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 Le goût du Pouvoir sur la langue [privé]

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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyVen 15 Oct 2010 - 10:59

La jubilation qu'exultait le mioche n'avait d'égale que son éternel mépris pour le reste de l'inhumanité. Si son intinct naturel ne lui hurlait pas de se comporter comme à son habitude, le gamin aurait éclaté de rire à s'en épuiser physiquement, tant la joie qu'il ressentait lui gonflait le coeur d'énergie. Bordel, mais vous vous rendez compte ! Non, sûrement pas. Pour cela, il fallait être au fait des derniers évènements, mais il est presque certain que personne ou presque ne l'était. Revenons donc un peu en arrière, quelques semaines plus tôt. Une fée esclave perdue dans les ruelles d'Elament la Sombre, qui demande son chemin à un démon excentrique, trompée par sa jeunesse. Vous vous faites le tableau ? Bien, on continue : ils parlent, lui parce qu'il rencontre une femme de sa race pour la première fois, elle... elle parce qu'elle n'a sûrement pas le choix.

Ca cause donc, ça fait des promesses, mes menaces de sang, de souffrance, de douleur, ça démoniscutionne quoi, et paf, ça trouve dans le mur de cette foutue cité un truc génial. Bon, comme des pignoufs, les deux protagonistes auraient pu ne rien comprendre et laisser tomber le joli truc, mais non ! La chance aidant, la jolie demoiselle aussi épaisse d'un copeau d'allumette avait justement sur elle deux bouquins, dont l'un contenant une feuille volante relative à l'objet trouvé ! Si ça c'est pas du bol, mon brave, je ne sais trop quoi te dire ! Le sort aurait pu continuer, mais la feuille était malheureusement écrite dans une ancienne langue. La peste soit des évolutions linguistiques, n'est-ce pas !

Second coup du sort, et bien qu'ils ne le sachent pas, les deux imbéciles étaient espionnés par un démon de haut rang, qui devait sûrement s'ennuyer pour flâner le nez en l'air dans une cité prise. Qu'à cela ne tienne, Simu et Die, ignorant, avaient poursuivit leur petite enquête et le jeune démon avait pu obtenir la traduction presque parfaite du parchemin. Et ah ! Quelle surprise ! Ca parlait de sang, de puissance et d'invocation, tout ce qui plaisait beaucoup à un petit bâtard avide de pouvoir. Son ambition n'avait de fait d'égale que sa jubilation. Cessons de comparer et parlons franchement : il était super content et il voulait faire sa tronche à tout le monde ! Yeah !

Mais ce genre de plan de bataille devait être doublé d'une certaine préparation du terrain. Et alors que le demi démon allait tranquillement régler ses histoires d'acquisition de la supra puissance ténébrique de la mort qui tue, le dit démon supérieur lui mit le grappin dessus, sans la moindre violence - chose étrange pour un démon. Et nous voici donc sur la scène actuelle : dans le Hall des Décadences, les ombres amies étouffaient les chuchotements et dissipaient la lumière. Au plafond, les vitraux recouverts de suie et de crasse filtrait la pâle radiance du jour. Les Vampires et autres bestioles qui ne supportaient as le soleil pouvaient donc flâner le museau aux vents.

Au sol, à moins de se prendre les pieds dans un cadavre ou dans des ossements, la couche de poussière étouffait le bruit de vos bottes. On ne devinait des bas reliefs que les silhouettes des anciens héros des élémentalistes, dont les visages portaient des souillure d'urines et d'autres ... choses. L'ensemble formait un spectacle sale à souhait et qui fleurait bon la décomposition avancée. C'était, somme toute, le cliché parfait que le monde devait avoir des démons : sales et stupides, ignorant la beauté de ce monde. Le monde n'avait qu'à venir voir les appartements du petit démon pour croire que tous les siens étaient des rustres...

Mais le petit démon en question était acculé contre une colonne, face à un général qui le toisait de toute sa taille. Du haut de son mètre et des bananes, Simulacre arrivait à peine en dessous de la poitrine du monsieur. Bon, mais qu'est-ce qu'il avait à lui dire ?


" Qu'est-ce que vous avez à me dire ? "
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptySam 16 Oct 2010 - 5:46

Fut-ce par curiosité ou par de plus sombres desseins, le fait est que Denathyr Verodren, supposé avoir plus important à faire, avait observé le lilliputien et son nouvel animal de compagnie discuter de choses et d'autres pendant de longues – et inutiles – minutes. Il avait suivi à son insu la petite fée parce qu'il la trouvait tout simplement suspecte. Pas qu'on ne voyait pas beaucoup d'esclaves de la Cité, au contraire, mais surtout parce que l'un d'entre eux avec des livres au bout des bras, ça ne se voyait jamais. En attendant, à l'affut dans l'ombre, il était sur le point de s'endormir, lassé par la platitude de leur discussion. Finalement, le général faillit se faire repérer en sursautant lorsque ses sens captèrent quelque chose qui sortait de l'ordinaire. Ce bout de papier qu'ils avaient trouvé, peut-être signifiait-il quelque chose? Surement, bien sûr. Alors que le démon analysait cet élément, le Soquior avait poussé l'audace jusqu'à s'approcher à moins d'une cinquantaine de mètres de lui. Il avait donc tout entendu.

Son sourire dévoila deux rangés de dents pointues parfaitement alignées. Un sourire carnassier. Un nouveau désir de sang et de carnage naquit dans le cœur de l'être de démence qu'il était depuis toujours. Ses yeux reflétaient les flammes des torches et son visage se plissait dans un rictus sadique. Il était reconnaissant à ces deux jeunes ignorants. Ainsi, quelque chose commençait à se préparer et, Denathyr le décida tout-de-suite: il en ferait partie.

Il attendit donc que l'esclave se soit éclipsée pour se présenter au démon. Il se montra à lui lorsqu'il fut certain que personne ne les observerait. Il se tenait face à lui, sortit de nulle-part et affichant son air le plus... amusé. Il était amusé par la maturité de l'enfant. Plus qu'il aurait pu l'être face à n'importe qui d'autre sauf son serviteur loup-garou duquel il avait brisé l'esprit pour le rendre obéissant. C'est sans arrêter de sourire, toujours à pleines dents, qu'il essaya de se donner des airs menaçants et déclara:


« Bonjour mon petit! Dis-moi, que fais-tu dehors par cette heure? Ne devrais-tu pas rentrer chez tes parents? »

Mais maintenant qu'il l'avait abordé, comment le pousser à lui révéler ce qu'il savait? Devrait-il se montrer plus... sympathique ou plus autoritaire? Eh bien, non. À la longue, ça devenait fatiguant.

« Allez, petit, sors-moi ce que tu sais à propos du parchemin que tu as trouvé avec ton amie esclave ou je te tue, c'est clair. Je n'ai pas envie de perdre mon temps avec toi. En plus, je suis presque certain que tu ne saurais pas quoi faire de cette information que tu détiens. »

Assez brute, comme façon de parler, mais Denathyr ressentait une grande impatiente et voulait à tout prix découvrir le plus tôt possible ce à quoi le morceau de papier menait. Il fixa le demi-démon d'un regard hypnotique qui rendrait mal à l'aise n'importe qui de normal et déclencherait une crise chez n'importe quel malade mental. Mais ce démon était-il vraiment comme les autres? Ceci restait à voir.
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyJeu 21 Oct 2010 - 15:18

Si une chose était sûre, c'est qu'Âcre n'avait pas remarqué qu'on le suivait, il était soit trop épris du pouvoir, soit trop confiant en ses capacités. Ces deux choses avaient provoqué la mort de trop nombreux de ses pairs : il ne voulait pas faire la même bêtise, il ne ferait pas comme eux. Il ne mourait pas de façon bête et sotte, pas avant d'avoir récupéré son héritage, d'avoir redonné le lustre régalien que le nom de sa mère méritait. Alors, acculé, il eut la réaction la plus stupide qui soit : il ricana. Il y avait dans ce simple son la preuve de la folie génétique du petit démon. Il possédait l'hystérie propre à sa mère et des défauts que seul son père devait avoir. L'illusoire masque d'enfance qu'il affichait s'étiola, rendu au néant.

" Pauvre idiot ! Renseigne toi un minimum sur la proie que tu traques avant de te découvrir ! " D'un geste d'épaule, il se dégagea de la poigne du démon. " Je sais qu'il t'importe peu mon nom, mais sache que si tu me tues, tu risques de devoir affronter plus puissant que toi : La Faux Sappho, entre autre. "

C'était, pour moitié seulement, du bluff. Simulacre n'avait la protection de personne, mais Sappho risquait de prendre en ombrage le fait qu'on ait tué l'un de ses protégé. Cela aurait pu être interprété comme une tactique pour la destituer, voire pire : la tuer elle. Et les tentatives de prises de pouvoir n'étaient pas prise à la légère chez les démons, croyez le bien ! Chez une race où la paranoïa était une aptitude naturelle à la survie, il ne valait mieux pas faire un geste néfaste en direction du voisin. Le demi démon n'avait donc pas eu à mentir, seulement à ellipser une partie de la vérité.

" Quant à cette feuille, ce parchemin... Je sais quoi en faire puisque je sais ce qu'il y a dessus. Et toi, non ! " Cette pique avait la puérilité qu'on imaginait bien chez un démon aussi jeune. Sentant néanmoins venir le coup (c'est à dire, avec de la chance, un direct du gauche), le petit rejeton Arkana adopta une autre méthode : "Mais ! mais je veux bien te l'échanger puisqu'en effet, je ne sais pas quoi faire du pouvoir de ce parchemin. "

Simple tactique pour gagner du temps ? Peut-être. peut-être pas. Peut-être que pour faire ce qui était dit sur le parchemin, il fallait une puissance minimale que le demi fée ne possédait pas. Ou peut-être que ce n'était que du bluff.
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyDim 14 Nov 2010 - 22:25

On disait que la peur était l’un des chemins qui menaient à la folie, Denathyr le savait, mais cette folie, il la contrôlait, il ne la laissait pas le dévorer. Il avait isolé la folie de tout autre sentiment extérieur, excepté peut-être du sadisme qui lui était propre. Le petit était donc le protégé de Sappho. Quelle surprise! Pourquoi aurait-il peur d’elle et de son courroux? Le petit ne le savait-il pas? Et puis, de toute façon, Denathyr appréciait bien la succube. Elle sentait la folie, elle aussi. Une folie délicieusement indescriptible. Différente de la sienne, mais c’était tout de même de la folie, tout embryonnaire qu’elle soit, de plus.

« Petit », commença Denathyr d’une voix plus douce, « je suis désolé de te le dire maintenant, comme ça, mais Sappho n’a pas été vue depuis quelques temps, déjà. De plus, je n’oserais jamais faire quelque mal que ce soit aux membres de son entourage. Je la respecte bien trop pour cela. Oh, je peux te le dire maintenant : si jamais elle a eu des problèmes, je suis certain qu’elle s’en tirera vivante. Ne me regarde pas comme ça, je te dis ça parce que je l’ai longtemps observé. Je sais d’elle bien des choses, même certaines que le Haut-Roi n’apprécierait pas. »

Les propos que proféra ensuite le morveux énervèrent le Général, mais celui-ci ne bougea pas, attendant la suite. Devant la lâcheté dont il fit preuve, Denathyr réalisa qu’il y était peut-être allé trop fort en menaçant ainsi un enfant. Il aurait tout de même pu prendre la feuille, mais il éclata plutôt d’un grand rire sincère.

« Ça va. Garde-le, ton vieux bout de parchemin usé. » Il était disposé, cette fois-ci, à se montrer plus aimable. « Je te le laisse à une seule condition: je veux savoir ce qui y est écrit. Quoi? Tu es toujours aussi sceptique? Très bien, recommençons dans de meilleurs termes. Alors, je me nomme Denathyr Verodren, Général. Je suis désolé de la manière un peu brutale dont je t’ai abordé. »

Le soquior n’aimait pas vraiment les démons mineurs, mais il ferait bien une exception pour collaborer avec celui-ci. Avec un peu de chance, ce qui était sur le parchemin lui apporterait la reconnaissance de Khisath.

Spoiler:
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyLun 15 Nov 2010 - 21:48

[Pas de soucis pour le délais et la taille, le principal c'est que la quayte avance un minimum ^^ Et je précise que si Simumu est un démon mineur, c'est parce qu'il est jeune ! :p]

Instinctivement, le changement de comportement de son interlicuteur déplut au petit démon. Mais cette modification donnait un parfum nouveau à leur joute verbale, la transposant sur un terrain qu'il maîtrisait mieux : impossible pour lui de battre un démon majeur par la force, mais il pouvait recouvrir ses paroles du glacis trompeur du contrôle, infuser quelques pensées dans l'esprit du démon qui, de fait, n'étaient pas celles qu'il aurait naturellement eut. Acre soupira et remit sa tenue en place.

« Je m'appelle Simulacre Arkana, Conseiller auprès de Sappho. Je vous pardonne pour votre brusquerie, j'imagine que les démons de votre sorte n'ont que ce moyen pour communiquer. »

Le jeune démon replongea vite dans ses pensées, à la recherche d'un moyen de se sortir de ce pétrin : donner le contenu du parchemin, c'était comme donner le parchemin en lui-même. Mais Acre avait besoin d'appui et de soutien, il avait besoin d'un démon puissant. Pourquoi ne pas se servir de Sappho ? Mais parce qu'il n'était que son Conseiller, et qu'elle ne l'écoutait pas souvent, cette garce. Son intelligence à elle était la plus particulière que le petit sang-mêlé n'eut jamais vu.

« C'est une légende qui parle des élémentalistes. » répondit sincèrement le bâtard. Il ne mentait jamais, il se contentait d'occulter la vérité, ou de tronquer un peu les faits. « Et elle est intéressante car elle raconte des choses du point de vue de nos ancêtres. C'est un document historique, et culturel. Une révolution pour notre patrimoine. »

Aaaah, et dieux que cette déclaration était vraie ! L'invocation d'un Ancien Premier Seigneur, le rite exacte, le lieu de son enfermement, le pourquoi, le comment. Tout. Tout. Dans une langue plus ancienne que la pierre. Simulacre sentait dans sa veste le poids de l'artefact, et la chaleur qu'il sembla soudain irradier le confortait dans sa propre importance. Ce qu'il voulait, en allait voir le Roi, c'était le prestige, et la reconnaissance : il voulait dorer son blason au sang des misérables. Il voulait cela malgré sa taille, son âge et son manque actuel de puissance. Son seul atout était son intelligence vive et la délicatesse de son pouvoir sur le contrôle.

Et de son pouvoir, il usait d'ailleurs : c'était un souffle, un murmure très doux au creux de l'oreille, qui disait, dans des mots délicats, de ne pas tuer. Qui demandait la survie. Il n'avait pas besoin de force, juste de douceur et de patience. Son pouvoit conseillait au démon de ne pas être violent, de ne pas vouloir le sang de ce démon mineur-ci. Rien de plus : il n'y avait pas ici la nécessité d'un ordre clair et direct, et Simu n'avait pas la puissance pour.


« Il s'agit de la destruction des Elémentalistes. Mais n'étant pas certain du contenu, je préfère vérifier mes sources. En quoi ceci vous intéresserait donc ? »
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyJeu 18 Nov 2010 - 2:00

Denathyr ne savait plus trop quoi penser de ce petit. Son visage était indéchiffrable. Une seconde, il semblait penser à quelque chose et puis, la suivante, on y distinguait une étincelle de mépris, puis plus rien. Le démon parvint à ne pas le frapper pour une deuxième fois, avec difficulté, cette fois-ci. Ses propos le faisaient rire intérieurement, mais en même temps, l’irritaient profondément. Ce petit dont le nom de famille lui disait vaguement quelque chose était donc un Conseiller à un si jeune âge? Très surprenant.

« Ainsi donc tu pense que la brusquerie est fréquente chez ceux de mon espèce? Je ne vais pas oser te démentir, mais peut-être serais-ce plutôt parce que ma journée a été longue et qu’à cette heure, je n’aspire qu’à une longue nuit de sommeil. »

Il n’écouta ensuite ce que lui disait le petit Arkana que d’une oreille, sachant que ceux-ci n’étaient pas totalement vrai, mais il décela quelque chose dans son ton qui le laissa croire qu’ils n’étaient pas totalement faux non plus. Pendant ce temps, Denathyr se demandait si l’autre essayait au moment même de le contrôler. Cela importait peu, après tout. Contrôler la folie était extrêmement difficile. C’était comme tenter de détourner une rivière avec un barrage en brindilles.

« S’il s'agit de la destruction des élémentalistes, un seul démon ne pourra jamais faire quoi que ce soit. Allez, si tu tiens tant que ça à vérifier tes sources, laisse-moi donc t’accompagner. »

Qu’est-ce que Denathyr avait à gagner d’une collaboration si indigne de son rang? Avec un peu de chance, il finirait par avoir toute la reconnaissance qu’on lui doit. Il joua avec son amulette. Une seconde, celle-ci était en forme d’oiseau de proie et la suivante, elle prenait la forme d’un dragon. Il fixa un instant le petit avec des yeux fixes et hautains, puis affirma :

« Quant aux raisons pour lesquels je m’intéresserais à une telle chose, ce ne sont pas de tes affaires. De toute façon, je suis certain qu’elles sont faciles à deviner. Saches aussi que je ne suis pas de ceux qui se contentent d’observer et de commander les autres démons tout en restant bien sagement caché dans l’ombre. Par ailleurs, la sagesse est une qualité de laquelle je suis dépourvu. »

Pourquoi cacher ses raisons? En fait, il n’y avait aucune raison de les cacher, mais c’était amusant de sentir que vos compagnons s’attendent à chaque instant à se faire poignarder dans les dos.

« Saches aussi que détruire enfin les élémentalistes est une utopie. Je n’ai rien contre cela et, au contraire, je souhaiterais prêter ma puissance à cet objectif. Tu vois où je veux en venir? Je pourrais t’aider bien plus que tu ne semble le croire. Notre collaboration nous serait utile à tous les deux. »

Denathyr esquissa un mince sourire aspirant à être sympathique ou même rassurant, ce qui était très difficile avec l’impression qu’il avait laissé à Simulacre au cours des dernières minutes.
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyDim 28 Nov 2010 - 22:01

« Je ne suis pas de ceux qui vont à ton calvaire,
En se frappant le cœur baiser tes pieds sanglants. »
A. de Musset

Il ne lui faisait pas confiance, et jamais Simulacre ne ferai confiance à personne. Il n'y avait qu'à sa sœur, peut-être, à laquelle il livrerait les secrets de son âme, la noirceur de sa nature. Mais il n'avait pas le choix, il n'avait pas le choix. La constatation de sa propre faiblesse l'écœura, lui donnant la nausée. Si son estomac ne contenait pas les mets démoniaques les plus fins, peut-être se serait-il laissé aller à vomir, s'il ne se trouvait pas devant un démon, peut-être se serait-il laissé aller à une faiblesse supplémentaire. Rien n'était moins sûr.

Et le parchemin usé, plié contre sa poitrine à l'intérieur de sa veste, disait ceci :

« Les Clefs de Voûte sont au nombre de 4 : une pour chaque élément, une pour la nature corrompue des nôtres. Elles font partie intégrante de la muraille d'Elament la Belle, le bastion des Élémentalistes. Il est impossible de les trouver à moins de détruire la dite-muraille, mais même ainsi, le sort ne s'étiolerait pas : il est des magies qui, avec le temps, s'infusent dans la terre et changent la nature même du sol. La magie des Clefs de Voûte est de celle-là. Mais pire encore : les Clefs servent à ouvrir des portes, à abaisser des barrières, abolir les frontières. Le Maître des 7 Arcanes le disait : les Dieux sont morts, mais pour combien de temps ? Et eux qui ont enfermé la puissance d'un des Sept, que feront-ils quand quelqu'un découvrira que, ce qui empêche nos frères de pénétrer dans la Cité est une chose qui emprisonne le plus puissant des nôtres ? »

Cet artefact était une clef qui menait à l'un des démons les plus puissants. Mais, libérait-il le démon en lui-même ou seulement sa puissance ? L'octroyait-il à l'enchanteur ? L'enfant démon le pensait : se servir de cette clef, c'était acquérir la puissance, rien de moins. Il ne pouvait pas faire le rite seul, mais il ne pouvait pas non plus faire entièrement confiance à ce démon... Ne restait qu'une voie : la voie du pacte, le chemin des liens.


« J'accepte de vous donner ce parchemin, et ma traduction. En échange, je veux une fiole de votre sang, et la promesse de vous assister. » Un sourire carnassier déchira le visage angélique, aux lèvres fardées de poison. « Car je ne suis point dépourvue de sagesse, seule la raison me fait défaut. »
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptySam 11 Déc 2010 - 4:18

« Le petit salopard! » laissa-t-il échapper entre ses dents, tout en jetant la tête de côté, espérant que le mioche n’ait pas saisi ce qu’il murmurait.

Non! Jamais Denathyr, un Général, ne s’abaisserait au niveau de faire un pacte avec le premier venu, surtout s’il s’agissait d’un gamin qui, de surcroît, était plus petit que lui. Denathyr, déjà très petit, du haut de ses 1m55, acceptait rarement de se soumettre au commandement des autres démons, pour la plupart plus grand et plus bâtis physiquement que lui. Et maintenant, un enfant lui demandait de se soumettre à lui! Bien sûr, il ne demandait que la promesse d’assister Denathyr, mais ce dernier savait bien ce que l’on pouvait faire avec une fiole de sang, surtout lorsque la forme de perversion dont on est doté est le contrôle.

Cependant, c’était une grande opportunité qui lui était offerte que de faire une découverte cruciale. Le Général n’était pas simplement aveuglé par le miroitement d’un coup d’éclat et la possibilité d’accéder au rang de conseiller de Khisath. Il était certain de ce qu’il avait entendu. Il était certain de ce qu’il avait vu par-dessus l’épaule de la fée, là-bas, près du mur.

Mais toujours était-il qu’il avait la liberté d’accepter ou de refuser.

Il pensa un instant à utiliser une fiole de sang ne lui appartenant pas. Il se dit que c’était parce qu’il regretterait d’avoir été malhonnête, mais en fait, ce n’était que la magie de Simulacre qui venait de faire effet juste au bon moment. Normalement, jamais Denathyr n’aurait rechigné à commettre un acte malhonnête sous quelque forme qu’il soit.

Ainsi donc se mordit-il l’avant-bras de ses dents pointues et déversa-t-il le liquide d’un rouge sombre dans une éprouvette qu’il gardait sur lui à tout moment pour collecter des échantillons de sang pour ses expériences. Il la donna à Simulacre et lui déclara d’un ton mélodramatique :


« Ainsi donc, tu as gagné! Ton petit visage innocent cachait en réalité la ruse et la perversion la plus pure et moi, comme un simple d’esprit, je suis tombé dans ton piège. Je veux bien consentir à t’accepter (il aurait voulu dire « te supporter ») à mes côtés. Accepte cette fiole de mon sang pur tel un gage de bonne foi de ma part. »

Puis, il afficha un sourire et utilisa un ton plus amical :

« Et puis, si tu es comme tu le décris, nous nous entendrons très bien, j’en suis sûr. Maintenant, pourrais-je voir ce parchemin et ce que tu en as traduit et interprété? Je suis certain que le sacrifice auquel j’ai déjà consenti en te donnant une fiole de mon sang en vaut la peine… »
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptyDim 12 Déc 2010 - 13:54

L'insulte du démon, Simulacre ne l'avait pas comprise : à crachoter dans ses dents on ne faisait que se baver dessus, et il était au demeurant trop occupé à ressasser sa propre situation pour accorder beaucoup de foi aux grognements d'une créature capable de l'anéantir sur l'Instant. Si son sourire était figé, son esprit lui tournait comme une toupie, à la pointe crissant sur de la pierre et c'est seulement lorsque le Général le lâcha qu'il se détendit un peu – juste de quoi se dire être détendu. Les dents monstrueuses de la créature déchirèrent leur propre chair dans une mini scène immonde d'auto cannibalisme. Cela rebuta beaucoup l'enfant démon : s'il éprouvait du dégoût face aux démons possédant des excroissances animales, il en avait encore plus devant les êtres qui s'infligeaient des souffrances inutiles : une lame d'acier aurait parfaitement fait son office ici, non ?

Mais il se tut et prit la fiole, connaissant parfaitement le pouvoir du sang. En un clin d'œil, il ouvrit un portail et rangea le sang dans un espace d'éther, une sorte de petite dimension fourre-tout dont il avait appris l'usage auprès de Sappho. Une espèce de sac-à-main démoniaque des plus utiles. Puis, avec cérémonie, il tira de la poche intérieur de sa veste opulente un parchemin plié en 4 : l'original, dont il fit don au Soquior, était dans un état avancé d'usure, et seul un sortilège de protection avait permis à l'enfant démon de manipuler la feuille dans la voir partir en lambeaux.


« C'est une sorte de traité sur l'origine des pouvoirs de la Muraille de cette Cité. » murmura-t-il d'un ton de conspiration. D'une autre poche, il tendit la traduction approximative du texte, qu'il connaissait au passage par cœur : il l'avait lu, et relue, et lue encore, à s'en écorche les yeux, à s'en faire pleurer l'âme, à imprimer à même sa chair les arcanes des mots, les glyphes des lettres, et tout ceci avait été source de joie. « Il y aurait 4 artefacts à l'origine du sort de protection de la Muraille, ainsi qu'un cinquième et serait également la clef de la libération de l'un des Premiers Nés. »

Une flamme de pure convoitise s'était allumée dans le regard d'un vert innocent de Simulacre : l'un des Premiers Nés, les Pères des démons. Leurs clans, leurs systèmes de fonctionnement, leurs noms, leurs pouvoirs... Tout chez eux étaient matière à légende, mais la partie vraie des récits les concernant glaçait le dos, et s'il était vrai qu'en plus de 8000 ans, les démons avaient perdu de leur superbe et que leur puissance actuelle ne soit qu'un pâle reflet de ce qu'ils étaient auparavant, alors l'acquisition de la puissance d'un des Premiers Nés – voire pire : sa libération – sonnerait le glas de la race élémentaliste. Et tout ceci passa très sûrement dans l'esprit alambiqué et fou du Général Démon. Son instinct, en lui faisait suivre la piste du petit bâtard, ne l'avait assurément pas trompé...
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MessageLe goût du Pouvoir sur la langue [privé] EmptySam 25 Déc 2010 - 18:40

Très bien, il semblerait que tout s’était bien passé. Denathyr savourait déjà la victoire dont il était pourtant encore bien loin en serrant l’étui saturé de protections magiques dans lequel il avait mis le parchemin et sa traduction. Quel bonheur, quelle joie! Il savait que cela aurait un impact sur l’avenir des démons et, en plus, serait très intéressant à étudier. Normalement, il examinait ce que ses serviteurs lui rapportaient, mais cette fois, non seulement c’était une affaire importante, mais il devrait probablement aller lui-même explorer les entrailles de la Cité pour déterrer les secrets de la muraille et découvrir comment libérer l’un des démons originels. Denathyr remercia Simulacre avec un ton exagéré, puis continua en lui disant :

« Je vais probablement devoir trouver d’autres informations si je veux des pistes pour découvrir les artefacts. Quoi qu’il en soit, je te contacterai quand ce sera fait. J’ai quelques… contacts, dans la Cité. Il serait possible que l’un d’entre eux sache quelque chose. »

Et s’il ne trouvait personne qui puisse lui donner des informations satisfaisantes? Devrait-il inspecter par lui-même chaque recoin d’Elament? Denathyr esquissa un sourire quelque peu tordu, puis dit enfin :

« Bah, et de toute façon, il y a surement quelqu’un qui sait des choses et je les lui extirperai d’une façon ou d’une autre. »

Denathyr continuait de saigner par la plaie qu’il s’était infligé. La vue du sang l’émerveillait, même venant de son propre corps. Il ne montrait aucun signe de faiblesse ou même de douleur. C’était quelque peu dérangeant à regarder, un démon qui admirait son bras ensanglanté, mais qu’est-ce que ça pouvait faire? Personne n’aurait pu ordonner à un général d’aller se panser! Heureusement, celui-ci décida de se discipliner par lui-même.

« Aurevoir, Simulacre. On se reverra. Je pense qu’il serait bien que j’aille désinfecter cela, avant que je ne le regrette. »

Dans peu de temps, il aurait sous la main la clef qui était mentionnée sur le parchemin et la destruction des élémentalistes ne serait plus qu’une question de temps. Il pensa alors à la fiole de sang qu'il avait remise à l'enfant. Il se rendait maintenant compte qu'il avait succombé à son pouvoir. Peu importe. Ce petit savait rester à sa place. Denathyr ne le regretterait pas.
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