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 Prélude des Enfers *~~~[Privé]~~~*

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Di
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MessagePrélude des Enfers *~~~[Privé]~~~* EmptyDim 30 Mar 2008 - 15:20


Nous nous trouvons après la scène dans le Cimetière :

Un Opium qui marche à l'envers
https://elament.forumsrpg.com/le-cimetiere-f55/un-opium-qui-marche-a-l-envers-t8318.htm

Et avant la rencontre entre Iblîs et Di


Nous méritons toutes nos rencontres
https://elament.forumsrpg.com/les-grottes-de-finduilas-surion-f60/nous-meritons-toutes-nos-rencontres-di-t8749.htm#117283



Il se faisait tard et Di était encore plongé dans ses pensées. Quand il avait quitté ce Cimetière, sa tête était en vraque. Entre temps, il s'était posé dans la Citée, il avait observé les lieux qui l'entouraient, en n'y perdant le moins de détail possible. Il ne connaissait pas grand monde, à dire vrai, il ne connaissait personne. Les jours venaient s'accumuler les uns après les autres et l'opium que Di prenait soin d'ingurgiter, ne changeait en rien ses macabres pensées. Et pourtant, il savait sourire, il n'était pas l'un de ces êtres moribondes, qui passent leur temps à se lamenter du passé, du présent, des Dieu qui ne les aident pas, de toutes les choses qui peuvent nuire. Non, il ne se lamentait pas, il vivait, parfois avec de la joie, parfois avec un peu de tristesse, mais jamais ne pleurait. Quand on en veut on monde entier, c'est que visiblement, nous n'avons pas encore compris le sens de la vie. Car nous ne pouvons en vouloir qu'à nous_même. Et ça, malgré le fait qu'il est possible que certains nous rendent la vie infernal, nous sommes seul maître de notre destin. Mais pas forcément de notre destiné...

Il se faisait tard et le vent n'était ni froid, ni chaud. Un temps parfait pour un Aéra. Le chacal s'approchait, suivit de son amie qui marchait sur ses quatre pattes, tout près du bar. La Chope Hurlante. On lui en avait parlé à plusieurs reprises. Il savait qu'ici, il trouverait tout ce dont il allait avoir besoin. Il était sur les terres d'Elament depuis plusieurs mois maintenant et il n'avait pas perdu son temps pour se mettre à la traque des démons en tout genre et encore moins pour diriger le groupe des T.I. Oui, il allait vite, il ne perdait jamais son temps, car contrairement à son habitant, celui qui toquait dans son cerveau depuis des années, il n'avait pas la vie éternelle. Arrivé devant le bar, il ouvrit légèrement la porte par sa poignée, puis la poussa d'un grand coup de pattes. Oui, c'était du Di tout craché, pas besoin de se faire discret dans un bar. Même si certains aiment se cacher sous une large capuche, dans un coin d'ombre... Di trouvait ça stupide et totalement inutile, car c'était la meilleure façon de se faire remarquer. Le plus astucieux c'est d'attirer une bonne fois pour toute, de manière plus ou moins normal, les regards sur nous. N'ayant visiblement rien à cacher, on s'y désintéresse, quoi que sa forme animale n'était pas non plus toujours simple à gérer, car elle attirait les regards... mais elle les attirait parfois trop. Il descendit des escaliers pour ouvrir la seconde porte avec autant de délicatesse que pour sa sœur située à la surface. Oui, contrairement à la majorité des bars qu'il avait plus ou moins... visité, celui-ci n'était pas en surface. L'intérieur du bar était tout à fait dans les goûts du Chacal. En marbre noir... le marbre, matière splendide, lisse, sans défauts. Le marbre glisse, le marbre est si beau et si doux aux touché. Du marbre noir, quelle beauté ! Il aimait ce côté sobre. Mais ce qu'il n'aimait pas autant que ça, c'était le mélange des tables en bois et des chaises en métal. Il préférait tout en bois. Avec, peut-être, des bordures métallisées. Mais c'était une question de goût après-tout. Mais ce qu'il aimait, c'était ce Maître qui, du fond de la pièce regardait le monde qui gesticulait dans le bar, il se trouvait près d'une porte... un Maître du monde musical. Le plus grand, le plus beau, le plus mystérieux celui qui connaît la joie, la peur, la tristesse, la mélancolie, le côté champêtre d'un instant... celui qui fait rêver, celui qui envoûte, celui qui fait danser, celui qui apporte la folie. Mais ce Maître ne peut donner tous ces sentiments, sans son ami, sans les mains qui viendront poser sur lui, ses doigts de manière douce, délicate, ou strict, rude, violente... le Maître... le Piano. C'est alors, que l'envie lui pris, mais il se garda bien de le faire. Dans sa tête, une musique poussait des notes du passé. La musique qui revient sans arrête. Cette musique qui se fait suivre de près par une autre musique, une autre qui, contrairement à elle... comporte des paroles. Entre ses dents, doucement, en chuchotant, voir presque en murmures, les paroles glissèrent.






" - Le remord d'être fasciné par le soleil qui emmêlé dans les ronces
Se fond avec mes soupirs

Je crache en riant sur ces rêves que je suis fatigué de voir
Le coeur des hommes rongé par la solitude
Grandit dans la cruauté

Dissoute dans une abondance de blancheur
La vérité, effondrée et non désirée, est toute autre
(Je voudrais) de l'amour dans un sourire

Mais déjà cette sombre matinée est morte

Je m'éloigne sans avoir pu l'atteindre
De cette douceur sans impureté, dans laquelle j'aimerais m'assoupir avec mes larmes

Le mensonge d'avoir enfanté est merveilleux
Mes larmes noyées dans un bassin de lames de rasoir
Ont un vague goût sucré...

Mais déjà cette sombre matinée est morte

Ce moi qui ne peut pardonner ni les larmes ni les mensonges ni l'amour
Je le déteste... mais parce que je ne peux pas revenir en arrière

Je m'éloigne sans avoir pu l'atteindre
De cette douceur sans impureté, dans laquelle j'aimerais m'assoupir avec mes larmes

Ce ciel rouge qui me pèse ne fait que résonner
Les cris et les pleurs...je ne les entend plus.


Ibara... ni... karamu taiyou
...
...
...
Tameiki to mazatte torokeru ... koukai...
"


Depuis des années déjà, il poussait ces paroles hors de sa bouche pour les extraire de sa tête. Mais il n'était pas là pour ça... ses deux billes, dont l'une dite "aveugle" roulaient en tout sens, cherchant à attraper du regard les langues pendantes qui pourraient lui être utiles. Ce qu'il recherchait ? Un Démon. Et pas n'importe lequel. Il voulait aller droit au but en un seul tire. Son jeu de carte était toujours correctement trié, et sa pièce menteuse toujours à ses ordres. Ce jeu, qui était parmi tant d'autres, avait déjà commencé. Après la fondation avoir pris la tête de son groupe, après avoir croisé Ashe dans le Cimetière, après avoir marché et visité les lieux... le voilà ici, dans un Bar. Et en général, c'est ici qu'on récolte le plus d'informations. Il n'avait pour l'instant, nulle soif qui vint lui tirailler le ventre, ni faim venant crier famine à son gosier parfois trop. La lycaonne tourna autour de lui un instant, Di c'était posé sur une table, avant de chantonner. Autour de lui, sa criait, sa chuchotait, sa s'engueulait, sa buvait, sa chantait... ce n'était qu'une question de temps et d'attention...




[ Musique et paroles de Dir en Grey - Conceived Sorrow ]
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MessagePrélude des Enfers *~~~[Privé]~~~* EmptyMar 1 Avr 2008 - 15:28

Et c’est dans une tendre boucle infernale et magnifique
Que tout se rejoint et se lie


Depuis combien de temps était-il ici ? Il ne savait plus, mais à vrai dire ça avait très peu d’importance. Le nymphe le sentait jusqu’au plus profond de ses os : cette nuit s’étirerait pour lui autant qu’il le souhaiterait, et alors qu’il déambulait dans les rues d’Elament en quête de tout et de rien, remuant ses pensées silencieusement derrière ses paupières closes, la furtive caresse naissante de la lumière lunaire sur sa joue avait éveillé quelque chose en Dwenyös Way. Ses pas avaient stoppé aussi doucement qu’ils avaient commencé, son visage à la peau basané s’était redressé par instinct, semblant happer l’odeur de quelque mystère, et il était resté là, debout, à l’affut de la senteur de la nuit. Oh oui, pour ceux qui ne voient rien, ils vous l’apprendront bien assez tôt, à vous qui voyez tout mais n’avez conscience de rien, la nuit a une odeur. La nuit sent. C’est un parfum subtil aux mille voluptés plus onctueuses les unes que les autres, rappelant des draps de soie abandonnés il y a peu par une femme. Ca sent le regret, puis l’impatience, oui, l’impatience de la prochaine rencontre, de la prochaine étreinte. Il avait senti l’étreinte et s’était laissé aller à son doux emprisonnement.

Après tout, pour aller à la nuit, il faut s’offrir sans crainte à elle, et ne cherchait-il pas un être directement lié à l’obscurité ? Le bois de son bâton lui avait presque paru palpiter au creux de sa paume qui le connaissait par cœur le moindre de ses nœuds. La respiration de Dwen s’était faite plus lente, imperceptible dans l’atmosphère, tel celle d’une bête qui avait enfin trouvé une piste pour aller jusqu’à la proie qu’elle guettait depuis tellement longtemps. Il s’était détourné de la direction vers laquelle il avançait jusqu’à présent et s’était engagé dans les ruelles sombres de la Cité. Les effluves tièdes du printemps grimpaient progressivement jusqu’à ses narines, le guidant sur sa route invisible dans les ténèbres trompeurs. Cela faisait quelques temps qu’il était revenu à Elament, la ville ne semblait plus porter de trace de la bataille qui y avait lieu l’été précédent. Pourtant, le nymphe flairait à chaque occasion le moyen d’assouvir ses désirs de savoir sur cette dernière, toujours à la recherche d’informations, car il avait pris sa décision. La décision de ne pas être un lâche. S’il n’avait pu être là lors de la guerre, il serait de la partie pour sa vengeance, même si elle se réduisait au domaine personnel de son existence.

Les rumeurs courraient. Les secrets volaient aussi facilement dans le vent que les plus légers volatiles. Plongé dans le monde magique qu’il n’avait découvert que depuis deux ans, Dwenyös savait toutefois que, malgré la différence entre les êtres dotés de pouvoirs et les humains, le fonctionnement d’une ville ne variait que très peu. Elament était belle et scintillante, triomphante après les rudes épreuves qu’elle avait traversé et où plusieurs de ses habitants avaient péri, mais derrière le décor se cachait les coulisses, dissimulés à la vue de tous, exactement comme chez les hommes. Il retint presque un grognement. Si un démon avait pu le surveiller en se fondant dans le monde humain pendant tellement d’années, alors il allait sans dire que le phénomène n’était sûrement pas rare. Dans les recoins de la Cité grouillaient ceux que l’on avait oubliés, les complots que l’on préférait ignorer, ceux qui, comme lui au fond, ne demandaient qu’à renvoyer la balle aux démons rôdant à l’extérieur. Ses pieds nus stoppèrent devant la porte de la Chope hurlante et sa main se posa instinctivement sur la poignée. Oui, ces deux mondes où il avait vogué avaient des similitudes. Autour d’une bière, et même de plusieurs, on pouvait faire avouer n’importe quoi à qui que ce soit, du moment que l’alcool avait un tant soit peu d’effet sur elle.

L’aveugle avait parcouru tous les coins d’Elament, de sa plus petite boutique à son grand lac, de façon à savoir se repérer partout et en n’importe quelle occasion, sa cécité ne lui permettant pas de s’autoriser quelque ignorance sur la géographie des lieux. Ainsi, il descendit sans problème l’escalier menant à la salle où tout se jouerait, son fidèle compagnon de bois n’émettant qu’un léger bruit sourd à chaque marche, avant de cesser quand il avait pénétré dans les lieux. Sans problème, son odorat s’était accoutumé aux senteurs d’alcool régnant dans les airs, ses oreilles à la musique mélancolique et lancinante du piano. Chaque détail qu’il pouvait saisir avait pris place dans ses sens, l’installant peu à peu dans l’ambiance de la vaste pièce. Il avait ensuite tiré une chaise à lui et avait pris place. Il était grand temps de commencer. Sa place avait été judicieusement choisi, puisque chaque table à cette heure-ci était bondé, il s’était mis à l’une des seules inoccupées, mais en veillant à être près des personnes présentes pour s’adresser à elle. Non loin de lui, en effet, une petite bande s’agitait autour de verres et de bouteilles. Le nymphe ferma les yeux et laissa son ouïe s’étendre progressivement.

Un sourire carnassier faillit presque orner son visage au bout de quelques minutes. Bingo. Le sujet était arrivé sur le tapis plus vite que prévu. Il avait commandé une simple bière. L’attention des hommes s’était tournée imperceptiblement vers lui. L’un lui avait demandé s’il était élève de l’école, sans doute l’avait-il croisé un jour où il en était près ou en venait, qu’en savait-il ? Dwen avait hoché la tête, un calme sourire sur les lèvres, comme d’habitude, ne faisant ressortir de lui que l’étudiant calme et sympathique de troisième année que l’on connaissait. Au fond de lui-même, ses noirs desseins et ses neurones battaient à plein régime, la discussion n’avait que pu dériver sur les ravages de la bataille sur l’école, puis sur les élèves. Peu lui importait, il souhaitait autre chose. Sa voix s’était élevée, pas trop forte pour ne pas paraître suspecte, mais assez distincte pour qu’on la perçoive. Une simple demande : qui avait lancé les offensives du côté des forces démoniaques ? Il y avait eu un court silence, rattrapé bien aussitôt par des chuchotements précipités où l’on distinguait la peur de parler mais l’avidité de glaner des renseignements. C’était presque trop facile, pensa t-il en serrant sa chope entre ses mains.

Peut-être est-ce pour cela que ça arriva
Maintenant.

Le nom qui l’avait tant hanté fut prononcé : le Marcheur d’Ombre, oui, le Marcheur d’Ombre était là, il veillait et attendait son heure. La maîtresse démone était morte en même temps que la bien-aimée Layna Timerta, il allait sans dire qu’il était le mieux placé pour lui succéder à la tête des forces du mal. Dwenyös avala sa salive discrètement, mais resta attentif à ce qui déroulait autour de lui. Et c’est là qu’il la perçut. La musique. Pas celle du piano, non, celle-là il s’y était tellement habitué qu’elle n’existait presque plus pour lui. Non, c’était une autre musique, enfouie sous les paroles des saoulards, dissimulée à tous. Des paroles hachées, chuchotées comme quelque chose lourd et d’oublié, dont il ne vaudrait mieux pas connaître l’existence. C’est cela qui attira son attention. Au même instant où il ne concentrait plus que sur la mélodie, ça vint à ses narines, l’odeur bestiale mêlée au fer ainsi qu’à autre chose. Quelque chose d’autre que son odorat ne pouvait lui décrire, ou plutôt… Que si. Lui aussi, il sentait comme la nuit, ce n’était pas un démon, mais lui aussi veillait à saisir l’obscurité entre ses griffes. Sans surprise, il écouta l’arrivant se déplacer, sachant quelle table il contournait, et déjà où il s’assiérait. La chaise dos à la sienne racla sur le parquet lisse et bien entretenu et il entendit la masse s’y appuyer. Dos contre dos alors. En le gardant présent dans ses pensées, il dévia légèrement ces dernières vers ses informateurs. Le Marcheur de l’Ombre, mais qui était-il réellement ? Un soupire s’échappa de sa bouche. S’ils savaient… Lui-même ne le savait pas. Il murmura pour lui-même, couvert par les bruits trop forts.


« Iblîs… »

(edit Naja : pas de orange Wink)
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MessagePrélude des Enfers *~~~[Privé]~~~* EmptyVen 11 Avr 2008 - 20:42

" - Mais déjà cette sombre matinée est morte..."

« Iblîs… »

" - Je m'éloigne sans avoir pu l'atteindre
De cette douceur sans impureté, dans laquelle j'aimerais m'assoupir avec mes larmes
"

Le nom murmuré, glissa sur les lèvres de celui qui le prononça à voix basse. Di l'avait entendu, mais il continua son léger chant. Un nom... peut-être un simple esclave de celui qui le porte. Un simple esclave, oui... un simple nom. Mais rien n'était à exclure, il était ici pour écouter les langues pendantes, et il notait tout dans un coin de sa tête. Il avait aussi noté de vagues conversations de bourrés, comme ce pauvre être, imbus de sa personne, le verre contre sa bouche, le liquide le long de sa gorge. Il parlait de démons, il se vantait. On l'écoutait, sûrement que certains le croyaient. Des exploits inventés, des exploits inexistants. Du moins, il n'avait sûrement jamais accomplit un seul de ses dires d'après le jugement assez rapide de Di.

" - Le mensonge d'avoir enfanté est merveilleux
Mes larmes noyées dans un bassin de lames de rasoir
Ont un vague goût sucré
"

Derrière lui, des chuchotements, et un léger silence s'installait dans la conversation. Quand Di était arrivé dans le bar, il avait entendu différents mots, différentes paroles, mais entendre n'est pas le synonyme d'écouter. Le marcheur d'ombre ? Est-ce bien ça qui avait été prononcé avant qu'il ne vienne s'installer sur cette chaise ? Peut importe. Derrière lui, le calme lui semblait inintéressant. Mais peut-être que ce n'était aussi que des bourrés comme tant d'autres. Il y avait trop d'alcool autour de lui, ça lui était presque insupportable, son odorat s'affolait. Il avait un odorat très fin, peut-être un peu trop justement, lorsqu'il faut supporter une telle odeur se mélangeant avec l'odeur de certaines personnes qui était assez forte, il faut l'avouer.


"- Mais déjà cette sombre matinée est morte

Ce moi qui ne peut pardonner ni les larmes ni les mensonges ni l'amour
Je le déteste... mais parce que je ne peux pas revenir en arrière
"

Di se leva, posa le bout de ses doigts sur l'épaule d'un jeune saoulé, accoudé à sa table. D'une légère pression du poignet, il enfonça ses griffes dans son épaule, et le jeune qui puait l'alcool à ne plus pouvoir respirer se retrouva le séant contre le sol de la Chope Hurlante.

"- Je m'éloigne sans avoir pu l'atteindre
De cette douceur sans impureté, dans laquelle j'aimerais m'assoupir avec mes larmes

Ce ciel rouge qui me pèse ne fait que résonner
Les cris et les pleurs... je ne les entend plus.
"

Le Chacal fit le tour du bar après avoir finit sa petite chanson, et après avoir gratouillé son amie. Posant son regard un peu partout dans cette masse de buveurs. Craquement de nuque, ses yeux roulèrent sur la personne qui était adossée à lui un instant plus tôt. Est-ce une canne ? Il ne le garda pas longtemps en ligne de mire pour éviter d'attirer son attention. Une canne... peut-être que cette personne aimait l'élégance.

* - Ou peut-être qu'il est tout simplement aveugle...
- Laisses moi penser seul. Merci.*

Il arriva au niveau de sa chaise. "Sa" ? Enfin... la chaise sur laquelle il avait pris place. Pas de "chichi" sur les mots !

" - J'aime bien ce nom... il me fait penser aux Abysses."

Il laissa tomber cette petite phrase entre ses crocs, d'une voix raclant le fond de sa gorge, sans émotion, sans ponctuation spéciale. Une phrase qui coulait et se plongeait dans l'espace. Peut-être si perdra-t-elle sans qu'il ne l'entende. Le Chacal ne l'avait pas murmuré, mais sait-on jamais, au milieux de tant de bruit, beaucoup de paroles se perdent. Iblîss, bien sûr, un nom qui raisonnait parfaitement avec ce mot... "Abysses". Ce ne devait pas être un nom anodin, pas celui d'un jeune Elfe obnubilé par son visage, sa propre beauté. Di n'était pas un amoureux des elfes. A dire vrai, il n'était pas près d'apprécier grand monde. Machinalement, il laissa s'échapper de lui, un petit rire fourbe. Autour de lui, il avait toujours sa bulle d'aire, il ne voulait pas se servir de son élément, cela-dit, il en avait grand besoin, cette légère bulle était trop faible pour éloigner ces odeurs désagréables. Elle était là continuellement pour aérer son corps. Un corps robuste, avec de la finesse, des muscles dessinés avec adresse, sa fourrure était douce, et flottait toujours dans cette bulle. Son œil malade troublait sa vision, ici,il n'avait que très peu d'utilité, c'est pourquoi il le fermait, laissant seulement le droit ouvert. Puis il apporta ses mains sur son front, pour descendre son casque métallisé au niveau des yeux, c'est un fin casque qui ne cachait que son front, et venait s'attacher derrière ses oreilles, il lui arrivait parfois de l'utiliser. Il décala une branche de son casque pour contourner son œil droit et le laisser voir, mais garda le côté gauche fermé. Ainsi, il n'avait pas besoin de cligner de l'œil. Pourquoi tout ce mécanisme ? Tout simplement parce que l'œil gauche lui montrait le monde spectral, et que ça devenait parfois, assez gênant.
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MessagePrélude des Enfers *~~~[Privé]~~~* EmptyVen 25 Avr 2008 - 13:57

Thème musical

" - J'aime bien ce nom... il me fait penser aux Abysses."


Et au creux du manteau de velours noir piqueté de fragments étincelants, dans ce lieu où rien ne les poussait à se rencontrer si ce n’était qu’un seul élément qui composait leurs êtres et leurs façons d’être, ils se croisèrent, perdus ou bien trop conscients au milieu des ivrognes, de la beuverie et de l’alcool, de la fumée épaisse et lourde. Des encens douteux montèrent à sa narine qui, par pur instinct respiratoire, les aspirèrent, lui faisant sentir la saveur âcre et repoussante qui circula dans l’intégralité de son organisme, déviant par ses poumons, avant d’être rejeté par celui-ci par sa bouche. Ainsi, il faisait maintenant partie du décor planté là comme un verre posé brusquement sur une table et n’attendant que d’être cueilli. Dwenyös Way avait découvert ce qu’il était venu traquer sans le connaître. L’odeur des ténèbres et des os, la tendre volupté des bêtes et du sang qu’il dissimulait à la clarté du soleil pour mieux la faire surgir maintenant.

Dans ce petit monde fait de souvenirs qui composaient sa vue qu’il n’aurait plus, il le regarda, l’espionnant sans avoir l’air, et comment aurait-on pu le cerner, lui l’infirme ? Emprisonné dans son enveloppe charnelle avec pour seule sortie son ouïe, son odorat et son toucher, il vit. Ses iris d’ombre observèrent la chaise raclant le sol, abandonné, puis son propriétaire marchant, zigzaguant entre les corps épars répandus ici, semblables à des loques perdues et installées pour donner un peu plus de sens à l’endroit. A ses oreilles, toujours la mélodie, lancinante et grinçante qui tournait dans le gosier de son porteur aussi bien que dans une boîte à musique. C’est grâce à elle qu’il le repérait tellement facilement. Il est aisé de suivre les traces de quelqu’un si celui-ci fait tout pour qu’on le remarque. Cherchait-il à être perçu ? Ah, des autres, de ces autres jonchant le sol, peut-être pas…

Cependant, un aveugle sait quand on lui parle, à lui et seulement à lui, du fait de sa cécité. Les paroles s’accrochaient, griffues, à son esprit, telles des jets lancés pour se mieux planter dans la toile qui constituait sa vision du lieu. Le nymphe l’observait se déplacer, faire le tour pour mieux revenir. A ses côtés, il l’aperçut aussi, et son nez ne put lui mentir. Une bête qui le suivait comme son ombre. De quelle espèce était-elle ? Ah… Bien malin qui saurait deviner, peut-être aurait-il pu tenter, mais il se contenta d’écouter ses quatre pattes raclant le plancher. La phrase que prononça l’inconnu parvint jusqu’à lui, perche tendue et que, en bon guetteur d’informations nécessaires à son but, il ne se priva pas de se saisir. A cet instant, la lune fut habilement dissimulée par quelques nuages, comme pour les englober un peu plus et réduire le cercle les entourant. Nouveau raclement de la chaise. Il s’était assis à nouveau. Dos à lui, comme à son arrivée.

Entre ses doigts habiles, son bâton de bois, fidèle compagnon qui le suivait depuis maintenant deux bonnes années passées dans le noir le plus complet. Distraitement, il fit jouer ses phalanges dessus, un léger rythme, comme pour clore la mélodie entamée et terminée. Passons au plat suivant, il m’a l’air aussi délectable que la musique jouée et j’ai hâte de contempler ce nouveau morceau.

Le festin est attablé. A nous de le savourer à sa juste valeur.


Devait-il reculer sa chaise pour mieux l’atteindre ? Non, cela aurait paru suspect, même si ce n’était pas l’envie qui lui en manquait. Dans son sang circulé l’envie qui l’accaparait depuis longtemps maintenant. L’envie de tuer. Le besoin de vengeance. Une succession d’images s’imposa à lui. Iblîs l’espionnant tout en se laissant voir, sa sombre silhouette devant le soleil couchant au loin. Le même corps ténébreux tranchant le disque lunaire pour mieux s’imposer à lui et lui faire passer ce pacte qui allait sceller son existence pour toujours. Iblîs, brouillard noir et incertain, tendant sa main vers lui jusque dans ses rêves. La main plus glaciale que la mort sur ses pupilles, en dissimulant la lumière bénie à jamais. L’explosion. Le désespoir. La douleur. Le tremblement de terre. Puis rien. Et au réveil, le noir complet. Il y avait eu des rumeurs sur le Marcheur d’Ombre, non loin de la Cité. Il ne les avait pas suivies, il s’était contenté de fuir. Aujourd’hui il voulait saisir toutes les occasions au vol, et n’en laissait échapper aucune, aussi infime fut-elle.

Son visage à la peau mat se redressa légèrement, se présentant à la lueur qui éclaircissait le bar. Ses paupières s’entrouvrirent, laissant deviner deux iris aussi sombre que la nuit au-dehors. Incertaines et vides, elles s’égarèrent dans le paysage, s’arrêtant ça et là sur quelques tables et verres vides, sur des saoulards et autres. Sa tête se pencha sur le côté et son corps suivi, s’adossant contre le mur, serrant son bâton entre ses mains et l’appuyant sur le sol. Sans cesser de regarder le plafond nu, il parla. Sa voix ne résonna pas, et bien peu l’entendirent, ceux qui la perçurent n’y firent même pas attention, il parlait comme on parle d’un rêve ou d’une chose sans importance égale, semblable à un simple d’esprit qui abandonnait ce dernier à quelques songes singuliers. Qu’avait-on à craindre d’un aveugle ? Quel intérêt apportait-il ?


« Des abysses aussi profondes et insondables que celui qui le porte. »

Une chandelle jeta une maigre lueur sur lui, il n’y fait pas attention, préférant darder ses pensées sur celui assis non loin de lui, appréhendant ses gestes et ses paroles. Il avait déjà décidé de le suivre à la trace s’il s’en allait. Tous ses sens étaient éveillés, ou tout du moins ceux dont il pouvait le plus se servir. Ses cheveux blonds tirés en queue de cheval luisirent sous la flemme, quelques mèches retombant devant son regard qu’il abaissa vers l’hybride, ne pouvait le voir mais le cherchant quand même dans la masse obscurcissant sa vue.

« Il faudrait être fou pour s’y aventurer… »
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MessagePrélude des Enfers *~~~[Privé]~~~* EmptyMar 10 Juin 2008 - 17:13

Fou, Di l’était déjà bien assez. Ce n’était pas une barrière.

Le Piano au fond, seul... cette fois-ci, Di se leva, regardant derrière lui la troisième jambe. Fine, splendide. Les doigts jouaient sur le pommeau, où le bout de bâton. Un petit sourire se dessina sur les babines du chacal. Il se leva glissa le bout des griffes sur l’épaule de l’être qui était dos à lui. Puis il s’installa face au piano, fit craquer ses articulations, ferma les yeux...


Thème musical

La voix en murmure qu’il avait usé il y a peu de temps de ça, changea radicalement, elle s’assombrit, elle se fit plus dur, plus coriace. La voix n'était plus la même, plus vraiment la sienne à vrai dire. L'être interieur faisait surface. Chose raricime il faut l'avouer. Les doigts glissèrent sur le clavier du maître. Lente et douce musique, mais les paroles n’avaient rien de tendre, un appelle à la mort, un appelle au meurtre. Compte jusqu’à six, et crèves... la petite à quatre pattes n’était pas à ses pieds, elle n’avait d’ailleurs, pas même quitté la place que Di avait prise deux fois de suite. Elle resta là, assise. Le regard aux aguets, son Maître jouait, et elle observait. La tête du chacal penchait de temps à autres, de droit à gauche, un balancement qui venait suivre la musique et ses paroles. Oui, Di était un amoureux de la musique. Il traduisait chaque moment passé en notes filandreuses, dans sa tête, et lorsque un instrument était à sa portée, et non pas forcément, à sa disposition, quand sa voix était chaude, il traduisait les notes... enfin. Mais chaque individus peut interpréter sa traduction comme il l’entend. Car la musique est différente pour chaque oreille qui s’abandonne à l’écouter.

_C’est étrange. Moins la personne te regarde, et plus tu ressent son attention peser sur toi._ C’était le sentiment que Di portait en ce moment même. Que devait-il donc faire ? Après ce court instant de musique, où seuls quelques curieux y jetèrent une oreille, tant bien que mal, au milieux de ce vacarme infernal, le Chacal revint aux alentours de sa soit disant “place”, resta toujours dos à cette étrange personne. Du velours... ? Il devait porter un goût en matière de douceur. Il ne faisait pas tâche dans ce bar, mais la déférence était très fortement marquée. L’alcool autour, et sa discrétion faisaient pourtant qu’il se fondait dans la pièce sans soucis.


"- La Folie ?" Interrogation discrète possédant une touche de malice.

"- Quoi d’autre encore... ?"

Le chacal pivota pour se placer face à cet étrange individus qui attirait son attention. Il souleva son casque argenté, métal si beau, si doux, si... pour rendre la vue à son oeil maudit. Ainsi fait, il plongea son regard dans le vide sombre, le gouffre d’incertitude qui s’émanait de ses orbites. Aveugle. Et pourtant, le regard suivait avec succès les mouvements. La respiration de l’Hybride était douce, mais le côté bestial sans dégageait sans problème. Chaque inspiration, chaque expiration froissait sa couche de poils sur sa peau épaisse et cicatrisée sur de nombreuses parcelles de son corps.

" - Hun hun hun hun hun... qui n’est pas fou dans ce monde de stupidité ?"

Khyme partit renifler chaque personne dans cette pièce. Les parfums étaient nombreux, mais ils ne la dérangeaient pas pour autant. A force, l’habitude arrive à son but. La petite se gardait bien de ne pas venir grappiller la moindre chose laissée à sa portée.

A l’intérieur de Di, la deuxième voix fut douloureuse.

* - La Folie... ha ha ha... la folie...
- Pourquoi te marre-tu encore ?
- Vois-tu, la Folie a du bon, à condition qu’on ne se pense pas fou, lorsque on se pense juste, droit... là, on peut parler de folie. Mais lorsque on se dit fou, on obéit à une étiquette. Et là, mon pauvre ami, tu risques gros.
- Et pourquoi me dis-tu ça ?
- Mieux vaut prévenir, que guérire...*
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