Le retour de l'halfling [Libre]

Un coup de tonnerre la fit sursauter, ses yeux marron se levèrent vers le ciel avec une lassitude mêlée de crainte au fond d'eux. Elle qui avait cru que sa situation ne pouvait être pire, la voici qui était détrompée, une fois encore. Ses mains cherchèrent à tatons les plis de sa cape pour les serrer entre ses doigts tremblant et les rapprocher contre elle. Elle avait déjà si froid, un froid immense qui lui lacérait les os depuis longtemps... Des nuages sombles commencèrent à s'assembler devant l'astre rond, baignant d'une lumière blanche et révélatrice sa frêle silhouette, la fixant sans ciller. Elle sentit un frisson lui parcourir le dos. La nuit, rien n'était sûr en ces lieux vastes sans sécurité. Un hurlement de loup s'éleva, affirmant ses pensées. Si ils étaient tout une meute, elle était perdue. Elle fronça les sourcils, comment avait-elle fait pour s'abaisser comme ça ? Déjà qu'avant elle se sentait faible... Qu'est-ce qui avait bien pu lui retirer le peu de force qui lui restait ? Rempli d'une énergie nouvelle, qui peut-être était passagère mais autant en profiter, son corps se redressa, et elle reprit sa marche. Le vent glacial venant du nord se leva.

Au plus profond d'elle, il lui semblait l'entendre résonner jusqu'à ses oreilles. Son rire... Il lui faisait beaucoup plus peur qu'une meute de loups affamés, voir de monstres sanguinaires... Il devenait de plus en plus puissant, elle ne l'avait pas que senti... Elle en était sûre...

* Bien sûr... Tout est à cause de lui... Absolument tout... C'est à cause de lui que je suis ici... Et même bien avant... *

Ses pieds dont les semelles des chaussures étaient usées depuis un bon mois s'enfoncèrent dans la neige, y creusant un trou. Sa peau frémit sous la matière humide qui la mouilla. Une goutte tomba alors sur sa tête, elle la leva, par réflexe, pour en recevoir une deuxième sur sa joue, qui dégoulina jusqu'à son cou. Elle baissa la tête silencieusement pour rabattre son capuchon dessus.

"Je te déteste..."

Cependant elle savait très bien qu'elle pouvait le haïr de toute son âme, cela n'y changerait strictement rien. Depuis ses trois ans elle devait le cotoyer à l'intérieur de son corps, depuis le jour où tout son village avait été terrassé par les êtres immondes comme lui... Ces démons... Pourquoi avait-il élu domicile chez elle ? Elle ne le saurait sûrement jamais... Elle se savait condamné à subir sa haine et sa soif de tuerie chaque jour de son existence... Et pourtant... Oui, pourtant, il y avait eu une période où elle avait eu un espoir, une étincelle dans le noir, elle avait cru pouvoir se défaire de cet être abject... Seulement à l'époque, elle était heureuse, elle vivait avec son maître qui l'avait sauvé après l'incendie de son ancienne demeurre. Il avait su conserver en elle la joie et l'espérance, mais... Aujourd'hui, lui non plus, comme tout ceux qu'elle avait aimé, n'était plus de ce monde.

Un autre éclair transperça le ciel sombre, faisant briller ses yeux d'où les larmes coulaient librement à présent, les gouttes salées se mêlant à la pluie qui tombait drue, trempant ses vêtements sans pitié. Elle s'aperçut qu'elle grelottait, et accéléra le pas. Tout espoir était mort aujourd'hui... Mort et enterré... Après la disparation de cet être cher, elle avait pensé pouvoir le retrouver dans cette ville, Elament... Quelle ironie l'emplissait maintenant qu'elle y repensait, quelle naïve pouvait-elle être ! Comment avait-elle pu imaginer, qu'à ce moment, seule et sans plus aucune barrière pour la protéger, le démon allait-il la laisser en paix ? Son plus cher désir était de s'approprier son corps et de la contrôler totalement !

* Et que feras-tu quand tu l'auras ? *

Elle laissa son regard errer sur la dague qui pendait à sa ceinture, suivant le rythme de ses pas.

* Quelle belle victoire serait-ce de posséder un corps mort, n'est-ce pas ? *

Que ferait-il si elle osait ? Oserait-elle, oserait-elle pas ? Se tuerait-elle ? Jamais ! Cela lui ferait trop plaisir ! Elle savait parfaitement ce qu'il se passerait... Son corps une fois mort, ne serait plus qu'une enveloppe de chaîr dont il pourrait disposer à sa guise. Elle refusait de se laisser vaincre, ne serait-ce que par respect pour ses géniteurs et son maître.

* Maître... Que me conseilleriez-vous de faire ? *

D'avancer bien sûr... Au bout du couloir il y a toujours une lumière, tremblante mais bien présente. Hélas, ne disait-on pas que la lumière de la bougie était la plus forte avant de s'évanouir dans les ténébres ?

Sa lumière à elle, elle avait l'impression qu'elle s'était éteinte à jamais, même si elle en doutait quelques fois... Rien n'est jamais perdu. Elle avait basculé dans le noir, il est vrai, mais chacun a droit à l'erreur, se pourrait-il qu'elle en ait commis une simple ? Et qu'elle puisse la rattraper ? Sortir de l'obscurité... Quand tout cela avait-il commencé ?

C'était le démon, encore lui évidement... Il s'était fait vaincre... Pour une fois... Quel dommage que ce ne soit pas elle qui eut cette victoire la première ! Elle avait quelques vagues souvenirs de cet instant, des images qui défilaient devant elle. Un combat, des coups, du feu avec lequel le démon s'amusait. Puis la défaite... Il l'avait enfermé dans son propre corps comme une de ces nombreuses fois... Elle avait tout contemplé à travers ses yeux, aux premières loges mais si loin pourtant, dans la bulle de verre qui la retenait prisonnière au plus profond d'elle-même... La bulle avait éclaté, elle s'était réveillée, ou à demi... Tout se brouillait, tout se mélangeait, les sons et les images, même ses pensées et celles du démon ne faisaient plus qu'une...

Il m'a battu... Je suis libre... Je vais le tuer... Je peux enfin fuir... Mais pas encore... Vite, je dois partir... Je vais attendre... Courir, loin, loin !!

Puis, elle s'était réveillée dans ce coin perdu, sans âme qui vive autour d'elle. Les jours avaient passés, puis les mois... Des journées entières, où elle ne savait plus à qui appartenait son corps, à lui, ou à elle ? Qui le contrôlait ? Elle s'entraînait, plus durement que jamais, il poussait son corps au bord de ses limites physiques et mentales... Ca faisait si mal... Dans les quelques moments de lucidité qu'il daignait lui donner, elle soignait ses blessures, se reposait, se nourrissait... Pour combien de temps ? Quand reprendrait-il le contrôle ?

Heureusement, ça s'était enfin arrêté... Peut-être se jugeait-il suffisament remis de sa défaite ? L'avait-elle vaincu ? Non... Sa présence était toujours là... Ricanant tandis qu'il imaginait avec délice les événements à venir...

Ce serait donc lui qui aurait décidé de ce retour ? Peut-être, peut-être pas...

Elle s'arrêta... La lourde porte en bois se dressait devant elle, exactement comme la première fois... Un sourire vague et nostalgique s'afficha sur son visage. Sa main, tremblante et hésitante, se leva et se posa sur le signe du feu. Dans un grincement, la porte s'ouvrit, comme avant.

Y avait-il une lumière au bout du chemin ? Ou s'était-elle éteinte ? Une chance... Elle voulait encore une chance de l'atteindre...

"Je... Je veux retrouver ma lumière..."

Et enfin, Sen, son corps, affaibli, vaincu par la pluie et la neige, se laissa tomber dans cette dernière, s'abandonnant aux ténébres silencieux et cruels.

(même si c'est un gros pavé, ne vous découragez pas pour y répondre XD !)

"_ Attendez-moi !" s'était écrié Naja à quelques mètres de distance.

D'où revenait-il, à cette heure tardive ? D'une petite virée en solitaire, comme il lui arrivait d'en prendre parfois depuis qu'il était à Elament. Son village, ses amis - bien qu'un peu bourrins - sa famille, lui manquaient parfois si cruellement qu'il éprouvait le besoin de s'isoler un instant, de sentir le vent sur son visage et le silence l'envahir... Mais ce soir, le vent avait été plus mordant qu'à l'accoutumé et une pluie verglançante s'était finalement abattue sur les collines dans lesquelles l'Aasimar déambulait pensivement. Quelle poisse !

Doucement, il avait rabattu la bride à gauche et Ily, son étalon aux couleurs d'Ebène avait fait demi tour sans se faire prier, ayant sentit avant son maître l'arrivée du mauvais temps. Comment pouvait-on être affublé de tant d'attributs animaux comme l'était Naja et pourtant être incapable de faire preuve du moindre instinct ? Quel cavalier désespérant !

Crinière pour l'un et cheveux pour l'autre ruisselants de pluie, têtes basses, fouettés tous deux par de grosses rafales de vent, ils venaient d'arriver à proximité de la Cité dont ils distinguaient à peine les contours. Le déluge qui faisait rage provoquait une sorte de brume diffuse et Naja plissait les yeux, gêné par l'eau qui s'infiltrait partout, glaciale. Pourtant, de loin en loin, il avait aperçut une vague silhouette, avant d'entendre le bruit sourd de la porte pivotant sur ses gonds. Instinctivement, il avait appelé, demandé qu'on l'attende afin de profiter de la brèche pour pénétrer la Cité au même moment.

Mais la silhouette n'avait pas répondu. L'avait-elle seulement entendu, avec ce vent ?

Naja battit des paupières à plusieurs reprises... la porte était ouverte, mais la silhouette avait disparu. Si vite même, qu'il n'avait pas pu voir dans quelle direction elle s'était évaporée. Surpris, car la porte était restée ouverte, il resta un instant interdit, à contempler l'intérieur de la Cité s'étaller devant lui. Et puis soudain, Ily s'arrêta net et l'Aasimar, suivant du regard le mouvement de son cheval, aperçu une jeune fille, à terre, la neige fondant tout autour et la pluie verglaçante l'accablant sans relâche.

"_ Eh là ! Mademoiselle !!?"

Sautant au bas de son cheval, Naja ramassa le corps inanimé du petit être. De quelle race pouvait-il bien s'agir ? Elle était si petite, quel âge avait-elle ? Otant sa vieille chemise sale, il en enveloppa le tout petit corps inanimé qu'il hissa sans difficulté sur le dos d'Ily, avant de reprendre son chemin, à pieds... il lui fallait mettre cette enfant à l'abri, la protéger du froid... Etait-elle souffrante ? Fallait-il l'emener à l'infirmerie ? Autant de questions défilaient dans son esprit tandis qu'il se hâtait vers le Bestiaire, Ily sur ses talons, ballotant la jeune fille sur son dos.

(une réponse après deux semaines et un jour, enfin XD ! merci beaucoup ^_^ !)

Le silence... Le noir... Le froid... Tous se mélangeaient en une sorte de chaos, de ténèbres, comme un gouffre au bout duquel la mort vous accueille, ouvrant sa gueule dans laquelle vous plongez invariablement, pour qu'aussitôt ses crocs tranchants, souillés de sang, se referment sur vous... A jamais... Cette morsure qui la rongeait au plus profond de son être, qui dévorait son coeur à belles dents, laissant la douleur se répandre telle une traînée de poudre dans chaque fibre de son corps...

Ne plus avoir mal, plus jamais, qu'est-ce qu'elle haïssait cette douleur, mais celle-ci l'emprisonnait, elle savait qu'elle ne pouvait échapper à ces griffes qui se resserrait sur elle, un peu plus chaque seconde, pourtant elle aurait tout donné pour être ailleurs... Mais le destin sait être cruel à souhait quand l'envie lui en prend, faire souffrir les innocents, en voilà quelque chose de réjouissant ! Elle le détestait lui aussi... Pas le plus, il était vrai... Non, rien ne pouvait égaler l'envie meurtrière qui, depuis déjà longtemps, grandissait en elle, sans même qu'elle ne s'en aperçoive...

Elle aurait tant aimé qu'il meurt lui... Être débarassée de sa présence pour toujours, voillà à quoi elle aspirait, ce dont elle rêvait, et encore, elle ne pouvait même pas en rêver, tant ce fantasme paraissait improbable et n'avait aucune chance d'aboutir...

Voilà pourquoi, elle voulait oublier, changer d'existence, échanger son corps contre celui d'un autre, ça non plus était insensé, tout ce qu'elle voulait ne serait jamais à porter de ses doigts, et elle n'en avait que trop conscience... Alors, comment ? Comment s'échapper à ce piège qui se refermait lentement mais sûrement ?

Mourir ?

Opter pour la solution ultime, c'était donc ça la solution ? Il fallait donc arriver à un tel extrême pour enfin être en paix ? N'était-ce pas pitoyable de devoir, après une vie bien remplie, en aboutir à une chose aussi médiocre ?

Pourtant, au fond de ces ténèbres que rien ne dérangeait, une fois qu'on s'y était habitué, il était si bon de s'y laisser couler... Plus rien ne pouvait vous attendre, puisque plus rien n'y existait... Une vie pleine de souffrance, une mort paisible pour l'éternité ? C'était équitable, non ?

Oui... Oui, elle, elle le pensait, là, à cet instant, elle le pensait vraiment... Aussi bas était-elle tombée, elle en était maintenant persuadée...

* Alors, tu sais ce qu'il te reste à faire... *

Oui... Depuis longtemps... Elle le savait...

Ah...

Non...

Tout revenait à présent... La douleur, alors qu'elle avait enfin commencé à disparaître... Le froid, qui depuis quelques instants s'estompait... Et... La lumière ?

On la soulevait, elle se rendit compte alors qu'elle était trempée, la pluie ? Aîe, oui... Mal à la tête... Que faisait-elle ici ? Qui était là ? Elle n'avait pas la force d'ouvrir les yeux... Dormir, encore une fois, juste une dernière... Non ! Réveille-toi, réveille-toi...

* Pourquoi ? *

Ses paupières se soulevèrent et ses iris marron rencontrèrent l'étendue blanche qui recouvrait le sol, symbole de pureté, pourtant, elle avait failli s'éteindre dedans... Ca bougeait au-dessous d'elle... De puissants mouvements... Baissant les yeux, elle vit des sabots qui s'enfonçait dans la neige épaisse, formant des traces... Un cheval ? Que faisait-elle sur un cheval ? Hésitante, elle bougea légèrement ses jambes, il ne fallait pas effrayer l'animal... D'une main à demi paralysée par le froid elle fit une vague caresse sur son encolure noire avec ses doigts rougis... Rien... Il n'y avait donc pas de risque ? Reprenant un peu confiance et rassemblait les quelques forces qu'elle avait encore, elle s'agrippa doucement, mais fermement pour ne pas tomber sous l'effort, à la crinière, et se redressa à demi...

Dans Elament, oui c'était ça... Elle était revenue dans la cité, après un bon mois d'absence... Mais qui s'était aperçu de sa disparition ? Sûrement personne... Elle jeta un coup d'oeil à la ronde avant de le voir... Un jeune homme, devant eux, alors l'étalon était à lui ? Elle ne voyait que son dos, des cheveux rouges... Original tiens... Toujours accrochée à la crinière du cheval, elle passait lentement une jambe au-dessus pour s'installer à califourchon sur son dos, elle n'avait pas l'habitude... Les seuls animaux qu'elle avait dû monter comme ça devait être de vieux ânes quand elle était petite... La hauteur l'impressionna tandis qu'elle essayait de s'habituer à ses mouvements...

Quel était cet étrange inconnu ? Silencieuse, elle le contempla... Quelles étaient ses intentions ?

Cette forêt semblait ne pas avoir de fin. Enelya, elfe au masque d'argent, avançait pas à pas dans le noir espérant sentir un vent de changement. Mais rien.
Les racines apparentes disparaissaient sous terre à son passage, lui cédant un honorable tapis de feuilles et de mousses, lisse et sécurisant, pour poser ses souliers plats. Etrange aveugle aux oreilles pointues, les oiseaux nocturnes cessaient leurs chants de méfiance et de curiosité tandis qu'elle arpentait les clairières une à une. Elle avait même senti la présence timide d'une louve et de ses petits par un moment.
Lilou, puisque c'est ainsi qu'on la surnommait au pays, sentait des gouttes de pluie, tranchantes de froid, lui picoter la peau, la provoquer... Etait-ce un de ses signes que la nature avait pris pour habitude de lui envoyer ? Cette nuit-là était glaciale, un reste de neige se laissait recouvrir par la pluie verglaçante... Elle resserait autour de ses épaules fragiles un lourd manteau de laine. En vain. Le vent sifflant la giflait sans relâche. Mais elle continuait de plus belle pour lui résister.

Soudain, alors qu'elle avait presque finit par ne plus l'espérer, le vent s'était mis à changer. Elle le sentait. Oui, le vent avait changé de sens, il se heurtait à quelque chose, un immense on-ne-sait-quoi qui stoppait la course des feuilles mortes dans un craquement imprévisible. L'air était plus humide et froid aussi... D'ailleurs, alors qu'elle posait un pas nouveau devant elle, Lilou sentit le halo pâle de la Lune se planquer derrière cette chose sans visage et sans nom. C'était donc assez grand pour faire une ombre considérable sur le sol.

"Un mur ?" s'étonna t-elle en fronçant les sourcils sous son masque sans yeux.

Car ce froid, cette grandeur et cette étrange humidité ressemblait à une impressionnante cloison au milieu de la forêt. Une muraille.
C'était bien sa veine.
Lilou continuait cependant à avancer prudemment, main tendue au devant d'elle. Lorsqu'elle heurta sans mal "le mur". Un sourire illumina le peu de son visage visible. Un rire lui échappa.
Ce seul mouvement venait de lui redonner une once de courage, juste ce qui lui manquait pour tenir tête encore des heures au froid.
Une cité ? Au centre d'une forêt ? Cela ressemblait fort à la description que Lee, un ami d'Elrohir, le lui avait fait d'Elament. Elle redresse son léger bagage sur son épaule, du baume au coeur.

Oh, pourvu que se soit ça...

Elle longeait le mur aux pierres irrégulières, sans failles, le caressant de sa main droite pour y trouver une entrée quelconque. Son seul sourire pour passeport.
Et puis la pierre se fait lisse, presque autant que du marbre. Elle s'arrête et cherche de ses mains un indice, quel qu'il soit. Du bois, du bois épais, une porte. Lilou sent bien quelques gravures sur cette entrée potentielle, mais sans les comprendre. Ah, si elle pouvait les voir !
Ses doigts caressent la muraille avec passion et curiosité. Tout à coup, sans qu'elle ne comprenne pourquoi, la porte laisse place au vide. Un courant d'air ébouriffe ses cheveux bruns. Son minois pâle se fend d'une expression de joie et de soulagement. Sans le savoir pourquoi, elle a compris. Elle est arrivée au bout de son périple !
... Mais pourquoi l'entrée est-elle ainsi ouverte ?

Lilou s'avance, soupire, la porte se referme dans son dos.

Elle y est ! Oh, si... Sans même le voir, elle le ressent de tous ses membres. Comme si son don avait reconnu sa maison. D'excitation, elle ne perçoit même pas la présence du cheval, de son cavalier et de la jeune blessée. Et se ne sont pas ses yeux dissimulés sous un masque d'argent sans fissures pour les pupilles qu'elle les verra...

Le Bestiaire ? L'infirmerie ? Sa maison, rue de la Rosée ? Où Naja allait-il emmener la petite demoiselle ? A première vu, elle ne semblait pas blessée, juste épuisée par une longue marche sans doute, Elament étant difficile à trouver. Lui-même, combien d'années avait-il erré bêtement avant de tomber dessus, tout à fait par hasard...? L'Aasimar fut sortit de ses rêveries par les mouvements curieux de son cheval. Bien qu'imperceptibles pour qui ne connaissait pas Ily, Naja les avait détectés, par habitude et par connaissance parfaite de l'animal. Or, ce dernier semblait soudain nerveux et s'arrêta brusquement.

C'est que sa cavalière avait bougé et cela, c'était plus que suspect dans la tête un peu folle d'Ily ! L'encolure relevée, tendue, il semblait épier chaque mouvement de la jeune fille à l'aide de ses oreilles mobiles, comme si le "bagage" jeté sur son dos se transformait soudain en prédateur... Les yeux ronds, inquiets, il semblait se tenir sur la pointe de sabots, prêt à partir dans une fuite effrénée et Naja se contenta de lui flater doucement l'encolure pour le rassurer, tout en se tournant vers la jeune fille.

"_ Ouf ! Je suis soulagé de vous voir ouvrir les yeux." lui lança t-il avec son éternel sourire joyeux.

Il s'approcha d'elle doucement, prêt à la rattraper si l'idée lui venait de tomber de cheval. La pluie s'était calmée, mais le vent s'engouffrait dans les rues et ruelles de la Cité pour en sortir, plus froid, par bourrasques violentes. Naja devait élever la voix pour s'entendre, sinon se faire entendre. Pourtant, il etendit distinctement le claquement sourd de la porte se refermer enfin. Suivant l'origine du bruit du regard, il aperçu une jeune femme, un peu perdue semblait-il...

Il l'observa un instant, afin de s'assurer qu'il s'agissait bien d'une élémentaliste. Il ne faudrait pas qu'un démon profite de la porte ouverte pour pénétrer la Cité tout de même. Etait-ce possible d'ailleurs ? Naja l'ignorait, mais il ne souhaitait pas prendre de risque et continua sa brève observation, par acquis de conscience. C'est alors qu'il remarqua ce masque, argenté et froid... Etait-il possible d'y voir quelque chose avec un tel accessoire ? Décidément, il faisait de bien curieuses rencontres aujourd'hui !

"_ Est-ce que vous vous sentez mieux ?" demanda soudain Naja à la petite fille perchée sur Ily.

"_ Vous voulez que je vous raccompagne quelque part ? Vous êtes élève ici ? Vous y habitez peut-être ?" enchaîna t-il sans lui laisser le temps de répondre.

Ses yeux lachèrent ceux de Sen quelques instants afin de jeter un regard furtif vers la nouvelle arrivante. Ily, quant à lui, remuait ses oreilles au son de la voix de Naja, se demandant encore s'il devait fuir ou rester, ou bien tout simplement se débarrasser de son "prédateur" d'une ruade bien placée... mais la petite tape de son maître sur sa croupe sembla l'appaiser. Si l'Aasimar ne s'inquiétait de rien, c'est que cela ne devait pas être si grave... Quoi qu'en matière d'instinct, Naja n'était pas le mieux servit ! Pourtant, la jeune femme là-bas, il l'aurait juré, elle semblait... Elle semblait quoi au juste ?

"_ Je peux vous aider mademoiselle !?" demanda Naja à l'intention de Lilou.

Il avait été obligé de forcer sur sa voix que le vent jouait à emporter plus loin. C'était tout Naja ça, d'essayer d'aider tout le monde à ses dépens... d'autant plus s'il s'agissait de jeunes filles ! Il fallait espérer que personne d'autre ne serait dans le besoin aujourd'hui, sans quoi notre charmeur incurable allait vite être débordé... Deux filles pour lui tout seul, peut-être était-ce, finalement, un jour de chance ?

Le sifflement du vent hivernal fut brisé par une voix. Une voix masculine, chaude, rassurante. Oui, la voix de cet habitant (car on ne pouvait douter que ce fut le contraire) lui faisait du bien. Cela faisait une semaine au moins qu'elle n'avait croisé d'être civilisé.
Machinalement, son visage se tourna vers le son de sa voix. Sous son chaud capuchon, des mèches s'échappèrent pour danser avec le vent. Oh, elle avait distinctement entendu cette voix, elle remercia un instant le ciel de lui avoir accordé une aussi fine ouïe.

Elle avança de deux pas en se tournant vers l'être inconnu. Son instinct, à défaut de pouvoir le voir, la guida avec justesse vers Naja. Pour paraître plus douce et polie, et afin de ne pas suciter la méfiance qu'ammènent avec eux de nouveaux venus, elle crispa son visage blanc d'un sourire aimable. Sous son masque, ses yeux scintillaient de soulagement alors que son coeur était tenaillé entre angoisse et excitation.
Quelques petits mètres la séparait de l'habitant qui l'avait "accueilli", elle les franchit sans précipitation, presque légère. Comme si elle avait oublié la tempête et que peu lui importait les kilomètres parcourus sans repos.
Son masque d'argent était fixement posé vers Naja. En se rapprochant, elle sentit la présence d'un cheval, un beau cheval, d'une grande carrure et qui dégageait une lourde chaleur, preuve de robustesse.
Oui, si Lilou ne pouvait se fier à sa vue, elle n'avait pu que dévellopper ses autres sens et aiguiser son instinct pour survivre durant sa longue route.

Lorsqu'elle ne fut plus qu'à deux pas de Naja, sa silhouette s'inclina dans une révérence polie. Par la même occasion, elle cru perçevoir une autre présence mais sans certitude.

" Sire, je vous remercie de me proposer votre aide. " Sa voix était assez grave mais féminine sans aucun doute, elle semble posée et bienveillante. " Je viens d'une lointaine région de ce monde et j'aimerai savoir si je me trouve bien aux abords d'Elament et si lieu de repos je puis trouver ? "

Visiblement, elle n'était jamais venue ici auparavent... Même pour se présenter, elle n'avait ôté son masque froid et intimidant. Mais à votre égard, était-ce une impolitesse ?
Ah, peu lui importe, pourvu qu'elle soit à Elament !

[HS] Mais ton RP est agréable Lilou, t'inquiète pas pour la longueur [HS]

Elle avait parlé, doucement, mais suffisamment fort pour se faire entendre de Naja qui lui rendit un sourire rassuré pour toute réponse. Eh bien, elle avait retrouvé ses esprits, voilà qui était bon signe. Il plissa les yeux d'un air ravi lorsqu'elle le remercia de lui avoir porté secours, hochant légèrement les épaules. Ily secoua l'encolure bruyamment afin de se débarasser des quelques stalactites qui se formaient au bout de ses crins.

"_ Oh mais je vous en prie, c'est tout à fait normal !" lui répondit-il en lui coupant presque la parole.

Il avait remarqué sa gêne lorsqu'elle avait évoqué l'école. Un long voyage, disait-elle ? Avait-elle fait l'école buissonnière ? Non, c'était autre chose. Du moins Naja et son esprit simple le pensait ainsi. Et bien alors, si elle n'avait nul part où aller, il l'emmènerait au Bestaire afin de lui offrir un toit, au moins pour la nuit. Et puis l'étalon se remit soudain à s'agiter, épiant d'un oeil affolé la jeune femme qui se dirigeait vers lui. Encore un mouvement suspect de la part d'un être suspect lui aussi...! L'Aasimar pivota légèrement, surpris par la voix derrière lui, puis il éclata d'un rire sonore et joyeux avant de se reprendre :

"_ Ah ah ! C'est bien la première fois qu'on m'appelle Sire ! Je m'appelle Naja. Naja Notos et oui, vous êtes bien à Elament."

Il lui souriait, sans vraiment se soucier du fait que son interlocutrice puisse le voir sourire ou non. Plusieurs éclairs zébrèrent le ciel avant que le ciel ne se remette à gronder méchamment, faisant sursauter Ily. La nouvelle venue amusait assez Naja de par sa façon de s'exprimer. Cependant, il s'agissait plus de curiosité mêlé de puérilité que de moquerie.

"_ On va laisser les soucis pour demain si vous le voulez bien. Pour ce soir, je peux vous emmener à ma boutique toutes les deux, vous y serez au chaud pour la nuit. Oh, ce n'est pas très confortable, mais au moins, il y fera moins froid et moins humide !" rit-il avec bonheur, soulagé, surtout, que la jeune fille évanouie ai retrouvé ses esprits.

"_ Qu'en dites-vous ? Vous me suivez ?" proposa t-il avec enthousiasme.

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Si vous le voulez, vous pouvez continuer ce topic au bestiaire.

(Ok, go au bestiaire, je posterai plus tard ^^ ! *Sen vient de se lever là XD*)

Edit Naja :
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