Journée de pluie. Dans cette région saccagée par la terre, un voile sombre s'était étendu pour y verser de quoi rafraichir. Cependant le monde continuait à tourner, les démons fuyaient ou pillaient, les habitants de la cité commençaient à replanter des arbres à la lisière de la forêt Darke, et les chasseurs de têtes faisait leur travail. Depuis la bataille, des chemins avaient été tracé en hâte pour y faire circuler le commerce et ainsi permettre à Elament de reprendre des forces. Ayant eu vent rapidement de ces chemins, des gredins démoniaques s'étaient mis en quête de piller les chariots, faisant d'une pierre, deux coups, apprivoissements pour les troupes démoniaques et ravitaillement de la cité en parti subtilisé. Evidemment, les citadins n'allaient pas s'en rien faire, un éclaireurs fut envoyé, des démons furent catalogués et des primes furent affichées, les chasseurs démoniaques ainsi, seront informés de la gravité de la situation. Les Traqueurs Infernaux furent du lot et Shinreï Suiton vint y faire un tour sur ces routes commercials.

Vétu d'une large cape blache qui le couvrait du pied jusqu'à la tête, il marchait au milieu du chemin, d'un pas légerement nerveux, essayant un subterfuge qui permettrait d'avoir quelques démons croyant s'attaquer à une personne imprudente. Une ombre se faufila à travers les bois morts pour aller se loger au travers de la route de l'homme, un autre derrière et deux sur le côté, des simple mineurs usant d'une façon lâches pour attaquer un homme, méthode primant sur l'efficacité et éviter les dégâts. Seulement un petit problème se posa pour eux, la journée pluvieuse, le terrain étit submergé par un ruisselement d'eau et l'homme au centre était un Aqua qui savait liquifier son corps.

Le démon à l'arrière fonça sur lui, une lame en guise de crocs pointée vers ses viscères. Le drow pivota légérement pour esquiver le coup, posa sa main sur l'avant-bras, réajusta son geste pour arracher la lame de son étau de bandage, glissa son pied droit sur le côté, tournoya autours de celui-ci pour arriver sur le flan du démon pour lui décocher un coup tranchant sur la jugulaire. Le chasseur n'attendit pas que l'effet de sruprise disparaisse, lança la lame pour qu'elle aille planter dans la gorge du démon mais par un soucis de précision, la morceau de métal se planta dans l'apaule droit. Pas de répis pour les démons, l'elfe noir n'avait pas attendu le résultat de son lancée, pour liquifier son corps, rallier en une seconde avec la fluidité de l'eau, la distance qui le menait au démon de devant, passer entre ses jambes, réaparaître derrière lui avec discrétion, se rematérialisant en commençant par les bras, le droit qui alla se loger tel un serpent autours du cou de la victime étreignant le démon au fur et à mesure que son corps reprenait sa forme originel, certes sans vêtements, mais au milieu de l'action, les regards n'allaient pas y préter attention. Achevant la transformation, le démon était pris en étau et le bras gauche du chasseur qui s'était gelé, pendant que le reste reprenait forme, se planta dans l'abdomen de l'être perverti, une gerbe de sang éclaboussa le sol et le corps chuta dans l'eau. Plus tard, l'elfe noir activera un sort pour que l'eau les dévore, mais pour l'instant, il y avait encore deux proies.

Les deux démons restants, suite à la démonstration de force du chasseur s'étaient enfui. Seulement sous cette pluie battante, toutes choses étaient repérables, tout ce qui était trempé d'eau était remarquable à la vision de l'Aqua et le mouvement irrégulier des fuyards l'était facilement. Les deux étaient partis dans des directions opposées, Shinreï commença en premier lieu par celui qui était parti de l'autre côté du chemin où s'était trouvé celui sur lequel il avait balancé sa lame. Il s'enfonça donc dans les bois, avec comme seul vision, sa cible et le chemin qui y menait, sans préter attention au reste. Au bout d'un certain temps, le démon fut en vue. L'elfe noir attrapa quelques gouttes de pluie, les gela pour en faire des aiguilles, cinq en tout pour atteindre la gorge de la victime. Inélectuablement, le physique plus entrainé de Shinreï lui permit de se rapprocher du mineur. Il amassa de la pluie dans sa main, prit une goutte et tel une bobine de fils, il lança la goutte suivit d'une ficelle d'eau pour qu'elle aille s'entortiller autours d'une branche. Il enroula l'autre bout autours de sa main gauche. La ficelle rétrécit et l'elfe noir fut emporté dans l'air, prit appui sur la branche et bondit en direction du mineur, lançant au fur et à mesure ses aiguilles. La quatrième fut fatale.

Pour amortir la chute, l'aqua transforma ses pieds en eau, qu'il recomposa après l'aterrisage. Essouflé de sa course, il s'appuya quelques secondes contre un arbre. Plus qu'un dernier, malheureusement celui-ci devait être bien trop loin malgré la blessure, retrouvé déjà le chemin serait pas mal. Il ferma les yeux et se concentra, il avait mis en mémoire les ruisseaux, leur enchevêtrements, leur locasitions à partir de la route, formant un plan complexe qui se modifie souvent mais dont l'essentiel reste intact. Il lui fallut une minute pour s'y retrouver.

Ayant retrouvé son souffle durant cette minute, il se mit tout de suite en marche. La plui dégoulinait sur son visage, le terrain était boueux, mais Shinreï restait de pas fermes, cependant légérement déconcentré, il n'arrivait plus à cerner si il y avait des personnes sous la pluie, préférant tenir route. Un sifflement retentit, les oreilles de l'elfe se dresérent, il pivota la tête en direction de la provenance, redirigeait sa concentration sur le siffleur, ou du moins sa direction car il n'était pas visible à l'oeil nu, mais la pluie ne trompait pas sa vision, un être s'y trouvait addosé derrière un arbre entrain de l'épier, soit il était stupide, soit ignorant, mais en tout cas il n'aurait pas du éveiller les soupçons de Shinreï. Celui-ci se liquéfia, se faufila dans la terre gorgée de pluie, entre les racines, un filet d'eau monta sur l'arbre derrière lequel s'était dissimulé l'homme, et à la hauteur du cou de l'homme, le filet d'eau forma une spirale au centre duquel un oeil écarlate se forma.

C'était un démon, assurément le physique d'un corrompu, un elfe dont les veines ressortaient de toute part, tremblait légérement et qui semblait posséder un trouble impulsionnel du comportement au niveau de la nuque. L'oeil disparut, pour être remplacé par une main suivit de l'avant-bras, du coude, du bras jusqu'à ce que les doigts aqueux s'entortillent autours du cou, empéchant le démon de fuir.

"Shinreï Suiton? Nous te cherchons!" souffla le démon. L'étreinte en fut un peu moins forte sur la gorge du démon. "Je suis un démon de la Tanière, un démon de la seconde ligne, les autres aussi d'ailleurs, ceux que tu viens de tuer. Kaho Long est parti mais nous sommes restés sous les ordres de Sirius Aberbald, il est pas loin mais il est mourant, cependant il garde toujours ton enfant qui est plus un embaras qu'autre chose maintenant qu'il ne sert plus les intérêts du loup, nous entendions ta venue et je t'ai reconnu, viens avec moi!"

La poigne lacha la gorge, mais au creux de la main, une germe d'eau se forma, jaillit quelques centimètres près de la jugulaire du démon et se gela pour former un morceau de lame. Le filet d'eau s'élargit, une épaule apparut, puis le visage et le reste, le démon avait fait quant à lui quelques pas pour le laisser se matérialiser derrière lui.

"Je te suis!" affirma briévement l'elfe noir sur un ton glacial.

Une quart d'heure, encore plus enfoncé dans la forêt, le temps toujours aussi pluvieux, l'elfe noir toujours derrière le démon qui savait en quoi s'en tenir et guidait Shinreï, ils arrivèrent à un camp de fortune, deux tentes, deux démons avec des hallebardes postés en garde. Sous l'une des tentes, une bougie était allumée, éclairant la pâle silhouette de ce qui fut jadis un illustre mage de la Tanière, second direct du Loup et qui désormais n'était plus qu'un être blessé planqué sous sa cape à l'abri de la pluie, démon déchu dont la prime dessus restait toujours astronomique. Dans l'autre, il y avait un berceau avec un bébé qui pleurait sous le grondement lointain de l'orage, Méhérak, fils de Shinreï et d'Erylis, que le père avait donné au Loup pour qu'il devienne un puissant démon mais que le destin avait finalement préservé l'enfant de la perversité de ce monde, car Shinreï le mettra à l'abri dans la cité et peux-être à la mère de Méhérak, si elle revient un de ces jours d'Otulin. Mais avant de s'occuper du gamin, allons rendre visite à ce qui fut jadis un maître d'armes pour l'elfe noir.

Il s'agenouilla au pied de la tente, près du visage du démon à la mine pâle, encore un peu de respect pour cet homme, il attendit que celui-ci parle.

"Shinreïï...?"
"Oui, je suis là, Sirius!"
"Hum!? Cela fait étrange de ne plus t'entendre m'appeller maître!"
"Les temps changent!"
"Certes!...tu l'as vu n'est-ce pas? Ton fils?"
"Oui!"
"Malgré la présence de la Tanière à ses côtés, il n'a jamais pleuré, c'est courageux enfant que tu as là, malgré tout il a toujours pleuré et chialé quand l'orage gronde. C'était d'ailleurs par un jour comme celui-ci que tu as transpercé le coeur d'Erylis...(toussement)..."
"Oui je sais, cela remonte à loin...Tu sais aussi ce que je vais devoir faire?"
"Je sais,... les autres pensent qu'on pourrait avoir un arrangement, mais toi et moi savons que cela n'est pas possible."
"Oui...(soupir)...Adieu maître!"

L'elfe noir prit la lame de glace qu'il avait planté dans le sol avant de s'agenouiller. Il se releva, attendit que son guide se rapproche de lui, n'ayant pas écouté la conversation qui n'était qu'un échange de chuchotement, pour le mener vers son enfant puis le guider vers le retour, et l'elfe noir prit le bout de la lame à deux mains et transperça la gorge du démon, il finit son geste en lachant la lame en pleine lancée pour qu'elle aille se planter dans la gorge de l'un des deux gardes. Le second réagit, mais l'elfe noir laissa deux gouttes de pluie tombait sur son index et majeur gauche et d'un geste sec, en fit des aiguilles qui allèrent se planter dans les yeux de sa troisième victime en quelques secondes. La mort des trois subalternes établit, il se retourna vers Aberbald. C'était un honneur pour lui que de tuer de ses propres mains le deuxième être le plus puissant de la Tanière, un génie qui s'était fait son maître dans le maniement de la magie et l'apprentissage de l'équilibre psychique et de la concentration. L'élève ne surpassait pas le maître, mais c'était mieux de mourir de la main d'une connaissance que de la flêche envoyée par un inconnu.

L'elfe noir leva la main, la laissant se tremper de pluie, qu'il gela pour s'en faire des crocs et des dents de glace. La main plongea dans la gorge de Sirius, suffisament pour le tuer et prélever une bonne dose de sang, un sang qui se vendra très facilement et pour un très bon prix sur la cité. Il chercha trois fioles à sa ceinture qu'il remplit du sang du mage. Il se débarassa de l'éhamoglobine sur sa main en même temps que les morceaux de glace qu'il s'y était fait, d'un geste hautain. Tandis que le cadavre de Sirius se dégradait à vitesse folle, hapé par les ténébres dont il fut un maître, Shinreï se dirigea vers la tente qui couvrait Méhérak, doucement il le prit dans ses bras et couvrit son corps avec sa cape laissant juste assez de place pour respirer et insufflant un peu de sa chaleur paternel, Méhérak cessa de pleurer et Shinreï lui adressa un sourire plein de tendresse, c'était son fils après tout.

Il prit le chemin du retour, sans penser qu'il allait encore faire une rencontre inattendu en cette journée.

Sous la pluie, une silhouette descendait des monts, comme sortie de nulle part, sortie tout droit des enfers. Aujourd’hui la pluie terrible qui s’abattait sur le monde lui permettait d’arpenter les terres sans risquer quoi que ce soit. Bien qu’informelle, Raziel s’était donné une mission, vêtu d’une grande cape, encapuchonné, il s’apprêtait à infiltrer le campement de fortune des survivants de la tanière. Pour les démons ? Oui, mais surtout pour lui-même, il devait savoir si c’était bien eux qui détenaient Méhérac, ainsi il saurait si l’elfe noir qu’il avait tué dans les grottes était vraiment un membre de la tanière.
En effet il avait, il y a quelque jour de ça affronté un drow se vantant de connaître Méhérac, utilisant son nom, et en parlant comme d’une arme qu’il ferait s’abattre sur la citée, ridicule, Méhérac n’était qu’un gosse, rien de plus et il ne serait une menace pour personne.
On racontait qu’ils se cachaient dans les bois, au cœur de la forêt Darcke. Le problème était à présent de localiser ce fameux repère au milieu de cette mer verte. Quelle galère !

Alors qu’il marchait dans les bois, un premier bruit attira son oreille :
«-C’est par ce temps qu’il faut s’entraîner allez réessaye
- Oui, tu as raison. »

Deux silhouettes s’entraînaient sous la pluie, à utiliser l’eau qui tombait du ciel, des aquas, un élève et une adulte, celle-ci, semblait donner un genre de cours au plus jeune.
Bien qu’il ne semblait pas très doué.

« Stop, on fait une pause. »
Et la femme se retourna pour aller se mettre à l’abris, suivit de son jeune élève. Une proie facile, encore pour lui, quand elle regarda vers le jeune aqua, il avait disparu, entraîné derrière un arbre, avec une main qui le réduisait au silence, les crocs de Raziel s’enfoncèrent dans sa gorge. Rien de tel qu’un jeune élève comme repas. Trop facile. Enfin sauf que son accompagnatrice, allait se mettre à le chercher.

Et le voilà qui se remit à errer, se déplaçant dans les arbres, pour avoir un meilleur point de vue.
Le destin sans doute, mit sur sa route un démon fuyant, blessé, qui s’arrêta juste en dessous de lui, et se mit à entamer un monologue. Sur le fait qui avait semé quelqu’un, et que le maître Sirius Aberbald n’allait pas être content.
Le nom d’Aberbald attira l’attention de Raziel, ce démon allait probablement rentrer dans son repère, d’ici là, il le suivrait.

Et c’est ainsi que le vampire suivit le démon, sans même le regarder, se basant uniquement sur l’odeur de sang qu’il dégageait de sa blessure, il pouvait ainsi mémoriser la route pour pouvoir revenir ensuite. La marche fut longue, le démon marchait lentement, s’arrêtait contre un arbre pour reprendre son souffle, enfin, il aperçut les toiles des tentes des démons entre les feuillages. L’instant parfait, il se laissa tomber des arbres et planta sa dague dans sa nuque.
Puis il resta un petit moment caché dans les buissons à attendre le moment propice, pour passer sans être vu des gardes.
Deux tentes, quelques gardes, dans une des tentes, les cris d’un enfant, dans l’autre, deux silhouettes discutaient.
Il se déplaça en silence, pour écouter la conversation, la voix du vieux démon était faible, il allait sans doute mourir avant la fin du jour.
L’autre voix, mais, il la connaissait, il ne s’agissait ni plus ni moins que celle de Shinrei.
La conversation n’avait pas grand intérêt, jusqu’à ce que les bruits d’une bataille ne se fassent entendre. Sous cette pluie battante, Raziel murmura.

« Sirius Aberbald n’est plus, s’en est fini de la tanière, l’enfer reste sans rivaux »

Puis, il se déplaça, il devait faire vite avant d’être vu, il pénétra dans la deuxième tente, un berceau rudimentaire, l’enfant y était couché et pleurait, un coup de tonnerre éclairant l’entrée du vampire, et l’enfant hurla de plus belle. Pauvre petite chose, cet orage devait lui rappeler cette triste nuit, où sa mère fut tuée des mains de son père et son oncle. Enfin, ce qu’il était venu vérifier, il l’avait vu, un enfant à la peau noire et aux oreilles de chien, Méhérac n’avait jamais cessé d’appartenir à la tanière finalement, et il allait revenir à sa seule famille à présent, son père.
Un petit rire retentit, et Raziel murmura à l’enfant, comme pour le bercer.

« Quand tu seras plus vieux, tu me retrouveras, alors tu sauras tout sur ta famille mon enfant. » Le bébé se tut un instant, à ses mots puis, un nouvel éclair vint relancer ses pleurs.

En dehors de la tente, les bruits de combat, les cris avaient cessé, Shinreï en avait fini, il ne restait à Raziel que le temps qu’il récupère ses trophées qu’il revendrait à la citée pour disparaître.

Il tourna le dos à l’enfant et sorti de la tente en courant avant de bondir comme un chant dans l’arbre le plus proche. Shinreï, passa sous lui sans le remarquer, il avait fini sa besogne, et arrivait pour récupérer son fils. Les cris s’arrêtèrent. Après tout ce temps, Méhérac reconnaissait encore son père. Belle mémoire pour un enfant de cet âge. Et surtout qu’elle belle conclusion de l’histoire, presque un conte de fée : Le gentil père récupéra son fils et l’emmena vivre à Elament, en sécurité, loin de la tanière, loin des démons… À vomir. Pas question de laisser une si belle scène se produire, Shinreï ne pouvait pas faire comme si de rien n’était et élever cet enfant dans l’ignorance de ses origines, si cet enfant ignorait les conditions de sa naissance, Raziel ferait son devoir. Avec le début de vie chaotique de ce gamin, il serait si facile de le corrompre, de le retourner contre la citée et son père.

Enfin, ne commençons pas à tirer des plans sur un avenir aussi lointain, et revenons au présent. Car en effet, il serait tellement dommage de laisser ces passer une si belle occasion de discuter à nouveau avec son « vieil ami ». Raziel voulait encore échanger quelques mors avec Shinreï, sans doute qu’il en tirerait une assez grande satisfaction, et qu’il s’amuserait un peu.
Il quitta donc les lieux en avance pour pouvoir se retrouver sur le chemin de Shinreï qui allait sûrement vouloir rentrer à la citée avec les têtes de tous les morts qu’il avait causé en si peu de temps dans une main, et son fils dans l’autre.
Il se laissa tomber à terre et courut le long du chemin, jusqu’à être à mi-distance de la citée.
Sur le chemin, il trouverait une silhouette encapuchonnée adossée à un arbre, eu bord du chemin, sous cette pluie battante.

Les pas dans la boue qui s'était à présent formé sur le sentier se faisaient entendre, annonçant l'arrivé de l'homme que Raziel attendait, il compris qu'il n'avait pas fait fausse route et que Shireï empruntait se chemin pour ramener son enfant à la citée, l'heure était venue, la rencontre des deux anciens amis. Shinreï d'un coté, ancien démon devenu chasseur de démon, Raziel, ancien élève devenu commandant de la défunte Apharez.
Bien malin qui, à cet instant précis, aurait pu dire ce qui pouvait se passer lors de leurs retrouvailles?
En tout cas, aucun des deux n'avait ce don, le seul moyen de le savoir, était de laisser les choses arriver, et en observer le résultat.

Les pas de Shinreï s'arrêtèrent, bien que la capuche de Raziel, rabattue sur son visage par le poids de l'eau qui ruisselait dessus l'empêchait de voir sur les côtés, il sentait que le drow l'observait. Autre chose, que ces sens de prédateur lui indiquaient, le craquement de l'eau qui gèle, préparait-il une attaque? Impossible commen aurait-il put le reconnaître, sous cette épaisse cape, sa silhouette pouvait-être celle du dernier des habitants de la citée.
La réponse vînt d'elle-même en faite, Shinreï prit la parole au-dessus du tumulte des eaux frappants le sol, les pierres, les feuilles.

Qui était-il? La question n'était pas si simple en y repensant, certes, il aurait été bien facile de répondre par son nom, ou de montrer son visage, Shinreï aurait tout de suite sa réponse, oui mais, qui était Raziel?
À la base, il était défini comme un jeune félistia, un bon garçon, vivant à la citée. Il était clair que cet homme, il ne l'était plus, pourtant, il était toujours Raziel.

Pas de réponse donc, de toute manière, il reconnaîtrait sa voix, Raziel se déplaça, lentement, venant se mettre en travers du chemin, le visage dans l'ombre de sa capuche. Son pied gauche s'écarta du droit en créant un trace dans la boue, et il resta planté là en silence. Le silence parut tellement long. La tension était palpable, Shinreï qui devait protéger un enfant, le siens en l'occurence, garderait sans doute bien moins longtemps son sang froid si Raziel continuait à le bloquer, en silence.
Raziel, quant à lui, n'avait strictement aucune envie de se battre ni aujourd'hui ni contre cet adversaire. Il répondit donc a l'homme en face de lui, adoptant ce ton moqueur qu'il appréciait tant, combiné avec son petit rire crispant.

"Tu pointes une arme sur moi? kéké je te reconnais bien là, tu frappes d'abord et parles ensuite, quel exemple, papa."

Shinreï aussi riait, dans leurs rires, pas de joie, car en fait il n'y avait rien de drôle, le rire était une marque de courage, de désinvolture face au danger et à la mort, car, s'il combattait maintenant, le sang coulerait immanquablement et en abondance sur une terre déjà bien assez trempée par le sang et les larmes.
S'ils riaient c'était pour entamer le courage de l'autre, et peut-être aussi pour préserver le siens.

Enfin, la réponse de Shinreï était à la hauteur des espoir du vampire, son flair l'avait bien conduit, cette fois, il ne s'ennuierat pas, en fait, il allait bien s'amuser de cette conversation avec Suiton. Puis, quand il serait lassé de bavarder avec son ancien compagnon, il rentrerait à l'abris des ténèbres, annoncer à celui qu'il jûgeait comme leur digne héritier la fin de leurs rivaux, la tanière dissoute après la fin d'Aberbald.

La main griffue du vampire vint se porter à son nez, il inspira profondment, comme le ferait une jeune fille chez un parfumeur, voulant essayer chaque ambre, pour sublimer sa beauté avec une senteur délicate. Il sentait le sang? Peut-être, avec le temps il s'était habitué à cette odeur subtile, et n'y prétait plus attention. Shinreï était surtout bien placé pour parler. Mais c'était vrai, et rien que de sentir sa main, l'enivrait à nouveau. Suite à sa longue inspiration, il resta muet avant de répondre.

"Et depuis quand le sang ne flatte-t-il plus tes narines Suiton?"

Shinreï s'était remit en marche, voulait-il écourter leurs retrouvailles? Quel dommage, il y avait si longtemps qu'il ne s'étaient plus parlé, une éternité semblait-il... Tant de choses avaient changé depuis, oui, beaucoup de choses, excépté la relation compliquée qu'avaient ces deux-là. La mort d'Eryllis avait marqué la fin brutale de leur amitié, ah, Eryllis cette bonté d'un autre monde... Que penserait-elle de lui si elle le voyait?
Question idiote, il ne la reverrait pas, comme le soleil ne rencontre jamais la lune, les eclipses sont trop rares.

Mais la deuxième partie de la réponse de Shinreï était tout aussi interessate, car il faisait allusion à un trait de caractère de Raziel disparu à jamais, faire la morale, lui? Un être aussi immoral ne peut plus que pousser les autres vers le mal. Non, ce n'était absolument pas son intention.

"Kéké, la morale? Non, on ne fait la morale qu'aux fautifs. Et là, je dois reconnaître que tu nous as été d'une grande utilité, ça nous fera l'effort en moins que de balayer ses cloportes."

Raziel s'était, lui aussi, mis à avancer, les deux hommes se croisaient à présent, sa main fut rapide, du geste des picpocket qui rôdent dans les ruelles de la citée, il détacha une fiolle rouge de la ceinture du drow, qui aurait eu du mal à riposter sans laisser tomber son fils. Et la faisait à présent tourner dans sa main, pendant qu'il la contemplait. Boire le sang d'un tel démon, rien de tel pour gagner en force, il en garderait un peu pour preuve auprès de Nemrodus.

"Waah ça, ça doit vraiment être hors de prix, deux fioles te suffiront, le reste, j'en ferais un festin plus tard, nul doute que ça me mettra en forme... À propos, j'y pense, à combien on s'arrache ma tête en ville?"