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 [Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre...

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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyMer 2 Mar 2011 - 21:52

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Le vent et la pluie s’étaient levés sur Elament la Sombre. De ce fait, il était à peine dix-sept heures mais la nuit tombait plus tôt que d’habitude. Il avait fait une chaleur étouffante pour un hiver ces derniers jours. Avec ce temps exceptionnel, les esprits s’échauffaient plus vite, les démons qu’on croisait dans la rue étaient plus nerveux que d’habitude, plus tatillons, plus susceptibles. Ils avaient même crus à une attaque déguisée des élémentalistes. Pareille chaleur en plein mois de janvier, ce n’était pas possible. Les thermomètres affichaient fièrement treize degrés de trop pour la saison, le soleil éblouissait les créatures de la nuit qui profitaient des journées courtes de l’hiver pour sortir d’avantage, d’autres, sortis tout droit des enfers, se complaisaient dans cette chaleur soudaine. Etrange temps. Les soldats qui se battaient aux alentours de la cité se plaignaient. Cette montée des degrés étaient malvenue pour se battre. Leurs tenues de cuir leur tenaient désormais beaucoup trop chaud et les empêchaient de repousser les éventuelles attaques des « vermines » avec la même justesse que les mois précédents. Les pierres des bâtiments se réchauffaient et les feux qui crépitaient dans les cheminées devenaient étouffants. Les esclaves qui dormaient devant les maisons se réjouissaient de leur punition et passaient la nuit à dévorer le ciel étoilé en conversant avec délice de doux souvenirs du passé. Drôle de temps.

Heureusement, l’orage arrivait. Certains parlaient même d’une tempête de neige qui durerait toute la nuit. Les nuages imposants et chargés d’humidité ternissaient le ciel, menaçant d’avaler les derniers rayons de soleil de l’hiver.

Revoilà la ville grise, succubes, vampires, goules et trolls s’activent de rentrer chez eux avant la tombée fatale des flocons. De toute manière, ce vent glacial ne présage rien de bon et n’est agréable que pour de rares créatures qui restent encore plantés au milieu des rues, savourant la fraîcheur revenue. Dierebel et Saisei étaient rentrés depuis un bon moment déjà. Et tendit qu’il s’activait à panser ses blessures du combat dans la salle d’eau, elle avait le visage penché par la fenêtre, oubliant la soupe qui brûlait sur le poêle. Elle regardait les dernières feuilles mortes, vestiges d’un automne encore proche, danser dans les airs. Elle se régalait du spectacle cocasse de toutes ces capes noires, qui têtes baissées, se hâtaient de retrouver le chemin d’un abri pour la nuit.


Ca y est, une goutte venait de s’écraser contre la vitre, face à elle. Elle souri, tendrement, en caressant le hublot sale, suivant le dessin de la neige fondue qui glissait inexorablement vers le sol. Là haut, ça grondait. Elle ne se souvenait pas d’avoir vu un orage de sa vie dans une aussi grande ville. Elle qui aimait à se percher dangereusement aux plus hauts sommets des plus hauts arbres pour attirer les beautés de la foudre dans son sillage, elle riait intérieurement de la panique qui semblait faire trembler les rues. C’était le plus beau concert que le ciel avaient à leur offrir, mais sûrement, oui, probablement, ces multitudes de nuits à passer sous les tempêtes aux alentours de la cité – avant la Grande Victoire – en avait refroidi plus d’un. Peut-être les démons avaient-ils vus assez d’orages pour le moment… Elle aurait rêvé pouvoir aller courir, là, dehors, sous les flocons de neige fondue, bras tendu vers les nuages, buvant avec jouissance les colères de l’arc céleste. Mais la fée entendait Saisei se hâter au premier étage. Le bruit de la soupe qui bout et qui déborde hors de la casserole la fit sursauter. Elle lâcha le pan de rideau qu’elle maintenait à demi ouvert et se précipita dans la cuisine. Elle injuria la casserole, puis la soupe, puis elle-même dans sa langue tout bas. Elle retira la casserole du feu, mais il était trop tard. Le potage était bouilli, infect, et certainement pas mangeable. Elle le jeta rageusement dans l’évier en marbre. A quoi bon ? Il restait à peine assez de préparation pour nourrir deux estomacs. Elle soupira.

Dans les placards, il y avait multitude de choses, mais Saisei avait demandé quelque chose de simple. Il avait faim tout de suite et voulait manger plus rapidement possible pour aller se coucher. Ca tombait mal. Elle rinça la casserole et entreprit de réchauffer le reste de potage resté de côté. Elle ne saisit qu’un bol et une cuillère à mettre sur la table. Tant pis, elle ne mangerait pas ce soir.

Quelques minutes à peine plus tard, il descendit. Elle lui servit la soupe et alla s’isoler dans la cuisine pour lui faire comprendre qu’elle ne l’accompagnerait pas ce soir-là à table. Elle évita son regard pour mettre un terme à une discussion qui n’avait pas encore commencé. Ce n’était pas plus mal ainsi. De toute manière, c’était sûrement la chaleur, mais elle avait un mal de crâne dont elle n’arrivait pas à se départir depuis trois jours. Même si elle s’en accoutumait, cela tirait ses cernes en longues ailes violacées sous ses yeux.

Appuyée mollement contre l’évier, elle l’observait par l’entrebâillement de la porte en train de manger. Elle tourna son regard vers un petit calendrier lunaire qu’elle avait accroché quelques mois plus tôt au dos de la porte. Si son maître ne l’avait pas encore vu, il y avait des jours cochés sur toutes les pages. Les jours qu’elle avait passé jusqu’ici à ses côtés. C’était une danse sur le papier de petites croix malhabilement tracées. Certains jours avaient des ronds, elle ôta le long parchemin de la porte en la refermant dans le silence avec soin. Elle le déplia devant elle, sur le plan de travail en bois usé qu’offrait le vieux buffet. Et en suivant du doigt chaque ligne, ses lèvres comptèrent silencieusement chaque croix et chaque rond précautionneusement dessinés. Cent quatre-vingts dix. Cent quatre-vingts dix jours. Dont Dix-neuf ronds. Si peu de jours où elle avait pu avoir la chance qu’un souvenir lui revienne en mémoire, aussi futiles les images soient-elles. Des ronds pour un passé qui revenait, fébrilement, dans un coin de sa tête. Cela faisait plus de six mois que tout lui restait sans réponse. Elle ne savait pas qui elle était ni ce qu’elle faisait là. Oh, elle avait bien compris qu’elle n’était qu’un esclave au service des démons. Que Elament avaient été pris aux élementalistes. Qu’autrefois, elle avait été l’une d’entre eux, mais qu’ils l’avaient rejetée. Tout ça, c’était ce que Sappho lui avait expliqué. Les élémentalistes étaient des vermines, la peste même, leur nom même était à bannir à l’intérieur de la Sombre. Evoquer leurs vies, leur résistance, leur courage ou encore leur pouvoir était signer son arrêt de mort. Surtout dans la bouche de la fée. Oui, elle avait bien retenu la leçon.

Elle se tenait comme une élève appliquée à présent, elle ne faisait plus un pas de travers, ne pleurait plus pour rien, ne cherchait plus à fuir ni à poser des questions qu’elle n’avait même pas le droit de penser. Elle laissait faire les choses et suivait le mode d’emploi de l’esclave parfaite à la lettre. D’ailleurs, elle commençait à se conforter dans ce rôle là… Elle avait repris du poids, sa peau avait retrouvé une douceur comparable à celle de ses souvenirs, elle osait se maquiller parfois, pour faire bonne figure. Et puis, parce que, il fallait l’avouer, elle y trouvait un plaisir tout particulier et étrange. Elle prenait plus de temps pour s’habiller, se parfumer. Sa toilette était devenue le moment favori de la journée. L’aube encore à peine levée, juste avant que Saisei ne s’éveille, elle se glissait comme un fantôme dans la salle d’eau et passait presque une heure à admirer son reflet. Limer ses ailes cuivrées aux pointes noires comme la nuit (encore quelque chose qui avait changé depuis qu’elle était arrivée), brosser ses cheveux, utiliser diverses crèmes, lotions préparées maison – pendant les longues absences de Saisei – sur sa peau, se délecter dans le bain… Elle sentait souvent Isaac venir se percher pas loin d’elle, elle lui parlait tout doucement, entièrement nue, sans savoir ce qu’il pouvait répondre. Mais elle s’en fichait, il lui tenait comme compagnie. Elle s’était habituée à sa présence et le fait qu’il l’observe sans cesse ne la dérangeait plus maintenant. De toute façon, elle ne l’aurait pas voulu, il s’en serait donné à cœur joie quand même. Alors elle laissait couler.

Elle avait même essayé de savoir comment obtenir des réponses. Elle faisait un rond de buée sur la glace et lui demandait d’écrire sa réponse… Mais rien ne venait. Probablement, il ne pouvait pas ou préférait garder ça pour lui.


Ses tempes la pincèrent, elle roula le calendrier sur lui-même avec ses pensées et le rangea dans un tiroir. Saisei montait les marches, il allait se coucher.

Dehors le vent sifflait, la nuit était noire. Les vitres couinaient pour signifier leur résistance au vent et au froid revenu. Elle alla s’asseoir près de l’âtre dans le salon. Elle ne se souvint pas comment, mais elle s’endormit là, assise, en regardant les flammes danser.



Dierebel se réveilla en pleine nuit. La tempête semblait battre son plein, mais ce n’était pas ça qui l’avait arrachée de son sommeil. Elle avait encore cette fichue céphalée qui reprenait de plus belle. Elle grimaça. Le tonnerre gronda, chantant son écho dans les ruelles et faisant trembler les fenêtres. Courbaturée, elle posa sa tête entre ses mains. Son front était brûlant. Une bonne douche ne lui aurait pas fait de mal, aussi, rejoindre son lit lui sembla une meilleure idée pour passer la nuit. Elle gravit les marches avec maladresse. Elle s’engouffra dans la salle d’eau et alluma une chandelle dont la lumière lui arracha une nouvelle grimace. Elle entreprit de faire couler l’eau mais bien qu’elle s’efforça à tournicoter les robinets dans tous les sens, l’eau ne pointait pas le bout de son nez. Elle grommela en se tenant les tempes… Les canalisations devaient être gelées. Ca tombait mal, elle ne savait plus quoi faire pour soulager sa douleur. Rien que le fait d’avoir monté les escaliers lui avait paru insurmontable. Elle escalada le rebord de la baignoire et grimpa toute habillée dans la cuve. Elle mit un coup de pied bien senti sur la tête du robinet qui lui renvoya un bruit sourd de métal creux. Elle commençait à s’énerver.

Toute cette résistance et ces coïncidences liées contre elle la mettaient dans un état de rage digne de ce nom. Elle empoigna le robinet avec ses deux petites mains et entreprit de le secouer avec une force infernale. Mais rien ne céda, si ce ne fut que les nerfs de la belle. Elle reprit son souffle, ravalant les larmes déclenchée par une nouvelle progression de son mal de tête dans ses tempes. Elle aurait tué pour que ça s’arrête. Elle sortit précipitamment de la cuve et fit brûler un peu de papier journal pour raviver les cendres qui servaient à faire chauffer le bain. Peut-être que cela ferait fondre les bouchons dans la tuyauterie. Elle ne perdait pas espoir. En fait, sa céphalée la mettait dans un tel état de mauvaise humeur qu’elle refusait de renoncer. Juste par fierté. Et parce qu’elle était bornée. Elle ouvrit les deux robinets du lavabo à fond et s’assit sur le rebord de la baignoire en les fixant avec haine. S’ils avaient été vivants, on n’aurait pas donné cher de leur peau.

Les minutes passèrent pendant qu’elle fixait, vacillant, la tête du robinet. Déterminée comme un soldat devant son ennemi au sol, prête à lui donner son cou de grâce, elle se tenait au garde à vous, savourant chaque minute à imaginer sa tête sous l’eau brûlante. Mais l’eau ne venait pas.

Elle repassa ses jambes dans la cuve et décrocha un nouveau coup de pied aux tuyaux. Un bruit sourd se fit entendre, entre air et eau. Elle pencha sa tête sous le robinet…

« Allez viens, viens… » siffla-t-elle entre ses dents.

Soudain, un jet puissant s’écrasa sur son visage. L’eau était glacée et sentait le cuivre. Surprise, elle releva la tête trop vite. Beaucoup trop vite. Elle se heurta avec une violence inouïe contre le robinet et hurla. En se redressant, ses pieds s’embrouillèrent entre les pans de sa robe trop longue et les talons trop bon marché de ses bottines. Elle glissa sur la baignoire désormais humide et tomba en arrière aussi rapidement qu’elle s’était levée. Inexorablement, sa tête frappa dans un bruit sourd le fond de la cuve en porcelaine.

Tout devint noir.









La mort était farceuse, elle venait chercher les êtres quand ils s’y attendaient le moins. Sa faux était vive et sans remords. Elle choisissait au hasard des jours et des nuits des êtres perdus qui allaient dormir pour l’éternité. Elle se fichait bien de qui ils étaient et de ce que les lignages ancrés dans le creux de leurs paumes leur réserveraient : enfer ou paradis… Ce n’était plus son travail. Ils étaient maîtres de leurs destinées, elle était gardienne de leur dernier jour. Mais juste avant de les faucher, de prendre leurs âmes, elle leur donnait un petit arrière-goût de la vie. Et devant les paupières de la fée sombre désormais fermées, des images défilèrent doucement…



Quand elle était petite, Dierebel aimait qu’on lui pince les joues. On la trouvait mignonne, et cela lui allait. Ses mères et ses sœurs prenaient soin d’elle, elles la chérissaient comme une perle rare. Il fallait dire que Dierebel était quelque peu spéciale. Elle remettait sans cesse en cause l’avis de ses supérieures, elle posait les questions que personne n’osait poser, voire, que personne ne se posait jamais. Elle riait à tout, à la chute comme au vent, à la pluie comme au soleil, pimentant ses yeux de larmes de joie discrètes, comme le parfum d’une maîtresse sur la chemise d’un amant. Elle ne cessait de désobéir mais savait demander pardon. Personne ne lui en voulait jamais de rien. Après tout, ce n’était que des bêtises d’enfant.

A dix ans, elle passait sa vie à errer dans la forêt, découvrant et redécouvrant sans cesse les arbres, les clairières, les champs à perte de vue. Elle observait la vallée sans siller, des heures durant, du haut du même rocher. Accroupie, à contempler la nature qui dévorait l’horizon. La nuit ne lui faisait pas peur. Et puis, il était rare que des étrangers fréquentent cet endroit du monde. Leur maison. La forêt des fées sombres, tribu des Indigo. Elles étaient connues pour être sans pitié avec les pèlerins. Amazones farouches et sauvages, elles ne gardaient que de rares hommes en vie, pour que les élues mettent au monde un enfant. Les élues, c’étaient ces femmes choisies pour devenir Reine de tribu. Tous les cinquante ans, elles changeaient celle qui serait leur guide spirituelle. Elle décidait de tout, de l’organisation, des guerres, des villages, de la vie de chacune et celle des voyageurs, de celles qui lui semblaient digne de la remplacer. Elle devait en choisir dix au total et les dieux s’occupaient du choix final. C’était à l’oracle d’assurer la passation de pouvoir.

Dierebel adorait leur mère. Aphia les aimait et les choyait comme aucune autre reine n’avait su le faire. Elle était à leur écoute et les aimait chacune comme ses propres filles. Surtout Dierebel. Sa propre mère était morte en couche et elle l’avait pris sous son aile. Elle lui vouait un amour inconditionnel. Elle disait qu’elle était la sirène des Indigo. Sa beauté attirait les passagers entre leurs griffes, sa ruse, sa malice et son don pour le mensonge séduisait. Elles les capturaient, les dépouillaient, les mangeaient, au pire, les torturaient pour s’amuser un peu. Dierebel était l’apât idéal, l’hameçon doré. Mais cet amour et cette reconnaissance finirent par l’étouffer. Elle préférait être seule. Ses sœurs l’ennuyaient. Elles étaient trop sérieuses, trop bavardes, trop ambitieuses. Plus elles l’admiraient, plus elle s’isolait. Plus elle s’isolait, plus elles étaient fascinées.

Oui, Dierebel avait toujours eu cette aura particulière qui lui valait tous les regards. Qui avait pu être son père pour qu’elle soit d’un mélange aussi parfait ? Fée au sang d’elfe noldor ? Fée au sang d’incube ? Personne ne se souvenait de qui l’avait procréée. C’était un pion sans importance, trouvé aux hasards des chemins.

Elle avait quinze ans et c’était en vidant toute sa pensée, perchée au dessus des falaises, qu’une fleur avait poussé. Elle offrait son cœur, ses douleurs, sa vie à la nature. Une méditation profonde et sincère, symbole de leur union. Et le fruit de leurs entrailles avait pris la forme d’un lys délicat. Au début, elle avait cru à un cadeau des dieux, et gardant ce secret pour elle, Dierebel s’isola d’avantage de jour en jour pour apprendre à dompter ce don venu des racines de la vie. Oh, merci, la nature prend vie entre mes mains… Mère Terre, tu as entendu ma prière, je ne veux appartenir qu’à toi et à toi seule…

Mais Aphia était là, entre les feuillages, elle avait tout vu. Peut-être l’oracle l’avait-elle prévenue qu’un jour, Dierebel serait capable de cela. Pire encore, peut-être était-ce elle qui l’avait convaincue de l’envoyer loin des Indigo, loin de la forêt, à Elament.

Elament…


Elle avait dix-sept ans et voyait la cité se dessiner au loin, ses tours, ses lourdes bâtisses, vieilles de millénaires d’histoire. Il fallait qu’elle apprenne, disait Aphia. Mais elle n’avait pas envie, elle aurait pu apprendre toute seule dans la forêt. Il fallait qu’elle comprenne le mot société, disait Aphia. Mais elle n’avait besoin que de la nature pour être heureuse. Un jour, elle serait reine, elle lui en faisait la promesse, disait Aphia en disparaissant. Et Dierebel baissa la tête, flattée, en terminant seule le chemin vers la cité aux éléments.



Maintenant, elle avait vingt-et-un ans et elle avait son diplôme en poche. Elle regardait ses camarades de classe s’extasier, certains refaire leurs valises pour repartir chez eux. Mais Dierebel, elle n’y arrivait pas. Elle les avait haït au début, elle ne supportait pas la ville, les cours, l’autorité des professeurs, leurs airs sûrs. Puis progressivement, apprenant à contrôler la terre, elle avait finit par aimer flâner dans les rues de la cité. Son petit appartement était un cocon aussi tendre que celui qu’elle s’était créée au cœur de la forêt. Elle trouvait ses moments de solitude quand elle les souhaitait, la vie n’était pas si dure ici bas. Que dire des rayons de soleil qui caressaient les pierres blanches des immenses maisons ? De l’odeur des rues, emplies de rire, de sourires, de mille et unes brocantes plus farfelues les unes que les autres ? Des bibliothèques sans fin où elle se perdait pour lire encore et encore des ouvrages plus passionnants que les histoires des anciennes de sa montagne ? Du goût de l’alcool, si fort, de l’ivresse des soirs d’été dans des robes légères à parler à des inconnus ? De la saveur folle et amère du tabac des agriculteurs ? Du charme des baisers des hommes qu’elle rencontrait ? De leurs yeux où miroitait leur âme à genoux devant sa différence ?

Dierebel ne voulait plus repartir, sa vie était là. Loin de ses sœurs tant aimées, tant respectées. Elle était mieux à l’écart de leurs regards, lourds de jugements et de principes, de leurs leçons de vie sur la vertu et la folie des autres mondes. Ici, elle était elle-même, libre. Sans attaches, avec son pouvoir comme atome crochu avec cette multitude de créatures qu’elle fréquentait comme un éventail de bonheur au quotidien. Que pouvait-elle avoir de plus qu’Elament ? Que pouvait-elle avoir de mieux ?

Elle commença à travailler pour le Beauty’facil, au coin de sa rue. On lui demanda d’être professeur, mais elle ne s’en sentait pas les épaules, même si son ambition dévorante et son amour passionnel pour la cité la portait secrètement vers ce souhait en particulier.

Le jour de ses vingt-cinq ans, les démons tapaient aux portes de la cité, elle concentra toutes ses forces, se battant bec et ongles aux côtés des siens, pour repousser l’attaque. On n’était pas passés loin.

Professeur Terra était une belle revanche sur la vie à vingt-six ans à peine. Et elle adorait ce rôle. Finalement, cela n’avait rien de terrible. Elle aimait ses élèves comme ses enfants. Elle s’enthousiasmait de leurs réussites et s’arrachaient les cheveux avec eux de leurs échecs. Leurs sourires de satisfaction étaient le plus beau cadeau qu’il lui eu été donné de voir. Ils grandissaient entre ses mains, cela lui donnait à réfléchir sur ses erreurs du passé. Elle aimerait bien revoir ses sœurs, sa mère, sa forêt. Pourquoi pas un enfant ?



On lui passa un mouchoir de chloroforme sur ses lèvres. Elle tomba dans le vide. Lorsqu’elle ouvrit les yeux, ses sœurs l’avaient sortie de la cité. Il fallait qu’elle revienne, Aphia était mourante et l’oracle l’avait désignée comme nouvelle reine. Dierebel n’en voulait plus de ce rôle là, alors elles s’arrêtèrent, la planquèrent à l’abri et la torturèrent jusqu’à ce qu’elle accepte de suivre sa destinée. Mais au bout de quelques semaines, quelque chose sorti du noir. Un démon, il les chassa et garda Dierebel comme un trésor comme prisonnière. Il voulait l’offrir à Khisath pour célébrer leur victoire toute proche. Elle se souvint d’avoir traversé des rivières de sang, ligotée sur le dos de l’infâme goule, voir le visage encore abrutis des siens, au sol, par la violence de la bataille. Elle n’avait pas été là, à leurs côtés, pour se battre. Et puis elle avait réussit à se libérer, elle ne savait plus très bien comment, et s’était enfuie vers la cité. Elle avait perdu connaissance.





Des sentinelles l’avait trouvé et l’avait ramené jusqu’à la cité, mais elle ne se souvenait plus de rien. Ni d’Elament, ni de son nom. Dierebel ? Oui, cela lui disait vaguement quelque chose. On la donna en pâture à Saisei. Elle suivit son chemin, n’ayant pas grand-chose de mieux à faire, la tête vide.

Elle avait froid, très froid, sa tête bourdonnait. Elle sentait son corps se raidir puis se relâcher soudainement sous les assauts de sa tête. La mémoire, elle en avait tant rêvé. Toute sa vie avait bien existé et était bien là, cachée dans le creux de son cœur. Elle l’avait tout un coup dans les mains, comme une valise trop lourde, qu’elle n’arrivait plus à soulever. Elle avait l’impression que son âme quittait son corps. Elle repartait dans sa forêt, refaisait le chemin jusqu’à Elament…


Elament…



Ses dents grincèrent, elle ouvrit les yeux. Elle vit le plafond de la salle d’eau.
Elle du faire un effort colossal pour se redresser. Elle s’agrippa au bord de la baignoire et tomba nez à nez avec son reflet dans le miroir. Elle écarquilla les yeux.

Outre le sang qui séchait dans ses cheveux, vestige gluant de sa chute, elle ne se reconnu pas. Où était-elle ? Elle passa sa main dans ses cheveux en s’asseyant sur le bord de la cuve, une grimace de douleur coincé sur ses lèvres. Baignoire, Saisei, Sombre, démons… Petit-à-petit les choses lui revenaient. Mais en entier cette fois-ci. Un filet d’eau froide heurtait la porcelaine de la baignoire dans un vacarme qui lui paraissait assourdissant. Elle coupa l’eau.

D’un nouveau coup d’œil dans la glace, elle se jaugea d’un regard. Dierebel venait de retrouver la mémoire. Et la première chose qui lui vint à l’esprit, et qu’elle du articuler tout haut pour formuler cette pensée correctement, fut :


« Il faut que je me barre de ce nid d’emmerdes… »


Elle frotta entre ses doigts le sang à demi séché qui stagnait sur sa peau. Elle n’avait plus mal à la tête, bien étrangement, après une pareille chute. Elle fixa l’hémoglobine qui s’accrochait sur ses phalanges. Non, la mort ne l’avait pas choisie, le destin l’avait réveillé. Il fallait qu’elle retrouve les siens, aussi peu nombreux soient-ils aux alentours de la cité. Devant ses yeux repassait les piles de cadavres qui jonchaient les portes de la cité. Y avait-il au moins des survivants quelque part ? Pourquoi n’étaient-ils pas venus la chercher ? Elle n’avait jamais été en très bons termes avec Ruby, peut-être avait-elle abandonné. Peut-être était-elle déjà morte, son squelette accrochant la terre sacrée des élémentalistes autour de la ville. Non, ce n’était pas possible. Les démons ne pouvaient pas avoir gagné définitivement. Ce n’était qu’un mauvais rêve. Ces ordures, ces résidus, ne pouvaient pas tout avoir pris, comme ça. Elle s’en voulait plus que tout de ne pas avoir été là pour les aider, pour les défendre. Pourquoi ses sœurs s’étaient-elles mêlées de sa vie ?

Dans le miroir, son reflet n’était que la pâle copie de la belle femme qu’elle avait pu être. Ses cheveux pointaient le sol, sans boucles, ternes et défraîchis. Sa peau translucide lui donnait un air malade, des cernes enfonçaient ses yeux dans leurs orbites. Non, ce n’était pas elle. Maigre, sans forme, sans appétit, sans force. Elle bouda son reflet et rouvrit le robinet rageusement.
L’eau était chaude, elle se déshabilla et plongea sous la douche brûlante. Elle se lava jusqu’à ce que l’eau soit de nouveau froide. Comme pour évincer de son épiderme la honte qui courrait. Elle prit une grande serviette et s’enroula dedans. Et puis enfin, progressivement, elle s’assit, dos à la porte. Les larmes se mirent à couler toutes seules. Ses joues se noyaient sous l’eau salée. Elle enfouit son visage entre ses genoux. Un goût amer dans la bouche.
Elle aurait sa revanche.

Ils allaient payer très cher.

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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyMer 2 Mar 2011 - 21:56


Dierebel avait les cheveux encore humides, le nez empourpré et les yeux rougis par les larmes. Elle avait enfilé une robe bleue, presque noire, d’une simplicité effarante. Ni cintrée, ni repassée, unie, sans coupe particulière. Comme une grande robe de nuit qui laissait pointer sa poitrine sous les mouvements de ses bras. Elle serra un ruban autour de sa taille, puis un dans ses cheveux qui avaient pris le parti rebelle de se plaquer d’avantage sur son front que sur sa nuque. Elle fit grincer les escaliers en descendant, mais peut lui importait. Elle aurait pu réveiller son maître et les soupçons de l’étrange spectre que ça ne l’aurait pas plus inquiétée. L’état de choc dans lequel elle se trouvait toujours embuait ses pensées et la plongeait dans une torpeur effaçant toute peur.
Elle franchit le seuil de la porte, la houppelande tout juste posée sur ses épaules. Le vent glacé fit naître un frisson sur son échine. Elle s’avança dans la ruelle, au rythme singulier de ses talons sur les pavés, le visage nappé par la lueur blafarde de la Lune.


Lorsqu’elle n’avait pas encore retrouvé ses souvenirs, Dierebel avait du mal à se repérer dans le dédale de la cité. Certaines bâtisses, certains lieux, cette fontaine là… Ca lui disait vaguement quelque chose mais elle était incapable de mettre un nom sur ces impressions. Autrefois, elle connaissait toutes les rues. Avec aplomb, elle les avait arpenté nuit et jour, au gré de sa mélancolie, afin de connaître et reconnaître tous les mystères de la ville des Elementalistes. Ce soir, elle posait un regard nouveau sur la si belle forteresse qui avait fléchi sous la domination des démons. Si elle était méconnaissable, certes, mais pourtant la fée retrouvait avec hardiesse son chemin.
Elle tournait sans hésitation aux coins des rues les plus sombres, s’engageait sur chaque placette avec une confiance sereine, accélérait le pas en suivant les lignes droites des avenues. Même engluée dans les ténèbres, les pierres parlaient avec un charme étrange de leur histoire. Elle n’était pas morte, Elament. Juste profondément endormie, attendant le jour béni de sa libération avec flegme et placidité. Les toits, jouant avec les rayons de la lune, murmuraient encore avec délectation les plus beaux vers des annales glorieuses de la cité. Dierebel respira profondément l’air, comme pour aller chercher au plus profond de la pierre, les essences à peine ensevelies des souvenirs glorieux qui la hantaient de nouveau.

Oui, Elament méritait mieux que des vampires, démons croisés, chacals pour s’asseoir sur son trône tout puissant. Et cette sensation électrisait les rues. Elle repoussait ce voile de ténèbres du mieux qu’elle pouvait, attendant dans le calme hystérique, ses fidèles habitants aux pouvoirs meurtris.

Le mur d’entrée se dessina devant elle. Des sentinelles perverses léchaient la façade, empêchant quelconque intrus de sortir ou d’entrer. Les goules grognaient paisiblement sur les tours de garde, se balançant d’arrière en avant, ivres d’ennui. Elle se plaqua dos contre la peinture écaillée d’une maison, pour se dissimuler dans l’ombre, à l’abri de l’œil perçant d’un étrange personnage qui fixait les ruelles alentours. Un garde. Prêt à mourir pour la jouissance puissante de l’instant tant attendu où il pourrait sonner l’alerte et observer les goules se ruer avidement sur l’ennemi.
Oui, la fée voulait s’en aller. Mais la tâche n’avait pas l’air si aisée. Elle comprit vite qu’il lui faudrait plusieurs nuits d’observation pour trouver la faille qui lui permettrait de prendre la fuite…

Ses ailes frémirent, imperceptiblement. Le garde aux pupilles de loup pivota en sa direction. Elle cessa de respirer, le cœur battant furieusement dans sa poitrine. Immobile, elle resta à là à le fixer.
Cela lui sembla durer une éternité. La voyait-il ? Il pivota sur lui-même et repris sa marche sûre, menton levé vers l’horizon. Elle souffla en plaquant une main sur son cou blanc.
Oui, il lui fallait un plan imparable.


La liberté avait un prix.



Elle était en train de le comprendre…

Mais son effluve créait une dépendance hypnotique à laquelle la fée était résolue.
Elle partirait retrouver les siens...


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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyMer 2 Mar 2011 - 23:07

"Tu n'y arriveras pas."

Silence.

"Ton objectif est irréalisable."


SILENCE!
Le rire grinçant du Démon se fit entendre aux oreilles du seul qui pouvait l'écouter. Les dents serrées, posé dans l'encadrement de la fenêtre, le possédait avait la tête entre ses mains. Peut-être espérait-il que ce contact calmerait son mal de tête, ou emprisonnerait ces mots. Des mots qu'il ne savait écouter, qu'il ne devait pas écouter. Parfois, il croyait devenir fou, en entendant l'autre lui parler du fond de son esprit, remuer, provoquant des douleurs indescriptibles. Cette souffrance, il s'y était habitué. Mais souvent, dans le noir, seul, il se laissait un peu envahir. Un peu. Pas assez pour perdre le contrôle. Pourtant, il n'était pas encore l'heure de la nuit. Mais la pluie avait amené l'air nocturne plus tôt.


Matthew releva la tête et regarda le rideau d'eau s'abattre sur la ville. La ville. La merveilleuse cité d'Elament. Elament la Sombre. Cité légendaire maintenant tombée aux mains des Démons. Cette cité que le possédé voulait rendre à ses possesseurs légitimes. Les Elémentalistes. Réduits à l'état d'esclave, de vermine obligée de se cacher pour survivre. Cachés il ne savait où. Voir la Cité qu'il avait connu ainsi désolait l'homme. Il ne pouvait pas rester sans rien faire. Il devait agir. Et pas juste récolter des informations par ci par là, pas simplement rester passif. Il voulait se battre aussi. Se battre pour la libération de cette cité. Il le fallait. Il devait faire quelque chose. Mais quoi?

Les Démons le prenait pour un des leurs, certes. Il avait le rang de chevalier démoniaque. Très bien. Mais il n'avait plus parlé à un Elémentaliste depuis des lustres. Les esclaves étaient tous abattus, vides, sans force, aucun ne pouvait avancer et continuer. Tout du moins, c'était ce qu'il avait vu et ressenti avec ceux qu'il avait croisé. Ils avaient cessés de se battre, arrêté d'y croire. Personne ne viendrait les sauver. Personne ne viendrait les aider. Ils étaient seuls. Et pourtant... Matthew voulait y croire, penser que quelque chose pouvait exister. Que s'ils le voulaient, ils pourraient s'en sortir.


"Jamais vous ne pourrez vous rassembler et vous battre.


Silence...

"Vous êtes faibles et misérables."

-Venant de la part de quelqu'un qui vient de perdre la possession de mon corps, c'est mal venu.

Matthew avait prononcé ces paroles à voix haute, baissant la tête à nouveau. Toujours assis appuyé sur le cadre de la fenêtre, il releva le visage. Une main sur le front, il la passa dans ses cheveux en soupirant, le regard déterminé fixant devant lui un point invisible. Il leva le bras en l'air, puis le rabaissa pour l'amener à l'horizontale, la main vaguement tendue en avant, refermant finalement le poing fermement, comme pour attraper quelque chose que lui seul pouvait voir. Pourtant, lui il la voyait cette chose. Un simple pétale, blanc, légèrement bleuté, fantomatique, pétale de la liberté, de l'espoir. Un seul. Un seul... Chacun n'en possédait qu'un. Mais tous rassemblés, peut-être que... Il inspira longuement, expirant, inspirant à nouveau. Puis il baissa la main et se leva. Il était temps...

Il embrassa la pièce du regard. Le parquet en bois de chaîne en sol témoignait de la richesse des propriétaires des lieux. Ou sans doute l'avaient-ils été. Pieds nus, avec juste un pentalon sur lui, Matthew quitta la pièce. Il allait sortir.

***
L'air frais de l'extérieur lui rappela quelques soirées qu'il avait passé à parcourir ces rues, à les apprendre par coeur. Il en connaissait chaque détail, chaque pavé, chaque trou. Même aujourd'hui, il s'en souvenait parfaitement. Même si elles avaient changés de couleurs et de personnes, même si l'essence en avait changé, quelque chose restait en elles. C'était Elament. C'était la cité ancienne, légendaire, belle et puissante qui avait tenu tête pendant des siècles aux Démons. Mais aujourd'hui... Non, même aujourd'hui, rien n'avait changé. Elle continuerait à vouloir leur résister. Elle n'était et ne serait jamais faite pour eux, même s'ils l'habitaient.

Il parcourut le dédale, se laissant aller de rue en rue. Reprenant l'allure de N'Jriel lorsqu'il croisait un Démon. Dur, cruel, implacable, démoniaque. Mais aucun ne s'attarda à lui parler. Et il continua de suivre ses pieds. Il s'aventura dans des lieux sombres et étroits, d'autres axes plus grands. Qui le conduisirent non loin de la grande porte. L'entrée de la cité. Le bois de la porte était le même, pourtant sa prestance n'était plus la même. Elle faisait peur. De là où il se trouvait, il voyait encore les gardes faire leurs rondes. Il aurait aimé à ce moment là les abattre et simplement partir. Mais dans la cité, il deviendrait un allié précieux aux Elémentalistes.

Il était temps qu'il commence à jouer son rôle, tel l'acteur qui entre en scène.


"Kufufufu, comment un être aussi misérable que toi pourrait-il faire quoi que ce soit?"


Bon sang, ne pouvait-il pas se taire un peu celui-ci? Il se rapprocha de la porte d'un pas tranquille. Un des gardes le repéra, le reconnu comme un des leurs et vint à sa rencontre. Matthew le questionna sur ce qu'il avait vu. Rien aux alentours, à part qu'il avait cru voir quelqu'un pas loin, mais qu'il n'était pas sûr. Il n'était pas garde pour une quelconque vision nocturne. Il salua Matthew et reparti.

Le possédé se tourna vers là où il lui avait indiqué qu'il avait vu l'ombre. Le Semi-elfe ne voyait pas dans la nuit, c'était la seule chose qu'il regrettait ne pas avoir hérité de sa mère. Il se dirigea par là-bas. Effectivement, il y avait quelqu'un, dans l'ombre d'une maison, quasiment invisible. Elémentaliste. Ca se voyait. Une robe trop simple... C'était si évident souvent. Aussi, lorsqu'il arriva à sa hauteur, il ne su pas quoi dire. Il la dévisagea. Et une chose le marqua. Le silence dans sa tête à ce moment là. Pas de bruit de fond.


-Qui es-tu?

Tant de réponse possible à la question qu'il venait de poser. En cette nuit fraîche, cette rencontre si simple allait pourtant, peut-être, permettre quelque chose. C'était ainsi qu'allait la vie. Un cycle de rencontre, d'action... Qui parfois pouvaient faire basculer les choses.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyJeu 3 Mar 2011 - 22:47


Dierebel se tapissait dans la pénombre. Elle observait chaque parcelle qui composait la porte de sortie. Chaque pierre, chaque créature, chaque échafaudage. Elle ne trouverait pas ce soir, mais elle savait qu’il y avait une faille. Après tout, les démons n’étaient qu’une série constante de failles, d’erreurs, une suite de maldonnes bien organisées qui créaient des êtres plus puissants que la poussière, mais à jamais plus faible que les Elementalistes. La preuve en était : les sentinelles. A quoi bon être sur la défensive lorsqu’on était tout puissant ?


Absorbée dans sa contemplation du mur, elle n’entendit pas ce grand inconnu aux cheveux fous s’approcher de sa cachette. Pourtant, il n’avait pas fait dans la plus grande discrétion, du moins, il ne semblait pas s’en être donné la peine. Quelque chose de souple, rapide et félin guidait sa démarche. Le claquement de ses talons s’étouffait silencieusement dans le chaos des pavés humides. Sa silhouette s’était glissée dans l’air, imperceptiblement, elle avait frôlé le vent. Comme un chat noir se glissant placidement entre les ombres de la nuit.

Non, la fée ne l’avait ni vu ni entendu venir. Les mains plaquées contre la façade de la petite maisonnette en ruines, menton levé vers la lune, elle cru d’abord qu’une mèche de ses cheveux ébènes s’était glissée contre son visage et dissimulait à sa pupille l’ensemble de la vue panoramique qu’elle avait depuis sa tour de guet. Mais après avoir agité sa tête pour dégager cette contrainte, elle comprit, dans un déglutissement, que ses pupilles d’acier ne lui jouaient pas un tour.


Il était grand, dans une moyenne tout à fait honorable, mais il la dépassait d’une bonne tête. Il s’approchait d’une démarche assurée. Agile. Ses vêtements ne laissaient aucun doute : un démon. Bien gradé. Ou du moins en bon termes avec les plus grands de la Sombre.

Pétrifié, elle ne cilla pas. Est-ce que la surprise mélangée à la terreur se lisait dans son regard ? Probablement. Elle était faite comme un rat, prise la main dans le sac.



Deux solutions s’offraient à elle.
Fuir. Donner l’alerte. Courir, si possible, plus vite que lui. Aller se cacher chez Saiseï. Prendre le risque de passer pour coupable d’un fait plus grave et de mourir sur le champ.
Rester. Tenir tête au démon, donner l’illusion qu’elle était à sa place. Prendre le risque d’être percée à jour à jouer à plus maligne qu’elle ne l’était et mourir sur le champ.


Ses jambes flageolèrent. Il était déjà trop proche, il pouvait voir son visage se dessiner dans les rayons endormis de la lune. Contempler le nacre fatigué de son front, la longueur de ses cils noirs, les rougeurs virginales de gêne tintant l’espace entre ses pommettes et ses fossettes, la pulpe florissante de ses lèvres, et bien sûr, l’odeur capricieuse et piquante de sa peau. Elle acceptait, elle jouerait le jeu.
Elle inspira profondément et se détacha du mur, avec l’air le plus naturel du monde. Cela s’avéra tout de même ressembler vaguement à un mouvement de recul. Une fantaisie qu’il avait peut-être notée.


- Qui es-tu ? demanda-t-il après s’être planté devant elle et l’avoir fixé dans le silence une minute interminable.


Elle pointa sa bague, empreinte du sceau de Sappho. Comme toute réponse. Ses muscles étaient tendus, prêt à fuir si l’éventualité voire l’obligation se présentait. Elle le haïssait déjà, ce sombre petit démon de pacotille, mais elle ne sous-estimait pas ses capacités. Elle le jaugea avec méfiance à son tour, puis inclina la tête en signe de salut et de soumission.


- Simple contrôle demandé par sa Grandeur. Si je gêne votre ronde, je peux m’éloigner, ma mission est remplie pour ce soir.


Elle tenta de dissimuler le dédain grevé dans sa voix et les tressaillements de ses cordes vocales. Pas un mot de plus, pas un indice. A la minute où Dierebel avait retrouvé les bribes de son passé, elle s’était rendue compte à quel point son ignorance lui avait fait frôler l’incident diplomatique. Elle traitait les démons à son égal. Une maladresse, une folie, une inconscience. Brièveté était maître mot. Le silence était père de sagesse.

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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyVen 4 Mar 2011 - 7:42


Matthew la fixait, restant à une distance respectable, mais étant tout de même assez proche, attendant sa réponse. Il la détailla un peu. Une fée, indéniablement belle, à ses yeux tout du moins, qui soit était particulièrement puissante, pour se balader seule la nuit ainsi, soit était sous la protection d'un Démon à l'influence exceptionnel. Et la deuxième solution s'offrit à lui. Elle tendit la bague avec le signe de Sappho dessus. Il haussa un sourcil, plutôt surpris. Il avait pu voir un certain nombre de personnes au service de Sappho. Mais jamais cette fille. Après, il ne connaissait pas tout le monde. Mais non, définitivement, elle ne pouvait pas servir Sappho. Pas de cette manière tout du moins.

Il se rapprocha un peu, assez pour qu'il ait à peine besoin d'avancer encore pour que leurs corps se touchent. Il la regarda dans les yeux, à cette distance, il pouvait sentir son odeur. Clairement différente de celle des Démons. Beaucoup disaient que les Elémentalistes, suivant leurs Eléments avaient une odeur particulière. Certains pouvaient la sentir, d'autres n'y parvenaient pas, d'autres y parvenaient plus ou moins. Combien de fois les Démons lui avaient-ils fait remarquer qu'il "puait l'eau"? Matthew n'était pas particulièrement doué à ce petit jeu, pas à distance, mais lorsqu'il se trouvait assez près...

Il savait que la suite risquait de ne pas plaire. Cette fille était particulièrement tendue. Et cette proximité ne devait pas aider cette femme à se sentir à l'aise. Mais il ne voulait pas qu'il fuit. Lui-même était alors tendu, prêt à utiliser son pouvoir pour l'empêcher de fuir s'il le fallait. Mais pas tout de suite. S'il devait s'en servir, il devrait attendre encore un peu que la situation le demande vraiment.


-Je suis également au service de Dame la Faux, et elle m'a ordonné de surveiller cette entrée. S'il y avait eut un quelconque problème, elle m'aurait demandé. Alors je te répète, qui es-tu?

Les yeux bruns clairs de Matthew restaient fixé sur ceux d'acier de l'Elémentaliste. Il allait avoir besoin d'une réponse. Et il voulait voir aussi... Voir en elle, savoir si elle pouvait se montrer digne de confiance. Car ce mensonge, et il savait qu'il en s'agissait d'un, était la preuve d'une chose. Elle ne voulait pas se soumettre aux Démons. Et puis ça se voyait. Personne ne pouvait totalement cacher cette haine. Ou peut-être était-ce lui qui se permettait d'espérer? C'était peut-être trop facile de déduire ça. Mais sa détermination était grande, et son assurance aussi. Reste de son ancienne arrogance, toujours un peu présente, mais qui n'avait pas sa place ici.

Il plaça son bras contre le mur, passant par dessus l'épaule de cette femme. Il voulait lui barrer une issue supplémentaire. Elle n'en avait déjà pas beaucoup. Mais il ne voulait pas qu'elle lui file entre les doigts. De toute façon, ça n'arriverait pas. Il savait qu'elle était affilié à Sappho. Esclave ou traîtresse.

Il ne restait plus qu'à savoir si elle allait s'entêter dans son mensonge, en suivant celui de Matthew, si elle allait renchérir, ou si elle allait simplement laisser tomber. Il continuait encore et encore de la fixer, comme s'il s'attendait à pouvoir ainsi voir clair en elle. En cet être dont une aura de mystère émanait.

Il voulait savoir.
Elle ne pouvait pas être là par hasard.

"N'espère pas trop, misérable vermine. Jamais vous ne pourrez vous rebeller."


Que quelqu'un le fasse taire. Le regard de l'homme se durcit. Cette voix allait le rendre fou, à croire que les Démons étaient incapables de se taire.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyVen 4 Mar 2011 - 11:01



Elle se colla un peu plus contre le mur. Il l’encerclait de ses bras. L’empêchant insidieusement de s’enfuir. Ses yeux ne mouchtaient pas, pas une once de sentiments. Il était sûr de lui, droit comme un rocher rebelle au milieu de la mer déchaînée. Il se rapprochait d’elle, comme pour créer un contact physique voire pour l’effrayer. Et ça marchait plutôt bien.

La fée se disait que son coup de tête ne se ferait pas sans conséquences. Comme d’habitude. Elle avait toujours eu le talent certain de s’engluer dans les histoires les plus rocambolesques de la cité. Les démons qui la connaissaient pour fréquenter Saiseï régulièrement, ainsi que la Faux, la traitait de perle indocile, de diamant empoisonné. Un bijou maudit. Sous ses airs d’esclave parfaite, elle était capable du pire. Elle était silencieuse, obéissante, disciplinée, reconnaissante. Mais elle avait ses principes et ne cherchait que la vérité. Elle s’était toujours souvenu du goût narcotique de sa liberté, qu’elle cherchait sans cesse à retrouver. L’espoir la tenaillait encore violemment. Les Elementalistes se battaient depuis toujours avec fierté pour leurs dons. Et même amnésique, Dierebel n’avait pas perdu ce reflexe de survie. Cette fougue propre à sa communauté.

Face à Matthew, qui ne cessait de s’avancer, la fée ne put cacher une expression de profond dégoût.
- Approche-toi encore et je te castre, pensait-elle en serrant les dents.


Il jouait à quoi, là ?


- Je suis également au service de Dame la Faux, et elle m'a ordonné de surveiller cette entrée. S'il y avait eut un quelconque problème, elle m'aurait demandé. Alors je te répète, qui es-tu?


Son regard ne lâchait pas le sien. Et Dierebel le soutenait avec une assurance déconcertante. Elle ne s’avouerait pas vaincue. Elle avait de quoi tenir le démon tranquille quelques minutes encore. Si elle ne le sous-estimait pas, lui, au contraire, se laissait bouffer par l’orgueil d’être maître en ces lieux. Il toisait la fée dont les ailes frémissaient d’énervement sous sa houppelande. Lui, oui, il la pensait petite, impuissante. Une belle merde de raclure élémentaliste, n’est-ce pas ? Rien de tel pour lancer un défi taciturne à la belle qui s’agita les neurones quelques secondes pour le remettre à sa place.
Quelque part, au fond de ses tripes, elle ressentit l’excitation de retrouver ses réflexes de manipulatrice aux yeux de biche. Ses souvenirs étaient sa meilleure armure, sa plus fine lame, la quintessence de ses plus belles bottes.

Oui, Matthew avait bien vu. Les iris de la belle caressèrent le bras qui l’emprisonnait puis papillonnèrent un instant à peine. Un dégoût si vite envolé, était-ce possible ?


- Alors, je te répète : simple contrôle demandé par sa Grandeur.


Sa main blanche, aux doigts délicatement potelés, se posa doucement sur son ventre. Elle le poussa tout doucement, sans brusquerie. Son sourcil droit s’arqua, ses yeux se remplirent de malice. Elle avait quelques points communs avec Sappho, on ne pouvait pas nier.

Sa main remonta le long de son torse, elle bascula la tête sur le côté et se dégagea de sa prison de chair. Et faisant le tour de lui, comme pour le narguer, sa paume resta plaquée sur son thorax. Elle se colla derrière lui pour mieux lui murmurer à l’oreille (bon, certes, il lui fallait se hisser avec effort sur la pointe des pieds) :


- Je ne fais qu’obéir aux ordres. Je ne connais pas plus les raisons que toi. Madame n’est pas bavarde quand elle a une idée en tête, tu devrais le savoir.


Elle lâcha prise et s’écarta de lui. Oui, elle avait le cœur encore battant et elle savait que ce jeu de rôles pouvait mal tourner à tout instant. Ses doigts la picotèrent, comme si son pouvoir avait été en contact avec un autre, frère. Mais elle ne le nota pas. Ignorant les signaux, concentrée sur les actions.



D’ailleurs, saurait-elle se servir de son élément ? Voilà six mois qu’il dormait, enfoui en elle, dans le pêle-mêle endormi de ses souvenirs.

Flûte, elle n’avait pas pensé à ça…
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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyVen 4 Mar 2011 - 19:47


Le comportement de la femme changea du tout au tout. De la haine, elle passa à une attitude... Doucereuse, séduisante. Elle posa sa main sur le ventre de Matthew, qui respira profondément en déglutissant, ses muscles se contractant sous la chaleur de la main. Le contact était doux. Trop, sans doute, par rapport au début de l'échange. Ce changement d'attitude ne lui plaisait pas. Mais étrangement, il se laissa faire. Pourtant, il ne devrait pas. Mais cette soudaine douceur, outre son côté agréable, restait surprenante, et il ne pouvait alors que se laisser faire doucement, jouant le jeu de la Fée. Un jeu qui pouvait aller loin.

Elle ne faisait qu'obéir aux ordres... Sauf que... Un petit détail avait échappé à Matthew, emporté dans sa réflexion. Sappho était actuellement absente. La main remontant sur son torse, elle se dégagea, tandis qu'il se laissait faire. Maintenant, il avait l'élément qu'il lui manqué pour prouver qu'elle mentait. Et si elle s'obstinait... Il retint son souffle en la sentant se coller à lui, dans son dos, ainsi que le souffle contre son oreille.

Entre son réveil qui restait récent, et sa paranoïa légère dû au manque de sommeil, il n'avait guère pris le temps de se détendre. Et il n'avait connu quasiment aucun contact avec une femme depuis... un moment. Mais il devait garder la tête froide. Sortir de cette pente glissante sur laquelle il risquait de s'engager à poursuivre ainsi. Alors il devait conclure rapidement. Non, pas de cette façon, allons... Il avait pu voir que malgré son mensonge, elle ne semblait pas prête à quitter la domination des Démons. C'était tout ce qu'il voulait savoir. Mais en même temps, si elle montrait tant de culot à mentir ouvertement et aller jusqu'à provoquer celui qui à ses yeux devrait être un ennemi...


"N'espère pas trop, elle est aussi soumise que toutes ces raclures d'Elémentalistes. Elle n'a pas l'air de se contrôler plus qu'une Succube en chaleur, c'est tellement misérable."

Matthew ignora N'Jriel en fermant les yeux un instant. Il se retourna vers elle lorsqu'elle lâcha prise, quelques instants après à vrai dire. Sa façon d'agir restait sensuelle, mystérieuse, propre aux Fées. Il allait jouer son jeu, juste un moment.

"Kufufufufu, apparemment, tu n'es pas mieux."

L'Elémentaliste s'abstint de parler à voix haute pour le faire taire et serra la mâchoire un instant, avant de prendre une attitude plus arrogante encore, à son tour. Son visage jusqu'à présent impassible laissa apparaître un petit sourire en coin. Très léger, il le laissa à peine perceptible, juste assez pour que la femme puisse l'interprêter. Arrogance, signe de victoire... Difficile à dire, quelque chose comme ça.


-Sais-tu...

Il fit en sorte de conserver une proximité assez intime, pour qu'il puisse chuchotter ces paroles. Il avança sa main vers le visage de l'Elémentaliste et lui caressa la joue, remettant au passage une mèche de cheveux derrière son oreille. Il la fixait, ne prenant pas garde à ce qui l'entourait, mais restant tout de même prudent.

-... que Dame sa Faux est absente de la cité?

Les rumeurs à se sujet couraient déjà. Partie en campagne de guerre, morte dans un duel avec un autre Démon, capturée par les Elémentalistes... Les rumeurs étaient nombreuses. Et finalement elles lui seraient utiles. Peut-être devrait-il passer à une autre méthode. Il laissa sa main glisser jusqu'à l'épaule de la femme qu'il tint, sans forcément trop serrer mais pour ne pas la laisser s'éloigner.
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Bon, bien entendu, ce détail avait échappé à la fée. Elle avait entendu la rumeur, mais comme personne ne l’informait jamais de rien, elle n’avait pas pensé une seule seconde à tenir compte de cet élément. Ses yeux se froncèrent, contrariée. Si elle ne parlait que peu, sa gestuelle était un véritable langage.
Sappho avait donc bel et bien disparu. Mince. Elle rêvait pour elle d’une mort lente et douloureuse, et sûrement elle était en train de la vivre. Mais elle était prise de court. Aujourd’hui, la fée jouait principalement de son sceau comme passe-murailles. La bague dissuadait la plus grande partie des démons de lui chercher des ennuis. Tout le monde avait plus ou moins entendu parler d’elle. Il fallait dire qu’elle avait fait une entrée plutôt fracassante dans le clan. C’était la seule élémentaliste, assez jolie et folle, pour avoir osé répondre en publique à la grande dame. Et ne pas avoir été liquidée sur le champ. Cette réputation insignifiante pourtant, l’avait déjà sorti de plusieurs galères et lui donnait accès à des endroits auxquels seul Saisei n’aurait pu lui offrir. Et puis la Faux ne la surveillait pas, elle avait d’autres chats à fouetter. Elle se contentait d’exhiber sa beauté fragile comme un trésor de plus parmi sa collection de larbins.
Oui, sa disparition la mettait dans le pétrin.


Mais Dierebel était manipulatrice à souhait. Et elle savait réfléchir rapidement lorsque sa vie était en danger. Il suffisait de retourner la situation à son avantage. Elle dressa alors rapidement le bilan : Sappho s’était volatilisée depuis un moment, un détail précis qu’elle n’avait pas en sa possession, elle s’était fait passée comme missionnée de sa part. Il fallait donc que la discussion remonte à un certain temps. Assez large pour prouver que la succube diabolique était encore sur place. Mais alors pourquoi ne réaliser la mission que ce soir ? C’était une nuit comme les autres. La fée en avait conscience, rien n’expliquait une mission à accomplir précisément ce jour-là, surtout si la Faux n’avait pas donné signe de vie. Il fallait donc que se soit une besogne quotidienne !!! Bien sûr !
Les ridules d’agacement s’effacèrent de son front. De toute manière, il flanchait en sa direction, rapprochant le contact. C’était presque gagné pour elle. A moins que l’inconnu ait une autre corde à son arc…



- Mais qui te dis qu’elle m’a donné cette mission il y a quelques heures ? Je viens ici tous les soirs depuis de longs mois, rétorqua-t-elle avec aplomb. Et… Et…



Quelque chose la perturba. Elle gigota sur elle-même. Elle retira brusquement la main du démon de son épaule. Précipitamment elle sortit de son décolté (nonnesque) un médaillon enveloppé d’une faible lumière bleutée. Elle souffla d’un soulagement qui dilata ses pupilles à l’extrême. Elle le fixa tandis que la lumière disparu doucement dans l’ombre de sa paume. Le médaillon était une sorte de cristal translucide sculpté en larme. Chaque facette reflétait une lumière vive qui n’existait pas.
Elle releva la tête en direction de Matthew, interrogative. La seule personne avec qui le médaillon se mettait à brûler, c’était avec Saisei. Et son maître était, ce qu’on pouvait appeler, possédé.


La conclusion de Dierebel se fit assez rapidement. La personne qu’elle avait devant elle était un corps habité par un autre. Ca ne pouvait être que ça. Et pour le coup, ça la rendait plutôt nerveuse. Les démons capables de possession étaient sans doute les plus imprévisibles et les plus redoutables. Une moue ennuyée tordit ses lèvres. A qui parlait-elle vraiment ? Un démon ? Un démon au travers d’un corps ? Un démon qui n’avait pas conscience de qui il était ? Pire… Un élémentaliste sous le joug d’un fantôme ?
La fée haïssait Isaac. Il était pervers, vulgaire, dominateur, autoritaire. Saisei n’avait d’autre solution que de répondre à ses désirs, le rendant parfois farouchement lunatique et agressif. A quoi pouvait-elle s’attendre, là, dans cette ruelle sombre, à deux pas d’une horde de sentinelles ?

Mais pourquoi, oui, pourquoi, elle mettait toujours le nez dans ce genre de situations ? Elle grinça des dents et baissa les yeux vers le sol en laissant glisser son précieux bijou contre sa poitrine.



- Je dois y aller, marmonna-t-elle en prenant pas la peine de croiser à nouveau son regard.
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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyVen 4 Mar 2011 - 21:35


Matthew l'écouta poursuivre, semblant réfléchir à toute vitesse. Si dans son langage rien ne semblait vraiment la perturber, l'activité au niveau de son visage était incroyable. C'était particulièrement intéressant. En fait, ça l'était même bien plus que ce qu'elle disait. Et ce malgré l'obstination dans ce qu'elle affirmait. Alors qu'elle devait pertinemment savoir que Matthew avait compris depuis un moment qu'elle mentait. Il fallait toujours se méfier et se tenir au courant quand on voulait pouvoir mentir de façon plausible. Pourtant elle faisait preuve d'un aplomb extraordinaire.

"Kufufufufu... Elle est obstinée, la petite catin."
-Oui, il n'y a rien à surveiller.


Il avait répondu machinalement, et le regretta immédiatement après, s'empêchant de se mordre les lèvres. Bon, ça allait presque dans la continuité de la conversation, ça passerait. Ca serait passé si la Fée n'avait pas été obnubilée soudainement par autre chose. Un pendentif qu'elle sortit précipitamment. Il en émanait une lueur étrange. Elle avait juste avant de faire ça repoussé la main de Matthew de son épaule. Son attitude changea radicalement. Elle se referma sur elle, semblant bien plus crispée d'un seul coup, et Matthew fronça les sourcils. Les paroles qu'elle prononça le laissa perplexe un instant. Comment ça elle partait? Non, ça allait pas être possible là. La situation était bien trop étrange, trop hasardeuse, pour qu'il la laisse partir comme ça.

"Ce n'est pas plutôt la perspective de pouvoir tirer ton coup en train de se carapater qui t'ennuie?"

... Matthew prit une grande inspiration. Bon sang, mais ce Démon ne pouvait pas se la fermer cinq secondes? Non, il devait toujours débiter ses bêtises. Matthew décida de la retenir, tentant de garder un fil de pensée cohérent. Il ne la laisserait pas partir, disait-il donc. Il sentait qu'elle avait du potentiel, il en était persuadé. Elle en avait dans la tête et dans les tripes. Alors peut-être que...


-Attends!

Matthew avait un peu haussé la voix, et avait parlé un peu rudement. La femme se mit à courir. Merveilleux, maintenant elle le fuyait! Ca allait être simple tient.

"Kufufufufu. Apparemment non, elle n'attend pas! Kufufufufu."

N'Jriel se moquait ouvertement de Matthew, qui préféra l'ignorer. Il allait devoir agir. Accompagnant par le geste, il mit sa main en avant dans un geste vif, la faisant remonter. Dans un même temps, un mur de glace à la couleur violacée avec quelques lueurs noires apparut devant la fuyarde, faisant environ sa taille pour ne pas trop attirer l'attention et faisant une bonne largeur. La stoppant dans sa course, il profita de l'arrêt brusque de la Fée pour faire j'aillir du mur des excroissances en glace qui emprisonnèrent la taille de la Fée.

Matthew la rejoignit. Il espérait que ça n'attirerai pas l'attention. Qu'il ait le temps nécessaire pour qu'elle accepte de le suivre dans un coin plus tranquille, ou personne ne les espionnerait ni ne les verrait. Il arriva bien vite à sa hauteur. Il résorba une partie du mur, le faisant fondre, laissant juste assez de surface pour qu'il reste bien solide, au cas où elle décide d'utiliser son pouvoir. En supposant qu'elle le puisse. Il la fixa à nouveau dans les yeux et l'attrapa par les épaules.


-Tu hais les Démons, n'est-ce pas?
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyVen 4 Mar 2011 - 22:38





Oui, bon, d’accord. Elle avait peut-être accéléré un peu vite… Couru ? Augmenté la cadence, aurait-elle dit. Fuit ? Augmenté la cadence, aurait-elle répété.
Non, ce n’était pas la bonne solution. Mais comme il s’en doutait, elle comprenait qu’il avait lu dans ses pensées la jolie toile de ses mensonges. Elle était de plus en plus en danger. A peine son plan machiavélique dressé contre les démons. Et elle ne voulait pas mourir avant de leur avoir donné un minimum de fil à retordre. Et puis le médaillon, c’était le genre de mystère qui insupportait. Elle le savait pertinemment, mais elle ne pouvait pas plus en dire sans s’exposer d’avantage. Il valait mieux s’éloigner. Au galop, s’il vous plaît.


Son ruban abandonna ses cheveux, encore humides de sa toilette, aux premiers pas de courses, libérant une cascade couleur nuit sur ses épaules. Puis elle glissa. Le sol était gelé ? Elle fut propulsée la tête la première dans un muret. Son cri fut étouffé par deux pinces glaciales qui lui coupèrent la respiration, se refermant abruptement sur son thorax. Choquée, perturbée, elle couina en cherchant à se débattre de sa prison. Ca l’étranglait. Elle pouvait à peine respirer. Il fallait qu’elle se calme, qu’elle réfléchisse… Il s’approchait.

* Réfléchis, Die, réfléchis ! Il y a forcément une solution ! *

Ce type était un aqua. Un élémentaliste. Elle avait sa réponse. Il était donc bel et bien un possédé. Jamais son bijou ne se serait rebellé contre une main amie. Mais qui avait-elle en face ? Un fidèle serviteur de la Glorieuse ou un ténébreux sous-fifre de la Sombre ?

* Faire fondre la glace… La briser… Lui envoyer mon pied dans les valseuses s’il fait encore un pas vers moi… *

Il se pencha au-dessus de son visage. Elle était écœurée. Son souffle trop court et trop rapide lui faisait tourner la tête. L’humidité sur ses mèches brunes dessinait des cristaux délicats qui s’entremêlaient à la fumée blanche qui s’échappait d’entre ses lèvres. Elle se renfrogna, comme si elle avait peur du moindre contact avec lui.
Mais il l’attrapa avec brusquerie par les épaules, tandis que le mur de glace qui s’évaporait, lui, inondait ses bottines. Elle tourna son faciès pour éviter de le regarder dans les yeux. Avec un dédain marqué.

Elle eut des fourmis dans les mains, ses dents claquèrent. Rien de plus.


- Tu hais les Démons, n'est-ce pas ? Demanda-t-il avec ce qui lui semblait être de la hargne.


Elle lui fit face dans un mouvement de tête rapide. Elle lui cracha au visage. A son cou, le cristal scintillait de nouveau. Ses poings se fermèrent. Et il commençait peut-être à peine à sentir ce léger frottement sur son pantalon.


- Nous n’en sommes pas encore aux confidences, chéri ! Pourtant, j’ai un conseil à te donner…


Ses mèches se plaquaient en fourches sauvages sur le creux de ses pommettes. Et Matthew pouvait désormais sentir très nettement quelque chose caresser ses hanches. C’était lourd, rugueux.


- Baisse les yeux…




Oh, le joli bouquet de ronces sauvages entrelacées autour des jambes ! Admirez tant qu’il est temps. D’un coup d’un seul, le voilà refermé avec une violence inouïe sur la toile du pantalon.


- Chat perché ! s’exclame-t-elle au moment ou la glace lâche prise.


Sans prévenir, elle prend appui sur le sol humide pour s'échapper. Il a vu son visage, mais elle n'a pas le choix. Traître ou ennemi ? Tant qu'elle n'est pas fixée, il vaut mieux se mettre à l'abri. Dierebel prend ses jambes à son cou et se précipite dans le dédale des rues sombres.
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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptySam 5 Mar 2011 - 0:14


Matthew ne s'attendait pas vraiment à une bonne réaction de la part de la Fée à vrai dire. Ce qui était logique, étant donné son comportement pour le moins brusque. L'avoir emprisonné n'était pas forcément la chose la plus intelligente qu'il ai fait, mais en même temps, c'était elle qui avait commencé à fuir. Bon, d'accord, c'était un peu gamin de dire ça. Néanmoins, lorsqu'elle lui cracha au visage, il se douta qu'il aurait sans doute agir différemment. Et son statut de Démon ne jouait sans doute pas en sa faveur. Il ne se formalisa pas, fermant les yeux en pinçant les lèvres et baissant la tête.

N'Jriel se délectait de tout ça, pendant que Matthew regardait à nouveau l'Elémentaliste en s'essuyant le visage d'un geste rapide du bras. Bon... D'accord, il faudrait opter pour une autre stratégie, c'était clair. Mais avec cette fille, il ne savait pas trop à quoi s'attendre à vrai dire. Il suffisait pour le deviner d'écouter ses paroles. Matthew était tellement concentré sur la fille qu'il ne fit pas attention à lui-même.

"Kufufufufu, tu vas te faire avoir comme un bleu."

Avant même que Matthew ait pu interprêter le sens de ses paroles, l'esclave lui indiqua ce qu'il se passait. Et ça ne plaisait pas à l'homme. Tel est pris qui croyait prendre, comme on le dit si bien. Aussi, lorsqu'il baissa les yeux, il retint un juron. N'Jriel signala qu'il l'avait bien dit, tandis que la captive se faisait la malle, encore. Matthew eut le promier réflexe -idiot- de vouloir lui courir après et faillit perdre l'équilibre, battant des bras dans le vide pour le retrouver. Une fois stable, il absorba l'eau contenu dans les ronces dont les épines avaient pu laisser quelques traces sur lui, et il la poursuivit en courant. Mais avec l'avance qu'elle avait... Elle s'engagea dans une ruelle, et Matthew en entrant après elle la perdit de vue. Il jura, ne la voyant nul part. Il s'arrêta.


"Kufufufufufu. Que vas-tu faire, Elémentaliste de pacotille?"
-Je n'ai pas le choix.


De la brume commença à apparaître autour de lui. C'était l'élément de son pouvoir qui avait le moins subit d'altération. Pas de changemen t de couleur, et bien qu'il avait une puissance bien moins efficace qu'avant, il en gardait une grande maîtrise. Le brouillard se répendait, fine gouttelette d'eau allant au gré des rues serpentant. Les chapes blanches se déplaçaient vites. Matthew propulsait sa conscience à travers elle, pour pouvoir sentir ce qu'elles touchaient. Ici un chat maigrichon, ici des rats, et ici une Fée. Il laissa la brume de répandre encore, puis une fois ayant assez d'avance, il l'arrêta net et fit naître là où elle s'arrêtait de hauts murs de glaces, faisant la largeur des ruelles. S'étant étendu de façon circulaire, tout dans un certain périmètre était fermé. L'Aqua épaissit encore la brume, puis une fois ceci fait, il hocha la tête. Il la sentait encore qui tentait de fuir...

Tant qu'il sentait qu'elle était là, c'était bon, mais sans doute ne tarderait-elle pas à tenter de quitter les lieux par les toits. Alors Matthew allait devoir faire vite. Mais il ne pouvait pas vraiment se le permettre, car c'était particulièrement dangereux. Il se concentra fortement, et commença à disparaître dans la brume, devenant à son tour de fines particules d'eaux en suspension. Il se glissa parmis elles, pour pouvoir parvenir quelques instants plus tard au niveau de la Fée. Il concentra son pouvoir pour reprendre sa forme, exercice difficile lorsqu'on se retrouve éparpillé sous forme de goutte. Il fallait savoir conserver son entièreté. Posséder un souvenir précis de ce qu'on était et est toujours. Mais aussi difficile était cet exercice, avec la brume, Matt s'en sortait toujours.

Il réaparut ainsi aux côté de la femme.

"Pas mal... Un peu facile quand même N'importe qui aurait pu le faire."


Mais le Démon semblait quand même contrarier, ce qui fit sourire Matthew. Parfait... Il pouvait le faire, la convaincre de sa bonne foi, et qu'une collaboration serait bénéfique pour eux-deux. Une fois réaparut, à bonne distance pour éviter les coups, il leva les mains en signe de paix.


-Ecoute... Comment dire?

Matthew ne savait pas ce qu'il pouvait se permettre de dire, et ce qu'il devait taire. Alors il allait déjà voir si elle décidait que le frapper serait une bonne solution ou pas. La brume commençait à se désépaissir un peu. Mais se montrer moins violent pourrait être bénéfique, même s'il ne l'avait pas trop (bon, un peu quand même) été jusqu'à présent. Il était toujours délicat d'instaurer une relation de confiance entre deux personnes à Elament la Sombre. Et sans doute était-ce un euphémisme de dire ça.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptySam 5 Mar 2011 - 8:05



Il l’avait perdue de vue, c’était certain. Elle ne le voyait plus derrière lui et n’entendait plus le bruit de ses pas. Elle s’arrêta pour reprendre son souffle. L’air qu’elle inspira était gorgé d’humidité. Il était un peu tôt, non, pour que le brouillard ne se lève ? De toute manière, la cité avait tellement changée que cela ne l’étonnait pas vraiment que le temps soit capricieux. Elle enleva ses bottes et les renversa au-dessus du caniveau, pour vider l’eau glaciale qui annihilait toute sensation sur ses pieds.
La brume se condensait de plus en plus. Trop rapidement. Elle releva la tête, guettant le moindre changement trop brusque, le souffle court.

Mais une chose la rassura plus que tout. Elle arrivait encore à se servir de son pouvoir. Bon, ces petites ronces étaient bien faibles, malhabiles. Mais elle y arrivait, et ça n’avait pas de prix. Malgré cette lourdeur dans les bras qu’elle avait ressentis. Il lui fallait un peu d’entraînement. Visiblement, Matthew en avait. Pire encore, c’était peut-être le démon qui le possédait qui arrivait à son insu à se servir de ses pouvoirs. Si ces fils de chacals pouvaient le faire, ça risquait de sentir mauvais pour les élémentalistes encore vivants.

Soudain, elle se rendit compte d’un détail. Le brouillard ne nappait pas la cité. Il enveloppait mystérieusement la rue seule ou Dierebel se trouvait. Elle se redressa brusquement. Bon sang, elle avait toujours détesté le pouvoir aqua. D’abord parce qu’elle ne savait pas nager, et que la panique lui coupait toute réflexion pendant les combats. Mais aussi parce que, native d’un pays tropical, la glace et le froid étaient de véritables inepties de la nature pour elle. Elle haïssait ce pouvoir car elle avait toujours eu du mal à se trouver dominante face à leurs possesseurs.
Inquiète, elle se remit en route. Mais au bout de la rue, un grand mur de glace s’était formé. Elle se retourna. Un autre mur. Un piège ! Elle déglutit pour ravaler la panique et les tambourinements trop violents de son cœur.
* Calme, calme, il faut que je me concentre pour monter sur les toits. Glycine ? Non, trop voyant, trop parfumé, ça laisserait des traces. Juste un arbre sous mes pieds, et hop ! Je décolle… Concentre-toi Die… *

Elle ferma les yeux en levant ses paumes au-dessus du sol. Ses pieds désormais nus ressentaient désormais mieux les ondes de sa mère la nature. Elle commença à faire abstraction de ce qui l’entourait, ses bras la tiraient.

-Ecoute... Comment dire?

Elle rouvrit les yeux et fit un pas en arrière. Il ne pouvait pas la laisser tranquille ? Que voulait-il d’elle ? Il avait vu son visage, son pouvoir. Il avait tous les éléments pour la retrouver de jour. En plus, il aurait eu le privilège de l’amener au pied de Khisath pour lui offrir distraction. Désobéissante fée.
Les mains levées vers le ciel, il faisait mine de venir en paix, de vouloir parler. Alors pourquoi la garder prisonnière ? Et il pensait qu’elle allait se laisser faire ?

Elle dégagea violemment la houppelande de ses épaules. Deux ailes*, longues, aux pointes semblables à de longs filaments, s’érigèrent dans son dos. Une armure, un bouclier, une parade, censé le dissuader de s’approcher. Elles étaient presque aussi grandes qu’elle, une fois ouverte sur l’espace de son dos. Elles naissaient ambrées, mais leurs pointes se faisaient tout à coup noires. Avait-elle été possédée elle aussi ? Les fées avec des ailes noires, c’était trop rare pour être vrai. Les filaments dansaient sur le clair de lune, scintillant d’un éclat suspicieux. Matthew avait-il entendu dire que les ailes de fées étaient d’efficaces sabres ?
Ses yeux se remplirent de noir, faisant disparaître les pupilles grises qui les emprisonnaient. Dierebel était bien plus forte au corps à corps. Elle n’attendait qu’une chose, qu’il s’approche encore un peu :

- Laisse-moi ! lui ordonna t-elle en ponctuant sa phrase d’un frémissement d’ailes. Tu n’auras rien de moi !




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Matthew Sombrelune
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Elle eut un mouvement de recul, ce qui était tout à fait normal. Elle découvrit ses ailes, et Matthew déglutit. Elle étaient magnifiques. Il avait déjà eut l'occasion d'en voir à plusieurs reprises, mais jamais de cette couleur là au bout. Du noir. Ca aurait presque pu le faire rire, de façon ironique. Enfin. Pour le moment, il préférait rester sérieux, bien que la situation commençait à se montrer répétitive, et presque grotesque dans cette répétition. C'était juste stupide. Mais c'était la situation qui s'était créée. Une sorte de jeu du chat et de la souris.

La Lune observait la scène, envoyant ses rayons qui s'accrochaient dans les filaments des ailes, accrochaient les goûtes d'eau, rendant un éclairage bleuté et étrange. Le changement d'attitude de la Fée se voyait. Elle était aggressive maintenant. Matthew savait que dans ces ruelles, on ne les dérangerait pas. Pas immédiatement. Il fit naître à nouveau de la glace, sur les murs les entourant. Personne ne devait entendre ce qu'il se dirait. Les vitres étaient recouvertes d'une épaisse couche, les murs en connaissait une plus fine, qui montait lentement, en même temps que le brouillard disparaissait, Matthew réutilisant l'eau de celui-ci pour commencer à former une voûte au dessus d'eux.

"Et tu veux qu'elle te fasse confiance? Kufufufufu, même moi je n'agirais pas aussi stupidement."

A nouveau, il ignora N'Jriel. Ce n'était pas le moment de parler tout seul. Elle ne lui donnerait rien, hein? Mais il ne voulait rien. Sauf qu'elle entende ce qu'il avait à dire. Qu'elle le prenne ou non. Qu'elle l'accepte ou non, elle la laisserait partir dans tous les cas, en échange de son silence. Car de toute façon, même si elle parlait, qui croirait-on? Celui que tout le monde croit possédé, ou elle, dont l'insolence surpasse l'entendement.


-Tu es une Elémentaliste...
"Kufufufufu, bravo, elle va pouvoir admirer ton sens de l'observation maintenant."
-... et j'en suis un également. Alors...


Il laissa ses bras retomber le long de son corps, et malgré les ailes déployées de la Fée, ailes qu'il savait pouvoir être dangereuses, il s'avança d'un pas, bravant la méfiance de cette fille. Il la fixait, se fichant du reste. Il était quasiment certain que rien ne lui arriverait dans cette instant. Il le sentait. Ce n'était pas son heure, pas ce soir.

-Il est temps que nous agissions aussi.

Agir. Un bien petit mot pour de grandes choses. Matthew voyait déjà ça qui s'organiser. Regrouper les Elémentalistes prêt à se battre dans la cité, à risquer leur vie en commençant à s'organiser petit à petit, pour s'entraîner, et attendre le moment propice pour agir. Le jour où ils pourront se libérer des Démons. Les renverser, retrouver le pouvoir sur la cité.

-Toi qui tient tant à fuir, es-tu prête à te battre, non pas seulement pour toi, mais pour tous?

Cette scène devait être étrange, vu de l'extérieur. C'était étrange en fait, presque surnaturel. Comment allait réagir la Fée? Peut-être penserait-elle qu'il s'agit d'un piège. Peut-être était-elle finalement fidèle aux Démons. Peut-être... Mais la petite chance qu'elle fasse partie de ceux prêt à se battre pour la liberté était là, et Matthew ne voulait pas la laisser filer.

"N'espère pas trop, elle ne va t'attirer que des ennuis."

-Je suis prêt à prendre ce risque.


Il disait ça à la fois pour N'Jriel, mais aussi dans la continuité de son discours. Le temps semblait s'être arrêté sur le coup. Il n'y avait pas un bruit en dehors d'eux, rien que la nuit silencieuse et sombre, et les paroles du possédé.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptySam 5 Mar 2011 - 20:00



Dierebel recula encore d’un pas. Son visage était crispé d’un mélange de colère et d’incompréhension, et dans ses yeux engloutis par le noir, la profondeur des ténèbres buvait le regard de Matthew. Il l’emprisonna sous la glace, son menton suivit le tracé des runes élémentaires dessiner une arche de cristal autour d’eux. La Lune, capricieuse, perçait ce voile magique, pointant le sol d’une multitude de fuseaux lumineux. Il cherchait à la prendre au piège. A contrario de la fée, il avait de l’entraînement. Et une assurance inébranlable en lui.

Peut-être N’Jriel avait-il raison, et son propriétaire aurait du l’écouter un peu plus. Dierebel se sentait étouffée sous cette bulle de verre. Comment pouvait-elle faire confiance en quelqu’un qui l’empêchait de s’enfuir pour la forcer à entendre ce discours ? Ce qu’elle pensa immédiatement, c’est que Matthew était un démon pervers. Il se faisait passer pour un élémentaliste afin de faire avouer à ceux qui en aurait eu la niaiserie, le peu d’espoir qui leur restait en la Glorieuse. Il voulait qu’elle confesse son désir d’unir ses forces aux siens pour dresser à nouveau le blason d’Elament au sommet des tours. Il se faisait miel et crème à la fois, pour tromper l’ennemi et mieux le reconnaître.
Mais elle n’ignorait pas les risques d’une telle révélation. Elle n’avait aucun moyen de savoir s’il était honnête avec elle, et son intuition était faussée par la peur. Dierebel commença à décrire un cercle autour de lui, ses ailes toujours fièrement dressées. Ses muscles étaient tendus, prêts à la moindre attaque. Elle le jaugea, assez longtemps pour l’inquiéter. Et puis…

Progressivement, elle se figea. Le noir dans ses yeux diminua lentement vers sa pupille, découvrant à nouveau son iris grise comme l’argent. Ses ailes battirent dans le vide et se recroquevillèrent dans son dos, dans un bruissement de papier presque insaisissable. Elle était face à lui, pas très grande, toute la force de son caractère appuyée sur la pointe de ses pommettes.

- Sais-tu, misérable, à qui tu oses proposer ce pacte ? lança-t-elle.

L’écho de sa voix résonna.

- As-tu seulement pensé à deux fois avant de me demander bêtement si j’étais de la résistance ?

Elle pivota sur elle-même et frappa de son poing le mur qui la séparait de sa fuite. Elle tourna juste la tête vers lui, ses doigts encore fermement serrés contre la paroi de glace.

- Qui me dit que tu es un de ceux qui se battent pour Elament et contre la Sombre ? Qu’est-ce qui me prouve que tu es bien ce que tu sous-entends être ?...


Elle se retourna face à lui et s’avança d’un pas menaçant, pour le forcer à reculer.

- …Si tu es un chien d’élémentaliste, un sous homme, un pion de la Sombre, une ignominie sans nom ?

Elle était à quelques centimètres de lui à peine, et continuait à charger. Ses ailes s’ouvrirent à l’horizontale. Elle plaqua ses mains sur ses épaules pour l’obliger à reculer jusqu’à ce qu’il se heurte à sa création. Son collier s’illumina, nappant l’interstice entre ses bras d’un halo bleuté.

- Quelque chose me dit que toute la vérité n’est pas là.

Elle glissa sa main sur le cristal étrange et le leva à hauteur de son visage, frôlant doucement sa joue avec une facette du bijou. Et ça, N’Jriel n’allait pas aimer, pas aimer du tout.

- Et pourquoi haïrais-je les démons ?

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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptySam 5 Mar 2011 - 20:56

Un silence s'installa, pendant lequel elle le jaugea. S'était-il donc trompé? Etait-elle une farouche partisane des Démons? Ce qu'elle commença à dire pouvait en effet le laisser penser. Encore un changement d'état pour la belle. Décidément... A croire qu'elle faisait du dédoublement de personnalité! Et pas que du dédoublement d'ailleurs. Sa voix résonna dans la ruelle où les sons étaient désormais totalement enfermés. Personne ne pouvait les entendre. Pas même quelqu'un ayant une ouïe particulièrement fine. Et oui, il y avait pensé à tout ça. Si elle n'était pas une des leurs, si elle était une traitresse. Il y avait pensé.

"Kufufufufu, pas assez, apparemment."


La remarque moqueuse de N'Jriel jeta un doute dans l'esprit de Matthew. Mais il y fit barrage rapidement. Il ne devait pas le laisser s'y glisser. Sa détermination devait rester inchangée. Il était un Elémentaliste, et si elle en était une aussi, alors elle devait se battre pour la Glorieuse. Mais c'était trop simple, cette vision des choses, trop faux. Mais malgré sa marge d'erreur, l'Aqua préférait y croire dans ce cas là.

Il recula lorsqu'elle avança vers lui avec détermination, menaçante. Pourtant, dans la situation actuelle, il avait clairement le dessus sur elle. Enfin, c'est ce qu'il pensait jusqu'à présent, sous le rire de N'Jriel qui se régalait du spectacle. Voir l'Elémentaliste être malmené était parfait pour lui. Vraiment. Et même lorsqu'il ne recula plus, elle le poussa sans ménagement. C'était drôle de se voir pris ainsi à son propre piège, face à la colère de cette Fée lunatique.

A son contact, le collier attaché au cou de la femme s'illumina, nappant la scène d'un bleu magique. Pas toute la vérité? Non, peut-être pas, mais c'était tout ce qu'elle avait besoin de savoir. Le regard de Matthew se concentra sur le bijou, et au fond de lui, il sentit N'Jriel qui s'agitait, pestant et... soufflant contre la fille. Ou plutôt le colier. Il le fixa.

"Méfie-toi d'elle Matthew, elle va te tuer, elle est dangereuse! Eloigne-toi en!"


Pourquoi devrait-il la craindre seulement maintenant? Et pourquoi se montrait-il se prévenant tout d'un coup? Il continuait de s'agiter ainsi, semblant tenter de fuir la lumière bleue de l'objet. Mais Matthew préféra d'abord s'occuper des mots de la Fée. Ce n'était pas le moment de s'occuper de l'autre idiot qui n'arrêtait pas de piailler dans l'esprit de Matthew. Même si parfois, il pouvait offrir des conseils intéressant.


-Pourquoi les haïr? Parce qu'ils ont pris notre Cité, celle qui parfois était notre seule maison, ils ont tués nos familles, les ont réduits à l'esclavage, ils ont assassinés nos amis. Et ils vont continuer encore de le faire ailleurs, maintenant que nous ne sommes plus là pour les en empêcher.

Il la fixa, ayant énoncé ces vérités avec un peu moins de calme que ce qu'il aurait voulu. Mais tant pis. Et puis, il avait oublié le dernier point qui lui faisait penser qu'elle les haïssait.


-Et puis ta première réaction en me voyant à été de me haïr. Et même si je ne suis pas un Démon, tu penses que je suis des leurs, n'est-ce pas?

Matthew étaient encore plus tendu qu'un arc sur le point d'être relâché. Il ne savait pas sur quel pied danser avec cette femme. Qui était-elle vraiment? N'Jriel semblait s'énerver de plus en plus, oscillant entre rage et nervosité tandis que la lumière bleue continuait d'étinceler. Mais pour le moment il restait calme. Pour le moment... Un moment qui ne dura pas trop, car il tenta de faire rompre le mur qui l'enfermait quelque part, provoquant une douleur cranienne chez Matthew. Apparemment, il voulait voir disparaître ce bijou. Il finit tout de même par se calmer. Un peu. Mais Matt se tenait un peu voûté pour le coup.

-Et tu n'aurais pas ça en ta possession aussi.

Il pointa du doigt le bijou, et passa une main dans ses cheveux. Il ignorait de quoi il s'agissait, mais en tout cas, N'Jriel commençait à sérieusement se replier. Matthew l'entendait à peine maintenant.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptySam 5 Mar 2011 - 22:36

Dierebel lâcha prise. Il avait dit juste, mais cela ne prouvait rien. Son acharnement était digne des plus grands résistants. Cependant, elle se méfiait toujours. Il avait pâli, penché la tête. Elle se recula. Il n’allait quand même pas être malade ? Elle serra le médaillon entre ses doigts en plongeant son regard entre ses facettes. La fée soupira profondément.


Une fois reposé contre sa poitrine, le médaillon s’éteignit. Elle secoua la tête l’air soudainement triste. Oui, elle était lunatique, mais elle ne savait pas quelle position prendre, jamais. Elle laissait parler son cœur à chaque minute et se disait que les autres s’y feraient. Mais cela s’était largement empiré depuis qu’elle fréquentait les démons. Depuis qu’elle avait rencontré Simulacre…

Peu importe…

Elle baissait la garde, visiblement. Ses ailes étaient de nouveau dissimulées entre ses omoplates. Elle le fixa de nouveau. Puis haussa les épaules.


- Les élémentalistes ont mérité ce qui leur arrive.


Elle avait dit ça avec un ton fataliste, empli de cette même colère qui l’habitait depuis de longues minutes. Elle posa sa main contre sa prison de glace. Elle vit défiler sa vie Elament derrière le mur translucide. Les élémentalistes avaient été ses frères, longtemps. Mais ils l’avaient jetée aux démons, livrée aux griffes de Saisei. Certes ce n’était pas le pire des maîtres, elle l’appréciait même. Mais cela ne retirait pas le geste qu’ils avaient eu. Elle les avait tant respecté, elle les avait soutenu, elle s’était battu à leurs côtés, elle avait aimé ces rues, ces fêtes… Ces bagarres dans l’arène, ces amants de minuit, les effluves des brasseries, le goût de l’alcool…

Oui, elle aimait la cité, mais elle avait encore beaucoup de rancœur envers eux. Elle ne comprenait toujours pas leur geste. Ils la détestaient et maintenant il demandait son aide ? Que faire ?

Après tout, se battre pour eux, c’était aussi se battre pour elle. Si cet inconnu disait vrai, s’il voulait vraiment sauver la cité et la prendre aux mains des démons, en agissant de l’intérieur, alors elle retrouverait sa liberté… Mais cela ne se ferait pas en un jour. Et si elle mourrait dans cette quête folle ? Elle périrait peut-être pour rien. Sans avoir goûté de nouveau à sa liberté…


- Mais tu as un plan au moins ?


C’était une belle manière de dire oui, non ?

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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptySam 5 Mar 2011 - 23:14

Lorsqu'elle le lâcha, le médaillon s'éteignit enfin, calmant l'agitation de N'Jriel qui reprit néanmoins sa place. L'Aqua ignorait les propriétés exactes de l'objet, mais il comprenait en tout cas que cela tenait éloigné N'Jriel. Néanmoins, elle ne semblait pas plus convaincu que ça pour le moment. Et ce qu'elle dit ensuite le prouva. Matthew ne comprit pas la phrase de la Fée. Ils avaient mérités ce qui leur été arrivé? Comment ça? Comment pouvait-on mériter de mourir ou de finir esclave d'un Démon? Il fronça les sourcils. Qu'est-ce qu'elle entendait par là? L'étonnement sur le visage de Matthew se voyait assez clairement.

"Que vous êtes des êtres inférieurs qui à force de jouer les dieux se sont écrasés? Kufufufufu."


Non, c'était autre chose. Comme de la colère. Matthew ignorait pourquoi elle ressentait ça envers les Elémentalistes, mais ce n'était pas le moment d'en parler. Peut-être plus tard. Sans doute même. Mais pour le moment, ce n'était pas le sujet. Le sujet, c'était la création d'une résistance au sein de la Cité elle-même. Une Cité qui appuierait probablement cette création, car elle était la mère gardienne des Elémentalistes. Elle les protégeait depuis toujours, et la présence des Démons en son sein ne lui plaisait pas. Et pour preuve, ils avaient besoin de "dompter" la pierre de la cité pour pouvoir y rester.

Elle finit par poser une question. Une question qui fit naître un sourire sur les lèvres de l'homme. Elle demandait s'il avait un plan. Et cette demande n'était pas dite sur un ton de colère particulière, ou avec une voix mielleuse, pas plus qu'avec de la haine au fond des yeux. Elle était dite avec sérieux, acceptation. Voilà, c'était ça.

"Ou alors elle te mène en bateau et te fera couler. Kufufufufu."


Toujours le jeu de mot pour rire N'Jriel hein. Mais il l'ignora superbement, concentré sur la demande de la Fée. Oui, il avait un début d'idée sur quoi faire. Les plans dans sa tête avaient déjà commencés à se dessiner. Des plans parfois fous, parfois justes. Mais chacun d'entre eux avaient leurs potentiels. Et si en étant seul ils n'étaient pas viable, la pensée commune pouvait les rendre faisable, les améliorer. Alors oui, il avait des plans. Une idée d'organisation déjà. Il allait falloir regrouper du monde. Mais commençons par le commencement. Il fallait qu'il lui explique ses projets. Il la contourna pour se placer un peu plus loin, plus au centre de la ruelle, d'où il gardait une vue d'ensemble en plus d'une marge de manoeuvre. Il maintenait la glace, pour les garder isoler. Il avait laissé quelques nappe de brumes à l'extérieur pour servir d'alarme
.

-Bien, j'ai effectivement quelques idées.


Il joua un instant avec sa mèche de cheveux. Comment présenter ça...

-Déjà, il s'agirait de trouver des Elémentalistes dignes de confiance pouvant se joindre à nous. Il faut qu'ils aient assez de liberté de mouvement pour pouvoir faire ça, tout en étant sûr de ne pas vendre la mèche en cas d'examen d'un Démon avec son pouvoir. Pour ça, il doit exister des solutions. Ca reste à voir. Mais il faudra agir en cellule indépendante les unes des autres. Mais se regrouper serait déjà un bon début, non?

Il la regarda. En un sens, on aurait pu voir en lui un homme un peu trop naïf et idéaliste. Pourtant, aussi étrange que cela puisse paraître, mettre ça en place serait possible. Vraiment. Peut-être qu'au début, ça serait assez difficile, mais avec le temps... Le problème serait surtout de faire face aux pouvoirs des Démons, notamment la Corruption. Mais pour le moment, ils ne pouvaient encore rien faire de sûr. Alors il allait falloir trouver quelque chose, des idées, et à deux, c'était toujours plus facile.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 0:12





Elle l’écoutait avec attention. On pouvait dire que la fée le trouvait pour le moins idéaliste. Il fonçait tête baissé et avait un peu trop confiance en ses pouvoirs visiblement. Comme la plupart des élémentalistes. Et à force de se croire invincibles, ils étaient devenus les esclaves de leur propre manège. A vouloir être les plus forts, ils avaient négligé leurs faiblesses. Ils s’étaient laissé distraire et avait dispersé leurs forces dans des tâches inutiles. Ils avaient perdu. Et elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que c’était une leçon dont ils avaient eu grandement besoin. Dont ils avaient encore besoin.
Ce qui insupportait le plus Die, c’était qu’ils se servaient de leur pouvoir comme d’un mouchoir. Sans cesse, en permanence. Par fainéantise de faire autrement, par envie d’impressionner, pour répondre alors qu’ils n’avaient pas les mots, pour tout et pour rien. Ils usaient et abusaient d’un don rare et précieux. Un don à manipuler avec précaution.
Dierebel avait toujours respecté son pouvoir, elle ne l’utilisait pas quotidiennement mais seulement pour faire honneur à ses dieux et défendre ses principes, protéger la cité et les siens. Elle ne comprenait pas qu’il puisse en être autrement. Gaspiller son don pour minimiser l’effort.


- Tu n’as pas peur de trouver une cité corrompue et définitivement perdue à jamais ? demanda-t-elle en pensant qu’elle-même appréciait la plupart des démons qu’elle connaissait et ne leur souhaitait aucun mal.


Peut-être que Die avait du sang démoniaque dans ses veines. Après tout, on l’avait toujours désigné comme ennemie publique numéro un. Certes, la fée avait un caractère redoutable. Orgueilleuse, cynique, vaniteuse. Elle conquérissait le cœur des hommes ? Fille de joie. Elle en profitait pour leur soustraire des sommes d’argent phénoménales ? Cupide. Elle fêtait ses soirées avec un bon tonneau de bière ? Alcoolique.
Elle n’avait cessé de crier toute sa vie qu’on cesse de la juger. Si elle était mise au premier plan toujours, c’est parce qu’elle estimait qu’elle n’avait pas à se cacher. Pourtant, au détour d’aveux de ses amants, elle savait pertinemment qu’elle n’était pas la pire et qu’il existait bien plus détraqué qu’elle. Au sein même de la cité.
Les gens étaient jaloux. Ils voulaient toujours être les plus forts, les plus riches, les plus puissants, les plus aimés. Dierebel demandait juste à avoir le choix. Elle ne vivait que pour la liberté. D’expression, de pensée, du corps, de l’âme, de la nature.

Voilà ce qui avait mené à la perdition des élémentalistes. Leur seul véritable talent était de juger plus que nécessaire sans jamais regarder la vérité en face.


- Le peu d’élementalistes que j’ai trouvé sur ma route sont terrorisés et n’ose même plus prononcer le nom ni de la cité, ni de Ruby, ni même encore de leur élément. Ils préfèrent survivre en se rangeant du côté démoniaque plutôt que de vivre et se battre pour leur dignité. Appelles-tu ça une possibilité de former une armée ? Les élémentalistes prêts à se battre sont une espèce en voie de disparition. Ceux capables de garder le silence une autre.


Elle s’appuya contre le mur de glace, lascivement. Son regard était perdu dans le vide de ses pensées. Ses mains s’agitaient autour de son ventre tandis qu’elle parlait.


- Je pense pouvoir t’aider. Mais je préfère te prévenir, je ne fais pas ça pour les élémentalistes. Et j’ai mes conditions. Je fais ce que je veux quand je veux.


Elle noya son regard dans le sien. Elle détailla son visage, ses expressions. Il était plutôt beau garçon, mais physiquement très jeune. Il avait quelque chose d’immature, de fragile. Et il manquait d’attention, ses yeux se levaient sans cesse, comme s’il entendait ou voyait quelque chose au-dessus de sa tête.

Elle lui tendit la main.

- Dierebel.

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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 1:03

Si Dierebel et N'Jriel avaient pu discuter, sans doute se seraient-ils entendus sur certains points. Mais à l'heure actuelle, ce n'était pas possible qu'ils se parlent. Mais tous les deux avaient néanmoins raison. A force de se prendre pour des êtres supérieurs, les Elémentalistes étaient tombés. Etait-ce ce qui avait causé leur défaite? Peut-être. Mais en tout cas, ce n'était pas aux générations futures d'en payer le prix. Ni même à l'actuelle. Ce qui avait gangréné par le passé dans cette cité, il ne fallait pas que ça puisse se reproduire. Et pour ça, des solutions seraient à envisager. Mais pour le moment, il fallait déjà reprendre le dessus sur les Démons.

Mais en tout cas, la réflexion un peu pessimiste de Dierebel calma directement Matthew. Oui, elle avait raison. La situation passée ne pourrait jamais être retrouvé. Il savait très bien qu'un certain nombre d'Elémentalistes étaient tombés entre les griffes des Démons et s'y étaient fait, que d'autres avaient trahis ouvertement les leurs. Et que par cet état de fait, la vision passé d'une Cité sans Démon était impossible désormais. Et puis même si la Cité elle-même ne les acceptait pas... Peut-être qu'elle finirait par céder à leur présence. Mais ce temps n'était pas encore venu.

"Finalement, outre son médaillon bizarre, j'aime bien cette fille. Kufufufufu. Peut-être réussira-t-elle à te décourager assez pour te faire abandonner? Kufufufufu."


Certes N'Jriel, certes... Mais c'était loin d'être encore assez. C'était vrai. Beaucoup d'Elémentalistes qui par le passé fanfaronnaient s'écrasaient devant les Démons aujourd'hui. Beaucoup ne voulaient pas se battre pour perdre le peu qu'ils possédaient encore. La vie avait un prix, c'était celui de la dignité et du respect. Il laissa cette remarque flotter un temps, le temps qu'elle continue. Ce qu'elle lui dit le fit légèrement sourire. Elle ne faisait pas ça pour les Elémentalistes. Bien, si elle le disait. Du moment qu'elle ne trahissait pas leur cause. Peu importe que les gens se battent pour eux ou pour d'autres, du moment qu'ils cherchaient la liberté et la prise de la Cité, au final, ça lui allait très bien.

Il soutint le regard d'acier de la Fée. Il se laissa détailler. Lui-même avait déjà beaucoup observé la Fée depuis le début de leur rencontre. Et s'il ne savait pas à quoi s'attendre d'elle, il avait tout de même la sensation que sous son apparence fragile, il y avait quelque chose d'autre. Elle lui tendit une main, qui allait probablement sceller un pacte. Par le passé, jamais Matthew n'aurait fait de promesse. Ni ne se serait associer. La confiance, très peu pour lui. Mais là, il n'aurait pas le choix. Il saisit la main qu'on lui tendait et la serra franchement, avec sincérité.


-Matthew.

Il garda sa main dans la sienne un instant. Sinon, ça n'aurait aucune valeur. Pour lui, si le contact était rompu trop vite ou s'il n'était pas franc, c'était qu'il y avait un problème. Il la lâcha finalement. Bien, il était temps de répondre à ce qu'elle avait dit.

-La Cité ne sera plus jamais la même, c'est certain. Mais on ne peut pas non plus laisser un état de domination se créer. Jusqu'à présent, les Elémentalistes servaient de rempart à la conquête du monde par les Démons. Maintenant, il n'y a plus personne pour l'empêcher. Que la Cité soit corrompue ou non, je dois bien avouer que je m'en fiche. Je veux juste que l'équilibre soit rétabli.

Ce qui était vrai. A l'origine, c'était son but premier. Conserver l'équilibre pour servir ses propres intérêt. Mais il l'aimait aussi cette Cité, alors... C'était aussi dans son intérêt de la voir reprendre ses droits.

-Et je n'ai jamais parlé d'une armée. Nous aurions plus besoin de têtes fortes, avec du charisme. Pour que lorsque ceux se trouvant à l'extérieur viendront, nous puissions provoquer un soulèvement. En bref, commencer à nous organiser depuis l'intérieur pour facilité une intervention extérieur.
e
Et si les autres tardaient trop? S'appuyer sur eux, attendre leur venue pourrait prendre des mois, des années. Matthew savait par des informateurs que la lutte dehors faisait rage, et que les Elémentalistes ne semblaient pas vouloir abandonner leur Cité si facilement. Mais ça n'empêchait pas les Démons de progresser dans le Monde. Il allait falloir s'organiser aussi pour rapprocher le jour de la libération.

-Mais aussi dresser des plans pour si jamais nous devions agir de nous-même.
"Kufufufufu, elle est belle la confiance chez vous."


Il la fixa un instant avant de soupirer et d'aller s'assoir sur un perron recouvert par la glace. Ca allait être compliqué. Il faudrait trouver des hommes, les entraîner, créer des stratégies, innombrables. Ils ne pourraient pas non plus faire n'importe quoi pour ne pas s'attirer la haine des Elémentalistes à l'intérieur de la cité, car les représailles pourraient coûter cher. Qui serait prêt à se tremper là-dedans? Seuls les fous, à n'en point douter.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 12:38




Matthew…

Un prénom un peu surprenant. Autant que le garçon qui le portait. Elle ne savait pas de quelle origine il pouvait être, il ressemblait juste à un humanoïde. Cheveux châtains, un peu en bataille, des épaules larges, un pigment de peau qui laissait entrevoir son amour du soleil et de la chaleur. Etrange pour quelqu’un adepte des murs de glace et autres fantaisies aqua. Dierebel se posa la question de savoir si son prénom ne signifiait pas « espoir » ou « porteur de la bonne parole ». Mais le mensonge ne faisait plus parti de ses suspicions. Matthew avait eu ce qu’il désirait, l’entendre dire aller à l’inverse des démons. S’il avait été à la recherche de traîtres pour les éliminer de la surface de la cité, il serait déjà passé à l’action. Or il continua de lui serrer la main longuement, son regard planté dans le sien, pour symboliser un accord, un pacte, un contrat comme nul autre ne pouvait être fait en ces murs.

Il reprit la parole et lui exprima ses idées, son plan. Il n’avait pas nié les paroles de Die et s’était contenté même d’émettre un doute sur l’aide extérieure qui pouvait leur être portée un jour ou l’autre. Lui non plus n’avait plus foi en leur communauté et semblait avoir déjà élaboré un plan mental des pires situations. La guerre avait fait bien des ravages. La confiance totale en leurs frères n’était pas chose acquise. Enfin, il se montrait un peu plus terre à terre et réaliste. Cela la rassurait.
Se battre aux côtés de rêveurs annonçait une mort certaine. Il fallait se préparer à toutes les éventualités. Et il semblait avoir médité ce plan assez longtemps pour l’avoir compris.
Visiblement, ça lui faisait du bien de lâcher le morceau. De dire à quelqu’un qu’on pouvait y croire encore. C’était comme si la bulle autour d’eux avait disparue, leur rencontre resolidifiait un lien primordial dans l’esprit de la fée. Celui de la fratrie.
Elament avait été sa nouvelle mère, sa terre de vie par procuration, alors qu’elle avait quitté les siens. Elle qui haïssait les villes et les gens bien éduqués, sauvage et imprévisible, elle s’était laissé embarqué dans l’euphorie d’être un être différent à leurs côtés. Elle leur avait donné la main pour se battre pour une cause, une seule, préserver les pouvoirs des Dieux contre le chaos. Honorer la terre qui leur était offerte.


- Maintenant que les démons ont eu ce qu’ils voulaient, ils s’en trouve plus faibles, tu sais. La conquête de la cité est pour eux une carte de visite, un avertissement. Ils se pensent plus forts qu’ils ne le sont, comme les élémentalistes l’ont fait à une époque, pour eux leur domination est déjà chose faite. Il développe la même faiblesse que nous avons eue.



C’était la première fois qu’elle disait « on » pour désigner les détenteurs des éléments.


- Une armée serait effectivement ridicule, il faut juste que nous soyons préparés et organisés lors des attaques extérieures pour semer le chaos à l’intérieur et les déstabiliser.



Elle soupira à son tour. La fée contempla ses poignets une seconde à peine puis agita la tête nerveusement pour aller le rejoindre sur son bout de pavé gelé.


- Par contre on a un sacré problème. Les démons ont créé des bracelets pour diminuer l’utilisation des pouvoirs à l’intérieur de la cité. Ca n’annihile pas complètement les compétences de chacun, mais ça empêche d’être au maximum de ses capacités. Je pense que la première étape serait de trouver un moyen de rompre ces bracelets avant même de trouver du monde pour créer cette guilde. Cela permettrait d’être un peu plus efficace quand à convaincre les gens que nous sommes bien du clan que nous sommes. N’est-ce pas ? Si nous avons une manière de libérer leur pouvoir, ils nous croiront immédiatement.

Elle le considéra une nouvelle fois de ses yeux aussi froids que la nuit. Sous-entendait-elle que le jeune homme n’était pas très doué en négociation orale ? Sans aucun doute, oui.


- Aussi, je ne sais pas si tu as remarqué, mais certains démons « sentent » nos éléments. Il nous faut une protection contre ça. Cela permettrait de nous réunir sans éveiller les soupçons.



Elle réfléchissait vite ! Matthew avait-il pensé à tout ça ? En tout cas, elle avait visiblement déjà élaboré seule un plan dans sa tête avant même de connaître le jeune homme. Elle s’étira de tout son long, avec un large sourire. Presque un rire :


- Bien que je sois une très mauvaise menteuse, je suis une excellente détectrice de mensonges. Je peux facilement obtenir ce que je veux entendre…



Elle se rassit correctement à la verticale et brandit son bras vierge de tout insigne sous le visage de Matthew :


- En tout cas, pour moi, le sortilège anti-éléments n’est pas un problème. Je n’en ai pas.


Une sorte de fierté se lisait sur son visage. Tiens, c’était drôle ça. Pourquoi son maître n’avait-il pas pris la peine de se protéger contre elle ? Visiblement, la fée avait bien plus d’une corde à son arc.
Saurait-elle avouer tout à Matthew ? Lui dire le lien si particulier qui la liait à son maître ?


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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 13:30

Elle n'avait pas tord, les Démons allaient fort probablement développer la même attitude de suffisance que les Elémentalistes. Attitude que, de manière générale, ils étaient bien plus enclin à développer que quiconque. Enfin, sans doute était-ce un peu juger vite la chose que de penser ça. Néanmoins, ça n'empêchait pas. Toute civilisation se retrouvant dans un état de domination avait une certaine tendance à oublier qu'ils avaient des ennemis parfois aussi fort qu'eux, voir plus. Et ça les faisait inévitablement tomber. En fait, c'était un cycle interminable, car ce genre d'erreur se reproduisait facilement. Il était même étonnant que la Cité ne soit jamais tombé jusqu'à maintenant.

Après quoi Dierebel développa encore un peu l'idée de Matthew. En fait, leur groupe agirait un peu comme un détonateur. Il fallait le garder bien cacher, et le moment venu... BOUM! Bon, c'était un peu simple vu comme ça, mais l'idée y était. C'était un peu une base. Puis elle lui parla des bracelets. Effectivement. C'était un problème.

"Bien fait pour vous. Kufufufu."


Admirez tous la remarque constructive de N'Jriel. Matthew avait la chance d'être arrivé ici en tant que possédé, ce qui faisait qu'il possédait toutes ses capacités. Mais en tout cas, ça restait un grand problème. L'homme ne connaissait pas les détails au sujet de cette pierre, néanmoins la neutraliser devait être possible. Après tout, s'il s'agissait d'une pierre, un pouvoir Terra pouvait peut-être en modifier la structure et donc l'effet.

Dierebel se montrait vive dans sa réflexion. Apparemment elle aussi semblait avoir un peu potasser tout ça. Matthew était contente d'avoir pu la trouver et l'allier à lui. C'était une excellente chose. N'Jriel grogna quelque chose, mais l'Elémentaliste l'ignora. L'euphorie du moment était là, et rien ne pourrait la gâcher sans doute. Elle poursuivit encore un peu.


-La pierre est effectivement un problème sur lequel nous devront travailler. Et je sais que certains Démons sentent l'odeur de notre pouvoir.Il faudra également chercher une salle donc, mais ça encore, je devrais pouvoir en trouver une assez simplement.


Après tout, il était totalement libre de ses mouvements. Et il possédait une certaine influence en tant que Chevalier Démoniaque. Par conséquent, trouver une salle devrait ne pas être trop difficile, même pour la rendre irrepérable par les Démons. Peut-être que quelques artefacts seraient les bienvenus... Mais pour la pierre, c'était autrement plus compliqué. Elle lui annonça ne pas en avoir, et il haussa un sourcil. Ca, c'était inhabituel. Pourtant, elle semblait bien être une esclave, et le fait qu'elle signale l'absence de bracelet affirmait cette hypothèse. Alors pourquoi n'en avait-elle pas? En soit, ce n'était pas bien difficile à deviner, pourtant. Alors il haussa les épaules. Lui-même n'était pas tout blanc dans cette affaire, il fallait dire ce qu'il était. Et puis ce n'était pas forcément ça. Elle pouvait très bien être assez faible pour qu'il n'y en ait pas besoin, ou que le Démon soit assez puissant pour qu'il n'en ai pas l'utilité.

-C'est un bon point, au moins comme ça nous n'auront pas à s'occuper du tient.


Il réfléchit un instant. Il fallait vraiment s'occuper de cette pierre.


-En tant que Terra, tu penses que tu pourrais influencer la structure de la pierre? Pour qu'elle conserve son apparence mais change de propiété?
"Kufufufufu, tu as vu ses ronces de tout à l'heure? Tu crois qu'elle pourrait réaliser ça? Kufufufufu."


Le problème était bien évidemment que pour faire ça, il fallait avoir déjà un grand pouvoir, et ensuite, que la pierre ne l'affaiblisse pas assez pour pouvoir le faire. Et ce n'était pas forcément évident.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 14:06

Modifier les propriétés d’une pierre aussi puissante ? Dierebel fit immédiatement une moue effarée. Comment pourrait-elle faire ça ? Elle n’avait pas utilisé son pouvoir depuis belle lurette ? Les fourmillements dans ses doigts à peine de faibles ronces sorties du sol faites n’étaient pas bon signe pour elle. Elle avait besoin d’un sérieux entraînement pour récupérer ses capacités au plus vite.
Après tout, elle avait été professeur de la terre. Alors, elle était censée en être capable, non ? La pierre anti-éléments (elle ne savait pas si elle avait un nom particulier d’ailleurs, cela aurait peut-être été une piste de le connaître) était en partie faite de terre, son propre don, mais aussi d’influences magiques démoniaques très puissantes. Elle prenait un risque à accepter. La pierre pouvait non seulement diminuer grandement ses capacités, voire encore la tuer. Pourtant Matthew avait raison, elle était la mieux placée pour étudier le problème.
La seule manière cependant de détruire cette pierre ou d’en changer totalement les propriétés c’était de combattre le mal par le mal. Elle avait l’expérience de ces choses là. Un élément ne pouvait pas plus qu’égaler un autre. Il fallait avant tout trouver une solution pour obtenir des effluves démoniaques qui avaient servies à créer cet artefact maudit. Mais où les trouver sans éveiller les soupçons ? Dierebel avait la solution sous le bout du nez mais elle n’arrivait pas à mettre un mot dessus.

- Bon sang, tu veux que je fasse ça comment ? Je n’en ai même pas chez mon maît… Attend ! Attend !

Elle plongea son visage entre les paumes de sa main. Bien sûr que si ! C’était ça la solution. Quelques mois plus tôt, à peine arrivée dans la Sombre, elle s’était « enfuie » de chez elle. Pas vraiment en fait, elle avait juste voulu explorer la cité, se remémorer qui elle était. Elle avait réussit par grand miracle à se faire passer pour une démone et à entrer dans la bibliothèque, un des seuls vestiges encore intacts d’Elament. Elle ne l’avait pas dit à Saisei, mais il lui arrivait d’y retourner discrètement, au détour d’une course ou d’une promenade qu’il lui autorisait. Elle avait toujours aimé les livres, ils regorgeaient d’informations que même toute sa petite science déjà acquise n’avait pas encore associée. Mais ce n’était pas tout, au delà des livres qu’elle aurait pu aller consulter, il y avait eu cette rencontre. Simulacre Arkana. Avec lui, elle avait mis la main sur un artefact un peu étrange. Une pierre rouge qui, depuis qu’elle l’avait eu entre les mains, avait créé une dépendance chez la belle. A son contact, il lui semblait avoir éprouvé ce qu’un démon pouvait ressentir. Haine, colère, autosatisfaction démesurée, envie de domination, avarice, égoïsme… Simulacre et elle avait fait le pacte de ne parler à personne de cette pierre tandis qu’ils chercheraient à quoi elle pouvait servir. E flux de cette pierre étrange coulait encore dans les veines de la fée. Ses émotions étaient décuplées, elle était ultra sensible à tout ce qui l’entourait. Ses ailes avaient noircies, ses yeux s’assombrissaient, son cynisme devenait sans borne. Malgré l’épée de Damoclès qui pendait au-dessus de sa petite tête d’esclave, elle se sentait forte. Elle tenait tête aux démons les plus réputés pour leur cruauté. Elle soutenait leurs regards, ne s’effrayait pas de leur menace et ressentait même une certaine excitation à les entendre. Comme si frôler la mort ne lui faisait plus peur.
Et preuve en était faite, que ce soir même, elle s’était montrée bornée et avait nargué Matthew sur son propre territoire. Qu’il soit démon ou élémentaliste, sa peur s’était transformée en une sournoise pensée de domination. Elle avait cherché à le pousser à bout en dépit de la mort qui lui pendait au bout du nez. Elle aimait le risque, l’adrénaline qui en découlait.

Il fallait retrouver Simulacre et le convaincre de lui donner la pierre. Absorber encore un peu de son pouvoir ne pouvait pas l’affaiblir, au contraire. L’artefact semblait l’éveiller, la sortir de sa torpeur. Elle lui rendait ses sens et son effronterie. Elle avait besoin de ça pour comprendre le fonctionnement de la pierre maudite.

- Si, je pense que je peux le faire. Mais j’ai besoin d’un peu de temps.

Elle redressa son visage à la lumière. Pensive. Elle pouvait y arriver. Il suffisait… d’y croire.

- Occupe-toi de trouver les élémentalistes que tu veux, j’irais tester leur dévouement. On peut se faire vraiment confiance ? Je veux dire…

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Matthew Sombrelune
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 20:28

Après la demande de Matthew, Dierebel resta un peu surprise, avant de répondre vivement. Bon, apparemment ça allait s'annoncer difficile... Tout du moins, c'est ce qu'augurait le ton employé, mais peut-être qu'au final... Matthew attendait vraiment beaucoup de Dierebel. Elle était sa première partenaire dans l'entreprise qu'il voulait déployer. Peut-être en attendait-il trop en fait, et qu'il devrait revoir ses attentes à la baisse. Il fallait avouer que la tâche qu'il lui demandait était ardue, et peut-être même que les meilleurs ne pourraient pas y parvenir. Et le fait de ne pas connaître jusqu'à quelle point Dierebel maîtrisait son pouvoir n'aidait pas. C'est ce qu'il se disait jusqu'à ce qu'elle semble avoir une idée lumineuse.

Matthew l'observa, attendant qu'elle expose un peu plus de détail. Mais elle ne fit que dire qu'elle pensait pouvoir y arriver. Bien, d'accord, pourquoi pas. Matthew aurait aimé en apprendre un peu plus sur la façon dont elle comptait s'y prendre, mais à vrai dire, il ne voulait pas non plus la brusquer. Qu'elle essaye, ils verraient bien. Mais ça signifiait lui accorder une confiance quasiment totale. Et ça... Bon, il lui faisait confiance, soyons clair, mais il apprécirait de savoir ce qu'elle avait en tête. Mais après, comme il l'avait lui-même dit, il faudrait éviter de trop faire circuler les informations. Car il suffisait que quelqu'un trahisse - même si ce n'était pas l'un d'eux - pour que tout soit fichu. Alors il allait lui faire confiance.

Pour une fois, N'Jriel s'abstint de tout commentaire, semblant occupé à ruminer dans son coin. Le temps dont elle avait besoin, il lui accorderait sans problème. Il allait falloir trouver un moyen de rester en contact également, mais ça serait sans doute assez simple. Enfin, dans une certaine mesure.


-Prends le temps qu'il faut, ça sera sans doute notre meilleur moyen d'obtenir la confiance des autres Elémentalistes.


Puis ensuite elle lui dit de s'occuper de trouver les gens qui pourraient entrer dans la Résistance. Il hocha la tête. Aucun problème, il s'en chargerait. Il n'avait pas encore de nom en tête, ni même qui que ce soit. Mais il saurait les trouver. Au hasard d'une ruelle, lorsque les esclaves sortaient, sur le marché. Il en trouverait. Des qui n'avaient pas perdus espoir, dont le courage serait suffisant. Il n'aurait plus qu'à les envoyer à Dierebel.

"Kufufufufu, tu lui accordes un peu trop ta confiance, tu ne crois pas? Après tout elle pourrait te trahir à n'importe quel moment. Kufufufufu. Tu veux un argument peut-être? Elle n'a pas de pierre sur elle."

Il serra les dents avant de répondre à Dierebel.


-Oui. Tu as ma confiance. J'espère avoir la tienne. Inutile de s'étendre là-dessus je pense...

Il la fixa un long moment avant de se décider à poursuivre. Il fallait qu'ils trouvent un moyen pour se retrouver discrètement. Mais il valait mieux que se soit Dierebel qui reprenne le contact, vu que la suite dépendrait d'elle en grande partie. Tant qu'elle n'était pas parvenue à percer le secret de cette pierre, ils ne pourraient rien faire.

-Il faut que nous trouvions un moyen de nous revoir sans risque.


Il se leva. Cette question allait probablement fixer la fin de leur discussion. Il y avait une solution simple en fait à cette question.
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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyDim 6 Mar 2011 - 21:28


Dierebel hocha la tête pour signifier son accord. Elle suivit son mouvement et se releva à son tour. Elle l’avait négligé, mais ils étaient en plein cœur des rues de la Sombre et le temps pressait. Sous le dôme de verre, tout le monde pouvait les voir. Et quand on disait tout le monde, on parlait bien entendu des démons. Et ils n’auraient pas aimé trouver deux élémentalistes à papoter là, faisant joujou de leurs éléments et de leurs idéaux contre la société qui les avait piégés.

Elle n’en avait pas dit plus à Matthew. Le fait d’avoir retrouvé la mémoire l’avait assagit. Elle préférait se contenter de dire l’essentiel. De toute manière, ils manquaient de temps. Difficile de se raconter leurs vies pour mieux s’apprivoiser et construire leur plan.
La conversation avait été brève, il avait fallu jauger l’autre avec efficacité et rapidité ; dire ce qu’il y avait à dire, suggérer le reste au pire et enfin, se fixer un lieu de rendez-vous. Où se retrouver ? Dierebel n’en avait strictement aucune idée. Elle pensa à quelque chose de dingue. Mais ça pouvait marcher.


- Je sais ! Cherche la maison de Saisei, c’est mon maître. C’est un soldat. Sa maison est parfaite : personne pour nous écouter ou soupçonner quoique se soit. Il est absent de l’aube au crépuscule. En cas de changement, on peut se donner un signe de reconnaissance. Par exemple, si un torchon blanc est accroché à la poignée de la fenêtre c’est qu’il n’est pas là.



Elle glissa nerveusement une main dans ses cheveux. Etait-ce une bonne idée ? Et si finalement il était bien un démon ? Il savait maintenant qui elle était, quelle pouvait être ses intentions et où elle habitait. Elle prenait le risque. Après tout, elle ne pouvait pas être plus bas qu’elle n’était.


- Dis-moi si tu as une meilleure idée, mais je pense que c’est pour le moment la plus sûre. Il est absent à partir de demain pour deux jours. Alors, viens demain soir, à la tombée de la nuit. Nous avons encore à parler.



Elle attendait patiemment que sa prison de glace disparaisse pour s’éloigner dans les ruelles. Ils devaient se séparer pour ne pas se faire remarquer, ça coulait de source. Pour en convenir dans un accord silencieux, elle se posta à l’opposé du jeune homme.


- A demain donc, Matthew.

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Message[Dierebel/Matt] Tout vient à point à qui fée attendre... EmptyVen 11 Mar 2011 - 17:18

Techniquement parlant, Matthew n'avait pas besoin d'en savoir plus sur Dierebel. Un nom, une volonté, c'était tout ce qu'il demandait. Mais il était vrai qu'en savoir plus pourrait présenter de nombreux avantages par la suite. Mais ce n'était vraiment pas le lieu idéal. Car si jusqu'à présent ils avaient pu parler tranquillement, ça ne durerait pas éternellement, et il en avait parfaitement conscience. La glace avait déjà commencé à fondre vers le haut des murs, Matthew ayant cessé de l'entretenir. La discussion allait se terminer bientôt, alors autant que ça commence à se détruire maintenant.

Elle proposa un code pour leur prochaine rencontre. Il n'aurait qu'à trouver la maison d'un certain Saisei. Ce nom lui évoquait très vaguement quelque chose. Mais c'était peut-être juste une impression s'il ne s'agissait que d'un soldat. Le coup de torchon restait assez simple et discret, dans une certaine mesure. Qui irait se soucier d'un bout de tissus accroché comme ça? Tant que personne n'avait connaissance de leur rencontre, ça suffirait. Mais il chercherait entre temps un autre moyen peut-être. Il devait sans doute exister un artefact permettant une communication entre deux personnes, ou au moins l'envoie d'un signal. Il n'aurait qu'à chercher un peu.


-Non, c'est parfait. Demain soir, ça devrait être bon également.

Il réfléchit un instant, il n'avait rien de vraiment prévu pour le lendemain. A part une mission d'infiltration qu'il ne pouvait pas accomplir pour le moment faute d'information, il n'avait rien à faire. Alors ça ne devrait pas poser de problème. Le temps des séparations était venu donc. Il concentra son pouvoir et après avoir vérifié à l'aide de la brume que les ruelles restaient tranquilles pour le moment, il commença à faire disparaître la prison glacée.

Dierebel le salua, puis elle s'en alla. Il resta un moment ici, faisant usage des pouvoirs de N'Jriel pour faire disparaître une grande partie de la trace de l'utilisation de son pouvoir ici. Il n'était pas utile que quelqu'un commence à fouiner et comprenne ce qu'il s'était passé. Il n'aimait pas faire usage de ce pouvoir, mais il n'avait pas le choix. Après ça, il partit de son côté. Et à N'Jriel de commenter.

"Tu te fais avoir en beauté, cale petit Elémentaliste. Elle va te trahir."

Silence.


[Suite]


Dernière édition par Matthew Sombrelune le Jeu 28 Avr 2011 - 8:34, édité 1 fois
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