Le Deal du moment :
Code promo Nike : -25% dès 50€ ...
Voir le deal

Partagez
 

 C'est mieux comme ça.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Invité
Anonymous
C'est mieux comme ça. Empty
MessageC'est mieux comme ça. EmptyLun 29 Jan 2007 - 20:33

-Est-ce que tu crois qu’on fuit la Bataille dont tout le monde parle ? demanda Lén, la mine inquiète et sûrement prêt à pleurer.
-Mais nan, répondit Tina avec le peu de calme qui lui restait. Et puis s’il faut fuir pour te mettre en sécurité, je préfère.

Elle marqua une pause.

-On peut savoir ce qui t’as fait changer d’avis ?! Tu voulais à tout prix habiter ici, être prof. Et depuis que tu as rencontré Eal, tu ne voulais pas rester avec lui ?

Ce fut au tour de Lén de rester silencieux. Tina n’attendit pas éternellement et finit par faire démarrer l’énorme charrette remplie à craquer de tout l’ameublement de Lén, tout ce qui avait pu rentrer dans sa maison. Enfin, tout… Ce qui n’était pas entré tout à fait attendrait un petit peu. Tina laisserait la première charrette aux bons soins des elfes Solans, à qui elle avait demandé d’amener une autre charrette. Et elle conduirait la seconde. Ce que Lén ne savait justement pas, c’était que des elfes de son pays s’étaient déplacés jusqu’à Elament. Ils l’attendaient dehors.

La procession ne ferait-elle pas désordre ? Que penseraient les gens de cet attroupement qui ne cherchait pas à entrer dans la cité ? Ces elfes inconnus, tous vêtus de vert, de blanc et d’or sur leur peau d’albâtre, laissant couler leurs cheveux d’or ou de prairie dans leur dos, les yeux vert émeraude et bleu de cristal brillants d’allégresse, mouillés de larmes de joie ?

Tina préféra ne pas penser à cela. Ils penseraient ce qu’ils souhaiteraient, les habitants d’Elament, non ? Depuis quand se préoccupait-elle d’eux ?


-Cela fait trois mois que je ne l’ai pas revu, avoua finalement l’elfe, les larmes aux yeux.
-Ah nan, te mets pas à pleurer, j’t’en prie…

Le cheval de Vent que Lén lui avait présenté et qui tirait à lui seule toute la charrette à une bonne allure continuait sur sa lancé, si bien que Tina n’eut plus besoin de le conduire à travers l’allée principale. Ignorant les gens qui se précipitaient sur le côté pour éviter la puissante bête et ce qu’elle tractait, la demi-elfe se tourna vers Lén, et se pencha sur lui en souriant.

-On te l’avait pas dit, hein ? Et tu n’en avais pas rêvé, un peu, dis-moi ? Cesse de chialer, ça me fend le cœur.

Elle lui offrit sa tunique en guise de mouchoir, serrant son jeune frère contre elle.

-Mais si, évidemment, dit-il finalement d’une voix brisée. Evidemment…

Il explosa soudainement en sanglots.

-Je vais mourir ! Je vais mourir ! Je ne veux pas, par pitié, tout sauf ça ! Je n’…

Tina hocha la tête en lui mettant une main sur la bouche. Devait-elle lui dire qu’une autre surprise l’attendait ? Et qu’elle savait, sans en avoir l’air, de ce que cette surprise et Lén avaient parlé il y a bien justement trois mois ou presque ? Elle garda le silence là-dessus, et lui tapota le dos pour tout réconfort. Bizarrement, elle continuait de sourire.

-Tu ne veux pas mourir. Alors tu ne mourras pas ! C’pas bien compliqué, tu vois. Par curiosité, comment tu l’avais vu ?

Lén tenta de calmer ses pleurs avant de répondre, le regard rivé droit devant lui, vers la porte de la cité, dont ils se rapprochaient petit à petit. Blotti contre sa nourrice, il hoqueta :

-Je ne sais plus. C’est tellement flou à prévoir, tu sais ! Je crois juste que j’avais sans arrêt mal au cœur la nuit. Je dormais de plus en plus rarement, et, dès que je sentais que… "l'heure normale" était passée, que je savais qu'il était trop tard, je me mettais à pleurer… Et comme ça jusqu'au matin. Et je… je…
-Et tu l'as jamais revu, dis-le clairement, hein. C't'un oréade.
-Tu en es une toi ! Et tu es le plus souvent possible près de moi !
-A moitié, P'tit Sucre, à moitié oréade. J'ai un attachement d'elfe à notre beau pays et à toi, mon grand bébé ! Et aussi parce que j'ai vécu avec vous longtemps !

Lén rit à travers ses larmes.

-T'sais quoi ? Y pense plus. Au moins pour l'moment. Sinon ça va te pourrir le départ, tu vas vouloir rester, attendre encore… Ca va faire un d'ces merdiers là-d'dans !

Elle tapa gentiment du poing sur la tête trop bien coiffée de petit elfe, toujours fidèle à lui-même : Brisé, fragile. Du cristal entre ses bras de femme. Elle tourna la tête. La porte. Olé !! Euh…

-Arrête ce canasson !!

Lén sursauta lorsque sa nourrice le lâcha brutalement, manquant de le laisser passer par-dessus bord.

-Eda në ! Eda në-na ! s'exclama-t-il.

Le cheval de Vent se stoppa aussitôt, sans faire plus d'histoire. Tina sauta à terre et passa par-devant, laissant son frère seul dans la charrette, perplexe. Autour de lui, les regards surpris ou salement étonnés de gens qui ne comprenaient rien de tout le fatras qui l'accompagnait. La troupe de curieux tournant trop à son goût autour de la charrette, il se redressa de toute sa hauteur et les toisa de son air le plus hautain. Celui d'un noble méprisant parfaitement le bas-peuple.


-Vous n'avez jamais vu quelqu'un déménager ? Allez voir à la Caverne si j'y suis !

Il parvint à dissuader certains de rester trop près. Quand au reste, il fut rapidement écarté par Tina, à grand coups de "cassez-vous !" allant crescendo. Elle remonta finalement dans la charrette, et, à la surprise de Lén, vint le soulever du sol en le saisissant dessous les aisselles, puis le déposa sur le dos de l'immense cheval ailé.

-Qu'est-ce que tu fais ?
-Fais-le avancer, lui dit-elle en souriant largement, l'invitant à le faire d'un geste de la main.
-Ta neeh. Mais qu'est-ce qu'il y a ?

La charrette quitta la cité. Ce qui pour Lén, jeta un violent froid. Il ne reviendrait jamais. Ja. Mais. De sa longue vie d'elfe, jamais. Ils arrivaient maintenant aux collines Devëlite. Dans la charrette, Tina s'était à moitié allongée, les jambes croisées sur les planches devant elles. Elle sifflotait. Incrédule, Lén se laissait ballotter par son cheval, jetant des regards inquiets autour de lui. Un jappement parvint à ses oreilles ; Cynn venait de se réveiller. Il l'avait réveillée très tôt ce matin pour lui parler… Avant de l'inviter à jouer dans la neige pendant que Tina se chargeait de déménager la maison avec l'aide de quelques voisins, forts sympathiques mais inquiets. Ils n'avaient pas compris la raison du départ de Lén, qui s'était bien gardé de la leur dire !

Il se tourna pour sourire à sa chienne, qui commençait à escalader la pile dangereuse de meubles et autres affaires sous le regard vigilant de Tina. Cynn. Petite Cynn. Gardienne de si beaux souvenirs. Les larmes revinrent si soudainement que petit elfe dut détourner violemment la tête afin de ne pas les montrer à sa nourrice. Durant encore plusieurs minutes d'avancée dans les collines, il cacha ses pleurs derrière ses cheveux devenus trop longs. La plus longue mèche lui atteignait les reins. C'était bizarre. Mais il ne voulait pas les couper. Autour de lui, son vent tournait calmement, mais tristement. Quelques fées pleuraient, d'autres se blottissaient dans le creux du cou de Lén pour le réconforter, même lorsqu'il paraissait ne plus en avoirs besoin. Paraissait. A l'intérieur, c'était tant de douleurs qui le transperçaient qu'il n'en sentait plus rien. Hormis la peur. Et cela était encore plus inquiétant pour lui.

Il se tourna.


-Titine…
-On y est ! s'écria-t-elle soudain en pointant du doigt droit devant elle, tout sourire.

Lén ramena son regard droit devant.


-Oh…

Il écarquilla les yeux en voyant ces silhouettes au loin, si peu nombreuses et pourtant si nombreuses à la fois, à ses yeux ! Et ces clameurs qui venaient d'elles ! Illuminées par le soleil d'hiver, un étrange soleil que l'on avait plus revu à Elament depuis si longtemps, posées là sur la neige blanche et parfaite.

-Ooooh !!

Là, des chevaux alezans. Certains seuls, tenus aux rênes par leurs cavaliers souriants, d'autres attelés à une seconde charrette. Il y en avait des blancs purs, attelés, eux, à un sublime carrosse, tels qu'on les décrit dans les plus baux contes de fées. Et un peu en retrait d'autres chevaux, d'un noir profond, parfaitement immobiles, à l'image de leurs cavaliers dont la posture droite soulignait le caractère officiel de leur venue. Si officiel ?… Pas tant. Lén se mit encore une fois à pleurer, mais de joie. Il hurla de bonheur et oublia tout : vertige, peur, tristesse, solitude, inutilité, routine. Il sauta au bas de son cheval ailé, et, après s'être remis maladroitement d'une réception toute aussi maladroite, il courut droit vers tout ce beau monde.

-AHAI ! NENTORA ENII VA-AHS CAMO NE ! MELAI ! OLIDEL ! NANI !

Plus d'un an sans revoir les doux visages de sa famille. Lén se rendit brusquement compte qu'ils lui avaient manqué, tant manqué. Et que toutes les lettres qu'ils avaient pu échanger n'étaient pas assez fortes. Il se jeta en pleurant dans les bras de la première personne courant vers lui : Sa grande sœur, sa si belle sœur, modèle de féminité et de noblesse. Aux longs cheveux vert citron retenus en une coiffure compliquée et criblée de mille et uns bijoux, bijoux qui se retrouvaient partout ailleurs sur son corps et qui tintaient en cœur avec les fées dont le sourire était retrouvé. Mais il fallait encore passer aux autres ! Lén lâcha sa sœur et se rua sur sa mère. D'une grâce inégalée, d'une élégance raffinée. Aux gestes tendres et aimants. Lén avait oublié à quel point il aimait lorsqu'elle lui glissait ses doigts fuselés dans les cheveux, lui couvrait le visage de baisers, l'étouffait contre son corps de mère poule ! Il lui agrippa la main encore un instant, jusqu'à trop s'éloigner et se contraindre à la lâcher. Mais elle ne paraissait pas du tout fâchée, loin de là. Souriante, elle voyait son jeune fils courir vers son père. Le calme et la sagesse incarnés, qui accueillit son rejeton dans ses bras sans cacher ses propres larmes. Une étreinte qui dura trop peu au goût de petit prince, mais dont il se satisfit tout à fait. Il aurait le temps d'en faire d'autres, après tout ! Il rentrait à la maison !

Restant un peu en arrière, près des charrettes, Tina observait avec bienveillance et envie cette scène de retrouvailles noyée dans une cacophonies de paroles qu'absolument personne d'autre que ces elfes et elle-même ne pourrait comprendre. Les vieux dialectes oubliés de tous, hormis ces enfants de ceux qui jadis savaient parler aux étoiles et les toucher de leurs doigts…

Les gardes, les paladins, les ecclésiastiques Solans, tous les plus hauts représentants, emportés dans leur joie de revoir leur petit protégé, le croyant perdu et mourant dans un monde qui n'était pas fait pour lui, voulaient tous le toucher, lui parler, être rassurés de ses paroles sincères et douces. Ils voulaient lui promettre un retour triomphal et parfait, dans leur pays lui-même si parfait.

Lén eut du mal à répondre, coupé par ses larmes, envahi par des mots qui n'arrivaient pas à la hauteur de ce qu'il souhaitait exprimer. Il voulut répondre aussitôt, parler, reprendre contact avec ces gens, leur montrer qu'il les aimait toujours. Il n'y arrivait pas. Rien de toutes les actions qu'il aurait pu faire, rien de tous les mots qu'il aurait pu dire, rien n'était assez fort. Lui épargnant pour l'instant ce petit bain de foule qui le submergeait de trop, son père leva la main en souriant, et tous s'écartèrent.


-Pourquoi pleurez-vous ? Son Altesse n'est-elle pas satisfaite de me voir ?

Cette provocation à l'arrachée donna à petit elfe une bouffée de bonheur plus intense encore. Là il pouvait ne pas répondre. Tranlthanas devinerait tout seul !

-Toi ! Tu es là ! hoqueta-t-il simplement, craignant de perdre son souffle à force de pleurer.

Il venait de répondre comme d'habitude : dans sa langue, dans son Solan natal, comme le parlaient tous ces gens autour de lui. Mais le Sabrone, lui, parlait sa propre langue. Il eût été inconvenant pour lui d'user de Solan pour l'instant.

Il se borna à se mettre respectueusement à genoux devant Lén, suivit dans son geste par les autres hommes de sa nation qui accompagnaient, plus loin. Le chevaux eux-même se baissèrent, tendirent une patte en avant et plièrent l'autre. Petit elfe sourit et s'accroupit aussitôt, tendant les mains à son reflet. Leurs nations avaient été ennemies durant des milliers et des milliers d'années. Les Sabrones avaient été esclaves des Solans dans des temps plus reculés. Mais les ancêtres de Tranlthanas étaient parvenus à faire cesser cela, au prix d'efforts démesurés. Aujourd'hui, le chef elfe du peuple des Montagnes de Vermeil pouvait se vanter de pouvoir assurer la cessation des hostilités, prenant devant témoins officiels les mains de son double de prophétie, les serrant dans les siennes avec… un semblant de sourire.


"Tu peux être fou amoureux sans pour autant tout abandonner. Si pour lui tu laisse tout tes amis, toute ta famille, lorsqu'il te délaissera, il ne te restera plus rien. Absolument rien. Et tu mourras. Si tu nous montre que nous te sommes encore utiles, tu pourras compter sur nous quand tu seras seul au milieu du grand nulle part. Nous t'aiderons à vivre, tu vivras pour nous parce que tu nous aimes."

"Pour toi surtout, que je vivrais ! Sans Eal mais mes amis, je serais le plus malheureux de cette Terre. Sans toi, Tranlthanas, je meurs. Cela n'a aucune logique, pourtant c'est comme cela. Et cela me plaît."


Long silence.

-A votre service. Pour l'accomplissements de nos destins.

Les acclamations qui accueillirent cette phrase retentirent haut dans le ciel, et ne s'éteignirent que lorsque le convoi tout entier put se mettre en route, quittant la tristesse d'un monde que leurs peuples avaient eu raison d'ignorer et de délaisser pour retrouver le droit chemin de leurs livres de contes, de leurs légendes d'améthyste et de cristal, et de leurs missions sacrées.
Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

La Cité d'Elament :: Forum RPG Médiéval-Fantastique École  :: Hors Jeu :: Taverne du Troll Lavé :: Tartare :: Reliquats du Jeu-

 Sujets similaires

-
» ...Mouais.. y a eu mieux!
» Le plus haut le mieux c'est!
» Comme chien et chat...
» Poeme comme sa
» Une nouvelle maison.