Que souffle un nouveau vent ! [Cours privés : Shaloa/Evan]

Chapitre 26 : Découverte.

Lorsqu'il entra dans la salle, véritable cathédrale de cristaux prismatiques, l'endroit était si beau que le danseur fit un effort pour ne pas se pâmer trop haut.
Avait t'il lu dans un ouvrage qui trainerait contre sa peau, que l'habitacle prenait la forme de son maitre de choix, les goûts épurés n'étant pas sa dictée, il ne pouvait qu'apprécier les choix esthétiques de son auteur : le « grand » professeur de l'air, maitre Tyrol.
Hyène farouche à vouloir tout saisir, que cela soit en lecture, en amour, ou bien pire, l'ange à l'aile unique frôlat la pierre et sa tunique, trainant contre le sol mosaïque androgyne.

« Magnifique ! »

Pour toute réponse, il y eut l'écho, mais sa sonorité sur la fin, changeant son propre ton, il se retourna pour récouvrir Shaloa qui entrait lui aussi en contemplation.
Il lui dit un signe, ils n'étaient à priori que deux pour ce cours privé de première année, Evanescent c'était arrangé plus tôt dans la matinée avant de tomber sur Eniphia et son... protégé, avec la directrice pour pouvoir assister aux cours avec son équipier.
Ils étaient à distance d'échange, ne voulant pas trop aborder avec lui la nuit qu'il avait passé, car l'ange archer avait un don racial pour... ronfler.

« Je pense qu'il ne devrait plus tarder, j'espère avoir lu tout le programme et les questions qu'il peut nous demander ! »

Insolent petit élève modèle, qui ne se rendit même pas compte combien son assurance peinait sur l'estomac de son binome.
Comment pouvait t'il avoir tout lu, et fallait t'il étuder avant ? Rien dans leurs inscriptions ne laissait penser ainsi, juste que bien mal appris, Evanescent devait être un petit génie.
Il sourit, un livre coincé contre lui, décidement, il lui mettait la pression, mais la question était : était-ce intentionellement ?

Shaloa entra dans la pièce pour assister à son premiers cours aera, en commun avec son confrère Evanescent qui avait tout prévu pour qu'il puisse être ensemble, depuis qu'ils s'étaient rencontrés.

Aussitôt il fut entré, aussitôt Shaloa fut émerveillé, la salle en son ensemble était magnifiquement belle, tout les cristaux et diamants brillaient à la lueur du soleil, donnant un effet fabuleux. Tyrol devait surement avoir de bons gouts en décoration.

Après quelques contemplation, où Shaloa et Evanescent furent plus occuper à observer la salle qu'à se parler, Shaloa s'approcha d'Evanescent, qui lui adressa la parole pour lui dire que le professeur ne devrait pas tarder. Il lui avoua aussi qu'il avait tout étudier programme, ce qui fit naitre plusieurs questions dans la tête de Shaloa.

*Fallait-il étudier le programme ? Ou est-ce que c'est seulement Evanescent qui s'est avancé ? En tout cas, il doit être bien en avance sur moi...*

Sur ce, il répondit aux paroles d'Evanescent, ignorant son avoue.

-Moi aussi j'ai bien hâte qu'il arrive, j'ai hâte de voir comment est Tyrol, notre professeur !

Sur ces paroles, il entra.

Il ne fallut pas plus de trois minutes exactes d'attente pour que Tyrol arrivât, mince silhouette couverte d'un manteau blanc quelque peu grand pour lui. Sa couleur immaculée brodée d'or signalait que les beaux jours étaient petit à petit de retour, mais sa texture chaude prouvait que l'atmosphère était encore trop froide pour l'elfe. En revanche, l'autre elfe basané qui se trouvait derrière lui ne semblait avoir aucun problème de froid puisqu'il était pieds et torse nus : Comme à chaque fois que Tyrol devait se rendre à la Cité, autrement dit tous les 42 du mois, Tranlthanas endossait le rôle de garde du corps. En vérité il l'endossait en permanence mais entrer dans la Cité les rendant particulièrement nerveux tous deux, ils étaient désormais incapables de s'y rendre l'un sans l'autre. En à peine deux ans, autant dire deux grains de poussière dans sa vie d'elfe, Tyrol avait vu son amour de la Cité se changer en aversion effroyable… Ou plutôt, vu son aversion présente depuis le début se révéler enfin sous un contentement de façade. Cela faisait des mois d'éternité qu'il n'y avait plus mis les pieds et retrouver la salle de classe ne lui inspirait que de l'indifférence. La dernière et unique fois qu'il était venu c'était pour la visiter. Et c'était à cet instant qu'elle avait pris sa nouvelle forme, à l'image du professeur... Qui n'avait pas à s'extasier du décor, habitué qu'il était aux immensités transparentes incrustées de joyaux et d'or pur.

Tyrol désigna la salle à son comparse avec un sourire aimable et celui-ci, sans un regard pour les deux déjà présents, alla faire le tour du propriétaire bien tranquillement et en silence, curieux. Il avait du temps à tuer, le cours allait durer la journée entière. Il avait juste envie de voir la méthode Tyrolienne… Travailler en chantant ? Aha ah. Il continua sa visite. L'elfe blanc, lui, était arrivé près des élèves. Sous le capuchon, deux yeux pâles exprimèrent d'abord la surprise, puis la perplexité, puis la vexation… Il laissa tomber ledit capuchon de sa tête, découvrant sa cascade de boucles blanches et ses sourcils froncés.

"Je suis votre professeur, c'est à moi que l'on demande l'accord d'être en groupe", commença-t-il sévèrement avant de continuer avec une totale douceur, sans transition aucune : "Cela est dommage, demandé gentiment, j'accorde facilement les choses… J'imagine que vous me voyez pour la première fois, vous saurez maintenant qu'il n'y a pas de raison d'avoir peur de s'adresser à moi !"

De son petit gabarit émanait une autorité peu commune, bien qu'un sourire amusé et un regard malicieux soulignassent la gentille moquerie de la fin. Il dépassa ses élèves pour aller déposer son manteau sur l'accroche d'une colonne, puis se tourna, un papier à la main.

"J'espère que vous êtes de la même année. J'avais mandé Evanescent. Qui l'accompagne ?"

Inconnu dont il n'avait pas la feuille d'inscription, mais qu'importe après tout. Il leur laissa un temps de réponse, mais pas celui de s'excuser si jamais ils en avaient l'intention car cela était inutile. Souriant il enchaîna :

"Que savez-vous faire de votre pouvoir, dites-moi ? Ou montrez-moi, c'est aussi bien. J'aimerai aussi connaître vos envies quant à l'utilisation du Vent…"

Rebelotte pour les questions de routine.

Chapitre 27 : Définition.

Après avoir laissé le loisir à son binôme de se présenter, il déclina son identité au maitre immaculé, d’une très grande beauté.
Lorsqu’ils eurent sa confirmation d’un sourire en demi-teinte exquis, que la directrice d’Elament ne passerait jamais sur son avis en ce qui concerne sa manière d’enseigner, ils se détendirent un peu, alors que l’elfe basané furetait de tout côté : Shaloa pouvait rester.
A la seconde question sur les pouvoirs, l’ange à l’aile unifié s’avançât comme pour demander la permission de parler, la reçut t’il qu’il commençât à réciter comme s’il était en train de lire un livre.

-« L’air est un fluide gazeux que nous respirons et dont la masse entière forme ce que l’on appelle : atmosphère. Ce fluide est lui-même divisé en un mélange de gaz contenant en majorité de l’azote et de l’oxygène, si précieux, mais encore de l’argon, du krypton, du xénon et de l’hélium… »

Lentement dans sa récitation, les morts usités se firent cascade où la personnalité du demi-ange se révélait plus précise à sa dictée, comme le baiser d’une vierge sur une page blanche.

-« L’air fait partit des 4 pouvoirs qui élisent leurs descendants : Terre, Feu, Eau en sont les confrères, mais du quatuor, c’est peu être le plus puissant… »

Il donnait enfin un avis personnel, moins pompé dans sa lecture nycthémérale, trahissant peut être son ressentiment.

-« L’air est le plus beau des pouvoirs, il donne à la vie qui repose sur la Terre, de quoi la nourrir, la protège des froideurs de la mort, car sans vie la Terre s’endort ; L’air est un défit pour le Feu, qui ne saurait exister sans lui, flamme mourante condamné à l’oubli, sans oxygène le Feu est si peu ; L’air fait pleurer les nuages solitaires, qui remplissent lac, océan et rivière, l’Eau resterait éternellement statique si elle n’avait un ami si généraux pour lui plaire. »

Comme pour conclure, avec lui-même.

-« L’air enfin est le pouvoir le plus difficile à maitriser, beaucoup sont ceux qui par leurs connaissances fragmentaires se satisfont de peu, et continuent à ignorer tout ce qu’ils gâchent ainsi à être né avec un pouvoir si somptueux qu’ils ne maitriseront jamais qu’à moitié. »

Son regard serpentaire était vague, volontaire.

-« C’est pour cela que nous sommes ici, Maitre, afin de ne pas gâcher le cadeau des Dieux, et apprendre de notre mieux dans ce propice lieux ! »

Ces cheveux vénitiens se soulevèrent par une brise invisible et imperceptible, ne gâchant aucunement le sourire indélébile de ces lèvres mutines.

Chapitre 28 : Compétition.

Evanescent avait cédé à ces élans protocolaires de premier de classe en délivrant une verve littéraire passionnée sur leur élément, puis avec une politesse souriante il l’avait laissé faire.
Shaloa avec la grâce d’un pélican s’éleva en l’air, on ne pouvait nier avec qu’elle aisance il affichait son talent, puis il parla de son arc.
Puis lorsqu’il sentit que ce dernier terminait sa petite démonstration, il fit la sienne mais en ce permettant tout d’abord une petite pique, vous la forme d’une question.

-« Ce n’est pas vraiment sur ton pouvoir d’air que tu te reposes pour flotter de la sorte, mais sur nos particularités anatomiques. »

Son compagnon le regarda septique.

-« Dire en première année que tu voles vraiment est bien impensable, surtout à notre niveau alors que l’on ne sait rien de nos pouvoirs ; tu n’obtiendras ce titre pleinement que lorsque tu associeras ton pouvoir à ton ossature physique, et là tu verras une différence ! »

En se tournant vers maitre Tyrol.

-« N’est ce pas, professeur ? »

Puis il fit sa propre démonstration, il s’éleva à quelques centimètre du sol, il n’était pas besoin pour lui de s’afficher autant.
Par contre il insista plus sur son art de la dance, et en vit l’agréable présentation devant l’elfe, un mouvement simple, sans fioritures, de la plus grande beauté, surtout épurée d’une ligne presque parfaite.

-« En sommes nous sommes complémentaires, l’un à distance, et l’autre au corps à corps… »

Evanescent eut une pensée profane pour la belle fée dorée dont il avait rêvé la petite culotte toute la nuitée, entrecoupée par des images cauchemardesques d’un ours énorme la portant tout en ronflant comme un sourd en hivers.
Si son esprit était facilement distractible, il n’en paraissait rien, et surveillait le curieux assistant basané avec une profonde curiosité de ce que le professeur leurs préparaient.

Le regard de Tyrol glissa discrètement vers Tranlthanas, comme pour l'appeler à l'aide ; Bien entendu, le Sauvageon ne bougea pas, se contentant de lui jeter un regard railleur et cruel. Bien placé qu'il était, loin au bout de la salle et dans le dos de l'ange à une aile, il se moquait sans se priver. Tyrol prit le parti de se taire et de se concentrer poliment, faisant fonctionner sa mémoire afin de relever ce qui devait l'être. Lorsque ce fut au tour de l'autre élève de prendre la parole, son regard s'éclaira et il répondit à sa politesse d'un gracieux signe de tête soulignant que le plaisir était pour lui, comme on disait dans l'usage. Il le regarda faire avec un sourire de reconnaissance. Cet élève répondait à sa question… Aussitôt celui qui, par déduction devait être le dénommé Evanescent, entreprit de renchérir.

"Par Haeris…", échappa l'elfe blanc dans un soupir, surpris, sans prendre la peine de répondre à la sollicitation que l'élève lui adressait.

Non pas qu'il fût impoli au point de refuser de répondre, mais plutôt que cette occasion d'en placer une ne lui semblait pas suffisante ; Pour preuve, Evanescent entama sa propre démonstration et repartit d'une tirade. Il sembla au professeur qu'il écartait son compagnon ou s'en servait comme faire-valoir… Si c'était pour cela qu'il l'avait amené ici, ce n'était pas très chic. Tyrol vit enfin la brèche et s'y engouffra afin de s'imposer, serein comme tout.

"Peut-être mais vous n'aurez pas toujours l'occasion d'être ensemble. Bien. Pour commencer, je voudrais…"

Il s'approcha de l'Ange à une aile et, en ourlant un sourire en coin, lui tira le livre qu'il coinçait depuis le début sous son bras.

"… Que tu ôtes ceci de ma vue. Hop ! La culture… C'est si joli, tous ces mots, n'est-ce pas ?"

La question n'attendait aucune réponse. L'ouvrage quitta les mains de l'elfe blanc et vola sur une dizaine de mètres avant de se poser sur ce qui semblait être un meuble invisible. Invisible aux yeux de tous ici… Sauf Tyrol bien sûr.

"Comptes-tu prendre ma place en plus de ne pas avoir daigné me prévenir d'être accompagné ?" à nouveau cette première phrase fut d'une sévérité retentissante avant qu'il ne reprenne avec toute la gentillesse du monde : "Il y a du bon dans ce que tu dis, mais aussi du faux, comme ce que tu as dit à Shaloa. Quant à tes avis personnels, ils sont tout à toi et ont leur importance dans ta relation à ton élément. Ils n'ont en revanche pas leur place en tant que flatterie… On ne manie pas mieux son élément en lui disant des gentillesses."

Tranquille et doux, mais ferme. Tyrol se tourna ensuite vers Shaloa.

"Il est vrai que tu as fait surtout démonstration de prouesses physiques et non magiques. Mais elles s'accorderont sans problème ! Nous verrons pour tes flèches. Quant au vol, puisqu'il ne te sert pas à t'envoler, ton pouvoir ne peut être qu'un plus pour toi : Il pourra augmenter ta vitesse, te protéger, s'appliquer à tes armes… Sans avoir à maintenir un sort de Lévitation en même temps. Accordé, nous y travaillerons. Voilà mes propositions pour toi, pour l'instant, mais avant de commencer il faut évidemment que tu saches quelques bases, comme te servir du vent alentour, ou en créer. Cela te convient-il de te centrer sur cela ?"

Il laissa à nouveau le temps de réponse puis se tourna à nouveau vers Evanescent. Gérer deux élèves lui semblait long et fastidieux. Ce n'était pas comme Nusirion, la compagne d'Eniphia, qui ne mesurait que quelques centimètres et qui, hélas muette, ne pouvait imposer sa présence. Il avait su lui réserver une place, mais elle en demandait moins que les deux jeunes hommes ici présents ! Bref, il continua :

"Le seul cadeau des dieux que l'on peut gâcher est la Vie elle-même, lorsque l'on ose y attenter de sa propre main."

La remarque sur le pouvoir l'avait clairement blessé, plus qu'autre chose, et un instant le vert de ses yeux se fit plus tranchant que la lame d'une épée, à défaut pour lui de pouvoir se servir d'une vraie.

"Ne juge point le choix que font les élémentalistes de ne pas user de leur pouvoir ou de refuser d'explorer certaines arcanes", intima-t-il toujours aussi sereinement. "Tout le monde ne peut pas aimer toutes les facettes de son Elément et assimiler autant de théorie que toi, hormis moi peut-être. Mais par expérience crois-moi qu'il n'y a pas lieu de s'en glorifier. Pas plus que de glorifier son Elément… Dans la Nature et de nature, ils sont tous de valeur égale quoi qu'on en dise et se complètent en un cycle que nous connaissons tous. Le Feu peut exister sans Air, mais l'Air le ravive et le grandit…"

De loin, Tranlthanas le remercia d'une courbette exagérée, rictus aux lèvres. Il retourna ensuite à sa visite des quatre points cardinaux de la salle en étoile. Tyrol sourit aussi puis reprit :

"… Hélas de fait, la puissance donnée au Feu peut lui permettre de briser avec facilité les sorts de Vent. Un juste retour de flamme… Les exemples avec les autres éléments ne manquent pas. Ce que les défenses du Vent peuvent lever contre le Feu, l'Eau peut le briser à sa façon. Mais cela, je vous l'expliquerai sur l'instant, en toute logique."

Car il ne fallait pas débattre maintenant – quoique la question restât très peu ouverte au débat de par sa véracité -, plutôt apporter des précisions lors des exercices pratiques afin de former à plusieurs éventualités. Ce qu'un élément fait, un autre le défait. Et ce que le second défait, le premier peut le réinventer autrement. Après tout, cela ne se vérifiait-il pas en combat ? Et inutile d'être un fervent pratiquant pour savoir qu'à chaque coup sa parade, son esquive ou sa contre-attaque. Tyrol parut finalement se souvenir de quelque chose… Et quelle chose ! Il s'adressa à nouveau à Evanescent :

"Tu as déjà abordé la Lévitation ? Sensationnel ! Excepté cela, sais-tu faire autre chose ? Tu ne m'as pas dit d'ailleurs ce que tu aimerais pouvoir faire", ajouta-t-il dans une moue presque chagrinée. "Dois-je déduire de ton envolée lyrique que tu souhaiterais tout explorer ?"

Il taquinait de façon assez plaisante car après tout il n'y avait pas lieu de se priver ; Mais son regard, bien que malicieux, imposait fermement des réponses précises et répondant aux questions posées. Il affirmait aussi sans appel que tout explorer de suite serait évidemment impossible.

Chapitre 29 : Humilité.

L’ange vit son bouquin voleter au travers toute la pièce impressionnante, ainsi nue comme un verre à demi-plein, il vit le vide dans son esprit flexible, les mots liquides du professeur coulant en lui comme s’il cherchait à les imprimer dans un recoin.
Qu’il se trompe à son niveau l’enchantait également, après tout n’est t’il pas à l’élève d’exposer ces propres erreurs dans le but inassouvis de les voir ainsi corrigées, et sans masochisme aucun il suivait ces lèvres blêmes qui passaient agréablement entre sévérité et tiédeur printanière.

-« Je ne sais faire autre chose que je ne vous ai déjà montré, professeur. »

Ces cheveux se caressèrent inutilement, avant qu’il ne reprenne son récépissé.

-« Mon art est la dance de combat, tout mon corps est une arme induite à offrir le plus doux des trépas. »

Il déglutit en repensant à l’esprit du squelette à l’extérieur de la cité qu’il avait vaincu en combat avec l’aide d’une hybride salamandre : non vraiment ce genre de trépas là, ne lui avait pas été doux ; tout son corps disait t’il ? *sourire pervers du narrateur*

-« J’aimerais apprendre les bases de mon pouvoir qui me seraient vitales en terrain hostile, comme respirer sous l’eau, ou sauvez d’un arrêt respiratoire une jeune fille... »

Puis, comme s’il réfléchissait à l’univers des possibles qui s’ouvrait devant lui : ce n’est pas dans un livre que l’on apprendre l’humilité.

-« Si tout mon corps pouvait se mettre au tempo avec l’harmonie de mon pouvoir, je serrais reconnaissant de votre enseignement, que cela me vienne tôt ou tard… »

Esquivant un geste de déférence de la tête vénitienne, il acceptait l’autorité et contiendrait ces mots, mais pas ces pensées ; derrière ce masque gentillet il ne sourit pas de peur d’être prit pour un jaseur, mais dans sa tête, une petite musique revenait, un jazz trompeur...

D'un hochement de tête en direction d'Evanescent, Tyrol fit signe qu'il avait pris note. Et tout comme l'Ange paraissait disposé à contenir son trop-plein de mot, il s'avisa de garder le sien. Il aurait pu par exemple rétorquer que "la danse du combat" était une prouesse physique au même titre que le vol de Shaloa ; Il n'en fit rien, de toute évidence ils ne reviendraient pas là-dessus avant un moment.

"Ma foi, ce serait fait."

Car en un jour ils avaient le temps de voir, d'expérimenter beaucoup de choses sur leur don. Se contenter de leur demande pour l'instant serait assez, avant d'explorer d'autres possibilités. L'elfe revint alors à Shaloa :

"Vos souhaits sont différents, je ne sais pas comment m'organiser… Je pense qu'il va falloir vous séparer, de toute façon. Te concernant, je voudrais bien évidemment savoir si tu sais maîtriser ou créer du Vent. Sinon, tout est à apprendre…"

Souriant, d'un geste de main et posant l'autre dans le dos de l'Archange, il l'invita à s'éloigner, vers une branche de l'étoile opposée à celle où ils se trouvaient actuellement. Lui resta encore un peu avec Evanescent afin de donner quelques directives.

"S'il y a quelques bases à lui apprendre, je vais commencer par lui. Je vais te donner de quoi faire en attendant, puisque tu sais concentrer du Vent au vu de ta petite Lévitation… Tu as l'air bon en intériorisation. Alors concentre ton énergie ici, dans le creux de tes mains."

Il fit la même chose que ce qu'il avait montré à Odereur il y avait quelques jours : Il tendit les bras, son étoile brilla et apparut alors à quelques centimètres de ses mains un tourbillon sphérique aux couleurs de l'arc-en-ciel. Sous une sorte de carapace brillante tournait incessamment un Vent emprisonné. La sphère grossit, l'elfe blanc laissa l'exemple s'envoler tel une bulle jusqu'à hauteur du grand Ange, dont il saisit alors le poignet. Tout comme avec Odereur, il aimanta son énergie magique vers sa main.

"Cette énergie brut, concentrée comme je viens de le faire, te servira à créer la sphère que tu vois. Comme ton énergie est liée au Vent, une petite partie est enfermée à l'intérieur…Nous la viderons plus tard, pour le sort qui te permettras de respirer sous l'eau. Pour l'instant contente-toi de la créer grâce au flux magique que tu sens en toi : Conduis-le à travers ton corps, vers tes mains et il se matérialisera en sphère naturellement autour de l'Air présent ici. Tu n'as qu'à te concentrer un peu, à forcer pour la faire venir, la guider. C'est tout, alors prends ton temps pour recommencer si cela ne vient pas de suite."

Pour appuyer et bien faire sentir ce qu'était l'énergie, il bougea sa main pour la conduire avec elle, faisant bouger une énergie venteuse, mais pas comme un courant chez Evanescent. Plutôt comme de l'Air complètement dispersé, comme quand il ne bouge pas. Pourtant, bien présent. Mais même en la mettant en mouvement cette énergie restait presque imperceptible. Puis il relâcha son emprise pour la laisser reprendre sa course dans le corps de son élève.

Explication et précisions faites, il laissa donc entendre que l'exercice ne paierait qu'à force de persévérance. Et s'il avait mal jugé quant à au fait qu'Evanescent sache déjà au moins se servir du Vent alentour, cela ne gênerait pas outre mesure : Il n'était question que de magie brute et corporelle, qui amenait naturellement avec elle la part d'Air que chacun possédait. Il n'était donc question aussi que de concentration et de volonté… Et d'entraînement. En attendant que l'Ange s'attèle à cette tâche qui lui permettrait de faire le sort qu'il avait donné en exemple, Tyrol retourna à Shaloa, de l'autre côté de la salle.

Il demande à ce qu'on le rappelle quand ce serait bon… Et pas avant, à moins de réelles difficultés !

"Alors, pour ta maîtrise ? Faut-il t'apprendre à appréhender ton élément ou peux-tu faire ne serait-ce quelques petites choses avec, comme le mettre en mouvement ? De part ta volonté, je parle, pas avec tes ailes bien entendu !"

Il sourit. S'il pouvait ne serait-ce que guider un faible courant, ou en lever un de lui-même, cela suffirait amplement et ils pourraient passer à l'étape suivante, vers ce que l'élève souhaitait arriver à faire.

Tyrol s'avança vers Shaloa pour s'adresser à lui, à son grand malheur, il lui expliqua qu'ils devraient surement être séparés, leur souhaits quant à leurs pouvoirs étant trop différent. Il lui dit qu'il voulait savoir s'il savait créer ou maitriser le vent, ce que Shaloa n'avait jamais vraiment essayé, il n'en avait aucune idée.

Son professeur l'invita à s'éloigner à l'autre coté de la salle, ce qu'il fit tout de suite, il en profita pour donner quelques directives à Evanescent, avant de retourner à Shaloa qui était pour l'instant sa priorité. Il lui demanda s'il devait apprendre à appréhender son élément ou s'il savait le déplacer rien qu'un peu.

-Je n'ai jamais réellement essayé, je ne sais vraiment pas quoi vous répondre, mais je veux bien essayer !

C'était maintenant où tout allait se décider pour Shaloa, soit il réussirait à créer ne serait-ce qu'un peu de vent, soit il devrait tout apprendre à partir de zéro. Shaloa se concentra en regardant sa main.

*Ça y est ! Ça passe ou ça casse !*

Soudain, il sentit une douce petite brise parcourir lentement sa main, pour lentement devenir un courant de vent se dirigeant vers où il pointait.

-Je n'arrive pas à y croire ! Le vent parcoure mon bras pour se diriger vers là ou je le dirige ! C'est la première fois que j'arrive à faire ça !

Il fixa sa main à nouveau, puis se concentra en voulant faire taire le vent, ce qui fit l'effet contraire d'en augmenter la force, Shaloa ne contrôlait plus son bras, il ne pouvait contenir tout le vent, rapidement, il fut propulser à l'autre bout de la pièce et se fit attraper par l'elfe qui accompagnait Tyrol, avant de percuter le mur de cristal, le choc qu'il eut fit arrêter le vent, au bonheur de Shaloa, décidément, créer le vent n'était pas un problème, mais pour ce qui était de le maitriser, il en avait à apprendre.

-Je crois que je peux en créer, enfin, faudrait que je puisse l'arrêter ! Dit-il en soupirant.

Chapitre 30 : Introspection.

Il avait visualisé l’exercice, comprenant les tenants et aboutissants de la pratique qui lui manquait cruellement : lui être rempli de théorie, commençait à appréhender avec mesure l’amplitude de la chose.
Evanescent n’avait jamais été dans la démesure, du moins en action, ces actes manqués reviendraient t’ils le hanter alors qu’il s’apprêtait à franchir un cap important de son existence.
Le magnétisme absent de son maitre résonnait dans sa main comme une caresse, il était seul maintenant à pouvoir ce développer, sortir enfin de son cocon.
Il se mit en condition, fit le vide total dans son esprit comme s’il s’apprêtait à léviter, mais ces deux jambes gardaient court sur la surface du sol, il contemplait sa main vide en manque d’inspiration, il secoua une dernière fois sa crinière vénitienne.

*Je peux le faire, je dois le faire !*

Mais rien ne se produisit, agacé il continua de fixer de ces yeux serpentaire sa paume affamée, aucune sphère de pouvoir ne s’en échappa, et un moment de peur le saisit au même instant que Shaloa envoyait bouler la moitié de la pièce en faisant sortir de sa main un pouvoir brut de décoffrage.

-« Mais quel bourrin, il va tout faire sauter ! »

Chuchota t’il à peine, vexé sans doute qu’il le fasse si aisément ; cependant une idée germa en lui au même instant : chacun avait sa manière de maitrise, Tyrol l’avait repris lorsque fanfaron il s’était donné un genre pour cacher sa hantise, et si l’archer était doué pour sa spontanéité, et ces ronflement nocturnes, il avait lui-même une piste pour se révéler.

*Mon pouvoir est caché derrière une montagne de livres, de couleurs et d’années, c’est au plus profond de moi, que réside la clé.*

L’ange fixait sa paume, puis ferma définitivement les yeux, visualisant dans sa tête la paume tendue, dans une sorte d’immobile mouvement de sa pensée reptilienne, cadencé de plus en plus vite comme un métronome.

*Le soir, une mort pour la terre… *

La paume restait vide, mais l’électricité magnétique parcourant en lui au travers de ces nerfs déflorée, à la recherche de cette petite clé.

*M’assoir, le corps en enfer… *

Lentement comme une sève virginale, son pouvoir se concentrait dans sa paume, invisible il le sentait mouvoir dans son mouvement perpétuel.

*L’histoire, est d’or et poussière…*

Il ne relâcha pas pour autant sa pression, une sphère minuscule comme un grain de sable, avalant progressivement son pouvoir, pour grossir au vue de l’aveugle.

*Pouvoir sort, don de ma chair !*

Il esquissa un sourire crispé, il avait réussit, la sphère mouvante grossissait dans sa main, d’abricot elle devint, pèche, puis melon…

-« Elle prend trop d’importance, et je n’ai plus de stance ! »

Paniqué l’ange ouvrit les yeux, son pouvoir avalait l’air autour et en lui, son visage cyanotique avait du mal à contrôler ce que son professeur avait libéré en lui, la clé de son introspection tenait sous verre ce qu’il n’arrivait pas à contrôler, la part sombre de lui-même…
Il voulut l’appeler, sans doute se rendait t’il compte que la situation était unique pour lui, mais il n’appréciait pas la critique de perdre ainsi contenance après seulement une longue demi-heure pour ouvrir son pouvoir à l’extérieur.

*Reprend toi, ce qui est ouvert peut être refermé, crois en toi !*

Il se concentra sur sa paume à la troisième personne du singulier, et les pores insouciants, dans tout son être il visualisa comme une grande porte de chair et d’os qu’il cherchait à refermer aussitôt.
Alors le phénomène inverse se produisit : de ballon de foot il devint handball, puis tennis, tout un sport qui l’amènerait à ping-pong en un revers de manche.
L’exercice ne pouvait s’arrêter là, c’était reconnaitre un échec si proche du but, alors il se replongeât dans ces nobles pensées d’ouvertures.

-« L’équilibre doit se trouver dans l’entrebâillé ! »

La sphère grandit de nouveau, puis stoppa sa croissance appréciable, jusqu’à devenir à peine plus petite que l’originale du professeur, stable entre ouverture et fermeture de son pouvoir, c’était à lui de doser.

*Le contrôle de soi, vaux bien mieux qu’une armée mal organisée.*

Il ouvrit de nouveau ces yeux devant son petit chef d’œuvre, et sourit d’un soupir de contentement radieux.
Là il s’autorisa un geste tendre de sa main libre contre ces tempes, puis prit conscience de ceux qui l’entouraient…

Avec une force insoupçonnable pour un elfe, Tranlthanas saisit Shaloa par le bras, le releva et le renvoya violemment d'où il venait, le précipitant sans autre forme de cérémonie dans les bras de Tyrol, qui, lui, eut du mal à accuser le choc. Il recula de quelques mètres, manquant de tomber pour éviter un nouveau choc à Shaloa, s'inquiétant étrangement plus de ce garçon bien bâti que de lui-même qui risquait sans peine de s'encastrer dans un mur à la moindre accolade. Pourtant, il continuait de sourire, l'humeur bien peu entamée par l'incident.

"C'était… Rapide !"

Il rit un peu, puis aida l'Archange à se remettre tranquillement de l'expérience, jetant un coup d'œil en coin vers Evanescent pour vérifier qu'une autre Apocalypse n'allait pas se produire sous peu ; Par chance, il n'avait pas encore commencé, il n'en était qu'au stade de la concentration. L'elfe blanc laissa faire, il avait de toute façon dit qu'il ne s'en mêlerait pas tant qu'un résultat, même menu, ne serait pas au rendez-vous. Il s'en retourna à Shaloa et à la suite du cours tandis que Tranlthanas, contenant sa colère, s'éloignait pour se mettre à l'abri de cet enthousiaste crétin.

Il contourna soigneusement Evanescent et alla se positionner hors de portée sur une colonne, grimpant jusqu'à pouvoir se poser là où les arcades se séparaient. De là-haut il avait vue sur tout le monde et pouvait surveiller Tyrol à sa guise. Le reste ne lui importait pas.

"Il y a en effet un petit problème de maîtrise", approuva l'elfe blanc en souriant tandis qu'au mot "petit" Tranlthanas émettait un pouffement dédaigneux sur lequel Tyrol prit parti de ne pas s'attarder, poursuivant : "En Art, il est bon de savoir s'extasier de ses propres œuvres, mais trop d'enthousiasme empêche un jugement critique efficace… Maîtriser notre don est un Art parmi d'autres, comprends-tu ? Rester calme et concentré est indispensable, ou alors le Vent s'échappe, comme l'inspiration... Ainsi est-il fait, à chaque occasion que tu lui donnes il n'en fait qu'à sa tête !"

Cela était évident, et l'essence même de l'Air était de n'obéir qu'à lui-même. L'élémentaliste Aera ne pouvait le contrôler qu'un instant, celui d'un sort. Le reste du temps il ne faisait qu'un avec lui mais d'une autre manière, cela relevait de l'affinité et non du contrôle, du rapport maître/instrument. Le Vent "n'obéissait" jamais à proprement parler : Il pouvait être maîtrisé, apprivoisé… Mais dès que l'attention se relâchait sur lui il s'éloignait, car sa place était ailleurs… Toujours ! Tyrol reprit, confiant en son élève :

"La brise qui parcourt ton bras est la part de Vent qu'il y a en toi, dans ton énergie magique. C'est ce que j'ai montré à Evanescent, attends…"

Il s'approcha de Shaloa, lui prit à son tour le poignet et répéta son action précédente. L'élève put sentir lui aussi quelque chose se mettre à bouger en lui, comme un deuxième sang qui circulerait dans chaque parcelle de son corps, de ses muscles… Et qui semblait aimanté par la main de l'elfe.

"Voilà. Cette énergie-là est très facile à manipuler, c'est comme doser les efforts dans tes muscles pour tirer à l'arc par exemple. Il te faudra juste un temps avant de trouver le bon équilibre, mais si tu te contentes de maîtriser cela avant de vouloir jouer avec l'Air qu'il contient il ne devrait pas y avoir de nouvelle catastrophe…"

D'un sourire entendu et amusé, il donna une directive de travail :

"Laisse tout venir comme tu l'as fais tout à l'heure, mais reste bien focalisé sur ce que tu cherches à faire. Pour l'instant, donc, contentes-toi de canaliser ton énergie. Tu es entraîné à cela physiquement, cela ne devrait pas poser de problème au niveau de la magie. Lorsque tu te sentiras à l'aise et seulement à cet instant, tu pourras recommencer à mettre la main sur ton pouvoir de Vent. Tout doucement ! Il ne suffit pas de lui donner un ordre, il faut le guider. Comme ton énergie… Vas tranquillement et fais-le bouger, sans chercher encore à lui donner de la puissance ou quoi que ce soit… Je te laisse, je reviendrais quand ce sera bon... Ou quand il faudra venir te ramasser à la petite cuillère !"

Sur cette plaisanterie il s'éloigna, s'en retournant à Evanescent. Il laissait Shaloa se familiariser avec son énergie et l'Air qu'elle contenait en elle. Quand il sera familiarisé, il pourrait maîtriser. Et cela, Tyrol ne pouvait le faire à sa place. Alors il revint à son autre élève, apparemment bien sorti de son exercice.

"Ah, voilà ! Je vois que tu n'as pas eu de souci. Parfait ! Tu vas défaire ce sort à présent, et le réessayer, cette fois autour de ta tête. Je t'explique le principe et la suite : Une fois que cela serait fait, tu auras une première réserve d'air. Pour la renouveler, tu devras attirer à toi les minuscules bulles d'air qui se trouvent sous l'eau et qui permettent aux créatures marines de respirer tout naturellement."

Tyrol ramena son propre sort à lui, qui l'attendait sagement depuis tout à l'heure. Il la montra du doigt :

"Cette sphère d'énergie n'est pas une bulle hermétique, il n'y a donc aucun risque que la pression la fasse éclater puisque tu devras ouvrir certaines interstices pour attraper les bulles en question. Recommence ton sort comme je te l'ai demandé et cette fois, essaye d'attirer vers toi de petites particules d'air, les plus petites qui soient, car il faut qu'elles puissent entrer sans amener d'eau avec elles."

Ils n'avaient pas d'eau sous la main, alors Evanescent devait pour le moment se contenter d'imaginer qu'il y en avait. L'elfe resta à regarder pour contrôler la bonne marche du sort.

Chapitre 31 : Quintessence.

L’ange n’avait eut aucun soucis jusque là, effectivement si on ne comptait pas à présent qu’il eut comprit la complexe nuance que lui demandait son professeur, avec insistance.
Il s’agissait de réaliser la même chose, mais sur une partie plus anxiogène, le chef enfermé de cette prose, puis après s’attendre à tester sa peine.
L’ange se concentra à nouveau, fermant à demi ces yeux plissés, la présence de Tyrol était là pour le calmer, il visualisa donc la porte, mais cette fois la sortie se trouvait sur son front stalactite, grotte insondable en quelque sorte pour ouvrir un vent immature des plus aimés.
La sphère sortit frontalement, mais au lieu de prendre la forme incurvé de sa paume, elle s’étala pour descendre sur ses yeux vitreux, chatouillant au passage son nez, pour venir s’aboucher sur ces lèvres dans le plus chaste des baisés.
Là encore il fallut du temps pour qu’il s’ajuste entre ouverture et fermeture de son pouvoir interne, une dizaine de minutes et il affichait un masque du même volume que l’ancienne sphère, mais qui protégeait trois de ces cinq gouffres à air, si proche de ces oreilles libres.
La sphère fleuretait avec sa peau, ne laissant pas beaucoup de place à ces mouvements, il essaya de souffler de ces poumons pour la faire grossir, mais là encore rien n’y fit.

*Ce volume est donc ce que j’ai de plus stable, l’air de base sur lequel je table.*

Le chirurgien commençait à étouffer dans sa bulle aplatie, s’il n’était pas en pleine mer il n’en était pas loin, car il n’arrêtait pas de brasser le même air, perdant à chaque seconde de son exercice manqué, du précieux oxygène.

*Je dois agrandir ce mouvement, mais à partir de l’extérieur à présent.*

Ces oreilles commencèrent à siffler, mais il n’écouta pas les sirènes, il gardait un œil distrait sur sa propre réserve d’air en vase clos, tentent de percevoir sa surface qui lui échappait encore, afin d’attirer à elle, les précieuse molécules.
Il avait l’impression de respirer dans un sac, sa conscience défaillait, ces jambes difficilement le soutenant, il arriva au stade de la dangereuse quintessence.
C’est là que paradoxalement, privé de ces sens affaiblit, son esprit encore irrigué perçut ce qui l’entourait, toute ces molécules invisibles qui violaient son corps en toute impunité d’habitude, qu’il apprit à les amadouer.
Doucement il fut la surface de son masque, il épousa l’hélium qui entra, sa voix mi-hallucinée se fit encore plus aigue.

-« Entres, en moi… »

Si fragile, si faiblement dit qu’un observateur malhabile penserait qu’il délirait.
Mais pour qui voyait son travail, une molécule en appelant une autre, l’oxygène afflua doucement en marrée croissante dans son masque s’emplissant.
Il reprit conscience pleinement lorsqu’à genou, il visualisa l’auréole qui grignotait à peine ces oreilles, les deux derniers trous furent remplis.
Il sourit, il jouait avec cette extension de lui-même, la nourrissant d’attention particulière, amoureusement promettant à l’air extérieur, de faire taire sa plus grande frayeur : celle de manquer d’air.
Le volume n’était guère plus impressionnant que l’original, quoiqu’un peu plus important, ce qui avait changé évidement, c’était qu’à présent il savait faire des échanges avec l’extérieur.

-« Etonnant ! »

L’ange fixa à mi-hauteur son professeur, puis rougissant à peine, il se releva.

Restant face à Evanescent au cas où afin de vérifier qu'il ne lui arrive rien de grave dans son expérimentation, Tyrol prit aussi le temps de voir comment il s'y prenait afin de bien se souvenir sa façon de faire. Il avait en tout cas une facilité d'apprentissage pratique qui ravissait son professeur, qui ne dit rien et laissa faire, impassible même en le voyant s'affaisser. Sans doute dans son ancienne ignorance aurait-il tout tenté pour venir à son secours, totalement paniqué… Aujourd'hui il savait qu'il fallait laisser du temps. Evanescent devait bien avoir quelque instinct de survie qui le pousserait à avoir une idée, qui elle-même le pousserait à tenter quelque chose… Il s'en sortirait, mais par lui-même d'abord. Peut-être lorsqu'il deviendrait violet-bleu Tyrol songerait-il à le tirer de son mauvais pas…

Comme il le prévoyait, il n'y eut pas besoin d'intervenir. En souriant l'elfe se contenta d'aider l'Ange à une aile à se relever.

"Dommage qu'il n'y ait pas d'eau, en effet. Tu aurais pu t'entraîner un peu mieux, mais de toute évidence je compte sur mes élèves pour pratiquer seuls en-dehors des cours… Tu seras bientôt en mesure de reconstituer ce masque directement. Je te conseille juste de recommencer l'exercice ici au moins une fois, pour réussir à le créer assez rapidement et sans t'étouffer dès le départ."

Comme Shaloa l'appelait, il fit signe à Evanescent de s'employer à recommencer comme il venait de le suggérer en attendant. Tyrol alla donc rendre visite à son autre élève pour vérifier ce qu'il en était : En apercevant la petite sphère il eut un sourire bienveillant.

"Oui, c'est cela. Eh bien, maintenant, expérimente donc ! Change sa forme, amuse-toi avec le Vent qu'elle contient. Tu as compris le principe de la canalisation d'énergie ? C'est pareil pour ce Vent. Un peu plus délicat, n'oublie pas qu'il a son petit caractère… Lorsque tu parviendras au moins un peu à le plier à ta volonté, nous pourrons l'appliquer à ce que tu voulais."

Il lui montra rapidement ce à quoi il devait désormais s'employer : De simples gestes des mains, guider le Vent afin de le faire changer de direction, lui faire gagner en vitesse ou au contraire le ralentir, le faire souffler avec plus ou moins de force en lui insufflant un peu plus d'énergie… Tout ne semblait venir que des gestes ou de la concentration, et Shaloa pouvait en sentir les effets car Tyrol lui envoyait les exemples directement à la figure, si l'on pouvait dire ! Apparemment simple, mais le professeur avait, lui, la chance d'avoir un Vent personnel pour ami… Mais comme pour l'instant Shaloa se servait de l'Air qui était en lui, en son énergie, il ne devrait pas avoir énormément de difficultés en plus. A peine pour faire comprendre à l'Air en question que pour l'espace d'un temps, ce serait lui le maître !

"Voilà. Ce sont les bases de la maîtrise : La direction, la vitesse et la force. Il faut que tu tentes un peu de tout pour vérifier ce qui t'es le plus ou le moins facile à faire. Et si tu as une flèche sur toi, tu peux toujours commencer à les appliquer si tu te sens à l'aise… Mais… Vise vers le mur du fond, là-bas, s'il te plaît ! Je te surveillerai, l'air de rien... Bien, je reviens plus tard !"

L'elfe fila de nouveau, laissant encore son élève à son expérimentation. Il n'y avait que cette solution d'envisageable pour l'instant : Occuper un élève à la pratique pour pouvoir revenir à l'autre en attendant. Quelle idée d'être venus à deux, je vous le demande… Il s'en retourna donc à Evanescent et à son exercice, allant s'enquérir de la réussite de son deuxième essai. Puis il en revint à l'autre chose qu'il lui avait demandé : Sauver quelqu'un d'un arrêt respiratoire. Ce n'était pas compliqué non plus, un sort de premiers soins de base très utile et plus puissant qu'un bouche à bouche que bien peu de monde savait réellement faire en vérité !

Tyrol s'assit en tailleur sur le sol vitré et invita l'Ange uniailé à faire de même.

"Bien, tu voulais sauver une vie d'un arrêt respiratoire… J'espère aussi bien les filles que les garçons, sinon cela ne serait pas très chic de ta part ! Voyons…"

Il tendit la main à plat et la mit à quelques millimètres du torse d'Evanescent ; Aussitôt celui-ci put sentir une nouvelle fois le sort qui faisait bouger en lui son flux magique, aimanté vers la main et quittant chaque autre partie du corps pour ce concentrer vers elle. Puis l'elfe relâcha son emprise et elle reprit sa course, comme le sang normal, suivant le même trajet.

"Tu la connais à présent", dit-il avec un sourire en coin. "Chaque élémentaliste possède une énergie comme celle-ci. Elle est liée au sang, tu vois comme elle suit la même course ?"

Il lui reprit le poignet et entreprit du bout de son doigt de retrouver le flux magique, qui effectivement sembla couler le long des veines que l'on pouvait voir à cet endroit, obéissant à la même magnétisation que le professeur exerçait sur lui, comme une pression irrésistible.

"Quelqu'un qui est victime de problèmes respiratoires", expliqua-t-il puisqu'il s'y connaissait bien lui-même, "est quelqu'un dont le cœur pompe mal le sang, qui ne circule plus comme il le faudrait. Parfois cela peut aussi venir d'artères bouchées… ce que tu dois faire est retrouver cette énergie chez les gens et t'en servir pour résoudre ces problèmes physiques en la faisant circuler plus vite, en la répartissant. Comme un massage. C'est de la simple magnétisation ! Là où le sang bloque tu dois pouvoir concentrer l'énergie pour abattre les obstacles, là où la circulation se fait mal tu dois la réactiver. Et l'avantage de notre don est que nous pouvons fournir de l'oxygène à un corps qui en manque… Mais ceci est plus compliqué, ce sera la dernière étape."

Il laissa le poignet d'Evanescent et lui tendit le sien en souriant.

"Tu as de la chance, je dirais, j'ai beaucoup de soucis de respiration. Tu pourras t'entraîner. Pour commencer, trouve mon flux magique comme je le fais avec toi et comme tu le fais avec toi-même."

Chapitre 32 : Magnétisme.

Ce doux contact recommença, mais cette fois ci avec plus de longueurs, d’abord sur son thorax en cœur, il ressentit son onde magnétique en lui, intimité plus que cela : de surprise un petit cri.
L’ange se pâma presque avec un charme excusé, c’était trop pour lui tout d’un coup, cette chaleur et cette vitesse de son professeur, dans va verne capillaire, il ne se croyait pas à la hauteur, de défaillir était sa sœur, amie qu’il lui faudrait faire taire.
Mais tout était contre lui, la surprise de ces sens, l’essence même de son être violé et puis, ce mouvement constamment en balance, rien ne pouvait le rendre plus contrit.

*Si faible contre lui, c’est à en pleurer de plaisir… de ce faire ainsi guider.*

L’ange calma son envie, pour mieux se concentrer en son sein, calqué aux battements erratiques de son cœur soumis, il ferma les yeux avec empreint, afin d’essayer de comprendre comme cela marchait.
Les courants véloces vrombissaient avec fureur en son sang, la marque si spécifique de leurs auteur n’y était pour rien, il cachait inconsciemment, le dessin de leurs trajets complexes, signatures…

-« Oh ! »

Tout c’était passé si vite, qu’il avait eut le temps de compter les millisecondes de son être, le contact frontal de Tyrol avait subitement cessé, amoureusement il est était frustré.
Ce n’est que lorsqu’il lui saisit le poignet, qu’il retrouva là cette drogue rapide, et transportant, comme le mouvement de la grève, Evanescent rendait les amarres, crève-cœur indécents.
Ce qu’il avait réveillé en lui était puissant assurément, mais captif depuis si longtemps, l’élève avait peur de s’affranchir de son tuteur, comme s’il avait mortellement besoin de lui, de son magnétisme sauveur.

-« C’est un chant délicat, le rythme est difficile, je ne me reconnais pas, il… »

Son sang affluait plus vite que d’habitude dans son corps, comptant les organes impairs, dérangeante situation, d'abord le coeur, puis le foie, le pancréas, et plus génant et plus bas !
Mais l’ange nu point le loisir de se la couler, douce et triste devint l’étreinte de son poignet, si le professeur baissant son mouvement de manières drastiques, avait t’il un problème pour l’abandonner ainsi.

*Que lui arrive t’il*

Il est difficile de décrire cet échange langoureux, c’est comme si vos battements et votre rythme d’écoulement, pulsaient à deux, et ce n’est que lorsque le magnétisme de Tyrol faiblit, qu’il put y déceler dessous, les mouvements appartenants au professeur.
De manière parallèle, il décela son propre rythme plus prononcé, en chercha rapidement l’algorithme, savoir comme l’influencer.

*La vitesse dépend de trois choses : le calibre de l’artère, la longueur de sa chair et… *

-« Professeur, que faite vous ! »

Il était paniqué, il sentait la faiblesse dans le rythme autrefois si puissant de son maitre, il en aurait pleuré de rage qu’il ressentait la pression derrière son sourire ambivalent, mais là était sans doute le but de l’ouvrage.
Le danseur fit un effort difficile pour accorder son rythme à celui de l’elfe, il cherchait dans tout son propre magnétisme de quoi explorer l’être plein de fraicheur, cette porte qu’il avait ouverte en lui.

*M’ouvrir à l’autre, ne pas fuir, être l’apôtre, trouver et guérir*

Il ne s’agit pas à proprement parler de pouvoir de guérison, mais de médecine, l’ange cherchant à foison, l’endroit ou le rythme sanglant faisait défaut aux hyènes, il lui fallut presque 10 minutes pour trouver l’endroit de faiblesse, à moitié enclavé.

*Le dernier facteur, est la viscosité : Comment changer la nature du sang, sans atteindre pour autant, à ces moindres éléments ?*

L’ange ouvrit des yeux interrogateur, cherchait t’il dans ces lèvres comme la réponse muette de son professeur, lui soufflant sans mots dire une réponse.
Il n’y avait pas d’urgence, mais même s’il le soupçonnait d’en faire un peu trop avec lui pour le pousser dans ces retranchements, le diagnostic fait sur la carotide droite, tel un vampire interne, il cherchait l’ultime compensation, mais…

-« Rien ! »

Souffla t’il sans mots, soufra t’il empathie les maux.
Il y avait trop d’eau dans ce sang visqueux, il n’y comprenait plus rien, ni n’entendait à ce pouvoir que possédait sa mère, Gabrielle.
Cette pensée positive l’enclin à poursuivre son introspection, refermant une nouvelle fois les pupilles émeraude, le serpent se lova contre son courant carotidien, qui conduisait à l’encéphale de l’elfe prévenant.
Peut être pensait t’il avoir trop de temps, alors il imagina que l’obstruction grandissait, qu’elle prenait de l’ampleur, qu’elle allait bientôt couvrir toute l’artère, et privé le professeur à jamais de son cerveau.
Il chercha dans l’urgence, cinq puis dix minutes n’y suffirent, c’était très difficile, même en imaginant une bombe rousse avec un charisme débordant, ni même en ce demandant d’où lui venait alors ces curieuses images de son professeur.
C’est alors que faisant le vide dans son esprit, il la localisa !

-« De l’oxygène… mais fugace ! »

L’ange ne comprit pas sur le cou, mais dans les globules que formait son sang précieux, de l’éducatif savoir de son talent se cachait de l’eau rouge, le gaz somptueux.

-"Je le perçois maintenant, mais il laisse à peine de traces."

Un temps lui fallut pour cherche à localiser au mieux ces insondables créatures, puis d’agir sur elles pour calmer sa fermeture, il réfléchit au problème qui ne manquait pas de vigueur.
Il n’avait aucun moyen réel de faire bouger l’eau rubis, il ne l’avait pas compris jusqu’à l'or, mais c’est les précieux molécules dans leurs prisons érythrocytaires, qui lui permettrait d’agir de manière salutaire.

*Tu va bouger, réticulocyte fainéant !*

L’un après l’autre, il essaya de les recruter, pour pousser sur le thrombus, difficilement.
Du moins l’exercice fut termina lorsqu’il le sentit s’enfuir sur ces attaques de vitesse globulaire répétée, après beaucoup d’essais.
Tester ces pouvoirs sur Tyrol avait quelque chose de… gênant, c’était comme pratiquer une vivisection, d’autant plus qu’il paraissait tout suivre, et restait consentant, le vit t’il rougir.
Très rapidement, il sentit la puissant de son maitre revenir contre ces poignets cerclés, peu être si rapidement qu’il comprit que tout n’avait été qu’une test éprouvant, lorsque cela survint, ce magnétisme étouffant plus puissant que le sien, masqua à nouveau sa circulation, et il lâcha de son travail ladite carotide.
Presque à regret, il lui libéra les mains.

-« Je commence tout juste à comprendre, professeur ! »

Son sang n’avait fait qu’un tour sur son visage, et il était à nouveau seul dans sa propre circulation, reprenant calmement le d’écoute de son rythme moins, élevé.

*Tout ce qui est monté doit descendre, assurément…*

Certains membres se vidèrent, d’autres repèrent pantois, mais son cerveau lui agissait comme un magnifique aimant, amant inconditionnel et de ces enseignements.

- "Votre signature est si puissante, mais votre corp si faible !"

Ce n'était pas de l'insolence, mais une mélancolique constatation, le magnétisme de l'elfe masquait tout le travail qu'il avait subit, mais son élève avait compris comment s'entrainer dans ce sens, qu'il sait ce qu'il recherche dans le sang, maintenant.

Les yeux baissés comme s'il se concentrait, Tyrol se sentit faiblir. Un soupir lui échappa, un soupir de mal-être, et il porta brièvement la main à son front, repoussant quelques mèches de cheveux comme si de rien n'était. Il sentit vite une nouvelle présence à sa gauche : Tranlthanas, qui le soutenait déjà et le laissait reposer son dos contre lui. Il était prêt à le soustraire manu militari à l'autre asperge blanche si elle faisait mal son boulot, mais jusqu'au bout, l'elfe blanc laissa faire son élève, bien qu'il fusse plusieurs fois pris de vertiges sous l'irrégularité des essais magnétiseurs.

"Concentre-toi", lui intima-t-il plusieurs fois avec fermeté, d'une voix quelque peu faible.

Il faudrait le temps qu'il lui faudrait, mais s'il paniquait ou interrompait son sort en plein milieu, cette fois les risques étaient réels. De plus, cela ne lui serait d'aucune utilité dans le cadre de l'apprentissage de s'arrêter. De toute évidence, Tyrol n'était pas prêt de se laisser mourir ! Il fut satisfait de voir Evanescent s'entêter malgré sa visible perplexité. D'un œil en coin par moments, l'elfe, lui, surveillait Shaloa afin de vérifier son avancée ; Cette observation lui faisait oublier fugacement la sensation d'étouffement qu'il éprouvait et les vagues irrégulières qui le ballottaient à l'intérieur. Bien qu'objectivement désagréables, elles ne le gênaient pourtant pas car il savait que ces hésitations étaient normales. Il le sentait à chaque fois que son élève cherchait, tentait de comprendre : Lui se contentait de ressentir ce qui découlait de ces recherches muettes, au risque que l'initiative soit mauvaise ! Fort heureusement, après bien des tentatives et des minutes qui semblèrent longues à Tyrol, quelque chose sembla bouger contre sa gorge, partir ou se défaire, il ne savait exactement ; C'est en se sentant mieux respirer qu'il comprit que, temporairement, on venait de le délivrer de ce problème qu'il avait à chaque fois qu'il s'asseyait, comme une boule qui se formait et l'obligeait à se courber pour respirer correctement.

Un faible sourire et un hochement de tête suivirent la remarque d'Evanescent. Tyrol ne répondit pas, il n'y en avait pas besoin ; Oui, son corps était faible et il le savait depuis ses premières jeunes années. Mais c'était un fait avéré qu'il ne considérait plus depuis longtemps comme une malédiction, quoique les inconvénients, nombreux, demeurassent avec insistance. Il se redressa lentement avec l'aide de Tranlthanas, qui pointa du doigt dans la direction opposé au petit groupe qu'ils formaient tous trois.

"Y a l'autre qu'est en train de mourir, là", avertit-il de son fort accent étranger.

L'elfe blanc se rendit alors compte de la scène que Shaloa venait de laisser, lui qui pourtant était encore debout il y avait une minute à peine. Désormais, il sucrait des fraises de très près.

"Oh, par Haeris !", s'exclama le professeur, surpris, en accourant vers l'élève puis s'accroupissant près de son corps avec un calme étrange. "Je ne savais pas que je donnais des cours de suicide."

Son acolyte métis se proposa très aimablement pour réveiller le macchabée à coups de claques, mais on lui refusa cette opportunité tout aussi aimablement. Tyrol, souriant car amusé par l'idée pour le moins primaire, se contenta de faire signe à Evanescent d'approcher rapidement. Le professeur appliqua une main sur le torse de Shaloa, là où se trouvait le cœur, et entreprit de magnétiser comme il venait de l'apprendre à son second apprenti : La main arrêtée à quelque millimètres des vêtement, il ferma les yeux un instant pour remettre en marche dans le corps de l'Ange son flux magique, forçant le cœur à accélérer son rythme. Lorsque la machine sembla repartie, l'elfe saisit la main d'Evanescent et la mit en remplacement de la sienne avec un sourire en coin et un signe de tête significatif : Qu'il s'entraîne à sauver son compagnon comme il venait d'en faire l'essai ! Quel formidable cobaye ils avaient là.

"Aide-moi donc, je vais m'occuper de renouveler son oxygène."

Tyrol maintiendrait sa magnétisation le temps que l'Ange aux cheveux blanc le relaie comme il se devait. De son autre main tendue au-dessus du visage de Shaloa, il concentra son propre Vent en cercle tournant sur lui-même à toute vitesse, obligeant l'Air ambiant à faire de même : Rapidement, l'Air en question put pénétrer de force dans les narines de l'Ange évanoui. L'oxygène s'immiscerait dans le sang naturellement, et son cœur était forcé de le redistribuer dans les organes, le cerveau en priorité, partie dont Tyrol s'occupa tandis qu'Evanescent restait en faction sur le reste du corps. Tyrol guetta patiemment le réveil, concentré sur sa tâche.

Chapitre 33 : Dites docteur !

Avec une vélocité moins leste, l’archange posa douloureusement son dos magnifiquement arqué au dessus de ces restes, son professeur affairé sur l’affalé débutant.
Le diagnostique fût rapide, certainement, car l’ange se surprit les mains fines posée contre le thorax erratique de son ami, un regard fixe d’étonnement polie comme la plus douce des souffrances, de devoir se placer dans une situation aussi concrète.
Autant avec son professeur il n’avait pas trop fait des siennes, mais là c’était encore plus… réel, il l’interrogeait de son regard émeraude pour être sûr qu’ils étaient sur la même longueur d’onde.

-« Vous êtes sur, professeur ? »

Déjà ces mains cherchèrent avec perplexité des grands courants du fluide de l’archer, son enseignant s’occupait cette fois de la partie noble de son anatomie, son cerveau, alors que lui devait le seconder dans ces bas instincts.
L’ange comateux à l'horizontale, le danseur concentra son magnétisme travaillé dans ces paumes avant de persévérer l’ébauche immaculé du travail de son maitre.

*Le cœur fonctionne !*

Il était sur ces genoux dénudé de toute armure, sa robe immaculée sur le sol vomissait son empathie écœurante, à mesure qu’il se plongeait en lui, sur sa tête des pan entiers de mèches vénitienne, gondolaient en direction de la poitrine de l’ange, tombant en flots immenses.
Ces caresses de phanères blonds inclinaient la tête à sa verticale, les pupilles closes pour accélérer à sa perception des petits éléments.
Il partit du cœur, concentra son mouvement à la crosse de l’Aorte, mais là :

*Un pouvoir vrombissant, son magnétisme envoutant*

Des branches qui partaient vers la tête, en effet l’ange avait rencontré celui de son professeur qui masquait sa propre signature, une sorte de sens interdit lui indiquant sur cette partie était chasse gardée, cependant.

*Je vibre lorsqu’il me guette, revenir vite à ma quête !*

Evanescent réprimant un frisson, se replongeant dans les ineffables accords de son compagnons, commença à plier son avant bras sur son coude.
La signature électrique de Shaloa était tel un carreau vif qu’il ne fallait surtout pas briser, le trait brut d’un archer dans ces artères.
Il se concentra, accompagnant de sa propre florescence l’habile mouvement réticulocytaire, creusant dans le moindre de ces recoins inférieur le sang curateur pour préserver de l’hypoxie ces délicieuse cellules.

*Cœur, poumons, estomac, pancréas aussi !*

Inclinant la tête légère sur son côté majoritaire.

*Foi, rate, prostate et vessie…*

Un sourire de satisfaction le prit, l’exercice était plus simple car le signal moins complexe que son divin professeur, cependant une nouvelle difficulté le surpris passé un temps dans l’autoroute qu’il créait, lorsqu’il arriva aux :

*Péages ? Pourquoi je ne puis !!*

Partant du cœur, il avait entreprit de fluidifier le sang en accélérant selon la signature magnétique le flot de hémoglobine où siégeait le précieux oxygène, cependant si les organes nobles les plus proches furent engloutit dedans, que dire ces quatre points cardinaux.

-« Maitre, je n’arrive pas, la distance m’empêche de tout englober, ce corps est encore trop grand pour moi, aidez moi, pitié… »

Déjà les doigts carpiens et tarsiens commençaient à bleuir du manque d’oxygène, aux quatre membres de l’archer, l’ange n’avait rouvert les yeux, de peur de ne pas tenir les voies facilitées qu’il avait créées de l’aorte délirante.
Une goutte de crispation tomba de son front inquiet, pour s’écraser contre des mains envahissantes…

Le sort était bien parti et l'opération de sauvetage toucherait rapidement à sa fin. Si Shaloa ne se réveillait pas de lui-même il suffirait de le secouer un peu. Et qu'il ne s'inquiète pas, personne ne lui mettrait de baffes ! Tyrol avait veillé au bon déroulement de sa reprise, et le simple fait d'être contraint de respirer de nouveau, bien que ce mouvement soit si naturel, devrait le faire quitter lentement de sa léthargie. En quelques secondes à peine, il avait littéralement désappris à respirer, et le forcer à un mouvement inverse alerterait son organisme. Il sortirait alors de son mauvais rêve. Pourtant, il sembla y avoir comme un pépin ; Surpris, Tyrol tourna la tête vers son second élève, qui paraissait atterré par les effets de sa propre contribution. Il lui parut alors avec étonnement se retrouver lui-même longtemps auparavant, prostré et impuissant devant une montagne d'obstacles terribles qui mettaient en péril la vie d'un ami… Si lui aussi, il avait su en ce temps que la montagne n'était qu'une petite pente, et que le péril était aussi important que de se faire manger par un papillon ! Il aurait progressé plus vite, oui. Mais ce n'était déjà pas mal au point où il en était, c'était tout de même lui le professeur aujourd'hui, et c'était à lui de montrer la solution.

Sa main saisit l'une de celles qu'Evanescent tenait serrées l'une contre l'autre, et le força à se déplacer, le traînant d'un petit millimètre sur le sol de verre pour l'amener sur le côté droit du corps, là où lui se trouvait déjà.

"Allons, allons, un peu de bon sens", s'amusa-t-il un peu d'une voix douce tout en restant rassurant. "Il faut te déplacer, mon ami !"

Tyrol se leva et, laissant son sort d'air suspendu au-dessus de Shaloa, quitta le côté droit pour passer à gauche et aider Evanescent à élargir la zone d'effet du sort.

"L'énergie suit le sang, tu dois faire comme elle et l'accompagner partout où elle a à faire son œuvre. Tu ne peux avoir d'emprise sur elle partout."

Cela pouvait être très… Logique et simpliste. Ca l'était. Il n'y avait qu'à appliquer ! Lorsqu'il avait fait découvrir le flux magique à son élève, il l'avait "aspirée" vers un même endroit - le coeur - car là était le siège du mécanisme ; Le prendre en sens inverse, et donc partir du coeur pour répartir une énergie arrêtée ou perdue, était impossible.

L'elfe blanc, encore blond à l'époque, avait deviné instinctivement ceci à ses premiers essais car il avait peur de rater quelque chose lors de ses soins. Il continuait toujours, avec moins d'hésitation et de tâtonnements, voilà tout. Il lui apparaissait que cette déduction aurait dû se faire naturellement, ce qui n'était pas le cas visiblement ! Petit instant de panique, sans doute. Cela passera. Tyrol sourit tandis que ses mains, posées sur le bras de Shaloa, cherchaient le flux magique acheminé par Evanescent à l'endroit où il avait dû s'arrêter, afin de le rattraper avant qu'il ne fasse chemin inverse. En une demi-minute il parvint facilement à le retrouver et à le répartir correctement dans la partie oubliée, lui redonnant rapidement la vie et.. Sa couleur normale. Puis il passa à la jambe. Sans toucher le corps, ses mains semblaient effectuer un massage, comme pour répartir la douleur et ainsi l'atténuer ; Le principe était le même.

Ce qui était rassurant était de voir qu l'énergie passait bien et avec force, signe que l'Air était bien entré et présent, que le sang s'oxygénait de nouveau, reprenait sa course et son cycle fermé. D'un œil, l'elfe guetta le travail de l'Ange à une aile pour vérifier que sa consternation n'avait été que passagère et qu'il avait su se reprendre pour continuer le travail.

Chapitre 34 : Evidence.

La main posée sur la sienne fit frémir l’ange, mais la ramena aussitôt à la réalité du moment, la vie de Shaloa n’était plus en danger maintenant, il ne manquait plus qu’à lui éviter une nécrotique amputation, de ces quatre membres suspendus, retrouver le fonctionnement.
Il suivit le mouvement gracieux partant du cœur fondateur du magnétisme, décrivant d’une ellipse contre le corps musclé de son compagnon de chambre, l’extension dont il avait besoin pour atteindre les extrêmes, son propre organe bondit de joie devant la satisfaction de comprendre la manœuvre et de pouvoir s’en servir avec utilité et une bienveillance peu habituelle.
Le pouvoir de l’air est décidément envoutant, lent métronome pulsé aux cadences systoliques, le flux magnétique de l’archer fusait plus facilement sur les grand axes artériels, revenant à leurs ouvrages par les réseaux veineux et lymphatiques comme un savant chapelet.
Evanescent se détendit fort à propos, un sourire prévenant sur ces lèvres entrouvertes, laissant courir une murène rosée de ces coraux humides, pour son maitre de plongée.
La proximité de son professeur en effet était comme une évidence, et le tableau merveilleux aurait put longtemps continuer, si ce n’est que l’étendue de se mettre à…

*Ronfler !!!*

Tel un grizzly superbe, Shaloa ergotait de sa glotte encombrée quelques miels farouches ou l’écho viendrait prisonnier, se répercuter en boucle.

-« Est-t'il dans le coma, ou ... se repose-t'il désormais ? »

Cet ultime instant passé de « private joke » concentrons nous maintenant sur le réveil de l’élève aux mains incontrôlée.
Regardez le, il ouvre ces petits n’yeux, qu’il est meugnon entouré de son papa et de sa maman, qu’il a fait un mauvais rêve.
Pour des raisons de confidentialité, nous ne révélerons pas qui est la « maman » dans l’histoire, n’insistez pas !

-« Shaloa, comment ton sang tue ? »

Sa langue butât aux palais de l’archange, où peut être les sons ne lui arrivaient pas parfaitement encore pour autoriser ce genre d’imperfection, lorsqu’il revint à lui.

Quelle énergie ! Pour sûr, Shaloa avait un bel organe, comme on dit. Tellement sauvé et à l'aise qu'il s'en était mis à ronfler avec une force surprenante ; Tranlthanas s'éloigna de la scène en hurlant littéralement de rire tandis que Tyrol, à genoux sur le sol de verre, manifestait son amusement par un sourire en coin plus discret.

"Il a dû s'endormir… Navré, mais il faudra interrompre cet instant de béatitude !"

Déjà, Evanescent s'en allait réveiller son heureux camarade. Il laissa faire, et, lorsque l'archer se redressa, entreprit de l'éventer gentiment de sa main, comme pour se moquer encore un peu… Sans mauvaise malice, soyez-en certains. Son élève partit en explication, et ce que l'elfe blanc avait diagnostiqué se révéla juste.

"Asphyxie, à ce qu'il me semble… A ce point-là, c'était rondement bien mené ! Que penses-tu d'utiliser ce sort… Mais sur un potentiel ennemi plutôt que ta personne ?"

Tyrol plaisantait à moitié et cela se voyait car son sourire était quelque peu retombé et son regard questionnait sérieusement. Après tout, s'il était parvenu à ce stade, c'était bien qu'il y arrivait, il ne suffirait que d'y exploiter. Un bon filon en perspective, mais peut-être n'en étaient-ils pas encore là. Il fallait déjà que… Le jeune homme se remette de ses émotions. On n'avait peut-être pas tort de parler d'un cours de suicide, bien que ce fût indépendamment de la volonté du professeur. Ce dernier se releva et proposa son aide à Shaloa pour se lever, par convenance bien entendu car nul doute que sa très grande force physique n'aiderait jamais concrètement l'Ange !

"Un malheureux incident, mais ma foi tu as aidé ton camarade à s'entraîner. C'était un mal pour un bien ! Replace-toi. Evanescent, va te poster face à lui, plus loin, s'il te plaît."

Il allait entreprendre de les faire travailler ensemble car il lui semblait d'après ses souvenirs avoir "fini" avec Evanescent pour l'instant. Si celui avait encore à demander, pour sûr qu'il n'y manquerait pas et que Tyrol ne manquerait pas de répondre à ses désirs, mais il avait une idée pour l'instant. Il lui paraissait aussi que les faire travailler à deux minimiserait certains risques… Ou peut-être pas. Ils allaient tenter. D'une main il invita donc Evanescent à se diriger là où il le lui demandait, puis se tourna vers son autre élève :

"Je pense que tu as voulu y aller trop fort. Par ailleurs, aspirer l'air ne me semble pas une bonne stratégie pour ce qui est d'augmenter la vitesse, bien au contraire, à moins que tu ne m'expliques ton raisonnement. Es-tu remis ? Je voudrais que tu nous montres ce que tu as réussi à faire, il me semble avoir vu que le reste allait bien. Vise bien Evanescent."

Certes, lancé comme ça, c'était une invitation au meurtre. L'elfe blanc rejoignit l'Ange uniailé, et, face à lui, expliqua avec le calme de celui qui vient d'ordonner une mise à mort :

"Je ne sais si cela était dans tes projets, mais je suis de toute évidence dans le devoir de vous apprendre certains points de combats obligatoires", dit-il en introduction à l'exercice, assez fort pour que les deux puissent entendre. "Shaloa va travailler l'attaque, et toi la défense. Ta propre défense."

Il se mit un peu sur la pointe des pieds pour parler à l'oreille de l'Ange, une main en couverture comme incitation au secret :

"Ne bouge pas et laisse faire. Pour les premières flèches, je vais te protéger. Tu m'as l'air assez dégourdi pour comprendre certains fonctionnement, alors tu vas juste me regarder faire. Je vais utiliser différents sorts dont tu verras bien les effets et me parleras ensuite de la façon qui te convient le mieux. Il y aura un peu de tout mais concentre-toi sur les gestes, ils sont très importants…"

Quant au Vent, il sentirait bien comment cela fonctionnerait ! Avec un sourire entendu, Tyrol retourna à Shaloa et posa une main sur son épaule, comme pour le rassurer que la mort de son ami sera rapide et sans souffrance. Il lui demanda à nouveau s'il était prêt et lui promit tranquillement qu'Evanescent, lui, l'était totalement… Si si… C'est un ordre de toute façon, ne discutez pas. L'elfe se plaça derrière l'archer, un peu en retrait de façon à ce que son camarade puisse, lui, voir ce qui se tramait dans l'arrière-boutique.

"Refais-moi donc tout ce que tu as réussis, je t'en prie. Ne tente rien de nouveau."