A l'abri de l'orage

Nan, mais quel temps de chien! Avec tous ce qui venit de lui dédringoler dessus, Eärwen avait au moins pris une douche pour 2 ou 3 ans là! Les deux jeunes filles avaient finit par courir pour échapper à la colère du ciel pour arriver finalement devant une étrange auberge. Eärwen faillit passer devant sans le remarquer mais Aelle lui saisit brusquement le bras pour l'entraîner à sa suite à l'intérieur du bâtiment. La guerrière loua tous les Dieux qu'elle connaissait (et ça fait un bon paquet) de lui avoir donnée une camarade aussi observatrice.

En entrant, elle eut le temps d'apercevoir une partie du nom de l'auberge.
"La Cho..e Hur....t.. "
Elle n'était pas sûre des autres lettres. Et puis, pas grave.Elle pourrait toujours regarder le nom en entier lorsqu'elle repartirait.

Dès qu'elles furent entrées, Eärwen sentit la fumée. Du tabac... et de mauvaises qualités en plus! Aelle toussa. La guerrière avait bien envie de l'imiter mais se retint in extremis. Il faisait extrèmement sombre dans cette aubege. Seules quelques chandelles par-ci par-là permettaient de distinguer des objets et des personnes. Toujours devant, Aelle l'entraîna dans un coin reculé dans la grande salle. En passant devant les tables, l'elfe ne put s'empêcher de remarquer les regards qu'on leur lançait... enfin, surtout à Aelle! Eärwen leur fit des yeux méchants, mais sans grand succès, et du coup, elle commença à se demander si il n'aurait pas mieux valu qu'elle reste dehors à prendre la pluie! Dans cet endroit insalubre, il n'y aurait personne pour les aider en cas de grabuge.

Aelle sembla soit ne pas voir, soit ignorer les regards insistants qu'on lui lançait. Elle s'assit près de sa camarade, face à la salle, sur une chaise en métal. Elle voulait pouvoir surveiller ce qui se passait ici. Elle ne se sentait pas vraiment à l'aise dans cette atmosphère enfumée. Elle se força à rester calme, c'était pas le moment de faire des bêtises.

Tout à coup, Aelle s'adressa à elle.

"Chardon..."
"Tu veux rester anonyme auprès de moi, et je respecte ton choix. Cependant je déteste m'adresser aux gens sans les nommer, alors pour moi tu seras "Chardon". "

Auprès d'elle? Elle était comme ça avec tout le monde. Y'avait pas de traitement de faveur. Le choix du surnom la surprire, mais après tout, pourquoi pas? Il lui fallait bien un nom après tout. Alors d'accord, elle serait chardon pour tout le monde. Elle sourit à Aelle pour lui montrer son assentiment. Puis comme elle commençait à avoir froid, elle se décida à commander de l'eau de vie. Elle ne connaissait que ça de toute façon. Elle fit un signe à un serveur qu'elle voulait commander. Puis en attendant qu'il approche, elle demanda à Aelle:

-Tu prendras quoi?

"UNE serveuSE en loccurence je vous prie mes demoiselles..."

Un crayon sur l'oreille, l'autre en main suspendu au dessus de son carnet, la serveuse, Izzy, propre sur elle, coiffée d'une queue de cheval haute, sans petits cheveux qui venaient tomber dans les verres... Non non, elle était visiblement on ne peut plus professionnelle et travailleuse. Elle était apparue de nulle part, entre la fumée, entre les tables, entre les bonhommes ivrognes du bar... Elle était partout et ses oreilles aussi... Elle se retourna vers la salle blindée et frappa du talon sur le parquet.

"Messieurs on se fixe!"

Pendant un temps, elle avait été énormément bousculée par les clients mais ils avaient apprit à la craindre, et surtout à craindre Clad, toujours prêt à virer de son bar les pervers qui s'en prendraient à elle. Maintenant, ils filaient on ne peut plus doux, et détournèrent ainsi le regard des deux jeunes étudiantes... Elle en revint ensuite à ses clientes. Deux premières années, peut-être deuxième tout au plus, probablement effrayées par l'orage... Elle soupira et une bulle d'un rose nacré s'échappa de ses lèvres, éclata en un POP sonore, avant que la serveuse ne le remette dans sa bouche d'un air indolent. Elle réfléchit à ce qu'elle pourrait leur servir et une limonade sembla tout indiquée.

"N'y voyez aucune marque d'irespect mais nous n'avons qu'un seul type de boisson autorisé pour les mineurs. Et si je peux me permettre, je connais cette salle par coeur, toutes les tables qui s'y trouvent et j'en fais régulièrement le tour. Alors merci de ne plus emettre à voix haute de doute sur la qualité de mon service, parce qu'entre nous, si vous pensez mieux tenir la boutique que moi pendant une heure, je vous offre votre chance..."

La nymphe lui adressa un regard éloquent et s'en alla pour prendre d'autres commandes. Elle disparut dans un autre volute de fumée âcre, qui vint planer au-dessus de la table des jeunes femmes. Quelques cinq minutes plus tard, elle revint avec un plateau chargé de verres de différentes tailles et de toutes couleurs, certains laissant échapper une brûme vaporeuse un peu douteuse... Elle déposa devant chacune des petites demoiselles un verre de limonade frais et pétillant et s'en repartie faire sa distribution de cocktails. Entre nous, la limonade était passée dans ses commandes entre deux alcools pour la fréquentation plus ou moin régulières d'étudiants. Izzy avait tout de même un certain sens moral et ne donnait pas d'alcool aux minuers! Non mais! Et qu'ils viennent rouspéter, elle les attendait de pied ferme!

Aelle n'avait pas d'argent d'après ses dires et Eärwen la croyait volontiers. Elle avait l'air d'être une fille de la forêt à 200% au moins. La guerrière allait lui dire que de toute manière, elle payait l'addition quand une serveuse s'approcha d'elles. Elle semblait crainte de tous les clients car contrairement ausx deux jeune filles, on ne lui jeta pas un seul regard mal placé. Pourtant, elle était plutôt mignonne. Donc, elle était respecté. Tant mieux.

L'argumentation qu'elle leur servit plut beaucoup moins à Eärwen en revanche. Mineure? Ben, peut être en âge et en apparence, mais elle savait s'occuper d'elle-même seule et elle avait déjà bu. De la limonade? Alors, là, elle se sentit prise au dépourvue. Elle ne connaissait pas du tout cette boisson. Elle n'en avait jamais gouté. Est-ce que ça avit le goût doux de l'eau, ou le goût brutal de l'eau de vie? Elle allait poser la question à la serveuse mais celle-ci disparut soudainement dans un tourbillon de fumée. Elle réapparut peu après avec un plateau sur lequel étaient posés plusieurs verres. Elle en disposa deux adroitement devant les jeunes filles et disparut à nouveau. Cette femme était un vrai ouragan! Elle allait et venait à toute vitesse, enregistrant les commandes, nettoyant rapidement une table et répliquant d'un ton sec aux remarques des quelques clients qui osaient encore lui faire des remarques. Eärwen se sentit très impressionnée!

Elle baissa les yeux vers le contenu de son verre et l'observa comme si elle essayait de le jauger pour décider si il s'agissait d'un ami ou d'un ennemi. Elle fit tourner le contenu. Des bulles remontèrent à la surface. Elle n'avait jamais vu de bulles dans de l'eau ou de l'eau de vie. Donc ce truc devait avoir un goût sensiblement différent.

Elle leva son verre pour en siroter une gorgée losqu'un homme étrange s'approcha de leur table. Eärwen se sentit sur le qui-vive. Elle porta à nouveau une main à l'une de ses épées en le regardant avec méfiance. Cet homme était sombre... il la mettait mal à l'aise. Il murmura quelques paroles. Clad? de qui s'agissait-il? Pourquoi cet... homme leur parlait?

L'homme disparut entre les tables, telle une ombre. Eärwen se tourna vers sa compagne.

-Tu as entendu?

Au fond d'elle même, elle espérait que cette ombre ne soit qu'une hallucination. Qu'il n'ait jamais existé que dans sa tête! Néanmoins, elle se doutait bien de la réponse d'Aelle à cet égard. Elle sentit ses sentiments prendre le dessus sur elle, et elle se força à rester calme. Elle n'allait pas pouvoir rester ici longtemps. Cette ville l'oppressait!

Les évènements s'étaient enchaînés à une telle vitesse qu'elle n'avait pas eu le temps d'en placer une. Ce qui était sûr, c'est que le sort jouait en faveur de Chardon qui s'en tirait à bon compte, car c'était la deuxième fois qu'Aelle essayait d'en apprendre un peu plus sur sa compagne et que cette dernière trouvait une porte de sortie. Qu'à cela ne tienne, elle était tenace, et elle était intriguée par la jeune elfe. Elles auraient bien le temps de faire connaissance si elles devaient étudier à la même école.

La serveuse ensuite... une autre nymphe, mais qui semblait très à l'aise dans cet environnement citadin. Elle avait réussi à remettre tous ces hommes à leur place, faisant cesser les regards lubriques auxquels Aelle n'avait jusque là accordé aucune importance. Son ton de commandement était un tantinet militaire, et c'est les yeux ronds qu'Aelle observa la première personne de sa race qu'elle rencontrait à Elament. Elle l'avait vexée d'ailleurs, à parler un peu trop vite! Elle aurait bien voulu murmurer quelques mots d'excuse mais la serveuse était repartie aussi vite qu'elle était arrivée, et Aelle ne repensa plus à s'excuser lorsqu'elle réapparut. Elle accepta son verre distraitement, et porta à ses lèvres le breuvage délicieusement sucré pour le siroter à petites gorgées.

Une silhouette inconnue et inquiétante était alors apparue pour murmurer quelques mots aux deux jeunes filles, avant de retourner tout aussi discrètement dans la pénombre. Chardon était sur le qui-vive, déjà prête à se défendre, et pourtant indécise quand à la nature de l'apparition.

"-Tu as entendu?"

"Je crois qu'il était amical, même s'il n'en avait pas l'air. Nous proposer de nous faire offrir nos consommations en se recommandant d'un certain Clad? Je ne le connais même pas, je préfère oublier sa proposition."

Avisant la tension qui habitait toujours Chardon, elle finit par reprendre :

"Ne t'inquiètes pas, nous partirons dès que la pluie se sera calmée. Je n'ai probablement pas choisi l'endroit le plus accueillant d'Elament, et j'en suis désolée... Au moins la serveuse a l'air sympathique!"

La guerrière hocha la tête à la réponse de sa compagne. Très bien, elles ignoreraient la proposition étrange de l'Ombre. D'ailleurs, il avait déjà disparut dans le brouillard. Eärwen souhaita qu'il ne réapparaisse pas. Du moins, pas tout de suite. Même si cette chose ne lui plaisait pas, elle avait envie d'en découvrir la nature profonde. Il ressemblait à une énigme et la jeune fille adorait résoudre ce genre de mystère.

Tout en pensant, elle but une gorgée de la limonade. La sucre la surprit. C'était bien meilleur que l'eau de vie! Mais est-ce qu'elle pouvait en consommer sans modération? Ou est-ce qu'on avait la tête qui tournait, des nausées, et des propos incohérents comme avec l'alcool? Dans tous les cas, le serveuse avait eut bien raison de leur servir cela. La rancoeur d'Eärwen à son égard s'envola totalement. Elle sentait les bulles dans sa gorge, le sucre dans sa bouche... c'était frais, et agréable!

A nouveau, elle parvint à restabiliser ses émotions et à respirer normalement. La guerièrre aimait se contrôler à 100%, voire plus si possible. Mais cette ville, et cet endroit... ça la rendait vraiment mal. Elle avait envie de s'envoler, de s'enfuir loin, très loin. De retrouver la forêt et son calme protecteur.

La jeune fille secoua la tête. Elle ne devait pas penser à cela. Il fallait qu'elle se concentre sur quelque chose ou elle risquait de faire n'importe quoi. Le seul truc rassurant, c'est qu'il y avait surement des gens dans cette cité capables de la contrôler ou de la maîtriser.

Elle consentit à relacher quelque peu sa méfiance pour se détendre. Pour chasser totalement de son esprit ce qui la préoccupait, elle se décida à faire la conversation à Aelle et à lui répondre.

-Oui...

Arf, moyen, moyen tout ça! Il lui fallait trouver une question! Elle se concentra pour dire quelque chose. Les mots avaient du mal à sortir. Tout cela était tellemnt nouveau. Finalement, elle se décida sur la raison qui les avait conduite à aller dans cette cité.

-Pourquoi rejoinds-tu l'école?

Bon, elle avait fait un pas en avant. C'était pas si mal. Il parait que pour parler, les premiers mots sont toujours les plus difficiles à prononcer, mais aussi les plus importants.

"-Pourquoi rejoins-tu l'école?"

C'était une bonne question, et Aelle aurait pu la poser à Chardon, si celle ci avait eu l'occasion de répondre à ses premières questions. Mais bon, qu'à cela ne tienne, si Chadon voulait en savoir un peu plus sur elle avant de se dévoiler, pourquoi pas? Seulement par où commencer?

"Et bien comme toi je suppose, pour apprendre à contrôler mon pouvoir!"

Moui... Enfin c'était loin d'être suffisant, alors autant raconter toute l'histoire. Certains passages de sa vie étaient encore douloureux, mais il fallait bien en passer par là à un moment ou à un autre. Prenant une grande respiration pour se donner un peu de courage, Aelle poursuivit :

"J'ai le pouvoir de la terre, même s'il ne s'est manifesté qu'une fois. Je n'ai aucune idée de la raison pour laquelle j'ai hérité de ce pouvoir, ni comment m'en servir.

Ce pouvoir m'a sauvé la vie. Un glissement de terrain m'a emporté et alors que j'allais disparaître engloutie, les flots de boue se sont ouverts et des lianes m'ont saisi et m'ont sorti de là. C'est moi qui ai fait ça, je ne sais comment.

Si je suis ici c'est parce que ma montagne, Yeunn, c'est son nom, a été détruite par le glissement de terrain. Elle est tout ce qu'il m'importe, et j'ai l'espoir de lui redonner son apparence d'avant si j'arrive à maîtriser ce don."

La voix d'Aelle tremblait en prononçant ces dernières paroles. Il faut dire que pour une oréade la montagne dont elle a la charge est d'une importance capitale, et la jeune nymphe avait tout perdu lors de cette catastrophe naturelle, d'où sa subite émotion.

Et puis l'espoir, cet espoir fou de changer le passé pour mieux retrouver ce qu'elle avait perdu... Elle ne savait pas encore si c'était possible, mais elle ne souhaitait pas le savoir trop tôt, car elle n'était pas prête à accepter sa perte s'il s'avérait qu'une telle action était impossible!

Voulant changer de sujet, elle regarda Chardon droit dans les yeux et lui demanda, d'une voix basse, telle un murmure :

"Et toi, quelle est ton histoire?"

Eärwen écouta attentivement l'histoire d'Aelle. Les dernières paroles de la jeune fille sur sa montagne lui permirent d'en déduire qu'elle était une nymphe, et non une elfe, comme elle l'avait pensé tout d'abord. Elle était liée à cette montagne comme si il s'agissait d'une partie d'elle-même. Eärwen aurait aimé partager un don pareil avec un arbre ou un animal. Elle se serait certainement sentie moins seule.

Comme il était prévisible, Aelle lui retourna la question. La guerière s'en doutait. Sauf qu'elle n'avait rien d'aussi magique qu'elle à raconter. Son pouvoir ne s'était pas manifesté pour lui sauver la vie, mais pour tuer. Des souvenirs douloureux qu'elle aurait aimé oublier pour toujours. Finalement, elle raconta.

-Il n'y a pas grand-chose à dire. J'ai été attaqué. Et les flammes ont englouti mes ennemis alors qu'ils voulaient me tuer. Fin.

Bon, c'était la vérité, mais c'était vraiment énormément abrégé. Mais la jeune fille n'avait aucune envie de parler des jours de souffrance qu'elle avait enduré, ni les tortures et les viols à répétition. Elle commençait à peine à dormir à peu près normalement, sans cauchemards. Et de toute manière, son corps défiguré parlait pour elle. La guerrière regada son verre comme si elle lui trouvait soudainement un intérêt soudain.

Elle n'était vraiment pas douée pour les conversations. Faut dire que sa question l'avait amenée en terrain miné. Elle ne savait pas quoi dire de plus. Elle se sentait mal. Des souvenirs remontaient qu'elle voulaient oublier. Mais on n'oubliait pas le passé d'un claquement de doigt.

Eärwen s'aperçut que son verre de limonade était vide. Elle le leva vers la serveuse.

-Est-ce que je pourrai en avoir un autre?

Le contenu du verre commença à fumer. Eärwen le reposa précipitamment en grimaçant. Elle devait vraiment se calmer! Ce n'était pas le lieu pour piquer une crise aigü d'incontrolabilité de pouvoir! La guerrière secoua la tête. Elle était peut-être forte physiquement, mais mentalement, elle était très instable. Elle le savait, mais elle ignorait quoi faire pour se contrôler et y remédier.

Elle se mit à prier pour que la pluie s'arrête, pour que la serveuse vienne la servir ou pour qu'Aelle trouve quelque chose à dire, ou qu'elle pose une question pour lui changer les idées.

Pendant que les demoiselles papottaient tranquillement, Izzy ma foi travaillait autant qu'elle le pouvait. Elle avait entraperçu son patron entrer dans le bar et s'était empressée de sortir de sa réserve privée son alcool favoris pour le lui apporter au milieu d'un plateau d'argent qui ne contenait qu'un verre rempli de ce fameux liquide et la bouteille à côté. Elle posa adroitement le verre devant lui, ainsi que la bouteille, et s'en alla sans souffler un mot. C'était étrange à voir pour deux raisons. La première était que les plâteaux en bois d'Izzy étaient toujours plein à ras bord de boissons et de verres en tous genre, et aussi parce qu'elle souhaitait toujours une bonne consommation aux clients. Ensuite parce qu'elle agissait fermement avec n'importe quels autres clients, et qu'elle avait l'air bien plus timide et craintive en servant son patron. M'enfin bref, cela ne prennait qu'une demi-seconde et rares étaient les gens qui faisaient encore attention à ses déplacements, faute d'attrapper le tournis. Elle jetait constemment des regards à la table des deux élèves, pour vérifier qu'aucun malheur ne s'abatait sur elles. Elles avaient l'air bien calmes et c'était tant mieux. C'est lors de l'un de ses regards furtifs qu'elle vit Earwen la hêler pour un verre supplémentaire. Elle termina son tour de table et repassa par le bar pour aller chercher la bouteille de limonade. En voyant le verre fumer à son retour, elle arqua un sourcil, se remémorant ses propres débuts. Tout en servant la demoiselle, elle se permit de glisser.

"Si je peux te donner un conseil jeune fille, pour éviter la fréquence trop rapprochée de ces "pertes de contrôle", tu as trois alternatives. Soit tu gardes tous tes sentiments pour toi et tu les calmes en faisant de la méditation, soit tu les exprimes, soit en hurlant dans un endroit isolé, soit en pleurant. Mais en tous les cas, il faut que tu extériorises. Après moi ce que j'en dis, c'est pour toi."

Elle posa la bouteille sur leur table et mit les mains sur ses hanches.

"Je vous la laisse, si vous ne la terminez pas, je compte sur vous pour me la rammener au comptoir en même temps que vous viendrez pour payer l'addition. Si vous voulez manger un petit bout avant de repartir, je peux vous préparer une omelette dont vous me direz des nouvelles."

Elle resta quelques secondes devant leur table, attendant une approbation ou un refus, pendant que d'autres verres se vidaient dans son dos et demandant à être remplis.

Le guerrière grimaça aux paroles de la serveuse. Celle-ci avait raison et qui plus est, elle avait certainement plus d'expérience dans ce domaine que elle. La méditation n'était vraiment pas son fort, elle allait plutôt se rabattre sur l'efort physique. Si elle avait eut quelques bandits sous la main, elle les aurait découpés sans préavis! Enfin, à condition qu'ils ne soient pas trop nombreux! Elle n'était pas invincible non plus! Deux ou trois, c'était amplement suffisant pour se sentir mieux.

D'un geste rapide, elle saisit la bouteille et se servit un autre verre. La fraîcheur de la boisson lui fit du bien et elle se sentit à nouveau capable de se contrôler. Normal, pour elle, le frois diminuait le feu qui bouillonnait en elle. Même si ce n'était que psychologique, c'était très efficace.

Elle avait à peine aperçut le mouvement de frayeur d'Aelle, mais son subsconscient n'y attacha pas d'importance. Elle n'avait pas tellement faim pour le moment et allait refuser poliment la proposition de la serveuse lorsqu'Aelle lui glissa quelques mots tout bas.

Partir? Déjà? D'un autre côté, il était vrai qu'on ne se sentait pas particulièrement à l'aise dans cet endroit. Aller à l'école? De toute façon, il faudrait bien qu'elles y aillent à un moment ou un autre alors... Eärwen acquiesa de la tête, mais comme elle ne connaissait pas le chemin elle préféra demander à la sympathique serveuse qui attendait toujours leur réponse.

-Merci de votre conseil, mais nous n'allons pas rester.

Elle sortit quelques pièces de sa poche pour payer la boisson. Est-ce que c'était plus cher ou moins cher que l'eau de vie? En tout cas, c'était bien meilleur. Il n'y avait aucun doute. Elle décida de payer pour toutes les deux pour éviter à Aelle de sortir son propre argent.

-Je t'invite, Aelle.

Puis à la serveuse:

-Voilà votre argent. Merci pour tout.

Elle sortit quelques pièces de sa bourse et les posa sur la table bien en vue. Earwen finit tranquillement son verre encore à moitié plein de la boisson sucrée. Elle n'avait toujours pas de chaleur dans l'estomac comme en provoquait l'alcool. Quand elle eut finie, elle posa son verre et se leva. Elles devaient toutes les deux trouver l'école et sortir dans la rue ferait du bien à la jeune fille. Elle prit sa cape trempée sur le dossier de la chaise et la posa sur ses épaules. Le vêtement n'avait pas eut le temps de sécher durant cette courte halte, mais l'intérieur était resté relativement sec. Eärwen fit un signe à sa compagne et l'attendit patiemment.