Un coin sombre...

Le temps d'arriver et la pluie avait cessée. Elles avaient eut de la chance. Elles n'étaient pas trop mouillées et elles ne s'étaient perdues que deux fois. A chaque fois, Eärwen n'avait pas hésité à demander leur route à des passants ou à des gamins contre 3 pièces d'or. Et l'elfe avait tout le temps de se dire qu'elle n'aurait jamais du faire cette proposition à Aelle. Elle ne la connaissait pas et elle ne savait peut être pas se battre suffisamment en cas de grabuge. Puis un souvenir s'imposa à elle... Losqu'elle avait pénétré dans la cité, Aelle s'était retournée vivement vers elle en bandant son arc. Et elle l'avait fait d'une main qui montrait que ce n'était pas du tout un jouet pour elle. Mais un objet dangereux qui pouvait donner la mort. Eärwen se sentit rassurée. Aelle saurait faire face. Et au pire, elle se débrouillerait pour la protéger.

Relevant la tête, elle s'perçut qu'elles étaient presque arrivées. Le square était devant elles. Il y avait des plantes des arbres et Eärwen se sentit moins opressée. Elle n'aimait pas la cité. La forêt lui manquait plus que tout...et pourtant, cela ne faisait même pas une demi-journée qu'elle était là. Eärwen pénétra dans le square et regarda autour d'elle. La nuit tombait et les nuages menaçants laissait dire que l'endroit allait ête envahie par des voyous de toute sorte. L'elfe s'avança un peu. Elle cherchait quelque chose de précis. Un arbre. Elle prit un chemin au hasard et le suivit quelques temps. Elle eut de la chance. L'érable rouge était suffisamment gros pour être visible de loin. Elle s'en approcha. Il y avait des gens en-dessous. De toutes races. A l'approche d'Eärwen, l'un d'eux se leva et s'approcha en souriant.

-Yéé!! Ma soeur! Bienvenue dans la cité!

Il se serrèrent les mains, puis il la prit dans ses bras. Eärwen se tourna ensuite pour présenter sa camarade.

-Luk, je te présente Aelle. Aelle, voici Luk.

Luk lui jeta un coup d'oeil et s'approcha pour lui serrer la main toujours souriant.

-Enchanté Aelle!

Puis il mit un bras sur l'épaule d'Eärwen et s'éloigna avec elle vers la bande en lui murmurant quelques mots.

-Qu'est-ce qui te prend de venir accompagnée? Tu sais bien que le patron ne tolère pas ce genre de manquement aux règles!

-Vu ce que je fais pour ton "patron", il s'écrase et il me paye sans discuter.

Eärwen se dégagea et fit signe à Aelle de la rejoindre.

C'est sans dire un mot qu'Aelle avait suivi l'inconnue, cette dernière la précédant de trois pas, dans les rues d'Elament. Ce qu'elle avait vu ne lui avait guère plu : des ruelles à perte de vue qui se croisaient dans une sorte de labirynthe qui lui semblait insurmontable pour le moment. Elle ne savait même pas si elle retrouverait le chemin seule, mais elle en doutait fortement, vu qu'à deux elles s'étaient déjà perdues deux fois. L'inconnue se montrait pleine de ressources, allant jusqu'à payer des enfants de la Cité pour qu'ils lui indiquent le bon chemin.

Voilà quelque chose qui pourrait être bien utile, avisa Aelle ; de l'argent, elle n'en avait jamais eu besoin jusqu'à présent, et n'avait pas réalisé que cela était nécessaire à la survie dans la ville. Si dans la nature elle pouvait subvenir à ses besoins sans l'aide des ces piécettes de métal, la situation était différente ici, et il faudrait qu'elle trouve une solution. Mais elle se reconcentra sur sa destination. Elles semblaient être arrivées dans un square relativement accueillant, où de nombreux arbres servaient de refuge provisoire contre la pluie aux habitants de la Cité.

La pluie justement, elle avait cessé depuis un petit moment, mais le ciel était toujours rempli de nuages gris, prêts à déverser leurs larmes par une nouvelle averse très prochainement. Cela n'alarmait en rien Aelle, la pluie n'avait pas eut le temps de la détremper, mais avait néanmoins lavé sommairement la poussière du voyage accumulée sur ses vêtements. Se sentant plus fraîche et en harmonie avec la flore du square, c'est d'un pas résolu qu'elle suivit l'inconnue sous un immense érable rouge.

Un homme sembla reconnaître l'elfe, l'appelant même "sa soeur"... Pourtant Aelle ne distinguait aucune ressemblance entre ces deux là, même leur race semblait être différente. D'ailleurs une certaine tension était apparue d'un coup, au moment où l'inconnue la présenta au reste du groupe. Aelle nota au passage que cette dernière n'avait aucune hésitation et divulguait son prénom à d'autres étrangers sans avoir encore révélé le sien... mais ne lui en tint pas rigueur. Elle attendait de voir ce qui allait se passer, ses sens désormais en alerte.

Lorsque l'homme s'avança pour lui serrer la main d'une façon cordiale, elle lui répondit silencieusement, par une poigne d'acier et un sourire carnassier loin d'être amical, qui exprimait le malaise grandissant qu'elle ressentait à propos de lui. Elle ne lui faisait pas du tout confiance, et elle tenta de croiser le regard de la jeune elfe, dans l'espoir de deviner ce que cette rencontre augurait. Elle n'en eut pas l'occasion, car l'homme l'avait entrainée à l'écart pour une messe basse, et Aelle sentit bien qu'elle en était le sujet.

Mais elle fut finalement rassurée par l'attitude de l'inconnue, qui se dégagea sans douceur de l'étreinte imposée par l'homme et lui fit signe de la rejoindre. Aelle resta cependant à l'affût, avançant vers elle lentement. Elle ne se méfiait pas de l'inconnue, non elle avait décidé de l'appuyer si les choses se compliquaient. Mais c'est sur la troupe reposant sous l'arbre qu'Aelle posa son regard de chasseresse.

Eärwen s'approcha de la bande sous l'arbre. Elle les connaissait tous. Elle avait déjà travaillé avec eux mais généralement, les rencontes se faisaient dans la forêt. Jamais en ville. Normal, la nature lui donnait un avantage pour s'enfuir et se camoufler vu qu'elle y était habituée. Et quand on lui avait donnée sa dernière mission, avec le rendez-vous en ville, elle avait demandé à ce que ce soit tout de même dans un endroit "vert". Du coup elle se retrouvait dans cet endroit. Mais si c'était ça la nature qu'on trouvait en ville, c'était vraiment triste! Enfin, elle ferait avec puisqu'elle n'avait pas le choix. Elle s'approcha de celui qu'on appelait "frère ainé", le patron en quelque sorte. Il leva la main pour la saluer mais il était moins expansif que Luk.

-Bonsoir, petite soeur.

-Salut frère ainé.

"Frère ainé" jeta un vague regard en coin à Aelle et l'ignora royalement. Il préféra poursuivre sur sa lancée.

-Tu as accompli ton contrat?

-Oui.

Eärwen s'approcha et sortit quelque chose de la bourse qui pendait à sa ceinture. Pour ceux qui n'était pas aucourant, on aurait dit du cuir tanné récemment avec un motif noir dessus. Mais pour les autes, il s'agissait d'un lambeau de peau tatoué avec un chiffre en-dessous. Seules le sang qu'on distinguait sur l'envers permettait d'en ête sur. L'elfe montra le morceau à "frère ainé" mais sans pour autant le lui donner, ce qui montrait la méfiance qu'elle avait envers lui. Le patron fit un signe de la main et l'un des gars derrière sortit un sac contenant de l'or pour le lui passer. Frère ainé ouvrit le sac devant Eärwen pour lui montrer le contenu et le compter pour lui prouver sa bonne foi. Puis il referma la bourse et la lui tendit. Eärwen s'en saisit d'une main et tendit le morceau de peau au patron. Celui-ci l'observa attentivement avant de hocher la tête. Il rangea le lambeau dans sa chemise. Puis Luk tendit à Eärwen un rouleau de papier minuscule que l'elfe fit disparaître rapidement dans son escarcelle. Quand tous cela fut fini, la tension se relacha visiblement. Frère ainé sourit largement.

-Content d'avoir conclu une nouvelle affaire avec toi, petite soeur! Resteras-tu... vous... enfin, toi et ton amie pour fêter ta nouvelle réussite?

Eärwen réfléchit un moment. Finalement, elle se tourna vers Aelle.

-A toi de choisir.

Le malaise d'Aelle s'était intensifié. Il n'y avait rien de sain dans cette petite réunion. Même l'arbre sous lequel s'était réfugiée la troupe n'augurait rien de bon, avec cette curieuse couleur rouge sang. Tendue, Aelle accompagna l'inconnue jusque sous le feuillage, mais resta à l'écart du groupe, refusant instinctivement de s'y mêler.

D'ailleurs le prétendu chef de la bande ne la convia pas à participer aux échanges. Il l'ignora, pour la plus grande joie de la jeune nymphe. Elle ne voulait pas se retrouver trop proche de cet individu. L'inconnue semblait faire plus ou moins partie de ce clan, dont elle connaissait les usages et les appelations. Pourtant elle restait elle-aussi sur ses gardes, comme anxieuse de ce qui pourrait se passer, ou du moins extrêment méfiante.

* Mais dans quel piège m'a-t-elle entraîné? *

Lorsque l'inconnue présenta son trophée au chef de la bande, preuve de la réalisation de son "contrat", Aelle pâlit... On ne la fait pas à une chasseresse, experte aussi dans le dépecage de ses proies. Ce morceau de cuir tanné n'avait rien d'animal, car Aelle avait déjà chassé tout ce qui était animal! Et puis quel animal se faisait tatouer... Non il devait forcément s'agir de peau humaine, et Aelle déglutit difficilement en pensant à qui pouvait bien être le contrat.

Aelle avait déjà tué un humain, mais seulement pour se défendre, et pas avec plaisir. Quant à le dépecer... Jamais elle n'avait envisagé cette possibilité. Il y a des moyens comme un autre de gagner sa vie, mais c'est tout de même avec un regard neuf, empli de curiosité, qu'elle contempla à nouveau la jeune femme qui l'avait amenée ici.

Lorsque de l'argent eut changé de mains, l'atmosphère changea de façon très perceptible ; c'est comme si tout ce petit monde s'était décidé à respirer à nouveau. Quel étrange pouvoir qu'a l'argent! On pouvait donc tuer pour lui, et éviter de se faire tuer. Ce n'est pourtant pas pour autant qu'Aelle se relâcha. Toujours en alerte, et tendue, elle continua à observer le petit manège, muette.

Le chef les invitait maintenant, prenant indirectement en compte la présence silencieuse d'Aelle; elle leva les yeux vers lui, mais il ne l'avait même pas regardé lorsqu'il avait prononcé ces mots. L'inconnue sembla hésiter...

"- A toi de choisir."

Le choix.
Aelle savait très bien ce qu'elle allait choisir. N'importe quel endroit de la Cité, mais pas celui là. Il lui tardait de quitter le square malgré sa verdure qui l'avait réconfortée temporairement. Mais devait-elle partir seule? L'inconnue lui avait toujours laissé le choix jusqu'à présent, ne l'ayant forcé en aucune façon. Aelle lui devait la pareille.

" Je préfère trouver l'école maintenant. Tu as fais ce que tu voulais faire, nous pouvons y aller. Me suivras-tu?"

Eärwen se doutait bien que sa compagne n'avait ps du tout envie de s'attarder dans cet endroit hostile. Et en fait, elle non plus n'avait pas envie de rester dans le square. Les petites fêtes de ses "employeurs" tournaient souvent soit à la bagarre, soit à l'alcool. Et si elle savait se battre, elle n'avais pas l'habitude de boire, même si elle s'y entraînait farouchement. Ele avait promis à Luk de faire un concours "à qui boirait le plus" et pour l'instant, elle pouvait pas vider plus de 14 verres en étant à gain, sans s'écrouler. C'était vraiment pas fameux. Et puis, les deux filles avaient des choses à faire. Elles devaient en effet trouver l'école pour s'y inscrire. Eärwen n'avait pas du tout envie de rester avec ces pouvoirs totalement aléatoire et qui se manifestait n'importe quand et n'importe où. C'était effrayant. Il lui suffisait de perdre un tant soit peu le contrôle de ses sentiments pour déclencher un cataclysme. Même si elle n'aimait pas du tout l'idée de suivre des cours.

Eärwen se tourna vers la bande pour les saluer. Ils avaient déjà sorti l'alcool et ce qu'elle appelait "l'herbe du bonheur". Ils en étaient totalement fou. Cela lui rappela quelque chose. Lorsqu'elle leur dit aurevoir elle reçut un geste de la main de la plupart et une accolade de Luk. Un sachet et de l'or changèrent de main. Par contre, ils continuèrent à ignorer royalement Aelle. Eärwen en ressentait de l'agacement mais elle n'avait pas envie de lancer ce débat. Il n'en ressortirait rien de bon de toute manière. Elle finit par hausser les épaules en se détournant de la bande. Puis elle attrapa Aelle par l'épaule (si, si) et l'entraîna à sa suite.

En sortant du square, un grondement se fit entendre. Eärwen leva les yeux vers le ciel. Apparemment la petite pluie de toute à l'heure allait se transformer en magnifique orage. Elles allaient devoir se dépêcher de se mettre à l'abri. Donc, soit elles essayaient de trouver l'école avant la pluie, soit elles se refugiaient dans l'auberge la plus proche... Au moment où elle y réfléchissait, un autre coup de tonnerre vint ponctuer sa pensée. Apparemment, les Dieux du Ciel étaient en colère. Eärwen regarda Aelle. Elle n'ajouta pas un mot. La jeune fille était suffisamment intelligente pour avoir fair le même raisonnement qu'elle. Et son regard était suffisamment interrogateur pour que Aelle comprenne et lui réponde.

(déso, c'est super court, mais j'étais plus inspirée.)

Un coin sombre...

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