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| Après le combat, de nouveaux périples à venir [Tarna] | |
| | Invité | |
| Mer 30 Avr 2008 - 16:06 | |
| -> Forêt Darke
Les centaures ne sont pas fait pour voltiger dans les airs, et Eurydice eprouvait une sensation de terreur à être suspendue ainsi dans le vide par une femme completement folle, ou qui se faisait passer pour folle. Elle n'arrivait pas depuis qu'elle l'avait rencontré, à savoir si elle était gentille ou mechante. Dans son esprit, il n'y avait pas de juste milieu, et la centaure reconnaissait tout de suite les êtres dont le but est d'apporter malheur et souffrance.
Cependant, celle ci l'amena jusqu'aux Monts Décharnés, très loin de la belle cité d'Elament, très loin de la forêt Darke qu'elles venaient de quitter. Les terres arides de ces monts empechaient toute vie de s'etablir sur ce sol poussiéreux et sec. Le simple fait de se retrouver dans cet endroit vous donnait soif tellement l'impression de mort qui regnait dépendait de la secheresse des lieux.
Eurydice fut deposé au sol, par quel miracle, elle ne le savait pas, mais était assez en colère contre la fée qui l'avait amené ici, au milieu de nulle part et en plus en la faisant voleter, se demandant surement si elle allait la laisser tomber ou non. Elle n'en toucha pas mot a la jeune femme car elle était sure qu'elle lirait la satisfaction de celle ci sur son visage. La fée lui devenait de plus en plus antipathique, mais le caractère doux de la jeune centaure lui permettait de toujours bien se comporter avec les gens qui ne vous font pas de mal.
Elle s'ebroua tranquillement, pour oter les goutelettes d'eau emises par son vol quelques minutes auparavant, frissonnant de se retrouver tel un jouet dans les mains de quelqu'un.
Elle demanda à la fée:
-Et maintenant, que fais t'on ? Pourquoi m'avez vous amené ici?
Elle gardait toujours une voix douce et gentille, malgré le fait qu'elle fulmina interieurement. Les humains auraient appelé cela de l'hypocrisie, mais chez les centaures, c'était considéré comme une marque d'intelligence, de ne pas reveiller l'eau qui dort. Et l'être qu'Eurydice voyait a présent était assez puissant pour la tuer si elle lui devoilait ses sentiments profond et son envie de lui botter les fesses pour l'avoir fait voler comme un oiseau completement ivre qui aurait du mal à garder l'equilibre. Elle se contenta de marcher dans les alentours, se demandant comment elle allait rentrer, n'étant jamais venu jusqu'ici auparavant. Elle savait reconnaitre le nord, et retrouverait bien un jour son chemin, sauf si elle était a des kilometres d'Elament. Et il n'était pas question qu'elle reprenne le chemin des airs!
Elle aurait aussi bien put partir sans demander à la jeune fée pourquoi elle l'avait amené ici, mais sa conscience lui disait que cette jeune femme n'était pas forcément mauvaise, qu'elle était peut etre perdue dans son esprit, et elle voulait l'aider. Elle ne s'attendait pas a realiser des miracles, mais voulait tenter de la garder de son coté, elle craignait qu'elle devienne un monstre, a cause de la maniere de son comportement qui inquietait terriblement Eurydice. Elle semblait avoir un conflit interieur qui la rendait un peu etrange et folle, et pensait qu'elle pourrait détruire tout sur son passage si l'envie lui prenait.
Eurydice s'interessa alors a sa patte qui saignait abondemment, et commença a chercher quelque chose pour l'empecher de se vider totalement. Elle trouva de lecorce qu'elle reconnaissait pour avoir des vertues pratiques telle que l'arret des hemorragie, la bonne cicatrisation des coupures, l'apaisement des brulures et autre. Heureusement que cette ecorce existait, car sinon la centaure aurait eut bien du mal à rentrer chez elle.
En repensant à l'ecorce, elle se rendit compte que l'ecorce elfique allait bientot cesser son effet et la rendre aussi faible qu'un bébé qui vient de naitre. Elle sentait les premices de ces effets, et decida de s'allonger près d'un arbre, en attendant la reponse de la fée, qui esperait t'elle ne serait pas du genre qu'Eurydice redoutait "maintenant nos chemins se separent" ou autre phrase categorique qui annonce que les ennuis vont empirer, car le fait de se retrouver seul dans un endroit inconnu comporte de nombreux risques, et de plus la jeune femme aveugle devait connaitre le moyen de retourner à la forêt.
Elle se sentait affaiblie de plus en plus, après son accès de puissance, elle redevenait peu a peu faible comme quand elle était malade, sans la fievre qui la menaçait. Tout ce qui comptait pour la centaure était qu'elle soit vivante et presque en bonne santé. Elle verrait bien ce qui l'attendait quand le moment serait venu. Pour l'instant le moment était à l'explication du lieu choisi par la fée. |
| | | Invité | |
| Jeu 1 Mai 2008 - 17:09 | |
| [ Not Afraid To Die - Pain ] Elle voltigeait, voltigeait ! Emportée dans le ciel par la force seule de son pouvoir, ballotée par les courants de son énergie comme le sont les pétales sur la rivière. Elle était noyée par la masse immense, au dessus d'elle, des étoiles, du ciel, de la lune... La voute était vierge de tout nuage, il ne pleuvrit donc pas et cela était pour elle source d'un bonheur plus vaste encore que celui de se savoir en vie.
Il était vrai que Tarna était le genre d'être qui se suffisait à elle-même, puisant dans la solitude plus de force que dans n'importe quelle union. Mais, parfois, et c'était bien rare, il était vrai que l'ennuie de ces choses pouvait la prendre et l'engloutir. Noyer, de nouveau, ses sens dans une envie arrassante : jouer. Et les Fées ne jouent pas aux mêmes jeux que les gens normaux.
Elle était un être végétal et, dans les Monts Décharnés où elle faisait sa demeure, peu aurait survécu à sa place. Rien ne pousse sur les incendies démoniaques, encore moins lorsque les cendres sont chargées de haine. Rien. Pas même des cailloux. Elle était un être végétal, donc, et impitoyable, aussi, comme les plantes. Enfoncer ses racines profondément dans la terre, priver de lumière les autres êtres pour tout s'approprier. L'égoïsme. La force de la survie.
Ainsi volait-elle, être fait pour la terre, pour les forêts et les bois. Elle se rapprochait petit à petit des pics tranchants et des ravins étourdissants. Puis, lorsque ses pieds touchèrent de nouveau le sol, elle n'observa pas la centaure aller à la recherche de plantes pour se guérir : celle-ci avait bien de la chance de trouver deux-trois cadavres de troncs dans les environs susceptible de posséder les propriétés qu'elle recherchait. Tarna, elle, avait l'esprit tourné vers ailleurs, sondant de toute la complexité de son pouvoir les alentours.
Les yeux clos, la bouche pincée, elle lança autour d'elle une toile de magie. Les fils s'élancèrent dans toutes les directions, contournant la pierre, l'emmitouflant dans un solide manteau d'air. Ils se relièrent les uns les autres, formant des noeuds aux endroits stratégiques, partant vers les airs, enrant dans le sol.
Ainsi Tarna sut-elle tout de ce qu'il se passait autour d'elles. Elle avait conscience de la présence du plus petit être vivant présent, percevait ses déplacements, sa taille et, par extrapolation, sa puissance. Cette toile, elle pouvait la créer aussi avec son odorat, flairant ainsi toutes les odeurs. Elle pouvait faire de même encore avec les sons. Mais là, seules l'intéressaient les présences autour de sa tanière.
Une fois cela terminé, elle fit quelques pas vers une paroi apparemment lisse. Tarna frôla de sa main la pierre et la lumière se courba , éparpillant l'illusion. C'était si simple à faire, de transformer l'image rendue par la lumière... La Fée entra dans l'alcôve qui se trouva être une niche, dotée d'un lit creusé à même la pierre, abrité par l'inclinaison de la falaise au dessus d'elle de la pluie et du vent... Dans ses mains, elle prit un drap plié de grossière façon qu'elle secoua énergiquement.
Elle dormait sur une couche de feuille, comme toutes les fées dignes de ce nom, mais toujours elle avait du tissu. Même si elle ne savait pas trop pourquoi. La Centaure pourrait ainsi dormir dans quelque chose de chaud...[i]
" Nous sommes chez nous. Notre antre, notre demeure. Nous pouvons te ramener dans la forêt et laisser ta pâte te faire tuer, ou nous pouvons te guérir ici. " Elle se tourna lentement vers la Centaure, s'assit sur la pierre qui lui servait de lit et fit léviter la couverture vers elle. " Nous ne savons pas comment guérir ceux de ta race, mais nous pouvons toujours essayer. Ici, tu peux faire ce que tu veux. " [i]
Oui, elle pouvait faire ce qu'elle voulait. Tant qu'elle ne rammenait pas la pluie, ou ne buvait pas de lait, tant qu'elle gardait le silence et n'appelait pas les démons. A part cela, Tarna ne voyait aucun inconvénient à la garder quelques jours chez elle, tant qu'elle n'empiétait pas sur son domaine trop longtemps.
La Fée observa à travers son bandage et ses paupières closes la centaure. Elle sentait la frustration, l'énervement, la douleur et la fatigue rien que dans l'aspect tendu de ses muscles. Mais, à par cela, elle pouvait aussi sentir une gentillesse forcée. C'était une marque flagrante d'hypocrisie. Tarna commençait à bien l'aimer cette petite, elle n'était peut-être pas si idiote que cela : si elle se méfiait de la Fée, c'est qu'elle savait instinctivement faire leur différence de pouvoir, comme un petit agneau fasse au grand méchant loup. Jouer avec elle n'aurai donc aucun intérêt.
Pour Tarna, si quelqu'un avait conscience de sa perte, ce n'était pas drôle. Tous les hommes qu'elle avait séduit puis tué, tous, sans exception, ne savait pas d'où venait leur attirance pour la Fée. Ils s'étaient livrés corps et âme, en toute innocence. Tenir entre ses mains une fleur est quelque chose de magnifique, lui arracher ses pétales un par un est quelque chose de jouissif. Il n'y avait rien de plus beau au monde que de salir la pureté absolue, de tâcher la virginité...
Cruelle ? Non... Tarna était loin de l'être... Ceux qui pensent que le feu prend plaisir à brûler ou l'eau à noyer sont des ignorants qui prêtent des sentiments aux forces élémentaires. Tarna ne faisait rien de plus ni rien de moins que ce que sa nature lui ordonnait : prendre ce qu'elle voulait, prendre plaisir à faire ce qu'elle voulait... Il est de la nature même des fées de séduire les hommes. Après, qu'importe le reste ? Si pour elles cela se trouve être essentiel, laissons les faire à leur guise, n'empêchons pas la rivière de couler ou les feuilles de pousser...
La Fée pencha la tête sur le côté, dans son esprit se tordaient des pensées que seules celle de sa race pouvait comprendre. Paradoxale, toujours, elle ignora la centaure tout en lui portant une attention particulière. ce n'était pas tous les jours que Tarna était d'humeur pareille. Cela tenait peut-être à son réveil qui ne s'était opéré que quelques heures plus tôt... Oui, cela faisait bien des années qu'elle n'avait vu personne..." Nous savons que tu nous détestes ou que tu te méfies de nous et nous nous en moquons éperdument. Reste et vie, ou part et meurt, cela reste pareil pour nous. Ta vie a peu d'importance. Mais toi et nous savons que nous pouvons t'apporter beaucoup. " D'un geste des doigts elle désigna son bandeau, pressentant que la centaure ne savait pas que ses yeux étaient tout ce qu'il y a de plus vivant et de plus performant en matière de vue " Il n'y a pas plus aveugle que celui qui ne veut pas voir, pourtant, nous voyons. " |
| | | Invité | |
| Ven 2 Mai 2008 - 20:22 | |
| Le jeune centaure avait déjà connu de nombreux periples jusqu'ici, mais jamais elle n'avait eu à faire face à cette force, magique et mysterieuse, qui pensa t'elle était la cause de la folie de la fée face à elle. Elle avait senti qu'Eurydice ne l'aimait pas et qu'elle en avait peur.
Cependant elle lui avait proposé son aide, et elle allait en effet devoir accepter si elle voulait avoir une chance de survivre dans cet endroit. Elle lui demanderait également le chemin car ses sens de centaures étaient troublés dans cet endroit, se méfiant d'autres créatures maléfiques qui pourraient roder en de pareils lieux.
-J'accepte ton hospitalité, je n'en abuserais pas ne t'inquiete pas.
C'était un gros risque qu'elle prenait la. Entrer chez une fée qui a tendance à parler de soi même de cette façon inquietait beaucoup la jeune femme qui se demandait si elle n'entrait pas telle une brebis égarée dans la tanière du loup pour mieux s'y faire devorer.
Elle ne regretta pas de ne pas avoir de pouvoirs pour l'affronter dans un combat magique à ce moment, car Eurydice aurait quand meme perdu. Sa vie était considerablement reduite, etant une centaure, et celle de la fée devait depasser son imagination. Quoi qu'elle aurait fait, quel que soit les choix différents qu'elle aurait pu prendre, elle n'aurait jamais atteint sa puissance. Ellene le souhaitait pas, mais trouvait assez injuste de se trouver face a plus puissant que soi.
Elle sentit la douleur de sa jambe diminuer et malgré le fait qu'elle ait été percée à jour sur ses sentiments envers la jeune fée face à elle, elle ne pouvait refuser son offre, car si elle ne se faisait pas recoudre cette patte, elle risquait d'aggraver sa situation fortement. Elle se sentait mal vis a vis d'elle, car la fée avait remarqué qu'elle ne l'appréciait pas, ne doutant pas que son attitude devait etre de même par rapport à Eurydice, mais elle se sentait obligé de s'excuser. Après tout elle ne la connaissait pas..
Elle avait peut être vécu des choses terribles, des choses qu'un centaure ne connait pas et n'a pas envie de connaitre. Bien sur elle aussi avait subit des choses terribles tout au long de sa vie. Elle avait deja cotoyé la mort et la maladie, mais elle était trop loin du cercle de la magie pour voir quels ravage celle ci provoquait.
Elle avait toujours eut cette idée en tête, que la magie était en un certain sens malfaisante, car elle attire le pouvoir, et en meme temps les ennuis. Eurydice n'avait jamais été en combat contre un sorcier puissant ou autre magicien, et n'utilisait pas son pouvoir malgré qu'elle en ai un, mais ceux qu'elle avait rencontré parraissaient souvent avoir perdu quelque chose, un être proche ou ici la raison.
Ils ne vivaient pas heureux en harmonie avec cette nature qui leur procurait ce don. Elle n'avait jamais regretté le choix de ne pas utiliser sa magie, au contraire, elle pensait que celle ci ne la comblerait pas, qu'au contraire elle en aurait toujours été dependante, possédée par une force interieure, elle aurait eut besoin d'utiliser ce pouvoir, ça lui aurait été vital.
Elle sentait deja la grande force de cette entité qui lui oppressait la poitrine, desireuse de sortir et d'etendre sa puissance sur le monde exterieur et sur la jeune centaure. Mais celle ci la dominait et jusqu'à ce que la mort ne vienne ne la prendre, elle ne cesserait de la repousser et la combattre. Elle était sur qu'elle faisait le bon choix, et les centaures sont tellement tétus qu'ils peuvent avoir fait la plus grosse erreur de leur vie, ils penseront que c'était la bonne chose a faire.
Elle s'excusa donc auprès de la jeune aveugle qui semblait l'être beaucoup moins qu'elle même, et lui proposa de monter sur son dos pour aller dans ce qu'elle appelait sa tanière... Drole de nom pour une maison. Elle lui demanda combien de temps elle avait vécu en cet endroit et pourquoi elle l'appelait comme cela, attendant qu'elle lui parle un peu d'elle et de sa vie, car Eurydice aimait connaitre le vécu des gens, savoir ce qui les avaient mené la ou ils étaient. Elle attendit patiemment la reponse de la jeune femme qui n'était pas si jeune en realité. |
| | | Invité | |
| Jeu 8 Mai 2008 - 22:43 | |
| Ce n'était pas une maison en soi. C'était plutôt un trou dans la surface de la falaise, qui contenait lui même des trous plus petits. Dans l'un de ces trous plutôt vaste se trouvait une couche de feuillage, de fleurs printanière et de fougères. Une tanière de fée, une tanière éphémère et pourtant très ancienne. [si je poste avec du retard, c'est parce que ça fait quelques jours que j'essaye de le dessiner mais je suis une quiche en dessin XD] Creusée à même la pierre par un pouvoir d'une puissance étonnante, décorée avec simplicité, si l'on pouvait considérer des fleurs séchées et des galets de couleurs et de formes étranges comme de la décoration. Sur les parois de l'alcôve s'étendaient des entremêlements de dessins, arabesques et runes comprises. Et la peinture semblait faite de sang.
D'un geste de la main, la Fée designa l'alcôve profonde qui lui tenait lieu de couche afin d'inviter la centaure à s'y installer. Elle-même n'avait besoin que de quelques heures de sommeil de temps à autre. Il en va ainsi de la nature de certains êtres. Le long de la paroie gauche, une rigole calcaire était creusée, comme si un serpent était passé il y a des siècles dans la pierre. De l'eau y coulait, receuillit dans une sorte de bassin gibbeux. Elle était claire, fraîche et pure, la fée y trempa un doigt et le suçota.
Tarna avait arrêté le décompte de ses années, pour peu qu'elle ait commencé un jour à le faire. Cela servait à quoi ? D'autant plus qu'elle ne savait pas quelle était l'espérence de vie de celles de sa race ni même s'il était possible qu'un jour, elle meurt. Pour elle, on ne pouvait jamais mourir que sous le coup d'un adversaire plus fort que soit, ramenée ainsi au néant, à la terre et à la nature. Que deviennent les fées qui meurent ? Se transforment-elles, végétales, en arbre ou en terre ? Ou s'effritent-elles comme une feuille sèche sous les doigts ? La fée ne pensait jamais à sa mort. Pour elle qui percevait la vie comme allant de soit, concevoir sa fin n'était pas naturel. C'était quelque chose qui lui était hors de portée de son imagination.
Aussi répondit-elle de façon évasive, la voix un peu perplexe, mais avec une sincérité dont elle n'avait pas fait preuve envers la centaure jusqu'à présent (même si Tarna ne mentait jamais).
" Depuis des siècles, nous n'avons jamais eu l'idée de délimiter le temps que nous passions quelque part. " Moins cassant, moins froid, son ton pouvait presque être humain " Une tanière est un endroit d'où les gens non-invités ne ressortent jamais. Et les quelques démons qui ont eu l'idée de venir nous taquiner jusqu'ici servent de décoration aux mûrs de notre antre. "
Laissant retomber le silence sans en éprouver de gêne - pas plus que de la déclaration morbide qu'elle avait fait, Tarna se retourna et, cherchant dans une de ses alcôves, sortit une touffe éparse de ce qui semblait être des cheveux, ou du fil de soie. D'un geste coulant de la main, elle commença à défaire son bandage. La nuit, autour d'elle, était levée depuis moins d'une heure. Tout en faisant tourner la bande et en l'enroulant sur elle-même, elle murmura :
" Ne t'inquiète pas, plus aucun ne vient ici, ils savent que nous faisons payer dûrement les intrusions. Cela fait déjà quelques années que plus personne ne s'aventure jusqu'ici. Les Citoyens ont peur de nous, les démons également. "
Sa peau goûta l'air frais nocturne avec une délice proche de la jouissance. Un frisson lui parcourut le dos lorsque, sous ses paupières, Tarna pouvait sentir la froide lueur de la vie. Pourtant, elle n'ouvrit pas les yeux, ne découvrit pas l'incroyable beauté de ses prunelles. Cela serait un prix trop élevé pour la centaure, et Tarna ne souhaitait pas avoir quelqu'un sous son contrôle ce soir.
" Ne t'inquiète pas. Nous ne sommes pas cruelles. Si nous te violions du mal, nous t'aurions tuées dès le début. Pourtant, ne te méprend pas non plus. Tu es incapable de comprendre notre nature, et nous en avons conscience, c'est pour cela que nous t'excusons ton entêtement. "
Le visage enfin libéré, la Fée se tourna de nouveau vers la Centaure, un sourire infiniment sarcastisque sur la bouche. Elle était d'une humeur exceptionnellement bonne, et ce devait être la première fois de sa vie, à vrai dire, qu'elle parlait autant en une seule fois, trop habituée à la solitude et au mépris des gens pour leur accorder le luxe d'une de ses paroles.
La Fée se passa la main dans les cheveux, récupéra la boule de fils en lévitation et la mit dans la main dans la Centaure. La coudre à sec serait peut-être très douloureux pour elle, mais la Fée n'utilisait pas de feu, ne mangeant de viande que les insectes de ces terres, et de fruits que ceux que les gens de sa race ont l'habitude de consommer. Les flammes, en cette antre, étaient aussi improbable que de l'encre dans la demeure d'un triton.
Interrogative, elle regarda la Centaure et pencha la tête de côté.
" Si tu le désires, nous pouvons rejoindre les lèvres de ta blessure et la coudre avec cette matière - elle désigna la touffe - en utilisant une aiguille d'air. Nous devrions avoir quelques drogues douces pour t'endormir un peu, si tu crains la douleur. "
La Fée plongea la main dans une nouvelle alcôve, fouilla quelques secondes et en sortit des petites boules. De l'opium, fruit du pavot. Toujours utile et tellement délicieux. Nourriture adorée des nymphes. Mais Tarna pressentait que la Centaure ne voudrait pas s'en servir, par pure fierté.
" Celles que tu haïras pendant l'opération se nomment Tarna. " dit-elle finalement en s'asseyant près de la jeune fille.
[je testerai de t'envoyer un brouillon de ce que j'ai esayer de dessiner XD Mais je te préviens, ça ressemble à rien ^^] |
| | | Invité | |
| Ven 9 Mai 2008 - 7:17 | |
| [ pas de problème pour le brouillon, je sais pas si j'ai bien décrit la scène que tu visualisais dans ta tête mais j'ai essayé de faire au mieux^^]
L’arrivée dans la tanière de celle qui se faisait appeler Tarna se fit sans aucun problème, ce qui donna une démonstration de plus de la puissance de la jeune femme face à elle. Dans ces lieux morts et décharnés, de nombreuses créatures attendaient de satisfaire leur appétit sanguinaire, par faim ou plaisir de tuer, et l’hôte de ces lieux apparemment ne semblait pas en tenir compte, devant être une des habitantes les plus dangereuses et puissantes de cet endroit. La fée invita la centaure blessée à s’étendre sur la couchette qui devait lui appartenir, et se demanda combien de temps elle avait vécu ici, et depuis quand elle en était sorti. Cela ne devait pas faire très longtemps, vu que la jeune femme se sentait possédée par deux êtres, un étrange dédoublement de personnalité d’ailleurs, qui effrayait un peu Eurydice. Mais comme elle le disait elle-même, elle n’avait aucune intention de la tuer.
Elle se proposa même pour la soigner, recommençant à user de sa magie, lui disant qu’elle allait la recoudre avec un joli fil étincelant, qui ressemblait étrangement à de la soie. Elle lui demanda si elle préférait avoir recours à une drogue contre la douleur, mais celle-ci semblait si forte que la centaure doutait de se réveiller avant le lendemain et refusa donc poliment l’invitation. Elle étendit sa patte blessée qui recommençait à saigner, laissant tomber quelques minces gouttes rouges au sol au grand désarroi de la jeune femme qui se sentait déjà intimidée devant la puissance de sa compagne fée, qui pour une fois se comportait gentiment avec . Celle-ci ne parut pas s’en occuper, défaisant le bandeau autour de ses yeux, mais ne dévoilant pas la couleur de ceux-ci qui paraissaient loin d’être aveugles. Elle se permit de demander la raison du port de ce voile, pour introduire une conversation dans ce lieu qui en manquait terriblement et mettait mal à l’aise la centaure.
En effet, Eurydice n’avait pas l’habitude de se retrouver dans des lieux clos, et celui-ci était une sorte de trou, lui rappelant les fourmilières composées d’autres cavités creusées dans le mur. L’endroit était coquet pour une grotte, mais il manquait cruellement de vie, ce qui dérangeait la jeune centaure habituée à la vaste forêt dans laquelle elle avait passée son enfance, et dans laquelle elle pouvait courir librement, sans cette impression d’étouffer dans un endroit clos, sans fenêtre ni porte, comportant une seule sortie. Elle se sentait malgré le très bon accueil de la fée telle une proie, coincée entre quelques murs humides et sombres, à la merci de quelque monstre qui voudrait de la viande fraiche. Cependant elle avait été mise en confiance par la jeune aveugle, qui s’occupait à présent de sa jambe blessée, n’y allant pas avec des pincettes pour la recoudre, mais Eurydice, en tout bon hybride tolérait mieux la douleur que ces congénères humains. Certes elle était plus sensibles qu’eux, ses émotions pouvant déferler sans qu’elle ne les contrôle, mais elle avait une carrure robuste qui lui permettait d’encaisser de nombreux chocs physiques.
Une fois sa jambe recousue très joliment, ne laissant plus perler une goutte de son sang de cheval, la jeune femme demanda à celle qui l’hébergeait si elle avait quelque chose à manger ou à boire, les aventures de la journée lui ayant fortement ouvert l’appétit. Elle se demandait comment s’appelait celle qu’elle était sensée ne pas haïr, si celle qui l’avait recousu sans la ménager s’appelait Tarna. La présence assez loufoque de la jeune femme l’intriguait et elle se posait de nombreuses questions à son sujet, sur sa vie son passé et ce qui l’avait amené à devenir ce qu’elle était aujourd’hui.
Elle espérait qu’au cours de la soirée qui s’annonçait chaude, elle pourrait en découvrir un peu plus sur son étrange personnalité, et sur sa folie apparente qui pouvait très bien n’être qu’une façade pour se protéger des étrangers. Eurydice se souvenait avoir rencontré un jour une jeune femme qui lui avait semblé complètement déboussolée et perdue, elle se tenait assise sur une pierre les yeux dans le vide devant le corps de ce qui avait été son mari, et quand elle l’avait regardé, la folie se découvrait sur son visage, et la centaure avait alors comprit qu’elle était la raison de la mort de l’homme à ses pieds.
Elle lui avait adressé la parole doucement, pour ne pas l’effrayer, lui demandant ce qu’il s’était passé, et la jeune femme avait inventé un histoire loufoque que la centaure n’avait pas cru une seconde. Quand d’autres villageois étaient arrivés, elle leur avait raconté la même histoire, et ceux-ci avaient tout gobés, ne se posant même pas la question au sujet de la véracité de ses dires. Eurydice avait comprit se jour la qu’elle possédait le « don » de comprendre les gens, de savoir déceler la vérité du mensonge sans que l’on la lui dise. Ce n’était pas comme le pouvoir de la Terre qui était magique, mais c’était plus une faculté psychologique, à l’égard des gens, qui l’avait aidé tout au long de sa vie à se fier à certaines personnes et à se méfier des autres, sachant pertinemment sur quel pied danser, devinant facilement qui lui mentait, qui l’aimait et qui la détestait.
C’était assez différent ici, car le caractère double de la fée face à elle la troublait. Elle sentait la présence de deux êtres dans un même corps et ne savait trop comment se comporter avec elle. Elle ne se sentait pas menacée ni même en danger, mais se méfiait cependant des réactions étranges que celle-ci pourrait avoir à son égard. Par exemple elle craignait qu’elle la mette dehors parce qu’elle avait osé demander à manger et à boire tout comme elle pouvait espérer qu’elle lui sorte un repas copieux et délicieux.
Elle ne savait pas sur quel pied danser avec Tarna, mais étrangement elle appréciait sa compagnie étrange . Elle savait qu’elles se quitteraient bientôt et reprendraient le cours de leurs vies respectives, et que la fée n’avait pas forcément envie de se lier d’amitié avec elle, cependant, elle ne cessait pas de s’interroger à son sujet. Quel but poursuivait t’elle ? Qu’avait elle vécu pour en arriver la ? Toutes ces questions se remuaient dans la tête de la centaure et elle ne put s’empêcher de le lui demander :
-Qu’est ce qui t’as amené à vivre dans les monts décharnés ? C’est un endroit plutôt mort et désert je trouve.
La question lui donna l’espoir que la fée allait lui répondre pour lui raconter un peu sa vie. Après tout, Eurydice avait un caractère doux et posé et ce n’était pas elle qui allait la trahir en racontant sa vie à qui voulait l’entendre. Elle était de bonne écoute, car elle pouvait comprendre les raisons qui poussaient les gens à faire ce qu’ils faisaient. Et le destin de Tarna lui semblait tellement flou qu’elle mourrait d’envie d’en savoir plus, sur elle, son passé, la raison du bandeau qui lui couvrait les yeux et autre. Elle attendait donc la réponse de la jeune femme dont elle ignorait en fait l’âge réel, espérant ne pas la clouer dans un mutisme profond, ne sachant pas comment se comporter avec elle. |
| | | Invité | |
| Mar 13 Mai 2008 - 15:53 | |
| La Fée glissa entre ses lèvres les quelques graines qui reposaient dans sa paume. De ses dents, elle en écrasa le contenu et, dans son haleine se mêla l'effet narcotique à la douce odeur du pavot. En soufflant sur la blessure de la centaure, elle espérait ainsi lui éviter quelques douleurs dues au recousage de sa plaie, ou simplement profiter de cette drogue qu'elle consommait rarement. Un sourire de satisfaction s'étira doucement sur son visage alors qu'elle défaisait les fils de la trame de son pouvoir, se rendant de ce fait aveugle aux alentours.
C'était comme une toile d'araignée, avec la Fée pour centre, qui lui permettait, les yeux bandés de percevoir ce qui l'environnait. Aptitude apprise dès son adolescence, avant même de découvrir son pouvoir, qui s'était révélée des plus pratique.
Mais, enter ses doigts les fils étranges et, dans les airs, l'aiguille, Tarna devrait user de toute sa concentration pour voir les différentes parties de la pâtes de la Centaure sans la toucher, au risque de se tromper. Ainsi, elle lui assurerai un avenir loin de la servitude qui attendait ordinairement les gens qui croisait son regard.
Aussi, lorsque la centaure, poussée par la curiosité simple des enfants - cette douce innocence, lui demanda pourquoi elle portait un voile, la Fée garda le silence, le temps de passer dans le chas de son aiguille son fil puis soupira.
Pourquoi elle portait autour de son si douce et si merveilleux visage une bande cousue de sorts ? Pour empêcher que son sang pur de Fée ne séduise par un seul battement de paupière n'importe quel être sur cette planète... Parce qu'avoir quelques jouets et beaucoup divertissant que posséder le plus grand coffre qui existe. Peu d'attention pour les uns, trop pour d'autres. Et une guerre civile au centre, peut-être. Parce que la Fée avait appris à ses dépends que même la plus puissante des magies ne peut rivaliser avec la stupidité des humains, pour le plus grand mépris des plus narcissiques...
Tarna n'avait pas supporter de se faire arracher les ailes, et elle gardait encore en elle une rancoeur tenace à l'encontre des Elamentiens et des démons. Et les aveugles font des proies moins intéressante.
La Fée portait cette bande pour des raisons incompréhensibles aux gens normaux. Parce qu'elle était si gentille et si compatissante avec les autres qu'elle leur évitait la gifle de se voir refuser la couche de la Fée qui ne contrôlait pas aussi bien sa magie raciale que sa magie native. Parce qu'elle n'aimait pas avoir tout dans la main par pur defi. Parce que, tout simplement, elle le voulait.
Levant sur la Centaure un visage impassible, prunelles voilées, elle susurra de ce ton méprisant des gens de sa race :
" Pour le savoir, il te faudrait en connaître bien plus que ce que tu sais actuellement. "
L'avantage avec une fée comme Tarna, c'était qu'elle ne mentait jamais. A quoi bon raconter des mensonges lorsqu'une vérité prononcée sur un ton adéquat permettait de semer le doute de façon bien plus puissante ? A rien. Et puis, la fée n'avait jamais vu l'intérêt de mentir. Jetant un dernier "regard" à la Centaure, elle se plongea sur son ouvrage, maintenant fermement la pâte de la centaure avec deux bras d'air.
Doucement mais avec la force nécessaire, elle appuya sur ses chairs pour en faire sortir le mauvais sang. Tarna souffla son opium sur l'incarnat qui coulait. Autant éviter à la jeune centaure une mort douloureuse suite à une longue agonie due à une nécrose. Quoi que ses hurlements devait être divertissant.
Le ballet des mains commença.
Certaines personnes savent qu'il suffit d'une pensée pour se servir de son pouvoir. D'autres utilisent volontiers leur corps, leurs mains, ... amplifiant sensiblement la puissance qu'ils infusent à leurs actes. Les druides, par exemple, elfes gris ou sylvains, sont des danseurs, dit-on. Alors qu'en réalité, ils sont juste moins bêtes que la moyenne.
Tel un chef d'orchestre, Tarna virevolta de ses mains, jouant d'un piano imaginaire, déplaçant des insectes et tournoyant ses doigts. Avant, arrière, le fil passa, traversant les chairs, se serrant.
La cicatrice fut terminée rapidement, le point fort joli. Du bout de ses doigts de harpiste, la Fée pressa doucement les chairs boursoufflées et rougies par l'opération et, une dernière fois, elle souffla sur la plaie. Elle songea qu'elle devait bien avoir un onguent quelque part, même si, se blessant rarement, elle ne possédait que des racines, des graines et des fleurs qui possédaient également des propriétés gustatives.
La tête lui tournait un peu. Plus une chose était précise à faire, plus il fallait se concentrer, déployer un véritable voile sur quelque chose pour en percevoir les moindres creux, les moindres renflements.
Elle se leva, cracha au sol les derniers morceaux de graines qui étaient restés coincé dans ses dents et se tourna vers le bassin dans lequel elle récupérait l'eau qui chuintait le long de la paroi de la grotte qui lui servait d'abri. Une bulle d'eau lévita pour venir tomber sur ses mains, les débarrassant ainsi du sang. Une brise sécha sa peau.
Dans les Monts, on entendit le long hurlement d'agonie d'un monstre quelconque, puis un vif croassement.
" Il vient " Ajouta-t-elle distraitement alors qu'elle fouillait dans divers trous à la recherche de fruit.
Tarna jeta sur le giron de la Centaure - s'il était possible qu'elle ait un giron, quelques baies juteuses, des mûres, des fraises, des groseilles, une pomme et d'une belle mangue. Une lame d'air coupa proprement un moreau de ce dernier fruit, dont le morceau superflu lévita jusqu'à ce qu'un éclair blanc l'attrape au vol.
Un sourire de fierté se dessina sur la bouche de la Fée.
Elle avait pleins de raison de vivre dans un endroit pareil. On y était tranquille. Les rares fous à oser venir tenter de lui prendre son territoire périssaient lamentablement, sans autres chances de salut qu'un long saut dans les ténèbres. L'air y était pur et doux, quoi que âcre, le silence omniprésent. et la solitude, la solitude...
" Nous vivons ici car ici, il pleut rarement. " Ah, certes, il y avait aussi cet argument. Le meilleur de tous.
Un grand corbeau blanc s'aventura dans l'alcôve et atterrit doucement sur le sommet du crâne de la fée, emmêlant ses pattes dans les cheveux de la jeune femme. Un poussa un fort coassement et sauta plusieurs fois sur place, au plus grand plaisir de sa maîtresse.
La Fée s'avança vers la centaure, tout sourire disparut et s'accroupit, trempant le bout de ses doigts dans l'ichor vermeil du semi canasson. Elle poussa un soupire d'exaspération et les muscles de sa mâchoire se contractèrent.
" Nous avons de la visite. " glissa-t-elle à une demi cheval au bord de l'endormissement. Les effets de l'écorce elfique ne tarderaient pas à totalement se dissiper. " Tu peux dormir, nous nous en chargeons. "
A peine la Fée eut-elle le temps de dire cela qu'atterrit à moins de trois mètres de l'entrée de son antre une sorte de mélange entre un ours et un bouc, mais en plus laid - c'est dans un coin aussi reculé d'Elament malheureusement possible, mais avec une crinière de cheval.
Le Corbeau s'envola en croassant alors que la Fée sentant qu'elle devenait ivre de colère, sortait en trombe de sa demeure de pierre pour faire face au tas de poil dentu et griffu.
" Qu'est-ce qui t'amènes ici ? " demanda la Fée le plus naturellement du monde, mais avec tellement de hargne dans le ton que le sentiment que lui provoquait la présence de l'animal était clair. Etrangement, il répondit dans un grognement. " Quoi ? Tu pénètres dans notre territoire pour cela !? C'est notre proie. Va-t-en, ou tu sais ce qu'il t'en coutera. "
Il bondit, fut cueillit en vol par une claque d'air si puissante qu'il tomba lourdement quelques mètres plus loin.
" C'est notre dernière sommation. " Fit la fée, impitoyable. Il grogna de plus belle et avança d'un pas prudent.
L'air lui arracha un morceau de sa crinière grise acier. La peau à vif, il courut en glapissant comme un petit chiot se réfugier dernière un énorme rocher d'où, elle s'en doutait, les jeunes femmes ne le reverraient plus. Tarna déposa non loin de la centaure le morceau de peau sanglant et la touffe de crinière, en faisant don au demi canasson. Nonchalamment, elle revint dans l'abri de sa demeure et rangea la touffe dont elle s'était servi pour recoudre la jeune femme. La fil était d'un gris plus terne, mais toujours aussi soyeux au regard. Propriété cicatrisante.
Reprenant la conversation comme si de rien n'était, Tarna demanda à la jeune femme :
" Et qu'est-ce qui peut bien pousser une centaure au bord de la mort à faire preuve de tellement de fierté qu'elle ne se sert pas de pouvoirs que la nature lui a offert ? " A coup de bec, le corbeau arracha un large morceau de chair sanglant. |
| | | Invité | |
| Dim 18 Mai 2008 - 10:34 | |
| La jeune fée n’était pas apparemment très douée pour tenir une conversation polie et agréable. Ce fut ce que la centaure pensa quand elle l’entendit lui répondre de façon sèche et hautaine à la question qu’elle lui avait posé. Si elle ne voulait pas parler de ce genre de choses elle n’avait qu’à le dire mais pas de cette façon ! Eurydice fit comme si elle n’avait pas été dérangée par la douce voix mélodieuse et charmante, avec qui l’on a envie désespérément de parler pendant des heures. Leur semblant de conversation fut interrompu par l’intrusion d’un animal dont la centaure si elle l’avait vu n’aurait pas su dire ce que c’était.
Elle ressentait à présent ces forces la quitter, affaiblie par l’écorce elfique qui lui avait donné quelques temps auparavant une énergie incroyable et qui à présent lui laissait son corps comme une masse informe qui n’est plus contrôlable, tellement lourde, que le simple fait de bouger devenait un supplice. Elle entendit à peine la scène qui se déroulait entre la fée et la créature, ses paupières devenant trop lourdes pour qu’elle puisse lutter contre le sommeil. Elle tomba endormie dans la tanière d’un être en qui elle n’avait qu’une confiance que très limité, mais l’épuisement était à son comble.
Quelques heures plus tard, durant la nuit, elle se réveilla , les pensées troubles et la tête comme un lendemain de beuverie centaure, et se tourna vers ce que la fée lui avait apporté, principalement des fruits juteux qui n’étaient plus très frais puisqu’elle s’était endormie avant de pouvoir les consommer. Elle ne savait pas combien de temps elle était restée la, assoupie dans l’antre de la jeune femme.
Elle usa de toutes ses forces pour se redresser et se mettre sur ses pattes, titubant comme si elle était ivre. Elle décida que le mieux à faire était de sortir prendre l’air parce qu’elle avait l’impression d’étouffer. Elle arriva devant l’entrée, ayant un panorama exceptionnel sur les Monts, malgré le fait qu’il n’y ait rien a voir, excepté une chaine montagneuse a perte de vue, et quelques corbeaux tournoyant autours de proies agonisantes au loin.
La tête lui tournait, et sans s’en rendre compte, elle commença à s’éloigner de la tanière de Tarna, titubant dangereusement sur le sentier sinueux. Le vent soufflait projetant du sable sur le visage de la centaure, qui reçut une projection dans les yeux. Sa jambe allait beaucoup mieux, mais elle boitait encore, et ne pouvait plus courir sur de longues distance et aussi vite que d’habitude. La vision nocturne d’Eurydice était incontestablement meilleure que celle des humains, car elle avait vécu des années dans les forêts sombres, mais étourdie par l’herbe, elle n’arrivait pas a voir de loin et sa vision était troublée par la poussière qui la faisaient pleurer.
Le silence régnait, mais La jeune femme sentait bien la présence d’une créature menaçante dans les horizons. Elle ne la voyait pas, ne l’entendait pas, même sa respiration était inaudible, mais Eurydice savait qu’elle se terrait, attendant son heure pour lui sauter dessus. Elle chercha à remonter la pente vers la maison de la fée, mais ne se souvenait plus quel chemin emprunter.
Elle n’avait rien à proximité pour se défendre en cas d’assaut, et attendit donc en silence, sans bouger, que la chose attaque. Par chance, elle ne la prit pas par surprise, mais sortit lentement, son regard jaune perçant se dessinant dans l’ombre d’une pierre. La bête s’approcha du centaure, dévoilant sa musculature féline, dont les pattes puissantes étaient finies par des griffes acérées qui la découperaient d’un seul coup, ainsi qu’un sourire carnassier, des dents acérés, la bave coulant d’envie de se repaitre d’un bon cheval plein de viande saignante. -Que viens faire une jolie centaure dans le repère de Vladimir. Serait elle égarée ? C’était la créature qui avait parlé, d’un air vicieux et traitre.
-Je ne savais pas que j’étais chez vous, commença Eurydice, je descendais de… elle préféra taire le nom de celle qui la logeait pour ne pas lui attirer d’ennuis. … chez une amie, finit t’elle par répondre. Je suis désolée de vous avoir dérangé, je vais partir tout de suite.
-Mais non, ne soyez pas stupide. La bête commença à tourner autour d’elle comme on tourne autour de sa proie. Vous êtes l’invitée de Vladimir, vous devriez rester, il n’apprécie pas que l’on se sauve sans dire au revoir. Allons venez, venez. Et la créature fit demi tour , mais garda les yeux fixé sur sa future victime, trop heureux que celle-ci tente de s’enfuir pour avoir le plaisir de la rattraper et la réduire en miettes.
Eurydice le suivit alors docilement, se disant que c’était la meilleure chose à faire, blanche comme une morte, ne sachant comment elle allait se tirer de cette situation. Plus ils marchaient, plus ils s’éloignaient de l’antre de la fée, qui aurait pu le détruire en deux minutes, s’enfonçant dans les monts décharnés plus profondément.
-Vladimir aime avoir pour compagnie les jeune centaures, dit il en la regardant de son air obscène, l’effrayant encore plus face aux intentions de cet être psychotique. Elle se demandait si elle ne préférerait pas finalement finir en pâté plutôt que d’être un autre genre de victime avant de mourir dans d’atroces souffrances .
Elle décida alors de ne plus suivre le monstre et partit en courant dans l’autre sens. La créature la poursuivit, mais la fuite pour sauver sa vie donne des ailes aux pates, et Eurydice réussit à garder la distance pendant plusieurs minutes, ou elle arriva devant un arbre mort. Elle s’arrêta et ramassa une branche tombée au sol, puis fit face à Vladimir. La bête s’arrêta, sa mâchoire se plissant en un rictus diabolique, et il lui dit :
-Oh mais c’est que ce petit cheval veut résister avec son petit bâton, ça en serait presque mignon si Vladimir n’avait pas aussi faim. Lâche ta branche, ça ira beaucoup plus vite et ça sera beaucoup moins douloureux pour toi .
Et il se jeta sur elle. Elle abattit son poing sur lui, voyant qu’il se précipitait sur son bâton le prenant au dépourvu. Il recula en grognant, vexé par l’aplomb qu’Eurydice mettait à rester en vie, et lui dit :
-Crois tu vraiment que tu peux défier le puissant Vladimir ? Crois tu qu’une petite centaure comme toi peux rivaliser avec un être comme moi, au pire tu tiendras deux minutes , mais tu finiras dans tous les cas planté sur mes crocs. Ne résiste pas, ça seras plus facile pour tout le monde.
Eurydice ne répondit pas, préférant se concentrer sur la prochaine attaque, espérant que la fée ait remarqué son absence et qu’elle la recherche, ce dont elle doutait fortement, vu le caractère étrange de celle-ci.
Sa jambe la faisait souffrir, la poussière et la course l’ayant a nouveau fragilisé. La créature se remit à gronder, mais Eurydice n’attendit pas qu’il lui saute dessus, elle rua. Elle le frappa à coups de bâtons, mais il lui attrapa la jambe qui était blessé. Elle poussa un hennissement de douleur, et attrapa la bête par la peau du cou, et tira de toutes ses forces dessus. La peur décuplant les forces, elle réussit à l’arracher de son emprise, et l’envoya valdinguer quelques mètres plus loin. Elle décida de se sauver et retourner chez Tarna avant d’y laisser quelques morceaux de plus.
Elle couru pendant un long moment, sentant bien la bête la suivre, elle devait l’avoir blessée car celle-ci boitait, et courait beaucoup moins vite. Elle retrouva enfin le chemin de la tanière, et s’y engouffra en appelant au secours la fée. |
| | | Invité | |
| Ven 25 Juil 2008 - 18:53 | |
| Quand elle était revenue de sa discussion pacifique avec le monstre des monts, Tarna avait découvert la centaure endormie, mais l'avait quand même questionnée dans son sommeil, répondant aux tiraillements incessants de sa folie. Elle parla, parla, d'elle comme elle le faisait tout le temps avant de sortir, laissant une provision d'eau pour le canasson incapable de se débrouiller tout seul.
Puis elle avait volé quelques mètres plus haut, vers un pic qu'elle affectionnait, qui faisait parti de son territoire. Là, elle avait retiré les bandelettes qui masquaient ses yeux et avait regardé les environs, quettant ce que, de toute façon, elle ne pourrait jamais voir. Puis, sentant l'approche de la pluie, elle s'en était retournée vers sa demeure de pierre, creusée au flanc même d'une falaise puis grignoter du bout de ses dents millénaires le fruit du Prince des enfers. Une grenade, ferme, avec du soleil en dedans, dans chaque grain. Et cela, les yeux ouverts, pardonnant à la centaure son inconscience de se trouver en sa présence.
Puis, lentement, elle était remontée encore une fois sur son perchoir, le corbeau qui l'affectionnait sur l'épaule et avait cherché là le sommeil réparateur des fées. Dans une transe méditative, elle avait ressentit encore et encore l'arrachement de ses ailes, et, dans un état proche du réveil, avait de nouveau pardonné cet acte blasphématoire envers les représentants de sa race. Assise alors, les pieds dans le vide, sa robe faisant comme un hallo autour de son corps, elle avait tendu ses sens dans les environs.
Elle s'était concentrée sur la vie même, ouvrant grand ses oreilles, élargissant son pouvoir. Loin, elle entendait les battements du coeur des créatures qui, flairant, l'évitait autant que possible. Plus loin encore, elle entendait le passage du sang dans les membres vigoureux de la centaure. Enfin, s'ouvrant comme une fleur au soleil, elle écoutait avec attention le chant plaintif de la terre en mouvement sous son corps, atteignant un état proche du coma, sa respiration tellement lente que ses poumons ne se gonflaient que rarement.
Alors, comme une bulle de savon qui explose, elle avait été assourdie par des cris et une voix grave, âpre et gutturale. Une voix de chien des monts, une voix qu'elle entendait bien trop souvent lorsque, idiots, les Elamentiens venaient se perdre dans les pics acérés de ce dédale de cailloux. Venaient se perdre dans les boyaux tortueux des tanières de ces carnivores... La Fée soupira en ouvrant de nouveau son regard sur le monde, l'embrassant d'un seul clignement de paupière.
Avec lassitude, elle se leva, tendant toujours une oreille affutée par sa magie de l'air aux bruits de combat qui lui parvenait. Lentement, elle retourna vers son antre, n'espérant en aucun cas la survie ou la mort de la centaure. Que lui importait une vie qui n'était pas la sienne, dans le fond ? Rien. Et cela, justement, influençait ses actes.
Dans l'ombre de la nuit fortement avancée, la fée pénétra dans l'alcôve de pierre qui était sienne et patienta le temps qu'il fallait, jusqu'à ce que la respiration de forge de la Centaure ne soit plus qu'une plainte assourdissante à ses oreilles trop fines et lorsque celle-ci pénétra dans la niche granitique, elle lui laissa la place, les yeux maintenant clos mais les paupières caressées par la brise nocturne.
Tarna patienta encore, encore et encore, jusqu'à ce que la douce caresse du pas de prédateur du chien des Monts soit tellement proche qu'il en fallait de peu qu'il entre. En flairant son odeur, il colla son ventre à terre et baissa les oreilles, la langue pendant dans une moquerie trop bestiale pour être compréhensible par les êtres comme elle.
" Vladimir... " susurra-t-elle, ce nom comme une insulte dans sa bouche, à l'instar de tout ce qu'elle pouvait dire. " La viande de ton territoire ne te satisfait plus ? " Le sarcasme était coulant comme le sang de la chair fraîchement coupée. |
| | | Invité | |
| Mer 3 Déc 2008 - 16:44 | |
| ... Mais rien de vient. Il préféra fuir, montrant les crocs, bavant, ventre à terre... Le pelage hérissé ravit la fée qui, insouciante, approcha de lui une main, la folie fermement ancrée en son être.
Il claqua de la mâchoire, alors que le corbeau blanc, perché sur l'épaule de la Fée misanthrope, poussa un croassement à faire exploser le coeur de bonheur. Mais pour la voir la beauté d'une telle chose, il ne fallait pas avoir d'yeux.
Tarna siffla, et une brise légère se leva tandis que le chien des montagnes s'enfuyait sans demander son reste. Mi compatissante mi satisfaite, la jeune fée se tourna vers son invité provisoire et observa ses blessures. Que voyait-elle à cet instant ? De la faiblesse, de la bêtise... Elle soupira, claqua des doigts et la centaure s'éleva doucement dans les airs.
Cahin caha, elles revinrent vers l'alcôve humide qui était la demeure de la fée sacrifiée. Tarna craqua ses articulations, claqua la langue et fit en un tour de main un baluchon comprenant ce qu'il fallait pour une pauvre bécasse pour survivre quelques jours dans les Monts.
Pourquoi la mettait-elle à la porte ? Parce qu'il ne sert à rien d'avoir un invité si celui-ci est incapable de se plier aux règles élémentaires de la prudence dans un environnement aussi dangereux. Aï Deïs Tarna n'avait pas survécu plus d'un millénaire ici juste parce qu'elle était belle. Ou folle. Enfin, peut-être... Mais elle en avait assez de faire dans le "social".
Revenant tranquillement à sa vie, Tarna oublia rapidement la Centaure. Les bons jours revinrent, puis partirent, et la fraicheur étendit son royaume sur les pics meurtriers des Monts.
Mais il y avait une chose que la Fée, malgré la puissance de son pouvoir, ne sentit pas. C'était l'air de changement qui soufflait entre les montagnes déchiquetées. Et lorsqu'enfin elle en eut conscience, La Marquée, la Sans-Ailes, prit la décision de revenir voir la vie parmi les autres êtres...
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