possible. Retourné à son occupation, l'homme ne l'avait pas encore vu ; et, de toute évidence, Tyrol s'arrêta à distance très raisonnable, peut-être trop, de façon à n'attirer l'attention que par la voix.


"J'en voudrais une aussi, s'il te plaît", dit-il assez fort et clairement pour couvrir les bruits environnants.

Son ton n'avait rien d'impérieux, n'avait rien d'un ordre déguisé. L'elfe avait d'ailleurs formulé le "s'il te plaît" de convenance... Oui, s'il te plaît et non s'il vous plaît ! Non, vraiment, ce ton-là avait même quelque chose de très doux, comme toujours, ou peut-être plus, plutôt timide, à l'image du sourire que les lèvres tremblantes de l'elfe tentaient d'esquisser.
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Eal
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyJeu 3 Avr 2008 - 1:47

Le munin réagit à son geste et tourna doucement sa lourde tête vers l’oréade. Reniflant ce dernier la bestiole laissa un grognement sourd s’évaporer dans l’air, comme un grognement d’orage loin à l’horizon. Sourire sur les lèvres, le jeune homme tapota le museau de ladite bestiole, lui montrant ainsi son attention. Puis Eal se remit à son travail. Les caisses entassées avaient été déposées en désordre complet et les autres porteurs semblaient préférer parler avec les clients potentiels que de terminer le travail. Lui, il préférait largement ranger les caisses plutôt que parler avec des gens dont il se moquait royalement. Se baissant, l’oréade commença donc son travail, une caisse, puis deux et bientôt ce fut un tas qui s’amoncela juste à côté des charrettes. Frottant ses mains sur son tablier, il passa distraitement sa main dans sa tignasse, oui ses cheveux avaient bien poussé, les couper ? Non, pas spécialement envie, ni le temps. Comme beaucoup de chose, c’était un point dont il se moquait encore.

Depuis son retour, le jeune homme avait de plus en plus de mal à vivre dans la ville, c’était peut-être pour ça qu’il vivait à l’écart des premières maisons, dans un endroit pas réellement accueillant. Ça lui permettait de réfléchir et de toujours se rendre compte qu’il n’avait pas de chez lui et n’en aurait sans doute jamais. Alors à quoi cela servait de partir ailleurs ? À rien. Non, l’oréade n’allait pas spécialement bien, mais pas spécialement mal. Comme tout bon oréade mâle il devenait juste solitaire et ne s’en plaignait pas. Vivre était la directive de sa vie, l’avait toujours été et le serait malgré lui à jamais. Le destin avait décidé que malgré tout, il continuerait à vivre… Alors autant s’y faire non?
Les falaises étaient un bel endroit en tout cas. L’eau était plus proche de lui que jamais et chaque matin Eal descendait le long des falaises pour pêcher dans cet élément si familier. Soupirant, il jeta un rapide coup d’œil à l’enfant qui était sans doute déjà avec sa famille. La seule chose qu’il espérait c’est que personne de cette famille ne se ramènerait et demanderait la même bestiole. C’était souvent le cas avec les enfants d’une même famille, le syndrome du « je veux le même ».

… J’en voudrais une aussi s’il te plait…

Et voilà… qu’est-ce que je vous avais dis !
L’oréade n’avait pas senti la présence de l’elfe près de lui, et même si la voix réveillait des souvenirs aussi agréables que douloureux, même si cette voix était celle de…Jamais il n’aurait eu assez confiance en ses oreilles pour penser bien… cette fois. D’ailleurs, trop de fois ses sens l’avaient trahi, donnant à ses espoirs des corps ici et là qui « lui » ressemblait. Trop de fois, il avait espéré, pas cette fois ! Il ne se laisserait plus faire par son cœur, non…Plus jamais !

-« Je suis désolé mais… »

Commença t’il en se retournant et en cherchant en bas, un enfant qui n’en était pas un.

-« Je ne… » termina t’il en laissant son regard saphir remonter et se poser sur des yeux bien trop verts et une peau bien trop blanche à son goût.

La phrase, il ne la terminera sans doute jamais, après tout au diable cette phrase, au diable les munins qui attendaient leur nourriture, au diable tout ! Ses lèvres a demi-ouvertes le restèrent tandis que ses yeux regardaient ce que jamais plus ils n’auraient pensé revoir. Ses cheveux étaient devenu blanc, où donc était passée cette couleur blonde ? Et ses yeux ne brillaient plus d’un vert prairie, mais s’étaient adoucis, calmés, trop calmés ? Sa tenue aussi avait changé, depuis quand mettait-il des couleurs ternes ? Depuis quand mettait-il une cape noire surtout ? Depuis quand… ?
Son cœur était-il toujours en marche ? Etaient-ils encore à Elament ? Cela semblait trop beau, trop…

Se rapprochant de l’elfe, le regard bas et vivifié de cette nouvelle, les mains tremblantes d’une telle rencontre, l’oréade arriva suffisamment près pour sentir ce parfum qui lui avait tant manqué. Plus d’un an, plus d’un an qu’on l’avait forcé à quitter la ville, qu’on l’avait forcé à le quitter. Plus d’un an de manque et de vide…
Levant sa paume, doucement, aussi magiquement que pour la jeune elfe, une créature apparut sur cette peau qui s’était refroidie sous le coup de la surprise. Une créature bien connue des deux jeunes gens… un chien, identique à un autre plus ancien dans leur histoire. Un chien gesticulant et attendant une caresse possible. Le regard baissé, Eal le releva doucement pour croiser celui vert de l’elfe. Cet elfe, l’unique « lui », avait pris quelques années en seulement une non ? Sans doute était-ce à cause de la guerre ou quelque chose comme cela… Quant à lui-même, cette année, aussi avait creusé sa trace sur le jeune oréade. Des yeux plus ternes, une carrure un peu plus homme aussi, laissant l’élève dans le passé et lui rajoutant quelques années de plus physiquement.
Et dire que…Seulement un an de séparation, un an… De trop.

Sans réellement se soucier de ce qu’il aurait dû faire, Eal fit fondre la bestiole sans remord, et avança sa main vers les mèches de l’elfe. Suivant la courbe de ce visage si souvent imaginé du regard, Eal ne se maîtrisa pas longtemps et entoura les épaules de son vis-à-vis sans attendre. Nichant sa tête dans le col de ce dernier, respirant par la même occasion plus directement ce parfum unique. Et lui comment réagirait-il ? Le rejetterait-il ? Lui hurlerait-il dessus pour ce privilège qu’Eal avait perdu lorsqu’il avait disparu de la ville ?

-« …Lén… »

A peine murmuré, juste deviné, et ne pouvait être deviné que de lui, lui uniquement, comme avant. Toutes ses belles paroles avaient pris la poudre d’escampettes un soir, dans une cale d’un navire. Tous son baratin sur le fait qu’il devait garder le droit de partir quand il voulait, qu’il y avait de forte chance pour qu’un jour il parte à l’aventure ailleurs, toutes ses conneries qu’il avait débité quand ils vivaient encore ensemble.
Cela avait disparu quand, ficelé dans une cale de bateau, ou encore s’endormant sur une paillasse dans une sorte de prison pour enfant désobéissant, la froideur du métal de la clé touchait sa peau. Bien sûr qu’il ne serait jamais parti, bien sûr ! Mais pourquoi lui avait-il dit tout ça dans ce cas ? Un simple réflexe d’oréade… simplement. Un réflexe idiot.
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyJeu 3 Avr 2008 - 19:34

Le tour serait-il accordé ou refusé ? La demande parut d'abord être rejetée, mais Tyrol ne se démonta pas : s'il fallait insister, il le ferait. Il comprit cependant bien vite que son interlocuteur répondait par réflexe à ce qu'il croyait être un enfant. Amusé quelques secondes, l'elfe se rendit soudain compte qu'il était paralysé : il était incapable de se pencher, ne serait-ce qu'un peu, pour obliger l'homme à lever le regard sur lui. Heureusement, il s'en chargea tout seul.

Sur l'instant il parut… étonné. Non, plus que cela. Un mélange confus de beaucoup de choses… Ce qui était compréhensible. Parfaitement compréhensible.

L'homme resta bloqué dans son mouvement, la bouche entrouverte, ses magnifiques yeux rouges rivés dans ceux de l'elfe, qui lui, n'étant que peu fier de la couleur délavée de ses propres yeux, tenta de masquer sa gêne derrière un redoublement de sourire. Un sourire qui peinait à prendre de l'assurance, un sourire qui tremblait encore ; mais un sourire plein d'espoir. L'espoir d'obtenir l'innocente figurine aquatique qu'il avait demandée ? Pas vraiment…

Pourtant, son vœu fut exaucé : dans la main tendue de l'homme était apparue par magie une silhouette canine, toute en eau. Une figurine animée de chien Loulou, qui, la queue battant l'air, attendait une caresse.

A cette vision, Tyrol échappa un rire bref et discret, et, dans un réflexe d'embarras, baissa la tête quelques secondes. Il sentit ses joues se réchauffer un peu, sans aucun doute le signe qu'il rosissait de plaisir : sur sa peau blanche, cela devait se voir ! Lorsqu'il releva la tête, la figurine avait disparu, fondue, et l'homme s'était avancé. Restant absolument incapable d'esquisser le moindre geste, l'elfe ne bougea pas d'un millimètre. Il sentit des mains se poser sur son visage. Alors il ferma les yeux, pour mieux apprécier le contact et, surtout, pour mieux dissimuler les larmes qui lui étaient montées aux yeux et qu'il empêchait de couler, de toutes ses forces. Sous sa cape, ses bras qu'il aurait voulu tendre se mirent eux aussi à trembler.

En apparence, il restait d'un sérénité à toute épreuve ; mais ce n'était pas une impassibilité froide, pas un seul instant il ne montra une quelconque prise de distance. Sa tranquillité n'était que l'expression physique d'une béatitude extrême qui se passait de paroles pour s'exprimer.

Les mains quittèrent bien vite son visage et bientôt des bras entourèrent ses épaules. Une tête dans son cou. Un corps contre le sien. Et un nom murmuré à son oreille : un nom qui lui plaisait, un nom qui avait tout son sens dans la bouche de celui qui le prononçait en cet instant. Gardant les yeux fermés, il sentit que ses bras, bien qu'encore tremblants, acceptaient à nouveau de lui obéir : ils rendirent comme ils purent une étreinte forte et maladroite à la fois, timide et passionnée en même temps. Ses épaules furent discrètement secouées de sanglots et cette fois-ci, quelques larmes échappèrent à ses yeux.


"Oui", dit-il seulement d'une voix brisée par l'émotion et étouffée par l'étreinte. "Oui, Eal."

Il resta encore à l'étreindre un instant, au milieu des poissons, oui, ici-même ! Un instant dont il ne put définir précisément la durée. Ce temps durant, ses mains parcouraient fébrilement le dos de l'oréade comme pour vérifier qu'il était bien là, réel, et non une illusion qu'il serrait désespérément contre son cœur. Il se révélait que pour une fois, cela n'était pas un rêve : Ce qu'il avait dans les bras était vrai. La personne qu'il aimait le plus au monde - si tant est que son amour pour les choses et les gens en général ait eu une limite ! – et certainement la seule personne sur cette Terre a avoir été plus chérie dans son absence que dans sa présence.

L'elfe glissa ses doigts dans les cheveux du dénommé Eal, puis se recula lentement, se défit délicatement de l'étreinte avec un tout petit rire. Il ramena une mèche des longs cheveux de l'oréade devant son épaule, l'entortillant autour de son doigt avant de la lâcher ; une mèche ? Elle n'était pas censée être ici ! Continuant de rire de manière presque inaudible, il leva la main devant lui : entre deux de ses doigts se trouvait le nœud qui une minute plus tôt servait encore à attacher les cheveux noirs en catogan.

Les yeux levés sur Eal, il s'arrêta de rire. Il continua cependant à sourire, franchement mais toujours un peu hésitant. Il ne parvenait pas à parler pour l'instant ; il fut un temps où il aurait été sûr de crier, de pleurer sa joie et sa tristesse en même temps. Il ne s'était pas douté à ce moment-là que l'émotion l'empêcherait de prononcer ne serait-ce qu'une phrase de routine…
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Eal
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyVen 11 Avr 2008 - 14:39

Les bras toujours autour de Lén, les yeux fermés l’oréade avait encore du mal à accepter cette réalité. Combien de fois avait-il pensé à lui ? Aucune idée, trop, comme toujours, monsieur Eal ne faisait jamais dans la démesure, mais là, oui. Quand l’elfe lui rendit l’étreinte, son cœur se remit en marche, ce cœur trop longtemps arrêté, glacé, en attente de quelque chose, en attente d’une seule chose. Une étreinte et des sanglots ? Ô pas des grandes larmes, non, des larmes discrètes qui n’échappèrent pas à Eal. D’habitude, le nymphe avait toujours eu des problèmes avec les larmes et les pleurs, mais pour répondre encore à l’exception qui confirme la règle les larmes de cet elfe résonnaient en lui différemment.

Son prénom prononcé, après plusieurs minutes dans ce contact chaud et légèrement poissonneux (vu les alentours), doucement, Eal suivit le mouvement de Lén et se recula. Assez pour pouvoir le regarder dans les yeux, mais pas assez pour quitter cette odeur agréable qui entourait en général le solan. Laissant une de ses mains dans son dos, il baissa légèrement le regard, le temps que l’elfe chipote à ses cheveux… oui sa grande manie. Et maintenant qu’il les avait un peu plus long, Lén allait pouvoir s’en donner à cœur joie. Se laissant à la merci du blancdinet, ce n’est que quand ses mèches virent se rabattre sur ses épaules et le long de son visage qu’il se rendit compte du sourire de l’elfe. Ce dernier avait retiré le catogan (Je suis sûr que porter un cardigan dans les cheveux va devenir une mode !). Il l’avait retiré et trouvait cela amusant en plus…

Sourire en coin, Eal croisa de nouveau le regard de Lén, et dès cet instant c’est une moue qui apparut sur ses lèvres. Sans aucun doute que l’elfe se marrait intérieurement !

-« Je… possède une clé qui n’ouvre plus aucune porte… »

Pas n’importe quelle clé, la clé !
Celle que Lén avait fait faire en double pour lui et qu’il portait depuis cet instant autour de son cou, collée à sa peau, pendue à une chaîne. Et en effet, la porte de la maison n’existait plus, alors, que devait-il faire ? Au diable la clé ? Et eux ? Pouvaient-ils recommencer ? Ou plutôt continuer ?
Si le discours que lui avait dit l’elfe sur l’amour des solans était bien réel, alors cela pourrait continuer entre eux ? Petit à petit, essayant de savoir au fur et à mesure ce qu’il c’était passé pendant cette année, pourquoi était-il devenu ainsi, où était-il parti, qui avait-il rencontré, et la guerre … ?

-« Est-ce grave ? »

D’une main, le jeune (Enfin… jeune, tout est relatif) brun chipota dans son col un instant, et retira une chaîne de son cou, chaîne ou pendait ladite clé. La déposant dans sa paume, il l’a montra à Lén en y jetant un rapide coup d’œil avant de remonter son regard sur le solan.

C’est à cet instant précis qu’un des camarades d’Eal les bouscula, lançant une taquinerie à la volée avant de se diriger vers une jeune femme proche des poissons. L’oréade leva un rapide coup d’œil à ce perturbateur qui le payerait plus tard. Mais il était aisé de deviner pourquoi ledit perturbateur s’était permis un pareil comportement. En effet, il était rare de voir Eal accompagné de quelqu’un, et le jeune poissonnier était trop pressé de voir son amie pour regarder plus précisément la personne qui accompagnait l’oréade. Des cheveux longs, ça ne pouvait être qu’une femme non ? Quoi qu’Eal aussi les avait d’une certaine longueur, pourtant il n’avait rien en commun avec une femme.

Lâchant Lén, délicatement il lui fit comprendre de se mettre plus sur le côté, pour ne plus être dans le champ des autres vendeurs et ainsi être plus à l’écart des oreilles indiscrètes. En même temps, entouré d’une foule on ne pouvait pas faire plus d’oreilles indiscrètes. Même si une foule les cachait d’une certaine manière. Lui montrant des caisses d’une main, Eal se posa dessus, laissant son regard sur l’elfe.

-« Je n’avais pas décidé de partir… Il y a un an… »

Vers où cette phrase le conduisait ? Aucune idée, mais la dire avait été un besoin, pour se justifier ? S’excuser ? Donner un sens à son absence ? De toute façon peut-être que Lén l’avait remplacé, avait une autre vie maintenant et n’avait plus de place pour le spectre du passé qu’il représentait… Pourtant l’elfe était venu l’aborder et les sanglots qu’il avait perçu, étaient bien réels, un peu comme cette étreinte et cette présence qui ne s’était pas envolée quand il avait osé s’approcher. Alors peut-être qu’il pouvait espérer…peut-être qu’il…
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyVen 11 Avr 2008 - 19:27

La taquinerie ne fut pas réprimandée ; ainsi, Eal acceptait à nouveau que ses cheveux soient dérangés par des mains un peu trop joueuses. Tyrol – où Lén - n'osait cependant plus en rire, car il sentait qu'il ne pourrait échapper à certains sujets de conversation que, peut-être, il aurait préféré éviter ; oh, il avait changé, oui, mais son réflexe consistant à esquiver tout ce qui pouvait faire mal était toujours là, et l'idée de retourner le passé ne lui avait jamais plu. Malgré tout, il savait que ce genre de choses était parfois inévitable. Il devrait se plier à l'épreuve, et il l'avait définitivement compris lorsqu'on lui parla de clé. Un code secret ? Oh… Non, mais presque ! Plus fort que cela, un premier signe, un symbole...

Il y pensa, à cette réponse bateau : "C'est encore la clé de mon cœur". Cela pourrait fonctionner ! On rebondissait sur la phrase précédente tout en finesse et en métaphore… Mais c'était si facile ! Alors l'elfe n'en voulut pas : il savait qu'il aurait toutes les occasions de faire de la poésie romantique en répondant à d'autres questions auxquelles, il fallait l'avouer, il s'était déjà préparé depuis plus d'un an ! Pour l'instant, ne sachant quoi répondre, il baissa un peu la tête, déviant son regard de côté en tirant machinalement sur le nœud qu'il avait retiré des cheveux d'Eal. La clé, la maison… Oui, Tyrol était aussi allé voir : il n'y avait bel et bien plus de maison. Il restait des pierres, et de multiples éclats de verre brisé. Il restait d'ailleurs plus de verre que de pierre ! Les vitraux avaient volé en éclat, et les morceaux étaient restés éparpillés alentours sans que personne n'y touche. On s'occupait de bâtiments plus importants avant de reconstruite une simple maison. Plus de maison… Soit plus de porte à ouvrir ! Etait-ce grave ?… L'oréade se posait la même question, mais à voix haute. Cette interrogation avait donc réellement besoin… D'une réponse.

Il posa sa main à plat sur celle de l'oréade, la clé entre leurs paumes, souriant pensivement et avec beaucoup de douceur, autant de douceur que dans sa voix et dans son étrange accent lointain :


"Non, ce n'est vraiment pas grave... Elle a tellement plus de valeur quand elle n'ouvre pas de porte en bois... Cela reste un beau souvenir sur lequel tu peux refermer ta main et auquel tu peux t'accrocher à tout moment."

Bon... D'accord, ça vaut bien un "c'est encore la clé de mon coeur". C'est juste qu'on utilise plus de mots et qu'on ajoute une autre symbolique.

Et il referma la main d'Eal sur la clé, juste au bon moment sembla-t-il car une demi-seconde plus tard, un homme venait bousculer l'oréade en plaisantant. Quelque peu vexé de cette interruption mais sans y réagir pour autant, l'elfe baissa à nouveau le regard pour éviter la confrontation visuelle avec ce perturbateur. Dans sa tête, il se contenta de finir mentalement sa phrase "… Tu as eu de la chance d'avoir autre chose que quelques pensées floues pour tout souvenir." : Oui, il regrettait de ne pas avoir eu quelque chose de matériel auquel s'agripper quand quelque chose n'allait pas. Il n'avait jamais été matérialiste, mais parfois, la spiritualité ne suffisait plus ; Tyrol avait longuement déploré, de même, ne pas avoir eu assez de souvenirs, bien que, très naturellement, il les ait amplifiés de manière assez considérable, conférant à ces quelques instants une puissance relativement phénoménale.

Pour qu'on ne les dérange plus, Eal l'attira loin des perturbateurs qui semblaient travailler avec lui. Etait-il donc vraiment poissonnier ? Cela sembla étrange à l'elfe, qui n'écarta cependant pas cette possibilité. Comme le geste l'y invitait, il suivit l'oréade jusque vers les caisses sur lesquelles il refusa toutefois de s'asseoir, pour l'instant, sans que ce ne soit par souci de propreté ou quoi que ce soit de ce genre. Il se contenta de tendre une main avec un sourire franc, annonçant clairement – à son sens - qu'il voulait qu'on la tienne, qu'on la serre. Un plaisir simple et enfantin. Hé non, il n'avait pas tant changé...

Comme il l'avait deviné, ils ne couperaient donc pas à une traditionnelle "explication" de retrouvailles… Sans doute Eal se sentait-il en besoin de se justifier. De s'expliquer. Il ne s'était peut-être pas imaginé, même si Tyrol le lui avait fait comprendre dès le début, que s'ils venaient à être séparés un jour, seul le fait de se retrouver un jour comptait pour l'elfe, qu'il était prêt à tout accepter rien pour l'avoir encore à lui, que ce soit pour la vie ou quelques jours, quelques heures. Il était toujours naïf – un peu moins qu'avant peut-être, mais naïf tout de même – et serait de tout évidence prêt à gober n'importe quelle justification. Parti de son plein gré, contre son gré, ni l'un ni l'autre ou les deux à la fois…

Que ce soit un mensonge ou la vérité, il croirait tout. Rien ne lui importait plus que le fait que ce ne soit pas la mort qui lui ait enlevé Eal : Voilà la pensée qui l'avait le plus torturé. Concernant la probabilité que ce dernier disparaisse un jour, suivant l'appel de sa "liberté"… Ils en avaient déjà parlé, et, bien qu'avec énormément de mal, Tyrol avait accepté que cela arrive : Il était resté conscient que cela pouvait tomber à tout moment. Quant au fait que ce ne soit pas de sa faute…


"Si tu ne veux pas tout me dire, tu le peux, tu sais. Mais alors, si tu ne l'avais pas décidé… Cela veut dire que l'on t'a fait du mal ?" s'enquit-il tristement, l'air inquiet. "Je sais que je n'y peux plus rien si l'on t'a malmené, mais je ne veux pas que tes souffrances aient été vaines."

Aussi, si cela pouvait aider, il laissait le choix à l'oréade de tout dire ou non. Et il se pencha pour l'embrasser sur le front, lui glissant en même temps le noeud de son catogan dans la main. Le baiser venait simplement appuyer le fait que si Eal avait souffert, de toute évidence, Tyrol – enfin, Lén -, lui, était là maintenant pour l'en guérir ; ça au moins, il savait faire !
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyDim 13 Avr 2008 - 13:39

La main que lui tendit le solan ne resta pas seule bien longtemps. Comprenant sans doute le geste, Eal venait de joindre la sienne à celle bien blanche de l’elfe. Ce contact que ce dernier lui proposait fut accepté sans hésitation. Sa main avait été seule pendant trop longtemps pour qu’il refuse ce toucher espéré pendant plus d’un an. Pourquoi avait-il parlé de ce laps de temps ? Pour se justifier ? Peut-être. Car il fallait tout de même une bonne raison pour justifier sa disparition du jour au lendemain, pour justifier le fait qu’il n’ait rien pris, aucune affaire, aucun mot pour Lén, rien que ce vide et ce silence après l’orage. Cette respiration après un événement, et cette question de savoir s’il s’agissait bien de la réalité. Car ce questionnement l’avait assailli dans la cale de ce bateau qui le ramenait « chez lui ». Et les réflexes qu’il récupéra dans cet espace clos en moins d’une heure, provoquèrent chez lui des questions sans réponses.

Avait-il rêvé de Lén ? Tous les instants à Elament n’étaient-il que le fruit de son imagination ? La seule chose qui annihilait toutes ces questions était la clé qu’il portait au cou, cette clé qui lui rappelait Lén. Lén qui penserait sans doute qu’il était parti comme il l’avait évoqué, comme ça sans prévenir, sans un geste ni un mot. Non, ce n’était pas lui ça ! Ce n’était pas ça qu’il voulait laisser à l’elfe. Ce n’était pas dans son caractère de jouer les lâches et de quitter la personne aimée sans aucune piste de justification.

Alors oui, il voulait en parler. Car si pour le solan, cela allait de soi qu’il l’attendrait le temps qu’il fallait sans rien demander, pour Eal cela n’avait jamais été le cas. Comme cette soirée où l’oréade avait demandé à Lén d’être plus exigeant. D’être plus capricieux ! C’était aussi une manière pour lui de se rapprocher de l’elfe, d’être plus intime, d’être confronté aux désirs d’un autre.
Même si, dans ce silence, l’elfe avait créé une dépendance pire que si elle avait été prononcée avec des paroles.

Tenant la main de Lén dans la sienne, Eal baissa un peu le regard aux dernières paroles prononcées. Le voilà qui recommençait. S’il ne voulait rien dire il le pouvait… Et s’il voulait lui mentir il pouvait aussi ? Non, non, Eal ne supportait pas ça. Il ne supportait pas de mentir, cela n’apportait jamais rien, et était d’une dépense d’énergie inutile. Mais il supportait encore moins cette docilité Lénesque. Quoi que c’était plutôt une manière de le laisser maître de ses paroles et le laisser libre non ? Relevant le regard, il ferma les yeux sous le coup du baiser sur le front. Un baiser qui brûlait comme toujours ses interrogations. Dans sa main de libre Lén lui glissa le ruban qui attachait ses cheveux quelques instants auparavant. Un fin sourire s’afficha sur ses lèvres. Ils resteraient ensemble maintenant hein…

-« Tu es là maintenant… alors ces souffrances disparaîtront avec le temps. Mais toi… que c’est-il passé pendant mon absence ? »

Faisait-il allusion à ses cheveux et à cette manière de se tenir qui n’avait rien en commun avec le solan flamboyant qu’il avait laissé ? Bien sûr ! Etait-ce la guerre qui avait provoqué pareils changements ? Son départ ? Des aventures multiples ? Tout l’intéressait, il voulait savoir comment petit elfe avait vécu pendant cette année mais avant…
Se relevant, Eal fouilla dans sa poche quelques secondes, sans lâcher de la main celle de l’elfe. Ses cheveux accompagnaient en une danse la brise qui souffla plusieurs minutes dans la rue, se frayant un chemin dans la foule avant de se fracasser contre les façades des maisons, ébranlant les vitres par instants.

Peut-être allait-il trop vite mais… Comment pourrait-il aller trop vite voyons ? C’était Lén là ! Pas n’importe qui ! Doucement, Eal ramena sa main vers lui, et l’ouvrit délicatement. Une autre clé trônait dans cette dernière. Une clé simple en bronze. La clé de sa maison sur la falaise. Cette maison qui était tellement primaire mais tenait debout et faisait face aux vents les plus terribles. Qu’est-ce qu’on pouvait lui demander de plus hein ? Un toit et des murs qui résisteraient à tout. Cette clé, il la posa dans la main de l’elfe, tandis que l’autre retourna à son cou.

-« Veux-tu ce futur souvenir auquel tu pourrais t’accrocher ? »

Délicatement Eal passa sa main dans les cheveux si clairs de l’elfe tout en suivant la ligne de visage de ce dernier.

-« Même si je suis sûr que plus jamais je ne partirai loin de toi… »

Et pour cause ! Vu qu’il avait réglé le problème (Oui oui, dans le sang !) définitivement. Le statut que cela lui donnait ? Mis à part celui d’un chef d’une bande qui n’existait plus, le statut d’homme libre et de nouveau sous le joug du solan. (Mon petit oréade est opprimé…Comment ? Comment ça personne n’y croit ?!)
Une clé, celle de sa maison, (J’aurai bien dis « taudis », mais ça faisait moins romantique sur le coup), comme celle qu’il portait au cou et qui avait été celle de la maison de Lén. L’histoire se répétait donc, une histoire qui, on ose l’espérer n’aurait plus une fin pareille. Une maison, à eux, de nouveau à eux. Une maison où la conversation pourrait se faire plus facile qu’au milieu de cette foule bruyante et de cette odeur dérangeante.
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyDim 13 Avr 2008 - 16:54

C'était donc à Eal de faire de la métaphore poétique. Allons bon. Tyrol se contenta d'un petit sourire embarrassé : il ne fallait pas le lancer dans ce jeu-là, oh non, sinon on n'en sortait pas avant une bonne semaine ! Réfrénait-il ses ardeurs ? Hélas (?) oui. Il n'était plus aussi expansif, et ce fait lui plaisait autant qu'il lui déplaisait… Comme beaucoup de choses en lui désormais. Son sourire s'estompa légèrement cependant lorsque la question se posa vers lui : qu'avait-il fait durant tout ce temps… Là non plus il ne valait mieux pas le lancer sur le sujet… En ferait-il trop ? Sans doute, c'était assez dans ses habitudes. Mais en cet instant, disons que cette question, en apparence anodine, soulevait certains aspects de la réponse qui, dans les souvenirs de l'elfe, entachaient quelque peu le goût de ces retrouvailles…

"Il s'est passé beaucoup de choses," dit-il avec un sourire et un geste vague qui soulignait la foultitude d'événements qui s'étaient effectivement passés, "dont je suis plus ou moins fier. Mais il s'en est passé trop pour que je puisse tout te dire maintenant, surtout avec tout ce monde…"

Il voulut ajouter quelque chose mais déjà Eal se levait et fouillait sur lui à la recherche de quelque chose… Une clé. Une autre clé. Et il lui proposait de la garder, comme souvenir… Ainsi donc, il lisait dans ses pensées ? Il lui donnait un souvenir matériel. Quelque chose, oui, comme il le lui répétait, quelque chose auquel il pourrait s'agripper. Il l'avait, maintenant, à condition d'accepter ; hm, la question était inutile ! L'elfe referma évidemment sa main sur l'objet qui trônait dans celle d'Eal, le lui prenant avec une lenteur et un silence religieux. Une clé… Mais, d'où la sortait-il ?

"Tu as donc une maison à toi ?"

Pourquoi cela l'étonnait autant ? Il n'en laissa rien paraître, et la caresse dont l'oréade le gratifia l'aida à dissimuler son étonnement derrière un air gêné et rougissant, renforcé par la phrase prononcée ensuite. Il se sentit soudain retomber dans son simple état passif, se contentant de rire et de rougir devant Eal. Cela n'était peut-être pas plus mal ?… De toute évidence, ses réactions commençaient à devenir imprévisibles, lui-même se voyait aller d'un bord à l'autre sans se comprendre ! Il baissa à nouveau la tête, et son regard tomba sur sa main que l'oréade continuait de serrer dans la sienne : il se dit alors qu'il en avait assez de se poser trop questions en cet instant. Il n'avait eu de cesse de se comparer, le Lén "d'avant" et le Tyrol "d'après", et cela le fatiguait plus qu'autre chose : il était toujours, chaque jour, tiraillé entre la nostalgie et la fierté. Comme il se disait souvent qu'il adorait ses cheveux blonds et leurs reflets brillants mais que le blanc était la belle couleur de la sagesse. Et il n'était plus ni trop enfantin, ni vraiment très sage : cela aurait été pratique d'avoir une partie des cheveux blonds et l'autre blanche ; au moins cela montrait tout le paradoxe !

Il redressa un peu la tête et sourit assez simplement, puis, dans un réflexe qu'il espéra salvateur, il se mit sur la pointe des pieds pour embrasser Eal. Sur la bouche, oui oui, devant tout le monde, oui oui (la foule, avec ses millions d'yeux et d'oreilles, je la merle), même les poissons, oui oui (au moins eux ils ne font pas de commentaires). Quand ça vous manque vraiment, vous n'hésitez plus une fois que vous avez l'occasion ! Et puis, Tyrol hésitait moins en général, à présent.


"Mais pour parler, je voudrais retourner aux collines", dit-il en reculant sa tête de quelques millimètres, souriant avec douceur. "Il fait si beau, je me sens mieux dehors. Et il me faut un peu de nature : Ici je suis… A l'étroit. As-tu du temps ?"

Autrement dit tant qu'il n'y aurait que de la foule autour, il se refuserait à parler de lui, ou bien pas dans le détail. Quant à la question du temps, il désigna de la tête les caisses et l'étal de poissons pour faire comprendre à Eal qu'il se demandait bien combien de temps son nouveau travail lui prendrait. Il se savait patient, mais… paradoxalement, plus et moins qu'avant ; en l'occurrence, sa patience était sans limite dans certains domaines, mais là, on parle de retrouvailles et au diable la patience ! Eal, ce sont les poissons ou moi… En fait, il se répétait cela dans la tête, en théorie, mais en pratique il savait qu'il se forcerait à attendre si besoin ! Dans un sens, quand vous avez attendu plus d'un an, vous êtes bien échauffé niveau attente ; dans un autre sens, quand vous avez retrouvé la personne que vous avez le plus désiré revoir durant tout ce temps, vous n'êtes pas prêts de la laisser filer à nouveau, comme ça !

Il tenta tout de même d'insister, essayant de donner un semblant d'intensité à son regard. D'habitude, il y arrivait, mais devant Eal c'était une autre histoire… Faible, il redevenait faible malgré tous les efforts qu'il avait fait pour être plus fort, pour lui en plus ! Il rougit à nouveau bien malgré lui, sentant ses joues se chauffer lentement.


"Sinon, je t'oblige à fuguer !"

Son accent léger, et si chantant quand le ton s'y prêtait, comme en cet instant, vint renforcer le côté enfantin et faussement capricieux de sa phrase. Mais Eal devrait se méfier car, attention, maintenant, fuguer en éclair, Lén savait vraiment faire… Mais saurait-il oser le faire ? Devant ces enfantillages qui revenaient soudainement, aussi facilement et brusquement que le Vent changeait de force et de direction, il se mit à rire.
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MessageLe Destin ou le Hasard (Privé) EmptyDim 13 Avr 2008 - 18:12

Beaucoup de choses ? La curiosité de l’oréade était titillée, il ne pouvait nier cela. Chose des plus étonnantes quand on sait le calme et l’indifférence qu’il portait généralement comme attitude. Beaucoup de chose à se dire et beaucoup trop de monde. La guerre n’avait pas encore fait assez de ravage, trop de survivants. La seule personne dont il voulait la survie plus que sa vie se tenait devant ses yeux, alors le reste pouvait s’écrouler. Une maison…oui on pouvait dire ça…

-« Une maison… mmmm…Plutôt un toit et quatre murs… » Murmura t’il avec un fin sourire au bord des lèvres et un regard amusé.

Une maison, non, décidemment on ne pouvait pas appeler de la même manière la demeure confortable où ils avaient logé tous les deux avec cette espèce de créature à poil, et la bicoque qui l’hébergeait pour le moment. Pourtant, elle pourrait devenir très vite confortable, mais l’oréade n’avait non seulement pas que cela à faire, mais pas l’envie. Après tout, ayant vécu dans des conditions bien pires, que pouvait lui faire une maison où le vent entrait par moments et où l’eau perçait le toit suivant les jours de pluies ? Pas grand-chose, cela devenait même quelque chose de bénéfique. Les fenêtres n’avaient plus besoin d’être ouvertes et pas besoin d’aller chercher de l’eau à l’extérieur pour se laver… Donc, non, ce n’était pas le même genre de maison.

Le rougissement de Lén laissa Eal pensif un instant. Et si son esprit avait eu des doutes sur l’existence d’un cœur dans sa poitrine, maintenant le doute n’était plus possible. Le battement qui venait d’être raté, était la preuve irréfutable qu’il possédait bien quelque chose sous la peau et que cette chose ne battait que pour deux raisons simple, la première, juste pour vivre et la deuxième pour la personne face à lui. Ô monsieur n’était pas très difficile et compliqué, l’avait-il déjà été ? Pas vraiment. Il se torturait souvent l’esprit, pensait à beaucoup trop de choses, mais ses gestes étaient francs, ses paroles réfléchies, si je ne connaissais pas un peu mon oréade, j’avoue qu’on pourrait le prendre pour quelqu’un de lent… Mais comme son élément, le brun cachait bien son jeu et s’assagissait au contact d’un certain elfe. Le regard toujours porté sur ce dernier, là où son cœur arrêta carrément de battre ce fut quand le solan amorça un geste, un baiser…

Les lèvres sur les siennes avaient un goût de nostalgie, un contact chaud et connu. Fermant les yeux doucement, la main qui avait frôlé la ligne de visage du blancdinet resta au niveau de la mâchoire, comme un toucher léger qui pourrait s’envoler aux premiers écarts. Un baiser, Eal avait hésité a en donner, depuis le début. Peur de beaucoup de choses en vérité. Peur d’être rejeté, de percevoir chez l’elfe un recul ou un mouvement de la même espèce, peur d’aller trop vite, peur de… beaucoup trop de peur pour que monsieur le grand dadais ose lui-même franchir la barrière du simple toucher, et embrasser Lén. Mais, ce fut lui qui osa franchir cette barrière, provoquant un rougissement à peine perceptible sur les joues de l’oréade. Diantre !

Le baiser à peine finit, Eal rouvrit ses mirettes et les posa dans ceux si vert (Même si ce n’est plus le même vert, les yeux de Lén sont les plus verts du monde aux yeux de l’oréade –l’amour rend aveugle ? Non, ça rend con !-) de son elfe . Les collines, cela faisait longtemps qu’il n’avait plus posé les pieds là-bas, et à vrai dire, le brun l’avait même fait volontairement. Comme voulant rompre avec tout ce qui lui rappelait son ancienne existence dans la ville. Et ce qui remuait certains souvenirs. Mais à présent, tout était bouleversé. Il ne pourrait même plus se faire passer pour le type ours qui n’aimait personne et ne parlait pas plus de trois mots face aux autres pêcheurs, quand ces derniers assistaient (Bande de sales voyeurs !) depuis plusieurs dizaines de minutes à la docilité d’un grand oréade face à un elfe qui avait bien 10 centimètres de moins que lui. (Ou peut-être même plus ?) Déposant un baiser dans le creux du cou de Lén, il laissa une sorte de grognement sourd répondre à la question. Oui bon… Finalement le côté ours revient à la charge. Mais ses lèvres ne pouvaient pas prononcer de mots, elles étaient occupées à goûter la viande…embrasser Lén.

Relevant son visage, il croisa à nouveau le regard du jeune elfe. Un immense sourire s’afficha avant qu’un rire naquît chez Eal, un rire discret. Mais bel et bien un rire ! Fuguer ? Fuguer… Non, vraiment rien à dire… Eal fondait… Comme glace (à poisson) au soleil. Ce type était juste… juste…

-« Et bien oblige-moi ! Et fuguons ! »

Sourire en coin, un regard amusé ne quittait plus Lén depuis quelque minute. Bien sûr qu’il avait le temps, après tout il n’était là que pour aider les poissonniers à décharger, ils pourraient très bien se débrouiller tous seuls cette fois-ci. De toute façon ce n’était pas comme s’ils avaient le choix ! Lén ou les poissons ? Vous êtes sûr que c’est une question ?

-« Direction les collines ! »

Termina t’il avant de reposer ses lèvres sur celles de l’elfe. Oui les doutes s’étaient bien envolées (ça se tire vite ces petites choses…), car l’envie d’être plus proche de Lén l’emportait assez facilement. Après autant de jours et d’heures sans lui, la seule chose qu’Eal avait besoin pour vivre en cet instant était de se trouver dans l’entourage du solan. Et ce n’est pas trois bouseux et 4 poissons qui allaient l’en empêcher.
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