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 Chardons [Semi Public]

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Ruby
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMar 29 Juil 2008 - 17:01

-> Les Cours


La pleine journée, le plein été.
Quoi de plus vomitif comme temps ? Un plein soleil d'une chaleur écrasante, un ciel déserté de tout nuage, de toute grisaille... La perfection de l'azur peint sur une voute intouchable, parsemé ça et là de subtiles nuances de couleur... Et sous ses pieds, une plaine qui s'étendait comme un tapis de verdure brûlée. Droit vers la promesse des regards lourds de sous-entendu, ou à l'inverse, droit vers l'absence de regard. Il demeurait au fond de la bouche de la Cristalléenne un goût de cendre, pourtant.

Mais il y avait eu ce signe.
Un petit morceau de beauté, une parcelle de promesse, le reflet de la magnificence... Ce n'était rien, juste des promesses d'enfant lorsque le papa rentre tard du travail ou que la maman est tombée sur le sol et qu'elle ne se relève pas. Ce n'était rien. Mais son esprit n'en était plus là.

C'était donc une journée magnifique pour quiconque aimait le soleil et ses caprices, mais la carnation claire de la jeune professeure ne supportait des rayons que leurs caresses argentales lors du plein hiver. Seuls les rayons de Grianan, le petit soleil, étaient parfaitement assorti à ce qu'elle désirait. Ici, en cette saison, elle ne voyait que la mort, et chacune de ses sorties à l'extérieur, dans un endroit découvert, était à la limite d'une torture.

Elle se trouvait à l'ombre d'une crypte, entre la tombe d'un parfait inconnu et le caveau d'un autre parfait inconnu. Peut-être les y avait-elle envoyé tous deux à la suite de la guerre d'Elament. Qui le savait... Les rhododendron poussaient gaiement parmi les pissenlits, et quelques ifs tachetaient le sol aride d'ombre, sans portant apporter aux insectes le répit qui leur était nécessaire. Même les charognards ne s'approchaient pas des ornements funéraires pour déterrer quelques ossements tellement le soleil était écrasant. L'air était semblable à du plomb. Et ce plomb plus compact encore que du granit.

Les effluves entêtante de la putréfaction s'élevaient des cairns, disperçant une fumée bleue à qui saurait le voir. Il n'y avait d'autre bruit que les grésillements intolérables des grillons. Saison maudite.

Ruby n'aimait pas l'été.
Elle aspirait à l'hiver, aimait le printemps et chérissait les promesses de l'automne. L'été, c'était pour elle toujours la saison de la mort, à la chaleur étouffante, aux herbes brûlées, aux corps suants, au sol qui s'écaillent de sécheresse. A l'inverse, l'hiver, c'était la vie. Un étalage de pureté, de couleur plus profonde les une que les autres. Des blancs les plus aveuglants aux noirs les plus profonds, avec le gris, en dessous, le gris du pelage des loups. Puis, il y avait le fauve des daims et des cerfs qui tentaient vainement de se cacher et, ensuite, le rouge. Le rouge de leur sang étalé sur la neige... Il y avait son haleine qui formaient des spirales évanescentes dans l'air, si elle le désirait, où ne laissait aucune trace, aucun souvenir de son passage. A l'inverse de l'été, où elle devait laisser la température de son corps monter afin de ne pas user trop d'énergie.

C'était d'ailleurs une chose comique, quand on savait que la chaleur était de l'énergie pure et qu'il suffisait d'en absorber pour faire de l'eau liquide une glace des plus froide. Enfin bon, le soleil la torturait.

Pendant la pleine saison, elle ne restait pas dans la cité, généralement. Elle partait un mois ou deux, essayant de trouver au fond des grottes ou sous la mer une fraîcheur inattendue. Aussi Ruby avait-elle clos ses derniers cours, donnant à ses élèves la date de leurs examens puis avait fuit avant que la chaleur ne devienne insupportable pour elle. Au fond des grottes, elle avait trouvé une mince fraîcheur que venait briser l'arrivée de démons explorateurs. Leur os resteront une preuve de leur passage. Au fond de la mer, les courants contraires ne l'attiraient pas trop, aussi était-elle restée presque un mois et demi au fond d'un caveau, sortant en pleine nuit pour chasser, faisant autant de bruit qu'un flocon de neige...

Mais le vent se levait. Le pire de l'été était passé et elle pouvait maintenant sortir le matin avant que le soleil du plein midi de l'écrase de nouveau. Et ce matin était de ceux-la. C'était donc le début de journée, à la moitié de l'été. Il y avait toujours ces mêmes tombes, ces mêmes charognards fuyants, ces mêmes plantes aux subtiles augures. Mais, au final, peu lui importait. C'était les tombes qui l'avait en partie attirées, elle qui avait tellement semée la mort. Une façon de se faire pardonner, en somme.

Mais de qui ?

Avec la souplesse d'une branche de saule, Ruby alla s'assoir sur la pierre gravée d'une sepulture et chanta dans sa langue un ancien chant funèbre...
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMer 30 Juil 2008 - 8:32

Une journée molle que celle-ci, presque triste malgré le temps radieux qu’il faisait dehors et une journée curieuse qui ne faisait que commencer. L’enfant exécrable avait passé sa matinée à la grande bibliothèque d’Elament, étudiant, sans relâche, le nez plongé dans des livres deux fois plus grands qu’elle. Elle n’étudiait plus les races, ayant depuis longtemps laissé tomber le maigre espoir de retrouver ses origines. Non. Ses efforts s’attardaient sur autre chose. Des documents plus sombres, sur les démons et leurs pouvoirs, leurs particularités, leurs forces, leurs hiérarchie et tout ce qui pouvait se montrer nécessaire de connaître. Elle s’était montrée une élève assidue et connaissait à présent une grosse partie de théorie sur le sujet, rayant, sur sa liste, les livres qu’elle venait de terminer. Elle en avait écumé un sacré petit nombre, sans jamais se lasser, s’acharnant à cette tâche comme une forcenée... mais jamais encore elle n’avait eu l’occasion d’étudier la pratique. Pas depuis quelques mois, lors de sa mésaventure avec Saisei et l’hybride chacal.

Sa matinée s’était écoulée ainsi, à lire paisiblement. Les heures avaient passées et le soleil, dehors, avait atteint son zénith, écrasant la cité sous ses rayons brûlants. Les pages avaient commencée à se coller aux avant-bras de la jeune fille et elle avait renoncé, sentant la moiteur la gagner. La bibliothèque se transformait en étuve, elle n’avait aucune envie d’y rester. Doucement, elle s’était levée, avait rangé ses livres et était sortie, frappée par le contraste entre la chaleur humide à l’intérieur et la fournaise sèche extérieur. De l’eau... et vite !

Les cours aquas étaient achevés depuis quelques jours, lui donnant suffisamment de temps libre pour s’entraîner comme le lui avait suggéré son maître Shinreï. Là où d’autres s’amusaient, flânaient entre amis ou paressaient au soleil comme ces lézards qui aiment à se faire griller, Coralline se perdait dans des études de damnée. En réalité, elle n’avait que ça à faire. Pire encore, c’était sans doute la seule chose qui l’apaisait, car son esprit ainsi occupé, elle s’évitait des pensées négatives et ses bouffées de rages incessantes.

Ses pas l’avait machinalement conduite vers le lac Yuta, sur lequel elle aimait évoluer pieds nus. Mais, journée curieuse oblige, elle l’avait abordé depuis l’extérieur de la Cité, s’évertuant à faire le tour des remparts sans se dépêcher. Pourquoi ? Et bien, sans doute que la masse compacte d’habitants grouillant sur les plages du lac l’avait dissuadée de s’en approcher par l’intérieur d’Elament. Elle s’avança. Encore une fois, se concentrer à cet exercice lui changeait les idées. La surface des flots était chaude, presque désagréable, quoique bien moins que ses pensées. Loin derrière elle, résonnaient les rires d’un groupe de jeunes filles sorties entre amies. Cette gaieté simple suffisait à l’agacer, sans raison apparente. Que faisait Lorelaï à cette heure ? Un geste de la main lui échappa, comme si la petite Nymphe avait tenté de chasser un insecte indésirable de devant son visage : elle chassait ses pensées. Le soleil l’écrasait, elle n’avait pas envie de s’entraîner par cette chaleur. Non. À moins qu’elle ne trouve un endroit plus frais, plus propice à sa concentration. Elle s’arrêta, étonnée que ses pas l’ai menée si loin de la Cité. Ses pieds nus avaient quittés les flots et se laissaient doucement chatouiller par les herbes jaunies de la berge.

Où aller maintenant ? La forêt Darke ne lui inspirait pas confiance, bien qu’elle promettait des températures plus clémentes. Et tout droit, qu’y avait-il ? De nouveau, ses pas la traînèrent sans qu’elle oppose la moindre résistance.

Tout droit, il y avait le Cimetière.
Tout droit, il y avait un chant.
Est-ce que l’on enterrait quelqu’un ?

L’enfant découvrit que non et son cœur s’arrêta presque de battre. C’était elle. Elle... Ici ? Pour elle seule ? Elle jeta un coup d’œil circulaire. Personne, mis à part peut-être des cadavres desséchés au fond de leur tombeau. Était-ce pour eux qu’elle chantait ? Coralline s’avança doucement et pris place sur l’une des stèles, sans se soucier de savoir s’il s’agissait d’un quelconque sacrilège de poser son derrière sur la demeure d’un défunt. Ce chant, elle le fit sien, fermant les yeux, souriant comme il était si rare de la voir sourire.
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMer 30 Juil 2008 - 23:38

Par delà les vergés, les monts et les plaines
J'ai perçu la rancoeur du murmure des damnés
Mais qu'importe, au fond, que brasille leur haine
Si ne reste d'eux que des os décharnés ?


Assise comme une nymphe sur la surface de pierre, Ruby ne sanctifiait ni ne souillait la sépulture de sa présence. Il aurait fallut pour cela qu'elle ne porte aucun sentiment de reconnaissance aux cadavres pourrissants pour cela, or, ce n'était pas le cas. Aussi bestiale fut-elle, le respect des défunts était inné à cette fille d'une race qui offre au feu ses mâles et à la terre ses femmes. Et que la Grande Déesse Louve lui en soit témoin, jamais endroit plus triste et plus beau n'existait qu'un cimetière. Aussi chanta-t-elle. Elevant sa voix pour oublier que le temps existe, applanir entre ses mains faites de glace la chaleur pesante de cet été interminable. Entre ses lèvres glissaient les mots d'un texte appris de longue date mais jamais prononcé pour personne si ce n'était elle-même. Et il était beau ce chant, pour qui saurait le comprendre.

Oh vient à moi, promesse de repos
Oui vient à moi, arrache-moi la peau.
Oh vient à moi, promesse de repos
Oui vient à moi, arrache mes oripeaux.


Puis, oui, je l'ai dis, quand elle chantait, elle ne pensait plus à rien d'autre. Et c'étaient tant mieux, car, ce que contenait son coeur aurait pu être une arme à double tranchant, ou une épée sans pommeau destiné à couper les mains de son utilisateur.
Il y avait de la rancoeur. La rancoeur d'une personne qui a donner sa vie pour en protéger d'autres, sans rien demander en échange si ce n'était le respect, la reconnaissance et le droit d'exister. Après tout, ne s'était-elle pas battu jusqu'à la mort ? Ne croyaient-ils pas, tous autant qu'ils étaient, qu'elle ne se rappelait pas des hurlements des habitants de la cité qu'elle avait tué par erreur alors que Shinreï Suiton la poignardait dans le dos (au sens propre du terme) ? Ne pensaient-ils pas qu'elle pouvait également ressentir de la peine, même si cela était contre sa nature-même ? Et la colère qu'elle pouvait ressentir contre le fait de ne pas l'avoir laissé mourir ? Elle s'était battu pour eux, avait tué pour eux dans des chasses qui ne rapportaient pas de viande et détruisaient le coeur. Et après tout cela, ils ne lui avaient même pas laisser le droit à une sépulture, ni au repos qu'apportent la terre gelée de l'hiver...

Un grand auteur dira un jour "Un homme deshonoré est pire qu'un homme mort". Mais qu'en est-il des filles de ces femmes bafouées, violées, laissées pour morte sur le lit conjugal ? Qu'en est-il des filles de toutes nos soeurs, qui périrent sur le bûcher avant de n'être plus que des cendres transportées par une rivière ? Et la pendaison, la pendaison...
Le chant devint peu à peu plus haineux, portant dans les grâves, bercé par une voix qui se découvrait une douceur proportionnellement inverse à la force des griffes de la Cristalléenne. Elle avait eu la chance de grandir au sein d'une race matriarcale, aux femmes fortes, aux hommes puissants. Elle apprenait encore aujourd'hui que son sexe pouvait ne plus pardonner ses actes.

Mais pouvait-elle leur pardonner à eux ? Pour cela, il aurait d'abord fallut qu'elle s'excuse à elle-même, ce qui, dans le fond, serait le plus dur à advenir.

Sa bouche prononça de façon automatique les mots, et son esprit s'égara encore, coupant ses sens. Elle n'entendit pas le grincement strident du portail du cimetière, alors que des pas imprudents venaient perdre leur source. Elle n'entendit pas la respiration hachée d'une jeune fille qui posait sur elle de grands yeux dévorants mais continuellement affamé. Non, tout cela, elle ne le perçut pas, trop profondément plongé dans la noirceur de son âme pour prêter attention aux suicidaires ou aux fous. Quoi qu'elle puisse encore comprendre ces derniers.

Qu'y avait-il donc encore, en elle ? Une faim, une soif, un désir. Sa virginité était-elle en cause ? Nenni. C'était le froid qui l'appelait et son coeur tout entier désirait la neige comme les bouches des amants se désiraient l'une et l'autre. Mais il y avait aussi la faim de compagnie. Les loups solitaires meurent lorsque l'hiver vient. Elle avait pourtant survécu à 25 hivers, seule. Son être tout entier appelait-il la solitude quand son coeur glacé avait la curiosité de quérir des mains chaudes...

Le dernier vers mourut, alors qu'elle ouvrait ses paupières sur une mince silhouette.


Je t'abandonne, mais je viendrai à toi.
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MessageChardons [Semi Public] EmptyVen 1 Aoû 2008 - 16:04

Doucement, le temps se tord et le paysage frémis, au rythme des paroles égrainées par la voix cristalline. La vie retient son souffle, haletante et semble se modeler à l’image de l’émotion diffusée. La chaleur écrasante s’apaise, les arbres se redressent fièrement, les fleurs, déposées sur quelques rares tombes, oscillent dans un léger soupir du vent. Là-haut, déposés sur les sommets des cryptes ou les branches basses, les oiseaux se taisent un instant, la tête inclinée, étonnés par ce ramage envoûtant. Rien ne perturbe le chant doucereux et la nature toute entière mime une onctueuse paix, dans un silence caressant. L’enfant exécrable elle-même oublie les brûlures de sa colère et se laisse aller à cette atmosphère paisible, savourant une sérénité mélodieuse.

Envolée la rancœur. Envolée la fureur. Envolée la haine de toute chose peuplant ce monde, elle y compris.

Coralline observe avec gourmandise, les lèvres de nacre où étincelle le givre vaincu par la chaleur. Elles remuent à peine et pourtant, leur mouvement est curieusement hypnotique. Doit-elle fermer les yeux et se soustraire à cette vision qui la fascine ? « Laisse. Elle est inaccessible. ». Le chant se tait doucement et les flammes glacées des yeux de la louve se posent sur la jeune importune. Mais la petite Nymphe ne bouge pas. Son regard Anthracite vacille à peine. Tout autour, le monde reprend sa marche interminable : les oiseaux retrouvent leur voix, les Dalhia courbent l’échine sous le poids des hannetons. Le temps, enfin, se défige et étend ses bras, égrainant les heures chaudes avec langueur.

Coralline sourit. Elle avait face à elle l’une des si rares personnes pour lesquelles elle éprouvait de l’admiration. Son idolâtrie était telle qu’elle en frisait la dévotion aveugle et que son comportement, en sa présence, bousculait toutes les barrières de la cohérence. Que n’aurait-elle pas donné en cours Aqua pour devenir l’unique centre d’intérêt du cours, simplement parce que Ruby y était spectatrice, par exemple ? Pourquoi ? Comment ? Elle ne le savait que trop bien : cette puissance incroyable, étonnante compte tenu de l’apparence physique de la Cristaléenne, la fascinait et sa froide indifférence la touchait. « Mais ce n’est pas elle que tu as choisi... ». La bouche rose de l’enfant s’ouvrit enfin et sa voix fut bizarrement douce :


« Magnifique... »

Mais on ne savait pas de quoi elle parlait...
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Ruby
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MessageChardons [Semi Public] EmptySam 2 Aoû 2008 - 17:22

" Ah ? "

Un geste délié, la neige qui tombe d'une branche, et Ruby se retrouva sur ses jambes, toute de voilure habillée, toute de nudité exhibée. La beauté ? Un quolifichet. La pureté ? La tocade indifférente d'une innocente. Et soudain, la brise se lève. Le voile la suit, les vêtements sont agités de remous, comme les vagues d'un océan capricieux. Les cheveux accompagnent le mouvement, oriflamme désués.

Droiture, fière, la Cristalléenne sourit avec lassitude à son élève. Un tiraillement au coin de ses lèvres, les cernes qui se creusent laissent une marque prononcée sur ses yeux. Ce n'était rien, juste la fatigue, la torpeur qu'avait induit la chaleur toride de ces derniers mois qui soulignaient ce corps gracile d'un soupçon de fragilité. Il ne lui faudrait qu'une nuit de fraîcheur, qu'une journée de plus pour retrouver toute sa vigueur aussi, pour le moment, attendait-elle la froidure bienvenue de l'arrivée de l'Hiver. Mais ce bon ami tardait, comme tout les ans...

Le vent cessa, et la Louve observa mieux la jeune fille.
Elle avait grandit, un peu. Elle avait toujours l'air aussi fraiche, quoi que l'on devinait à la ride nouvellement formée entre ses yeux la concentration, ou la colère. Et la jeunesse et la vigueur brillait dans le moindre de ses geste.


" C'est un chant de mon peuple traduit en langue commune par les elfes. La mélodie d'origine est déformée et le sens est totalement changé. Mais j'aime le souvenir que ce chant m'apporte. "

La Cristalléenne tourna le dos un instant à Coralline et passa sa main au dessus de la tombe qui lui avait servit de siège, qui avait été durant un instant seul spectateur de son chant. Ici naquit le givre, puis la glace. Douce, encore fraîche, comme un frisson de printemps. Elle sculpta les fleurs, ordonna les feuilles, mais ne laissa ni pot ni racine. Seulement une oeuvre d'Eau, une oeuvre éphèmère et changeante. Comme le souvenir de sa chant.

Masquée, douce, empreinte d'affection ou d'un regret naissant, la voix de Ruby reprit :


"Si tu le désires, je peux te chanter le véritable chant de mon peuple. "


[Oua. Message court powa.]
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MessageChardons [Semi Public] EmptyLun 4 Aoû 2008 - 19:37

[HS] Bof, on s’en fout, c’est pas un concours du plus long message Wink [HS]

À peine une seconde, le silence se brisa au profit d’un « Ah ? » moins étonné qu’indifférent. C’était tout, c’était rien, c’était si peu et tant à la fois. Au moins, le compliment lui était parvenu. Un remerciement ? Non. Ce n’était pas ce que Coralline attendait. En réalité, elle n’attendait rien, sa position d’observation émue lui suffisant amplement. Elle ne perdait rien des détails : les jolis voiles auxquels se mêlait la légère chevelure, la peau aux promesses de douceurs et la tendancieuse transparence. S’ajoutait, à la beauté presque lascive, un sourire lourd des trop nombreuses journées passées dans la douleur. « Cette beauté là n’est pas pour toi. Non. Mais elle t’observe... ».

Sur les lèvres de l’enfant, un nouveau sourire s’était dessiné. L’explication donnée par Ruby avait des faux semblant de confidence. Vous pensez qu’elle est ridicule, gamine infecte, de se réjouir de ces quelques mots ? Mais qu’a t-elle entendu d’autre durant ces longues journées de cours, que des mots austères et répétitifs, sans amitié, sans intérêt, presque sans échange. Coralline n'y avait que trop eu droit, muette à sa place d’élève assidue. Ruby, inaccessible. Ruby, crainte, maudite, haïe de la majorité des élèves. Ruby pourtant adorée par la jeune fille, dans un silence respectueux. En cet instant précis, loin des cours, les choses étaient différentes. « Non, je ne te crains pas. Je deviendrais aussi puissante que toi, et alors, plus rien ne m’atteindra. ».

Sur la stèle laissée vierge de la présence de la Cristalléenne, fut érigé un jardin de givre. À l’image de Ruby, ou à l’image que se faisait Coralline de Ruby, un jardin magnifique, étincelant, d’apparence fragile et pourtant d’un froid mordant et assassin. Saurait-elle en faire de même, un jour ? À peine ses pensées eurent-elle le temps de divaguer à ce sujet. Une chance, car elles auraient probablement été porteuses de frustration et de colère... Le visage de la jeune Nymphe avait adopté une expression à la fois étonnée et émerveillée.


« Vous feriez ça pour moi ? Je vous écoute avec plaisir. »

Elle se redressa légèrement, dépliant ses jambes sur lesquelles elle s’était assise et adoptant une position plus confortable. Ses pieds restèrent en suspend juste au dessus du sol, se balançant doucement. Ruby ne donnait pas un cours. Elle n’ordonnait pas, n’expliquait pas, ne faisait pas exhibition de son pouvoir afin que chacun puisse tendre à la réussite d’un exercice. Elle n’était plus cette sorte d’entité pour laquelle les élèves gardent une certaine distance circonspecte. Elle était elle et, d’une certaine manière, elle intriguait l’enfant exécrable.
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MessageChardons [Semi Public] EmptyDim 10 Aoû 2008 - 11:16

Un sourire bon enfant naquit sur le visage de Ruby.
Ainsi, on la prenait autant pour quelqu'un d'éloignée de la réalité... Capable de rien, pas même de chanter une chanson à une gamine adorable, quoi que particulièrement capricieuse. Mais au fond... c'était bien à prévoir après les ravages qu'elle avait commit.

Aussi s'installa-t-elle confortablement près des tombes, empli d'une politesse naturelle envers les morts et d'une crainte superstitieuse quant à la portée de ses actes en ces lieux. La Cristalléenne - et maîtresse de l'eau - joignit ses deux mains et fit naître un tambour de glace et d'eau, provoquant comme l'objet de nature un bruit tendre de bois coupé, mais d'une facture trop irréelle pour donner ne serait-ce qu'une impression de réalité.

La Jeune femme frappa dessus avec le tendre de l'intérieur de ses mains.

Calé entre ses mollets, il ne bougeait pas d'un millimètre alors que la Cristalléenne lui assenait de petits coups vigoureux de façon répétitive. Peu à peu, alors qu'elle retrouvait la sensibilité de ses mains sur l'instrument et l'habitude de l'écho vide dans ses oreilles, le son gagna en confiance et en intensité, devenant plus pénétrant, rebondissant dans les entrailles comme le font tous les bruits sourds et graves.

Les véritables paroles suivirent le rythme, escaladant les octaves, jouant avec l'échelle diatonique d'une façon trop incompréhensive pour être répétée. C'était ça, alors, un chant cristalléen ? Non non... Ma foi, un véritable chant du peuple du Cristal est bien différent, chanté par douze voix de femme et trois voix d'homme, pour que le choeur, au final, soit un envoutement plus grand, pour que les quinze son sortent à l'unisson et s'entremêlent inextricablement autour des paroles gutturales, prononcées avec les tripes... prononcées avec le coeur.

Au final, ça ne racontait rien de barbare, comme le contait les paroles retranscrites par les elfes - Ah ! ces elfes... Ce chant était une promesse de retrouvailles faites aux morts, la promesse de ne vivre que pour continuer à vivre, sans crainte de la mort, sans effroi face à l'adversité. Vivre pour soi. Vivre. Un chant mortuaire prônant la valeur de la vie... Quoi de plus drôle ?

Le plus drôle, c'était qu'il n'existait qu'une personne dans tout Elament qui comprenait véritablement ces paroles, une seule qui parlât le Cristalléen du Clan du Loup, et la Haute Langue des Matershka... (les femmes-chefs dans la race de Ruby)

Lorsque l'hiver vient, le loup solitaire meurt.

D'une inflexion de l'esprit, Ruby remit au plan second ces pensées négatives et se concentra sur l'instant, terminant la chanson de la note cristalline d'un morceau d'acier sur de la Glace.

Enfin, le vent se leva. Une odeur familière vint caresser ses narines. Une odeur haït. Une odeur appréciée. A pas de prédateur, elle se rapprocha - sensuellement - de la petite Coralline et flaira son cou et son bras.

Le tambour de glace disparût, absorbé, et les yeux de Ruby se fixèrent dans ceux de la jeune fille. Etait-elle folle de fricoté avec pareil psychopathe ? ....... Après tout, elle était bien le chant mortuaire d'une assassin, possédant une puissance quasi divine et presque nue... C'était peut-être elle-même qui était folle, au final. Mais la Cristalléenne ne put s'empêcher de laisser de ses lèvres s'échapper un mot.


" Shin. "

Elle ne demandait ni explication ni ne tirait de jugement. Parfois, la logique humaine fait seule le travail.
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMar 19 Aoû 2008 - 11:58

Sans un bruit, un sourire aux lèvres, Coralline observa Ruby céder à son caprice. Ses yeux gourmands s’étaient posés sur elle et elle semblait dévorer chacun de ses gestes, savourant sa présence en sa compagnie. Elle semblait si fragile qu’elle pouvait donner l’impression d’avoir constamment besoin d’être protégée. Sa présence dans un lieu aussi insolite que dangereux qu’un cimetière aurait pu en faire bondir plus d’un – du moins un de ceux qui ne la connaissait pas. Mais Coralline savait – ou croyait savoir. Elle avait été présente au lac Yuta lors de l’assaut des forces démoniaque et elle avait vu son professeur combattre. Si frêle et pourtant si destructrice, comme si aucune émotion ne pouvait l’atteindre, méthodique, puissante, inébranlable dans sa tâche. Et la suite... ma foi, la petite Nymphe avait sombré dans les profondeurs du lac avant même d’en avoir un avant goût...

Elle avait bien entendu quelques rumeurs et récolté des témoignages cinglants lorsqu’elle avait rédigé un article sur Ruby pour l’Atia, mais elle se refusait à croire à de telles inepties. Ou bien les croyait-elle et trouvait cela presque merveilleux. Triste, mais merveilleux, comme une légende horrible faite de souffrances et de sacrifices, quelque chose d’inquiétant qui la fascinait. Ruby, un monstre ? Certainement pas. Serait-elle là à chanter de sa voix cristalline si ça avait été le cas ? Non. Coralline imaginait mille choses, mille raisons expliquant les faits qu’on lui avait rapporté. Sans doute qu’un instinct terrifiant demeurait latent, quelque part dans le cœur de la Cristalléenne et sans doute que cet instinct, si longtemps contenu, se révélait être incontrôlable dès lors qu’il était libéré. Sans doute aussi que Ruby était la première à en souffrir et en tout cela, elle méritait autant son respect que son affection.

Longtemps, la petite Nymphe se laissa envoûter par les intonations curieuses, le regard clos sur ce monde qu’elle haïssait. Tant et si bien qu’elle ne rouvrit pas immédiatement les yeux une fois le chant terminé. Lorsqu’elle revint à elle après cet instant de délicieuse torpeur, elle croisa le regard insistant de Ruby. Un mot, un seul, fut prononcé. Coralline tressailli. Comme une bête sauvage, une louve, l’instinct de la jeune femme s’était réveillé et avait deviné juste. Avait-elle sentit son odeur comme un animal ? « Je devrais aller me laver illico si c’est le cas ! » pensa amèrement la petite Nymphe. Son apaisement avait disparu, laissant la place à une attitude défensive, comme si elle avait quelque chose à se reprocher...


« Maître Shinreï, oui... mais cela fait longtemps que je ne l’ai pas vu. En fait, je suis suis pas certaine d'en avoir envie... »

Elle voulu ajouter qu’il s’était moqué d’elle, qu’elle le détestait tout autant que l’intégralité de la cité d’Elament, qu’il lui paierait bientôt ce qu’elle considérait comme une trahison et qu’elle le trouvait trop orgueilleux et stupide pour mériter de vivre, mais elle se garda bien d’ouvrir la bouche, préférant garder pour elle ce qui ne regardait... qu’elle !
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMer 20 Aoû 2008 - 16:31

* Shin *

La Cristalléenne était debout au milieu d'un site mortuaire, et aucun vent n'agitait sa robe, ni ses cheveux. Pourtant ... Pourtant, avec la nymphe assise devant elle, on pouvait avoir l'impression de voir une femme très belle, malgré les traits enfantins dont était sculpté son visage et l'ébauche de forme que laissait entrevoir sa robe transparente.

D'un geste lent, sa main remonta, déposant le bout de ses doigts de fée, plus blanc que l'os, sur ses lèvres exsangues. Le froid malheureuse de sa peau ne parvint malheureusement pas à chasser le souvenir.. Oui, le souvenir de lèvres chaudes, presque brûlantes, sur les siennes. Un baisé, simple, innocent... Le second de ceux qu'elle avait échangé avec l'elfe. Le premier... Ma foi, le premier n'avait eu pour effet que de la tuer, alors qu'il lui plantait la lame d'une poignard entre les côtes. Sur son flanc délicat, osseux, se voyait encore la ligne mince et doré d'une cicatrice, unique marque - mise à part son tatouage - à souiller la blancheur laiteuse de son corps.

Puis, se rendant compte de son geste, la Cristalléenne rabaissa la main, la remettant à sa place, au bout de son bras, le long d'elle.


" Prend mes conseils pour ce qu'ils valent, fille, tiens tes pas loin de ceux de cet elfe noir. Rien de bien ne vient à ceux qui marchent de concert avec lui. "
Elle marqua une pause. Dans ses yeux, la douleur de ce qu'il avait fait revenir en elle se lut, bien malgré elle, ainsi que l'ébauche d'une haine mêlée d'affection. " J'ai fait l'expérience de la générosité de son enseignement, qu'il n'est pas un bon maître. "

Ah oui, ça, pour sûr, elle l'avait fait, cette expérience. Affamée, maltraitée. c'était un maître froid, violent, agressif, qui parlait en pensant savoir tout alors qu'au final... Au final il en savait bien peu. Certes, il avait fait grandir un peu la Cristalléenne... Mais le prix avait été énorme. Elle en était morte, rien de moins, et elle avait tué, en plus.

Mais bon, sa vengeance avait été consommée, lorsqu'elle l'avait littéralement battu lors d'un combat, dans un village dévasté des marais. Un sourire féroce tirailla sa bouche lorsqu'elle y re-songeait. Oui, terriblement facile à abattre, en fait.


" Je ne l'aime pas. " Conclut-elle, comme si cela était utile.
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMer 3 Sep 2008 - 13:29

Il y eut un silence. Un silence bref et froid. Un froid que même Coralline ressentit.

Ruby ne lui avait-elle pourtant pas enseigné l'art de faire fi des températures négatives ? Alors pourquoi ressentait-elle cette sensation étrange ? Sur sa peau, les poils s'étaient hérissés soudain comme autant de soldats prêts à se protéger d'une agression extérieure... mais en face, rien d'autre que la Cristaléenne, sublime dans sa quasi nudité. Coralline pencha légèrement la tête en signe d'interrogation. « Elle n'est pas pour toi... » répéta la petite voix de sa conscience. Non, en effet. Et pourtant, la petite Nymphe avait dépassé le stade de l'admiration, glissant doucement vers des chemins plus tendres... plus inavouables aussi. Ces doigts blancs sur ces lèvres de nacre... suggestion que l'enfant pris pour elle. Elle frissonna. Non. Pas pour elle.

La voix cristalline la mettait à présent en garde et soudain, comme si la jeune fille avait eu ce besoin inconscient qu'on lui donne matière à mépriser Shinreï, elle se sentit soulagée de pouvoir détester l'Elfe arrogant en toute légitimité. C'était vrai, elle non plus elle n'aimait pas ce foutu Drow. Elle sourit faiblement, appréciant ce nouvel instant, puis des questions d'enfant curieuse et insouciante vinrent lui brûler les lèvres. Il n'y a pas si longtemps, elle avait eu l'occasion de rédiger un article sur Ruby dans l'Atia. Ce faisant, elle avait du interroger nombres d'élèves prétendant avoir assisté à des scènes horribles concernant Ruby. Les avait-elle réellement cru ? Pas tout à fait, car celle qui avait été dénigrée et prétendue morte s'était alors retrouvée face à elle et toutes les thèses exposées s'étaient alors écroulées. On la disait morte et elle ne l'était pas... alors qu'en était-il lorsqu'on la disait folle à lier ? Pourtant, en cet instant, les doutes l'assaillaient et elle voulu savoir.

Elle se redressa, tendue vers l'avant, prête à recueillir de tout son être chaque parole que prononcerait son professeur.


« Est-ce vrai ce que l'on raconte ? Que vous auriez été... tuée... par Shinreï ? »

Elle avait hésité sur ce mot, butant sur sa signification ridicule compte tenu de la santé de celle qui était sensée être concernée par cette mort indéfectible...
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MessageChardons [Semi Public] EmptySam 27 Sep 2008 - 19:42

[tadaaa \o/ !]

Lire, écrire….
La Cristalléenne n’était pas très douée dans ces deux domaines. Oh, loin d’être analphabète, elle connaissait au contraire une bonne quantité de langues et d’alphabets, mais peu habituée - être animal - à écrire, sa main n’était pas douée pour le tracé délicat des runes de certaines langues. La sienne, elle la maîtrisait parfaitement, avec ses arcanes complexes et ses signes tranchants. L’oral, aussi, ne la dérangeait pas. Communiquer n’avait jamais certes été son point fort, mais sous la langue roulaient les mots qu’elle prononçait. Alors, cet article dans l’Atia, Ruby n’en avait pas eu connaissance, au début.

Puis, face à l’ampleur des rumeurs et des murmures dans son dos, la jeune femme avait bien du se rendre à l’évidence : les marchés seuls ne suffisaient pas à répandre les nouvelles, et il devait exister dans la cité un moyen de communication plus rapide, plus fiable, plus répandu que le seul bouche à oreille. Un journal. La pérennité du papier, par contre, la professeur n’y croyait pas. Jamais du vélin ou du parchemin pourrait survivre aux siècles.

La question de Coralline la prit à revers, désarçonnant Ruby dans les tréfonds de son âme. Esquive, lui hurla son esprit, fuit. C’était trop intime, trop personnel pour répondre. Que désirait la jeune fille ? Le témoignage d’une résurrection ? La confidence d’un échec ? La preuve d’une faiblesse ? Ou alors… Juste assouvir sa curiosité envers une femme qu’elle appréciait peut-être, malgré ses …. Écarts de conduite. Depuis le début de leur entrevue, elles se parlaient comme des amies. Les masques de professeur et d’élève avaient été supprimé, abhorrés presque. Juste comme deux femmes se parlent l’une à l’autre… Par le seul fait de parler d’égal à égal à une autre femme, Ruby essayait-elle de renouer un contact humain, comme dans son clan ? La nostalgie de ses racines était une écharde dans la pâte d’un animal malade… Cela ralentissait la chasse, la poursuite de l’existence. Les sentiments humains ne sont jamais bons à être ressentit.

Pourtant… pourtant, déjà fleurissait dans son esprit une conviction. Réobtenir une chose jetée il y a longtemps. Le diadème sacré des Mater de son clan. Un diadème en métal oni, le fer, alors que seul l’argent ne brûlait pas la peau des cristalléens.

La jeune femme darda ses prunelles sans celles de Coralline.


*Non* se dit-elle calmement, apaisant ses voix intérieures à coup de crocs et de griffes *Assume un peu tes actes*

Aussi s’assit-elle doucement, pour se relever la seconde suivante. Elle prit sa respiration, cherchant au fond d’elle le courage de parler. Mais, qu’est-ce qui la gênait au final ? La raison de sa mort ou la personne qui l’avait tuée ? Aucun des deux, probablement.

« Oui » osa-t-elle dire, enfin. « Oui, je suis morte pendant la Bataille d’Elament, d’un coup de poignard, ici » se tournant au trois quart, elle dévoila le long de son flanc gauche une ligne discrète dorée sur sa peau laiteuse, cicatrice haït d’un acte désespéré.

«  J’imagine que tu veux savoir comment et pourquoi, mais aussi… Comment j’ai pu revenir de Là-bas. Alors, écoute bien, car c’est une chose difficile à faire que de révéler ses défauts, mais à toi, je pense que je peux. » La Jeune femme s’assit une nouvelle fois, invitant l’aqua à faire de même.

« Je pense que c’était le jour, car je ne me rappelle pas des choses comme le font les humains. C’était au cœur de la bataille, pendant ce que je pensais être l’ultime étalage des forces de la Démone. Tout était chaos, sang, fer et râles d’agonie. Je pourrais te détailler exactement l’odeur des sangs versés à cette bataille, mais pas le nombre de démons que j’y ai tué. Je sautais d’épaules en épaules, car, comme je ne suis pas grande, c’est plus simple pour tuer rapidement, sans douleur. »

Ruby soupira, fermant un instant les paupières pour les rouvrir l’instant d’après, les yeux empli de tristesse et du feu des souvenirs. Oui… Oui, je tuais vite, se dit-elle, car je ne suis pas cette créature qu’ils croient que je suis.

« La malédiction de ma race est la folie qui nous prend au cœur des combats, combats qui ont rythmés les générations qu’il a fallut pour forger notre communauté. Mais l’histoire de ma race ne t’intéresse pas pour le moment. Toujours en est-il qu’au cœur d’un combat, les miens ne peuvent se maîtriser et tuent jusqu’à ce qu’eux-même meurt ou que le combat s’arrête. Le pas entre la colère et la folie est très facile à faire, pour nous. Pendant la bataille, donc, je défendais la cité, car ‘terroris eus‘, c’était mon territoire, celui de ceux que je considérais comme ma meute. Je tuais en distinguant les démons des élémentalistes par l’odeur. A un moment ou à un autre, crois-le, j’ai achevé un démon qui était sur le point de tuer une connaissance que nous avons en commun. »

Posant un regard lourd de sens sur la jeune fille, Ruby vit la conviction y naître.

« Oui, tu as compris, Shin. La suite, je m’en rappelle peu. Peut-être nous sommes nous disputés, ici, au milieu d’une guerre, ou peut-être s’est-il jeté directement sur moi. Mais je pense plutôt que je l’ai taquiné sur cela. Sur le fait que j’ai du, une nouvelle fois, faire le travail à sa place, ou que je suis meilleure que lui… enfin. Là, comme ça, je l’ai embrassé. »

Le rouge monta doucement aux joues de la Cristalléenne, fleurs s’épanouissant sur la neige. Pourquoi, oui, pourquoi l’avait-elle fait ? Parce que l’odeur du sang et l’acte de tuer la rendait folle et que seule la folie avait pu l’amener à faire pareille chose ? Non… N’avait-elle pas recommencer cet acte il y a peu de temps, dans une forêt, une nuit sans lune ? Ciel, que le destin est perfide.

«  J’ai vécu beaucoup de choses à ses côtés, des choses inexplicables, et une relation s’est tissée entre nous. Si j’ai l’occasion de le tuer, je le ferai, lui de-même, mais cela n’empêche pas de cette haine soit entretissée d’une affection étrange. Etrange et égoïste, certes, mais une affection quand même. Et pendant que je l’embrassais, il m’a poignardé, juste là, entre les deux côtes, touchant le foie. »

Mais elle ne se rappelait pas de la douleur de la mort. Juste de cette sensation bizarre dans le dos et dans le ventre, et le souvenir d’une chaleur sur les lèvres. Et, alors qu’elle tombait lentement, une étoile sanglante naissant autour d’elle, il n’y avait que le ciel, que le ciel d’un gris anthracite. Et le bruit qui, autour, se transformait en musique douce. Puis le néant, et la vie de nouveau.

«  Tu sais maintenant comment je suis morte. Ma résurrection est plus facile à expliquer. Un professeur de la Terre du nom de Métatron s’est servit d’un des dons intrinsèques de ceux de sa race pour me ramener. C’est un Séraphin, un ange à 6 ailes, qui a le pouvoir, deux fois dans sa longue existence, de faire revivre une personne morte depuis peu. Je l‘avais rencontré sur les murailles de la cité, alors que je faisais une ronde de surveillance. »

Un sourire triste s’épanouit sur la bouche de nâcre de la Cristalléenne.

«  Apharez, la démone qui a attaqué la cité, était une de mes connaissances. C’est à moi qu’elle a fait parvenir le message annonçant l’approche de la guerre. J’ai été ensuite le rapporter à Layna et, lorsqu’elle a disparut, j’ai compris que cette Guerre était une chose sérieuse, pas une de ces petites batailles inter-claniques qui ont rythmé mon enfance. Alors, j’ai surveillé les démons, tués ceux que je rencontrais dans la forêt, anéantit quelques centaines d’éclaireurs… Certaines de leurs zones d’entraînement se retrouvaient inexplicablement inondées.. En me coupant des mœurs de la cité, je veillais sur mon territoire, et je me moquais de la réputation que je pouvais en avoir. Métatron a lu cela dans mon âme, avec ses pouvoirs d’ange, il ne connaissait pas tout les détails, mais, d’après lui, lisait de l’abnégation, et cela lui suffisait. Lorsqu’il a retrouvé mon cadavre, il m’a ressuscité. »

Ruby leva la main et l’ouvrit, tendant sa paume vers le haut. Une plume, mince et transparente, y naquit, malheureusement solide, et non aussi soyeuse et douce que sa jumelle réelle, laissée quelque part sur le champs de bataille. C’était tout ce dont elle se souvenait. Le noir, le bien être, puis, une plume et enfin, le visage parfait de cette connaissance d’un soir qui l’avait ramenée d’entre les morts.

«  J’imagine que tu veux connaître la suite, aussi. Quand je suis revenue à moi, il m’a fallut quelques heures pour reprendre pieds avec la réalité. Les combats se déroulaient trop près de la cité et j’ai compris qu’elle ne tiendrait pas très longtemps, alors, je suis retournée dans la forêt auprès d’anciennes connaissances, des amis à moi qui, loin des humains, ont pu eux aussi évoluer, en puisant dans la force de la forêt. Les Loups du clan O’Grihn, comme les nomment les elfes, des loups géants. Je leur ai expliqué notre détresse et l’implication de celle-ci sur leur vie. Ils m’ont écouté, m’ont approuvé et sont venus nous aider sans demande de paiement, car seule leur survie les intéressaient. »

Le poing de Ruby se referma sur la plume avec une telle violence que celle-ci se trouva réduite en poussière de glace, neigeant sur le sol du cimetière. La haine. Une colère mue par la cupidité de ce que Ruby nommait les humains, les humanoïdes… Heureusement, ils n’étaient pas tous comme cela.
Un silence léger s’établit quelques secondes entre la jeune femme et Coralline, poignées de secondes qu’elle lui laissait pour avaler ces nouvelles et leurs implications.

Mais la Cristalléenne ne reprit pas la parole, préférant attendra la réaction - Haine ? Peur ? Dégoût ? - de Coralline.
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MessageChardons [Semi Public] EmptyMer 8 Oct 2008 - 15:24

Souvent, cette dépréciation qu'exerçait Coralline pour elle-même la conduisait à se demander comment elle pouvait être aussi sotte et elle regrettait alors amèrement ses paroles, ou ses gestes... Sa question avaient à peine franchi le seuil de ses lèvres qu'elle se mordait déjà la joue, regrettant immédiatement l'avoir posée. Sérieusement, Ruby avait-elle l'air d'être morte ? Certes pas. Que n'aurait alors pas donné la petite Nymphe pour s'excuser de son indélicatesse à cette seconde. Elle ouvrit la bouche, prête à se fondre en excuses, lorsqu'il lui sembla intercepter un mouvement de déséquilibre chez celle qui la fascinait tant... une seconde seulement... L'instant d'après, la Cristaléenne s'était rassise calmement, puis relevée. « Qu'as-tu fais, sombre idiote ! » se haïssait l'enfant avec toute la rage dont elle seule était capable.

Et puis la suite fit définitivement taire la jeune fille, abasourdie par la vérité que Ruby lui jetait à la figure. Après tout, c'était elle qui avait posé la question, alors pourquoi la réponse lui déplaisait-elle autant ? Était-ce le fait que l'on ai osé toucher à celle pour qui elle vouait une passion si dévorante ? Admettrait-elle enfin qu'elle n'acceptait pas que lui puisse souiller l'intouchable pureté de son professeur et modèle...? Ses yeux s'arrêtèrent sur le flanc parfait, si ce n'était ce petit défaut cutané, comme la naissance d'une chaîne de montagnes dans les vallées aux collines courbes et douces. Sacrilège ! Déjà, les dents se serraient sur une improbable vengeance... Shinreï paierait pour cela !

Sourde aux sollicitations de Ruby, Coralline laissa ses ongles entailler ses paumes, tentant vainement de contenir sa soudaine bouffée de rage... Peu de mots l'atteignirent, mais certains la transpercèrent... « À moi... elle peut...? » Sa rage s'estompa, engloutie par une stupéfaction inattendue.

Elle écouta longtemps, silencieuse, attentive et d'une impassibilité plutôt inhabituelle. Le début du récit de son professeur lui remémora ces quelques instants qu'elle avait souhaité oublié de toutes ses forces : l'odeur du sang, son goût, la terreur qu'il provoquait lorsqu'il giclait sur les visages, les éclats pourpres dans le ciel assombri et le son si particulier de la peau déchirée sous les ongles de ces horribles entités démoniaques. Oh non. Il était inutile de lui détailler ce jour là... le peu qu'elle en avait vécu lui avait amplement suffit...! Elle sourit tristement, malgré elle, à l'évocation de cette façon bien à Ruby de combattre, souple, rapide, redoutable. N'était-ce pas cela qui avait justement allumé cette flamme incandescente en son cœur ? « Oui, je m'en souviens... » se remémorait-elle, les yeux fermés. Dans son souvenir, au milieu des morts et des combats impitoyables, Ruby lui apparaissait d'une insaisissable pureté, aussi fragile que meurtrière. Quel phénomène, quel sentiment est-il donc capable d'occulter à vos yeux pareille sauvagerie et la changer en une magnificence inégalable ? Fallait-il que la jeune enfant ai l'esprit si tordu, qu'elle puisse trouver de la beauté dans la mort ?

Coralline tressailli. L'intensité du regard que Ruby posait sur elle la mettait mal à l'aise. Une seconde, l'idée lui traversa l'esprit et la question lui brûla les lèvres. « Pourquoi ne l'as-tu pas laissé mourir ? ». Silence. Les propos de son professeur lui donnaient matière à réfléchir. Elle avait su – ou avait cru savoir – d'instinct que tous ces comportements que l'on attribuait à la folie meurtrière de son professeur avaient une explication aussi imparable que terrifiante. Un lourd secret, une triste raison. Était-ce cela, également, qui la rendait si désirable aux yeux de la gamine ? Car Ruby prétendait clairement être guidé par des notions que l'on pourrait attribuer à un animal sauvage. De là lui venait donc sa pureté d'animal inapprivoisé.

« Soit, si c'est ce qui fait qu'elle est ce que j'aime... »

Sa pensée s'interrompit, brusquement fauchée par un aveu peu avouable. Ainsi, il avait osé ? De nouveau, la fureur s'immisça dans chaque partie du corps de la petite Nymphe, faisant bouillonner de rage le sang dans ses veines et vibrer ses tempes sous le martèlement de ses battements de coeur. Ses yeux se déposèrent avec affection sur les lèvres de Ruby face à elle. Cela ne lui avait-il pas suffit de la tuer ? Comme un écho, les paroles de Shinreï (elle ne l'appelerait plus jamais « maître » s'imposèrent à elle. Oui, il lui avait demandé des nouvelles de son professeur alors qu'elle avait tenté de le piéger à la forêt Darke. « Fumier... une chance pour toi que je n'ai pas su! ». Sans qu'elle s'en rende même compte, des larmes brûlantes de rage roulèrent sur ses joues. Elle était tout à la fois déçue et choquée.

Étranges valeurs chères au cœur d'une enfant, qui trouve plus criminel un baiser qu'un meurtre...


« Bien... » fut la seule chose qu'elle fut capable d'articuler.

L'explication de sa résurection ne lui parvint que vaguement. Tout ce qu'elle avait à retenir, c'était de ce nom : Métatron. À lui, elle devait beaucoup, car il était celui qui avait permis à Ruby de se tenir ici, à cet instant même, partageant ce moment avec celle qui la dévorait des yeux... « Épargner Métatron, en faire baver à Shin... ». Pensées incohérentes, irréalisables et pourtant belles et bien présentes dans son esprit torturé. Face à elle, la Cristaléenne souriait, tristement courageuse. Si peu de gens savaient voir au-delà des apparences. S'ils se contentaient encore d'être simplement stupides, mais il fallait en plus qu'ils véhiculent ces rumeurs, convaincus qu'ils étaient maîtres en matière de jugement. Coralline ferma les yeux, cherchant à se soustraire à sa propre honte... comment avait-elle osé rédiger cet article ? Même sans conviction, elle l'avait écrit et avait elle-même propagé les on-dits à travers toute la cité.

Lorsqu'elle rouvrit les yeux, se jurant intérieurement de plus jamais travailler pour l'Atia, elle se heurta à son reflet vacillant dans une jolie plume de givre. Oui, Métatron... c'était de lui que l'on parlait. Elle recentra son attention sur Ruby, regrettant d'avoir osé vagabonder ses pensée loin de la Cristaléenne, ne serait-ce que quelques secondes. Il y eut un silence atrocement gênant pour la petite Nymphe qui se sentit mise à nue sous le regard insistant de Ruby.


« Hélas, je n'ai pas vu les loups... mais beaucoup de rapports en font état, à la Bibliothèque. »

La grande Bibliothèque d'Elament, en effet, avait été récemment alimentée de ces écrits peu glorieux retraçant des souvenirs dont peu souhaitaient garder trace. Fuir l'écrasante vérité, fermer les yeux continuellement sur les évènements qui nous effraient, était-ce vraiment la solution ? Pas de l'avis de la jeune fille, non, et pourtant, tous semblaient suivre cette voix de lâcheté exacerbée.

« De ce que j'ai pu en lire, sans l'intervention des loups, la cité aurait été perdue. Y a t-il un seul habitant d'Elament capable de l'admettre ? Non. Les reproches sont bien plus faciles à dispenser... ils font également plus de bruit. Les silences, eux, vous approuvent.»

Elle marqua une pause, en proie à une foule d'interrogations, de remords aussi. Comme un déclic, coup de tête de gamine capricieuse, elle avait décidé. Elle se leva doucement et adressa un sourire tendre à son professeur.

« Je vous remercie Ruby, vous m'avez beaucoup appris... et j'espère encore apprendre à vos côtés. »



*********
[HS] Je ne savais pas trop comment finir autrement, désolée... [HS]
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