Perdu... (privé Siera)

Lossehëlin commençait à angoisser fortement. Quelle stupidité! Il avait fallu qu'il aille se perdre dans les tréfonds de la vieille ville.

Ah, ça, pour être perdu, il était perdu! Cela ne faisait ne faisait pas un mois qu'il était dans la cité il ne s'était aventuré dans les ruelles. Jamais il n'avait osé. D'habitude, il suivait l'axe central. De toutes façons, la route principale permettait d'aller de son logement, donc l'école, à la bibliothèque et l'infirmerie de Lorelaï, les deux lieux où il avait passé le plus clair de son temps depuis son arrivée dans la ville.

Ce matin, comme tous les autres, il était allé rendre visite à Lorelaï et à son patient, Archael. Au fil des jours, il avait appris beaucoup de choses sur l'ange, mais cela restait peu : il ne connaissait rien de sa personnalité, de qui il était vraiment. Lorelaï lui avait juste expliqué son statut dans la cité et les raisons de son combat avec Chilk – si on pouvait appeler ça une raison. Mais il ne le connaissait pas. Et pourtant, tous les jours il se rendait à son chevet.
Il lui parlait beaucoup, sans même savoir si l'ange l'entendait, là où il était. Mais Lorelaï lui avait expliqué que ses blessures étaient notamment psychologiques. Alors Lossehëlin avait profité de son savoir, de son expérience de la vie. Il avait tant voyagé, dans sa jeunesse, qu'il avait beaucoup de choses à raconter sur le monde. Il parlait, sans fin, de toutes les belles choses qu'il avait croisées et qui, réunies, donnait une raison de vive à quiconque pouvait espérer les voir un jour. Les Tours de Santa Bell, un coucher de soleil dans les montagnes enneigées de Bearns, les marchés de Terrilville, le château du Marquis Carsion, un lever de soleil à Bord-des-Sables, les amulettes du port de Badou, les statues de glaces de Jhaampe…

Lorsqu'il ne parvenait plus à parler, lorsque les souvenirs se faisaient trop fugaces pour en faire une histoire, Lossehëlin chantait. Non pas qu'il ait une belle voix mais il chantait, sans cesse, l'hymne des âmes qu'Arcamenel lui avait appris. Cette musique claire et apaisante qui guidait les âmes au repos.
Tous les jours, Lossehëlin avait été là pour l'inconnu qui peu à peu se remettait de ses blessures.

Mais ce matin-là, lorsque Loss était arrivé, le lit était vide. L'ange s'était réveillé la veille, en fin d'après-midi, et il était parti presque aussitôt.
Lossehëlin avait été… déçu en apprenant cela. Bien évidemment, il était enchanté qu'Archael ait enfin repris connaissance. Mais dans un pur accès d'égoïsme, il aurait voulu être là, tout simplement. Il aurait voulu que l'ange reconnaisse sa présence.
Mais l'ange était parti et il était à parier qu'il ne se souvenait même pas qu'une autre personne avait été aux côtés de Lorelaï pour le veiller durant sa convalescence…

Perdu dans ses pensées, Lossehëlin était reparti sans faire attention à ses pas. Il ne regardait pas où il allait, ne songeant qu'à Archael qu'il avait, avec l'arrivée de cette guerre, peu de chances de revoir un jour…
Et voilà le résultat : à force de songer à l'ange, qui demeurait pourtant un inconnu pour lui, Loss s'était enfoncé dans les ruelles et il ne savait absolument où est-ce qu'il se trouvait. Mais plus que le fait d'être perdu, s'étaient ces rues sombres et étroites qui l'effrayaient. Le temps avait passé depuis cet accident au cours duquel il avait découvert son pouvoir, mais la peur était toujours là.

Il se força à calmer son souffle, tentant de retrouver un rythme cardiaque normal, mais rien à faire, il n'était vraiment pas bien. Il continuait à avancer, espérant trouver une sortie à ce dédalles et minuscules ruelles se croisant mais plus il marchait, plus il avait la sensation de s'enfoncer dans la vieille ville.

Il se décida à faire demi-tour lorsqu'il entendit un bruit non loin de lui. Trop terrifié, il ne parvint même pas à définir d'où le son provenait et ce à quoi il correspondait. Il se mordit la lèvre inférieure alors qu'instinctivement un nom venait lui brûler la langue.
"Arcamenel…"

Siera regardait avec attention tout autour de lui. cette ville avait beau lui être inconnue, il l'avait tellement parcourut en rêve...

Mais ses rêves étaient étranges et peu lugubre face à ce à quoi il se trouvait. Il avait rêvé bien sûr de passé par le seuil de cette grande porte, il en brûlait d'envie et il n'y avait qu'un pas à dire qu'il avait couru pour rejoindre celle-ci. Il était resté planté devant celle-ci d'ailleurs, émerveillés devant sa taille et laissant son imagination vagabondé en tentant de deviner ce qui pouvait bien se cacher derrière elle. Avec un silence religieux, il avait poser sa main sur le signe de l'eau et il avait ainsi, avec une grande fierté mêlée d'appréhension, entendu un grand fracas. Toutefois, la porte était restée close et un sentinel avait tôt fait d'envoyer une corde au jeune homme pour lui permettre de grimper, au dessus du seuil de la cité.

Cette démystification de laissa pantois. Elament n'était-elle pas une cité magique? Certes, il avait remarqué au loin une grande bataill se dérouler sur des miles et des miles, mais bon... Tout de même!

Heureusement, il y avait un escalier de l'autre côté et il n'avait pas eu à faire souffrir à ses mains une deuxième fois le contact de la corde.
Autrefois douces, ses mains étaient à présent quelques peu abîmées, de nombreuses cicatrices les parcouraient, sans que les quelques soins qu'il y avait apporté y change réellement queque chose...

Ainsi, Siera avait débarqué, et très franchement, il s'était attendu à autre chose. Tout semblait désert, mais quelle heure était-il au juste?

A vrai dire, le jeune elfe n'aurait su répondre et l'a raison en était simple. Tout en parcourant la ville des yeux, il s'y était progressivement enfoncé, se retrouvant dans des lieux qui dépassait son entendement, mais surtout sombres et lugubres. Il n'aimait pas les petites ruelles et le fait de se perdre autant dans la ville que mentalement dans un dédale de reflexion sans fin n'était pas pour le rassurer. Ses yeux clairs cependant y voyaient mieux qu'en pleine clarté. Mais c'était un maigre soulagement en la situation présente...

Soudain, il entendit un bruit provenant d'une ruelle adjacente à la sienne et il stoppa net son pas, tendant l'oreille et le cerveau en ébullition pour tenter en cas de problème, de trouver une échappatoire.
Cependant, plus un bruit ne parcourait la ruelle où le bruit suspect s'était fait entendre et Siera en conclut donc qu'un chat ou tout autre animals domestique s'était assoupi sur une fenêtre, bousculant un pot de fleur.

Ou du moins c'est ce dont il essayait de se convaincre...
Mais le mal ne pouvais pas être dans cette cité, elle était protégée, n'est-ce pas?

Hasardeux, Siera fit un pas, puis deux et continua à pas de loup sa marche, en direction du bruit. malgré tous les doutes et quoi qu'il lui en coûte, Siera était d'un tempérament curieux et il ne pouvait résister à la tentation d'aller jeter un coup d'oeil, de plus, ce serait une raison de plus de se rassurer non?

Le coin de la ruelle n'était pas loin, et en respirant intensément une fois, le jeune elfe fit le pas qui le séparait du lieu qui l'inquiètait le plus à cet instant précis... et celui qui était désert. Ou du moins à première vue.
En effet, non loin de lui, à seulement une dizaine de mètres de lui, règnait une présence encore inconnue. Et un mot déchira le silence qui s'était fait. Il ne provenait pas de Siera, mais bien de l'individu qui se touvait non loin de là. Que pouvait-il bien signifier? Il n'en avait pas la moindre idée. la seule chose qui l'intriguait était la présence de cette personne non loin de lui et qu'elle semblait à voir la manière dont elle avait prononcé ce mot, encore plus paniqué que lui-même.

De dos, la personne semblait être d'à peu près la même taille que lui même et ses cheveux courts descendaient jusqu'au niveau de ses omoplates et virevoltait alors qu'il tournait la tête de tous côtés.

Dans un élan d'il ne savait quoi, et sans que son cerveau est réellement réfléchi à ce qu'il s'apprêtait à faire, il avança de quelques pas, quittant l'ombre d'un toit où il ne pouvait être vu et se retrouva bientôt à presque un mètre de l'individu.

"Excuse moi, mais sauriez-vous où nous nous trouvons?" sa voix était plus rauque qu'il l'aurait voulu, mais sa bouche était devenue pâteuse, et il avait tenté d'ajouter dans le ton qu'il employait un maximum d'amicalité pour ne pas effrayé la personne qui se trouvait non loin de lui.

Lossehëlin regardait autour de lui avec espoir. La peur au ventre, il ne voyait plus que les murs qui formaient autours de lui une prison, un labyrinthe. Si seulement quelqu'un pouvait lui venir en aide. Quelqu'un. Arcamenel n'était plus là pour lui sauver la mise et il le savait, et cette certitude était bien la pire.
Il était seul.
Quoique.

"Excusez-moi, mais sauriez-vous où nous nous trouvons?"

L'elfe poussa un cri et eut un majestueux sursaut en entendant une voix rocailleuse dans son dos. Désorienté et affolé comme il l'était, il n'avait même pas senti l'inconnu venir.
Il se retourna d'un bond, le long lien de cuir enserrant ses cheveux fins volant derrière lui, une perle de nacre manquant de peu de toucher le visage du nouveau venu. La peur était en train de faire perdre tous ses moyens à Loss. Paniqué, il oubliait tout de l'apprentissage d'Arcamenel et ne parvenait plus à se contrôler.
Les yeux fous, exprimant une angoisse franche, Lossehëlin détailla l'arrivant. Un elfe, à en croire sa fine stature, ses longs cheveux d'argent et ses vêtements de cuir peu ouvragé. Un elfe qui semblait tout aussi perdu que lui. Un elfe qui lui adressait un regard avenant, de ses yeux trop clairs. Un elfe qui ne lui voulait visiblement pas de mal.

Les apparences sont souvent trompeuses et Loss resta sur ses gardes mais ses traits se détendirent visiblement. Il n'était plus seul et l'inconnu n'avait pas l'air belliqueux. Il aurait pu lui sauter dessus sans aucun problème, dans l'état dans lequel se trouvait Lossehëlin, mais il n'en avait rien fait. Il lui avait juste adressé la parole d'une voix rêche mais qui se voulait, peut-être, rassurante.
Lossehëlin inspira profondément avant de prendre la parole. Il humecta sa gorge trop sèche, et sa voix avait retrouvé une assurance qui contrastait fortement avec le reste de son corps et sa réaction précédente, qu'il répondit à l'elfe.

"Où nous nous trouvons? Quelque part dans les ruelles d'Elament. Je n'ai absolument aucune idée de comment sortir d'ici, c'est un véritable labyrinthe. J'aurais espéré que vous auriez la solution…"

La voix de l'elfe dérailla sur ses derniers mots. Il était penaud et n'était toujours pas rassuré.
Mais de se savoir avec quelqu'un qui ne nourrissait à priori aucune idée tordu à son égard lui permettait de raisonner un peu mieux, un peu plus normalement. Déjà, les pulsations de son cœur redevenaient normales.
Il réfléchissait, tout en observant du coin de l'œil l'inconnu.
Qui était-il, ce jeune elfe qui semblait tout aussi perdu qui lui dans cette cité?
Comment sortir d'ici, sans plan, sans aucune personne pour les aider à retrouver leur chemin?
Le jeune inconnu était-il un nouveau dans la cité? Il ne l'avait jamais vu auparavant.
Ils allaient devoir se débrouiller tous seuls. Ils fallaient qu'ils repèrent l'allée principale.
Mais il n'avait pas eu une vie sociale très développée ici, et la cité était très peuplée.
Trop de rues, de murs et de maisons bloquaient leurs vues. Et lui ne maîtrisait pas suffisamment sa magie pour qu'elle lui soit utile…
L'inconnu pouvait vivre ici depuis longtemps. Peut-être pourrait-il l'aider, s'il maîtrisait la magie?
Sinon, il lui faudrait aller en hauteur. Trouver un accès aux toits de toutes ces maisons qui les entouraient.
Mais si le jeune garçon lui demandait où ils étaient, c'était probablement parce qu'il n'avait aucun moyen de le savoir par lui-même…
Un accès aux toits. Par ici, cela devrait pouvoir se faire. Oui, avec quelques acrobaties, pourquoi pas, c'était faisable.

Après un petit moment, Loss se rendit compte qu'il était resté silencieux longtemps, perdu dans ses pensées. L'inconnu aurait aussi bien pu lui parler, il n'avait rien écouté. Il aurait même pu partir sans que Loss s'en rende compte.
Mais il était toujours là.
Alors Lossehëlin reprit la parole, retrouvant son éternel sourire face à l'inconnu. Sa peur était loin d'avoir disparu mais elle se taisait face à la raison pragmatique. C'était bien là l'essentiel.

"Je propose que nous montions sur le toit pour pouvoir nous orienter. D'ici, nous n'avons aucune chance de retrouver notre chemin"

Le sourire de Loss se crispa de manière imperceptible tandis qu'il songeait qu'il aurait pu y penser avant. La panique lui avait vraiment fait perdre tous ses moyens.
Il détestait ça.

Siera ne pu s'empêcher un sourire, ainsi que de sursauter face à la réaction de celui qui se trouvait face à lui. Si une perle avait failli le "défigurer" l'elfe qui se trouvait face à lui devait être encore plus paniqué que lui.

Tout dans ce jeu homme respirait la panique, ou du moins c'est ce qui semblait à Siera avant que le mystérieux inconnu ne réponde à sa question.

"Où nous nous trouvons? Quelque part dans les ruelles d'Elament. Je n'ai absolument aucune idée de comment sortir d'ici, c'est un véritable labyrinthe. J'aurais espéré que vous auriez la solution…"

Siera soupira malgré lui. Ainsi, ils étaient tous les deux perdus, au milieu de nul part - enfin au milieu d'Elament - sans aucune autre issu que de se perdre encore ou bien retrouver, avec une énorme chance et beaucoup de mémoire, le chemin de la rue principale...

Celui qui se trouvait face à lui semblait réfléchir, et de ce fait, perdu dans ses pensées. Aussi, se permit-il de le détailler un peu plus remarquant au passage l'incroyable couleur de ses yeux d'améthyste, ses cheveux presque blancs qui lui retombaient délicatement dans le dos cachant en partie ses oreilles que Siera devinait pointues. Ses habits simples, presque plus que les siens, et cette lueur effrayée qui régnait malgré toute la splendeur de ses yeux dans ceux-ci. Visiblement, lui aussi était un elfe, tout aussi svelte que lui, mais néanmoins plus mince que lui, plus affiné. Sa peau blanche semblait scintiller dans la pénombre, et il s'aperçut avec une sorte de regret que si autrefois sa peau était identique, ce n'était plus le cas aujourd'hui...

Le silence se fit de nouveau dans la ruelle tandis que l'un et l'autre se dévouait à ce qu'il faisait. un elfe à souvent besoin de silence, quelque soit sa race, et Siera décida qu'il allait respecter ce silence, se livrant lui même à sa propre réflexion, bien que gardant un oeil sur son convive.

Le présence de l'autre le rassurait malgré tout. Il semblait un peu plus jeune que lui, mais également d'être ici depuis plus longtemps que lui. Ils n'étaient probablement pas de la même race non plus. Ou du moins, pas du même genre d'elfe, bien que le fait que ce soit un elfe tombe sous le sens.

Les archers et autre gardiens de la cité qui l'avait aidé à entrer semblait quelques peu tendus et lassés de leurs emplois. De cet étranger émanait quelque chose de différent. Une soif d'apprendre évidente, mais également une grande force réflective...

Soudainement, il reporta son regard sur l'inconnu qui de nouveau s'agitait. Visiblement, il avait trouvé une solution et un sourire ornait à présent ses lèvres.

"Je propose que nous montions sur le toit pour pouvoir nous orienter. D'ici, nous n'avons aucune chance de retrouver notre chemin"

Si Siera s'était trouvé seul à cet instant, nul doute qu'il se serait frapper. Les toits, pourtant c'était évident! Lorsqu'on est perdu, on monte en hauteur pour tenter de retrouver son chemin. Mais cela faisait longtemps que Siera errait comme un âme en peine et il ne s'étonna pas de ne pas avoir réagi de cette manière. Cela faisait trop longtemps qu'il se sentait perdu...

Toutefois, il hocha la tête pour toute réponse. Il préférait ne pas parler, sa voix n'étant pas fiable en ces instants, et il toisa les toits environnant pour découvrir une façon d'y grimper. A vrai dire, à première vue, il n'y avait pas moyen de le faire, cependant, il se rendit vite compte qu'un amoncellement de carton pourrait éventuellement permettre d'atteindre le toit. Il se dirigea donc en silence vers la droite de l'inconnu et testa les cartons, de façons à voir s'ils supporterais le poids de l'un d'entre eux, ce qui se révela plutôt fructueux.

"Il me semble que cet amas de carton pourrait nous permettre de grimper, ou du moins à l'un de nous deux..." sa voix était redevenue normal, et il remercia silencieusement tous les dieux de cette terre. il était difficile en effet pour lui de se sentir à l'aise si sa voix partait en vrille.

Le toit était à peu de chose près élevé à quatre mètres du sol et les cartons bien que ne produisant qu'une petite marche pourrait tout de même être d'une grande aide, s'il étaient correctement replacés. Aussi, Siera dans un esprit de synthèse les mits en place de façons à produire le meilleur appui possible...

Lossehëlin regarda Siera, et remarqua sa très légère crispation. L'elfe supposa que son vis-à-vis avait tout comme lui eu l'esprit trop embrouillé pour songer à cette solution plus tôt. Mais tout ceci n'était que suppositions : l'inconnu se contenta de hocher la tête, avant de reporter son attention sur leur environnement.

En regardant l'elfe s'activer sur une pile de cartons déposés au pied d'un mur, Loss eut comme une impression de déjà vu. Alors qu'il avait une centaine d'année, ils s'étaient perdu avec sa mère dans les ruelles de Terrilville, ayant à la base pour but de se rendre chez un ami qui vivait dans la ville basse. C'était un elfe sylvain qui les avait secourues, en grimpant agilement sur un toit, et leur indiquant de là-haut le chemin à suivre. L'inconnu à la peau trop dorée pour un elfe de lune lui faisait penser à ce sylvain qui n'avait délaissé qu'un temps sa forêt mère. Par association et sans vraiment y penser, il considérait dès lors la présence de l'inconnu comme bénéfique, voyant en lui une aide potentiel, un secours aimable.

"Il me semble que cet amas de carton pourrait nous permettre de grimper, ou du moins à l'un de nous deux..."

Lossehëlin sourit doucement. Ce n'était pas cet accès-là qu'il avait localisé tout d'abord mais l'inconnu semblait avoir un esprit pragmatique à même de repérer les facilités. Il avait déplacé les cartons, les avait empilés de manière à leur assurer la meilleure solidité, et la plus grande efficacité. Son esprit de synthèse était intéressant.
L'elfe de lune visualisait déjà le chemin à suivre pour grimper sur le toit, et il avait confiance en ses compétences. Il avait vécu un certain temps en forêt et y avait développé une certaine agilité qui, sans être aussi remarquable que celle d'une dryade, lui permettrait de monter là-haut avec aisance. Aussi songea-t-il à monter le premier.

"Je vais y aller ; si cela ne vous dérange pas."

A peine eut-il prononcé ces mots que Loss s'avança vers l'amas de cartons. Il posa un pied dessus, en éprouva la solidité, largement suffisante pour son poids plume. Alors il commença à grimper.
Il agrippa une corniche, puis posa le pied sur le rebord d'une fenêtre. Prenant appui sur ses bras, il fit remonter son corps d'un coup de reins, avant de crisper ses doigts sur une aspérité du mur. Il posa un pied sur le haut de la fenêtre, tandis son bras libre pour s'accrocher à une gouttière, puis s'appuya sur ses jambes pour remonter encore. Les deux pieds sur le haut de la fenêtre, il ne lui restait d'un mètre et demi à franchir ; de fait, ses bras atteignaient le plat du toit. Il s'agrippa à une aspérité du toit, garda une main à plat, puis fit jouer ses muscle pour soulever son corps, avant d'envoyer une jambe en avant. Il força une dernière fois sur ses bras et posa son genou sur la pierre du toit.
En quelques instants, il était debout sur l'habitation. Il jeta un coup d'œil à l'elfe resté dans l'ombre des ruelles, et lui adressa un sourire.
Très vite, le corps de Lossehëlin se réchauffa sous la douce attaque du soleil. Lui ne bronzait pas, son épiderme refusant catégoriquement de prendre une teinte aussi peu dorée qu'elle soit ; mais cela ne dérangeait pas l'elfe, fier de sa peau nuageuse. Sous les rayons du soleil matinal, sa peau semblait scintiller. Ses cheveux blancs se couvraient de reflets violacés qui faisaient écho à ses yeux. Point de bleu, le soleil était déjà trop haut dans le ciel.
L'elfe prit une profonde inspiration et ferma les yeux, respira l'air pur mû par une douce brise. Il était bien. Ici, la guerre était loin et ses échos ne leur parvenaient pas. Tout était calme aux alentours, même le brouhaha du marché restait accroché au sol.
L'elfe de lune aurait pu rester là des heures durant…

Ven 16 Nov 2007 - 15:02

[HS: Désolée Loss pour le temps d'attente, je suis impardonnabale ><"]

Siera observa l'inconnu s'approcher des cartons une fois son oeuvre fini. Il n'eut le temps que d'y jeter un regard bref avant que l'inconnu ne s'y élance, enchaînant les pirouettes pour atteindre les toits... ce qu'il fit sans peine.

Il semblait aussi leger qu'une plume, et son agilité n'avait d'égal que son aisance. Siera grimaça. Il avait beau être souple, ce chemin là n'était pas pour lui. En effet, loin d'être sûr de lui, il aurait aimé que les cartons montent plus haut et qu'il n'ai pas à escalader un mur à mains nues, surtout après son voyage...

Les yeux dans le vague, il tenta de trouver une solution au plus gros problème qui se posait à lui, outre son maque d'agilité et sa fatigue : la peur du vide qui lui tenaillait les entrailles.

Il jeta un bref coup d'oeil à l'ombre de Loss qui semblait-il n'avait pas bougé d'un pouce depuis qu'il était monté, son ombre se répercutant sur le haut du mur opposé. Siera se maudissa, pensant que si l'inconnu ne bougeait pas, c'est qu'il attendait sa venue.

Aussi s'avança-t-il vers la pile de cartons et y posa un pied. Bien qu'ayant observé attentivement le parcours de Loss, il lui était impossible de faire de même, c'est du moins ce dont il essayait de se convaincre. Il ferma les yeux, tentant de reprendre peu à peu ses esprits et son calme. Escalader un mur n'était après tout pas une épreuve si difficile?

Siera rouvrit les yeux et s'avança vers la corniche qu'il aggrippa sans peine. Sans difficultés apparentes, et à sa grande surprise, il était assez à l'aise, même si les forces lui manquaient et qu'il manqua de tomber une à deux fois. Et c'est avec un soulagement immense qu'il s'aggrippa au toit, et ce bien que son geste fu maladroit.

Il se hissa avec grand peine et enfin se retrouva au même niveau que Loss qui étair resté à contempler la beauté du ciel. Siera se redressa, sentant le vent se frailler un chemin dans sa chevelure d'argent. Le silence en ses lieux était impressionnant, tout semblait si calme et si désert, tandis que la ville s'activait sous leurs pieds et que le soleil continuait sa course inexorable dans le ciel...
Il plissa les yeux. Même cette lumière là était difficile à subir pour ses yeux, à son grand déséspoir.
Il inspira une grande bouffée d'air frais, et sentant que sa voix était fiable, il se risqua à briser ce silence.

"Cela faisait bien longtemps que je n'avais pris le temps d'observer le ciel... Il tourna sur lui même, pour observer les alentours. Cette cité est tellement plus belle vue d'en haut..."
Tout en parlant, il se rendit compte d'un changement notable au creux de son ventre. L'allégresse et sa petite prouesse du à son escalade avaient ôté de son esprit sa peur du vide. Rien que le fait qu'il soit debout sur ce toit était un exploit. Peut-être après tout avait-il acquis quelques choses qu'il ignorait durant son voyage pour arriver en ses lieux...

Ses yeux trop bleux étaient dans le vague, à demi fermés. Il n'avait pas réellement conscience d'avoir prononcé ses mots. L'atmosphère était telle que l'étrange impression de rêver s'était faite sienne.

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