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| [Bâtisseuse] Logan - Aera | |
| | Logan
Nombre de messages : 277 Âge : 36 Race : Peuple de Cristal Poste : Bâtisseuse Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (655/1000) | |
| Dim 5 Juil 2009 - 16:45 | |
| Nom : de Brocaliande "Brocaliande" est la forêt de son clan mais comme elle ne s'identifie plus à son clan natal, elle a décidé de ne plus garder cette partie de son nom. Prénom : Logan Age : 29 années cristalléennes, environ 19 ans humain. Race : Cristalléen Poste dans la cité : Bâtisseuse Élément Contrôlé : Air Histoire :I. La naissance - Spoiler:
Tout a commencé vingt-sept ans plus tôt dans la forêt de Brocaliande où un clan de Cristalléens s'était établi depuis plusieurs générations. Leur vie s'écoulait paisiblement, sans rencontrer de difficulté plus grande que le repas à chasser. Ce jour là, dans une des centaines de huttes du clan, le calme environnant était brisé par des hurlements : une jeune mère était en train d'accoucher. Un attroupement de curieux – surtout de curieuses – s'était rassemblé autour de l'habitation dans l'impatience de connaître le sexe du bébé. Mais au moment où les cris de la mère se turent, aucun pleur de bébé n'y répondit. Un silence lourd tomba sur la hutte et ses environs. Un bébé qui ne pleurait pas était un bébé mort. Et pourtant … Doucement, comme si c'était avec hésitation, le bébé poussa des petits cris qui se transformèrent rapidement en hurlements. Les Cristalléens soupirèrent de soulagement mais à l'intérieur, la Sage Femme ne se sentait pas rassurée pour autant. Les sourcils froncés, elle venait de déposer l'enfant dans son couffin. La mère avait perdu connaissance avant de savoir que son bébé ne pleurait pas. Elle délégua le reste des tâches à ses assistantes (l'une d'elle étant destinée à reprendre son rôle de Sage Femme) et se rendit d'un pas rapide chez la Materchka. - Mère ? Où êtes-vous ? La petite Marya a accouché. - Et en quoi est-ce mon affaire ? Est-ce une nouvelle habitude que de me prévenir à chaque naissance ? marmonna une voix du fond de la maison. La Sage Femme ne bougea pas, ne sachant pas comment expliquer la situation. Triturant ses mains, elle regardait dans tous les sens à la recherche d'une formulation plus délicate que « Marya a accouché d'un enfant faible, devons-nous le garder ou le tuer ? » mais lorsqu'elle leva les yeux, la Mère était plantée juste devant elle. Malgré son âge avancé, la chef du clan pouvait se montrer toujours aussi silencieuse que son totem, et tout aussi redoutable et cruelle que la panthère. La Sage Femme s'agenouilla aux pieds de sa Mère et prit la parole. - Mère … Sa voix tremblait. Elle ravala sa salive et se reprit. - La petite Marya a accouché mais … son bébé n'a pas pleuré tout de suite. Et je … Je me demandais … Je n'ai pas encore été confronté à ce genre de problème et … Elle n'osait pas relever la tête pour regarder la Mère. Sa démarche était peut-être totalement inutile et stupide en réalité. Oui, le bébé n'avait pas pleuré tout de suite mais il l'avait fait, non ? Alors, quelle importance au final ? - Le bébé, est-ce une fille ou un garçon ? - Une fille, Mère. - Bien, nous la gardons alors. Mais il faudra la surveiller. Au pire, nous pourrons toujours l'envoyer dans le clan du père ou … trouver une autre solution. Nous ne pouvons pas nous encombrer d'une faible parmi nous. Si elle traîne trop la patte, nous nous en débarrasserons ! Sur ce, retourne t'occuper de Marya et de la … fille.
II. L'enfance - Spoiler:
L'enfant fut prénommée Logan. Elle grandit comme tous les autres enfants cristalléens, sans encombre aucun. Malgré cela, personne n'oublia qui elle était. Depuis toujours et pour toujours, les Anciens comme les jeunes de sa génération, tous savaient qu'elle était la faible du groupe. Personne ne disait quelque chose à ce sujet, le dire tout haut était tabou mais c'est dans leur comportement que les habitants du clan de Brocaliande firent comprendre tout leur mépris. Un enfant qui lançait le ballon sur Logan, un adulte qui faisait tomber l'eau bouillante sur ses pieds, une Enseignante qui ne l'interrogeait jamais durant ses cours … Pourtant la fille de Marya ne se plaignait jamais. Vaillement et toujours en avant, elle ne s'accordait aucun répits. Elle était faible et ne pouvait pas remettre cela en question. Le faire serait insulter la Materchka et ça, ô mon Dieu, c'était pire que tout ! C' est pourquoi elle n'y avait jamais pensé, elle s'était contentée de subir le sort qu'elle méritait. Et tant pis pour les cicatrices qui en résultaient … Mais ce n'est pas pour autant que Logan était une « victime ». Elle était bien déterminée à se racheter en prouvant à tous sa valeur. Même si les Enseignantes ne l'écoutaient pas, elle répondait aux questions. Si les enfants lui lançaient le ballon trop fort, elle le leurs renvoyaient avec plus de force. Ce n'était pas de la violence gratuite, ce n'était pas de la simple vengeance. C'était de la rage de vivre et une volonté de prouver au monde qu'elle était bien là. Cette détermination farouche la rendait difficile à vivre car elle cherchait toujours plus, voulait toujours plus et visait toujours plus loin que les autres. Elle était une battante parmi tous et comme les siens, elle ne pardonnait pas la faiblesse. Tant pis si les autres ne la suivaient pas, elle les laissait derrière elle. Une fois qu'elle eut ses premières règles, elle fut définitivement adoptée par le clan du Peuple de la Panthère Noire. C'est avec fierté qu'elle reçut son tatouage. A ce moment là, elle avait 21 ans en âge cristalléen, soit 14 ans en âge humain. Dans ce clan, atteindre cet âge était également une étape dans l'organisation clanique : les jeunes recevaient leur premier poste à responsabilité. Logan reçut le poste de Veilleuse, celui qui devait s'occuper de la surveillance du camp pendant la nuit.
III. La découverte - Spoiler:
Ce n'est que quelques années plus tard que les ennuis arrivèrent. Alors que Logan allait bientôt avoir ses vingt-cinq ans cristalléens, le clan commença à subir des attaques nocturnes. C'était la jeune femme qui avait repérés les intrus la première fois. Subrepticement, ceux-ci s'étaient infiltrés dans le but d'incendier quelques huttes au hasard. Logan les avait chassé avant même qu'ils aient réellement pénétré dans le camp. Malheureusement, ils ne s'arrêtèrent pas là. Les attaques devenaient de plus en plus ponctuelles. Bien que, curieusement, celles-ci aboutissent rarement, le stress quotidien qu'elles causaient fatiguaient le clan qui en avait assez d'être constamment sur ses gardes. Une décision fut rapidement prise : envoyer un groupe d'éclaireurs fouiller les alentours et découvrir d'où venaient ces envahisseurs. L'équipe fut formée et ce fut un groupe de cinq soldats mâles qui fut envoyé. Deux en revinrent dont un en piteux état. Celui qui supportait l'autre s'empressa de retrouver la Materchka dans sa hutte. Après le salut traditionnel, il se mit à genoux. - Parle homme et n'épargne pas les détails. - C'est un autre clan cristalléen. Ils sont de totem canin. Nous n'avons pas eu le temps de les reconnaître tellement ils étaient rapides et ... cruels. Ce sont des femmes qui nous ont attaqués. Nous n'avons pas eu le temps de voir leur camp, ils nous ont surpris à l'orée de la forêt. - Combien étaient-elles ? - Une dizaine. Elles semblaient nous attendre ... - Humf ! La Materchka réfléchit en se grattant distraitement le menton. Il était étrange que des Cristalléens canins cherchent à envahir une zone déjà occupée. Et qu'en plus ils attaquent sans prévenir ... Peut-être était-ce du aux hommes ? - Sors d'ici, le congédia-t-elle d'un geste de la main. Elle resta seule un moment puis se tourna vers l'arrière de la pièce en appelant sa servante-secrétaire. - Berry ! - Oui, Mère ? Répondit la Cristalléenne dès qu'elle entra dans la pièce. - Convoque les Veilleuses, nous allons devoir dépêcher une nouvelle équipe d'éclaireurs et cette fois il me faut les meilleures femmes ... Il ne fallut que quelques minutes pour que les six femmes arrivent. Parmi elles, il y avait Logan. - Mes filles, nous avons été envahies. Et maintenant, attaquées ! Nous ne pouvons rester sans réaction. C'est pourquoi, j'ai décidé de dépêcher une nouvelle équipe pour tenter un pourparler avec les femmes de ce clan. Prenez garde, elles sont d'un totem canin ce qui les rend d'autant plus dangereuses ! Elles n'ont pas hésité à s'attaquer aux hommes de notre clan ... Un grondement retentit en sourdine dans la poitrine des Veilleuses. - J'en enverrai cinq. Logan, tu es celle qui restera ici. Les autres, allez préparer vos affaires car vous partez pour un long moment ! Revenez ici lorsque vous serez prêtes, je vous donnerai la suite de mes instructions. Les jeunes femmes sortirent au petit trot de la hutte de leur Materchka. Seule Logan resta plantée à l'intérieur. La vieille Cristalléenne ne sembla pas remarquer sa présence de suite. C'est le dos tourné qu'elle s'adressa à elle. - Ne sois pas surprise de ne pas partir. Tu sais très bien quelle est la raison de mon choix. Et ça n'est pas discutable. Ça aussi tu le sais ... La Mère n'avait pas besoin de grogner ou montrer les crocs pour faire ressentir toute son autorité. Logan sentit un frisson parcourir son échine. Elle était partagée, même déchirée entre deux convictions. Elle voulait défendre son cas, expliquer que depuis bien longtemps elle avait prouvé sa valeur. Mais si elle prenait la parole, c'était comme si elle défiait sa Mère et ça ... c'était dangereux. Mortel. - Mère, commença-t-elle avec hésitation, puis-je prendre la parole ? - Fais ma fille, mais sache que tes paroles seront vaines. C'était plus fort qu'elle, la Cristalléenne fronça les sourcils et son corps se crispa. A être victime de brimades, Logan voulait qu'une justice régisse le clan. Et pour ça, elle allait devoir prendre des risques. - Mère, j'ai prouvés à maintes reprises que j'étais une guerrière de valeur, que j'étais tout aussi forte que la Championne du clan ! Mais jamais je n'ai eu droit à une seconde chance et je ... - Il suffit ! Comment oses-tu prendre ce ton avec moi jeune effrontée ? La voix de la Materchka était cinglante, coupante. Logan avait de plus en plus peur. - Mère, je voudrais seulement ... - Seulement quoi ? Ridiculiser notre clan en faisant preuve de faiblesse à un moment aussi critique que maintenant ? Ce règlement de compte va se jouer sur peu de choses et je ne peux pas prendre de risques ! Tu es trop faible Logan, tu le sais aussi bien que ... - NON ! Logan sembla tout aussi surprise que sa chef d'avoir crié. Elle se pétrifia, se demandant quoi faire. Qu'allait-elle subir pour avoir osé crier sur la Mère ? - En plus d'être une faible, tu es aussi une effrontée ! Tu n'as pas le droit de me parler comme ça, TU ENTENDS ? Tu as toujours été différente des autres ! N'importe qui de sensé se serait écarté du clan pour mourir avec le peu d'honneur qu'une faible peut avoir ! Mais non, toi tu t'entêtes ! Tu restes et essayes de nous égaler malgré tout ! Malgré tout ce que nous te faisons subir ! Les faibles ne sont pas acceptés, TU n'es pas acceptée parmi nous, comment peux-tu encore le nier ? Les larmes coulaient sur les joues de Logan sans qu'elle s'en rende compte. Elle n'était pas différente, elle en était convaincue. Alors pourquoi ... C'est alors qu'elle vit la Materchka se transformer. C'était la première fois qu'elle prenait cette apparence devant elle. Son corps s'étira, des poils gris sortirent de sa peau et recouvrirent presque totalement sa peau. Sa gueule s'élargit pour laisser apparaître des crocs effrayants. Ses ongles avaient laissés place aux griffes. Cette transformation respirait le danger et la mort. - Non, non ... - Les faibles ne méritent que la mort ! S'écria la Materchka en courant en direction de Logan. - NON ! L'improbable se produisit. Une bourrasque de vent soufflant de nulle part s'engouffra dans la hutte et balaya la Materchka. Celle-ci fut projetée au fond de la pièce, balayant tout sur son passage et l'assommant. Logan regarda abasourdie devant les dégâts que ce simple coup de vent avait produit dans la pièce. De plus, une étrange sensation s'était dégagée d'elle au moment où cela c'était produit. - C'est pire que ce que je craignais ... marmonna la Materchka du fond de la pièce. Sans réfléchir, Logan se précipita vers elle pour l'aider à se relever. De manière surprenante, la chef se laissa aider. Lorsque son regard se posa sur sa fille, elle la vit différemment et comprit immédiatement ce qui venait de se passer. Peut-être y avait-il une explication logique à la « différence » de Logan finalement ? Elle avait déjà entendu parler de personnes comme elle. Elle-même quand elle était jeune ... Logan ne parlait pas, trop choquée par ce qui venait de se passer. Elle s'agrippait au bras de sa Mère comme si elle avait peur que celle-ci disparaisse soudainement. Son cœur battait à tout rompre et elle avait l'impression que ses jambes allaient se dérober sous elle. Jamais elle ne l'avouerait ni ne le montrerait et surtout pas en cet instant précis, mais Logan se sentait faible. Terriblement faible et effrayée. Logan avait finalement quittée la Materchka quand les autres Veilleuses revinrent de leurs huttes. Elle s'enferma chez elle et y resta jusqu'à la nuit tombée, quand Berry la trouva étalée sur le sol de sa hutte perdue dans ses pensées.- Logan, Mère te demande dans sa hutte. Elle n'eut pas de réaction. Elle fit un pas à l'intérieur de la hutte. - Logan ? - Je t'ai entendue. - Elle te demande tout de suite. - Bien. Logan se leva et emboîta le pas à Berry. Elles avancèrent silencieusement dans la nuit, le clan dormant d'un sommeil mérité mais ignorant de ce qui c'était passé quelques heures plus tôt. La seule hutte où un feu brûlait encore était celle de la Materchka. Logan n'eut pas peur, elle pensait que quoi qui lui arrive maintenant, c'était mérité et juste. Plus jamais elle ne remettrait en doute la parole de sa Mère. C'est donc avec une certaine sérénité qu'elle entra dans la hutte. Tout avait repris sa place comme si rien ne s'était passé. Qu'avait-elle bien pu raconter aux Veilleuses pour qu'elles ne s'inquiètent pas de ce désordre ? Peu importait à Logan. Elle s'avança et la salua. Se tut et attendit. - Logan, tu dois partir. Tu dois quitter le clan. - Où dois-je me rendre, Mère ? - A Elament. Il y eut quelques secondes de silence. Elament ? Logan n'avait jamais entendue parler de cette Cité, même dans ses cours de géographie. - Je ne connais p... - Tu partiras en direction de l'est. Marche pendant plusieurs jours. Lorsque tu arriveras à un village, va à l'auberge du Lion d'Or et demande tes renseignements au propriétaire, il te guidera. - Pour combien de temps ? La Materchka ne répondit pas de suite. L'angoisse monta en Logan. - Probablement ... pour toujours. - ... Bien. Elle se releva, salua sa chef et sortit de la hutte sans un mot de plus. - Est-ce une bonne idée ? Et si elle n'arrivait pas jusque là ? Demanda Berry d'une voix inquiète. - Les Dieux décideront de son sort. Je suis sûre que c'est le meilleur choix. Logan partit la nuit-même, ne disant au revoir à personne. Seules Berry et la Materchka assistèrent à son départ et aucune ne sembla affectée par leur séparation. La Cristalléenne ne se retourna pas et avança droit vers l'est. Elle mit plusieurs mois à arriver jusqu'à la Cité. Elle se perdit en chemin, prit le temps d'apprivoiser son don et de découvrir un nouveau mode de vie. Ayant toujours vécu en clan, elle n'avait jamais connue la solitude. Cela la fit se renfermer sur elle-même, elle eut beaucoup de mal à accepter cette nouvelle vie avec ses nouvelles difficultés. Logan devait faire face à des situations auxquelles elle n'avait jamais été confrontée. Bien que intelligente, elle ne pouvait pas tout prévoir. C'est finalement au détour d'un marché qu'elle obtint la dernière aide pour se rendre à la Cité. Ce fut une jeune bourgeoise du nom de Elyan del'Onorh qui lui indiqua le chemin. « Prends la sortie nord du village et traverse la forêt. Après, tu ne devrais pas avoir trop de mal à trouver ton chemin jusqu'à la Cité. » Elle lui lança un « Au revoir ! » avant de s'éloigner et Logan avait-elle rêvé ou l'avait-elle vue allumer sa cigarette sans allumette ?
IV. Elament - Spoiler:
Au début de sa vie dans la Cité, Logan eut beaucoup de mal à s'adapter. Certes elle avait déjà vécu en société, mais son clan comptait à peine une centaine d'habitants. Ici, ça se comptait en dizaine de milliers ! Cette foule la rendait malade, lui donnait une sensation d'oppression. Pour ne rien aider à cela, elle n'avait pas l'habitude de devoir vivre entre quatre murs. Chez elle, elle passait le plus clair de son temps à l'extérieur et sa hutte n'était pas fermée par des portes ou des fenêtres. Dans la Cité, c'était des maisons en pierre. Moches et si froides ! De plus, sa première rencontre la marqua : elle s'était retrouvée face à un mi-elfe, mi-loup élémentaliste de l'eau. Bref, l'incarnation de tout ce qu'une Cristalléenne de totem félin pouvait détester ! A son grand bonheur, elle ne dut plus jamais lui faire face. Au pire le croisait-elle dans les rues mais elle n'eut plus jamais affaire à cette erreur de la nature. Un autre de ses défis fut ... les cours. Elle venait d'une société clanique féministe. Devoir suivre les ordres – oups, les enseignements – d'un homme était plus que inconcevable à ses yeux. Mais il lui mit rapidement les pendules à l'heure. Loin d'être un imbécile, il ne comptait pas être comme ces hommes soumis de son clan. Logan finit par trouver l'intérêt de ses cours : si elle apprenait à maîtriser son don, elle deviendrait plus forte. Si elle était plus forte, elle pouvait retourner à son clan car elle deviendrait sans aucun doute une guerrière reconnue ! Elle suivit donc les cours avec assiduité. Et plus les mois passèrent, moins elle pensait à son objectif premier et ne pensait qu'à son envie de devenir une élémentaliste digne de ce nom ! Bien qu'elle cherchait toujours à devenir la plus forte, ce n'était plus pour son clan mais pour elle-même. Elle ne nota même pas ce changement en elle tellement il se fit naturellement. Elle ne remarqua pas à quel point elle s'était habituée à la Cité et qu'elle s'y sentait bien. Les choses s'étaient faites lentement et sûrement. Avec son professeur, elle développa une relation importante à ses yeux. En recherche d'un nouveau chef, cet homme qui était le premier à lui tenir tête devint sa nouvelle figure d'autorité. De plus, moins cruel et impatient que sa Materchka, il se montrait à l'écoute et à la disposition de son élève. Si elle avait connu le concept de père, elle l'aurait probablement considéré comme tel. Tout cela aurait pu devenir idyllique s'il n'y avait pas eu l'invasion. Caractère : Sauvage, antipathique, méchante, voilà autrefois des qualificatifs qui auraient pu décrire Logan. Mais elle a grandi et elle en est fière. Elle a découvert qu’elle pouvait accepter l’amour des autres sans risquer sa vie. Elle a compris que la vie n’était pas composée d’extrêmes tels le bien et le mal, la femme et l’homme. Elle s’efforce à accepter la différence car elle veut apprendre la tolérance. Elle veut être capable de générosité et de patience. Mais évidemment, Rome ne s’est pas faite en un jour (et Elament non plus). Elle s’applique pour éviter de retomber dans ses anciennes habitudes, de ne pas systématiquement repousser les gens, d’être butée, sanguine, irrespectueuse. Elle cherche l’équilibre entre sa soif d’indépendance et son envie du contact avec l’autre. Elle s’est trouvée une nouvelle famille, un nouveau clan, dans cette Cité et ne l’abandonnera plus jamais. Physique : Autrefois son corps était beau, lisse, vierge de toute blessure de la vie. Elle pensait avoir vécu avant d’arriver à la Cité mais elle s’était innocemment trompée. Les invasions lui firent cadeau de deux cicatrices : trois griffes sur l’épaule gauche, une large et moche cicatrice mal soignée au ventre. Elle cache cette dernière sous des vêtements. La dernière blessure, la plus fraiche, est celle qui barre le tatouage qu’elle a sur le bras gauche. Du haut à droite à en bas à gauche. Par pudeur et parce qu’elle n’arrivait pas encore à en assumer la signification, elle cache également cette cicatrice. Son tatouage, avant d’être abîmé, était le profil d’une tête de panthère noire. Maintenant, c’est difficilement devinable. Ses cheveux sont bruns, une nouveauté apparue pendant son voyage. Selon les rites cristalléens, cela montrait physiquement qu’elle avait gagné en sagesse. Maintenant, ses cheveux sont également plus courts, coupés n’importe comment. Parfois, elle les attache avec un foulard. Entre les mèches de ses cheveux fous se cache une magnifie plume d'un bleu vif taché de différentes gammes de roses. De son totem, elle a hérité des sens (ouïe, vue et odorat), de ses griffes et crocs quand elle se transforme. Son corps s'adapte également à ces nouvelles propriétés en marquant davantage les muscles et sa mâchoire s'élargit un peu pour laisser place aux crocs, mais dans l'ensemble elle garde son apparence humaine. Peur(s) : L’attaque de la démone Matel Krymhild a été un gros traumatisme pour Logan, c’est la première fois où elle s’est vue mourir. Depuis, la démone hante régulièrement les cauchemars de Logan. A cause d’elle, elle a également découvert la peur de la mort. Elle s’était crue immortelle jusque là mais les combats de l’invasion l’avait ramené sur terre, dans cette réalité si fragile. Depuis qu’elle s’est autorisée à avoir de l’affection pour autrui, Logan est terrifiée à l’idée de perdre les gens qu’elle aime. Encore maladroite dans ce monde de l’amour, il n’y a que peu de personnes qui comptent à ses yeux à Elament : Tyrol et Ruby. Quoi que pour cette dernière, c’est plutôt une fascination quasi-mystique qui la rendait si inquiète. Pour terminer, elle a peur d’un jour retomber dans ses mauvaises habitudes. Celle où elle est incapable de se lier à quelqu’un, de faire confiance, de redevenir cette bête sauvage. Elle a parfois l’impression que cette ancienne Logan reste tapie dans un coin de son être, attendant son heure pour revenir. Niveau de maîtrise du pouvoir : * Technique des Griffes : Créer des griffes de vent – Maîtrisée parfaitement * Technique du Pas de Lune : (technique reprise et adaptée de One Piece) (laps de temps court) Marcher dans l’air au moyen de tourbillons mouvant en-dessous de la plante des pieds – Maîtrisée moyennement * Technique de la Guillotinne – Créer une lame de vent tranchante – Maîtrisée totalement * Technique du Mirage (laps de temps court) – Créer des illusions au moyen de vents chauds – Maîtriser parfaitement Particularité(s) : Ses cicatrices. Exemple de Message : /
Dernière édition par Logan le Dim 27 Juil 2014 - 20:10, édité 14 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Dim 5 Juil 2009 - 18:13 | |
| Tes corrections sont correctes. N'oublies pas que les Cristalléens ont une masse de savoir impressionnante, qu'ils se transmettent de génération en génération. Voila. Fiche Validée ! Indicateur de puissance : 130 Parrain : Non demandé par le joueur
Dernière édition par Ruby le Dim 5 Juil 2009 - 21:33, édité 1 fois |
| | | Logan
Nombre de messages : 277 Âge : 36 Race : Peuple de Cristal Poste : Bâtisseuse Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (655/1000) | |
| Lun 6 Juil 2009 - 10:57 | |
| IV. Elament, une nouvelle vie - Arrivée à Elament : elle y rencontre un mi-elfe de lune, mi fier-loup manipulateur de l'eau, Leïn Sithy. Elle aurait pu mieux tomber pour une première rencontre ... (topic terminé) - Inscription- Oh, un chat : Logan adore les chats, mais quand ils se mettent à parler elle se pose des questions ... (topic terminé) - Cours avec Tyrol (topic terminé)
Dernière édition par Logan de Brocaliande le Sam 1 Déc 2012 - 16:56, édité 2 fois |
| | | Logan
Nombre de messages : 277 Âge : 36 Race : Peuple de Cristal Poste : Bâtisseuse Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (655/1000) | |
| Mar 13 Avr 2010 - 16:09 | |
| V. L'Invasion C'était un jour comme un autre. Elle avait été acceptée dans l'année supérieure à l'école et cela lui procurait un sentiment de satisfaction. Elle errait dans les rues, savourant son plaisir d'être là. C'était le soir et dans la Cité, une fête était donnée. Logan avait bien compris que cette fête « sans raison » était simplement une tentative de changer les idées des habitants. Elle soupira et décida de se joindre à la fête. Après tout, pourquoi se priver ?
La fête battait son plein, Logan commençait enfin à se détendre et à oser taper dans les mains au rythme de la musique. Mais ce moment de détente fut brusquement chamboulé quand un désordre commença à se faire sentir dans la ville. Des gens couraient partout en hurlant que les démons avaient infiltrés la Cité. Pour Logan, l'idée était tellement inimaginable qu'elle n'y crut pas tout de suite, restant quelques instants pétrifiées sur place. Puis elle les vit. Sa raison lui commanda aussitôt de s'enfuir. Ce qu'elle fit en quelques sortes : elle courut, sauta sur un muret et bondit sur le toit d'une maison. Elle continua son escalade en cherchant à aller toujours plus haut. Au sommet d'un magasin à plusieurs étages elle embrassa la vue qui s'étendait devant elle. Cette vision la pétrifia. L'alerte n'avait pas été lancée depuis longtemps pourtant les feux ravageaient déjà la Cité et la Cristalléenne entendait des hurlements déchirants. Ce n'était pas une poignée de démons qui pouvait faire ça. Non, ils devaient être des centaines ! Logan entendit alors un bruit derrière elle. Elle se retourna brusquement et vit un démon en train d'attaquer un homme à terre. Ni une, ni deux, la jeune femme était déjà à terre. Silencieusement, elle s'approcha et prit le temps d'observer la situation. La personne à terre était un elfe, elle le voyait à ses oreilles. Et il était gravement blessé ! Il tourna un visage ensanglanté dans sa direction et …
- Leïn ! s'exclama-t-elle.
Logan regretta aussitôt. Le démon tourna vers elle ses yeux de tueurs et aussitôt se précipita dans sa direction. L'âme guerrière de Logan apaisée depuis son arrivée à Elament se réveilla brusquement. En un battement de paupières, la Cristalléenne s'était transformée en mi-panthère. En un deuxième battement, elle s'était déjà littéralement envolée sur le toit. Mais le démon n'était pas un imbécile et réagissait très rapidement. A son tour, il bondit sur le toit et courut vers elle. S'en suivit un combat sans merci. Logan enchaînait ses attaques, appliquant presque tout ce qu'elle avait appris en cours. Elle utilisa sa technique des griffes, lança d'énormes pierres, se protégea de ses boucliers … Si Tyrol avait été là, il aurait sûrement été fière de la voir ! Mais bien qu'elle soit une bonne élève, Logan n'en était pas pour autant surpuissante. Il lui aurait fallu encore quelques mois avant d'arriver à la plénitude de son élément … Elle pensa à l'elfe étendu pas loin et lorsqu'elle le vit agonisant, elle offrit une ouverture au démon. Loin d'être complètement stupide, celui-ci réagit aussitôt et se jeta sur elle pour la mordre de ses dents tranchantes. La Cristalléenne hurla autant de douleur que de surprise et se dégagea aussitôt de l'emprise de la créature. Et sans réfléchir, sans avoir prémédité cette attaque, elle trancha la tête du démon grâce à une « lame de vent » (c'est quelque part une variation de l'attaque des griffes, l'idée est semblable). La tête roula du toit pour s'écraser contre le sol. Elle se dirigea alors vers Leïn et sans un mot l'aida à se lever. Ils avaient à peine fait deux pas que l'elfe s'écroula. Sa blessure était sérieuse, il saignait abondamment et il avait une jambe brisée. - Ça ne sert à rien, va-t-en. La Cristalléenne n'insista pas. Sa race abandonnait les faibles. Le fait qu'elle ait essayé de le sauver était déjà un exploit. Elle partit sans se retourner.
* * * Elle fit partie des chanceux et du plus gros groupe de fuyards. Ils mirent quelques jours à se rassembler et à passer au-dessus de leur traumatisme. Logan résista mieux que certains, moins bien que d'autres. Elle avait l'impression de flotter dans un état second, ne se rendant pas compte que son quotidien si tranquille venait d'être chamboulé à jamais. Il n'y avait plus de Cité, elle avait été envahie par les démons … Elle aida à la construction de leur abris. Wind le Passeur veillait sur eux mais était-il fiable ? Pouvait-on se reposer totalement sur ses épaules ? Après tout, on pensait bien la Cité imprenable … Logan ne pouvait empêcher ce pessimisme et s'en voulait de penser de la sorte, mais c'était plus fort qu'elle. Elle n'arrivait pas à lutter contre ses craintes … Et s'ils étaient les seuls survivants ? Il y aurait bien peu d'Elamentiens alors …
Les jours passent et la vie semble se construire peu à peu. Une hiérarchie se forme, on apprend qu'il y a d'autres survivants. Cette nouvelle rassure les gens et donne du baume au cœur. On demande des professeurs et Logan, en souvenir de Tyrol qu'elle n'a pas vu depuis l'invasion, se propose. Ainsi, elle peut perpétuer l'enseignement qu'elle a reçu et aider la Cité à se reconstruire. Quelques jours plus tard, ce ne fut pas une élève qui se présenta à elle mais bien son professeur ! Folle de joie et de soulagement, Logan se jeta au cou de Tyrol et l'étreignit avec joie. Pas de pudeur ni de manière dans un moment de joie aussi intense pour elle. Quel soulagement, elle l'aurait presque cru mort !
« Et j'ai bien dit presque, Professeur, je me doute qu'il en faut plus que ça pour vous tuer ! »
Son Professeur rit et ce son résonna agréablement à ses oreilles. Il lui fit une proposition des plus surprenantes : le rejoindre dans une équipe qui explorerait l'île. Logan hésita un instant. Elle allait probablement avoir une élève sur les bras … mais en même temps. La perspective de quitter l'île réveilla une excitation éteinte depuis l'invasion. Sortir, découvrir autre chose ! Finalement, Logan accepta assez vite. Il lui promit de la tenir au courant. Ils s'étreignirent et elle le regarda partir, se sentant un peu plus légère.
Nouvelle technique découverte : la Guillotinne (à développer) - Spoiler:
Image d'origine de l'avatar :
Dernière édition par Logan de Brocaliande le Sam 1 Déc 2012 - 16:52, édité 1 fois |
| | | Logan
Nombre de messages : 277 Âge : 36 Race : Peuple de Cristal Poste : Bâtisseuse Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (655/1000) | |
| Ven 21 Mai 2010 - 14:17 | |
| (J'ai rajouté le +10 d'indicateur de puissance suite à notre conversation èmessaine) VI. Elament la Sombre - [Terminé] Solitude au bord de la mer : Au moment où les survivants commencent enfin à prendre des marques sur l'île, Logan fait la rencontre de Myah, une jeune fille fort bavarde mais plutôt sympathique.
- [Terminé] Mauvais jour, mauvais moment, mauvaise humeur : il y a des jours sans, et celui-là en est un. Logan est tellement déprimée qu'elle en est au point de pleurer dans son coin pour cacher ses larmes. Mais voilà : un inconnu muet la surprend dans son pire moment de faiblesse. Comment dire à un muet de la fermer ?
- [en suspens] Tyrol WorldTours propose son circuit aventure : Son ancien Professeur Tyrol lui propose de partir en exploration dans l'île. Comment refuser une occasion de s'échapper de l'ambiance morose ? L'esprit aventurier de Logan accepte aussitôt l'invitation et la voilà partie avec une troupe de cinq joyeux lurons ...
- [Terminé] Altières leçons [PV Ruby] : Alors que Logan prenait son bain, celle-ci se fait surprendre par nulle autre personne que la Matriarche en personne. La coïncidence était heureuse pour Logan qui allait sans doute avoir enfin des réponses à ses nombreuses questions ...
- [ En cours ] Méditation et ouragan [PV Logan Alda] : le titre dit tout : alors que Logan commençait une séance d'entraînement, une elfe encore plus bruyante et bavarde que Myah débarque, bien décidée à ruiner ses exercices. Comment cela va-t-il finir ?
- [Terminé] La curiosité est un vilain défaut [PV Solis] : deuxième rencontre entre Solis Oshan et Logan. Cette fois, elle est moins ... orageuse. De plus, Solis a un service à lui demander ...
- [En cours] Croisée des chemins [PV Kara] : Ce topic signe le début de la mission de Logan pour Ruby et surtout, sa rencontre avec sa disciple membre du clan de Solis. Comment cette rencontre et ce voyage jusqu'à la Tour de Tyïos vont-ils se passer ?
- [Terminé] Convoi et Rencontre [PV Shaloa] : Le convoi que Kara et Logan ont rejoint vient d'arriver à destination. Logan va rencontrer l'ancien élève de son professeur adoré. A quoi va-t-on avoir droit ?
- [Terminé] Trou noir [PV Krymhild d'Arden] : Directement après sa rencontre avec Shaloa, Logan se voit attribuer le premier tour de garde. Ravie à la fois d'être seule et d'avoir un poste à responsabilités, la rouquine se détend un peu trop et lorsqu'elle ouvre un oeil, découvre une magnifique démone attendant son réveil patiemment.
- Chapitre Final : Sacrifice Lieux connus depuis l'invasion : - [L'Île] Les rivages sableux - [L'Île] Les Ruines de Dyferon - [L'Île] Les étuves d'Evergète - [L'extérieur de la ville] La Tour de Tyiös |
| | | Logan
Nombre de messages : 277 Âge : 36 Race : Peuple de Cristal Poste : Bâtisseuse Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (655/1000) | |
| Sam 1 Déc 2012 - 16:54 | |
| VII. Libération Résumé dans le message suivant - Spoiler:
Le bruit de la chute de l’Ile résonna à travers toute la vallée, emportant dans son souffle la moindre parcelle d’espoir de voir Elament épargnée. Ils étaient quelques uns à observer la scène avec incrédulité, Logan en faisait partie. Elle avait imaginé entendre les hurlements des victimes mais à cette distance, c’était évidemment impossible. Elle n’aurait su dire combien de temps elle resta là, pantelante, à observer en silence ce massacre. Il était inutile de courir, le temps qu’elle arrive il aurait été trop tard pour les victimes. De toute façon, c’était dans sa nature de ne pas se préoccuper des faibles, n’est-ce pas ?
Cette pensée la déprima. Elle était une fille du Peuple de Cristal, elle ne devait pas l’oublier, elle ne pouvait le nier. Maintenant que la guerre était finie – c’était une certitude qui flottait dans l’air après ce qui venait de se passer – elle se rappela ses origines. Soudainement, brusquement, le visage de sa Materchka s’imposa à elle. Pourquoi maintenant ? Logan secoua la tête pour chasser l’image mais le souvenir semblait imprimé sur ses rétines. Elle se détourna de la vision de l’Ile écrasée sur Elament et retourna sur le champ de bataille. La vue de la boue mélangée au sang et à la terre lui donna un haut le cœur. Sans pouvoir se retenir, elle vomit. Penchée en avant, les mains sur les genoux, elle essayait de reprendre sa respiration entre deux nausées. Son corps évacuait tout ce qu’elle avait contenu ces dernières semaines, tout ce qu’elle n’avait pas dit. Augmentant son malaise, sa nouvelle cicatrice gracieusement offerte par la démone Krymhild la lança douloureusement dans les abdominaux. Elle grimaça, tentant de contenir la douleur. Elle se redressa, hésita. Devant elle, Elament et ses victimes. Derrière elle, la Forêt Darke. Elle fit demi-tour et s’enfuit dans la direction opposée de la Cité.
Elle ne se retourna pas, avança droit devant, concentrée sur ses pas. « Un pied devant l’autre, lentement mais sûrement. Vas-y Logan, un pied après l’autre. » Réussir à marcher droit et résister à l’envie de se coucher là, à même le sol pour dormir était un vrai combat contre elle-même. Elle ressentait le besoin urgent et pressent de prendre de la distance avec la Cité, les Démons et l’Ile. Il fallait qu’elle s’en éloigne, au risque de devenir folle, elle en était certaine. De plus, l’image de la Materchka ne la quittait pas. Elle se sentait déboussolée. Durant les derniers mois passés, si on lui avait demandé ce qu’elle aurait fait une fois la Cité reprise, elle aurait répondu sans hésitation : « J’irai, je tuerai les derniers démons et sauverai les blessés ! ». Maintenant qu’elle y était, tout lui semblait différent et ridicule. La Cité était reprise, certes, mais à quel prix ? Des centaines de morts, une ville à rebâtir … Quelle serait sa place là-dedans ? Qu’est-ce qu’une Cristalléenne pourrait bien faire dans un monde aussi troublé, peuplé de blessés à secourir, de morts à enterrer et de chaos ? Elle s’était crue différente, changée depuis son arrivée. Peut-être qu’au final, elle s’était trompée … Finalement, elle abandonna sa lutte contre la fatigue. Elle escalada un arbre et lorsqu’elle y trouva une branche suffisamment épaisse, se pelotonna en boule et s’endormit avant même d’avoir eu le temps d’y penser.
Lorsqu’elle se réveilla, la lumière du soleil pointait. Elle eut l’impression d’avoir dormi pendant plusieurs jours tellement elle se sentait engourdie. Elle put constater avec déplaisir que son sommeil avait été assez profond pour que les moustiques s’en donnent à cœur joie pendant la nuit. Elle se retint à grande peine de se gratter et descendit de son abri. A peine posa-t-elle un pied au sol que son ventre gargouilla.
« Très bien mon petit, je vois que même blessé, tu n’abandonnes pas pour réclamer à manger ! » dit-elle tout haut d’un ton amusé, un peu déplacé dans cette forêt silencieuse.
Elle se mit en route pour trouver un repas. La forêt était calme, très calme, voir trop. Le chant des oiseaux était rare et les bosquets ne semblaient pas abriter de vie. Elle dut rapidement abandonner l’idée de trouver un animal sauvage à déguster. Elle se contenta de cueillir quelques fruits qui calmeraient son estomac. Elle reprit sa marche, sans trop savoir vers où elle allait. Ou tout du moins, sans vouloir se l’avouer. La journée passa, les fruits furent consommés et l’estomac de la jeune femme se réveilla à nouveau, en même temps que ses piqûres de moustiques. Elle décida de traquer avec plus d’assiduité. Cachée dans un fourré, elle attendit. Plus rapidement qu’elle ne l’aurait cru, un lapin sauta par-dessus un buisson et atterrit quasiment en face d’elle sans qu’il s’en aperçoive. Se retenant de faire du bruit en se grattant, elle leva lentement la main et d’un geste habile envoya une boule de vent capturer l’animal.
… Tout du moins, c’est ce qu’elle espérait faire. Malheureusement pour elle, son ballon de vent, au lieu de s’élever avec douceur et se diriger vers le lapin, fut soudainement aspiré par le cœur même du ballon et lorsqu’il en fut réduit à une tête d’épingle, relâcha toute la pression dans une violente onde de vent. Balayée par la force de la magie, elle fut emportée sur deux mètres et finit son vol contre le tronc d’un arbre. Le choc lui arracha un cri. Elle mit quelques secondes à se relever, assez sonnée par la chute. Elle se redressa perplexe. L’animal s’était évidemment enfui mais son appétit était oublié. Que venait-il de se passer ?
« J’aurais pu te prévenir. » dit soudain une voix. Logan se retourna brusquement. D’où venait la voix ? - Qui a parlé ? Personne ne répondit, personne ne se montra. Elle resta sans bouger. Au bout de plusieurs minutes de silence, elle se demanda si elle n’avait pas rêvé. Après cinq minutes supplémentaires, elle envisagea que ça soit le cas. Plus d’un quart d’heure était passé lorsqu’elle décida que c’était simplement le vent dans les feuilles qui avaient perturbé son esprit confus.
Elle se remit en marche, toujours affamée, mais également préoccupée par l’épisode de sa chasse ratée. Ses pensées vagabondaient. Pourquoi son pouvoir avait-il réagi de cette manière ? Etait-ce lié à la chute de l’Ile ? Fort probable. Après tout, cet événement sensé être impossible avait du créer des conséquences inattendues. Non, l’île n’était pas la cause. La bonne question était : qu’est-ce qui avait causé la chute d’une Île flottante magiquement ? « Une énorme perturbation magique ». Et ça, c’était… - Le sortilège, murmura-t-elle tout haut. - C’est la réponse la plus logique. La voix ! Elle n’avait pas rêvé. Elle se retourna à nouveau, scrutant avec plus d’attention les alentours. Cette fois, elle en était certaine : elle n’était pas seule dans la forêt. Le calme régnait pourtant toujours. Où se trouvait l’inconnu ? Un bruissement d’aile sur la droite attira son attention. Posé sur une branche, un oiseau aux plumes de couleurs vives la regardait. - Un perroquet ? Ici ? En pleine Forêt Darke ? Voilà quelque chose qui n’était pas logique – une chose parmi tant d’autres. L’oiseau la regardait tranquillement. Tranquillement. « Un oiseau n’a pas d’expression, pourquoi est-ce que j’invente ça ? » Elle continua de le regarder, perplexe. Il devait appartenir à quelqu’un qui l’avait amené dans la région. - Où est ton maître, l’oiseau ? demanda-t-elle tout haut. - Mako n’a aucun maître. Logan ouvrit de grands yeux ronds, dans une expression presque comique. L’oiseau parlait ? Bien sûr, l’oiseau parlait. Les perroquets étaient connus pour répéter les sons qu’ils entendaient souvent. Elle se détendit. - Ah ah, très drôle. Retourne chez toi, je n’ai pas de temps à perdre avec un oiseau répétant les paroles de son maître. « Paroles étranges, cela dit. » ajouta-t-elle mentalement. Elle reprit sa marche, toujours dans la direction opposée de la Cité. Le bruissement de plumes lui indiqua que l’oiseau la suivait. Elle choisit de l’ignorer. Elle reprit le cours de ses pensées : le sortilège. Pourquoi avait-il détruit l’équilibre de l’Ile ? Une seule solution pouvait l’expliquer et sa simple supposition lui donnait le tournis : Ruby l’avait rat. Rater ! La Dame ! Inconcevable dans l’esprit de Logan qui plaçait la Blanche Dame sur un pied d’estale. Pourtant, elle était bien obligée de constater l’indéniable : la magie ne fonctionnait plus. Du moins, plus correctement. Mais que… Quelque chose la frôla. Dans un sursaut, son instinct de survie prit le dessus et elle se transforma aussitôt – notant dans un coin de son esprit la douleur qui lui vrilla le ventre au moment de sa métamorphose. L’oiseau. Il l’avait dépassée pour se poser sur une branche en face d’elle. - Saleté de piaf ! Casse-toi ! Pour toute réponse, il inclina la tête sur le côté. Elle gronda. - J’aimerais pouvoir te dégager avec mon Vent ! Tu as de la chance que la magie soit perturbée ! - Dans un certain périmètre. - Hein ? - La magie. Elle est perturbée dans un certain périmètre dont le centre est l’Ile. Il fut soudaine évident que le perroquet ne répétait pas des sons. C’était ses paroles. Le déclic se fit. - Serais-tu un animorphe ? - Qu’est-ce qu’un animorphe ? - Un animal ayant des capacités humanoïdes telles que le langage et la pensée. - Es-tu un animorphe ? - Non. Elle reprit sa forme normale. - Tu vois ? Deux jambes, deux bras, je parle et je pense. - Mako a deux ailes, deux pattes, parle et pense. En quoi est-il différent ? Prise de cours, elle marqua un temps d’hésitation. - Habituellement, les perroquets ne s’expriment pas dans la Langue Commune avec une pensée propre. Ils reproduisent des sons qu’ils ont entendus. Le perroquet changea de position sur ses pattes. - Il se peut que Makot ait rencontré un problème de communication avec ses congénères. - C’est pour ça que tu es parti ? - Mako n’est pas parti ! Il a décidé de voyager pour chercher des réponses. Silence. Il reprit. - Mako ne fuit pas, il rejoindra les siens quand il aura toutes ses réponses. Il se rapprocha d’une branche. - Mako n’est pas comme toi, un fugueur qui abandonne les siens. - Je ne suis pas une fugueuse ! - Si tu ne fuis pas, qu’es-tu en train de faire ? En effet, qu’était-elle en train de faire ? Diantre, que ce perroquet était bavard. - J’ai aussi besoin de réponses, répondit-elle en hésitant, se demandant s’il y avait une bonne ou une mauvaise réponse. - Elles ne sont pas chez les tiens ? Mako a pourtant entendu dire que vous aviez beaucoup de réponses dans votre Cité. - Ce ne sont pas les miens. Ses mots sortirent avec une froideur que Logan ne ressentait pas. - Qui sont les tiens ? - Je ne sais pas. - Est-ce cela que tu recherches ? - Sans doute… - Alors comme Mako, tu essayes de savoir qui tu es. - Oui. Le perroquet agita ses ailes, lui donnant un air qui pourrait être impressionnant, s’il n’était pas si minuscule. - Moi, Mako, je t’accompagnerai dans ta quête ! - Pourquoi ? - Ta quête d’identité et la quête de Mako sont semblables. Qui sommes-nous ? Peut-être que nous pouvons joindre nos efforts pour obtenir nos réponses. - Je ne cherche pas de compagnie. - Vraiment ? C’est fou ce que l’oiseau l’agaçait, là, maintenant, tout de suite. - Seras-tu aussi bavard pendant le voyage ? marmonna-t-elle. - Seulement si Mako a des choses à dire. - Espérons que tu n’aies pas trop de choses à dire.
Evidemment, il parla. Tout d’abord, il tint à lui expliquer de long en large le fonctionnement de son nid. Il lui expliqua qui étaient ses parents, et d’où venaient les parents de ses parents. Il lui énuméra tous ses frères, sœurs, cousins et cousines, avant de lui présenter en détails l’organisation qui faisait tourner le nid. Logan eut beau lui répéter de toutes les manières polies et rustres qu’elle n’en avait, mais alors là, vraiment rien à faire, Mako n’en tint pas compte et continua son monologue. Lorsqu’enfin, il sembla arriver à la fin de son récit, Logan crut son calvaire terminé. Mais telle ne fut pas la décision du perroquet qui en conclut plutôt que c’était le moment opportun pour poser des questions. Comment t’appelles-tu, d’où viens-tu, pourquoi te transformes-tu, est-ce que ça fait mal, ton âge, ta race, la longueur de tes cheveux, pourquoi ce fruit et pas un autre, où as-tu appris à plier ces feuilles… Logan crut devenir folle. Au début, elle fit l’effort – surhumain – de répondre mais plus la journée avançait et plus ses mots se transformaient en grognements. Le soleil commençait à descendre lorsqu’elle craqua : - Assez, tais-toi ! Cesse avec tes questions ! La nuit tombe, je veux dormir et pour ça j’ai besoin de silence ! Mako ouvrit le bec mais Logan l’empêcha de répondre. - Je n’ai pas besoin de mon Vent pour te briser le cou ! Mako en conclut qu’il valait donc mieux se taire et qu’au bout de cinq heures de bavarde, les Cristalléens avaient des tendances meurtrières. Il en prit bonne note.
Les jours suivant, Logan expliqua le plan qu’elle avait établi. Puisque Mako semblait décider à la suivre, elle s’était permis d’y réfléchir seule. Son objectif était de se rendre à son ancien clan. Et pour cela, ils allaient devoir traverser tout le Magyar, les Archipels, Luscannian et une bonne partie d’Erestrée. - Voilà un fort long voyage. - Certain de vouloir m’accompagner ? Pour toute réponse, le perroquet prit son envol et dépassa Logan. « Tsss, frimeur. » - Rappelle-toi que ton plus mortel danger dans ce voyage, c’est moi ! T’avises plus de causer autant ! lui cria-t-elle. Un cri tordu retentit dans l’horizon. Logan supposa que c’était la manière de rire de Mako.
Lors d’une discussion avec Tyrol, celui-ci lui avait parlé du Désert de Rif. Ils parlaient ce jour-là de l’utilisation du Vent comme moyen de déplacement. Il lui avait alors raconté que dans ce désert étaient rassemblés des animaux volants. « Volants ! » s’était-elle exclamée incrédule. « Mais j’en aurais aperçu s’il existait de telles créatures ! » Tyrol avait secoué la tête avec son expression si typique dans le regard – un mélange d’amusement et de sagesse. Son professeur lui avait expliqué que le Peuple du Désert avait mis au point une technique qui permettait de rendre le vol de ses animaux le plus discret possible : des mirages. Cette idée fascina Logan. Elle était en train d’expliquer ce souvenir à Mako, alors qu’ils allaient arriver à l’entrée du désert. Ils étaient en train de manger. Mako des insectes, elle de la viande d’un lièvre qu’elle avait réussi à capturer. Comme le lui avait prédit le perroquet, plus ils s’éloignaient de l’Ile et plus elle maîtrisait son pouvoir. Il était encore légèrement instable mais rien d’ingérable. - Mako n’a pas compris. Est-ce que ces animaux volants ont des ailes comme Mako ? - Non Mako, ces animaux sont comme moi. - Des humanoïdes ? l’interrompit-il. - Non, écoute-moi. Ce sont des animaux qui ont une maîtrise naturelle des éléments. Ils sont assez rares et c’est pourquoi il est très difficile d’en croiser. Ces « marchands » ne se trouvent au désert que de manière saisonnière. Selon mon souvenir, nous sommes dans la bonne période. Tout du moins, je l’espère car je n’ai pas envie de marcher jusqu’en Erestrée ! - Mako pourrait voler jusque là et porter Logan ! - C’est ça, bien sûr. Mako agita les ailes nerveusement et lui tourna le dos, vexé. - Mako, il ne serait pas sage de t’épuiser jusqu’à la mort. Sinon, comment pourrais-tu apporter tes réponses à ton nid ? Le perroquet lui tournait toujours le dos. - Il se peut que la femelle ait raison, marmonna-t-il. - Femelle ?! s’exclama-t-elle avec rage. Mais l’oiseau ne lui répondit pas et dans un éclair de sagesse, elle comprit qu’il voulait simplement vexer Logan comme elle venait de le vexer lui. Elle décida de le laisser tranquille. Au moins, cela lui permettrait de s’endormir assez vite.
Le lendemain matin, Logan découvrit avec stupéfaction un grand panel de variété d’animaux. Ils étaient classés selon leurs affinités élémentaires et Logan en compta beaucoup plus qu’elle ne s’était attendue à en voir. Mako voletait autour d’elle, silencieux. Juste avant d’arriver, Mako lui avait demandé s’il allait rencontrer d’autres perroquets comme lui. Logan n’en savait rien mais elle lui fit remarquer qu’il serait peut-être plus prudent de ne pas montrer son habilité particulière. Sait-on jamais que le marchand y voit une aubaine un peu trop tentante… - Est-ce que ce bison irait jusqu’au Monts Yeunn, monsieur ? - L’Monts YEUNN ? Soyez pas folle, p’tite dame ! Y a pas d’bêtes qu’volent jusque là. Les vents des îles oh là là, par mes ancêtres, beaucoup trop dang’reux ! Vraiment vraiment, dang’reux, dang’reux ! - Jusqu’où peut-il aller, alors ? - Y a un cap’taine qui fait la traversée des îles. Y pourrait vous aider. Ma bête va jusqu’ là. Va donc à Bertar’K, c’est mon cousin, y saura t’aider ! Pendant ce temps-là, Mako s’approcha de la bête, vola autour comme pour l’inspecter. Logan le suivait du coin de l’œil. Elle vit le bison lever la tête et renifler l’oiseau. Les bêtes se jaugèrent mais rien de plus ne se produisit. Rassurée, Logan fit signe à Mako de venir la rejoindre. Elle conclut son marché avec le vendeur en échange d’écureuils et lapins chassés. - Mako a accepté la bête. La bête a accepté Mako, lui dit-il dès que le marchand se fut éloigné. - Tu m’en vois ravie. Logan se dirigea vers le bison d’un pas décidé et réfléchit à comment y attacher le siège. - Nous allons traverser la grande eau ? - Non, nous allons rejoindre un bateau pour la traverser. - Bateau ? - … un truc qui flotte sur l’eau. - Ah d’accord. La rousse apprécia le ton conciliant du perroquet.
Le trajet fut rapide, un peu trop au goût de Logan qui avait apprécié la douceur du voyage. Mako avait accompagné le bison pendant une partie du vol, tournant autour de sa tête, le provoquant par jeu. L’animal, assez flegmatique, l’avait laissé faire sans s’y intéresser. Frustré, le perroquet avait fini par rejoindre Logan et observer le paysage. Tout comme elle, il ne s’était probablement jamais trouvé aussi haut.
Une fois à Bertar’K, le « cousin » lui apprit qu’une caravane partait le lendemain matin pour le port et qu’elle pouvait s’y joindre. Elle se retrouva sans rien à faire. Quant à lui, toujours aussi curieux, Mako lui glissa dans l’oreille qu’il comptait visiter les alentours et disparut en un battement d’ailes. Elle le regarda s’éloigner, songeuse. Elle se rappelait le seul animorphe qu’elle ait déjà rencontré : Neko. Bien qu’elle ne l’ait pas vu sous sa forme humaine, elle savait que les animorphes avaient cette habileté. Mako savait-il qu’il pouvait également se transformer en humanoïde ? Peut-être que cette révélation faisait partie des réponses dont il avait besoin… Logan hésitait. Comment était-on sensé annoncer cela ? « Tiens salut, ça va ? Au fait, tu sais que tu peux te transformer en humain ? » Super approche. Fine, subtile, rien à redire. Logan secoua la tête. N’était-ce pas une découverte qu’il était sensé faire seul de toute façon ? Avait-il réellement besoin d’elle ? Avait-elle envie de l’aider ? Elle releva les yeux, observa les alentours. Elle ne devait pas se laisser trop distraire par le problème de Mako. C’était lui qui avait décidé de l’accompagner, il n’avait rien demandé en retour. Elle ne lui dirait rien. S’il ne demandait pas, c’est qu’il ne se questionnait pas. Chaque chose en son temps.
La nuit arriva, il fut temps d’aller dormir. Mako et elle allèrent se blottir contre le bison qui avait un pelage si doux. Ils ne parlèrent pas, Mako songeant à ce qu’il avait observé, Logan se demandant si elle faisait bien de taire une révélation aussi importante à son compagnon de voyage. A l’aube, elle fut réveillée par des coups de bec. - Logan ! Debout, debout ! La caravane va partir ! - Que… Quoi ? De quoi ? Il est quelle heure ? - DEBOUT ! lui cria-t-il dans l’oreille. Ce cri aigu dans l’oreille lui vrilla le tympan. - Très bien sale bête, j’arrive ! Me hurle pas dans l’oreille comme ça ! Logan continua à râler dans son coin tandis que Mako notait mentalement que les Cristalléens étaient également de mauvaise humeur au réveil. Il envisagea cependant l’idée qu’en réalité, ça soit seulement Logan.
Autant le trajet avec le bison lui parut trop court, autant celui avec la caravane, beaucoup trop long. Elle n’en pouvait plus. Ce qui rendait le voyage si pénible, c’était la chaleur. A neuf heures du matin, Logan comprit pourquoi tous les hommes qui faisaient parti du voyage – des Elnihins, comme elle l’apprit par la suite – étaient couverts de larges tissus. Une heure plus tard, elle était réfugiée sous un large tissu et pour se soulager, usa discrètement de son vent pour se rafraîchir. Mako, encore moins habitué à un air si sec, semblait mal supporter la chaleur. Elle lui proposa alors discrètement de venir sous le tissu pour lui aussi bénéficier de son vent. Le trajet lui parut toujours trop long, mais moins pénible. Elle remercia le dieu Aera de lui avoir accordé ce don.
Ils arrivèrent début d’après-midi au port. Logan aida à décharger la caravane et constata qu’il y avait également des femmes dans le cortège. Eux aussi montaient dans le bateau. Tandis que les dernières vivres étaient montées à bord du bateau, Logan prit un instant pour contempler une de ses anciennes ennemies : l’eau. Elle n’aimait pas l’eau, c’était une phobie. Tyrol lui avait expliqué que c’était sans doute lié à son totem félin mais pour ce qu’elle en savait, les panthères ne ressentaient pas la même peur qu’elle fasse à une masse d’eau. Et là… Là, c’était carrément l’Océan. Mako l’observait tandis que Logan, paralysée, regardait fixement le bateau puis l’Océan. Il s’approcha d’elle et se posa sur son épaule, pour pouvoir lui parler discrètement dans l’oreille. - La fière Cristalléenne aurait-elle peur d’un peu d’eau ? - La ferme… - Ooooh. Mako doit-il raconter à sa famille que la fille aux cheveux roux craint d’être mouillée ? - Je… commença-t-elle d’un ton vif avant de se rendre compte qu’elle n’était pas sensée parler seule. Je, reprit-elle plus bas, n’ai pas peur d’être mouillée. C’est juste que… face à autant de… d’eau je… je me dis que… Mes craintes sont bien plus futiles. Qu’est-ce qu’un problème de conscience, quand on sait que l’Océan ne peut faire qu’une bouchée de nous ? - Et à quoi cela sert-il d’avoir peur d’un problème qui n’existe pas encore ? - L’instinct de survie, peut-être ? répondit-elle, ironique. - Soit. Fais attention à ta vie mais ne t’empêche pas de vivre. Allez, allons-y ! Mako voit le Capitaine te faire des signes depuis dix minutes !
Ce fut la partie la plus difficile de son voyage. Sa dispute avec sa Materchka, l’invasion de la Cité, les combats contre Krymhild, rien de tout ça ne pouvait égaler la terreur que lui insufflait l’Océan ! Impressionnant par sa masse, il l’était aussi pour son imprévisibilité. Quand elle observait l’Océan d’un ponton ou d’une plage, elle le trouvait pourtant beau. Quand elle était sur l’eau, elle ne savait plus où donner de la tête, sentant son corps constamment perdre l’équilibre et cette sensation la terrifiait. Elle n’avait absolument pas le pied marin et elle avait le mal de mer. Il fallait qu’ils longent toutes les Iles de l’Archipel en plus, surfant constamment entre les courants malmenant le bateau ! Logan s’en désespérait déjà. Le Capitaine annonça que le voyage durerait quatre jours s’ils ne rencontraient pas de problèmes. Le moral de Logan baissa d’un cran. Il ajouta que l’important dans l’immédiat était de s’éloigner au maximum de la côte pour éviter des courants dangereux qui pourraient les rabattre vers les Iles de l’Archipel. « Courants dangereux » Son moral descendit encore de dix crans.
Elle survit aux premières vingt-quatre heures avec beaucoup de fierté. Dans sa tête, elle pria le dieu Aera pour que le bateau ne rencontre pas de problème. Mais la première personne à rencontrer un souci, ce fut elle. Alors qu’elle se lavait en compagnie des femmes Elnihin, l’une d’entre elle pointa son ventre : « Ta blessure est rouge, est-ce normal ? ». Logan baissa les yeux et frissonna. Elle ne regardait jamais sa blessure car elle la dégoûtait et lui rappelait avec beaucoup trop de précision qu’elle avait failli se faire dévorer par une Matel. Le début de cicatrice était en effet rougi et elle se rappela la douleur qu’elle avait ressentie au moment de sa dernière métamorphose. Pourtant, Logan ne s’en soucia pas plus que ça. Erreur. Le lendemain, ce fut pire. L’humidité de l’Océan avait fragilisé sa peau en train de se cicatriser et maintenant, c’était en train de s’infecter. Mais que faire ? Logan n’y connaissait rien médicaments et quand bien même, elle était de toute façon sur un bout de bois tanguant sur lequel on ne pouvait certainement pas trouver de plantes médicinales. Elle finit par mouiller un large tissu avec de l’eau de mer et banda son ventre avec cela, espérant atténuer la douleur. Nouvelle erreur ! Le soir-même, la rougeur s’était étendue et était devenue brûlante. La fièvre avait commencé à poindre. Logan tenta de cacher sa blessure mais les autres femmes ne furent pas dupes. Elles la forcèrent à s’allonger et la plus âgée d’entre elles malaxa des plantes et épices qu’elle avait dans sa trousse pour en faire une pommade. L’odeur était affreuse et Logan tenta de la repousser. Malheureusement pour la elle, la fièvre était montée, ce qui la rendait trop faible que pour pouvoir réellement lutter. La vieille femme appliqua alors avec douceur sa pommade. Logan perdit conscience. Elle dormit pendant deux jours. La conscience et l’inconscience se mélangeaient, elle ne savait pas distinguer les délires de la réalité. Quand elle ouvrait les yeux, elle voyait parfois Mako penché sur elle. Puis il devenait Krymhild et elle hurlait de terreur. Des mains la plaquaient sur la couchette, jusqu’à ce qu’elle se rendorme. Elle émergea. Seule dans le dortoir. Ce qui était plutôt étonnant. Elle attendit que les brumes du sommeil se dissipent. Personne n’arriva. Où étaient-ils ? Elle se leva, fit quelques pas et soudain tout tourna autour d’elle. « Suis-je encore fiévreuse ? ». Non, ce n’était pas cela. Tandis qu’elle prenait sa température, elle réalisa qu’elle entendait beaucoup de bruit venir de dehors. Des rugissements, des cris et elle vit des pommes rouler dans un coin du dortoir. Ce n’était pas sa tête qui tournait, c’était le bateau qui tanguait ! Elle se précipité vers la sortie et la vue qui s’offrit à elle était apocalyptique. Dehors, c’était la tempête, l’Océan était déchaîné. Tout le monde hurlait des ordres, parcourait le pont dans tous les sens dans une valse cacophonique perturbée par d’immenses vagues s’effondrant dans un fracas assourdissant sur le pont. On aurait dit que l’Océan avait pris vie pour tous les noyer. Tous les passagers étaient là pour prêter main forte. Certains Elnihïns avaient remplacé les Aquas – que Logan découvrait à l’instant – aux rames du bateau. Le Capitaine s’accrochait à la barre et parmi toutes les voix, c’était la sienne qui surplombait tout le vacarme : « Rabattez les voiles, ramez bande de limaces ! Celui qui ne fait rien sera jeté par-dessus bord, j’ai pas b’soin de cargaison inutile sur le « Loup d’mer » ! » ». Mais les directives du Capitaine ne changeaient rien : le bateau n’avançait pas, il était emporté par les flots et ne tarderait plus à s’écraser contre les rivages d’une île quelconque qui se rapprochait de plus en plus. Les Aquas étaient trop peu nombreux pour gérer la tempête et peu à peu l’Océan semblait les avaler un peu plus. Une tache bleue arriva droit sur elle. Il se posa sur son épaule. - Logan ! L’eau est déchaînée ! L’Océan veut nous manger ! Elle ne sut quoi répondre, ni quoi faire. - Comment s’en sort l’équipage ? - Mal. Son ton était catastrophé. Visiblement, il ne se sentait pas aussi à l’aise que ce qu’il avait voulu faire croire à Logan. - Qu’est-ce qu’on peut faire ? - Mako a vu les Iles se rapprocher dangereusement. Le vent et l’eau nous poussent par là. Elle sentit les griffes de Mako s’enfoncer dans sa peau en même temps qu’il s’exclamait « Le vent ! » - Logan, le vent ! La voilà la solution ! - Ah ! Bien vu le piaf ! Aussitôt, elle courut vers le capitaine. - Capitaine, je peux vous aider ! Il lui jeta un coup d’œil. - Fous-moi la paix, je parle pas avec une macchabée ! HÉ LA BANDE DE LIMAÇONS SI VOUS VOULEZ CREVER, ZAVEZ QU’A SAUTER DU PONT AU LIEU DE RIEN FOUTRE. - Je… Ecoutez, j’ai remarqué que vous aviez des personnes sachant maîtriser l’eau sur votre bateau. Hé bien moi, c’est le vent que je maîtrise ! - BOUGER VOUS LE CUL A BÂBORD SINON ON CRÈVE TOUS. Et tu proposes ? Quelques minutes plus tard, le pont du bateau était calme, à défaut de l’Océan. Chacun venait de recevoir des indications précises. Logan avait grimpé sur le mat pour faire face aux voiles, les Elnihins tenaient les cordages, les marins aux rames les Aquas sur les flancs et le Capitaine à la barre. Elle commença son exercice de respiration. C’était une maîtrise très simple : il consistait en une évolution en crescendo de la quantité d’air que l’on inspirait. Le Souffle du Vent, s’était-elle amusée à l’appeler. Elle se concentra et elle sentit l’air remplir ses poumons. Puis elle expira, avec lenteur. Elle essaya de ne pas penser à toute la pression qui reposait sur ses épaules, de ne pas penser à toutes ces vies qu’elle tenait entre les mains car elle devait parfaitement contrôler l’arrivée et la sortie de l’air. Celui-ci devait circuler entre elle et l’extérieur dans un flot continu et régulier. Elle continua à inspirer. L’air gonfla à nouveau ses poumons mais cette fois, elle le ressentit dans tout son corps, comme si c’était le corps toute entier qui gonflait. Cette sensation la revigora. Encore trois inspirations et elle en contenait assez. Les pieds écartés, les jambes pliées, face à la voile principale. C’était le moment : avec calme, elle expira lentement tout son air. La voile gondola un peu mais c’était toujours la tempête qui la contrôlait. Elle recommença, la voile se gonfla un peu plus. Et encore un peu plus et enfin ! On sentit le bateau trembler. Aussitôt, les Aquas commencèrent leur danse. A eux tous – rameurs, Elnihins, Aera et Aquas – ils bataillèrent fermes contre l’Océan. Tous y mettaient leurs forces et leurs efforts payèrent : enfin ils arrivèrent à reprendre le contrôle du bateau. Le navire avança difficilement à contre-sens de la tempête. L’effort était intense pour tous mais le soulagement de se voir avancer leurs libérait le cœur et allégeait leurs bras. Après une demi-heure de lutte acharnée, ils se surent sauvés. Encore une heure plus tard et ils étaient complètement hors de danger, ils étaient sortis de la tempête et des courants marins. Logan descendit du mat et rejoignit les cris de joie qui retentissaient à travers le pont. Ils étaient sauvés !
- Quelle aventure ! dit Mako d’un ton excité une fois qu’ils eurent débarqué. - Ouais. Une chance que j’étais là, sinon tout le monde était foutu ! - Logan ! Quelle prétention ! - Je plaisante, Mako. Elle eut un petit rire et le perroquet lui répondit par son cri tordu. Logan salua les Elnihins qui prenaient un chemin différent et le capitaine la remercia une ultime fois. - Où en sommes-nous dans notre voyage, Logan ? demanda plus tard Mako. - A peine à la moitié en distance, je le crains, dit-elle en soupirant. Je ne me souvenais pas que le chemin fût si long. Le perroquet ne répondit pas. Ils avancèrent en silence. Les kilomètres passaient et Mako était étrangement silencieux. Quant à Logan, elle se sentait toujours fatiguée de son infection. Finalement, elle n’y tint plus. - Arrêtons-nous pour aujourd’hui. - Ta blessure te fait encore mal ? demanda le perroquet en se posant à ses côtés. - Je me sens surtout fatiguée. Je ne dois pas être complètement guérie. - Veux-tu des fruits ? Mako en a reconnu quelques uns. - Volontiers. Quelques battements d’ailes plus tard, Mako lui déposa quelques fruits sur les jambes. Il la regarda manger. Logan sentit que quelque chose tracassait l’oiseau car il ne s’était jamais montré aussi silencieux depuis le début de leur voyage. - Est-ce que tout va bien, Mako ? - Mako… - Oui ? - Mako se demande si… Tu as dit à Mako qu’il devait être un animorphe. « Ah ! » songea Logan « Voilà enfin la vraie question ». - As-tu déjà rencontré un animorphe ? - Oui, une fois. C’était un chat. - Un chat ? Oh. Et il parlait aussi ? - Oui. Mais moins que toi, ajouta-t-elle avec un sourire. - Ah. Et euh… faisait-il autre chose que parler ? « Nous y voilà… » - Je ne l’ai jamais vu faire mais je sais qu’il savait faire autre chose que parler. - Quoi ? - Se… transformer en humanoïde. Mako la regarda avec ses grands yeux de perroquets. Elle aurait juré y lire l’incrédulité. - Tu veux dire… qu’il peut avoir deux bras et deux jambes ? Ne pas porter de poils ? - Oui, voilà. - Et Mako, est-ce qu’il sait faire ça ? - Tu devrais pouvoir le faire. - Comment ? - Comment veux-tu que je le sache ? Quand je me métamorphose, je ne fais qu’y songer vaguement car c’est encré en moi. Je sais que je peux me transformer donc je le fais. Peut-être qu’il suffit d’y songer ? Et pouf ! Un homme apparut à la place de Mako. Aussi simplement que ça. Grand, fin, bronzé et de longs cheveux bleus vifs, de la même couleur que le plumage de Mako. Et surtout, nu. - En effet, dit l’homme. - Mako ! s’exclama Logan d’un ton paniqué. - Quoi ? Quoi ? Mako a mal fait quelque chose ? Il lui manque une jambe ? Ah non, il en a deux. Mako a deux bras, il parle et il pense ! Quel est le problème, alors ? - Tu… tu es NU ! Et c’est alors qu’il constata qu’elle avait le regard fuyant mais que celui-ci avait une fâcheuse tendance à revenir au niveau de son entrejambe. Le visage de Logan était cramoisi. - Qu’est-ce donc que cet appendice ? demanda innocemment l’homme-oiseau. - Appendice ! s’étouffa Logan, encore plus rouge si cela était possible. Mako n’osa pas le toucher, comme si cet élément de son corps ne lui appartenait pas encore. - Pourquoi es-tu rouge Logan ? As-tu de la fièvre ? demanda-t-il inquiet. Il se pencha et s’approcha d’elle, voulu la toucher de sa – nouvelle – main. Mais elle recula. - Non, non, Mako couvre toi ! - Mais enfin, pourquoi cet appendice te met-il dans un tel état ? - Ce… - A quoi sert-il ? T’intrigue-t-il ? Veux-tu le toucher ? - SURTOUT PAS ! répondit-elle d’une voix un peu trop aigüe et sans doute un peu hystérique. Je… tenta-t-elle de reprendre plus calme. C’est ton… ta… il te sert à … euh… Je… Mako attendait patiemment que Logan trouve ses mots. Celle-ci balbutiait. Quel mot choisir ? - tonappareilreproducteur, finit-elle par dire. - Le quoi de Mako ? A…ppa…reil… reproducteur ? Ah, d’accord ! Oh, il est plutôt pas mal ! Plus grand qu’un oiseau, hein ? Hé hé. Il se leva, les mains sur les hanches et s’amusa à le balancer en bougeant le bassin. - Mais enfin CESSE Mako ! - Pourquoi ? Pourquoi es-tu aussi mal à l’aise face à un appareil reproducteur d’un homme de ton espèce ? N’en as-tu jamais vu ? … Oh, c’est ça, comprit-il en voyant l’air embarrassé de Logan. Comment cela se fait-il ? Tu es une femelle mature pourtant, pourquoi ne t’es-tu pas encore reproduite ? Il n’y a pas de mâle dans la Cité ? Non, la question de Mako est stupide, il en a vu de ses propres yeux. Alors, quoi ? Es-tu incapable de concevoir ? - Rah Mako, je déteste quand tu fais ça… - Mako veut comprendre ! - Oui bah ça va ! Tiens, couvre toi plutôt de ce tissu. - Non ! Mako est fier de son attribut d’humanoïde, il veut que tout le monde le voie ! - Alors déjà, pour le moment, « tout le monde » c’est moi et je l’ai assez vu comme ça ! Mets ce pagne ! Frustré, Mako prit le large tissu et en entoura sa taille, recouvrant ainsi le sexe qui perturbait tant Logan. - Vas-tu répondre à la question de Mako maintenant ? - J’ai pas l’choix. Alors euh… Non, je n’avais jamais vu de euh… Elle agita la main en direction du pagne. - Pourquoi ? Vous ne vous reproduisez pas ? - Non, soupira-t-elle, ce n’est pas ça. Nous nous reproduisons mais la plupart du temps, c’est par choix et non par devoir instinctif. (Elle vit Mako hocher lentement de la tête) Toutes les femmes n’ont donc pas de … rapports au même moment de leur vie. Et jusqu’à présent, je n’ai rencontré que peu d’hommes alors… Elle ne termina pas sa phrase. Marko fronça les sourcils, se gratta le menton dans un geste étonnamment humain puis leva les yeux vers Logan. - Maintenant que tu as vu le sexe de Mako, cela signifie-t-il que nous devons nous reproduire ? - Non Mako, bien sûr que non ! répondit Logan effarée. Ce… C’était un accident. Tu as bien constaté que les hommes et les femmes s’habillent et n’exposent pas leurs parties intimes. - Ah oui, en effet. Cela veut dire que je ne dois pas montrer mon sexe aux inconnus ? - Certainement pas ! - Oh… dit-il déçu. La discussion s’arrêta là. Mako passa le reste de la journée à s’amuser à changer de corps. Il testa également son corps d’homme, marcha, sauta, souleva. Il ne parvint juste pas à toucher Logan qui reculait dès qu’il tentait une approche. Il était pourtant tellement curieux de découvrir la sensation de sa peau ! Mais comme Logan semblait avoir du mal à se laisser approcher par un autre humanoïde, il n’insista pas. Ses métamorphoses incessantes finirent par le fatiguer et il reprit sa forme normale. Logan était déjà endormie depuis plus d’une heure. Il l’entendit marmonner « Sol… hild… que.. lis… ». Profitant de sa forme d’oiseau, il alla se pelotonner contre elle et s’endormit.
Les jours qui suivirent furent calmes. Logan ne parlait pas beaucoup, toujours mal à l’aise de son expérience de la nudité. Mako, patient malgré tout, la laissait tranquille la majorité du temps. Au premier village qu’ils rencontrèrent, Logan marchanda des vêtements d’homme pour Mako qui voulait utiliser sa nouvelle forme le plus souvent possible. Il était comme un enfant. Il voulait absolument sentir les textures de tout ce qui l’entourait : pierres, terre, herbe, brindilles, eau, boue, tout. Logan le laissait faire, appréciait sans s’en rendre compte cette douce innocence. Elle s’en voulait d’être mal à l’aise par la proximité physique que demandait Mako mais ça n’avait jamais été très naturel pour elle. La personne avec qui elle avait le plus de contacts, c’était Tyrol. Et c’était des contacts assez limités en soi. Quand Mako était fatigué de marcher, il se changeait et Logan portait ses vêtements. Il lui faisait alors un compte rendu détaillé de son ressenti de chaque découverte. Au grand dam de Logan qui le laissait pourtant parler. Les Monts Yeunn arrivèrent rapidement dans leur champ de vision mais le chemin était encore long jusqu’aux vallées les entourant. Logan trouvait le chemin interminable mais plus le temps passait et plus elle redoutait ce qui l’attendait au bout. Comment serait-elle reçue ? Après tout, son clan avait été ravi de trouver un prétexte pour la faire partir. S’il n’y avait pas eu son don, elle se serait faite exilée tôt ou tard. Et là, elle revenait volontairement les retrouver pour venir découvrir qui elle était. Alors que c’était sans doute le dernier endroit au monde où elle était réellement elle-même… - Logan, pourquoi as-tu cette expression sur le visage ? Mako était dans sa forme humanoïde et marchait à côté d’elle, une expression soucieuse sur le visage. - Je pensais à mon clan. Je me demandais si j’avais raison de retourner là-bas. - Mako pense que pour savoir qui nous sommes, il faut savoir d’où nous venons. - Pourtant, tu n’as pas cherché la réponse dans ton nid. - Mako y a trouvé une partie mais elles n’étaient pas toutes là-bas. - As-tu trouvé toutes tes réponses ? Mako ne répondit pas, ne la regarda pas. Logan prit peur. Que se passerait-il quand il aurait toutes ses réponses ? Partirait-il aussi rapidement qu’il était apparu ? Sans se l’avouer, elle s’était tellement habituée à la présence de cet homme-perroquet qu’elle n’arrivait pas à envisager son voyage sans lui. Mais après tout, il n’avait aucune raison valable de rester avec elle jusqu’au bout. - Logan, tu as encore cette expression sur le visage, lui dit doucement Mako. - Ah… Pardon, je euh… pensais à nouveau à mon clan, mentit-elle. Mako tendit timidement la main vers la sienne. Elle se raidit mais ne la bougea pas. Pourquoi lui refuser ce contact après tout ? Il n’y avait rien de mal, c’était juste une découverte parmi toutes celles qu’il était en train de faire. Il avança sa main lentement, ses doigts frôlaient sa peau. Le cœur de Logan battait à du cent à l’heure. Finalement, il glissa sa main dans la sienne, la serra. - C’est chaud ! dit-il d’un ton enjoué. Tu es chaude, comme Mako ! Cette constatation semblait le ravir au plus haut point. Il lâcha sa main, toucha le bras de Logan, son épaule, sa nuque, son visage, toute les zones de peau qui étaient atteignables. Logan finit par le repousser quand il voulut toucher son ventre, mais avec gentillesse. - Ca suffit, Mako. - D’accord. Merci Logan. Elle faillit lui répondre « De rien » mais l’idée lui paraissait étrange.
De commun accord, ils décidèrent de longer les Monts Yeunn par le nord afin de rejoindre la ville de Phalompe. De là, suite aux conseils d’un marchand ambulant, ils pourraient prendre un bateau qui les amènerait Chtuch’ir et diminuerait leur voyage d’au moins huit semaines. Le voyage n’était pas fini, mais la fin semblait plus proche.
Il ne se passa rien de notable dans les semaines qui suivirent leur voyage jusque Phalompe si ce n’est que le soir, Logan laissa de plus en plus souvent Mako dormir près d’elle dans sa forme humaine. Mako commençait à se lasser du paysage – c’était toujours la même chose. Une fois en ville, il sembla tout de même se réveiller. C’était la première fois qu’il rencontrait autant d’humains à la fois. Elle le voyait trottiner à droite et à gauche, cherchant à tout voir et tout sentir avec ce nouveau corps. Elle lui enviait cette curiosité illimitée. En dehors de ses habitants déjà impressionnant par la foule, la ville en elle-même était magnifique. Logan n’était pas passé par ici la première fois et s’émerveilla de tout ce qu’elle voyait. C’était si différent d’Elament… Mako la supplia de lui acheter des vêtements colorés mais elle n’avait pas d’argent et le marchand ne faisait pas de troc. Tandis que Mako se lamentait de l’injustice de ce monde, Logan se renseigna pour savoir quand un bateau partirait pour Chtuch’ir au plus tôt. - Si vous vous dépêchez, vous aurez peut-être celui qui part aujourd’hui mais…. Vous allez devoir courir ! termina l’aubergiste dans un rire. Logan et Mako s’interrogèrent du regard puis… partirent en courant. Il devait prendre la porte du nord et suivre la route principale qui menait directement au port. Ils détalèrent. L’adrénaline de la course enivra Logan qui ressentit une passion oubliée depuis des mois. Elle courait, Mako juste à côté d’elle mais rapidement, ses faibles jambes d’humanoïdes ne purent suivre la cadance. - Logan ! Monte sur le dos de Mako ! - Quoi ?! - Monte ! dit-il en l’agrippant par le bras pour la mettre sur son dos. Sans lui laisser le temps de réfléchir, il décolla aussitôt. Ses bras possédaient encore des plumes, ils étaient à mi-chemin entre les bras d’humanoïdes et les ailes. Logan s’agrippa à lui de toutes ses forces. A chaque battement d’ailes, elle était ballotée dans tous les sens mais c’était indéniable : ils allaient plus vite. Elle eut une autre idée. - Mako ! Déploie tes ailes et plane ! - D’accord ! Et alors que Mako déployait toute son envergure, Logan les enveloppa d’un vent qui les porterait tout deux sans que l’homme-perroquet aie à se fatiguer. - Wouhouuuuuuuuu ! - Silence Mako, on ne doit pas se faire repérer ! Aussitôt, elle créa un mirage en même temps que son vent planeur, afin qu’ils puissent voler en toute liberté. Grâce à cela, ils réussirent à avoir le bateau. Par chance, c’était un capitaine qui pratiquait le troc. En échange du voyage, Logan et Mako s’engageaient à participer aux tâches ménagères. Ce serait sans doute pénible, mais au moins ils n’auraient rien à payer.
Dernière édition par Logan de Brocaliande le Ven 6 Juin 2014 - 20:49, édité 2 fois |
| | | Logan
Nombre de messages : 277 Âge : 36 Race : Peuple de Cristal Poste : Bâtisseuse Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (655/1000) | |
| Sam 31 Mai 2014 - 11:24 | |
| VII. Libération Suite et fin - Spoiler:
Le voyage en bateau arrivait déjà à sa fin sans qu’aucun évènement notable ne se soit déroulé. Logan et Mako avaient pu rapidement constater que la plupart des membres de l’équipage était en fait des gens qui, comme eux, offraient des services en échange du voyage. Il n’y eut cette fois aucune tempête et les deux comparses s’en félicitèrent. Mako avait profité de ces deux semaines pour questionner à peu près tout le monde sur ses us et coutumes. Logan se retrouvait de plus en plus souvent seule, laissée à ses pensées sombres. Plus les jours avançaient et plus le stress montait en elle. Qu’allait-elle faire une fois arrivée là-bas ? Comment serait-elle reçue ? Le clan vivait-il toujours au même endroit ? Est-ce que la Materchka était toujours vivante ? Qu’allait-elle leur dire ? Et qu’espérait-elle y trouver ? Et où était Mako ? Logan sentait un mal de tête poindre. Elle décida de sortir prendre l’air pour se rafraîchir les idées. Le pont était plutôt calme, la plupart des personnes se trouvait dans le réfectoire. Elle alla à la proue, se demandant si elle verrait déjà la terre au loin. Le vent faisait voler ses cheveux dans tout les sens. Ils étaient longs et lui giflaient le visage. Agacée, elle les repoussait sans cesse en arrière, tenta de les attacher mais sa patience, et surtout ses nerfs, étaient à bout et elle prit une décision plus radicale. Elle alla dans un cagibi pour prendre des ciseaux ou un couteau, n’importe quoi qui l’aiderait à couper ses foutus cheveux. Une vieille paire de ciseaux traînait là, elle les saisit et rageusement, coupa, tailla dans sa tignasse. De grosses mèches tombèrent sur le sol, certaines s’envolant emportées par le vent marin. Quand elle sentit sa tête allégée, elle s’arrêta. Elle regarda par terre et fut surprise de la quantité de cheveux. Que venait-elle de faire ? Elle passa une main hésitante dans sa nouvelle coupe, se demandant à quoi elle pouvait ressembler. C’est dans cette position que Mako la trouva : regardant le sol, une main dans sa chevelure. - Quand Mako a vu des mèches rousses voler dans la mer, il s’est inquiété. Qu’as-tu fait ? - Je me suis coupé les cheveux, ça se voit non ? - Pourquoi as-tu fait ça ? - Ils étaient trop longs, ils n’arrêtaient pas de venir dans mon visage. Mako s’approcha d’elle, elle recula par réflexe. - Pourquoi fuis-tu toujours Mako ? Les autres femelles se laissent approcher facilement. Elles laissent Mako les toucher. - Ce n’est pas toi que je fuis, répondit-elle avec impatience. Je n’ai jamais aimé le contact physique avec les gens, c’est tout. - Mako pense que c’est bien triste. Elle haussa les épaules, agacée. Elle n’avait pas envie de débattre à nouveau de cela. Les Cristalléens ne se touchaient pas, ne se cajolaient pas. Ce n’était pas l’éducation par l’amour mais l’éducation par l’apprentissage et le combat. De plus, rangée dans la catégorie des faibles, elle était encore moins susceptible de recevoir une quelconque forme d’affection. Elle détestait Mako de lui rappeler ça. Elle ramassa la masse de cheveux traînant sur le sol et les jeta par-dessus bord, sans songer que le vent en rabattrait une bonne partie sur le pont puis s’en alla en plantant l’homme-perroquet là.
Ils accostèrent deux jours plus tard. Deux jours où Logan avait délibérément évité Mako. Celui-ci tentait de comprendre ce qui se passait mais elle était incapable d’exprimer ce qu’elle ressentait. Trop d’émotions la bousculaient et elle n’arrivait plus à mettre de l’ordre dans ses pensées. Dans moins de vingt quatre heures, elle serait arrivée à son clan. Cette idée lui retournait l’estomac. Au moment des adieux, Logan constata que beaucoup de femmes cajolèrent Mako qui leurs rendaient l’embrassade avec un enthousiasme débordant. Les plus jeunes gloussèrent de plaisir. Que s’était-il passé pour Mako pendant ces deux semaines ? Qu’avait-il fait ? C’était-il lié à cette brunette qui le regardait avec des étoiles dans les yeux ? Sa fureur augmenta sans qu’elle comprenne pourquoi. Elle se mit en route sans dire au revoir et avant que Mako ait fini de saluer tout le monde. Elle marcha vite, serrant des poings, une boule à l’estomac et la fureur imprimée sur son visage. Que lui arrivait-elle ? Pourquoi se mettait-elle dans cet état ? Après tout, Mako faisait ce qu’il voulait ! S’il voulait se lier à d’autres femmes, il en était libre ! Qu’est-ce que ça pouvait bien lui faire ! Après tout, ça faisait deux mois qu’ils étaient constamment seuls, c’était normal qu’il veuille rencontrer d’autres personnes ! Oui mais, il y a des hommes aussi, pourquoi il n’avait pas l’air aussi triste de s’en séparer ? Et puis de toute façon, quelle importance ? La vie de cet abruti de Mako ne la concernait absolument pas, c’était juste un stupide piaf qui avait décidé de s’incruster dans sa vie comme… - Logan ! - QUOI ? répondit-elle brusquement. Elle se retourna pour voir Mako, essoufflé arriver. Le regard de la rousse lançait des étincelles. - Logan, ils voulaient tous te dire au revoir et tu … Mako tentait de reprendre son souffle. - Ils te disent adieu et merci. Et Posy te… - POSY ? C’était la brunette. Mako la regarda avec étonnement. - Oui, Posy. Elle voulait te donner ceci. Il lui tendit un collier composé de délicats coquillages blancs. Elle le prit sans dire un mot, le contempla avec rage avant de le jeter à terre et l’écraser d’un coup de talon. - Qu’est-ce que j’en ai à faire des cadeaux de cette abrutie ! Elle écrasa le collier encore une fois. Bam. - Je n’ai pas de temps à perdre avec… Elle tapa encore une fois. Bam ! - Ces… Encore. BAM. - Foutus… BAM ! - enfantillages ! termina-t-elle dans un cri si puissant qu’il avait du retentir jusque sur la plage. - Mais enfin Logan… balbutia Mako. Qu’est-ce qui t’arrives ? Logan leva enfin les yeux sur Mako qui la regardait, effrayé. Il avait reculé de deux pas tandis qu’elle s’énervait sur ce pauvre collier et soudainement, elle réalisa à quel point elle avait exagérément réagi. Et qu’elle devait avoir l’air ridicule. Stupide. Elle se mordit la lèvre. Elle comprit ce qui se passait en elle et la gêne l’envahit soudainement. Elle découvrit Mako sous un nouveau jour. Durant toutes ces semaines passées ensembles, Logan s’était livré à lui plus qu’à quiconque, ils étaient proches comme elle n’avait été proche avec personne. Elle ne refusait pas l’affection de Mako, elle en avait peur. Elle ne savait pas quoi faire de cette envie qui était née sans qu’elle s’en rende compte. Celle de se laisser toucher par Mako, celle de le laisser l’approcher encore plus qu’il ne l’avait fait. Cet homme (perroquet) était si patient et innocent qu’il avait abattu lentement et contentieusement toutes les barrières de protection qu’avait bâti Logan durant son existence. Elle n’avait rien vu venir et il ne s’était même pas rendu compte de qu’il faisait. - Je… Il faut avancer. Courage, fuyons.
C’était le soir et Logan écoutait Mako parler. Il avait repris son bavardage timidement quelques heures plus tard et voyant que Logan ne le remballait pas, avait continué. Elle ne commentait pas mais fut impressionnée par son sens de l’observation, souvent pertinent. Il aimait particulièrement analyser le comportement entre les humanoïdes et conclure les ressemblances et différences avec ses semblables, les perroquets. Après un moment de silence, Mako interpella doucement Logan. - Demain, nous arrivons à ton clan, n’est-ce pas ? - Oui. - Es-tu inquiète ? - Oui. - As-tu peur ? - … Oui. Elle lui répondit avec tant de facilitées. Elle aimerait que ça soit toujours aussi facile de dire ce qu’elle pense. Mako attendit qu’elle continue car cette fois, c’était son temps de parole. - J’ai… peur de la manière dont je vais être reçue. Je ne t’en ai pas parlé jusque maintenant car c’est quelque chose… d’intime. Tu te souviens de l’intimité ? Nous en avons déjà parlé. Hé bien, il faut que tu saches que dans mon clan je… n’étais pas très appréciée. L’admettre tout haut lui fit mal mais en même temps allégea son poids sur l’estomac. - J’ai du partir car mon don Aera a été découvert. Elles étaient ravies d’avoir une raison de me faire quitter le clan. C’était ça ou l’exil forcé plus tard, j’en suis convaincue. Mon don… Il s’est révélé alors que je me disputais avec la Materchka – la cheffe de mon clan. Elle leva timidement les yeux vers Mako. Il l’écoutait avec beaucoup d’attention. Cela la rassura. - J’ai beaucoup réfléchi ces derniers jours et je pense que je veux leurs expliquer ce que j’ai vu ces dernières années. Je veux leurs raconter mes expériences pour qu’elles comprennent qu’il y a des choses à changer, à améliorer afin d’être le peuple si évolué dont elles rêvent toutes. Je veux leurs faire comprendre que les hommes… ne sont pas nos ennemis. Une lueur de compréhension s’alluma dans le regard de Mako. - Il y a tellement de choses à dire… - Comment penses-tu qu’elles vont réagir ? - Ca m’étonnerait que ça soit très bien… Mais je veux essayer. Même si c’est une cause perdue. Je ne veux pas être en conflit avec elles. Elles ne se rendent pas compte de tout ce qu’il y a à découvrir, c’est tout. Mako s’approcha, se mit à côté d’elle. Il passa son bras autour des épaules de Logan. Elle le laissa faire, partagée entre l’envie de se laisser aller et celle de résister, ne pas craquer. Si elle s’autorisait à ça, que se passerait-il ? Elle n’était pas certaine de réussir à continuer sa quête, que si elle se délestait de cette colère sourde qui l’habitait depuis toujours, elle ait toujours une raison de vivre et de se lever chaque matin. Cette noirceur qui l’habitait était son moteur, son essence, sa nourriture, son énergie. S’en séparer était comme arracher une partie d’elle-même. Mako ne dit rien, se contentant de la serrer plus fort. Il devait imiter un geste qu’il avait observé. - Logan… Mako pense que tu ne devrais pas être rejetée ainsi par ta famille. Le nid n’a pas rejeté Mako quand il a compris sa différence. Mako t’a menti le premier jour, enfin à moitié. Mentir ! Logan ne l’aurait pas cru capable de ça. - Ce n’est pas le nid qui l’a rejeté, c’est Mako qui les a rejeté. Mako se pensait meilleur qu’eux parce qu’il savait dire plus de choses qu’eux et penser plus. Il savait communiquer avec les humanoïdes qui voyageaient dans notre forêt et Mako en était fier. Trop fier. Il a décidé qu’il était trop bien pour eux, que sa différence était trop importante pour qu’ils en soient dignes. Alors, il est parti pour trouver des semblables. Elle en était sans voix. - Vois-tu Logan, tu es partie parce que tu étais mal-aimée. Mako est parti parce qu’il s’aimait trop. Ce n’est pas mieux. Elle leva le visage vers lui. Elle voulait le rassurer, dire quelque chose pour lui dire que non, il n’était pas comme ça. Qu’il était bon, patient, intelligent, rassurant, qu’il était quelque chose – ou plutôt quelqu’un – qu’elle n’aurait jamais cru avoir un jour. Au lieu de ça, elle avança son visage vers lui et posa maladroitement ses lèvres sur les siennes pendant un bref instant. Si court que Logan eut tout juste le temps de sentir la chaleur des lèvres de Mako. Puis elle se retira, rouge de honte, pétrifiée dans l’étreinte de son ami. - Posy a fait la même chose à Mako… La jalousie se réveilla instantanément. Pourquoi lui parler d’elle maintenant ? Vraiment, il avait compris beaucoup de chose sauf le tact ! - Elle a expliqué que les humanoïdes font ça quand ils s’aiment. Le cœur de Logan se serra. Posy avait embrassé Mako. Mako avait embrassé Posy ? - Aimes-tu Mako, Logan ? Il osait lui demander ça ! Après ce qu’elle venait de faire ! Etait-il stupide, la comprenait-il plus mal qu’elle ne le pensait ? Avouer ses sentiments, et puis quoi encore ! - Oui… Une voix dans la tête de Logan se scandalisa de ce mot timidement sorti de sa bouche. Elle, aimer ! Aimer un homme, cet abruti qui lui parlait d’une autre femme ! Elle ne devait pas s’abaisser à ça, non pas elle ! Elle était forte, indépendante ! Elle ne s’abaissait pas à ça, n’avait besoin d’aucun homme ! - Mako pense qu’il aime Logan aussi… mais ne sait pas si c’est de la même manière. Le cœur de Logan se brisa en mille morceaux. La voix continua de l’assaillir de reproches. Elle lui criait : tu vois ! Tu vois ce qui arrive quand on donne son cœur à quelqu’un d’autre ! Il le brise, sans ménagement ! Tu t’offres à lui et il te refuse ! Il te refuse car de toute façon, personne ne peut t’aimer, personne n’aime les gens comme toi, voilà tout ! C’est bien fait, tu le mérites ! Non, non, tais-toi, ne dis pas ça… Elle se dégagea du bras de Mako, tenta de refouler ses larmes. Il ne dit rien, il ne semblait pas savoir quoi dire cette fois. Logan se reprocha d’avoir dit qu’elle l’aimait, de s’être laissé aller à l’amour. Il ne voulait pas d’elle, bien fait. Il avait bien raison, elle n’était pas faite pour l’amour. Si ça avait été le cas, son clan ne l’aurait sûrement pas rejeté ! Et puis, de toute façon, ce n’était pas le moment de se laisser aller à des choses si futiles, il arrivait des choses beaucoup plus grave en ce moment, son clan était plus important que ce qu’elle était en train de ressentir. Ah, ce tourment qu’elle ressentait ! Ce chagrin inimaginable qui la faisait pleurer sans qu’elle ne puisse le contrôler ! Elle regrettait tellement d’être tombée amoureuse de Mako, elle aurait préféré rester de pierre, elle aurait préféré ne jamais le rencontrer, lui qui avait atteint son cœur mais qui pourtant n’en voulait pas. Mako la laissa s’éloigner, faisant comme s’il ne voyait pas ses larmes. Comprenait-il seulement qu’elle pleurait ? Entendit-il ses sanglots qui retentirent jusqu’à la nuit profonde ?
Elle se réveilla le lendemain, les yeux bouffis et déboussolée. Pourquoi se sentait-elle si triste ? Une branche craqua, lui rappelant la présence de Mako et en même temps de la raison du gouffre qui habitait son cœur. Elle ne se leva pas tout de suite, essayant de capter les bruits qui lui indiqueraient qu’il était réveillé. Rien, la forêt était calme. Elle se leva. Elle vit, posé dans un coin, le tas de vêtements de Mako. Il était donc parti voler, la laissant seule avec son chagrin. Elle n’avait pas d’appétit. Que faire ? Partir tout de suite et abandonner Mako ? Non, non, elle ne fuirait pas. Elle s’assit et attendit. Une heure plus tard, elle entendit des battements d’ailes et Mako arriva. Il se posa à côté d’elle sans la regarder, attrapa les tissus de ses vêtements qu’il tira avec son bec un peu plus loin, pour pouvoir se changer à l’abri du regard de Logan. Elle le laissa faire. Quand il apparut sous sa forme humanoïde, leurs regards se fuyaient. Après quelques instants gênant, Mako prit la parole. - Ton clan est à proximité. Tout est calme. Tu dois aller vers l’ouest, environ trente minutes de marche. - D’accord… Elle hésita. - Mako, tu ne vas pas pouvoir venir avec moi. - Parce que ta Materchka n’aime pas les hommes ? - En effet. Et surtout parce que tu es un inconnu. - Qu’est-ce que Mako doit faire ? - Rester ici ou… partir. - Partir ? - Je suis à la fin de mon voyage. Tu es sans doute arrivé à la fin du tiens depuis longtemps alors tu n’as plus de raison continuer avec moi. Les tiens t’attendent probablement. - Partir… Oui, Mako pourrait partir. Elle se mit debout, tentant de prendre l’air le plus dégagé possible compte tenu de tous ces sentiments qui se bousculaient en elle. - C’est un adieu, alors. Il ne lui répondit pas. Le malaise grandit en elle. Elle ne supportait plus ça, elle devait partir. Elle devait régler ses autres problèmes, plus important qu’un chagrin amoureux. Elle était forte, elle ne dépendait pas de l’amour de quelqu’un. - Adieu Mako, bon retour chez toi. Elle lui tourna le dos et partit sans lui laisser le temps de parler. Elle fuit à nouveau, courut presque dans la direction qu’il lui avait indiqué. Il fallait mettre le plus de distance entre son chagrin et elle.
Elle arriva à l’entrée de son clan. Qu’il était étrange de se retrouver là avec cette sensation d’être une inconnue. Une gardienne l’accueillit. - Logan ? Qu’est-ce qu’une exilée fait ici ? dit la gardienne d’une voix dure. - Une exilée ? Je ne suis pas une exilée ! - Ne mens pas à une de tes sœurs ! gronda la femme. - Mais… Mauvais début, Logan ne s’était pas attendue à ça. Elle aurait pourtant du l’envisager. Sinon, comment la Materchka aurait justifié le départ soudain de Logan ? La décision de son départ avait été prise en petit comité en pleine nuit. La Materchka ne voulait sûrement pas que ses filles sachent que l’une d’entre elles avait reçu le don d’Aera. - Je veux parler avec la Materchka, ma sœur, dit-elle d’une voix posée. - La Materchka n’a pas de temps à perdre avec une exilée ! s’offusqua la gardienne. - Je veux lui parler, se contenta-t-elle de répondre. Je réclame une audience, ma sœur, et la loi qui dirige notre peuple ne t’autorise pas à me la refuser. La gardienne gronda. Elle interpella une autre femme et lui somma de surveiller Logan tandis qu’elle allait trouver leur Mère à Toutes. Logan et la nouvelle gardienne se jaugèrent du regard et la rousse ne détourna pas son regard. La sœur en face d’elle avait également les cheveux roux, elles devaient avoir plus ou moins le même âge. Qui était-elle ? Avait-elle un caractère aussi tempétueux qu’elle lors de son départ ? Y avait-il eu d’autres cas comme elle en quatre ans ? Elle ne dit rien, attendit. La première gardienne, aux cheveux bruns, revint avec du cordage. - Tu peux venir mais la Materchka exige que tu sois attachée. Logan voulut protester mais sut que ça aurait été vain. Elle se tourna et joignit les mains dans le dos. La gardienne lui ligota les poignets sans ménagement, serrant au possible sans couper la circulation du sang. Logan ne broncha pas, se laissa faire. Elle ne voulait pas attaquer, elle était venue en paix et si elle devait passer par cette mascarade pour pouvoir se faire entendre, ainsi soit-il. La gardienne l’emmena au cœur du village. Logan n’avait pourtant pas besoin d’être guidée, même après tant de temps elle connaissait encore le chemin par cœur. La gardienne la provoquait en la poussant constamment en avant, marmonnant « exilée, traitresse, pourquoi es-tu là », faisant comme si elle ignorait que Logan pouvait l’entendre. Au centre du village, une foule était déjà présente. Sa présence semblait intéresser ses sœurs. Cette curiosité mal placée la dégoûta. Qu’espéraient-elles ? Du spectacle ? Logan fut placée au centre de tout ce beau monde, ainsi visible par toutes. Forcée à s’agenouiller, elle attendit. Elle regarda droit devant elle, où se dressait la hutte de la Materchka. Elle paraissait sereine, calme, alors qu’à l’intérieur son cœur tambourinait à toute allure. Elle attendit. Ses Sœurs chuchotaient en la pointant du doigt, ne faisant même pas l’effort d’être discrètes. Elle les voyait rire, se moquer d’elle. La Materchka n’arrivait pas. Ses Sœurs s’impatientèrent plus vite qu’elle. Logan commençait à prendre conscience de la douleur dans ses genoux quand la plus vieille des Cristalléennes sortit enfin de sa hutte. Elle avança lentement, cérémonieusement. Logan savait que ce n’était que de l’apparence, qu’en réalité elle était encore vive pour son âge. Lorsque sa Mère s’installa, elle baissa la tête en signe de respect. Ses Sœurs firent de même et saluèrent leur Mère. - Logan… ma fille exilée. Ta sœur ici présente m’a fait savoir que tu exigeais une audience. Depuis quand une exilée se permet-elle un tel culot ? Un murmure s’éleva dans le public. Logan ne répondit pas. - Tu m’obliges à perdre mon temps avec toi. Alors qu’une exilée… une moins que rien comme toi … Logan se demanda comment une femme aussi cruelle pouvait avoir accédé à une chevelure si blanche. La sagesse ne semblait pas l’avoir atteinte comme elle faisait partie de Dame Ruby. - Allons, as-tu oublié comment on parlait ? Crois-tu que je me déplace pour rien ? Des rires moqueurs fusèrent ça et là. - Mère… commença respectueusement Logan, je suis venue Vous trouver pour vous faire part de mon expérience de ces dernières années. - Pardon ? Des sœurs rirent plus fort. L’une s’exclama : « Elle se prend pour qui celle-là ? ». - Exilée, pour qui te prends-tu pour croire que tu as quelque chose à m’apprendre ? Ne vois-tu pas ma chevelure si pure et si immaculée ? Ma sagesse n’est pas à prouver, ni mon savoir ! - Mère, je ne me permettrais jamais de remettre Votre légitimité en cause, dit-elle en s’abaissant plus bas encore. Mère, j’ai bien conscience de Votre infinie sagesse (elle retint une grimace) mais je songeais pouvoir transmettre mes observations aux plus jeunes, non à Vous, Vous qui savez tout ! La flatterie, vile manipulation qui écœurait Logan. - Qu’est-ce qu’une exilée pourrait bien apprendre de bon aux plus jeunes… - Je ne suis pas une exilée, marmonna-t-elle tout bas. - Qu’est-ce que tu viens de dire ? Le silence était tombé, une tension venait de s’abattre sur l’audience. Toutes avaient compris ce que Logan n’avait su s’empêcher de répondre. Pourtant, elle tenta la carte de l’innocence. - Rien Mère, je n’ai rien dit qui soit digne de Vous. - Menteuse ! Tu viens de dire que tu n’étais pas une exilée ! « Menteuse, menteuse » murmura la foule. - Mère ! Vous connaissez la vérité ! dit Logan en relevant la tête. Vous n’avez pas besoin de moi pour dire ce qui s’est vraiment passé cette nuit-là. Elle planta son regard dans celui de sa Mère. - Mère, je Vous en prie. J’accepte Votre rejet et celui de mes sœurs mais s’il Vous plait, ne salissez pas ma mémoire ! - Ta mémoire ! TA MEMOIRE ! La Materchka se releva de son siège et la foudroya du regard. - Comment oses-tu petite idiote ! Tu ne me parleras pas comme ça, pas dans mon clan et en présence de mes filles ! Je te l’interdis ! Même exilée, tu es régie par les règles de notre clan ! La respiration de Logan s’accéléra, elle sentait la fureur monter en elle. - Je respecte ce clan, ses règles et Votre autorité ! C’est VOUS qui ne me respectez pas ! - INSOLENTE ! hurla la Materchka. - Insolente ? Je veux seulement rétablir la vérité, je veux dire qui je suis et qui je ne suis pas ! Je n’ai pas à être haïe parce que je suis différente de vous ! Je n’ai pas à être exclue parce que je ne suis pas comme mes sœurs ! La tension montait. La fureur n’émanait plus seulement de sa Mère. Ses sœurs aussi refusaient ses paroles. - Logan, je n’aurais pas du t’exiler ! J’aurais du te garder enfermée aussi. Je n’aurais pas du abandonner ton éducation, peut-être qu’on aurait pu faire quelque chose de toi ! Tu aurais pu intégrer le clan, être avec nous et faire partie de notre famille ! Sa fureur menaçait de déborder à tout moment. Il ne lui faudrait plus grand-chose pour éclater, oh non plus grand-chose. Son regard fusillait sa Mère, ses sœurs riaient, se moquaient, l’insultaient. Cette haine qui l’assaillait, elle n’en comprenait pas l’origine. Elle n’avait jamais rien fait de mal – si ce n’est la dispute de sa dernière nuit dans son clan. Elle avait toujours voulu une seule chose : faire partie intégralement du clan. Alors pourquoi l’avait-on rejetée ? Pourquoi avait-il fallu que sa maladie infantile lui interdise à tout jamais de faire partie d’une famille ? Et le barrage céder, ses paroles si affreuses sortirent dans un hurlement. Elle les vomit, elle en eut mal à la gorge, à l’estomac, au cœur, aux poumons, tout son corps hurlait avec elle tandis que les mots qu’elles ne pourraient jamais effacer franchirent ses lèvres : - Alors je ne veux plus faire partie de ce clan ! Je n’en ai jamais fait partie de toute façon ! De rage, elle attrapa un bout de bois (depuis quand avait-elle les poignets libérés ?) et l’enfonça dans son tatouage. Elle l’enfonça profondément, elle tailla dans sa peau, dans sa chaire, hurla de douleur et de colère mais ne s’arrêta qu’une fois qu’elle eut barré son tatouage d’une ligne sanglante. - Te rends-tu compte de ce que tu viens de faire ! Outrage, blasphème ! Les femmes autour d’elle reprirent le cri : - Blasphème, blasphème ! hurlaient-elles d’un ton possédé. Elles étaient toutes transformées et dans leurs yeux brûlaient la faim de la chair et du sang. - Blasphème ! Blasphème ! - Mes filles ! hurla à nouveau la Materchka. Une telle traîtrise ne peut restée impunie ! Quel sera le châtiment ? - La mort ! La mort ! - Ainsi soit-il, conclut la Materchka d’une voix soudain calme. Et les femmes se jetèrent toutes sur Logan. Elle les regardait arriver sur elle. - Non, non, je ne veux pas vous faire du mal ! Ne nous entre-tuons pas ! Mais les cris étaient devenus des rugissements bestiaux et dans cette hystérie, dans cette foule assoiffée de sang, Logan reconnut une Cristalléenne parmi tant d’autres : Marya, sa mère. Non, elle ne leurs ferait pas de mal, elle ne se battrait pas. Sa décision était prise. Elle leva les mains et aussitôt le vent se leva. Logan ressentit le calme en elle alors que le vent, lui, était déchaîné. Il balayait tout sur son passage, carressant, enveloppant, emprisonnant toutes ses sœurs et sa – ses – mères. Terrifiées par ce qui était en train de se produire, leurs cris de rage se transformaient en hurlements de peur. - Logan, libère-nous ! - Non. Je ne vais pas vous libérer car vous allez me tuer. - Traitre à ton sang, tu le mérites ! - Dois-je mériter la mort parce que je souhaite être libre ? dit-elle d’un ton calme, si calme comparé au vent qui les emprisonnait. - Nous ne sommes pas prisonnières ! - Si ! Vous êtes prisonnières de ce système sexiste ! Vous pensez être meilleures que les hommes alors que vous pouvez vous montrer bien plus cruelles qu’eux ne l’ont jamais été envers vous ! Elle pleurait maintenant. Choquées, la plupart des femmes se taisaient et regardaient Logan avec horreur. - Je ne peux plus, je ne veux plus être attachée à cette pensée. Pas après ce que j’ai vécu ces dernières années. Les faibles de corps ne sont pas à craindre, c’est ceux qui ont peur de la maladie qui doivent être craints ! Car alors, ils ne chercheront pas à soigner ce qui est soignable mais à détruire ce qui pourrait être construit ! L’intelligence réside dans la bonté, dans la compréhension de l’autre et de soi-même, pas dans la discrimination. Ses sœurs, ces femmes, s’agitaient dans leur prison de vent. Les paroles de Logan étaient tellement odieuses à leurs yeux que ça en devenait douloureux physiquement pour elles. Logan soupira. - Regardez-moi ! Au final, je ne suis pas mieux que vous ! Je suis là à vous maintenir prisonnière, persuadée d’avoir raison. En quoi cela me rend-il différente et mieux que vous ? Je vais vous libérer et disparaître. Je n’ai pas à vous insulter pour vous imposer ma philosophie. Je n’ai pas plus raison que vous, je ne dois pas prétendre savoir mieux que vous ce qu’est la vie. Je ne ferai juste plus jamais partie de la vôtre. Vous ne me reverrez plus. Adieu. Elle les relâcha et aussitôt disparut dans un mirage. Le temps que ses sœurs reprennent leur esprit, Logan était déjà dans la forêt, si semblable et si différente de la Forêt Darke ! Elle courut, ne désirant qu’une chose : s’éloigner au plus possible de ses sœurs, elle était terrifiée à l’idée que ses sœurs, non, ces femmes la poursuivent. - Logan ! Par ici ! Mako ! - Mako ! Mako où es-tu ? Guide-moi, je ne vois rien ! - Par ici, suis la voix de Mako ! Elle courut en direction de la voix de son ami. Elle eut l’impression de courir pendant des heures avant que la fatigue de la course, de ses émotions, ne s’abatte sur elle. Elle se laissa tomber à même le sol et se roula en boule, sanglotant. - Oh Mako, ais-je eu raison de faire ce que j’ai fait ? Ais-je eu raison de renier ainsi ma famille, mes origines, mes racines ? L’oiseau se posa à côté d’elle et toucha du bout de son aile l’épaule blessée de son aime. - Si ce que tu penses avoir dit est la vérité, si ce que tu penses avoir fait est juste, alors oui, tu as peut-être eu raison. - Comment pourrais-je jamais être sûre d’avoir eu raison alors que j’ai mordu la main qui me nourrissait ? - Chacun grandit à sa manière. Logan ne répondit pas, pleurant toujours. - Dors mon amie, demain est un nouveau jour.
Mako porta souvent Logan pendant les jours qui suivirent car elle avait beaucoup de mal à avancer. Au début elle se sentait perdue, déboussolée, faible. Les jours passèrent et cette sensation de vide commença à se dissiper. Logan avait tout expliqué à Mako tandis que celui-ci soignait comme il le pouvait la blessure qu’elle s’était infligée. Il touchait son bras avec délicatesse, comme s’il avait peur qu’elle se casse en mille morceaux. Un soir où il vérifiait sa blessure, elle lui attrapa la main et la serra fort. - Tu n’es pas parti. Il ne répondit pas, baissa les yeux. - Je suis contente que tu sois là, avec moi. - Même si Mako t’a rendue triste ? - Oui, même si j’étais triste. Mais j’aurais été encore plus triste que l’on se sépare en étant fâchés. Qu’aurais-je fait ces derniers jours sans un ami ? Mako retourna sa main et entrelaça ses doigts à ceux de Logan. Il regarda leurs doigts s’entremêler. - Mako était si triste de voir Logan pleurer… Il ne savait pas quoi faire. Il attrapa l’autre main de Logan, les serra entre ses mains couvertes de plumes. - Tu ne dois pas laisser Mako te rendre triste. - C’était une tristesse égoïste. J’étais triste parce que tu ne m’aimes pas comme je t’aime. Quel mal y a-t-il à cela ? Ce n’était pas ta faute, c’était la mienne car je prenais pour acquis que nos sentiments étaient réciproques. - Mako aime Logan. - J’en suis contente. Il fronça les sourcils, sembla chercher ses mots alors qu’il regardait toujours les mains de Logan. - Non, non, tu ne comprends pas. Mako aime Logan. Il l’aime comme Logan l’aime. Les joues de Logan devinrent chaudes. - Mais tu disais… - Mako se trompait. Mako se trompe beaucoup. Quand tu es partie, Mako s’est senti seul. Très seul. Il ne savait plus quoi faire. Il n’arrivait pas à reprendre sa forme normale. Il n’arrêtait pas de penser à toi, tu étais tout le temps dans sa tête. Alors il t’a suivi, de loin. Quand il t’a vu, il a été rassuré de voir que tu étais vivante. Alors, il s’est à nouveau senti capable de se transformer. Mais pas pour partir, non non. Il vola haut pour voir ton village et voir ce qui se passait. Mako a tout vu, il a eu peur pour toi. Mako ne voulait pas partir et te laisser seule. Il ne voulait pas que tu sois seule. Il voulait être avec toi. Il la regarda dans les yeux. - Pardonne-moi, Logan. Elle sursauta. C’était la deuxième fois qu’il parlait de lui directement. Il ne lui laissa pas le temps d’en chercher la raison et tendit son visage vers le sien pour reproduire ce geste que Posy lui avait montré une fois, et Logan après : il posa ses lèvres sur celles de son amie. Surprise, Logan répondit pourtant à son baiser. Elle sentit Mako hésiter. Elle passa alors ses bras autour du cou de Mako et l’attira vers elle. Elle s’étonna de ces gestes qui lui venaient spontanément, elle qui n’avait aucune expérience. Mais qu’importe, cette envie de sentir le corps de Mako contre le sien était si forte que ça en était sans doute instinctif. Il répondit à son étreinte et tout le corps de Logan vibra de la chaleur de ce nouveau contact. Ils finirent par se détacher. Un bref silence s’installa. - C’était… intéressant, dit doucement Mako. Logan ne put se retenir de rire. « Intéressant ». L’esprit logique de Mako était à nouveau au travail ! - Mako doit recommencer. Et il se pencha à nouveau pour l’embrasser. Plus bref mais plus intensément, comme s’il cherchait à goûter encore plus. Logan sentait la passion monter en elle et ça devenait difficile à contrôler, à retenir. Elle voulait plus. Ces baisers la rendaient vivante et c’était une sensation qu’elle adorait ressentir, qu’elle avait besoin de ressentir. Ses baisers se firent plus avides, plus rapides. Ses mains parcouraient le corps de Mako, elle voulait le toucher, le sentir. Mako aussi semblait plus fiévreux dans ses gestes. Il faisait attention quand il touchait Logan, évitait son bras gauche, son ventre, mais il semblait aussi vouloir toucher tout le reste. Ils étaient maladroits, gênés par moment. Logan était tout de même surprise de voir que Mako semblait savoir ce qu’il faisait. Etait-ce son corps d’homme qui lui révélait de nouveaux instincts ou… ? Logan chassa cette pensée. Peu importe, il était là avec elle, que pour elle. Le reste n’avait pas d’importance. Ils s’embrassaient, se caressaient. Logan s’offrit à lui avec passion et Mako lui rendit son amour de la manière la plus humaine qui soit.
Elle se réveilla avec un sentiment d’euphorie. La nuit lui revint en mémoire instantanément. Elle rougit. Elle sentit le corps de Mako près du sien. Elle ne bougea pas, savourant ce moment. Sa colère était partie, elle le sentait. Après toutes ces années, elle s’était enfin sentie libre de ressentir la vie comme elle le voulait. Elle n’était plus enchaînée au passé, elle voyait un avenir s’ouvrir devant elle. Elle pensait à Elament. Elle l’avait toujours su, quelque part, dans un coin de son esprit, mais elle en était maintenant certaine : elle retournerait à la Cité. Sa maison, son foyer, sa famille, c’était là-bas qu’elle les trouverait. C’était là-bas qu’elle pourrait se construire, dans cette ville cosmopolite et pleine d’amour. Oui, elle allait se mettre en route le plus vite possible. Elle sentit Mako s’agiter. Elle se retourna pour lui faire face. Il ouvrait les yeux et sourit en la reconnaissant. Puis ouvrit de grands yeux. - Quoi ? demanda-t-elle paniquée. - Tes cheveux ! - Quoi ? Y a une bête ? - Non, regarde ! Il agrippa une mèche pour lui montrer. Bruns ! Enfin, presque bruns. Ses cheveux avaient pris une teinte beaucoup plus foncée pendant la nuit ! Logan s’assit, oubliant un instant sa nudité. Pourquoi ? Que s’était-il passé ? - Logan, pourquoi tes cheveux sont foncés ? - Je… Je suppose que c’est lié à ce qui s’est passé hier. Avec mon clan, précisa-t-elle. - Ca veut dire que… tu as grandi, c’est ça ? - Ca veut dire que j’ai accédé à un nouveau… euh… que j’ai gagné en sagesse. - Tu es sûre que ce n’est pas plutôt lié à la nuit que tu as passé avec Mako ? demanda-t-il d’un ton taquin. - Mako ! dit-elle riant, gênée. Elle lui donna une tape sur le torse. Il sourit, fier de lui. Logan se calma, songeant à ce que cela signifiait. Visiblement, son corps reconnaissait la valeur de sa décision. Peut-être que pour vieillir et être plus sage, elle devait se libérer de son clan. Comme l’avait dit Mako, chacun grandissait à sa manière. Elle se sentit fière d’être arrivée à ce nouveau stade de sa vie. Elle était pressée de montrer ses cheveux à Tyrol.
Les jours qui suivirent furent doux. Non pas pour le temps mais pour la relation qui s’était établie entre Logan et Mako. Elle savourait ce nouvel aspect de la vie, découvrait de nouvelles faims dans son corps. Mako semblait tout aussi curieux. Il tenta de lui expliquer les relations intimes entre perroquets mais Logan l’interrompit immédiatement en lui disant que ce n’était vraiment pas quelque chose qu’elle avait envie d’imaginer. Mako s’en vexa et mis plusieurs heures à comprendre ce qui pouvait déranger Logan. Ils marchaient vers l’est. Logan parlait de plus en plus, avec beaucoup d’enthousiasme. Elle lui parla de toutes les rencontres qu’elle avait faites dans la Cité, lui expliqua les démons et ce qui s’était passé avant la chute de l’Ile. L’énergie débordante de Logan faisait plaisir à Mako. Il la voyait sourire comme elle n’avait jamais souri, marchait avec légèreté. Il était heureux pour elle, de voir qu’elle avait réussi sa quête personnelle. Cela signifiait également autre chose.
- Logan… Mako avait été trop longtemps silencieux et elle eut l’intuition que ce qui allait suivre n’allait pas lui plaire. Il volait derrière elle. - Logan arrête-toi veux-tu. Elle s’arrêta mais ne se retourna pas pour regarder l’oiseau. - Mako ne va pas venir à Elament avec toi, Logan. - Est-ce obligé ? - Oui, Mako doit y aller. Il a trouvé ses réponses et il est temps qu’il retourne chez les siens pour leurs expliquer ce qu’il a appris. - Ils ne te comprendront même pas ! - Ne sois pas insultante. Logan baissa la tête, contrite. - Regarde Mako, Logan. Elle lui fit face. - Mako veut te donner un souvenir, pour que tu ne l’oublies pas. Choisis ta plume préférée. Il ouvrit son aile droite à la hauteur du visage de son amie. - N’as-tu pas besoin de toutes tes plumes pour voler ? - Si elle est indispensable à Mako, il te le dira. La plume que choisit Logan ne l’était pas et il lui en offrit donc une magnifique à dominante bleue où se cachaient des nuances de roses. Logan l’attacha à ses cheveux nouvellement bruns, les mains légèrement tremblantes. - J’en prendrai soin ! - Je n’en doute pas. - Alors… C’est un adieu ? Mako se transforma en humain. Logan n’était plus intimidée par sa nudité. - C’est un au revoir, ma Logan. Les véritables amis ne disparaissent jamais complètement. - Tu es plus qu’un ami, Mako. Elle lui prit la main et la posa sur sa joue. - Si un jour, tu as d’autres questions, viens me voir à Elament. - Je te le promets. - Hé bien… Au revoir Mako. Et merci pour tout. - A bientôt Logan. Il l’embrassa une dernière fois puis redevint un oiseau. Il s’envola et Logan le suivit des yeux jusqu’à ce qu’il disparaisse dans l’horizon. Elle serait donc seule pour rentrer à Elament, chez elle. Elle pensa à Tyrol, à la Cité, à l’Ile. Beaucoup de choses l’attendaient là-bas, le souvenir de son professeur lui mit du baume au cœur. Elle se remit en route, songeant à son avenir qui l’attendait là-bas. Résumé :Le choc de voir l’Île s'effondrer sur la Cité mit Logan dans un tel état de panique qu'elle fuit. Cette destruction, cette victoire contre les démons au prix d'une perte immense lui rappela sa condition de faible être humain. Désorientée, elle décida de retourner à ses sources pour trouver réponse à ses questionnements intérieurs. En chemin, elle rencontre un animorphe perroquet, Mako. Celui-ci essaye également de comprendre qui il est, ayant découvert son pouvoir seul et n'ayant aucune conscience de quels étaient ses pouvoirs éventuels. Il décide de se joindre à Logan en espérant que lui aussi trouverait des réponses. Logan lui en fournit une par la suite, et pas des moindre : il pouvait se changer en humain. Les semaines passant, un lien particulier se crée entre les deux compères et celui-ci évolue vers l'amour. Mais alors que Logan semblait enfin accepter et assumer ce sentiment en elle, ils arrivent à son Clan. Elle va trouver, seule, laissant Mako à la liberté de retourner chez lui, sa Materchka. Elle tente de lui expliquer ce qu'elle a observé autour d'elle durant les quatre dernières années écoulées mais elle ne trouve aucune oreille prête à l'écouter. Pire, son affront d'oser vouloir partager son expérience, rend les habitantes du clan furieuse et celles-ci, sur ordre de la Materchka, se jettent sur elle pour la tuer. Dans la dispute qui précède le combat, Logan s'enfonce un bout de bois dans le tatouage pour le barrer d'une ligne sanginolante. Logan parvient à fuir et trouve Mako en train de l'attendre. Ils sont au carrefour de leur voyage. Logan décide de retourner à Elament, se sentant désormais libre de ses racines. Mako, lui, retourne chez les siens. Les deux amants se séparent mais le retour vers Elament et la perspective d'y retrouver la famille qu'elle s'était construite fut le meilleur des pansements. - RP's - - 6 mois de silence [PV Tyrol]- Le silence n'est rien [PV Solis]- Air et feu [PV Baati] |
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