une nouvelle qui s'incrustait... (libre a tous)

C'était un soir où se déchaînait la tempête. Le vent s'engouffrait dans tous les petits coins des maisons, pour refroidir les habitants qui tentaient de se réchauffer au coin du feu.

Alcyonne, elle, n'était là que depuis peu de temps et elle ne connaissait personne. Elle avait donc décidé en ce jour merveilleux d'aller boire un verre à la taverne, histoire de rencontrer des gens, qui lui confieraient peut être une mission, dans son éternel appel au pardon de son âme.

Elle alla s'installer au bar, et jeta un rapide coup d'oeil au dessus de sa cape, qui cachait toujours ses ailes noires, qu'elle avait honte de porter.

Il régnait un certain désordre, mais l'ambiance paraissait plutôt joyeuse, si on omettait les quelques bagarres entres ivrognes qui se déroulaient fréquemment en ce lieu étrange.
Le bar était en marbre, et son contact froid, rappela la vie humaine que subissait Alcyonne depuis qu’elle était déchue.
Elle ne savait pas si elle devait rester assise ici et commander une boisson, ou s’il fallait qu’elle aille à la rencontre des gens. Cette deuxième idée lui déplaisait, elle ne voulait pas venir troubler les affaires d’autrui. Elle décida donc de prendre un verre, et si rien ne se passait avant qu’elle ne le termine, elle partirait tout simplement.

-Tavernier! cria t'elle pour se faire entendre au dessus du vacarme des cris de douleurs lançé par un homme tombé à terre, et qui se faisait marcher dessus par... Alcyonne n'aurait pas pu définir ce qu'était cette bête.

Alcyonne sentit un frisson traverser sa colonne vertébrale quand sa cape eut disparue. Elle avait tellement honte qu'elle n'osait pas montrer ses noires ailes de condamnée.
Elle essaya de paraitre plus à l'aise, et toussota avant de dire:

- Très bien Clad? je me permet d'utiliser votre prénom si vous n'y voyez pas d'inconvénient, ayant passé quelques temps au ciel, je ne connais pas toutes les courtoisies de ce bas monde. Je prendrais bien un verre d'hydromel, vous en servez?

Après la scène qui venait de se dérouler sous ses yeux avec le centaure, Alcyonne était quelque peu effrayée par le tavernier, (ou barman comme il se faisait appeler) qui n'hésiterait sans doute pas à la jeter dehors, dans cette tempête grandissant de plus en plus, si elle faisait un faux pas.
Elle ne connaissait pas trop les règles de ce monde, exceptée l'interdiction de tuer quiconque, règle universelle. Puis se rendant compte qu'elle n'avait pas replié ses ailes, dévoilées par Clad, elle s'empressa de les rabattre comme ce dernier précédemment tout en se mettant à rougir comme une enfant qui a fait une bétise.
Elle n'était pas depuis cinq minutes dans se bar, elle se sentait déjà ridicule. Décidémment elle avait de plus en plus de mal dans ses relations sociales. Après avoir fréquenté pendant des siècles les mêmes personnes, on en oublie quelque peu l' usage du mot "sociable"

Elle but une gorgée de cette boisson merveilleuse en regardant l'ange fumer. Il l'a regardait et attendait quelque chose apparemment. Elle avait déjà payé sa boisson, se serait t'elle trompée dans le calcul? Non il essayait de deviner ses pensées. Il voulait savoir. Etant lui même d'une nature ou tout le monde le craignait, elle pensa qu'elle pouvait lui accorder sa confiance. Après tout, ici, sur terre, les malfrats sont souvent ceux qu'on attend le moins.

-Je me présente , je m'appelle Alcyonne dit elle, je suppose que vous avez remarqué que je suis, était, rectifia t'elle, un ange. Aujourd'hui je ne suis plus qu'une ombre cherchant à rattraper la faute que j'ai commise il y'a 17 ans...
Je tente d'expier mon crime par tous les moyens.

Elle replongea le nez dans son verre, sachant qu'elle en avait trop dit, que maintenant il voudrait savoir ce qu'elle avait fait, qu'elle avait tué. Tué un ange sous la colère... Elle ne lui en dit pas plus cependant, le laissant dans ses questions, elle voulait déjà qu'il se confie lui même.
Elle but une autre gorgée, le silence pesait entre les deux anges, malgré les bruits extérieurs, elle attendait une réaction de sa part. Il lui semblait qu'il y avait une zone de mal enfouie dans son ame, mais elle n'arrivait pas à déceler si elle était danger ou pas. Autour d'elle l'ambiance s'enrageait de plus en plus, décidemment ce monde n'était pas fait pour elle. Elle était un ange, elle devait protéger du ciel! pas de la terre!

La jeune femme n'était pas sure de comprendre ce qu'il voulait dire. Elle expliqua cependant à Clad son histoire, La liaison qu'elle avait eu avec un vampire, décidément pour tous les anges ils étaient la tentation interdite, il valait mieux les éviter, l'enfant qu'elle avait eu de lui et qu'elle avait du tuer, car ses supérieurs voulaient lui infliger un châtiment éternel, la disparition étrange de son bien aimé, et enfin le meurtre de l'ange, une domination.
Celui ci l'écouta avec interêt, mais Alcyonne n'arrivait pas à savoir ce qu'il pensait de tout cela. Toujours est-il qu'elle commençait à ressentir les effets de l'alcool, depuis qu'elle était sur terre, elle allait comprendre la signification du mot "ébriété".

La discussion des deux anges continuait, un peu plus tranquille, tandis que Clad lui expliquait les joies de ce monde de brut, elle lui demandait ce qu'elle pouvait faire pour aider dans sa quête, parce qu'elle était quand même venue dans ce bar pour trouver une occupation qui lui vaudrait un retour au ciel, même si elle savait bien au fond, qu'elle ne reverrait jamais son paradis.

-N'ya t'il pas... hic une chose....hic! pardon, est ce qu'il y'aurait quelque chose que je puisse faire, ici, à Elament, hic! pour...

Prenant conscience qu'elle n'alignait plus deux mots correctement, elle eut subitement une envie de rire à gorge déployée, et elle put se rendre compte que son rire ressemblait étrangement à celui d'un phoque. Elle se sentait ridicule mais ne pouvait plus s'arreter de rire.

Puis comme il était venu ce rire repartit et elle dit:

-Il me faut une mission, ou n'importe quoi, je veux bien faire tout ce que vous voulez, mais je ne peux pas rester la les bras croisés, tous les soirs à me saouler dans cet endroit, aussi charmant soit t'il. Aidez moi.

Elle savait qu'il disait la vérité, qu'elle ne regagnerait jamais les cieux, mais elle ne pouvait s'en empecher. Le fait de garder cet espoir lui insufflait un nouveau sens à sa vie. Il n'avait pas tord non plus quand il lui disait qu'elle devait se proteger et ne pas finir six pieds sous terre. Elle accepta donc les petites clefs de bon coeur, sachant que c'était comme baisser les bras... pour le moment.

Un long séjour sur terre s'annonçait donc, et Alcyonne devrait vivre comme n'importe quel mortel. La première chose serait de trouver un travail pour qu'elle puisse se payer un logis minable, le temps de trouver quelque chose de mieux à faire. La vie humaine est si futile! Se tuer au travail pour rien. Voila qui allait être sa nouvelle mission. Encore fallait t'il trouver ce travail.

-Ou puis je trouver du travail, je voudrais vous payer si vous le voulez bien, je n'aime pas que l'on me fasse la charité. Si possible, un travail manuel, partir à l'aventure ne me dérange pas même en dehors de la cité. Je mène depuis que je suis sur terre une vie d'errance, je ne peux pas m'installer comme ça quelque part ou je ne bougerais plus, cela me serait insupportable. De plus je suis toujours un ange dans mon coeur et aider les personnes en difficultés s'est ce que je préfère.

Elle esperait que l'ange ait quelque chose pour elle, sinon elle trouverait d'elle même. Cet homme lui avait déjà rendu service en lui parlant.
Elle décida alors de profiter de la fin de la soirée, en sirotant encore un verre aux cotés de l'ange, elle ne s'occuperait que des questions de survie le lendemain.

Alcyonne se sentait trop vaseuse pour bouger. C'est sur qu'elle ne s'en sortirait pas en se rendant ivre, mais la elle ne s'en sortirait pas si elle se levait. Elle se contenta de sourire, et attendit en silence que le tavernier finisse son menage. Puis il sembla attendre qu'elle monte se coucher, mais elle savait qu'elle ne tiendrait pas debout. Elle se mit alors à rire toute seule, laissant Clad perplexe.

-Il faut que vous m'aidiez, je crois que je n'ai plus de jambes... Puis elle se remit à rire, décidément elle se complaisait dans le ridicule. Heureusement qu'ici bas sur terre c'était chose courante.

Elle essaya alors de se lever, mais s'écroula à terre. Allongé on pouvait bien voir le joli plafond du bar qui selon elle avait un certain charme. Elle se demandait pourquoi les plafond n'étaient pas tous comme ça. Puis elle vit le visage de Clad au dessus d'elle souriant jusqu'au oreilles devant la situation.
Il l'aida à se relever et la conduisit à sa chambre. L'endroit lui semblait assez minable, et encore plus quand elle se mit à répendre la totalité de son estomac sur le plancher.

- Désolée, dit elle à Clad qui semblait ne pas faire attention aux dégats qu'elle causait.

Puis elle alla s'étendre sur le lit, et fut de nouveau prise de nausées. Cette fois elle courut jusqu'a une coupelle d'eau qui trainait et régurgita de la bile. Elle se sentit beaucoup mieux.