Ah oui! C'est vrai. C'était d'ailleurs l'une des parties les plus arides du cours, alors il n'était pas toujour facile de la faire comprendre. Décidément, ce n'était pas le bon endroit pour relâcher son attention...

"Merci, Tùllia" reprit-il en lui adressant un coup d'oeil de remerciement. "Donc, le..."

Il fut interrompu par l'arrivée d'une nouvelle élève. Un coup d'oeil lui confirma son identité : Aylwin, la jeune fille douée de dons mentaux particuliers, qui était venue lui demander de lui enseigner les bases des arts de l'Esprit. Il s'était d'ailleurs étonné de ne pas l'avoir vue jusqu'ici. La jeune fille le regarda, puis lâcha une réponse où l'ironie se lisait clairement. C'était une allusion à la dernière recommandation du professeur en finissant le cours particulier, à la promesse qu'elle avait refusé de faire. A savoir, ne jamais toucher une magie que l'on n'avait pas totalement comprise, tant qu'on ne disposait pas d'assez d'expérience pour s'y risquer. Archael la considéra un instant avec un sourire, puis répondit en appuyant malicieusement sur certains mots :

"C'est tout à fait exact, mademoiselle. En d'autres termes, quand on réalise avoir un léger "retard" de compréhension sur un sujet, il vaut mieux éviter de faire quoi que ce soit d'irréfléchi... ou de dire quoi que ce soit d'inutile."

Ironie pour ironie, la réplique avait volé comme une flèche. Sans agressivité, mais il était parfois nécessaire de remettre les choses en place. Puis, après un coup d'oeil circulaire sur la classe, il revint près du dessin du nageur, qui scintillait dans l'air au-dessus de l'estrade.

"Donc, voyez-vous, vous êtes comme ce nageur. Imaginez la magie comme l'eau qui glisse autour de vous, et votre pouvoir comme cet homme qui désire y avancer vers un but. Comme tu le disais, Leyo, la raison pour laquelle tu n'as pas été aussi loin que d'autres, ce n'est pas que tu te sois laissé déconcentrer. C'est seulement qu'en t'isolant, tu as voulu forcer l'air à obéir à ta volonté, donc à rentrer dans la boule. Alors, tu n'as pu contrôler que sa pression. C'est comme si le nageur voulait foncer tout droit devant lui, en marchant sur le fond, debout sur ses deux pieds. Il se fatiguerait beaucoup et avancerait lentement."

Ensuite, les yeux du Trône passèrent directement à Elincia. Tout en s'adressant à elle, il ne put s'empêcher encore une fois de comparer cette expression à la sienne autrefois. Ce silence de muraille froide, ces yeux las et durs, de saphir pour lui et d'émeraude pour elle, et ce désir intense qui se lisait sur les traits, de pouvoir enfin être libre, se détacher d'un corps trop lourd à porter pour rejoindre le ciel et son éternelle paix...

"Toi, Elincia, c'est l'inverse. Je reprends l'exemple : ton nageur s'est placé à l'horizontale dans l'eau, a utilisé des mouvements subtils, coulés, pour épouser les courants de l'eau. Tu as laissé tes sentiments couler dans la magie, directement, en leur montrant seulement par ta volonté le but à atteindre, et c'est tout. C'est ainsi que tu as pu changer la nature de l'air pour créer un nouveau gaz."

Il n'ajouta rien, mais il était évident pour tous que Tùllia se trouvait sans doute au milieu des deux. Elle avait bien compris qu'il fallait utiliser les sentiments, mais s'y était prise de façon plus directe, en utilisant un ersatz, un souvenir passé au lieu de les laisser directement se répandre au coeur de la magie. Mais deux exemples étaient suffisants pour illustrer son propos. Paradoxalement, plus on tentait de contrôler la magie aérienne, moins on y arrivait, et inversement.

"Jusqu'ici" ajouta l'ange, "des questions?"

Ayant suivi les instructions de la secrétaire aux admissions, Doleria réussit tant bien que mal a trouver la tour ou ce déroulait les cours su l’air. Une tour! Quoi de mieux pour cette jeune Oréade habituée aux hauteurs.

C’est avec un sourire aux lèvres qu’elle monta les escaliers qui longeait la tour. Son regard fut attiré par une jeune Kerestia Plantias qui grimpait les marches à quatre pattes. De son point de vue, elle semblait tâtonner le sol, comme à la recherche de quelque chose. Peut-être avait-elle peur du vide? Mais en ce rapprochant, Doleria fut en mesure de remarquer que la jeune femme ne voyait pas.

Cela lui fit comme un pincement au cœur. Sa vie était assez compliquée sans un œil. Avec tout les regards curieux et étranges qu’on lui jetait lorsqu’elle fessaient escale dans les petits villages… La vie de cette jeune Plantias devaient être encore plus compliquée que Doleria. Elle pouvait ,au moins, voir le gens et les choses venir.

Arrivée en haut de l’escalier, Doleria remarqua que la jeune femme hésitait devant la porte. Elle ne semblait pas l’avoir entendu venir. Doleria toussota pour ne pas l’effrayer et prit lentement la parole.

"Tu sais… tu n’as rien a craindre d’eux. De ce que je peux voir il n’ont pas l’air bien méchant…"

"Je peux t’aider à entrer si tu le désir…je sais que c’est compliqué de ne pas voir et que le regard des gens sont parfois dur même si il ne pense pas à mal…je suis moi même borgne alors…Tu veux bien que je t’aide?"

Doleria arrêta de parler. Peut-être la Plantias était intimidée par ses paroles? Doleria avait cette empathie qui la poussait a aider ou a dire des choses que les gens n’acceptait pas toujours. Et lorsqu’elle sans rendait compte, la plupart des gens était déjà offusqués qu’une inconnu ce mêlent de leurs affaires.

Kida ne sursauta pas quand la demoiselle prit la parole. Elle ne se retourna pas non plus. Elle écouta ce qu’elle avait à lui dire et une fois cela fait, enfin la Plantias se retourna.

Un sourire et ces yeux vides s’offrirent à la vue de l’inconnue qui était bien gentille.
« Elle doit avoir un don d’empathie, tout comme moi, pour se soucier de l’étrange personne que je suis. »

Kida, pris la main qu’on lui tendait dans la paume de la sienne. Elle plaça la paume de sa bienfaitrice vers le ciel et avec un doigt de son autre main, la gauche, elle traça quelques caractères : K – I – D – A

Le vent ne cessait de souffler doucement à cette hauteur et Kida se sentait flotter par-dessus les nuages, elle était prête à rentrer maintenant, elle se sentait plus forte quand elle n’était pas seule.
Elle laissa sa main gauche caresser furtivement le visage de la demoiselle. Pas trop longuement pour ne pas trop l’effrayer, et aussi pour garder une petite part d’imagination encore. Puis, sa main droite qui tenait toujours l’autre main, cette fois-ci la prit. De façon à dire « Merci. Je te suis où tu veux. »

Main dans la main, elle était apaisée.

Pendant un vague instant, Doleria eut l’impression qu’elle parlait a un mur, car la Plantias n’eu aucune réaction visible. Mais une fois qu’elle eu terminée, l’autre jeune fille ce retourna vers elle avec sourire très chaleureux qui fessait contraste avec ses yeux vert vides d’émotion. La jeune Kerestia Plantias lui prit la main et y « écrit » un nom : Kida. Ainsi cette jeune Plantias s’appelait Kida.

"C’est un jolie nom. Moi c’est Doleria."

Kida lui sembla dès lors plus confiante a entrer dans la salle de cours. Cette salle où était réunit 5 élèves et un professeur. Doleria sourit lorsque Kida lui caressa le visage de ses doigt fins. En ses propres termes, elle l’aurait qualifiée de « toute-mignonne ».Il fallait bien avouer qu’avec ses petites oreilles rondes, ses cheveux noir coupé courts et son mètre et demi, elle avait de quoi être mignonne! La main de Kida dégageais une douce chaleur, un chaleur animal. C’était, même pour Doleria, une source de réconfort.

"On y va!"

C’est ainsi que main dans la main, Doleria et Kida poussèrent la porte pour pénétrer dans la classe de cours sur l’air. Doleria s’excusa de leurs retards au professeur et guida ensuite sa nouvelle compagne vers le côté un peu plus droit de la classe où elle s’assit à même le sol. Ainsi, elle pouvait contrer sa faiblesse de ce côté et avoir en même temps presque toute la classe dans son champ de vision gauche. Curieuse de savoir sur quoi portais le début du cour, Doleria leva discrètement la main.