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 Des larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS]

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Ruby
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 21 Oct 2007 - 22:36

[ Ce topic se passe avant le retour de Ruby dans la cité. Autrement dit, avant que l'annonce officielle de sa survit à la bataille ne soit rendue claire. Je vais essayé d'expliquer la situation le plus clairement possible, mais n'espérons pas trop xD Aussi, si tu as des questions (toi ou quelqu'un d'autre) faut pas hésiter =) Merci d'être gentil : ça fait longtemps que je n'ai pas réellement rp, aussi, ça risque d'être un bon gros pavet bien lourd à digérer... ]


Début du Rp depuis la Bataille -> Les Monts Décharnés

L'aube était à peine naissante.
Là, parsemant de brume, ici, laissant près du sol un banc de brouillard, ici, aussi, donnant à l'air une fraîcheur très étonnante, partout donc, le printemps était là. Ses pluies effaçaient le sang incrusté dans la terre et dans la pierre. Elles blanchissaient les os nettoyés de toutes chairs par les charognards. Mais tout ceci, l'écho du fracas du métal, le bruit des chairs qui se déchirent, tout cela était bien loin de ce lieu qui parassait étonnament magnifique en la saison - et en temps ordinaire.
Il ne restait de l'impression d'écrasement qui autrefois prenait n'importe quel visiteur de passage, que des lambeaux épars d'une crainte instinctive. Ne restait-il pas après tout quel démon assez idiot pour rester sur les terres de l'ancien royaume de la Reine des Ténèbres ? C'était naturel pour des créatures stupides de ne pas fuir un territoire qui ne leur appartenait plus. Alors... - Puis-je me permettre un sourire ? - alors, ne reste-t-il plus aux prédateurs qu'à chasser ?

Ils étaient nombreux encore, quoi que peu, les chasseurs - mais également les proies, si la logique est demandée ici. Ils campaient dans les ombres, se terraient dans les cavernes, à l'affût du moindre bruit. Certains pistaient, d'autres tendaient des embuscades. Certains se servaient de leurs dons élémentaires, d'autres des armes et de leur seule capacités naturelles. Et elle, elle était la seule à ne se servir que de cette dernière chose, poussant à l'extrème sa maîtrise de son propre corps, s'entraînant de se fait.

Elle , Qui était-elle donc ? Ah ! Ne vous souvenez-vous pas des empreintes de glace ? Du tatouage sur l'épaule ? De la peau blanche... Tellement blanche que le lait en devenait gris par contraste. Ne vous rappelez-vous pas non plus du diadème d'argent ? Des ongles, des crocs, de la chevelure de neige ? De la sagesse, de la douceur ? Du hurlement des loups alors même que le jour n'était pas encore sur le point de se coucher ? Des sentes, des sentiers, chemins découvert vers des cadavres ? De cette petite femme à l'allure d'une enfant ? De ses yeux de sang ? ... Voila quelques échos.

Si donc, certains se souviennent des yeux de sang, de la terreur blanche, de la mort froide, si renommée, si combattive, terrifiante parfois - très souvent. Au début, on murmurait des compliments sur cette professeur aussi grande qu'une gamine de 10 ans (en âge humain, naturellement). Ils vantaient sa vaillance suicidaire, son courage de démente. Sa puissance de folle. Il y avait en elle quelque chose de si bestial que même les plus animal des hybrides ne lui parlaient que le moins possible. Et encore, elle n'acceptait de répondre qu'aux seules femmes. On ne la voyait pas manger - une rumeur disait qu'elle ne se nourrissait que de ce qu'elle tuait elle-même, ou de fruit, et loin des regards des gens qui n'étaient pas comme elle. On écoutait ses remarques toujours dites sur un ton acerbe avec des remerciements dans les yeux. Mais, même si sa voix était tissée de métal et innextricable comme les ronces, toujours se sentait derrière la force des blizzards... On ne souriait pas lorsque l'on voyait ses sourcils froncés.

Mais bon, tout cela n'tait peut-être dû qu'au seul fait qu'elle dirigea seule un des fronts de combat de la ville d'Elament, qu'elle pouvait d'un choix faire tuer la moitié des habitants qui étaient sous son commandement. On savait qu'elle ne possédait pas d'expérience militaire, qu'elle ne renfermait pas un des plus grand esprit stratège de ce siècle. Sur quoi se basait-elle alors ? Ahaha, personne n'aimerait le savoir, je pense. Mais bon... Ne dicernait-on pas dans son style de défense, un mélange entre réplication et protection très ... basique ? Pour ne pas dire carrément instinctif ? Une chose est sûre, cela fut payant.

Le plus longtemps possible, toutefois, il est certain.
Eut-il donc fallu une autre nuit de combat dans lune, sans étoile, sans ciel ? Presque rien, si ce n'est qu'elle assurait ce pour quoi elle était ici : elle défendait la cité, tuant sur son passage tout ce qui ne pouvait pas y pénétrer, se moquant que l'adversaire à qui elle assenait le dernier coup fut déjà prit par quelqu'un. Elle tuait, avec une simplicité presque terrifiante.

Or, certains prédateurs ne supportent pas qu'on leur prenne leur proie - chose bien naturel - et répondent au coup par coup.
Ah ! Stupide animal.. Qu'a-t-il donc fallu ? Que quelques mots, quelques brides de folie, qu'un baiser malencontreux ternissent la maîtrise de soi ? Tout disparut dans le fer d'un poignard.

Sa peau brûla drôlement à l'endroit de la plaie, alors que le métal entrait en contact avec sa chair. La douleur de la brûlure fut là avant celle de la lame elle-même. Seul l'argent pouvait sur cette peau n'avoir aucun effet. Puis le sang occulta tout et ne resta que ses ongles pour lascérer le monde entier. S'aurait alors été bien vain de tenter de l'empêcher d'exprimer sa douleur, sa colère, ... Personne n'y parvint, d'ailleurs, et les victimes furent oubliée. On ne garda à l'esprit qu'une chose : d'elles ne se différenciaient ni les ailliés, ni les ennemis.

La puissance gela la graine dans le sol, noya la terre. Qui aurait pu croire qu'il pouvait y avoir autant d'énergie, de pouvoir en un être comme elle ? Nombreux étaient ceux qui en avaient eu un aperçu lors des combats. Quelques uns l'avaient vérifier dans des villes en ruine, sur les restes sanglants d'humanité brisée. Ils l'avaient peut-être oublié...

Le vent ne souffla plus, on ferma ses paupières l'espace d'une seconde et la déferlante fut là, dôme de magie pure. Le froid brûla plus sûrement que le pire incendie. La trace d'imprima. Dans l'air resta suspendu quelques instants le corps d'un enfant, si juvénile, si pure, d'une blancheur comparable à celle d'un flocon. Un bruit sourd annonça sa chute dans la terre boueuse qui salit sa peau, et le monde reprit son cours.

Dans les ombres, la sérénité laissa sa place à la folie, les hurlements cessèrent, la douleur se figea dans un noeud que la seule pression de l'air parvint à briser. Le dernier souffle s'échappa et une plume vint caresser sa peau.

Elle ne sentit rien, ni la présence, ni la chaleur de la peau qui toucha la sienne pour déplacer son corps. la chair morte ne ressent plus la douleur, l'animal mort ne réagit plus... D'ailleurs, elle n'était plus elle, seulement là, ici, dans un présent qu'elle s'était efforcé toute sa vie de vivre.

L'oubli accueillit son réveil, le silence les pas de sa renaissance, la nuit le toucher de sa peau sur le pelage des loups, le calme la mort qu'elle dispensa de nouveau.
Et elle disparut encore, pour une nuit ou un siècle de plus, vers l'ombre, vers l'hiver, droit au nord.

¤ ¤ ¤


Mais ses pas la firent revenir dans le sud, vers les terres réchauffées par le soleil du printemps, à l'écart des ombres gelées des terres enneigées, perdues dans les tréfonds d'une forêt dont le nom a été aujourd'hui oublié par les races des hommes, et que les êtres sylvains fuient depuis les lunes que comptent leur vie. Elle marcha des heures, des nuits, dormant à même la terre, buvant à même la rièvière, se repaissant des chairs ensanglantées des proies que ses membres attrappaient. La maîtrise des éléments étaient en elle un souvenir qui ne transparaissait que par les seules actions de ses pas sur le sol. Il ne restait que l'instint, les crocs, que les yeux couleurs de sang qui cherchait dans les bois la sente d'une proie qu'elle ne se savait plus vouloir revoir de nouveau.

Son odeur était facile à reconnaître, la chaleur de son corps aisée à percevoir dans l'air frais du matin. Peut-être l'avait-il repérée depuis longtemps, lui qu'elle observait depuis des heures. C'était même fort probable. Ou alors la sentait-il, mais ne la prenait-il pas pour la personne qu'elle était réellement.

Elle retenait ses pouvoirs pour les rendre imperceptibles. La terre n'était plus marquée par son pas, son flair n'était plus aussi puissant. Elle n'était plus différente des loups que par sa seule forme. Si donc il la percevait, ce n'était que sous la forme d'un prédateur un peu trop zélé, d'un bête sauvage à peine consciente. Et en cela, son impression était plus que juste, mais peu précise. La nature l'excusait donc.

Le feu éclairait son visage, son corps musclé assit près de cette source de chaleur. Si petit, presque invisible de loin, mais assez grand pour démontré de la confiance en soi du chasseur, d'un caprice aussi, peut-être. Il l'éteind en sentant son approche, ses yeux s'habituèrent vite à la pénombre.

Personne ne peut voir les ombres dans le rideau des ténèbres. Même lui n'y faisait pas exception. Il était peut-être un prédateur, mais il lui manquait cette petite chose qui faisait de lui un animal. Une bestialité, une sauvagerie inhumaine. Il leva un peu la main, les dards de glace brillèrent dans l'obscurité.
Peuh ! Il comptait faire d'elle son repas dans son innocence ? Il aurait fallu pour cela qu'il saisisse le blizzard, la bise, l'eau, les flocons. Et cela, seul le temps peut s'en vanter. Le vent souffla pourtant un peu, mais elle n'avait pas fait l'erreur de se mettre dans son sens, il lui apporta l'odeur de sa sueur, de ses nerfs tendus, de ses sens à l'écoutent de la moindre erreur de sa part à elle. Rêvaient-ils ? Elle avait grandi plus sûrement que l'herbe.

Elle avança à pas prudent, aussi silencieuse que la nuit, souple telle un de ces félins qu'elle détestait tant. Peut-être comprit-il enfin de qui il s'agissait alors que son ses pas aucunes branches ne craquaient. Peut-être aussi la lune lui apporta-t-elle l'éclat blafard d'une ombre blanche et comprit-il... Cela, elle ne le sut pas, ce qui est sûr, c'est qu'elle s'arrêta et garda le silence, laissant sur lui des yeux plus lourd que le ciel lui-même.


Dernière édition par Ruby le Mar 26 Fév 2008 - 0:31, édité 1 fois
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyLun 22 Oct 2007 - 0:05

Ce fut une journée plutôt paisible. Les échos de la bataille s'éloignait, tandis que les démons continuaient leur raids incessants sur les routes de commerce, les habitants de la cité reconstruisaient la ville, mais la plupart dormaient. Cette journée était passée, la nuit reprenait son droit avec son lot d'événements en tout genre.

Dans cette vaste pleine couverte de forêt, nul chariot de commerce osait s'y aventurer. Tous dans la nuit, campaient et se tenaient sur leurs gardes, peu faisait plus de dix métres au alentours de leur tentes. Cela équivaut pour les démons, les voyageurs, mais aussi les chasseurs. Ces opportunistes spécialiste ou amateur dans l'art de tuer du monstre pour s'en faire mérite, entraînement, argent.

Parmi eux, se trouvait le Traqueur. Avant même qu'il puisse prendre d'assault le campement des démons, le voile vesprâle avait couvert la région. Celui-ci n'avait pas de tente, il décida donc de prendre de la brume comme du coton dans un sac, tissa des fils qui sous sa volonté formérent une couverture, forma des pics des glaces et en une heure avec seulement de l'eau comme matériel, il eut une tente.

Cependant ayant prévu le coup, ne voulant seulement pas s'embarasser d'un matériel encombrant, il avait pris une fiole avec de la cire et des alumettes. Avec de la brume, il fit planer la bougie et craqua une alumette pour illuminer son espace. Il était bon pour une belle nuit à la belle étoile.

Assis en tailleur, il aiguisait ses sens. A la petite lueur de la lune, ses yeux s'habituérent à voir ombres dans ombres. Ses oreilles restaient à l'affût du moindre du moindre son perceptible par ses longues oreilles d'elfe. Son flair s'éxécutait à sentir la brise du soir, le terroir, la chair brûlé planant très légérement sous les autres odeurs. Il avait aussi développer la perception par la pluie la moindre goutte pouvant trahir une présence discréte mais aujourd'hui, il ne pleuvait pas. Simplement ce brouillard qui donnait une vague idée de ce qui l'entourait, autrement dit rien sauf des animaux qu'il ne pouvait pas voir avec ce sens. Enfin cet être possédait un pouvoir qui ne peut s'expliquer que si on le posséde, l'instinct du chasseur, et oui encore chasseur mais qui tend à se faire animalier, tellement les combats furent nombreux durant sa vie, tellement les traques furent nombreuses durant ces derniers mois.

Cet amas de capteurs sensoriels lui permettait d'avoir une vision globale mais approximative de la zone dans lequel il se reposait. Il n'attendait plus que cette vision s'imprime à travers lui jusqu'à devenir d'une prudence affirmé pour qu'il se laisse guider par les bras de Morphée. Cependant une présence n'attendit pas ce moment.

Elle était étrangement silencieuse, à peine perceptible, complétement en osmose avec une nature qui ne laissait trace d'elle. Il eut du mal à la repérer, mais finalement plus elle se rapprochait de la flamme qui illuminait la tête, plus le chasseur sentait à travers ses pores, la délicate impression de ne plus être seul.

De l'eau en petite quantité se forma sur son pouce et son index gauche, et d'un geste sans équivoque éteignit la flamme.

Il n'arrivait pas à la voir à partir de la brume, elle était trop loin pour qu'il puisse en définir une véritable silhouette à partir des infimes faisceaux répercutés sur l'astre lunaire. Il n'eut pas peur, la peur est abstraite, il savait faire abstraction de cela. Son regard, sa prudence étaient guidés sûrtout par une sorte de curiosité maladive vis à vis de la chose qui s'approchait. Qu'était-ce donc que cette bête qui ne laisse ni traces dans la neige, ni corps dans la brume, une aqua ou un aéra fort bien aisé de ces dons à n'en point douter. Soudainement au détours d'un feuillage peu épais, la lune illumina la silhouette.

C'était elle. Ce prédateur pire qu'un démon, à l'allure d'une enfant, d'un don si rare qu'il peut réduire des rangs démoniaques en seulement quelques instants. Cette personne si connu du Traqueur pour être une fillette chére à son corps qui ne réclamait qu'extase du combat, jouissance de la puissance, de la maîtrise, du talent, tâtant et se comparant, enfin de flatter l'âme de cet ancien démon. Sa seule présence l'excitait, il vibrait d'une envie tel d'aller la défier que même son pragmatisme ne put arriver à bout de cette furie. Si personne ne pouvait ébranler l'esprit du traqueur, alors elle était personne. Et dans cette pénombre, peut-être n'était-ce qu'une illusion, le reflet d'un désir, d'une peur. Non, l'instinct lui dictait que c'était bien un être de chair et de sang qui se dressait désormais immobile devant lui.

Il devait se maîtriser, ce n'était pas des manières pour un si puissant mage que de s'affaiblir psychologiquement même face à une créature comparable à une divinité de l'eau. Et le premier pas fut le rappel du coup de poignard qu'il lui avait envoyé alors qu'elle déposait ses lévres sur les siennes, emportait par le désir de contempler la puissance défoulée par la jeune femme lorsqu'elle se met en rage. Le spectacle lui avait plus et il ne désirait plus qu'une chose, c'était qu'elle reste en vie, car la perdre, serait perdre des aventures possibles, des situations amusantes et des scénes...qui sait? Plus qu'avec quiconque, plus qu'avec ses anciennes compagnes, la canistia passionante défunte et la vampire déprimée et déprimante, il savait qu'un chemin lui était ouvert vers les plus hautes fantaisies de tout les genres. Elle était une démence qui déclenchait sa démence, une necessité. Elle était en vie, cela le soulagea. Puis de sa position en tailleur il se redressa sans utiliser ses mains et lorsqu'il se mit à marcher en direction de la jeune femme, une sorte de bestialité animait ce corps de colosse d'habitude très droit et froid.

Il s'arréta à trois métres d'elle, pas plus pour ne pas déranger l'hypersensibilité dont elle pouvait faire preuve, pas moins pour pouvoir lui parler face à face. Lui il s'appellait Shinreï Suiton, un expert redoutable dans la traque et les sorts élementaire d'eau, Elle, elle s'appellait Ruby, la plus puissante Aqua du temps actuel.


"Bonsoir ma belle! Heureux de te voir en vie!" Tel furent les premières paroles, prononcés avec une authentique pertinence de l'elfe envers une revenante plus impressionnante que jamais dans une nature en harmonie avec cette être, une nature qui devenait un être derrière elle.
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Ruby
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyMer 31 Oct 2007 - 21:49

Des ténèbres naquirent la lumière.
Rampant sur le sol, c'était la terre elle-même qui la gardait cachée de tout, des yeux espions comme des coeurs mauvais. Les choses impures ne pouvaient pas voir ce que la nature elle-même protégeait. Pour preuve : avez-vous déjà vu une fée ? Des ombres, donc, éclot une fleur de lune, une edelweiss, si fragile que la lumière même de l'astre nocture donnait l'impression de pouvoir la briser. Mais lorsque les paupières découvrirent les prunelles, le monde arrêta sa course le temps d'un soupir. Sur ses cheveux glissèrent les rayons de lumière, cascadant sur ses bras. Là, une mèche venait se perdre sur la clavicule, légèrement bouclée. Son corps ne bougea pas alors qu'elle s'offrait à ses vues, offrait à ses yeux le spectable de son travail : sur son flanc laiteux demeurait la marque dorée d'une ancienne cicatrice, alors qu'une bande de tissu cachait sa poitrine et qu'un pagne était noué autour de sa taille. Dérisoire protection face au froid.

Elle resta de glace, aussi froide que le froid lui-même, tandis que la voix narquoise se fit entendre. La jeune femme l'avait regardé s'approcher sans peur aucune (et elle savait que cela était réciproque). Elle lui devait un enseignement rare, et si précieuse que même toutes les richesses de monde ne le valait pas et n'en suffirait pas au paiement. Elle avait apprit à ne plus être patiente, et à ne plus laisser de chance aux adversaires, sauf si cela était pour le jeu. Remarquait-il donc que s'il lui reprenait l'envie de la tenter, elle n'hésiterait pas avant d'abattre le dernier coup ? Qui sait, peut-être même que le dernier serait le premier, et vice et versa...

Ruby garda le silence, fixa sur cet être à la fois désiré et détesté un regard de pierre. Devait-elle lui répondre ? Devait-elle garder le silence ? En ne rétorquant pas immédiatement, elle avait déjà choisi de se taire. Pour le moment.

Il fallait savoir que c'était drôle qu'il soit heureux. Et, même si dans le ton qu'il prenait, ses paroles semblaient ironiques, dans sa posture, elles demeuraient vraies.

Ah... Dieux. Ces paradoxes allaient-ils toujours demeurer entre eux ? Mélange de haine et de désir, d'attirance et de répulsion, de jeux et de vérités, de contacts et de paroles... Ils possédaient pourtant un caractère tellement semblable. Etaient-ils donc les têtes des dragons bicéphales, ne vivant que dans l'espoir de tuer leur jumeau ? Il était pourtant plus vieux qu'elle, même si moins évolué. Il possédait la puissance, l'expérience, la force, l'endurance. Tout cela en moins grande proportion qu'elle. En cela, seulement, la nature l'avait gâtée. Et la beauté ? Elle ne voyait pas la beauté. Elle était animale. Elle ne voyait que la force. Et sa beauté à elle ? Elle ne jouait pas à l'imaginer et avait parfois du mal à la concevoir comme étant réelle.

La jeune fille pencha son corps vers lui, ployant sous le vent, sous la brume, comme si le monde entier venait de se poser sur ses épaules. Elle inspira un coup, flaira le musc, le benjouin et le fauve, puis reprit sa place, confiante. Elle jouait de ses gestes comme elle savait jouer des mots. Tout aussi bien qu'elle maîtrisait l'élément eau. Et, faisant passer son manque de réponse non-désiré pour la seule envie de prendre son temps. Elle sourit. Le froid s'en fit plus intense. Du visage, elle fit un non, tournant lentement son menton vers la droite, puis vers la gauche, tandis que dans sa bouche sa langue claqua trois fois, sainte trinité.


" Tt, tt, tt. "

La négation absolue, sans paroles pourtant. Puis elle s'avança vers lui, doucement, n'affichant aucune hostilité, ni aucune envie de combattre, sachant qu'il ne se risquerait pas au combat, et qu'elle-même n'engagerait pas en première un affrontement qu'elle ne voulait pas mener (par pur caprice, comprenons-nous). Coulant comme une rivière, elle se colla à son corps chaud, faisant naître sur sa propre peau des frissons doux. Ils courrurent quelques secondes le long de son échine avant d'aller perdre dans ses reins. Son esprit alluma une alerte sanglante. N'avait-elle pas déjà fait cela, avant ? Le reste de ses souvenirs nétaient plus alors que d'ivresse et de puissance, puis le noir.

Sa main coula encore, caressante, transformant la bestialité en sensualité. La jeune femme fit passer le bras du jeune homme par dessus ses épaules.

Qu'en était-il des tabous ? Ricanez, piètres lecteurs. Ne comprenez vous donc rien aux êtres comme elle ? Il l'avait souillé, battu, lui avait fait revenir en mémoire des choses proscrites. Il l'avait frappé, combattu, puis il avait même fini par la tuer (cela en fait des choses, à son actif, n'est-il pas ?). Au final, elle lui vouait une attirance étrange et une haine sans borne. Il n'était plus commun, il était différent des autres. Et en lui reconnaissant une différence, elle lui accordait le droit d'être unique et de se fait, de pouvoir outre-passer les règles imposées aux êtres banals.

Les limites demeuraient dans l'acteur des choses. Elle, toujours. Et non lui. Peut-être ne saisissait-il pas ce qu'elle faisait. Peut-être se laissait-il faire - non par... "compréhension", mais par caprice. Ah, que les gens présomptieux aiment jouer.

Elle joua, donc, laissant dépasser sa langue par delà ses lèvres exangues, touchant juste en un point la clavicule. Puis, elle se recula de lui, aussi insaisissable que le vent. Sa main caressa juste le flanc, à un endroit précis.


" Il faut avouer que piètre est le chasseur qui ne sait pas donner l'hallali à sa proie. Et c'est vrai que je peux de ta maladresse t'être grée. Seulement... Quelle somme te dois-je, pour m'avoir donné et la mort et la satisfaction de bien des combats et des chasses ? ... Ah ! J'oubliai que je te dois en plus un enseignement. Mais n'ai-je pas déjà payé celui-ci de mes lèvres ? "

Lorsque de sa bouche s'effaça le sourire, la brume se transforma en pluie et tomba directement sur le sol d'une façon si brusque que cela ne sembla pas avoir été fait par l'élémentaliste d'eau. La maîtrise à son plus haut point. La Magicienne de l'eau, la Chasseresse de Glace, aussi, disait-on. Mais on lui donnait d'autres noms beaucoups plus péroratifs.

Tandis qu'elle parlait, elle l'avait contourné, le jugeant à la fois prédateur et serein. Il paraîssait si calme que cela l'aurait ordinairement agacée. Elle était habituée à ce que l'on frémisse un peu à son passage. Mais étant ce qu'il était, elle ne lui en voulu pas. Les ombres lui allaient si bien au teint. Seule d'eux ressortait sa chevelure de coton. Jaugeant la taille de son abri de fortune, elle retint de sa bouche un soupir de mépris, tendant l'oreille à une quelconque réponse. Puis, passant sa main au-dessus de l'abris de fortune, elle transforma le modeste abri en véritable tanière digne de ce nom et s'assit près d'une bougie éteinte.
[i]
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyVen 2 Nov 2007 - 0:07

Il demeura indifférent. Cela pourrait paraître étrange pour deux raisons. La première fut que personne avant lui n'avait pu resté dans cet état à bout portant, alors comment un être pourtant assez faible comparé à la jeune femme pouvait rester de marbre lorsque glisse sous ses épaules des bras plus froids qu'une nuit au sommet de la plus haute montagne des Terres du Nord? Peut-être avait-il acquis assez de sereineté pour se laisser envahir sans ciller. Peut-être s'était-il habitué à sa présence lors des derniers contacts, tellement qu'il en devenait immunisé. Peut-être avait-il abandonné son corps le temps qu'elle l'eut parcouru. Peut-être que derrière tout cela, il ressentait une certaine chaleur. Nul ne le sait, mais l'elfe noir se laissa entièrement à elle.

Ses mains passérent sous ses bras, se glissa dans les moindre recoins, on aurait dit qu'elle était vétu de mille tissus, tellement le contact en fut doux et apaisant. Puis elle passa sensuelement sa langue sur la clavicule avant de reculer, croyant peut-être jouer avec une telle personne, une personne qui l'avait manipulé. Cela ne pouvait être réciproque, c'est ce que se dit l'elfe noir. Peut-être était-ce cette pensée qui l'aida à ne pas s'ébranler. Mais son orgueil lui dicta que ce fut son corps qui résista, sans aide, aucune!

La deuxième raison du trouble que vous ressentez en lisant ces lignes fut que ces retrouvailles auraient du se passer tout autrement. Elle aurait du être vindicatif et lui en profiter, du moins se méfier. Elle s'était collé à lui sans hostilité et lui en fut indifférent. C'était au-delà de la raison, au-delà de la haine, au-delà de la cruauté. Il l'avait touché avec tant de violence, que son corps devait en être imprégné, au point d'en perdre toute logique. Il en avait tellement profité qu'à son tour elle pouvait en profiter. Seulement l'elfe noir ne pouvait se laisser faire complétement, se prendre au jeu et être piégé. Il était donc resté de marbre.

Puis elle s'éloigna et se mit à parler. La forme elle-même dévalorisé l'ensemble, démystifiait la fille. Des questions, elle aurait du n'en avoir point besoin, elle aurait du comprendre par soi-même. A moins qu'elle l'ai compris ou avait cru comprendre, et qu'elle essayait de tourner le couteau dans la plaie. Preuve qu'elle se trompait déjà. Chez l'elfe noir, nul remords, nul scrupule, nul regret. Il ne montrait ses faiblesses qu'à des gens dont il se savait hors de danger. Et les gens dont il s'était servi comme des jouets? il n'en avait point pitié.

La première phrase vint avec grâce, la deuxième la surpassa. Aucune n'avait d'utilité. Culpabilité puis remerciement, des mots dont il usurpait la signification sans véritable en être empoisonné. Ensuite le reste vint dégradrt que ce soit par la forme ou par le fond, le tout, le fond de sa pensée qu'on disait unique et insaissisable. Car tout cela tenait par une seule conviction, savoir l'elfe noir cupide. Il n'en fut rien. Il en avait bien profité. Il l'avait battu, frappé, puis blesser enfin d'admirer ce que cela pourrait donner. Et il ne fut pas déçu. Sous ses doigts, un carnage de sang de démons mais aussi d'éléves s'était dessiné, un spectacle qui n'eut d'égal que le Loup.

Elle l'avait bien diverti, en contrepartie de tout ce qu'il avait fourni pour arriver à ce résultat, il ne demandait rien. Pourquoi? Sa maladresse de départ, l'ignorance dont il avait fait preuve au début de l'enseignement avait condui à le haïr, une telle haine qui ne pourrait s'apaiser, même si c'était le prix à payer pour l'enseignement qu'il lui avait fait endurer. Le baiser? Le baiser alors qu'il la poignardait? Il en avait profité, oui. Et comme elle l'a dit, cela était suffisant.

Il y avait une chose qui exaspérait l'elfe noir, plus que tout au monde. C'était ce genre de comportement. Celui qui croit qu'il l'avait choqué, celui qui croit tout savoir de lui, celui qui insiste au lieu que tout cela est à côté de la plaque. Mais cela, il lui pardonna. Rare sont ceux qui le comprennait véritablement, qui comprennait que tout cela était à cent mille lieux plus bas que ses pensées.

La brume se changea en pluie, il ferma les yeux. Il se rappella alors un mot à travers tout ceux qu'elle avait prononcé, ou plutôt deux : "chasseur" et "proie". Si en cela, il fallait croire qu'elle définissait ce que pensait l'elfe noir pensait de leur relation, elle eut bien tort. L'elfe noir l'avait pris pour une éléve, puis pour un pantin, puis pour une danseuse dans le creux de sa main, puis pour une fille capricieuse qui éprouvait du désir pour lui, mais jamais comme une proie.

Elle le contourna. L'elfe noir put le percevoir par les gouttes d'eau. C'était l'une de ses spécialités et même la plus puissante des Aquas ne pouvait être invisible sous cette forme à cette forme de vision. Un craquement. Il sut alors qu'elle avait transformé son campement de fortune en quelques choses de plus somptueux, confortable à celui qui peut s'y installé. C'est à dire, quelqu'un qui pouvait résisté au froid, quelqu'un de nature Aqua, quelqu'un envers qui elle ne transformerait pas des coussins de neiges en hostilité. Une fois sous la tente, plus une goutte ne pouvait effleurer la jeune femme, et il décida donc d'ouvrir les yeux et de se retourner. Elle était là assise dans ce qui pouvait ressembler à un abri pour bel hôte.

De pas fermes, il s'en approcha. Il arriva devant elle, fit un pas de côté, pivota sur lui-même et se laissa tomber sur ses fesses sur ce qui pouvait être de véritables coussins de neiges, tellement confortable qu'on pouvait y reconnaître le talent d'une si grande élémentaliste. Lorsqu'il fut bien installé dans sa position, il daigna enfin adresser un regard à la cristaléenne, un regard serein, nu d'hostilité ainsi qu'un sourire doux.


"Tu ne me dois rien. Je t'ai causé tant de souffrance par mes maladresses puis par ma cruauté, que ce serait plutôt moi qui serait endetté jusqu'au cou. Tu m'as offert un si beau spectacle, le prix de la place était bien bas par rapport à sa valeur. Je ne te demanderais donc rien. Je n'en ai pas le droit."


Etait-ce de la sagesse? Peut-être. L'elfe noir savait en faire usage quand il se devait d'être sérieux et sincére, car son coeur après tant de tumultes était apaisé et équilibré, il ne pouvait en douter.
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Ruby
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 25 Nov 2007 - 1:19

Les jeux sont si drôles, parfois.
Il suffit de se taire, de fermer les yeux et de laisser son corps se faire porter par le courant instable de la folie. Et si tout dérape ? Qu'importe ! Le jeu aurai mené sa course un temps, et ces petits momens de bonheur ultime valent bien plus que toutes les heures de douleur.

Pourtant, elle ne fermait pas les yeux, ne se laissait pas porter. La folie était toujours là, sous-jacente, quelque part. Mais, quoi que plus forte, elle était plus contrôlée.... Plus terrifiante, d'une certaine façon. Et, même si la jeune femme ne s'en rendait pas compte, elle sentait qu'il ne manquait qu'une seule chose pour qu'elle sombre, ou pour que sa conscience s'élève si haut qu'elle se perdrait.

Le sang serait-il encore un élément essentiel ?

Folie, donc... A son coeur était attachée cette écharde. Nécessaire ou fatale. Etait-ce folie que d'être revenue vers lui ? Elle ne savait même plus pourquoi elle avait voulu le voir, mais, l'ayant voulu, elle l'avait fait : il ne devait y avoir de regrets en son esprit. Etait-ce la haine qui l'avait fait revenir ? La volonté de vengeance ? La Colère ? Elle gardait le silence, pas même déçue de ne pas avoir vu la surprise sur le visage de l'elfe noir, comme blasée de l'incapacité de cet être à exprimer ses sentiments. Ferait-elle comme lui ? Prendrait-elle un malin plaisir à le briser ? Il ne lui avait jamais permis que de devenir plus folle, et sa puissante était proportionelle à cette dernière à l'époque de son eneseignement....

En jouant, il s'était perdu.
En jouant, il avait perdu. Mais gagné tellement. Son orgueil avait trouvé un terreau fertile. Il était la cause ou la raison d'un mythe chez les démons, d'une tueuse gardienne chez les habitants. Peut-être avait-il du mérite d'avoir eu le courage de s'approchait alors même que les démons la fuyaient. La vérité, c'était que son attitude l'intrigait. Ce mélange d'innocence douce et de froide calculation. Il ne manquait que la bestialité pure d'une sauvagerie hautaine pour qu'elle veuille le protéger. Et comme jamais il ne se laisserait aller à ses pulsions, Ruby ne craignait rien..

Capices, jeux, fantaisies.
Ces amalgames tiraillaient en elle une corde sensible. Elle n'avait jamais pensé rencontrer quelqu'un différent d'elle se trouvant être aussi proche de sa nature. Seul un ange pouvait se vanter de pouvoir lire son coeur, cette face cachée qu'elle ensevelissait sous la louce. On ne pas savoir qu'elle était douce. Surtout pas l'elfe noir.
Archael était la faille énorme, mais leur relation était plus simple que cette qui s'était établie entre elle et Shin. Pensait-il encore à elle ? l'avait-il vu lorsque, chevauchant un loup un loup noir, elle lui sauvait la vie ? Ou alors la pensait-il morte, voire revenue sous la forme d'un fantôme, comme le croyait bon nombre de gens du commun ?

Elle était partie n'était revenue que pour Shin et bientôt, elle irait voir Métatron qui lui avait rendue la vie. Puis le néant redévorerait ses pas et son être. Elle disparaîtrait de nouveau, jusqu'à ce qu'une aube blanche et givrée se lève sur son cadavre bleuis par la mort. Elle n'était qu'une louve, et se devait de mourir dans un lieu ouvert au ciel, pas sur un champs de bataille, le corps transformé en fumée par un brasier funéraire...

L'odeur du feu de bois la rendit ivre une seconde. Ses yeux se voilèrent, elle s'étira en arquant le dos, creusant ses reins. Son nouveau régime alimentaire avait relancé sa croissance mais toujours des traits enfantines cachaient la sauvagerie. Seules la poitrines, plus opulentes, et les hanches plus larges traduisaient sous l'arachnide du tissu l'avènement de ce nouvel être. Rien de bien méchant, quelque chose de bien étrange.

Du bout des doigts, elle toucha la cendre tiède. L'humidité la lui colla sur la peau, un sourire douce-amère voleta un instant sur ses lèvres lorsqu'elle constata la vive contraste de couleur. Et, de loin, très loin, l'écho de la voix de l'elfe lui parvînt. Le silence s'installa, essentiel entre eux ou les nécessités ne sont rien. Juste un jeu de plus.

Mais ce silence la n'était pour elle frustration, et températion.

Elle n'était donc qu'une divertion ? Un pion, placé là, bougé ici, maléable, déplacé à la guise d'un marionnetiste aveugle ? Elle lui avait offert un spectacle ? C'était agréable à entendre... Agréable à savoir, d'autant plus qu'elle était venue avec l'idée qu'il n'avait pas voulu totalement ce qui lui était arrivé...

Pourtant, elle lui pardonna sa délectation, lui pardonna même la façon si sage avec laquelle il prononçait ses paroles si prompte à attiser la répartie. Ses yeux plongèrent dans le ciel et elle lorgna, vide, les étoiles, épuisée.

Entre ses doigts, elle avait presque l'impression de sentir fuir les grains de sable de son existence. Et la Cristalléenne s'en sentit apaisée.

Alors, comme une prière, une demande ou un ordre, sa voix glissa de l'interstice de ses lèvres et, caressante, elle murmura :


" Je ne compte plus revenir. "
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Shin
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 16 Déc 2007 - 1:49

Dans cette nuit paisible, le temps semblait s'être arrété. Il paraissait éternel tout en ne durant qu'un instant, le silence brisé seulement par le vent l'amplifiant. Du peu que sa tente lui laissait voir, il observa la nuit disparaître sous les premières lueurs du jour.

Il se sentait apaisé, le coeur léger, la confidence étant désormais faite. L'elfe noir avait relativement peu de scrupules et l'importance de ses propos lui paraissait à la fois dérisoire et utile dans la mesure où il n'y aurait plus de quiproquo à l'avenir. Il était bête immonde jouissant de son crime avec délectation, gamin détruisant son château de cartes, érudit mettant en pratique son savoir pour le plaisir des yeux, par expérimentation pratique de ses connaissances. Shinreï n'avait guère autre chose à rajouter, il vivait sans remords, la page obscure de ces temps de guerre étant tourné, la lecture passant à un autre chapitre. Le sentiment du travail accompli surpassant le nombre de ses innocentes victimes indirects, leur sang lui permettant d'écrire ces quelques lignes. Et puis la guerre était finie, sans victimes elle n'aurait jamais existé. Cela était un prétexte, Shinreï le savait mais il s'en fichait. Au moins les effectifs des classes en seront réduits.

Tandis qu'il se perdait entre ses pensées et le second degré sombre et cynique, la phrase que prononça sa compagne de l'aube naissante l'extirpa de son esprit. Ses yeux s'écarquillérent. A-t-on jamais vu reine sadique avoir des remords, gamine regrettant d'avoir joué, folle de son état? Non cela était plus profond. Shinreï se sentit alors marionnetiste d'un pantin qu'il avait dupé et qui venait seulement de s'en rendre compte, acceptant la fatalité dans laquelle était baigné cette période où elle se sentait alors libérée. Il avait l'impression aussi étrane soit-elle que la cristaléenne culpabilisée pour toute ses personnes mortes sous ses mains, manipulée par une instance aux valeurs hiérarchiques intellectuelles et présomptieuses. Si cela avait été son oeuvre, l'elfe noir se dit qu'elle aura sûrement un peu de fierté, mais là ce qu'il venait de prononcer lui avait sûrement retiré toute envie de jouer.

Pourquoi alors, plus que pour tout ses éléves morts, ces familles abattues, l’elfe noir avait le cœur peiné de voir une telle résolution chez elle ? Peut-être était-ce parce qu’il la connaissait, parce qu’il ressentait cette peine des quelques centimètres qui le séparait de cette fille, peut-être parce qu’il l’aimait ? Hein ? Non pas possible, il lui aurait pas fait çà avec de telle idées derrière si il avait eu de l’amour pour elle. Peut-être que physiquement, il était fait pour ressentir le mental de la jeune fille, tout ces contacts, tout ses évenements ayant créé une sorte de champ magnétique entre eux et qu’elle lui était palpable. Echaffaudant des pensées intimes, il se dit alors qu’il n’avait pas le droit de penser à cet instant précis, la cristaléenne au bord du vide. Sa vie dans ses mains, il devait agir.

« Reste ! »

Sa main s’était délicatement mais fermement aggripée à l’épaule de la jeune femme. Son regard se fit ferme et confiant.

« Reste pour Elament, pour le reste de tes éléves que tu n’as pas tué, pour moi, pour toi. Haïs-moi, tue-moi si il le faut, mais si tu pars, un jour tu seras de nouveau monstrueusement manipulé par un type comme moi, comme ton Fërima, mais sûrement pas par un type qui a pour but, même indirect, de te rendre plus forte. »


Il avait soudainement l'impression d'avoir dit quelque chose d'impulsif et de maladroit, peut-être inutile, mais il avait laissé parler son coeur et espérait que cela sera plus puissant que toute machination de sa part.
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Ruby
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 13 Jan 2008 - 15:28

Ce fut d'abord le contact de sa peau qu'elle ressentit, chaude, sèche. La peau cornée, habituée à manipuler le métal. Des mains faites pour la guerre plus que pour l'amour. Faites pour briser les os plus que caresser des cheveux. Des mains grandes, sécurisantes, aptes à protéger n'importe qui, prêtes à n'importe quoi. Et dans ces mains, elle sentit les siennes minuscules, froides, d'une douceur incomparable, apparemment gauche à n'importe quel travail. Des doigts de professeur, le doigt tendu pour la punition.

Puis, elle prit une gifle, Le choc lui coupa la respiration, noyée qu'elle était sous le flot d'information, de sentiments. Allons, allons... Trop habituée à le voir tarit d'humanité, la moindre expression de sa part la rendait-elle chose ? Sa franchise la cloua plus surement sur place que ne l'aurait fait un pieu, Interloqué, les yeux écarquillés, la Cristalléenne lavée au sang ne put pas même cacher son étonnement et, loin dans son coeur, la fleur du doute s'ouvrit doucement. On tenait ainsi autant à elle, par ici ?

La vague passée, le torrent sec, elle reprit un visage lisse qu'en un instant, des étoiles vinrent éclairer les yeux. Un tic passa sur ses lèvres, soubressaut animal. Et un carillon sembla sortir de sa gorge.
Son rire tinta clair, doux, comme un gazouilli d'oiseau, comme le bruissement du vent dans les feuilles, le murmure de l'eau d'un ruisseau. Disparu alors, sans sa voix l'apre chant de l'acier sortant du fourreau, lorsqu'elle parla. Il ne restait plus d'elle que ce qu'elle aurait pu être (ou pourrait être), une fois tout cela terminé : une jeune fille douce, le visage gaie, rieur, la voix comme un enchantement, le bonheur dans le yeux. Et, encore, un sourire timide aux coins des lèvres.

Sa main remonta, venant cacher sa bouche, taire vainement le rire de jeune fille, de cette fille que personne n'avait vu, cette part d'humanité qui ne sortait jamais, avalée par la louve.


« Ah ? »

Le rire s'arrêta, mais les étoiles, toujours, brillaient. Ruby lâcha la main de l'elfe (à regret ?) et, sans s'arrêter, elle exprima la même franchise que lui.

« Rester ? Pour toi, pour moi, pour eux ? Pour des êtres que j'effraie ? Je ne suis pas de ces gens qui aiment provoquer la peur. J'aspire à la paix simple des loups, j'aspire au silence, à la chasse, à l'hiver. J'irai vers le nord. Peu de choses pourront me faire changer d'avis. » Elle se tu, pencha la tête de côté. Les étoiles ne sont-elles pas des larmes de lune ? « Je veux partir. Pas pour les protéger de moi, pas pour fuir, ni même oublier. Je veux partir car je n'ai plus rien à espérer ici. »

Lentement, sa main monta, venant caresser le visage de l'elfe. Le froid abolit, elle ne gela pas son visage. Sa nature effacée, elle ne lui lascéra pas la peau. Son identité reconnut, elle aima cela un temps.

« Que me reste-t-il ici ? Je n'ai ni meute, ni territoire, ni but. »

Elle ne lui laissa le loisir de répliquer.
Sa seconde main remonta, encerclant le visage à la peau plus noire que l'aile du corbeau. Ruby déposa un baiser de miel et de soleil sur la bouche de l'elfe et posa le visage sombre contre sa poitrine. Un souvenir ancien lui revint, époque de combat, de marais, de mensonge et de sortilèges.


« Je resterai avec toi cette nuit et, demain, je partirai. Mon départ ne réveillera pas tes songes. » murmura-t-elle tandis que, légère comme une plume, la nuit accueillit la voix de son chant, probablement pour la dernière fois, dans une berceuse ancestrâle d'une langue peu connue. L'antique cristalléen.
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Shin
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyMar 22 Jan 2008 - 19:18

Le peuple de glace sont toujours très discrets quant à leurs faiblesses. Ils ont compris à quelle point leur sensibilité et leurs failles leur sont désavantageux et dissimulent rapidement sous une forte carapace caractérielle. D’apparences, ils sont toujours sur la défensive ou se jouent avec habileté du monde extérieur. Ils sont puissants par la maîtrise, difficiles à cerner comme une ville entourée d’une muraille. Ils semblent invulnérables à tout ce qui se peut capable de les atteindre, mais ce n’est que le masque et le déguisement qui veut cela. On ne peut jamais les connaître du premier regard mais si vous avez assez de charme ou de caractère pour leur plaire et passer ainsi assez de temps avec eux, vous verrez en eux, des gens qui ne demandent que de l’intimité pour montrer leur véritable nature, ce qui est en soit la plus grande marque de confiance qu’ils peuvent vous donner. Ils deviennent souvent des légendes, mais ils ont sûrement souffert plus que les autres et plus affligés. Sous leur déguisements, il y a des cicatrices qui ne se soignent pas et qui leur donnent le courage de paraître invincible. On ne peut improviser un peuple ainsi fait. On naît loup, ou pas.

Ce fut ainsi que l’elfe noir vit le masque se briser avant d’être remplacé par un autre, à peu près identique. Le dow avait conscience d’être quelqu’un qui pense trop au profit et manque d’humanité, mais bien qu’il avait assez d’endurance pour avoir l’apparence d’un être de glace, insensible et dangereux, il lui arrivait d’être épuisé de lui-même, d’en avoir assez d’être ainsi fait. Après tout, il y avait de l’affection derrière ses muscles bien dosés, sa tête bien formés, et ses techniques bien maîtrisés. De l’affection pour Elament, sa première véritable maison, de l’affection pour ses amis de la cité, ceux qui ne voit en l’elfe pas seulement que de la chair à canon, et pour Ruby. N’a-t-on jamais vu si sublime marionnette? L’elfe noir l’avait bien manipulé, ce qui le rendait fier. Mais au-delà, La vieille fille avait son charme, cette sorte de démence aiguisée et contrôlée, ces gestes et ses paroles bien répartis, cette personnalité libre qui a survécu à des souffrances insurmontables et qui a su se hisser bien plus haut, bien plus rapidement. Si on peut remercier la souffrance, c’est bien parce que si elle est bien appliquée, elle fait grandir. La douleur a quelque chose de maternel tournée ainsi, on peut la haïr ou la mépriser et même si on ne le reconnaît pas forcément, elle nous fait évoluer.

L’elfe noir n’avait plus pitié de la fille comme il aurait pu en avoir lors de leurs aventures. Non, plus maintenant. Elle était devenue mature et lucide, et ce jugement n’était pas forcément du à l’égard qu’elle portait pour lui, il le pensait vraiment, une personne qui avait comprit et qui agissait en conséquence, tout comme lui.

Shinreï lui pardonna volontiers ses petits excès qui la rendait plus humaine. Elle ne serait pas si intéressante si elle n’était seulement qu’une figure. Il l’écouta. Ses projets contrastait avec la vision actuelle de la région. L’hiver se terminait et le foyer de démons réduisait nettement le silence. Cependant selon l’elfe noir, il n’y avait pas de proies plus appétissantes que les démons, mais il comprenait tout à fait. Pour elle, elle n’appartenait pas tellement à Elament, ou peut-être que la cité lui avait permis de grandir comme dans un cocon et que le papillon fini par s’envoler. L’elfe noir aurait bien eu envie qu’elle reste, mais elle semblait si déterminée qu’il n’avait pas envie de répliquer.

Il sentit cette main, destinée d’habitude à enseigner ou à tuer, lui caressait le visage avec cette douceur inhabituelle. A ce moment, il était à sa merci et si la jeune fille l’aurait désiré, il n’aurait plus de tête. Elle l’acceptait. Puis vint de nouveau le flot des paroles. Il comprit aussitôt que lui-même avait aidé à cette décision. Elle n’avait plus de meutes car elle en avait décimé une bonne partie, plus de territoire car elle n’était pas un démon et qu’elle avait tué trop de gens pour être accueillie dans la cité comme avant, plus de but car son but avait été d’enseigner à ses victimes et que c’était ses victimes qu’elle aurait du protéger. Et l’elfe noir l’ayant rendu folle était le coupable de cette fin. Des remords? Oui, elle. Il se fichait de ses victimes, il n’avait pas vraiment pris conscience des pertes à cause de lui, mais elle, elle était là, dans son esprit, dans son cœur, c’était égoïste, mais pour lui elle valait plus que tout ses élèves mort.

La réflexion prit fin, noyée. C’était la seconde fois qu’elle l’embrassait et son échine vibra de plaisir sous le goût de ses lèvres si délicieuses. La première fois, il n’avait pas pu en savourer un instant plus préoccupé de la lame qu’il allait lui enfoncer dans le dos. Mais cette fois-ci, pas de coup bas, ses paupières fermèrent sous le poids du plaisir. Puis Ruby posa sa tête sur sa poitrine, cette poitrine si accueillante, douce et ferme, tellement mœlleuse que cela donnerait presque envie à l’insomniaque Shinreï de dormir entre ces seins. Bien loin du passé, bien loin de tout ce qui a pu se passer.

Bien qu’enivré, il écouta les paroles de Ruby, peut-être comme les dernières qu’il écoutera d’elle. Il ne savait plus quoi faire. Profiter de ces derniers instants avec elle ou se battre pour qu’elle reste ici?

Alors que sa voie s’éleva dans les airs, chantant si joliment que cela lui semblait étrange qu’elle soit dotée aussi d’un tel don, il repensait à tout ces souvenirs, il se rappela du premier cours sur l’eau alors qu’il ne savait que marcher dessus et envoyer des gouttes d’eaux pas plus gros qu’une bille. Bien lointaine époque où il était ce jeune garçon insouciant de ce qu’il était et ce qu’il allait se passer, qui aurait été hystérique à l’idée d’être embrassé et reconnu par cette si grande figure que donnait Ruby à l’époque. Puis il y a eut les cours particuliers sur le froid et puis le retour de sa mémoire, le retour de sa personnalité et de ses capacités. Et un jour de pluie où l’orage grondait, ils s’étaient trouvés. Il y a eut l’apprentissage par l’elfe noir, son indécence qui lui valu d’être détester. Leurs disputes qui finit par un combat terrible. Il en savait tellement sur elle et leurs rapports avaient tellement changés en un an que cela pourrait paraître absurde, mais il était là avec elle, à apprécier le son émanant de sa gorge s’élever dans un chant au langage qu’il ne connaissait pas, sûrement celui de son peuple.

Il n’avait pas envie qu’elle parte, il ne voulait pas. La pensée d’un adieu l’obsédait tellement, cette fin pourrait paraître belle, mais il semblait que l’ouvrage avait encore tellement de pages vierges qu’il trouvait cela tellement triste, pour qu’il ait envie de cette fin-là. Et puis dans le Nord qu’est-ce qu’il y avait? Les humains d’une part et de l’autre les Terres du Nord. Autrement dit, peu de proies mais beaucoup de silence.

Délicatement il enlaça Ruby au niveau des côtes et comme un chat qui se met dans une position plus confortable, il suréleva la tête pour la placer entre ces épaules et la poitrine. Il ne voulait pas dormir, il n’aimait pas rêver, les occasions sont amoindris par les rêves et ceux qu’il avait lui rappelait des batailles et des combats, des paysages du passé avec la tête de ses amis. Pas tellement appréciable. Des larmes coulissèrent le long de son visage pour finir leur courses dans la poitrine de Ruby.


« Ne pars pas. Je t’en supplie! »
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Ruby
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 27 Jan 2008 - 0:02

Là, contre elle, à sentir sa respiration, là, si proche, elle avait presque envie de lui.
Une envie telle que tu pouvais bien regarder ailleurs, penser à quelque chose de désagréable ou même te dire que c'était mal, rien ne te l'enlevait. Alors, elle faisait lentement descendre son regard vers lui, tandis qu'affectueusement, sa main passait dans ses cheveux et en lissait les noeuds. La Glace en elle fondait peu à peu, éclairée par la seule lune et sa voix, dans tout cela, était un chant plus magnifique encore que la plainte des loups. Hé ! Quoi ? Pour chasser, la respiration est importante et dans le chant, tout n'est question que de maîtrise... Mais alors qu'entre ses lèvres s'échappaient les syllabes mystiques, tout cela n'avait pas d'importance. Le comment, le pourquoi... Même l'envie partait, doucement, allant et venant comme les vagues, ne laissant même pas le parfum de l'iode. Tout juste, quelque part loin, loin au fond d'elle, un relent fantômatique de regret.

Il ne dormait pas pourtant, elle le savait aussi bien qu'elle avait senti autour d'eux la présence de deux créatures. Mais elles avaient fuit, après être venues attirées par la voix. Elles avaient fuit, effrayées par la silhouette et plus encore, par les deux auras mélangées. Mais même cela, Ruby l'avait ignoré, seulement concentrée sur lui, sur sa présence, sur son parfum, sur la chaleur de son corps près du sien. Et, alors que sa voix montait encore et encore, redescendait, alors qu'elle tressait par les notes un chant si triste que la perte de sa personne en devenait dérisoire, alors seulement la voix de l'elfe cassa le silence.

Il l'enserra si vivement que son souffle fuit sa poitrine, si vivement qu'elle crût un instant que son rêve venait enfin de se réaliser : qu'elle pourrait dormir veillée, sans crainte ni difficulté. Mais à la place, elle sentit couler le long de sa peau des gouttes chaudes. Du sang ? Sur sa peau si clair, les larmes semblèrent d'argent et, par reflet avec celle de l'elfe, noires, comme l'ébène, comme l'obsidienne. La Cristalléenne encercla le visage de ses bras et l'étreignit de même. Elle avait mal, ici. Etait-ce son coeur qu'elle sentait battre si fort ?

Mais que lui importait... Que lui importait... Eut-il pourtant fallut qu'il lève sur elle ces yeux là ? Ce regard ci ? Les paroles elles seules n'avaient pas le même pouvoir, les mots sont forts mais si peu, parfois... S'ébranla dans un cataclysme sa résolution. Si faible ? Si faible ? Sa volonté l'était-elle donc ? Le sang de ses prunelles s'imprégna de peine et la jeune femme soupira. Pourtant, pourtant, elle ne parla pas, pas de suite, pas juste après lui, mais reprit sa chanson, comme pour se donner du courage, alors que sur une note, le son se brisa dans un sanglot qu'elle réprima au plus profond d'elle, espérant que seule la nuit l'ait eu pour témoin.


« Vois » Lui dit-elle, relevant le visage de Shin pour le porter à la hauteur du sien. Yeux dans les yeux, elle reprit : « Vois là ce que nul autre ne verra. »

« Regarde l'humanité de ma personne, ce que rare ont perçu un jour. Tous ou presque sont morts. Mais eux... D'eux, qu'importe ! Je me fiche d'eux. »
Sa voix ne devint plus qu'un murmure à l'haleine d'aubépine, de ronce et de menthe. « Je me dois de partir, Shin. Tu pourrais te battre pour le contraire mais tu perdrais. Pour pourrais jouer des mots et tu ne ferais que me rendre plus incertaine et de là, me rendre vulnérable. »

La jeune femme soupira.

Sans en dire d'avantage, elle s'allongea, le forçant lui-même à faire cela et se blottit tout contre lui, tout contre son corps, sentant d'un coup peser sur ses paupières le poids de sa journée. Etait-ce aussi son incertitude qui appuyait sa résolution ?

Leurs deux chevelures mêlées, seul le ciel s'offrait à leurs yeux.


« Il doit bien exister une chose qui me ferai rester mais... Mais si tel est le cas, je ne connais pas cette raison. Je ne suis pas encore partie et même si je compte le faire... Qui sait, la Déesse Louve pourait glisser sur ma route une pierre fâcheuse ! » Son bras se leva, désignant les constellations, « Mais regarde, Shin. Regarde le ciel, sans nuage, sans lune. Demain ne sera-t-il pas une journée idéal pour une résurrection ? Je pourrais changer mais qu'est-ceui, dit moi, m'y force ? Je suis morte plus que fois que ne devrait l'être les gens comme nous. J'ai perdu tout, j'ai gagné tant. J'ai embrassé de ma bouche la mort et ressentit venir dans ma poitrine la première inspiration que nous n'avons tous qu'une fois. Si je reste, je mens sur la vie, je mens sur le monde. J'ai peut-être la force de détruire la moitié de cette région, si ce n'est plus, mais pas celle de détruire l'ordre des choses. »

Elle marqua une pause, soupira, et un triste sourire étira ses lèvres, que seuls les oiseaux auraient pu voir. Alors, seulement, elle eu un petit ricanement las.

« Et même s'il me venait à l'esprit de faire ce basculement, qu'est-ce qui m'en donne le droit ? Je n'ai vu aucun signe qui me permettrait de décider autre chose. Je n'ai vu aucune permission. Mais je sais ce que tu penses. Que me faut-il plus comme signe que toutes mes morts ? Ah ! Autre chose, bien plus. »

Oui, il lui fallait bien plus. Etait-ce son coeur qui parlait ? Toujours était-il qu'il n'y avait dans sa voix pas la même intonation que l'on pouvait lui entendre ordinairement. Certes oui, elle ne parlait pas comme si elle parlait à n'importe qui, cette petite. Elle parlait découverte, sans la glace autour de son corps, sans le givre dans ses traces de pas. Sans plus encore ! Dénudée, presque, mais plus belle encore que l'avatar de l'existence.

« Alors silence, Shin. Profite du sommeil. Rêve de tes douleurs, de tes peines. Rêve de ta fin, de la mienne, d'un futur. Qui sait ! Dors, que ton sommeil berce le mien. Dors, ne rend pas les choses plus difficiles. » Elle se fit plus pressante contre son corps. « Dors, car si j'ai un jour été ton objet, à la solde de tes caprices, tu es aujourd'hui le mien. »
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Shin
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 10 Fév 2008 - 16:37

Tu as pleins de défauts mais je t'aime.
Je t'aime tellement que tu ne pourras me forcer à y être autrement.
Mon coeur est une forteresse et te haïr, je ne pourrais m'y résoudre.


Au coeur de cette nuit, encore une fois, il se sentait faible. Il luttait contre les courants plutôt que de les utiliser. Il n'acceptait pas les choses qui d'ordinaire il laissait filer. Cette petite chose au coeur de tout les débats. La laisser ou rester avec elle? La libérer ou la regarder encore et encore? Cette petite chose si belle, si surprenante, si géniale? Profiter de ce seul instant ou en créer d'autres? Séparer leur histoire ou en créer une nouvelle? La laisser se débrouiller seul ou la protéger? Cette petite chose au coeur de tout les débats.

Ses yeux se fermérent pour ressentir le toucher, sa peau si lisse, ses cheveux si soyeux, cette odeur enivrante mélé au goût du sang, une odeur que côtoyait l'elfe noir depuis un siècle, mais qu'aujourd'hui il appréciait plus que jamais, cette voie qui se veut impeccable, ces paroles qui se débitent avec force enfin de toujours s'imposer. Cette puissance qui finalement paraît si faible. Elle était connue pour être une divinité, elle était une fille connue pour être intouchable, d'être éclatante autant que givrée. Mais elle était là au creux de ses bras, offrant plus de douceur que l'elfe noir n'en avait jamais ressenti. Une délicate personnalité sous la glace fondue. Il se laissait bercer par sa voie, comme une mère racontant une histoire à son enfant, elle la laissa débiter encore et encore ce à quoi il commença à prendre l'habitude.

Il sourit. Tendrement, l'envie irrésistible de rire. Elle était si drôle, là à vouloir avoir raison, à s'imposer maladroitement, à essayer d'enrailler la volonté de l'elfe noir. Décidément elle était pas douée pour les mots. Et avec ce sourire joyeux dissimulé sous sa chevelure, il l'écouta jusqu'au bout, amusé. Il n'avait pas envie de dormir, il n'avait pas envie de la laisser sans aller. C'était absurde mais c'était ainsi, elle pouvait raconter ce qu'elle veut mais il l'aimait. Elle avait cette qualité de s'acharner même à ce qui est impossible. A cet instant l'elfe noir savait une chose. Elle ne s'en irait pas. Il en était certain. Avec ce sourire, il laissa les choses aller, il la regarda autant que le ciel qu'elle lui avait demandé de regarder. C'était vrai qu'en ce jour le ciel n'était pas taché et que ce serait le temps idéal pour tout clore et tout commencer. C'est vrai Ruby, tu as raison, mais je suis là ne l'oublie pas.

Il sentit son corps de plus en plus en contact contre le sien et il comprit qu'elle allait bientôt finir pour laisser place aux songes à sa compagnie. Mais ce ne sera pas ainsi. Non, l'elfe noir ne voulait pas. Il se redressa légérement pour porter son regard dans le sien. Ce regard écarlate comme le sien, ces deux rubis incrustrés dans l'iris. On s'y perdrait. Sa main gauche se glissa sous son bras, suivi le long du cou pour venir caresser la joue droite de la cristaléenne. Il avait toujours ce sourire...tendre.


"Tu parles trop."

Sa paume se posa contre la joue tandis qu'il se baissa. Ses lèvres se posérent sur les siennes, se faufilant entre les courbes pour y déposer un baiser sensuel. Ses cheveux tombérent en avant entourant les deux visages d'un rideau argenté. Ses yeux se fermérent sous le poids du plaisir, ses lévres goûteuses et fines, teintées de cette odeur d'hémoglobine, trois fois leurs lévres s'étaient dejà croisées et pourtant il lui semblait les découvrir pour la première fois, peut-être parce que c'était la première fois qu'il faisait le pas le premier. Il bascula sur le côté toujours accroché à sa respiration.

Je t'aime, petite. Et je ne te laisserais pas partir.
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Ruby
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyDim 24 Fév 2008 - 12:40

Tu parles trop.
Puis la chaleur, la chaleur diffuse, brûlante. Mais douce. Englobant tout le reste de ses sens. Effaçant même son odorat, écrasant son ouïe. A ses oreilles battait maintenant son coeur, qu'elle espérait qu'il n'entende pas. Assourdissant, imposant, il ruait dans sa poitrine. Elle n'eut d'autre choix que de fermer les yeux, abaisser ses paupières sur les orbes enflammés de ses yeux, de voiler la gêne. De dissimuler l'envie.
Le froid prit son échine, dressant la chair de poule sur ses bras imberbes, piquetant sa peau de milliers d'étoiles éteintes, plus brûlantes pourtant qu'un brasier funéraire. Et comme linceul ? La seule robe qu'elle portait, aussi couvrante que la neige, sur un désert de sable.

Ses bras agrippèrent les manches de lin de la tenue de l'elfe noir. Su peau, si sombre sur la sienne, cette peau qu'elle voulait gouter, sentir, parcourir encore et encore et s'y perdre, à jamais. Pour un instant. La Petite chose, toute volonté écrasée dans sa poitrine, sentit le serpent s'introduire dans sa bouche. En apprécia le goût de sang, le goût de mélisse et de menthe, apprécia tout. Elle prit ce qu'on lui donnait, n'en demanda pas plus et ne donna rien elle-même, poupée sans articulation dans l'étau du visage imposant.

Puis, son haleine se mêla à la sienne, tandis que le froid mordait profond la chair, la terre et l'herbe. Vapeur embuée comme sur une vitre de carbone. Le rouge lui monta au joue, coquelicot sur fond de lait. Il ne fallait plus de mot, maintenant. Et, encore, elle avait appris leur inutilité auprès de lui. Etait-il le seul incapable de comprendre la menace ? De saisir la nuance, la chance qu'elle lui offrait là ? De faire de lui plus que son ami, une sorte de frère. Un frère haït, détesté, un frère adulé et adoré. Elle réprima l'envie soudain qui monta en elle de le gifler pour avoir osé lier ses lèvres aux siennes, mais... Mais ne l'avait-elle pas elle-même fait trois fois, par le passé ? Elle avait plongé comme un rapace en chute libre, plongé pour saisir au vol sa proie qui, pourtant, ne s'était jamais rendue.

Une fleur naquit dans sa poitrine. Aussi jaune que l'or en fusion, aussi chaude qu'une flamme d'igni. Tout aussi fragile dans une paume délicate. Sa main d'albâtre glissa de la manche, agrippant maintenant le tissu au flanc. Tirant, sans proposition, sans promesse, elle s lova contre lui, fétu de paille dans les mains d'une païenne.

Elle, l'incarnation de l'hiver ? Elle, maîtresse de l'eau ? Elle ? Etait-ce oublier qu'elle était une femme ou, à défaut, une petite fille ? Elle cercla la taille de l'être près d'elle de ses jambes et le serra fort, fort, fort... avec pourtant la douceur du flocon qui se dépose sur le sol.

Pouvait-elle rester, maintenant ? Pouvait-elle raisonnablement partir ? Son instinct lui criait de rester, de changer enfin. Il avait éveillé de nouveau l'envie en elle, pire que l'envie de la chair sanglante et encore chaude. La Louve cala son visage brûlant son la gorge dénudée, se perdit dans ce contact. Pourtant...

Le froid ambiant s'annihila de lui-même, absorbé plus vite encore qu'il ne s'était incarné, revenant de la source comme la fumé s'élève du feu : inexorable, naturellement.

Etait-ce un signe ?

Contre la clavicule, la bouche exangue murmura, plus silencieuse encore que l'ombre :


« Idiot »

Ruby ouvrit les yeux sur le monde, toute couleur ayant de nouveau déserté son visage, l'opale revenant l'albâtre, la lumière de la lune plus blanche que le lait. Ses pupilles s'étrécir jusqu'à ne plus être que des points noirs, invisibles sur l'océan de sang sur lequel ils flottaient. Sa respiration se bloqua dans sa poitrine. Et l'ajustement se fit.

Elle explosa.
Explosa en millier d'esquisse de matière, en milliers de morceaux impossibles à recomposer. Elle explosa, et une brise invisible la porta, loin, loin dans les airs. Blizzard artificiel, elle s'oublia dans la sensation.
Perte, insensibilité. Elle ne ressentait plus de peur, plus d'envie, sous cette forme. Elle était, simplement. Elle existait, ayant pour seul but le déplacement, puis, plus loin, l'incarnation de chair. Elle explosa, et s'oublie.

Elle disparut de ses bras.
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MessageDes larmes couleur d'obsidienne [TOPIC CLOS] EmptyLun 25 Fév 2008 - 23:21

[Thème musical : Led Zeppelin - No Quarter]

Tout simplement deux corps enlacés l'un dans l'autre. L'un empli de chaleur. L'autre manquant de chaleur. Le premier réchauffant le second. Sans un mot, sans une pensée, leurs masques fissurées. Leurs légendes qui les précédaient, bien loin d'eux à cet instant. Un échange de contact, de température et d'émotions. Il était traqueur, elle était louve, mais ni l'un ni l'autre n'étaient prédateurs ou proies en ce moment. Privilège d'élite.

Il l'aimait et lui donnait, donnait sans demandes, sans limites. Eprouvant ce petit corps gelé, il sentait devenir quelque chose de vrai. Plus qu'un grand corps rempli de muscles. Une protection. Plus qu'un elfe noir réputé dans la région. Un homme. Une force sûre, une épaule pour soutenir, un buste pour protéger, des mains pour défendre, des jambes pour rattraper, un corps pour réchauffer. Il voulait qu'à travers ses gestes d'amour, la cristaléenne éprouve son corps. Qu'elle comprenne qu'elle n'avait plus à fuir, plus à avoir peur. Qu'importe qu'elle devienne un monstre, une meurtrière, une dépravée, une faible, ou une simple femme. Si elle n'a plus confiance en elle, alors qu'elle ait confiance en Elament, en lui. Voilà ce message qui lui communiquait à travers ses gestes. Tu peux t'élever sans t'inquiéter de chuter. Tu m'as donné la force de t'aimer, tu m'as donné la force d'être là.

Et puis il le sentit bien. Il savait bien que de toute manière, il allait déjà trop loin. Qu'elle n'aimait pas se montrer sans défense et qu'il lui serait difficile d'aller plus loin, même pour lui donner une force supplémentaire. Il sentit sa présence s'effacer, signe qu'elle allait s'en aller. Il sentit cette source à réchauffer plus facile à étreindre. Il sentit qu'il n'irait pas plus loin. Ses yeux alors clos par le plaisir s'ouvrirent, tandis que la voix de la cristaléenne s'éleva d'entre ses lévres posées sur sa gorge, s'éclairant légérement pour se glisser dans le vent.

Idiot.

Le monde alors, sembla se fissurer. Comme si tout ceci n'était qu'une illusion, ce corps dont il avait tant apprit, disparu. D'un craquement, elle n'était plus que poussière dans le vent, puis flocon parmi tant d'autres, circulation d'énergies parmi tant d'autres que l'elfe ébloui par l'instant magique ne sut percevoir, si seulement il avait eut le don d'arriver de percevoir un sort si bien maîtrisé. Mais l'elfe noir le savait. Ce qu'il avait tenu dans ses mains avaient été bien réels.

Il lui fallu plus de temps qu'il ne lui en fallait d'habitude pour se resaisir. Ses lèvres se plissèrent en un sourire, il bascula ses cheveux en arrière et ses yeux se refermèrent, tandis que lentement il rétablit sa tente en un lieu pour dormir. Puis il se posa sur le tissu qui couvrait le sol. Cette nuit avait réservé son lot de satisfaction, une personne chère retrouvée et appréciée, la certitude de la revoir. Il n'avait plus rien à demander à cette nuit.


"La traque le lendemain, les démons au petit matin, ses crocs aux creux de sa main, mais pour cet instant il n'y avait plus que l'elfe noir. L'elfe noir et son sourire."


Mémoire d'un elfe noir par Shinreï Suiton
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