Nouvelles vies

L'ombre chinoise glissait sur les murs lézardés des ruelles. Naja avançait doucement, bercé par le chant guilleret des oiseaux. Depuis combien de temps ne les avait-il pas entendu s'égosiller ainsi ? Trop longtemps... Les rues portaient encore, ça et là, quelques stigmates de la bataille. Cependant, les habitants s'étaient tant appliqués à redonner vie à Elament que rares étaient les traces de cet événement funeste... La pluie qui s'était enfin tue était parvenue à faire fleurir quelques Ancolies entre les pavés. La vie reprenait incontestablement le dessus.

C'est ainsi que l'Aasimar, revigoré par la fraîcheur de cette matinée printanière, avançait le nez en l'air... enfin, pas trop en l'air non plus, à cause de son vertige. Il venait de décider de passer voir ce qu'il restait de sa maison, rue de la Rosée et fut surpris de découvrir que ses ruines étaient toujours là. C'était d'ailleurs l'unique tas de pierres effondrées de la rue... Étonnant ! Souriant à cette vision qu'il jugea insolite, Naja se promit de passer chez Clad afin de poster une annonce concernant ce terrain. Si quelqu'un se sentait le courage de déblayer tout cela, il lui léguerait volontiers sa parcelle. Lui, en effet, n'en avait plus l'utilité...

Dépassant les ruines où il avait autrefois accueilli Naciniah le temps d'une courte soirée, il continua sa route, l'air joyeux d'un enfant innocent. Soudain, une douce effluve éveilla ses sens. Cherchant l'origine d'un si agréable parfum, il découvrit avec bonheur une boutique qu'il n'avait encore jamais remarquée. Cela s'appelait « Aux pétales de cendres ». Intrigué par l'originalité du nom, il décida d'aller y faire un tour. Après tout, il avait toute la journée devant lui...

Posés devant la vitrine, il découvrit de grands pots débordant de Crocus et quelques bouquets assortis de Narcisses et de Jonquilles. En vitrine, il vit ce qu'il prit pour des vases (il s'agissait en réalité d'urnes funéraires) et se sentit imperceptiblement attiré vers l'intérieur du magasin, le regard émerveillé par l'étonnante beauté des fleurs :

« Gling ! » lui chanta gaiement la sonnette avec un son clair... Tout occupé à lire l'étiquette d'un arbuste, il ne remarqua même pas la vendeuse !

Haaaaa! Que la journée s'annonçait ennuyeuse et fastidieuse! C'était infernal! Ce matin là, une fois de plus, Breïna avait du se lever aux aurores. Pourquoi? Parce qu'elle attendait des marchandises, plutôt des pierres! Oui, oui, des pierres, vous avez bien entendu. Du marbre rouge, blanc et noir. Vous vous questionnez encore? Et bien cela était pour la partie la plus funeste de son travail : celui qui consistait à faire des pierres tombales et autres ornements pour le cimetière. Et vous savez quoi? c'était Breïna elle-même qui gravait les textes, elle même qui taillait le tout. Bien entendu, parfois, tout n'était pas de son oeuvre, généralement parce qu'elle manquait de temps, elle achetait directement à un sculpteur ou maître potier ses commandes. Et pour ses premiers jours, ce fut ainsi.

Le plus horrible fut au moment de la "réception". Hoooo les voisins ont pu entendre notre jeune femme vociférait bien des insultes aux manants qui lui vendirent le tout. Autant ils n'avaient pas été capable de lui apporter le nombre de stèle désirée, autant ils furent assez impolis et paresseux pour ne pas les apporter dans l'arrière boutique!!! La fée avait dû transporter le tout, elle-même, à bout de bras et avec difficulté les plaques de marbre abandonnées par les ouvriers devant le magasin!!!

Enfin bref, autant vous dire, qu'une fois la tâche accomplie, notre jeune demoiselle aux yeux pétillants était éprouvée. D'ailleurs, avec chance ou malchance, elle n'eut pas énormément de client, et elle se permit de légèrement s'endormir sur son comptoir quand brusquement, la clochette de l'entrée sonna.

Par réflexe, elle se redressa soudainement, les cheveux quelque peu désordonnés, une marque rouge sur la joue parce qu'elle s'était reposée dessus. Et d'une voix un peu endormie mais aimable, elle dressa son discours traditionnel.

" Bonjour! Est-ce que je peux vous aider en quoique se soit! "

Mais quand notre bonne fée réussit tant bien que mal à ouvrir ses yeux fatigués, elle vit devant elle un jeune homme qui lui était familier, et là, son expression faciale changea du tout au tout pour de la surprise. Elle ne pensait pas rencontrer pareil individu en cette matinée qui avait si mal commencé.

" Ho. "

Breïna possédait toujours autant l'art et la manière de réagir étrangement à chaque nouvelle rencontre. Décidément, sacré bout de femme qu'elle était. Mais le meilleur restait sans doute à venir...

Naja failli sursauter, tout occupé qu’il était à détailler une petite boîte d’Ébène sculpté. Cela ressemblait à une sorte de mini cercueil et un carton indiquait le prix des gravures, selon qu’il s’agissait d’un texte ou d’un dessin. Les yeux rougeoyant de l’Aasimar se perdirent dans le vague, imaginant...

« _ Oh ! Excusez-moi... » commença t-il en se retournant brusquement.

Il s’apprêtait à présenter ses plus plates excuses à la vendeuse qu’il avait involontairement snobé, lorsque tout à coup, comme une gifle en plein visage, une salve de souvenirs lui revinrent en mémoire. Un cimetière... Un tigre noir aux rayures blanches... et du sang. Fallait-il que ces images soient si sombres ?

« _ Breïna ! » s’exclama t-il.

Naja était moins triomphal que surpris de rencontrer la jeune fée ici. Mais aussitôt, sa surprise s’envola au profit d’un grand bonheur. Oui... c’était bien cela... Il était heureux que Breïna soit vivante. Ainsi avait-elle survécu à la bataille et représentait-elle, sans-doute sans le savoir, un espoir. Lequel exactement, il n’aurait pas su le dire. Toujours était-il qu’il était heureux de revoir Breïna. Pendant quelques secondes, il se demanda si Hallistrad était toujours en vie, mais par crainte de la réponse, il n’osa pas poser la question. Il jeta un rapide coup d’œil à la joue de la vendeuse, rosie par le contact du comptoir et lui sourit, amusé.

« _ Je suis content de vous revoir... Ça alors... cette boutique est la vôtre ? »

Breïna n'en revenait pas de ses yeux. Elle qui redoutait tant rencontrer une personne qu'elle eut cotoyé lorsque la cité était dans toute sa gloire, voilà qu'elle faisait face à un fantôme du passé. Ce visage, ces traits particuliers, oui oui... c'était bien cet homme qu'elle eut vu dans une boutique, une animalerie d'ailleurs. Tiens, cela lui évoquait aussi un tigre, Hallistrad, un personnage tout aussi curieux qu'elle avait perdu de vue depuis bien longtemps, d'ailleurs ce fut cette nuit là. Breïna n'avait seulement jouer que les âmes charitables, les bonnes concitoyennes qui vint en aide à son prochain. C'était chez cet individu qu'elle était venue l'accompagner : Naja Notos.

Les yeux de la fée prirent une expression assez bizarres, c'était à la fois de la peine, de l'étonnement et une forme de honte. On pourrait aisément croire que ce dernier sentiment viendrait du fait qu'elle soit une piteuse vendeuse qui s'en voulait de s'être endormie, mais elle ne connaissait que trop la vérité... cela provenait de tout autre chose.

Cependant, il fallait feigner tout cela, et ce vue avec surprise et jovialement elle accueuilla alors ce client spécial.

" Et bien cela alors! Naja Notos! Je ne pensais pas vous revoir un jour ! "

Pas faute de le dire, car s'était parfaitement vrai.

" Oui oui cette boutique est à moi. Je viens de l'acquérir. C'est une façon de redémarrer. Et vous, vous tenez toujours la vôtre? J'espère qu'il n'y a pas eu trop de dégât? "

Comment comblez une conversation pour échapper à des questions dont Breïna ne souhaitaient que peu aborder? Non pas qu'elle ne souhaitait pas savoir, mais c'était ravivée des douleurs que tout le monde tentait de laisser derrière soit. Mais bon, lorsque l'on savait que le sujet reviendrait forcément sur le tapis....

Naja souriait, éternel imbécile heureux, heureux de revoir des visages familiers.

« _ Oh ! C’est formidable ! » s’exclama t-il très enthousiaste. Et c’était ce qu’il pensait.

Une boutique, cela signifiait en quelque sorte une vie stable, une sécurité. Savoir Breïna – qu’il ne connaissait que peu à vrai dire – en si bonne situation lui réchauffait le cœur. Non, toute vie n’était pas perdue à Elament. La question de la jeune femme le ramena à sa réalité, mais au lieu de se sentir accablé, comme il l’avait été durant quelques jours, il éprouva un certain soulagement et se sentit envahi d’espoir. Allons bon, lui, traîner dans les ruelles avec cet air perdu et déprimé ? Cela ne pouvait plus durer ! Il se devait de relever la tête et plus vite que ça !

« _ Le Bestiaire à un peu souffert, mais avec l’aide d’un ami Nain, nous allons remettre tout cela debout ! » confia t-il avec espoir.

Le fait même de penser à Kuru le fit sourire, car Kuru – de par sa maladresse omniprésente et son vocabulaire fantasque – prêtait à sourire. Naja s’avança vers le comptoir, les griffes de ses pieds provoquant un petit cliquetis sur le sol.

« _ En fait, c’est surtout ma maison qui n’a pas apprécié la bataille... elle s’est effondrée... Mais je pense que je vais céder le terrain à qui voudra bien le déblayer. Le Bestiaire est assez grand vous comprenez, je peux facilement y loger et ça m’arrange un peu... je serais plus près de mes clients... » acheva t-il avec un petit clin d’oeil.

Il ne parla pas de la voûte crevée, des portes arrachées, de l’arrière boutique écrasée sous un éboulement ou des boiseries complètement calcinées... pas plus qu’il n’évoqua les animaux déchiquetés ou libérés n’importe où dans Elament et ses environs. Non. Il n’évoqua que l’espoir, celui de reconstruire sa boutique. Celui aussi de se reconstruire lui. Et tout à coup, le chemin devant lui semblait lumineux.

« _ À ce propos, je pense que je vais vous acheter quelques légumes pour mon future potager ! Oh ! Et si vous pouviez me renseigner... Je cherche un assortiment de plantes pour border les allées... j’aurais souhaité que la floraison s’étale toute l’année afin qu’il y ai toujours une note colorée à l’entrée du Bestiaire. » sourit-il.

Bizarrement, la conversation avait pris une tournure intéressée, de client à vendeur. Parler de ce qu'il recherchait lui évitait de ressasser ce qui le taraudait et c'était tant mieux.

Que s'était amusant de se retrouver face à pareil visage. Ce bon vieux animalier. En tout cas, il lui semblait tout à fait heureux, sourire aux lèvres et en pleine forme. C'était réconfortant de voir que d'anciens camarades avaient autant de santé.

Lorsque la jeune femme entendit alors son camarade élémentien parler de reconstruction, elle sentait alors son coeur s'embaumer d'une chaude pommade. La cité commençait à se reconstruire petit à petit, et personne ne semblait perdre véritablement espoir. Non.... ce sentiment persistait. La cité était toujours là, avec sa magie et ses habitants, bien que moins nombreux que lors de sa période glorieuse. Cependant, c'était toujours mieux que rien et tant qu'il y aurait des gens qui tenteraient de lui redonner vie, alors rien n'était perdu.

Breïna se mit alors à sourire face à la nouvelle que lui annonça Naja. Un ami nain? Tiens tiens... Il était réputé pour avoir des talents de bâtisseurs, son magasin serait sans doute plus solide que la fois où il avait récupéré et repris les vents.

" Cela fait plaisir à entendre! J'espère que tu feras une petite fête pour la réouverture au moins? Hahahaha! Toutes les occasions sont bonnes pour s'amuser maintenant et je crois que tout le monde en a grandement besoin. Enfin enfin.... je dois t'avouer, que j'ai assez hésité à reprendre les lieux mais... c'était ma façon de participer à la reconstruction de la ville... et aussi de trouver un travail pour finir tranquillement mes vieux jours. "

Lé fée se mit légèrement à rire alors. Il fallait dire qu'elle ne baissait quasiment jamais les bras et elle était toujours partante pour quoique se soit.

Ce fut alors que son ami lui expliqua que c'était sa maison qui n'avait pas tenu mais qu'il avait réussi à trouver un compromis. C'était une très bonne idée. Après tout, Breïna possédait toujours sa maisonnette rustique, mais elle n'y passait que peu de temps. D'ailleurs, avant que la guerre ne commence, elle en avait fait une maison d'hôte. Enfin enfin....

" Ho je vois je vois.... Et puis, si le Bestiaire est vraiment spacieux. C'est certainement plus pratique. Surtout si tu t'occupes des animaux, au moins en cas de problème tu seras sur place. Moi il me semble que la mienne tienne encore mais... j'ai des travaux à faire et surtout un grand ménage. Hahahaha! Cela fait vraiment un moment que je n'y suis pas retournée et... je n'ai pas dormie là bas depuis un moment. "

En effet... longtemps c'était peu dire puisque des mois déjà c'était écoulé depuis la dernière fois où elle s'était endormie sur son lit confortable. Maintenant, elle pourrait malheureusement en profiter bien plus... quoique? Non.... elle ne devait pas se laisser emporter par la lassitude. Breïna se devait de vivre au mieux chacune des journées qui lui étaient offertes... au moins tant qu'elle le pouvait...

Alors que les deux jeunes gens se perdaient dans leurs souvenirs et autres sujets, Naja rappela en quelques sortes à l'ordre la fée. Et oui! Maintenant gérante du magasin, elle se devait de vendre et ne pas perdre son temps trop en parlote.

D'un pas tranquille, la fée sortit alors de derrière son comptoir et commença à parcourir du regard tout ce qu'elle avait, mais avant, il lui fallait quelques précisions.

" Bien bien.... je dois avoir de quoi faire. Ho par contre, pour ton potager, tu souhaites simplement des graines que tu feras germer par toi même, ou des jeunes pousses à repoter simplement? Je dois avoir à peu près de tout donc.... as-tu des préférences légumineuses? Mmmmmm.... quand aux fleurs, préfères-tu du genre arbustes? Parce qu'il existe certains rosiers formidables de bonnes résistances ou même du lauriers, par contre, il te faudra faire attention que les animaux ne les ingèrent pas... ils auraient des indigestions. Héhé! Cela serait mauvais pour tes clients! "

La fée mystérieuse se montra parfaitement aimable et chaleureuse dans ses propos, une parfaite femme de maison. Elle attendait donc les précisions de son client afin de le satisfaire au mieux, le fixant gentiment de ses grands yeux au couleur du soleil.

Naja s’était figé. Oh ! Pas de frayeur, non ! En fait, il semblait boire les paroles de Breïna comme une liqueur chaleureuse qui, parcourant ses veines, allait réchauffer son cœur. Enfin... sauf que Naja ne tenait absolument pas l’alcool... Son sourire spontané n’avait pas bougé et il continuait d’observer la jeune femme face à lui, bercer par les mots de réconforts qu’elle lui assenait avec douceur. Si quelques minutes plus tôt il s’était sentit soulagé et avait retrouvé sa joie de vivre, quelque chose le gênait soudain, comme un souvenir cuisant lui revenant en mémoire avec une vivacité peu commune. Tout était donc si normal ?

Non.
Naciniah n’avait pas rouvert les yeux.

Sans bouger d’un cil, il écouta la jeune Fée, tentant de se raccrocher à sa bonne humeur et à ses paroles. Que disait-elle déjà ?

« Oh là là, vous me prenez au dépourvu ! Et bien pour faire court, mes animaux n’auraient pas accès à tout cela, il n’y a donc pas de risque, ne vous en faites donc pas... En ce qui concerne mon potager, j’aurais aimé récolter assez vite. Pourquoi pas de jeunes plans, ça m’irait très bien ! »

Ses yeux s’étaient fermés, dans une expression souriante et figée. Il avait tant l’habitude de sourire à tout va qu’il n’avait même pas à se forcer.

« ... et j’aurais aimé un bouquet de roses également... » se décida t-il soudain.

Sa voix s’était faite bizarrement douce et son regard s’attarda sur les variétés exposées, en bouquets, en pots, au détail, tantôt dans des vases, tantôt sur des dalles de marbre dont il se refusait toujours à deviner l’utilité. Son doigt désigna une variété orangée veinée de rouge et dont le bord supérieur des pétales semblaient aussi incandescent qu’une flamme vive. Elles seraient pour Naciniah, même s’il doutait que cela l’aide à se réveiller enfin...

Breïna se sentait heureuse de voir que son commerce faisait son petit bonhomme de chemin, voilà que la voie de la rédemption se dessinait lentement sur son chemin, c'était formidable à penser. Elle pourrait donc vivre tranquillement. Et bien... en attendant, elle devait servir son client et surtout le savoir satisfait de ses services. Pour le reste, elle compterait sans nul doute sur le bouche à oreille, dans les cités comme Elament, c'était ce qui faisait tourner les commerces, les Pétales de Cendre n'échaperaient pas à la règle.

Toujours souriante au mieux du possible et se faisant alors la plus agréable possible malgré son impudique attitude et sa vivacité, elle commença alors à réfléchir en fonction des réponses que lui fournit son camarade élémentien. Le fait qu'aucun de ses animaux ne puissent avoir accès aux plantes donnaient alors un plus grand choix... mais pour les magasins, sachant que souvent c'est pour décorer l'entrée, il n'y avait rien de mieux que les plantes grimpantes pour décorer les murs, et quelques arbustes fleuries pour suivre le chemin qui menait au seuil de la porte, ou... n'importe autre fonction par ailleurs.

Se dirigeant alors vers ses plantes, elle répondit chaleureusement par la même occasion, expliquant alors ce qu'elle allait lui fournir.

" Bien, bien... Je vais te confier alors quelques rosiers grimpant pour ton entrée, tu peux aussi bien en faire une arcade ou simplement longer le mur... c'est au choix. J'ai quelques bulbes de tulipes aussi... elles sont solides et résistantes comme fleurs et leur entretien n'est pas fastidieux, du moins, pas autant que l'on ne le croit dans la région. Je pensais aussi peut-être à un laurier blanc aussi.... Pour les plantes cela te sera suffisant.... Pour tes légumes... "

Alors qu'au même instant que son discours, elle posait sur le comptoir les produits qu'elle lui réservait, elle lui passa en un coup de vent devant lui, absorbée alors par son travail et les convenences du clients. Dans un petit coin, elle avait posé les légumes qui ne manquaient plus qu'à être repoté.

Les portant fièrement, on pouvait voir quelques uns des légumes déjà en pleine pousse.

" Bon.... alors là nous avons des poivrons rouges... ils ont un beau parfum, tu verras... Après, je te propose, des comcombres.... Et..... des tomates... certes, ce sont techniquement des fruits, mais elles sont délicieuses en cette saison. Je crois que cela te sera suffisant, sinon tu ne pourras pas tout transporter, héhé! "

Lui offrant alors un grand sourire en se tournant vers lui, et repartant simplement derrière son comptoir, elle commença à ranger le tout de façon à ce que cela soit transportable mais aussi que cela ne s'abîme le moins possible. Il y avait de quoi faire, et Naja pourrait passer sa matinée ou son après-midi, au choix de son envie, à jardiner quand il se déciderait à tout poser.

Mais ce fut alors que le jeune homme lui demanda autre chose... un bouquet de rose. Haaaaaaaaaa! Voilà le cadeau que les amants offraient en général... mais le regard qu'il affichait malgré son sourire, cela ne mentait pas et Breïna le connaissait que trop. La dame de ses pensées devaient être très mal ou... peut-être décédée. Dans le cas de la fée mystérieuse, elle était veuve depuis des décennies mais bon... ce n'était pas comme si elle le criait sur les toits.

Toujours souriante pour le bien paraître, elle allait donc préparer ce bouquet désiré, avec la variété orangé qu'il pointa du doigt. Elle mit une douzaine de roses, comme le voulait l'usage. Et le ramena vers le comptoir afin de terminer les finitions du bouquet.

" Voilà. Je viens de terminer ta commande. Tu ne souhaites plus rien? Au pire, tu pourras toujours revenir de toute façon... Hahaha! Je crois que je ne bougerais pas d'endroit maintenant! "

Breïna sourit une nouvelle fois, parce que derrière ses paroles, il y avait une terrible vérité... elle ne bougerait pas d'endroit maintenant... oui... parce qu'elle avait décidé de terminer sa vie aussi.... qu'elle y mettrait fin quand le moment de la déraison la prendrait, tant qu'elle possèderait tout ses moyens... D'ici là.... elle baignerait dans cet univers fleuris.

[HS] Désolée, manque de disponibilité et de motivation, je fini ici. Si tu veux répondre, pas de soucis [HS]

Naja écoutait doucement Breïna, sans oser l’interrompre. Elle joignait les gestes à la parole, allant et venant dans sa boutique et posant toujours plus d’articles sur le comptoir. Elle en détaillait chacun d’entre eux avec en enthousiasme passionné, souriante. Bientôt, le comptoir ne serait plus suffisamment large pour contenir d’avantage de plantes et l’espace d’une seconde, l’Aasimar se demanda combien tout cela allait lui coûter. Non pas qu’il était avare, mais il fallait bien admettre qu’avec les nombreux ouvriers qu’il avait eu à payer pour les réparations de son Bestiaire, les finances commençaient à manquer. Une chance qu’il ne soit pas d’un naturel dépensier et qu’il ai pu économiser autant...

Les fleurs colorés oscillaient doucement dans leur pot au rythme des pas de la jeune Fée. Elle s’était attelée à tout emballer avec une dextérité et un savoir faire indéniable. À croire qu’elle avait fait cela toute sa vie ! Puis sa voix s’éleva de nouveau. Elle était gaie, c’était réconfortant.

« Merci... » avait-il à peine murmuré, l'esprit résolument ailleurs.

L’avait-elle entendu ? Peut-être. Déjà, elle s’affairait à confectionner un bouquet de ces roses que Naja avait désigné de son doigt griffu. Hop, emballé ! Et le temps sembla revenir, défigeant Naja qui n’avait pas bougé.

« Merci beaucoup mademoiselle Breïna. Je crois que je me contenterai de cela pour l’instant. Comme vous le dite, rien ne m’empêchera de revenir. » sourit-il.

Il plongea la main dans sa poche, en ressortant quelques jolies pièces d’or qui scintillèrent dans la lumière matinale. Allons allons... l’atmosphère était pourtant agréable.

Naja paya et, se saisissant des sacs en papier remplis de végétaux, il adressa un dernier sourire à Breïna avant de sortir de la boutique. Lui qui n’était venu que pour flâner dans la ruelle, il avait l’air bien idiot les bras ainsi encombrés.

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