La nuit venait de tomber il y a peu.... Breina était en chasse et avait abandonné son terrain habituel qu'était la forêt... Les marais? Pourquoi pas.... il y résidait pas mal de volailles et de gros bestiaux dans les parages. Etant donné que la forêt se voyait de plus en plus fréquentée, les proies se montraient d'autant plus prudentes et discrètes. La chasse devenaient difficile. Alors que les marais, les vieilles croyances repoussaient la masse humaine et les animaux y trouvaient un refuge puant mais assuré.

Arc tendu, la fée se déplaçait telle un félin, à l'affût du moindre bruit. Les oreilles, la vue.... tous ces sens étaient concentrés sur sa future proie. La flêche était déjà encoché, et derrière un arbre mort elle guettait. La respiration de la jeune femme se fit indicernable. On attendait seulement les trois lapins qui se présentaient là grignoter, et sautiller. Des proies naïves.

La fée attendait le bon moment... quand elle eut les trois rongeurs dans sa ligne de mir, elle décocha sa flêche, qui, à une allure faramineuse, embrocha les trois lapins d'un seul traits. La flèche se figea dans une souche morte près d'une grand buisson épineux.

Breïna se redressa, enfilant son arc et marchant tranquillement vers ses trouvailles.

_ Désolée mes tout beaux... vous me servirez de repas....

C'est alors qu'un brit étrange se fit entendre, un grognement. Alors que la fée n'eut pas le temps de récupérer ses lapins pour les mettre dans sa besace, un énorme bestiaux, un sanglier lui fonça dessus. Dans sa course folle, Breïna esquiva mais elle dut se jeter volontairement et violemment à l'opposé de l'animal qui reprenait place face à elle.

_ Aaaarrrrrrrrgggggggg..... saleté.... tu vas mourir....

Mais au moment où la fée s'apprêtait à dégainer sa dague, son bras la brûla mystérieusement. Elle ne put s'empêcher de gémir légèrement et se serrer le bras. Son membre n'était pas couvert, et elle n'avait pourtant que de faibles égrantinures dues à son esquive, mais d'un seul coup, des marques noires apparurent et tel un venin commençait à englober son bras. Le regard de Breïna se pétrifia.

_ Merde! Pas ça!!! Mais.... mais.... pourquoi?.... je... non.... casse-toi saloperie....

Instinctivement, la fée se frotta le bras mais gardait toujours un oeil vigilant dans sa panique sur le bestiaux. Celui devenait de plus en plus nerveux et tapait du pied en grognant. C'était le signe qu'il préparait sa charge.

* je la croyais apaisée.... je croyais que je ne possédais plus cette haine...haaaaaa.... la marque.... non....elle gagne du terrain.. je... arggggg... *

Breïna eut un mouvement de recul puis s'immobilisa. La marque noire sur son bras ne se répandait plus. On aurait dit une poupée sans vie, se tenant le bras. La marque ressemblait plus à une toile d'araignée, dessinée avec des sortes d'arabesques.... cela aurait pu faire même penser au peinture tribale sur corps.

Alors que la jeune femme semblait inerte, l'énorme sanglier chargea. Brutalement, la fée leva la tête mais son regard n'était plus le même. Ses yeux.. son regard était terrifiant... plus rien de la fée compatissante... l'obscurité, la rage, la haine... rien d'humain ne brillait dans ses yeux...

Elle se releva rapidement et brandit ses dagues jumelles. Comme si la bête pouvait comprendre, elle se mit à parler d'une voix d'outre-tombe, une voix encore féminine mais qui avait comme un effet de résonnance, d'échos ou de superposition.

_ Tu seras chatié pour ton outrecuidance pauvre chose inutile... tu n'es rien et tu mourras ainsi... que ma justice triomphe et meurt...

Elle fona sur la créature aussi bestialement que lui. Elle planta ses deux armes dans le cou de la créature qui hurla à la mort mais son cri fut nettement coupé car d'un geste direct, en retirant ses armes blaches, elle lui trancha la tête. Le sang se mit à gicler, éclaboussant la tenue de la fée. Mais elle ne s'arrêta pas là, elle continua à crier telle enragée, continuant à frapper encore et encore la carcasse qui se vidait peu à peu de sang de la créature. Comme une hystérique, elle arracha les vicères les jettant, le visage presque déformer par la haine, une colère que l'on ne pouvait arrêter. Même si quelqu'un venait à la poiganrder dans e dos, cette rage était une nouvelle force, elle continuerais jusqu'à son apaisement.

Mais brutalement, elle recula, criant à la mort comme un loup à la lune. Elle jetta alors ses dagues violemment au sol, se prit la tête, les mains ensanglantées. La voix qui avait alors parlé commencer à s'effacer pour entendre le doux son de Breïna. Mais c'était plusun appel à l'aide, un cri d'agonie qui donnait envie de pleurer. La marque sur son bras commençait à faire le sens inverse, à reculer lentement mais surement jusqu'à ne plus être.

La fée s'effondra à genoux, honteuse, confuse d'untel geste de barbarie. Ne plus avoir le contrôle de soi... ne plus être soi... se voir balayer par une "chose" qui ne devrait pas être... Un mal enragé qu'elle pensait s'être débarrassé et qui appraissait maintenant sans aucune raison... cette "chose" aurait-elle à présent une conscience propre?

La fée s'étala sur le sol, non loin de la carcasse dépecée et dispersée... Elle s'adossa sur la souche près de laquelle attendaient els lapins qu'elle venait chasser, couverte de sang, des mains au visage, de ses bottes à sa robe...

_ Je n'aurais donc jamais de répis.... même pour une simple partie de chasse.... pourquoi.... mes forfaits me poursuivront donc éternellement...

La fée semblait épuisée, lasse...elle ne savait plus que penser.... on l'aurait cru morte, salie ainsi, l'âme blessée...

[Si c'est toujours d'actualité, serait cool un peu de réplique, mais si c'est un sujet mort, j'en prend possession pour le « Retour de Xanthe » Gnihihihihi :banevil: ]

Des années, des décennies et même des siècles étaient passé depuis qu'elle avait, pour la dernière fois, bougé le moindrement. Paralysée durant tout de temps par le poison, puis emprisonné par la terre, l'eau de sa source s'étant déversée ailleurs, n'ayant plus aucun signe de vie de la créature.

Mais ce qui se passe en ce moment a lieu bien des décennies après que la source ce soit asséchée. La terre est toujours humide, mais pas plus qu'ailleurs dans le marais. Et les grandes forces savent à quel point un marais, surtout celui-ci peut être solitaire et ne voir aucun être qui vive dans un endroit donne depuis des siècles. Il n'est donc pas étonnant que rien ne ce soit produit durant des siècles et que Xanthe soit resté endormie si longtemps. Mais à ce moment précis, quelque chose se produit. Presque improbable, est-ce un signe du destin, un hasard, une fatalité ou une force encore plus grande ?

En fait, le pourquoi a bien peu d'importance. Expliquer les hasards de la vie ou les plans mystiques du destin peut être bien fastidieux et ce qu'on peut imaginer sera probablement faux. Le comment est beaucoup plus logique, facilement explicable et sera beaucoup plus sujet à être le plus près de la vérité possible.

Le tout commence par une vibration. Un pas, probablement d'une grosse bête. Les minuscules particules d'eau entourant Xanthe vibrent. C'est peut-être cette vibration qui réveille la conscience de l'hybride. Les vibrations ce font plus forte, plus présente, plus brusques. Quelque chose se passe à la surface et c'est pas joyeux. Une plainte brusquement coupée lui parvient, étouffée par la terre. Encore des vibrations, puis une odeur... une odeur métallique, caractéristique... du sang...

La bête égorgée se vide de son sang. Par capillarité, le sang s'enfonce dans la terre jusqu'à toucher Xanthe. Les millions d'écailles recouvrant son corps réagissent à cette humidité accrue. Elle trésaille, mais elle est incapable de bouger. La terre, la terre la retient. L'eau... où est l'eau ?

Petit à petit, la terre autour d'elle s'humidifie. L'eau, appelée par la créature vient la libérer de la terre. La terre humide, de plus en plus mouillée se gonfle et la bête mutilée s'enfonce lentement. Des bulles d'air se forment et remontent à la surface, éclatant une fois à l'air libre. La terre devient plus meuble... combien de temps passe avant que l'eau s'accumule en surface ? Qui sait. Coloré en rouge sang par le liquide vital du sanglier, une petite marre se forme en surface, mare rouge cristalline qui se brouille de terre peu à peu. L'eau s'agite, la boue formée se soulève. Une main effilée pourvue de fines griffes, la peau bleuté et couverte de boue sort de la terre humide.

Sortir d'une prison de terre, même détrempée n'est pas chose aisée. Pourtant, elle parvient à gratter la terre jusqu'à avoir une main à l'air libre. Xanthe s'acharne à se sortir de là, grattant la terre, bougeant pour se dégager. Après un moment à sa débattre seule, elle sent une main se refermer sur son poignet et tirer vers la surface. Il y avait donc quelqu'un au-dessus d'elle. Elle avait cru à deux animaux, mais l'un d'entre eux était manifestement humanoïde. Aidée par l'inconnu, les deux être arrivent à la dégager totalement. Dans un bruit de succion, elle émerge de la vase. Une fin et filiforme corps à la peau bleuté, couvert de boue évidemment, elle est couverte de lambeaux de ce qui devait peut-être être une tunique, mais il n'en reste pas grand chose. Mouillée, ses longs cheveux noirs et sales pendent lamentablement de chaque côté de son visage.

De nature farouche, elle prend d'abord l'initiative de s'éloigner de l'inconnu. Quelques pas chancelant et elle reconnaît les arbres, l'environnement, mais pas l'endroit. Elle tangue et tombe sur le sol... dur... sa source ! Où est sa source ? Ses petits yeux noirs fouillent tout autour, mais rien... à peine un trous d'eau vaseux, rien à voir avec sa source. Peu à peu, en reprenant son souffle, la mémoire lui revient, la poursuite, la douleur au flanc et l'engourdissement qui la saisit et l'étouffe, puis plus rien... elle a bien entendu la salutation, d'une voix féminine, mais elle n'y prête pas vraiment attention. Elle porte la main à son flanc droit où une affreuse plaie mal cicatrisée se laisse voir.

Elle se met à tousser, probablement pour évacuer la poussière de ses poumons, faire travailler son corps trop longtemps resté immobile. Elle tousse un long moment, une toux profonde, qui fait craindre que le corps squelettique de la créature ne se brise à la prochaine toux. Elle est agitée de spasmes involontaires, qui deviennent de moins en moins fréquents, à mesure que son corps reprend ses droits. Elle se traîne péniblement jusqu'aux racines d'un arbre contre lequel elle s'appuie. Elle est épuisée... et elle n'est pas la seule.

La voix qui l'a aidé à sortir de sa prison se trouve non loin de là. Elle la détaille un moment, c'est une femme et elle est couverte de sang... du vieux sang, mouillé par son effort à la sortir de là. Xanthe n'était pas douée pour les salutations... encore moins pour les remerciement. Après quelques efforts pour articuler les mots, c'est une voix enrouée et rauque, dénuée d'expression qui pose une question.

« Où... où est la source ? »

Sa respiration est haletante, mais elle ne tousse plus, à peine quelques spasmes involontaires agitent son corps.

Xanthe voit la femme s'approcher et fouiller dans sa sacoche. Les petits yeux noirs, rivés sur la femme guettent ses moindres mouvements. Elle n'est pas menaçante, mais si elle le devenait ? Un coup de griffe peut-être suffirait, mais elle se sent faible... et elle n'a nul part pour se cacher. Elle doit se reposer... et elle a besoin d'eau...

Xanthe ignore le bout de galette, mais prend avidement la gourde et en avale la totalité du contenu, comme si elle n'avait pas bu depuis des siècles... ce qui n'était pas loin de la vérité, mais ça, elle ne le savait pas encore. Visiblement, la femme ne connaissait pas les légendes qu'elle avait alimenté durant longtemps... combien de temps était-elle resté prisonnière de la terre ? Et pourquoi n'était-elle pas morte ?

Le femme lui pose une question, à propos de sa source. Oh... elle devait aussi être prisonnière de la terre. Avant de répondre, elle jette un regard sombre, légèrement humide autour d'elle. La source de Xanthe était une nappe phréatique qui remontait à la surface en ce lieu... avant... juste sous les racines où elle était assise.

« Oui, des marais vaseux... partout... mais cet endroit était beaucoup plus... mouillé... toujours assise, elle lève son bras au-dessus de sa tête. il y avait tous ça d'eau, ici... regarde... l'écorce de l'arbre a encore les traces d'algues... ici, c'était l'origine de la source... et là-bas elle pointe la souche morte, c'était le plus gros des saules... ses branches retombaient au-dessus de l'eau... un endroit tranquille... les autres ne venaient pas m'embêter... »

Oh, les autres... ceux qui l'avaient poursuivi, ceux qu'elle avait entraîner dans les profondeurs de sa source pour les dévorer plus tard... la femme était-elle des autres ? Pour l'instant, le plus sage était de faire profil bas, elle n'était pas en position de force... Xanthe avait besoin d'un repaire, un endroit pour se cacher... elle devait faire revenir sa source... elle devait manger, se reposer, puis libérer la source... elle devait libérer son origine.

Autour d'elle, il y a effectivement une dénivellation et elles étaient en son creux... quand il y aurait assez d'eau, la source serait aussi profonde que jadis.

« Que fais-tu si loin de la cité ? Et de nuit ? demande-t-elle d'une voix froide, elle qui affiche pourtant un air doux. Du moins, c'est ce qui semble paraître sur le visage sale.

Elle lève les yeux vers les étoiles. Elles au moins, ce sont les mêmes. Xanthe n'a pas froid, mais à défaut d'eau, l'étoffe sur ses épaules la rassure un peu. D'un geste lent et précis, elle tire du bout des griffes sur le tissus, pour le replacer.

Face à la "jeune" inconnue, Breïna, comme à son habitude, donnait une drôle d'impression sur elle. Son attitude était assez désinvolte et elle n'aimait guère faire comme tout le monde, ou du moins, elle n'aimait n'en faire qu'à sa tête. Cependant, elle espérait ne pas avoir froisser la demoiselle.

Mais quand elle vit anthe boire gouluement la gourde tendue, elle fut étonnement rassurée. Elle avait réussi à établir un contact et ressentaient déjà une drôle de sensation de compassion face à cette étrange créature. On l'aurait cru sortir d'un autre temps, d'un autre monde... La fée en était intriguée, et c'était sans doute cela qui faisait qu'elle restait assise, là, en pleine réflection, le regard abasourdi.

Voilà que l'inconue enchaîna un courd de géographie. Elle semblait avoir parfaitement connu les lieux. Mais Breïna fut gagnée par la mélancolie.

* Mon dieu... combien de temps elle n'a pas vu la surface? A part qu'elle est subi un sort d'amnésie ou un autre truc du genre??? Pauvre enfant... *

Les mots de Xanthes semblaient empressés, brouillés, confus. La jeune femme déglutina et s'apprêtait à essayer de lui éclairer la situation.

" Mmmm... comme vous dites.... à l'origine. Je ne souhaite pas vous peinez mais ceci remonte à des années, voir des siècles. Le saule que vous me montree à été abattu il y a très longtemps... Et quels sont donc ces gens qui vous ont causé du soucis???? Je suppose que cet endroit été votre maison non? peut-être que je pourrais vous aider.... de toute façon, je suis là, autant en profiter..."

Sans trop s'en rendre compte, la nuit était totalement tombée... L'ambiance et l'atmosphère s'étaient refroidies. Et voilà qu'une question de la part de la femme cadavérique vint la faire sortir de ses songes.

Les yeux écarquillaient, elle se montra étonnée.

" Moi? Ce que je fais ici? Et bien.... à l'origine j'étais venue chasser... mais un petit soucis de parcours à fait que je me suis épuisée bien plus vite que ce que je ne l'aurais cru.... je me suis assoupie ici... Et vous? Où comptez-vous aller à présent? "

La femelle ne semblait pas en pleine forme, mieux qu'elle, mais elle avait l'air de ceux qui ont longtemps courru. Mais si elle chassait, c'était probable qu'elle fut épuisée. La chasse était très épuisante, surtout lorsque bien faite... mais elle avait une manière de chasser très étrange... surtout si on regardait dans quelle état le sanglier qui avait été sa proie se trouvait... elle dévisage la femme, se demandant ce qu'elle comptait en retirer une fois si mutilée... elle ne semblait même pas y avoir goûté en plus... c'était une bien étrange femme...

Elle hésite à répondre... répondre à la question pouvait amener d'autre questions... ce qu'elle ne souhaitait pas vraiment. Mais elle ne peut pas tout bonnement ne pas répondre... ça éveillerait la curiosité et les questions seraient d'autant plus poussée... c'était toujours comme ça...

« M'aider ? »

À la dernière question, Xanthe dévisage sa vis-à-vis, comme si la question n'avait pas sa raison d'être.

« Je ne compte aller nul part... » mais elle ne peut pas conclure ainsi, ça apporterait d'autres questions de toute façon. « Je vais rester ici... c'est chez-moi, ici... où irais-je sinon ? »

Ce n'était pas vraiment une question, mais plutôt une constatation. Elle avait passé la presque totalité de sa vie dans ce marais... peu importe qu'il ce soit asséché entre temps, il n'était pas question qu'elle quitte cet environnement

Elle n'avait pas parlé depuis manifestement très longtemps et c'était la plus longue discussion qu'elle à laquelle elle avait prit part depuis encore plus longtemps.

Non, je ne vais pas dans la cité... ils ne veulent pas...

Elle se renfrogne. Xanthe, toujours enveloppée dans l'étoffe que lui avait offert le femme tire sur les pans et se fait plus petite. Elle n'a aucun endroit pour se cacher. Et elle a soif...

- Non, je n'ai pas faim... mais j'ai très soif...

Xanthe prens soudain conscience de l'état de ses écailles et, lentement, en balaie la terre. Elle ne dit rien durant de longues secondes, concentrée sur sa toilette, puis jette un oeil à l'endroit où aurait dû être sa source.

- Si ma source était là, je t'aurais permis de dormir sur les berges... les marais sont dangereux la nuit quand on est seule. Toutes sortes de créatures dangereuses s'y baladent... je le sais... tu... tu as l'air fatiguée... moi je me réveille... d'un très long sommeil... c'était un si grand saule...

Mue par une impulsion soudaine, ou du moins une spontanéité que sa vis-à-vis n'aurait pas pu prévoir, Xanthe se déplie et se lève. Elle fait quelques pas vers le saule coupé. L'étoffe lui couvrant les épaules glisse et tombe sur le sol. Le reflet laiteux de la lune donne un éclat d'autant plus bleuté aux écailles de Xante, les faisant rutiler comme l'argent. Les lambeaux de tissus mats font contraste sur les écailles luisantes. Lentement, avançant gracieusement, la démarche ondulante, Xanthe grimpe sur la souche morte et s'y accroupie. Elle ne bouge pas, comme si elle écoutait attentivement ce qui se passe autour. Elle reprend lentement possession de ses facultés, malgré sa déshydratation.

Un bruissement se fait entendre, ou plutôt un bourdonnement. Une libellule d'une taille imposante vole vivement dans l'air frais de la nuit, scintillant sous la lune. La libellule fait son ballet aérien et bourdonnant, passant autour de Breïna, puis de Xanthe. Elle décrit une grand arc de cercle avant de retraverser la cuvette au centre duquel se tient Xanthe. Mauvaise idée car elle n'ira pas plus loin. D'un geste vif, la main griffue de Xanthe s'est refermée autour de l'insecte. Le geste fut prompt, rapide, trop rapide, peut-être. La créature humanoïde ne fait ni une ni deux et croque l'insecte dodu avec appétit. Quiconque en doutait, Xanthe reprend possession de ce qui fut jadis son territoire.

Elle mâche l'insecte avec application, pendant que les pattes encore mue par la force de vivre de la petite créature s'agitent en tout sens dans la main du prédateur. Elle se relève et revient vers l'autre saule où elle était prostrée quelques minutes plus tôt. Un quelque chose d'étrange s'est produit chez Xanthe. Si elle a toujours cet aspect cadavérique, son regard brille d'une toute nouvelle lueur.

- Je dois libérer la source... elle était ici, entre les racines...

Elle termine son en-cas en une bouchée, pattes et ailes comprises et elle se met à creuser la terre entre les racines avec ses griffes. Erlle relève soudainement la tête et fixe Breïna de ses petits yeux noirs.

- Tu voulais m'aider ? Alors creuses.

Est-ce un ordre, une demande, une proposition, peut-être un peu des trois.

Alors que Breïna s'apprêtait à s'en aller après son petit discours, voilà que l'étrange créature réouvrit la bouche, d'un ton toujours aussi sec. Rien de bien très agréable mais elle n'allait pas faire une histoire pour si peu.

Sans véritablement s'attendre à de réponse, la fée ne put s'empêcher de s'interroger à haute voix?

" Ils ne te veulent pas? Qui ILS ? La cité accueille tout le monde, du moins ce qui sont des élémentalistes.... si tu es l'une d'entre eux, je ne voix pas pourquoi ils feraient exception, sinon, c'est que tu as grandement fauté pour cela ou mis en péril les citoyens.... "

La jeune femme soupira en regarda Xanthe. Elle semblait si maigre, si frêle.... cela faisait vraiment peine à voir mais elle semblait avoir également une personnalité aussi dure que de l'acier.

Et voilà qu'elle recommençait avec sa source, mais Breïna ne fit pas trop attention au reste de ses paroles. Une chose l'avait titillée mais elle le garda pour elle.

* M'aurais permis? A peine sortie de sous terre, voilà qu'elle se prend pour une princesse....alalalalala.... quel drôle de personnage que cette jeune femme... vanité que tout cela... *

Breïna ne répondit pas et ne fit qu'examiner de sa position la dame écailleuse dans son piteux état, gambadée tel un animal fragile entre les deux vieux saules. Par contre, elle ne put s'empêcher de grimacer légèrement avec de sourire quand elle la vit avaler avec apétit la pauvre libellule.

* Je suis bien heureuse de ne pas avoir les mêmes rites alimentaires...héhé! *

Brusquement le changement de comportement de la créature bleutée changea de tout au tout. Elle se mettait à creuser avant de demande, si l'on pouvait dire, à Breïna de faire de même.... encore son histoire de source??

Mais Breïna ne bougea pas d'un poil, la regardant avec des yeux étranges.

" Euh....je ne veux pas te froisser mais je ne creuserais pas. Déjà parce que je n'ai pas d'ordre à recevoir, de deux, j'ai les muscles qui me font souffrir....de plus, je suis une aqua....il me suffirait de faire remonter l'eau à la surface si il y a une nappe sous cet arbre.... mais dans mon état, cela ne sera pas très probant...."

Xanthe ne répond pas à la question, ce sont ses affaires, pas les siennes. De toute façon, les ILS étaient peut-être mort. Mais les légendes restent, et la peur aussi. Revenir à la cité ne ferait que faire ressurgir les craintes et les mauvais souvenirs. Elle préférait tout d'abord remettre son domaine en état. Ensuite, elle verrait pour la cité.

La réponse venant de la femme était clair. Elle refusait de l'aider. Xanthe hausse les épaules et se remet à creuser. Elle n'a besoin de personne de tout façon. Elle s'était toujours débrouillée seule et malgré tout, elle était toujours vivante. Les jeunes créatures étaient fragiles. Oh, ses muscles la faisait souffrir, pauvre petite délicate créature. La croyait-elle en pleine forme ? Pfffffff ! Mais Xanthe creusait tout de même.

- Comment crois-tu que le sanglier a réussit à s'embourber ? Si ce n'était que de ta force, je serais probablement encore dans ce trou.

Elle cesse de creuser et pose sa main griffue sur la terre. La terre autour s'humidifie, mais Xanthe secoue la tête et change d'endroit. Elle se remet à creuser frénétiquement,

- Je suis aussi une Aqua. Et je te dis que ma source doit être libérée, pas seulement l'attirer, elle repartirait. L'eau doit couler, pas rester prisonnière...

Elle se tait. Oh, elle aurait peut-être d'autre choses à dire, mais c'était si peu important. Ça ne serait que du bavardage inutile qui gaspillerait l'énergie dont elle a besoin pour creuser. Entre les racines, une grosse larve dodue. Sommairement nettoyé de la terre qui la recouvre, elle prend le même chemin que la libellule, dans un bruit de succion.

Ah, les jeunes, ils n'y comprenaient rien. Ils croyaient tout savoir, mais il n'y comprenaient pas grand chose tout compte fait. Elle lève les yeux vers Breïna, fronce les sourcils et la dévisage avec suspicion. Oh, elle était de la cité, c'était évident. Tous les même, même après un possible très long sommeil. Elle allait leur montrer qu'elle n'était pas n'importe qui, ni n'importe quoi. Elle secoue la tête et retourne à son creusage de terre. Sa source allait bientôt être libérée et Xanthe ferait renaître son chez elle. Elle pouvait bien dire ce qu'elle voulait...

- ...ma source s'est cachée quand je me suis endormie...

Elle se rend compte qu'elle a parlé tout haut. Peu importe, de toute façon, la femme ne voulait pas l'aider. Alors peu importe si elle l'entendait parler seule ou non.

Ah, oui ! Plus Xanthe creusait, plus la terre qu'elle jetait derrière était détrempée. Elle se rapprochait de la source. Ne restait qu'à creuser assez pour la libérer et de soigneusement veiller à ce que la terre ne l'emprisonne pas à nouveau. En dégageant les racines, elle sursaute brusquement. Un énorme crapaud se débat un moment, puis sautille pour sortir du trou. Xanthe retire ses mains du trou et laisse le crapaud sortir.

- Grand-mère Crapaud... bonjour.
- Wribbitt.

Le crapaud sautille maladroitement jusqu'à l'arbre coupé et va se cacher entre les racines.

Breïna, bien qu'elle avait annoncé son départ, ne put s'empêcher d'avoir l'esprit curieux de de rester là, à regarder cette frêle silhouette fatiguée à creuser de manière frénétique.

* et bien, il y tient à cette source... quoique, cela ne m'étonne pas... *

La fée était vraiment étonnée par autant de ferveur et de volonté.

" Ton sommeil a été très long n'est-ce pas?... Mmmm.... excuse mon indiscretion mais... comment cela se fait-il que tu es "dormie" autant???? Je suis encore surprise de voir des êtres vivants humanoïdes sortir de la terre en si bon état... enfin je me comprend... "

Breïna resta là, les bras croisés, la regardant encore creuser, quand elle vit un énorme crapaud. Elle ne put s'empêcher de s'exclamer d'ailleurs, surprise de l'appelation que lui donna Xanthe.

" Grand-mère????? haaaaa.... c'est pour ça que je te trouve un peu bizarre.... tu ne serais pas par hasard un être amphibien??? Tu ne me sembles pas être hybride, et je n'ai jamais croisé quelqu'un de ton espèce... ce qui me semble d'ailleurs curieux..."

La fée se gratta alors la tête, fouillant dans ses moindres souvenirs, mais non.... des êtres comme cette jeune femme, elle n'en connaissait pas. Au moins, à présent, elle pourrait se vanter d'avoir tout vue.

Xanthe se rapprochait de sa source, elle le sentait. Elle reconnaissait du bout des doigts l'eau qui l'avait si longtemps abrité. Le femelle était toujours là... et elle jacassait, jacassait... des questions, toujours des questions. Si elle voulait bien creuser plutôt que de poser des questions, elle lui serait utile au moins. Xanthe continue de creuser, sans relâche, mais elle répond tout de même, comme avant. Réponse laconique, pas très claire.

- Faudra demandé à celui qui m'a endormie. Je ne sais pas ce qu'il a utilisé comme poison.

Elle se penche un peu plus en avant, de plus en plus, à mesure que le trou devient plus profond entre les racines du saule. Et de plus en plus, l'eau remplie le trou. Bientôt, elle sort autant de terre que d'eau du trou. Mais elle n'a pas encore atteint la source, cependant, elle se rapproche.

Le femelle lui pose encore des question, mais cette fois sur ce qu'elle est. Xanthe sort la tête du trou et secoue la tête.

- Je ne suis pas un amphibien, j'ai des écailles. Et je ne suis pas née avec des branchies.

Et la voilà qui replonge dans le trou qu'elle creuse, se remettant à évacuer la terre et l'eau. L'eau ruisselle lentement vers les racines du saule coupé.

- J'ai été élevée avec des hybrides. J'en suis probablement une. Et toi, t'es quoi ?

Splash ! Splash ! La terre et l'eau se mélangent derrière Xanthe à mesure qu'elles sont jetés à l'extérieur du trou.

C'est fous ce qu'une fée, mystérieuse ou non pouvait parler. Et Étrangement, Xanthe lui répondait. Peut-être était-ce le fait qu'elle sache qu'elle a dormi durant très longtemps qui l'incite à parler.

- J'espère bien qu'il est mort, murmure-t-elle dans un marmonnement, parce que je lui réservais bien pire que la mort... une longue et lente agonie...

C'est au tour de la fée de lui dire ce qu'elle est. Pas bien original, tout ça. Mais bon, elle n'était pas là pour être originale probablement. Et puis, elle n'avait pas dit qu'elle était hybride, elle a dit qu'elle avait été élevée avec des hybrides.

- J'ai dit que j'avais été élevée avec des hybrides, pas que j'en étais une assurément. Les fées sont de sales bêtes... du moins à l'époque où elles étaient mystérieuses... si elles ne sont plus mystérieuses, j'ai bien peur que l'espèce soit tombée bien bas...

La fée lui fait remarque que ses efforts porteront bientôt fruit. La créature du marais tourne la tête vers la fée et suspend son geste. Elle la dévisage un moment, puis retourne à son creusage.

- Les efforts sont toujours récompensés... c'est pour cette raison que quelqu'un de normalement constitué fait des efforts.

Fondamentalement, Xanthe n'est pas méchante, mais ses rares et brèves réponses avaient le don de provoquer. À force, on pouvait presque comprendre pourquoi on avait essayé de la tuer...

[hj :Najos j'ai modifié la taille de ma signature, te voilà à présent comblé! mdr]

Breïna eut un lever de sourcil suspicieux quand elle entendit être aussi froide, mais il n'y avait guère de surprise à sa réaction après tout. Si une personne lui avait jeté un tel sort, la fée n'aurait été guère sûre d'être maîtresse de ses actes. Elle pouvait avoir la rancune tenace, et apparemment la "jeune" hybride aussi.

En tout cas, elle ne répondit. Cela n'en valait pas la peine.

Cependant, Xanthe commençait à aller bien trop loin dans ses propos pour que Breïna ne réagisse pas ou qu'elle prenne avec légèreté ses propos. Sa colère soudaine ne se trahit que lorsqu'elle serra l'un de ses poings. Sa voix quant à elle, n'était plus douce, mais dure comme l'acier.

" Des sales bêtes??? Dis toi que c'est une sale bête qui t'as sorti de ton tombeau de terre.... Quelle prétention émane de toi... Pour qui te prend-tu pour juger toute une espèce? Ma pauvre... quand comprendras-tu que tout ce que tu as connu est mort? Toi même n'est qu'un fantôme... ce marais et ta source ne sont que des vastitges du passé.... "

Ses paroles furent prononcées sur un ton monotone, il n'y avait aucune colère, non, elle la gardait pour elle.... Xanthe valait-elle donc la peine qu'elle se laisse aussi facilement envahir par ces émotions? Bien évidemment que non... ce n'était qu'une inconnue...

Breïna se relava rapidement.

" Et au lieu de parler à tout va comme tu le fait.... apprend à peser tes mots.... beaucoup t'aurais certainement trancher la tête pour être aussi orgueilleuse et hautaine... et tu n'aurais certainement pu rien faire dans ton état.... En tout, quoique tu penses des fées, dis-toi que c'est bien l'une d'entre elle qui a voulu se montrer amicale alors que rien ne l'y obligeait... "

La jeune femme en avait assez. Elle était lasse de discuter, car tout n'allait que dans un sens. Cette drôle de femme n'était qu'une muraille enfermée dans un monde et des rêves disparus sans avenir.

La soirée s'était bien avancée et Breïna se devait de rentrer. Trop de chose l'attendait dans sa petite maison, et puis sale comme elle était, la fée ne souhaitait que les regards matinaux se posent sur elle.

Sans un au revoir, elle commença à s'éloigner de la flaque d'eau, reste de la fameuse source... Plus rien ne la retenait à présent, et le temps lui était compté...