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 Un fauve dans l'arène [ PV Simulacre ]

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MessageUn fauve dans l'arène [ PV Simulacre ] EmptyMar 13 Sep 2011 - 3:10

Des bruits de pas, le cliquetis de lourdes chaînes et de longs cris tantôt de douleur, tantôt de plaisir … Tels étaient les sons qui parvenaient aux oreilles félines de Nerë alors qu’elle avançait lentement dans un des couloirs de Noir-Dessein.
Les bruits de pas appartenaient sûrement à ces geôliers. Il y en avait un devant, deux autres derrière, devina-t-elle. Elle ne pouvait effectivement que le deviner ainsi car les yeux de la jeune hybride étaient couvert d’un épais masque de cuir, fermement sanglé derrière sa tête, qui l’empêchait de voir quoi que ce soit. Ainsi privé de la vue, Nerë était devenu un poil plus docile.
Le cliquetis de lourdes chaînes provenait de celles qui entravaient ses chevilles ainsi que ses poignets, ceux-ci étant attachés dans le dos de la demoiselle et indépendants des premiers fers. S’ajoutait à cela un solide collier en métal autour de son cou, relié à deux longues cannes par de petits mais résistants anneaux en fer. Ces derniers fermement empoignés par les grosses mains des employés du marchand d’esclaves, ceux-ci pouvaient ainsi garder une distance respectable avec le fauve tout en la faisant avancer de force. Et tout cet attirail, bien que pouvant passer pour superflu vu la carrure de la prisonnière, était malgré tout absolument nécessaire …
Car l’hybride, bien que battue de très nombreuses fois par tout un tas de démons différents dans le but de la briser et de la soumettre, restait complètement indomptable. Il avait tout essayé ou presque mais Nerë gardait une impressionnante vitalité, sûrement alimentée par un ardent désir de se libérer de ses chaînes et de retrouver cette liberté qu’on lui avait volé. Elle n’avait peur de rien, elle n’avait, comme qui dirait, rien à perdre si ce n’est sa propre vie. Et bien qu’elle craignait la mort, elle n’hésitait pas à se débattre comme un vrai petit diable pour s’échapper. Les chasseurs qui l’avaient capturé avaient fait les frais de sa colère et de sa rage de chatte sauvage. L’un, notamment, se souviendrait pendant longtemps de la demoiselle vu la longue griffure qui barrait désormais la partie gauche de son visage. Les autres eurent plus de chances. L’actuel marchand d’esclaves qui leur avait ensuite acheté la demoiselle déchanta vite lorsqu’elle lui croqua le doigt, qu’elle ne trouva d’ailleurs pas à son goût vu la vitesse à laquelle elle le recracha. Il avait, au moins, appris de ses erreurs …
Quand aux cris qu'elle entendait tout autour d'elle, elle préférait ne pas savoir ce qu'il se passait ...
Le petit groupe continuait à marcher lentement, ralentit par le peu de volonté que mettait Nerë à vouloir avancer. Le couloir était long, les portes se ressemblaient quasiment toutes mais le marchand avait une destination précise en tête … Et il ne semblait guère enjoué et pressé de rencontrer son potentiel acheteur.


- Si lui ne veut pas d’elle, ce sera la mort, déclara-t-il avec une pointe de soulagement dans la voix à l’énonciation de cette idée.

L’hybride émit un grognement animal à l’entente de cette menace, se débattant une énième fois contre ses bourreaux. Bourreaux qui n’hésitèrent pas à la corriger violemment, l’un frappant sur sa cuisse blessée, ce qui lui arracha un cri de douleur. Nerë se calma rapidement, économisant ses forces, et continua à avancer. Elle boitait un peu, la plaie laissée par la flèche dans sa cuisse n’était pas encore guérie et la lançait régulièrement. Il fallait dire qu’un simple bout de tissu crasseux n’allait sûrement pas aidé à sa cicatrisation. Bien sûr, ce n’était pas là la seule de ses blessures. Si elle avait eu l’occasion de laisser de nombreux souvenirs à ceux qui croisèrent sa route, beaucoup n'hésitèrent à faire de même. Aussi, son corps était parsemé d’entailles plus ou moins importantes tandis que sa douce fourrure d’argent s’était vu ternir sous la poussière et le sang qui formait ça et là de petits paquets de poils. Si ecchymoses elle avait, ce qui était sûrement le cas, ils étaient bien dissimulés sous son pelage.
Où pouvait-elle bien se trouver ? C’était une question qui revenait régulièrement hanter son esprit. Elle savait qu’elle n’était plus chez elle et qu‘elle en était bien loin. Beaucoup de journées s’étaient écoulées entre sa capture et son arrivée ici. Par ailleurs, lors de son voyage au fond de sa cage, elle avait pu voir la citée dans laquelle le convoi s’était ensuite engagé … Cette grande masse faite de bois et de métal, ternis par la fumée et la crasse, encore marquée par la Guerre. Était-ce donc ça, Elament ? C’était ce que lui avait confirmé une des nombreuses malheureuses prises des chasseurs. Et maintenant qu’elle était arrivé à destination, qu’allait-il bien lui arriver ? La jeune femme ignorait tout des démons et de leur façon d’agir et, bien qu’elle se doutait qu’il ne comptait sûrement pas l’inviter à dîner ( A moins qu’elle ne soit le plat principal ), elle était loin d’imaginer ce qui allait bien pouvoir advenir d’elle.

Soudain, le marchand se stoppa devant une des nombreuses entrées de ce couloir sombre, crasseux et interminable. Réajustant ses vestes d’un geste souple, raclant sa gorge pour se donner un peu plus de confiance, il frappa trois coups contre le vieux bois de la porte.
Et très vite, Nerë pu percevoir le grincement caractéristique de gonds que l’on n’a pas huilé depuis un peu trop longtemps …



Dernière édition par Nerë le Mer 14 Sep 2011 - 23:25, édité 1 fois
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MessageUn fauve dans l'arène [ PV Simulacre ] EmptyMer 14 Sep 2011 - 21:27

La chambre : une ronde. Les murs étaient circulaires, murés de libres, bardés d'un bois noircit au feu sur lequel reposaient des dizaines, des centaines, des milliers d'ouvrages. Les planches impeccablement posées étaient sculptées de lierre et de roses, d'étoiles et de crânes, formant une frise infinie dans laquelle venait se perdre des runes de plusieurs langues différentes. Du plafond – trop haut, invisible, un plafond qui semblait rejoindre le ciel – pendait un lustre unique sur lequel flambait une bougie immense surmontée de millions de flammèches minuscules, projetant des ombres traîtresses dans les coins de la bibliothèque.

Au milieu de la chambre, un lit, rond. Réhaussé sur une estrade de bois, le matelas était tendu de draps de satin taupe qui jurait harmonieusement avec la couleur globale des éléments de l'architecture. Aucune chaîne ne se jetait hors des murs, aucun accessoire de stupre ou de luxure ne dépassait d'une cachette, aucun ossement ne trônait près du lieu de repos. Rien. Rien. Rien que les livres et le lit, rien que la lumière magique du lustre sur les runes gravées dans le bois. Rien que le silence est le calme d'une pièce parfaitement rangée.

Mais pour parvenir à la chambre, il fallait franchir un salon improvisé au bas de quelques marches. Et le salon, encore une fois, était un cercle. Et les fauteuils – des orbes – formaient encore une fois une ronde autour d'une table-basse plus arrondit que le monde, sur laquelle reposait des bougies valsant avec une chicha susurrant des parfums de narcotique dans l'air tamisé. Le cercle, partout, dedans et dehors, se retrouvait, forme géométrique parfaite dans laquelle venait se loger le petit démon, installé dans un coussin sombre, un livre à la main, la pipe du narguilé dans l'autre, lorsqu'on frappa à sa porte, brisant la bulle silencieuse de son sanctuaire.

Il soupira le nuage gris par le nez, claquant sa langue contre son palais en signe de protestation, tandis que le goût du tabac s'infusait plus loin encore dans ses poumons. Puis, d'un geste de la main, il fit s'ouvrir la porte, invitant malgré tout – et parce que l'ennuie, en dépit de sa lecture, le prenait – le visiteur à violer son sanctuaire.


« Par tous les bassins infernaux, mais quelle horreur. » grinça l'enfant démon en découvrant le premier protagoniste. Pour une créature qui, comme lui, détestait les choses imparfaites, abhorrait les cicatrices hideuses, les déformations malheureuses, les malformations congénitales, voir paraître devant lui un animal-humain, c'était comme se faire servir une assiette de vomi : c'était pas cool du tout. Il posa négligemment le tuyau de la chicha sur la table et joignit son livre au tout, détruisant l'ordre parfait que même ses habitudes quotidiennes ne parvenaient à fissurer. Puis, restant installé – comme de raison en tant qu'aristocrate – il eut un geste d'invite pour le dresseur de cette créature.

Le chat géant, par delà ses blessures, ses bleus, ses ecchymoses et sa saleté, gardait une prestance indéniable, et sa grâce – comment ne pouvait-on pas la voir quand on aimait les belles choses ! – était comme un crachat lancé à la face constellé du ciel, ou un blasphème sur les lèvres d'une vierge, qui disait sagement « je vais te détruire et me repaître de tes os » ou encore « je te méprise », avec un petit sourire sadique en coin, et cela, plus que l'air soumis du gardien ou l'épaisse chaîne qu'il tenait à la main, retint les paroles de renvoi du dénommé Simulacre.
« Que peux-tu pour moi ? » questionna-t-il, avec dans son ton cet infini mépris et cette note hautaine qui donnaient à de nombreuses personnes l'envie irrépressible de le frapper.
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MessageUn fauve dans l'arène [ PV Simulacre ] EmptyVen 16 Sep 2011 - 18:24

Nerë fut de nouveau forcée à avancer, sans aucun ménagement. Alors que le marchand la tirait en avant via l’épaisse chaîne attachée à son collier, les deux molosses la poussaient avec violence. Elle commençait néanmoins à avoir l’habitude d‘être maltraitée de la sorte, ce qui lui évita de trébucher à de nombreuses reprises.
La porte se referma derrière le petit groupe et l’hybride pût noter que l’air qu’elle respirait n’était plus aussi nauséabond que précédemment. Une douce odeur épicée venait désormais chatouiller le museau humide du félin, qui retint de justesse un petit éternuement. Même le sol était différent. Le bois qu’elle sentait sous ses pattes était doux, lisse … Rien à voir avec le parquet rugueux et collant du couloir, sûrement dans cet état à cause du manque d’entretien.
Dans quelle pièce se trouvait-elle à présent ? Et pour quelle raison avait-elle été amenée jusqu’ici ? Toujours les mêmes interrogations qui restaient éternellement sans réponse, ce qui la frustrait beaucoup et s’ajoutait à sa colère déjà difficilement contenue.

Le marchand fit un pas vers son client, se penchant vers l’avant en guise de salut mais également pour mieux montrer sa soumission face à un être plus important, plus gradé que lui. Son visage se orna du sourire le plus hypocrite qu’il soit tandis qu’il se baissait un peu plus malgré sa bedaine imposante, son gros nez rouge frôlant presque le sol.


- Seigneur Simulacre, je suis humblement honoré de me retrouver en votre présence … Dit-il sur un ton mielleux. Je vous amène là une esclave qui vous intéressera sûrement …

Nerë se tendit instantanément, ses oreilles alors plaquées de méfiance se dressant d’un coup sur sa tête : Elle, une esclave ?! Ca, jamais !! Sena lui avait déjà expliqué ce qu’était des esclaves chez les démons et le traitement qu’ils leur étaient alors réservés. Elle en frissonna de dégoût et d’horreur, tentant de nouveau de se débattre avant d‘être fermement corriger. Il était hors de question que sa vie prenne un tel tournant, ni même qu’elle ne se laisse faire plus longtemps par ces étrangers qui osait la souiller de leurs chaînes. Mais comment réussir à leur échapper ? La force brute ne servirait sûrement à rien, surtout qu’elle était bien affaiblit et qu’ils étaient plus nombreux qu’elle … Ne restait que la ruse.

- Cette chatte est des plus sauvages, elle nous vient des Monts Décharnées. Elle est robuste, pleine d’énergie et de vivacité …

Le marchand n’eut pas le temps de terminer sa phrase que les genoux de la jeune hybride se dérobèrent sous elle. Elle ne s’effondra pas pour autant, toujours retenue par son collier relié aux cannes que les armoires à glace du marchand tenaient fermement. Aussi, la minette pendait de tout son poids et sa respiration se fit rapidement difficile et sifflante.

- Mais posez la par terre, bougre d’imbéciles !! S’énerva le marchand.

Les deux démons s’exécutèrent sans broncher, déposant la fine demoiselle à terre avec un air un peu bête, entre l’air coupable et la mine absente de celui qui ne comprend pas.
Le marchand s’approcha prudemment de la créature inerte, donna un petit coup dans ses côtes du bout de son pied avant de se décider à s’agenouiller près d’elle.


- Je ne comprend pas, commença-t-il, tout penaud. Elle était pourtant en pleine forme …

Il commença à vérifier les signes vitaux de Nerë. Pourtant, l’existence de cette femelle n’avait que peu d’importance pour lui. Certes, il perdait de l’argent si elle perdait la vie avant d’avoir été vendue mais, en même temps, sa disparition lui enlèverait une sacrée épine du pied. Mais actuellement, ce n’était pas ce qui le préoccupait car il fallait à tout prix qu‘elle vive… Dans le cas contraire, il craignait le courroux du Seigneur Simulacre. Déjà que cette situation ne devait sûrement pas lui plaire … Mais alors, pas du tout. Il en avait des sueurs froides rien qu’en y pensant.

De son côté, la jeune chatte était sur le qui-vive. Ses talents d’actrices étaient visiblement suffisamment convaincant pour que ces démons n’y voient que du feu. Maintenant, il fallait guetter le moment propice et ne surtout pas le louper …
Et elle décida d’agir au moment où elle ne sentit plus les grosses mains du marchand sur elle. D’un geste vif et souple, elle fit passé ses mains enchaînées sous ses pieds pour les ramener devant elle. Elle se redressa prestement et bondit en arrière, passant par-dessus les deux colosses, alors accroupit, censés la retenir. Malheureusement, elle se retrouva bien vite acculée contre le mur de la pièce. Alors, Nerë en profita pour arracher violement le masque qui lui obstruait la vue, dévoilant ses grands yeux océan. Ils mirent quelques secondes à s’adapter à la lumière ambiante, temps que les employés voulurent mettre à profit pour récupérer leurs cannes … Mais la minette était trop rapide pour eux - ou eux, trop lents pour elle - et elle put aisément se saisir d’un de ces longs et solides bouts de bois qui lui pendaient au cou pour tenir les trois hommes à distance.

Sa gorge vibra. Un long, mauvais et menaçant grognement animal s’échappa d’entre ses dents aiguisées, largement visible depuis qu’elle avait retroussé ses babines. Sa queue féline fouettait l’air rageusement, tous les muscles de son corps étaient bandés. Son regard de chat, dont les pupilles n’étaient plus qu’un mince trait au centre d’une immensité plus profonde que le saphir, scrutait la pièce dans tous les sens à la recherche d’une éventuelle sortie … Avant de constater que la seule échappatoire résidait en cette porte qu’elle avait franchit quelques instants plus tôt. Elle se mit alors à fixer les quatre démons de la pièce tour à tour, jaugeant leur force. Pour sûr, les deux colosses du marchand lui causeraient le plus de soucis, leur force était grande … Mais elle était souple, agile et rapide, ce qui lui donnait une chance de pouvoir se faufiler entre leurs grosses mains. Le marchand, quand à lui, n’oserait sûrement pas se frotter à elle, vu sa dernière expérience. Le gamin, pour finir, n’avait aucune chance face à elle.

Immobile et tendue comme un arc, elle guettait le moindre mouvement, moindre faille dans laquelle elle pourrait se faufiler. L’erreur ne lui était pas permise …
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MessageUn fauve dans l'arène [ PV Simulacre ] EmptyJeu 22 Sep 2011 - 19:53

Un sourire de satisfaction déchira son visage infantile, lui infusant un je-ne-sais-quoi de terrifiant, fendillant le masque de mépris du petit démon : juste à portée de main, la bestiole auréolée de danger venait de se transformer en Déesse de la Guerre. Ses yeux plus profonds qu'un abîme avaient la couleur exacte de l'anéantissement du ciel, et le bruit que fait l'amour quand on l'enterre. De sa gorge naissait un chant apaisant, entre la menace et la promesse - de quoi ? sûrement de souffrance - tandis que ses muscles roulaient sous son pelage moucheté de salissures. La blessure de sa jambe, perçant au travers des poils, faisait comme une preuve supplémentaire de sa vaillance et de sa puissance. Simulacre ricana, alors que le marchand ventripotant pestait des insultes en bas-démonique.

Il aboya des ordres à ses hommes de main qui s'élancèrent vers la sauvageonne. Pendant la petite rixte, Simulacre reprit négligemment la pipe de son narguilé. Peu lui importait que le bas-peuple se batte pour lui du moment qu'il jouissait encore du confort. Il souffla la fumée distraitement, ravivant le feu du charbon, au sommet de la chicha. Le goût piquant de la bouffée colla à son palais lorsqu'il ravala sa salive. L'hybride se battait fougeusement contre les deux hommes de mains : elle les gardait à une distance respectable tout en esquivant les coups de bâton et autres petites incantations maléfiques. Le petit démon sourit sous cape : il allait la garder. Ah ça, oui. Et pas pour rendre service à ce démon de bas-étage, ni même pour avoir le plaisir de jouir d'un objet vivant, mais parce qu'il voulait voir le visage de la demoiselle changer d'accointance lorsqu'elle se rendrait compte que... Non, il était encore trop tôt pour caresser du bout des doigts ce projet fou et excitant.

Il soupira et appela son pouvoir : des volutes de fumées noires nacquirent peu à peu, grimpant dans les airs, s'enroulant sur eux-même, assombrissant les lumières de la pièce. La chambre elle-même, obéissant à son maître, à celui qui l'avait forgée - car les Pièces de Noirs-Desseins ne sont pas baties mais viennent sur un ordre magique - la chambre, donc, éteignit les lampes et une grande partie des flammèches de l'unique bougie, donnant à l'air une texture cotonneuse. Des figures fantasmagorisques s'approchèrent peu à peu des bagarreurs, tandis que le démon reculait lentement, histoire de se metre à l'abri au cas où. L'Hybride, réagissant à ce simulacre d'attaque, changea de proie et s'élança vers le garçon. Sa course fut interrompue en plein vol par la main d'un des serviteurs du marchand, saisissant sa queue au passage. Un rugissement aigu s'enfuit de la gueule acérée de la féline, qui s'arque-bouta pour balafrer l'odieux personnage.

Puis l'obscurité fut totale. Ce n'était pas seulement de l'absence de lumière, c'était comme si la lumière n'avait jamais existé ; Car il existe plusieurs sortes de ténèbres : celles des cieux en plein air, des balades en forêt, des nuits de nouvelle lune où le scintillement des étoiles tiendrait lieu de murmure lointain, et celles du centre de la terre, celles des enfers, celles de lieux de perdition où le souvenir même de jouissance n'est que le reflet pâle du plaisir sur un galet mouillé. Pour le Bâtard, il aurait pu être tellement plus simple d'invoquer des chaînes, de plier la structure de sa chambre à sa volonté comme il l'avait fait pour l'agencement des meubles et des murs, mais où, alors, se serait trouvé l'amusement ? Tout se serait fini trop vite et, pfiou, volatilisé le divertissement, envolé le mérite d'avoir lutté un peu, du bout des doigts, du bout des lèvres...

Simulacre se glissa doucement derrière un fauteuil, abandonnant son narguilé, verrouillant avec son esprit la porte unique de son appartement - les autres étaient dissimulées, cachées dans les livres, camouflées par les pierres - laissant le soin au marchand et à ses acolytes de lutter dans le noir contre une gamine blessée. Au bruit qu'ils feraient, le Sang-Mêlé jugerait de la situation. Le vase de la chicha explosa non loin de lui, poussé au sol ou propulsé contre un mur. Il entendit le chant de l'eau sale ruisselant contre la pierre, et le goût mât qu'a le verre en crissant sur le sol. Un grognement de douleur lui parvint, mais il se trouva alors incapable de dire à qui il appartenait...


[Si tu trouves certaines de mes métaphores un peu bizarre, je te conseille la lecture de cette page wiki : http://fr.wikipedia.org/wiki/Synesthésie 8D ! J'ai également lancé le combat, j'espère que cela ne te dérange pas. Si mon action te déplaît, fait m'en part et j'éditerai sans soucis (je suis assez tête en l'air alors j'ai peut-être faire des bêtises, ça ne me pose pas de soucis d'éditer ^^)]
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MessageUn fauve dans l'arène [ PV Simulacre ] EmptySam 3 Déc 2011 - 15:00

Et ce grognement, aussi bestial soit-il, n’était pas le sien.
Par contre, elle pouvait certifier qu’il appartenait au démon qu’elle maintenait au sol fermement. Vu la musculature qu’elle pouvait sentir rouler et se tendre sous ses pattes, il devait s’agir d’un des deux hommes de main du marchand mais elle était incapable de dire lequel. L’obscurité s’était complètement appropriée les lieux et Nerë, bien qu’étant une hybride féline, était incapable de voir quoi que ce soit dans ce noir complet. Ses yeux de chat n’étaient opérationnels que tant qu’il restait un peu de lumière qu’ils pouvaient capter, capturer mais autrement, elle était aussi impuissante que les autres … Ou presque. Car la minette possédait malgré tout des sens que beaucoup n’avaient pas. Et si elle ne pouvait pas voir, elle conservait une vision de la pièce assez complète grâce à son ouïe et son odorat.

Tout d’abord, il y avait ce démon sous elle, qui se débattait toujours comme un beau diable en demandant de l’aide, mais pas seulement.
Non loin se tenait également l’autre armoire à glace qui, malgré les appels de son camarade, ne bougeait pas d’un cil. Tendu comme un arc, planté près de la table basse, il semblait attendre quelque chose … Peut-être de lui saisir une nouvelle fois la queue si jamais elle avait le malheur de ne serait-ce que l’effleurer ? C‘était une possibilité, malgré le cadeau que ses griffes acérées avaient accordé à son visage, le teintant de rouge.
Il y avait aussi le marchand. Il marchait lentement, en tâtonnant le mur, désespérément à la recherche d’une porte ou d’une quelconque issue salvatrice. Il poussait parfois de petits gémissements aigus lorsque ses mollets rencontraient un meuble ou bien quand ses mains saisissaient quelque chose d’étrange, d’indéfinissable. Le museau de Nerë se fronça : Cet homme empestait la transpiration, reflet de sa peur, de son angoisse, mais il émanait de lui une autre odeur, bien plus forte, qui se mêlait aux effluves âcres. Une courte réflexion lui suffit pour conclure qu’elle préférait ne pas s’attarder à identifier l‘origine de ce désagréable parfum …
Pour terminer, le petit démon était toujours là, quelque part ... Visiblement, elle avait eu tord de le sous-estimer car celui-ci semblait posséder un grand pouvoir. Plonger ainsi la pièce dans de profondes ténèbres, elle devait avouer qu’elle était impressionnée … Elle n’avait jamais vu de tels exploits. Sûrement que des quatre, il sera le plus difficile à tuer.

Car oui, elle comptait bien les tuer. Tous. C’était le seul moyen qu’elle voyait pour recouvrer sa liberté. Bien entendu, ça ne lui plaisait pas plus que ça de se retrouver avec autant de sang sur les mains mais elle n’avait guère le choix. Si elle pouvait éprouver de la pitié à leur égard, eux ne devaient pas s’encombrer de ce genre de détails. Les laisser en vie était une trop grande menace pour elle, comme une épée de Damoclès qui resterait au dessus d’elle tant qu’elle ne serait pas en sécurité. Alors elle allait éliminer ce danger en leur ôtant la vie.

Le géant sous ses pattes commençait à reprendre le dessus. Il était néanmoins fatigué et salement amoché, comme elle pouvait en juger par les effluves de sang et de transpiration excessives qui émanait de ce monstre. Elle se décida à mettre un terme à ses souffrances. Ses mains, qui, callées sur les puissantes épaules de l’employé, le retenait tant bien que mal contre le sol, quittèrent leurs points d’appuis pour glisser sur la gorge tendu de ce dernier. Alors que, dans un râle d’effort, le démon commençait à se redresser, les griffes tranchantes de Nerë s’enfoncèrent vivement dans la chair tendre de son cou, la déchirant sans aucun mal, sectionnant veines et artères qui vomirent très rapidement ce liquide chaud et carmin, déjà emprunt d’une vie qui s’échappait. Dans un cri de douleur étouffé par l’afflue de liquide dans sa gorge, l’homme de main porta ses énormes paluches sur la plaie béante pour tenter d’endiguer l’hémorragie, de retenir le sang qui déjà formait une petite flaque autour de lui. Nerë, prenant appui sur le dos de sa victime agonisante, bondit pour atterrir à quelque mètres derrière lui. Très vite, le démon s’écroula dans un bruit sourd tandis que l’odeur du sang, de la mort commençaient à remplacer les senteurs épicées du narguilé.

Les mains encore dégoulinantes de sang, elle s’approcha prudemment et aussi furtivement que possible du second employé. A quelques mètres de lui, elle lui sauta dessus. Ses griffes, armes mortelles s’il en est, s’enfoncèrent dans la chair de son torse tandis que ses crocs allèrent déchirer les muscles à la base de son cou. Le démon hurla à son tour, comme avait précédemment crier son camarade, avant de saisir fermement la minette, l’arrachant à lui pour l’envoyer valser à travers la pièce. L’hybride se réceptionna comme elle le pu, rencontrant avec une certaine violence quelques unes des étagères remplies de livres qui habillaient les murs de cette salle. Sans la moindre once d‘hésitation, elle repartit à l’assaut du géant dans un rugissement menaçant. Plus violente cette fois, elle le percuta de plein fouet tant et si bien qu’ils tombèrent tous les deux. Elle se redressa rapidement, ne manquant pas de planter ses puissantes pattes dans le ventre de son adversaire, avant de le lacérer de toutes parts. Son adversaire tenta tant bien que mal de se protéger de ses puissants avant-bras tout en essayant de repousser la sauvageonne mais cela ne fit que lui donner l’opportunité d’en finir. D’un geste vif et précis, elle écarta les bras musclés du démon pour se saisir de sa tête qu’elle fracassa avec violence contre le sol. Un craquement sinistre parvint à ses oreilles alors que le corps sous elle se tendait, se retrouvant agité de spasmes. Elle répéta l’opération avec acharnement, réduisant la tête de son ennemi en une bouillie sanglante, le rendant aussi inerte que son camarade.

Nerë se redressa lentement, s’écartant en même temps du cadavre encore chaud du démon mais elle chancela et tomba à genoux. Après ce long voyage et avec tout ce qu‘elle avait dû endurer avant d‘arriver dans cette pièce, l’hybride avait presque atteint ses limites … Mais elle ne pouvait pas se permettre de se reposer maintenant, il lui restait encore deux vies à éteindre avant de pouvoir s‘accorder un moment de répit. Alors elle se releva, plutôt péniblement, tremblant sous l’effort mais une fois debout, sa fatigue, bien que toujours présente, n’y paraissait plus. Comme une feuille emportée par la brise.
Il régnait à présent dans la pièce, en plus de ces ténèbres, un silence bien oppressant que seul le manque de discrétion du marchand d’esclaves venait troubler. Au moins, il était plutôt aisé pour la chatte de le retrouver dans cette obscurité. Avec sa furtivité de félin, se concentrant sur son ouïe et son odorat pour remplacer sa vue, la demoiselle put s’approcher du gros démon sans se faire repérer par celui-ci. De toute façon, vu l’état de panique de ce dernier, elle aurait pu avoir des clochettes aux pattes que ça n’aurait rien changer. Le marchand avait cependant trouvé la porte mais cette dernière refusait obstinément de s’ouvrir, malgré son acharnement. Il tirait sur la poignée, frappait le vieux bois à s’en briser les os en grognant des injures et des mots dans une langue qu’elle ne comprenait pas. Mettre fin à sa vie ne fut pas bien compliquer, la minette se contenta cette fois-ci de simplement lui briser la nuque. Après un claquement sec et sinistre qui sembla résonner dans toute la pièce, le corps sans vie du vendeur s’écroula mollement à ses pieds. Et de trois, pensa-t-elle. Il ne restait plus que le petit sorcier à présent.

Les mains encore maculées de sang, liquide qui tachetait également ça et là sa douce fourrure d’argent, elle regagna lentement le centre de la pièce avant de tenter de percevoir le petit démon. Le moindre bruit, la moindre odeur pourrait l’aider à le trouver … Mais elle n’entendait que ce silence omniprésent et ne sentait que cette forte odeur d’hémoglobine, mêlée aux effluves âcres de transpiration, de saletés et de mort, le tout surmonté d’une discrète note d’épices.
Où pouvait-il bien se trouver …?


[ Et voilà, désolée pour ces deux mois d'attente >.< J'espère que ça ira ... Par contre, si tu pouvais juste me prévenir avant la prochaine fois que tu voudras me faire agir dans un tes posts. Habituellement, je n'aime pas ça mais là, je l'ai pris comme un défi alors ça a été. Mais juste me prévenir, oki ? ^^ ]
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MessageUn fauve dans l'arène [ PV Simulacre ] EmptyLun 30 Jan 2012 - 13:03

Il y eut un bruit de déchirure, comme venant d'une étoffe ancienne, et un glapissement, puis plus rien. Ils étaient morts, sans rien laisser de plus sur terre que le souvenir de leur puanteur et leur chair en décomposition pour nourrir les plantations. Tout s'était déroulé avec une rapidité effrayante, qui ne faisait que rappeler à Simulacre sa faiblesse physique et son manque d'expérience au combat – qui était, soit dit en passant, nulle – et il haït plus que tout ce moment. Il était... à la merci de l'hybride, et la constatation de son impuissance l'énervait au plus haut point. Il se mordilla la lèvre en retenant sa respiration.

Mais, si le Bâtard n'avait pas ses galons et n'avait pas dans ses mains la corne de l'usage qu'une épée provoque, il était petit, mince, léger, et avait dans son sang quelques atouts qu'il pouvait toujours sortir à son aise : aussi le fit-il, s'aidant des ombres pour ne pas faire de bruit, intimant à la pierre, à la structure-même de la chambre, de lui faire éviter les obstacles, de lui faire éviter la Survivante énervée. Il se dirigea vers la porte, sentant sous la semelle de ses bottines fourrées l'onctuosité du sang qui se fige.

* Par là. *

Il se retourna lentement dans une direction que son cœur lui dictait, et ralluma brusquement la lumière. S'y étant préparé, il retrouva la vue plus vite que le chaton qui lui faisait face. Retenant un cri de guerre, le Sang-Mêlé se précipita sur elle, de la vapeur de magie pure au bout des mains et sa poitrine subissant les assauts d'un cœur forcené. La chatte fut plus rapide et lui décocha un violent coup de patte au visage, lui écorchant la peau.

Simulacre sentit le sang – son sang – couler et tout devint noir.
Son corps. On avait altéré son corps, sa perfection physique. Elle. Elle avait osé le défigurer, lui retirer toute sa beauté, toute sa gloire, toute sa divinité. Il esquiva le coup suivant sans trop savoir comment et, ne sachant pas se battre, se contenta d'arracher des poignées de poil au pelage de l'hybride en hurlant des insanités en Bas-Démonique.

Son sang coulait toujours, nourrissant sa colère, et sa joue irradiait de la souffrance de la griffure, à laquelle se rajouta une autre douleur à l'épaule, quand la Chatte le mordit profond. Voilà maintenant qu'elle attaquait ses vêtements ! Ses parures de bon goût ! Le tissu de valeur ! Elle lui griffa la main et l'envoya plus loin. Simulacre tomba au sol, et l'hybride atterrit lourdement sur sa poitrine, lui coupant le souffle.

* Ma beauté. Maman ! *

Simulacre plaça ses mains sur les seins de l'hybride et la marqua avec brutalité. Le sceau prit racine, s'enfonçant profondément sans son corps, tissant ses liens dans les muscles et, sur le pelage, la marque des Asservis apparut très discrètement.

Le marquage était parfois une opération douloureuse, et cela dépendait du plaisir que le marqueur prenait dans l'exercice. Le démon ne savait s'il avait infusé de la souffrance dans sa magie, mais la Chatte recula vivement, de la surprise dans ses yeux. Elle fit deux pas en arrière et revint immédiatement à la charge, esquissant un fulgurant coup de patte, griffes sorties, prêtes à lacérer n'importe qui vers sa Libération.

Le coup ne vint jamais, se suspendant à mi chemin. Le Démon poussa sur ses jambes pour reculer de la portée de l'hybride et son dos trouva le renfort de sa bibliothèque. Il pataugeait dans le sang du marchand, dont les yeux aveugles fixaient le plafond avec obstination. Simulacre se releva, et l'hybride vint à lui une nouvelle fois, griffes en avant, mais une nouvelle fois, elle ne put l'attaquer.

Comprenant le succès de son entreprise, le petit seigneur réajusta ses vêtements, un sourire infiniment arrogant au visage. Là où des hommes de main costaux avaient échoué, il avait réussi.


« Tu me paieras ça » dit-il en montrant son visage balafré, « Chienne ! Ou devrais-je plutôt dire... Chatte. Et alors, quoi ? Tu ne peux pas me toucher ? »
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