Le destin semblait d'humeur joueuse ce soir là, réunir ainsi ces deux êtres, deux esquisses noires dans la nuit. La tache, rompant la ligne claire marquant le bord des falaises la tache de la robe noire d'une femme, et sa chevelure volant, sous la clarté de la lune, au dessus des vagues mourantes contre les falaises.
Encore dans l'ombre des arbres, se détachant des arbres, encore dans les ténèbres la silhouette difficilement discernable d'un homme encapuchonné.
Celui qui arpentait à présent les environs chaque nuit à la recherche de victimes parmi ses anciens camarades de classe.
Celui dont on disait que tout l'environnement devenait étrange en sa présence, qu'on voyait apparaitre hors de la nuit des images irréelles, et ce rire strident et insupportable qui le précédait.
Oui Raziel était encore dehors pas cette nuit comme si en enfer on manquait de sang... Ce met lui était servi par litres à n'importe quel moment de la nuit, et pourtant, il repartait sans cesse... Simplement pour le plaisir de poursuivre, de terroriser, d'attaquer et de disparaître.
Pourtant, nul élève n'offrirait son cou pour un repas pris en hâte, debout, au milieux des bois. Non car la personne que Raziel devait rencontrer n'avait rien d'une proie fragile, après tout, il pourrait bien ne jamais rentrer dans ses quartier en enfer.
Le rire grinçant et suraigu du vampire se fit enfin entendre dans la nuit, comme ceux qui le connaisse pouvaient s'y attendre, il était vrai que la phrase de la directrice se prêtait parfaitement à la situation, quelle classe! Croyait-elle l'impressionner en le nommant? De toute manière, elle avait passé l'âge du cache-cache n'est-ce pas? À présent, pour le vieil élève de la nouvelle protectrice des éléments, la tache allait être rude. Dans le bas de son dos, une envie le démangeait, la faire enrager, la rendre folle! La narguer avec les souvenirs s douloureux du combat qui les avait opposé aux portes de la citée. Pourtant au creux de son estomac, la peur de cette flamboyante déesse lui soufflait de disparaître sans attendre...
Partagé entre ses instincts de cruauté et de lâcheté, Raziel se décida enfin à avancer. Dans un soupir il répondit:
"Bien, il semble que je soit découvert, inutile de me cacher." Ainsi, il avança
vers la robe noire au bord des falaises, tout en gardant ses distances, épiant le moindre de ses gestes. "Je dois dire que j'admire vos effort, et je m'étonne de ne pas déjà être réduit en tas de cendres... Mais effectivement, cela fait longtemps... Comment va Naja"
Soyons honnête, même le vaniteux Raziel avait hésité à poser cette question si vite, n'allait-il pas trop loin? Tel un chat sauvage, il attendait la réaction de Naciniah, prêt à esquiver un de ses excès de rage qu'il connaissait si douloureusement.
[oui je sais ce que sait que de perdre l'habitude...]