-40%
Le deal à ne pas rater :
-40% sur le Pack Gaming Mario PDP Manette filaire + Casque filaire ...
29.99 € 49.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Désolation [libre]

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Iblîs Nemrodus
Iblîs Nemrodus
Nombre de messages : 599
Âge : 36
Race : Marcheur des Ombres
Poste : Démon Libre
Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae)

Feuille de personnage
Puissance:
Désolation [libre] - Page 2 968853leftbar980/1000Désolation [libre] - Page 2 322195emptybarbleue  (980/1000)
Désolation [libre] - Page 2 Empty
MessageDésolation [libre] - Page 2 EmptyDim 31 Mai 2009 - 0:36

"Fière réponse!" admira le Démon, inclinant la tête.

Déposant à nouveau le corps de Roland à terre, il se leva. Sa silhouette noire semblait flotter, légère, dans la lumière revenue au milieu des sous-bois. Pensif, son regard se porta sur Dreidre. Jeune femme blonde au milieu des flocons, si menue. Fragile comme un jeune peuplier qui tenterait de pousser dans la toundra, là où le blizzard hurlent et tourbillonnent durant les six mois de la nuit polaire. En vérité, ce soir, alors que le calme est revenu dans les Monts Décharnés, on croirait l'entendre siffler entre les troncs décharnés, dans les fentes du chaos rocheux situé un peu plus haut, dans la longue robe noire du démon, dans les cheveux clairs du loup fait femme. L'entendez-vous? L'une après l'autre, chaque rafale pousse sa plainte solitaire et froide, soupir interminable qui traduit une douleur impossible à comprendre pour un démon comme Iblîs.

Combien de nuits n'avait-il pas passées à écouter le vent siffler sur son royaume de ténèbres, tentant sans succès de comprendre son murmure? Quelle perte irréparable pleurait ainsi la terre? Cela, il ne pourrait jamais le comprendre, comme il ignorait que la femme-fauve en face de lui en savait bien plus à ce sujet qu'il ne pourrait jamais en apprendre!

Il la regarda lui dire qu'il était étrange - et en cela elle avait raison, trop raison pour qu'il songe à le nier. Il étai étrange, étranger, différent, il ne pouvait le nier. N'ayant droit de cité en ce monde que la moitié du temps, quand le soleil était absent et qu'il pouvait librement hanter les pistes. Il l'admettait. Aussi écouta-t-il son interlocutrice réfléchir à voix haute, lui donnant sa réponse.

"En vérité" approuva-t-il doucement, "tu dis vrai. Nous désirons tous quelque chose que nous ne pouvons atteindre. Mais la force, je peux te la donner, si tu la désires. Point ne te tromperai : notre pouvoir est sombre et noir, et d'aucuns le jugent maudit, réprouvé, souillure, blasphème."

Lentement, le démon reprit, séparant chaque mot.

"Mais avant de répondre, dis-moi une chose, Akela. Quand la montagne gronde et crache le rouge qui brûle, quand la tempête arrache et détruit la forêt du rivage, quand la terre s'ouvre et engloutit la portée des jeunes, est-ce là une malédiction?"
Revenir en haut Aller en bas
Deirdre
Deirdre
Nombre de messages : 54
Âge : 32
Race : Loup-Garou
Poste : Esclave
Magie Contrôlée : Ténèbres

Feuille de personnage
Puissance:
Désolation [libre] - Page 2 968853leftbar40/1000Désolation [libre] - Page 2 322195emptybarbleue  (40/1000)
Désolation [libre] - Page 2 Empty
MessageDésolation [libre] - Page 2 EmptyDim 31 Mai 2009 - 13:22

http://www.deezer.com/track/29046

Deidre se ferma un instant aux plaintes de sa Mère, cette douleur était trop sourde, s'insinuait partout dans l'esprit de la louve et l'empêchait de réfléchir posément. Elle se concentra davantage sur sa conversation avec l'Ombre, elle ne savait pas d'où il venait pas plus qu'elle ne se doutait de son appartenance aux démons. En réalité, Elamentiens ou Démons, Deidre n'en avait que faire. Pour elle, on était un civilisé ou non. Soit on détruisait la terre dans le seul but de s'étendre, on creusait et taillait la roche pour son propre confort, n'ayant que faire du mal qu'on causait à celle qui nous abrite en son sein, soit on vivait simplement, en accord avec la Mère, en accord avec la Nature. Il ne fallait pas bouleverser cet équilibre nécessaire à la vie et les civilisés semblaient ne pas y prendre garde.

Pourtant, Deidre ne savait comment agir lorsqu'elle se trouvait devant un civilisé. Fallait elle qu'elle l'écrase sans aucune hésitation, fallait elle qu'elle le détruise, soulageant les souffrances de Terre? Ou fallait il le laisser vivre en paix, vivre heureux, car en détruisant cet être, elle détruisait un enfant de Mère? Ce choix c'était souvent imposé à elle et la louve n'avait jamais réussit à trancher en faveur d'un choix. Si Mère le voulait, elle pouvait tout naturellement anéantir ses mauvais fils et ses mauvaises filles, elle pouvait avaler toute vie si elle le désirait. Alors pourquoi? Pourquoi se laissait elle souiller? Encore une fois, la seule réponse qui lui vint à l'esprit fut qu'elle dormait, profondément certes, mais qu'elle souffrait. Aussi ne pouvait elle pas détruire ceux qui lui faisait du mal. Étais-ce le rôle de la louve pour autant? Il faudrait qu'elle interroge l'Umbra pour en avoir la réponse... Le monde des ombres, celui des esprits, aux dangers et aux attraits multiples. Elle leva un œil vers Iblis. Lui qui n'était qu'ombre, connaissait il ce lieu?

Les phrases qu'il prononça lancèrent une légère décharge dans le dos de la louve.

*Me... donner cela?*

Pourquoi et comment ferait il cela? Elle fronça les sourcils et secoua la tête. Il parlais d'un pouvoir sombre et noir? N'étais ce pas ce que l'on faisait de ce don qui était sombre et noir, et non pas le pouvoir en lui même? Deidre l'ignorait, elle ne connaissait pas ce "pouvoir". Elle leva la tête pour répondre à l'Ombre.

"Si la montagne est en colère, si la tempête est en fureur ou que la terre nous engloutit alors c'est que la Grande Mère l'a voulut. Nous sommes ses enfants, tous. Toi, moi, tous nous sommes ses fils. Plus ou moins aimé, plus ou moins respectés et méritant de vivre. Certains d'entre nous sont de mauvais enfants, la blessent à tort, détruisant petit à petit l'essence même de l'existence. Ce n'est pas une malédiction non, une punition peut être oui, mais la Nature n'agit jamais inconsciemment, peut être suit elle un Grand But. A cette question je n'ai encore pas de réponses."


Elle s'éclaircit la voix, réfléchissant au meilleur moyen d'exprimer ses pensées

"Si la montagne, la tempête ou la terre se réveille alors cela est bon. La Grande Mère dors profondément, les erreurs et les blessures que lui infligent ses enfants finiront par la réveiller. Nous ne devons pas agir à l'inverse de ses désirs. Nous ses fils les Loups devons la remercier lorsqu'elle nous fait un signe. Notre... état, notre condition est son don à notre famille."


Elle regarda ses bras, sourit doucement et continua d'une voix douce

"Nous sommes ses guerriers, ses soldats, ceux qui la protègent durant son sommeil. Voila pourquoi ses autres enfants nous vouent une haine et une peur parfois sans limite. Parfois, avec cruauté nous exécutons son jugement pourtant, nous sommes toujours avec la justice de la Terre." Elle regarda le démon "Voila pourquoi lorsque tu me parle d'un pouvoir maudit de tous mon esprit rit. Les Loups ne sont pas vraiment bien considérés, d'autant que ceux d'entre nous qui ont été mordu ne sont pas réellement... nos frères" Elle prit un air légérement dégouté "Notre race n'est pas une maladie, notre sang n'est pas contaminé. Nous sommes les enfants de Lune et de la Terre, nous marchions sur terre à l'aube des temps, les premiers fils. Ce don est un cadeau. Un présent magnifique, néanmoins ce don n'est ni bon ni mauvais. C'est ce que chacun d'entre nous choisit d'en faire qui est bien ou mal."

Peu en savait autant sur les Loups, les véritables fils de la Lune. Deirdre avait dévoilé des choses, mais aucune n'était secrète. Elle c'était emballé, avait parlé avec son cœur et ses convictions...
Revenir en haut Aller en bas
Iblîs Nemrodus
Iblîs Nemrodus
Nombre de messages : 599
Âge : 36
Race : Marcheur des Ombres
Poste : Démon Libre
Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae)

Feuille de personnage
Puissance:
Désolation [libre] - Page 2 968853leftbar980/1000Désolation [libre] - Page 2 322195emptybarbleue  (980/1000)
Désolation [libre] - Page 2 Empty
MessageDésolation [libre] - Page 2 EmptyJeu 4 Juin 2009 - 3:07



Retombé dans son mutisme, Iblîs écouta la louve-femme répondre. Certaines était simples. D'autres étaient plus anciennes, plus obscures. La Grande Mère ... un des mythes qui traversait les âges. Bien des peuples croyaient en une divinité unique, souvent associée au monde tout entier, résumant et expliquant tous les mystères de l'existence. Bien d'autres s'étaient crus élus, servant des dieux suprêmes nés de leurs rêves et des légendes de leurs races. Fallait-il pour autant les considérer comme folie?

Rêveusement, l'être noir tendit la main, tentant d'attraper doucement l'un des flocons de neige qui tombaient, si purs, si parfaits.

C'est avec le temps, justement, qu'on découvre que la vérité aime à se cacher dans les mythes. Que parfois les contes pour enfants en savent plus que les livres. La Grande Mère des Loups... l'Ourobouros des Kîsh... le Sôma, maître-esprit du monde dont parlaient les clans d'hybrides... ou même ce Dieu Unique révéré par les mortels ... ils n'étaient qu'un seul et même rêve. Et moins que tout autre, Iblîs refusait de considérer qu'ils étaient impossibles. Un être ou une force qui transcendait le monde... en vérité qui pouvait le dire?

Les Dieux Elémentaires avaient existé, avaient façonné le monde, puis avaient disparu. De cela on était certain - il l'avait vécu lui-même. Mais ce qu'on savait, en revanche, s'arrêtait là. Étaient-ils vraiment morts? Si les créateurs s'étaient sacrifiés, se changeant en magie pure, alors la magie elle-même pouvait être devenue divine. Ils pouvaient s'être simplement fondus en quelque chose de plus vaste, répandant la magie de leurs êtres dans le monde qu'ils avaient aimé, l'éveillant doucement à la vie. Ou - pensée plus effrayante, les quatre dieux des éléments pouvaient n'avoir été depuis le début, que l'émanation de quelque chose de plus grand encore. Les mythes se contredisent souvent moins qu'on le pense. La Grande Mère n'était pas un mot de fou. Elle pouvait exister. Qui pouvait se vanter d'avoir compris le monde entier?

Aussi Iblîs ne dit que très peu à ce sujet, continuant de fixer la danse des flocons dans l'air. Ils dansaient, les petits points blancs, dans l'air coupant qui descendait des Monts Décharnés.

"Point ne prétendrai t'apprendre sur celle que tu nommes Grande Mère. Peut-être dort-elle, en effet, et lors ce qui blesse ne serait pas forcément mauvais."

La main du démon retomba soudain. Il tourna à nouveau la tête vers la jeune femme, et voici que son regard était dur, aussi durs que l'avait été celui de Dreide, quand elle avait nié courir sous l'ombre noire. Quand il parla à nouveau, ce fut lentement, en détachant chaque mot avec gravité.

"Mais des choses qui furent jadis et de ce que sont les Loups ... seuls les fous ou les orgueilleux racontent ce qu'il n'ont point vu, rient de ce qu'il n'ont pas connu et pensent trouver la vérité dans les légendes de leurs ancêtres. Dis-moi seulement, toi si sage, toi qui prétends les tiens premiers fils de la Lune!" interrogea sévèrement l'être noir. "As-tu vu de tes yeux cette aube des temps dont tu parles avec tant d'assurance? As-tu vu les étoiles quand elles étaient jeunes? As-tu derrière tes paupières le souvenir des guerres des dieux, celles-là même qui laissèrent ces Monts déchirés et privés de vie?"

Dans le lourd silence, le doigt pâle d'Iblîs vint pointer les silhouettes sinistres et déchiquetées qu'on voyait pointer entre les cimes des arbres. Les Monts Décharnés, les dominant de toute leur hauteur, dressants leurs formes tourmentées en une supplication muette, flèches de roches dressées vers les étoiles. Éternels, témoins de ce qui avait disparu, leurs silhouettes noires semblaient se moquer des mortels et des immortels, aussi bien de la louve et de ses légendes que du démon et de ses souvenirs. Ils dépassaient l'un et l'autre, car eux seuls avaient été là depuis le commencement, et eux seuls, même réduis en poussière, seraient là jusqu'à la fin. Iblîs soupira.

"Pourtant tu dis vrai, sur une chose. Quelque soit le pouvoir qui vous soit accordé, et à la seule condition de ne pas se laisser dévorer par lui, nous pouvons décider de son usage. Et il existe des pouvoirs différents du don de magie, des pouvoirs que l'on peut obtenir par soi-même."

Lentement, Iblîs se mit en route, non sans avoir fait à Dreide signe de le suivre, et s'engagea dans la montée qui sortait de la forêt et grimpait vers les chaos rocheux situés plus haut. Il ne se retourna pas pour vérifier si elle le suivait ou non. Car le suivre ou le laisser partir était à la fois, pour elle, le choix et la réponse.
Revenir en haut Aller en bas
Deirdre
Deirdre
Nombre de messages : 54
Âge : 32
Race : Loup-Garou
Poste : Esclave
Magie Contrôlée : Ténèbres

Feuille de personnage
Puissance:
Désolation [libre] - Page 2 968853leftbar40/1000Désolation [libre] - Page 2 322195emptybarbleue  (40/1000)
Désolation [libre] - Page 2 Empty
MessageDésolation [libre] - Page 2 EmptySam 29 Aoû 2009 - 20:17

Les mots du démon lui firent hausser les sourcils, n'avait elle donc pas l'air jeune? Très jeune? Était il sot de poser telle question? Pour Deirdre, il était évident que la conscience collective des Loups existait, elle n'avait nulle besoin de se souvenir, d'avoir vu tout cela car ses ancêtres, eux, l'avaient vu. Pure invention de son esprit délirant, bercé de trop d'histoire par sa mère, ou réalité inconnus de ceux qui ne connaissent l'Umbra? Nul ne pourrait le dire et la seule chose qui compte, est que Deirdre elle, y croit dur comme fer. Elle claqua la langue contre son palais et avec un sourire mutin et commença à raconter.

"Non tu as raison je n'ai rien vu, je suis jeune, pas tout à fait un louveteau mais presque... Je vais te confier un secret, peut être n'y accordera tu aucune importance mais qu'importe. Je le SAIS car je l'ai vu. Dans mes rêves, une sorte de rêve du moins, je l'appelle L'Umbra, le monde des Ombres, des esprits, mes ancêtres me parlent et me racontent comment était la vie, les choses qui furent, parfois les choses qui sont et parfois les choses qui arriveront peut être si le monde demeure inchangé. Ce qui n'arrive jamais"

Elle tremblota et résista à l'envie de se transformer de nouveau. Pas la, pas devant lui, elle sentait qu'elle était plus en sécurité sous cette forme. Elle le regarda et échappement un jappement interrogatif lorsqu'il commença à s'éloigner, pure réflexe de sa vie de canidé. Elle capta son signe et compris qu'il fallait qu'elle le suive. Elle n'hésita pas, se redressa sur ses jambes d'humaine, trop frêles à son gout et commença à marcher, nue dans la neige. Quiconque de la cité aurait vu se spectacle aurait rit, ou paniqué pour la pauvre jeune fille. N'était ce pas Iblis qu'elle suivait à présent, impunément? Pour la Louve, ce nom ne signifiait encore rien, elle sentait sa puissance bien sur, mais il ne s'était pas montré agressif envers elle. Il lui semblait sage et fou à la fois, Deirdre avait appris à respecter cela, autant que la vieillesse et l'ancienneté qu'elle sentait émaner de lui.

Pourtant elle était curieuse oui, elle s'abstint de tout commentaire mais poursuivit sa route derrière lui, laissant par habitude, une distance entre eux, hésitant par instant à se transformer, à redevenir Louve, celle qu'elle était vraiment. Mais elle continuait à marcher, sans un autre bruit que celui de ses pas et de son souffle trop peu régulier. Les battements de son cœur s'intensifièrent sous l'effort et elle sourit. Ou allaient ils?..

Spoiler:
Revenir en haut Aller en bas
Iblîs Nemrodus
Iblîs Nemrodus
Nombre de messages : 599
Âge : 36
Race : Marcheur des Ombres
Poste : Démon Libre
Magie Contrôlée : Magie démoniaque (Tenebrae)

Feuille de personnage
Puissance:
Désolation [libre] - Page 2 968853leftbar980/1000Désolation [libre] - Page 2 322195emptybarbleue  (980/1000)
Désolation [libre] - Page 2 Empty
MessageDésolation [libre] - Page 2 EmptyVen 4 Sep 2009 - 21:59


Ils montaient côte à côte, la Louve et le Noir. Pourtant leurs pas étaient semblables dans l'humidité derrière eux : deux traces rectilignes, à mesure qu'ils sortaient de la forêt. Ils ne parlaient pas. En fait, ils n'avaient plus parlé depuis la dernière phrase de Deirdre. Le démon noir ne lui avait pas répondu, se contentant de tourner la tête pour la dévisager longuement, intensément. Les deux globes noirs au milieu de son visage n'avaient pas grand-chose d'humain : en voyant votre propre visage s'y refléter, ils auraient tout aussi bien pu être les yeux à facettes d'une abeille ou d'une araignée. Qu'avait-il pensé des paroles qui lui avaient été adressées ? Qui sai. Bientôt, il avait regardé à nouveau devant lui, muet, avec dans son sillage la silhouette blanche de la jeune Lycan. Et depuis bientôt deux heures, en silence, ils marchaient ...

Ensemble, ils étaient sortis de la Forêt, grimpant lentement le long des pentes des Monts Décharnés. Sans dire mot, ils firent route sur des sentiers de rocher, le démon toujours devant, s'arrêtant parfois pour attendre sa compagne. Ils laissèrent derrière eux les pentes les plus basses, arrivant dans une partie de la montagne plus rude, plus rocheuse. A l'horizon, le soleil baissait, se dissimulant parfois derrière des bandes nuageuses. Etait-ce ou non un hasard que cette soirée soit justement l'une de ces heures où les rayons même du soleil deviennent carmins, ces soirs où le pourpre royal du couchant est inhabituellement terne, rougeoyant d'une lueur sanglante? Le silence le plus parfait régnait sur ces terres – pas de souffle de vent, pas de bruissement de feuilles. Un silence immense... comme l'avait dit Iblîs un peu plus tôt, le silence d'une contrée morte et privée de vie. Il régnait encore sur les Monts Décharnés quelque chose d'ancien et d'oppressant, bien plus que dans les vallées d'en-bas – le noir souvenir d'une guerre d'antan. Parfois, sans raison, le vent y portait encore des relents de fumées et de charnier, comme si des pierres s'exsudaient des souvenirs de violence...

Mais ce soir, il ne portait rien. Juste le vide et le silence, mais de toute la région s'élevait une sensation de vigilance attentive. Ils marchèrent encore quelques instants, puis le démon entraîna Deirdre dans une faille étroite à flanc de falaise. Car il connaissait bien sa route, le noir vagabond, et savait où finissait cet étroit chemin taillé dans le roc .... et au bout de dix minutes de marche, ils arrivèrent à destination. Un simple cirque de pierre, aux nombreuses ouvertures. Pas un bruit n'en émanait. Mais il flottait dans l'air, ici, une vraie odeur – une odeur de fourrure et de proie, le musc puissant de prédateurs. De la main, le démon fit signe à la jeune fille de rester en arrière, à l'entrée de la faille.

Lentement, furtivement, entre les pierres, un mouvement se fit voir. Puis deux. Trois. Dans un silence menaçant, les occupants des lieux surgissaient à la rencontre des intrus. Fourrures rouges et noires, pattes puissantes, prunelles de braises dans le crépuscule ... là-haut, sur les plus hauts rochers qui dominaient le cirque, une forme féline plus grande que les autres surgit soudain. Un fauve de la taille d'un Lycan, mais en plus sombre, plus farouche. La paire de prunelles ne brillait pas du vert et de l'or des loups de sang pur, mais du rouge des Démons.

Désolation [libre] - Page 2 090905120346673380
Source: In the Burning Sky by Balaa on DeviantArt


Ils venaient de se diriger droit dans le repaire d'un des plus dangereux prédateurs des Monts Décharnés : les Worg (voir Description des Animaux des Lieux). Loups des montagnes, ils ne descendaient jamais sur le territoire de ceux des plaines. Ils étaient, du reste, différents. On disait qu'une malédiction ancienne les avait frappés, les rendant d'une force et d'une férocité sans égale, tuant non seulement par faim mais par goût. Lorsque l'odeur planait d'une meute de Worg en chasse planait dans l'air, les habitants des plateaux savaient qu'il n'y avait que deux choses à faire : fuir, ou mourir ! Là-haut, le chef de meute gronda puissamment, et Iblîs plissa les paupières. L'être de glace qu'il semblait être se tendit imperceptiblement. Même pour lui, même pour n'importe quel Démon, il n'était pas sans danger d'entrer en ses lieux. En groupe, ces fauves pouvaient mettre en pièce presque n'importe quelle créature – même individuellement, leur force était monstrueuse.

« Akela » fit soudain Iblîs d'une voix calme, mais impérieuse. « Si tu tiens à tes oreilles, protège-les soigneusement. Très soigneusement. »

Le démon n'en dit pas plus. Deux grands mâles, répondant à l'appel de leur seigneur, s'avancèrent. Pour leur esprit sauvage, il n'y avait là qu'un intrus, un fragile être à deux pattes. Comme ceux qui passaient parfois dans les montagnes, montés de la plaine, ceux que parfois ils attaquaient, et dévoraient! Ils avancèrent vers leur adversaire immobile, la bave aux lèvres, sûrs de leur force qui dépassait celle de tous les autres habitants des montagnes. Et soudain ils bondirent, les deux terribles fauves, d'une détente formidable et meurtrière. Comme les autres, celui-là finirait en chair pantelante, sous leurs crocs!

La suite fut rapide, incroyablement rapide. Iblîs écarta soudain les bras, sourcils froncés. Et de sa bouche grande ouverte jaillit un son abominable. Hsssssssssssssss! Un crissement plus intolérable que cent craies sur une ardoise. Les plus grands serpents de ce monde n'auraient pas sifflé d'un sifflement plus strident, car avec ce son venait quelque chose de noir et d'empoisonné, comme à la minute ou Iblîs avait affronté l'autre homme dans la forêt, devant la louve. L'eau du petit lac elle-même fut parcourue de rides quand la note discordante déchira l'air. Fauchés en plein bond, les deux Worg s'écroulèrent, pantelants, le sang ruisselant de leurs oreilles. La meute toute entière se réfugia derrière les rochers, furieux et désorientés, certains à moitié assommés par l'horrible son. Là-haut, même le chef de meute eut un mouvement de recul. La force, il était habitué à la combattre, mais la magie, point – et obscurément, elle éveillait en son âme sauvage le souvenir de ceux qui jadis, avaient été les maîtres de sa race ...

Froidement, Iblîs s'approcha du corps de l'un de ses agresseurs et le saisit, le soulevant à demi de terre. Un geste aussi vif qu'un serpent qui frappe, et de la gorge tranchée du Worg s'écoula un flot de sang sombre. Presque religieusement, le démon y plaça ses mains en coupes, les retirant quand elles furent pleines du liquide vital. Puis, alors que retombait sans vie le corps du fauve, il revint vers Deirdre, les mains pleines de son sinistre tribut. Il s'arrêta devant elle, sans lui jeter un regard, les yeux fixés sur ce qu'il portait.

« Le pouvoir, Akela, le vrai pouvoir, est composé de trois choses. La première, c'est le corps : les sens, la force et la rapidité que les Worg possèdent, par exemple. La seconde, c'est la magie, ce que Roland et moi-même usons. La troisième, c'est la Connaissance, celle de soi-même et de son ennemi. Et par l'expérience des batailles ou l'étude, elle sera tôt ou tard tienne, si tu ne péris pas avant. »

Entre les mains du démon, le sang sembla soudain changer. Les deux pierres noires incrustées dans les paumes d'Iblîs, à même la chair, y laissaient couleur des traînées d'un autre liquide que le sang, noir comme la nuit. Comme de l'encre jetée dans de l'huile, les deux liquides étranges se côtoyaient sans se toucher, formant une figure chatoyante des plus étranges.

« Dans l'ordre des choses, le temps et le travail sont nécessaires pour les obtenir. Mais ce Pouvoir, je l'ai fait mien, je peux aussi le partager et t'en donner une partie. Si je ne crois pas en celle que tu vénères, nombreux sont ceux qui pour moi sont des ennemis de ceux qui marchent sous le soleil. Si ton jugement porté au nom de la Grande Mère peut en atteindre quelques-uns, alors cela, pour moi, est suffisant. »

Inexplicablement, le sang et l'encre dans ses mains parurent acquérir leur propre brillance, sourdre pour un instant d'une luminosité rouge, qui s'effaça progressivement.

« Mais le pouvoir même a sa volonté. Plus tu l'utiliseras, plus il gagnera sur toi. Il renforcera ta colère, ta violence, ta haine envers ceux que tu devras juger. Si tu le laisses gagner sur toi, il te possédera complètement et te dévorera. Et en cela, je ne t'aiderai pas : il sera ton fardeau comme je porte le mien. »

Derrière eux, la meute commença à se regrouper, méditant peut-être une nouvelle attaque. Mais il suffit qu'Iblîs se retourne et ouvre à nouveau la bouche, pour que les prédateurs se retirent en hâte. Sauvages, mais vifs et intelligents, les Worg ne souhaitaient pas voir tomber à nouveau l'étrange fléau qui avait coûté la vie aux leurs. Leurs esprits rudimentaires, qui les auraient poussés à se battre, même suicidairement, contre tout adversaire de chair et de sang, se révulsait au contact de la magie. Car ils ne redoutaient que ce qu'ils ne comprenaient pas. L'homme noir se retourna vers Deirdre. Il monta lentement les mains, les inclinant comme une coupe.

L'invitation à y boire ne se fit pas attendre. Lentement, le démon acheva ce qu'il avait à dire, pendant que ses yeux trop grands et trop noirs la dévisageaient à nouveau, avidement.

« De prendre ou laisser le pouvoir, tu dois décider, Akela. Maintenant. »

[Avant de répondre, vas jeter un oeil sur CE TOPIC. Il y a les détails et une explication sur ce qu'Iblîs fait ^^
Note : J'enlèverai cette phrase quand tu auras répondu Wink ]
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Désolation [libre] - Page 2 Empty
MessageDésolation [libre] - Page 2 Empty

Revenir en haut Aller en bas
 Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Revenir en haut 
Page 1 sur 1

La Cité d'Elament :: Forum RPG Médiéval-Fantastique École  :: Hors Jeu :: Taverne du Troll Lavé :: Tartare :: Reliquats du Jeu-

 Sujets similaires

-
» Marche au Crépuscule*libre, libre, libre, archi-libre*[fini]
» Une nouvelle et un dragon[Libre,libre,libre!]
» Découverte d'un nouveau refuge... [ Libre! Archi-libre! ]
» Assise au bord de la fontaine [libre ,très libre ^^]
» nouvelle chambre, une place libre (libre)