Journée brumeuse.(privé)

Depuis plusieurs jours, depuis ce fameu jour où elle c'était évanouie dans la tour des vents, elle faisait toutes les nuits un rêve étrange. Un rêve qui qui la faisait trembler, car tout les matins , au réveil, elle avait si froid. Si froid...

Aprés une nuit bien étrange, la jeune ange c'était éveillée avec cette impression désagréable, un souvenir si présent, mais qui ne voulait pas se montrer , quelque chose qui lui manquait.
Ne sachant pas ce que c'était, elle parcourait tel un fantôme les ruelles de la ville. Ne croisant généralement personne de connue, ce qui, il fallait bien l'avouer ne la dérangeait absolument pas.

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Cette fois-ci, de nouveau le même manège. Ce rêve, ce froid, cette tristesse.
Oui, elle était bien triste en cette journée.

Se sortant de son lit, elle n'avait prit qu'un châle mauve foncé. Et se l'était enroulée autour de ses épaules.
Ceci fait, elle c'était précipitée hors du dortoir des aeras. En recherche de ce qui lui manquait, comme chaques matins. Et sans doute comme chaques matins elle ne le trouverait pas.

Ses pas bien incertains, l'avait conduit par un chemin caché, sur une plage. Une plage qu'elle avait connu un soir de pleine Lune. Avec...quelqu'un qu'elle n'avait plus jamais revu. Sans doute était il partit ailleur dans une autre ville.
Elle s'en voulait énormément aussi pour cela. Elle n'avait pas été franche , pas été sure de ses sentiments. Et cela l'avait sans doute blessé.

Ses pas s'enfonçaient dans le sable. Et ses cheveux étaient bercés par la brise qui soufflait en ce moment. Cette même brise qui l'accompagnait depuis toujours.Elle regardait passivement cette plage. Puis s'avança un peu plus loin et s'arrêta à l'endroit où les vagues ne pouvaient aller plus loin . La limite entre l'eau et la terre.

Elle leva la tête et, dans cette espèce de rêverie dans laquelle elle était plongée, elle prit conscience que l'autre coté du lac n'était pas visible.
Qu'on ne voyait même pas à 2 mêtres autour de soi à cause de la brûme, qui en ce matin, régnait en ce lieu.

Elle se retourna, elle ne voyait même plus par où elle était venue.
En temps normal elle se serait inquiété, seulement elle n'était pas normale en ce moment et se perdre lui était bien égale. De toute façon derrière cette brûme, personne ne l'attendait réellement.
Elle tourna la tête et posa son regard sur la brûme face à elle, et cette eau qui bougeait doucement.

Un silence incroyable régnait en ce moment. Enfin silence pour les autres, elle, elle entendait une voix, une voix étrange et douce, celle du vent qui balançait ses cheveux.

Même si désormais son aura était aussi dorée que le soleil, en cet instant elle brillait d'un éclat blanc. Aussi blanc q'une perle des cieux.
Elle ferma les yeux. Elle ne voulait plus penser. Elle voulait même disparaître.

Car , cet ange...il s'était enfui,et elle ne l'avait pas revu depuis une semaine. Elle ne savait pas où il était, et trop y penser lui provoquait une tristesse encore énorme.
Alors elle ne préférait pas y penser. Et quand ce démon l'avait pris pour cible, elle c'était avancée vers lui...oui, presque sans hésitation. Car, tout comme dans cette brûme, en cet instant personne ne l'attendait aprés.

Que de bien tristes pensées submergeaient la jeune ange en ce moment, elle qui était toujours d'humeur joyeuse.
Mais elle était seule en ce instant, alors elle pouvait bien quelques secondes faire preuve de ce qu'elle appelait un égoïsme sans nom. Elle pouvait bien penser un peu à ce qu'elle ressentait réellement.

Non loin de là, dans le brume, un autre personnage avançait droit devant lui. Il était vêtu d'une capuche brune à longs pans et d'un robuste manteau de cuir. Un équipement de voyageur, concu pour tenir chaud par tous les temps. Seuls étaient visibles sous le tissus deux yeux d'un bleu sombre et profond, touchant presque au violet. Ceux qui connaissaient ces yeux se seraient attendus à voir deux grandes ailes dans le dos du personnage, mais celles-ci étaient invisibles, rentrées.

L'Ange avait quitté Elament depuis plusieurs jours déjà. Depuis un certain soir où il avait fui de la tour des vents, il n'était pas revenu dans la Cité. Fuyant il ne savait quoi, il avait tracé tout droit, à pied, en direction des marais de l'oubli, les avait laissés derrière lui, puis s'était enfoncé dans les immenses étendues désertiques qui entouraient la région. Peu à peu, il s'était rendu compte que même à cette distance, il fuyait encore quelque chose... c'était donc lui-même qu'il tentait de laisser derrière lui... peine perdu. Cette observation l'avait calmé, l'incitant à méditer et à se reprendre. Il devait retrouver la paix qui l'avait quitté ces derniers jours. Pour atteindre cela, il avait passé plusieurs jours en méditation, voyageant au fond de son âme pour y calmer la tempête.

Cela n'avait pas résolu ses problèmes, mais le calme était revenu en lui, lentement, comme la surface de l'eau qui se lisse à nouveau après avoir été troublée. Mais un jour, il avait senti de loin de violents affrontements se dérouler. Il avait d'abord décidé de les ignorer, mais un sourd pressentiment s'était fait jour en lui. Une angoisse qui se tournait vers une certaine personne. Il devait absolument savoir si elle avait été impliquée dans les combats qu'il ressentait. Sans chercher à comprendre, il avait quitté son abri de rochers, et sans trêve, s'était remis en marche vers la Cité.

Cette personne qui avait été à l'origine de sa fuite, bouleversé. Il s'était éloigné, mais cela n'avait pas contribué à calmer son orage intérieur. Au contraire, il s'était retrouvé empli de nostalgie, comme si un lien indéchirable, qu'il ne comprenait pas encore, le liait à... Serinäe. C'était ce nom que semblait répéter le vent qui siffait sur le sable. Il était revenu pour elle, et rien que pour elle. Il voulait savoir si tout allait bien, même s'il ne devait la regarder que de loin. A quoi bon, si chaque fois leurs rencontres se faisaient dans la gêne? Et pourtant, maintenant que chaque pas le rapprochait d'elle, il sentait un sentiment d'impatience et de joie intense à l'idée de la revoir. Ses cheveux et leur couleur si chaude, son sourire timide, si doux et fragile, et surtout ses yeux dans lesquels il lisait tant de lumière et d'amour envers le monde. Peu importait si elle avait un peu changé! Tout ce qu'il désirait, c'était de la revoir. Il avançait comme dans un rêve, comme si un appel puissant et mystérieux le tirait, auquel il ne pouvait se dissoudre. Un appel. Archael ne le savait pas, ne cherchait pas à comprendre cet appel. On ne lui avait jamais enseigné une chose pourtant si importante: quand deux coeurs désirent ardemment la présence de l'autre, ils finissent toujours par se rencontrer.

Pourquoi avait-il choisi la route qui passait par le lac Yùta? Pourquoi ce détour dans la brume, qui cachait d'éventuels dangers? Pourquoi avançait-il ainsi, comme s'il savait parfaitement où il allait, alors même qu'il ne connaissait pas cette partie du rivage?

Le jeune homme s'immobilisa et plissa les yeux. Lentement, il retira sa capuche qui le gênait. Ses longs cheveux blancs volèrent au vent alors qu'il tentait de distinguer ce qu'était cette forme noire immobile, là-bas. C'aurait facilement pu être un simple rocher dressé, mais quelque chose au fond de son coeur lui enjoignait d'avancer, presque malgré lui. Lentement, en s'approchant, il reconnut une silhouette humaine. Sans prononcer un son, les lèvres de l'Ange d'argent formèrent un nom...

Son regard était bien vague en ce moment, et se perdait dans les brûmes qui lui faisaient face. De telles brûmes bordaient parfois sa ville natale. Une ville volante, volant quelques parts au dessus des montagnes plus dans le nord.Une de ses colonnies servant de poste de guet, mais qui au fur et à mesure du temps, n'était plus que petite ville célèste paisible.

Le vent autour d'elle lui soufflait plusieurs chose, des mélodies mais aussi des paroles. La jeune ange leva les yeux vers les nuages, loin au dessus d'elle. Une de ses mélodies, elle la connaissait. C'était cette même mélodie que le vent chantait lors des premières neiges, une mélodie si nostalgique. Pleine de douceur et annonçant ce froid si agréable.
Les yeux fermés, elle laissa ses pensées partir pour cette contrée.

Une contrée qu'elle avait craint, car même si sa famille était vraiment chère à son coeur. A cause de sa faiblesse, elle était toujours mise à l'écart. Oh, bien sur elle ne s'en voulait qu'à elle. Si seulement elle était née plus forte, comme Clad ou encore son amie chère, Althys. Elle aurait trouvé plus facilement sa place et surtout, quelqu'un aurait besoin d'elle.

Doucement, elle réouvrit les yeux. Elle eut un léger sourire, et secoua pour elle même la tête. Quelle douce rêverie en cette matinée. Comme chaques matins depuis bientôt ce jour, sur la tour.

Et puis, ce changement, quelque chose dans sa poitrine. Quelque chose de douloureu. Cette même douleur qui lui provoquait des pointes à la base de ses ailes. Une douleur qui avait été si forte, et qui diminuait, mais ne disparaissait pas. Ce rêve, cet ange à la chevelure rougeâtre. Une chevelure de feu. cet endroit, ce mot...chaques fois qu'elle voulait se le rappeler, une migraine l'assaillait. Pourquoi? Pourquoi??
Renonçant encore une fois à se souvenir, elle réajusta sur ses épaules son châle mauve.Et d'un geste lent elle le ferma en le croisant devant elle. Croisant les bras par la même occasion.

Elle s'arrêta de respirer.

Pourquoi? Elle ne le savait pas, quelque chose l'appelait, quelque chose qu'elle même appelait. Elle n'osa d'abord pas tourner la tête, une présence, elle sentait quelqu'un, quelqu'un qui approchait. Seulement avec cette brûme elle ne voyait pas grand chose. Elle se retourna, non, ça ne venait pas de derrière elle, alors peut être en l'air? Elle fixa le ciel, cherchant des yeux quelqu'un... Non plus. Alors...peut être venant du lac? Ses yeux étaient au bord des larmes. Pourquoi? Ca non plus elle ne le savait pas. Mais sans y préter attention elle regarda le lac. Personne.
Une larme coula maintenant le long de sa joue, elle ne bougeait plus.

Ses cheveux autour d'elle ondulaient toujours au grés de ce vent si cher à son coeur.Et doucement ses yeux dorés dévièrent. Doucement...doucement, pour croiser ceux indigo de quelqu'un. Un voyageur vu ses vêtements.
Elle porta sa main à sa bouche et sursauta par la même occasion. Bien sur qu'elle savait qui c'était, bien sur elle s'en était doutée depuis qu'elle avait senti cette présence. Mais croyant qu'elle rêvait encore, ses larmes lui rappelant la réalitée l'avaient réveillé et lui avaient confirmé ce qu'elle avait deviné.

Un homme en apparence , élancé aux long cheveux argentés. Aux yeux si bleu qu'ils étaient sans doute un bout du ciel. Et puis , cette aura, douce , si lumineuse, parfois froide, parfois triste. Sans oublier ses ailes transparentes qui étaient encore plus pour lui, la preuve de son appartenance au peuple célèste.

Il était revenu. Il était là.

Son châle tomba su sol, bercé par le vent . Et déja, sa maîtresse s'en éloignait.

A peine l'avait elle vu, à peine avait elle senti sa présence qu'elle n'était plus que dans une demi-conscience, ses ailes c'étaient ouvertes, et grâce au vent elle vola vers cet ange. Elle passa ses bras autour de lui au niveau de sa nuque, et se serra en pleurant contre lui.
Elle n'avait pas réfléchi à ce qu'elle faisait, et même maintenant qu'elle était contre lui, elle ne regrettait pas.

Ce qu'elle ressentait, elle ne savait pas l'expliquer, la seule chose qu'elle savait c'était qu'elle était si heureuse qu'il soit revenu, que sa tristesse de son départ était oubliée.

Elle n'avait pas non plus pensé au fait qu'il était peut être passé là par hasard, peut être ne faisait il que passer, peut être ne venait il pas la voir. Mais égoïstement elle s'en moquait. Pour la première fois, c'était son bonheur à elle qui l'importait.

-"Archael..."

Elle s'était retrournée... en un clin d'oeil, il avait compris que ce n'était pas par hasard qu'il était arrivé ici. Son coeur l'avait guidé en ligne droite, attiré comme un aimant par la jeune fille. Avant que l'Ange aie le temps de faire un geste, une tornade de cheveux et de vêtements le percuta et deux bras blancs se refermèrent autour de lui.

Cette étreinte laissa un sentiment étrange dans son coeur. Une chaleur qui faisait peu à peu fondre les derniers cristaux de glace qui empêchaient l'ange de revenir totalement à la vie normale. C'était quelque chose qui le surprenait légèrement, lui qui avait oublié - ou qui n'avait jamais su - ce que voulait dire le mot amour. Mais c'était une impression si douce et si bienfaisante qu'il n'aurait voulu l'échanger pour rien au monde... perdu au milieu de cette brume blanche, il avait l'impression de se strouver dans le ciel de l'aube à l'heure ou les étoiles s'éteignent. Mais c'était comme si, ce jour là, la plus légère et la plus douce d'entre elles était venue se poser sur son épaule...

Lentement, il referma ses bras autour de la jeune fille, la sentant trembler de tous ses membres. Etait-ce de joie, de peur, de tension? Cela importait tellement peu... tout ce qu'il savait, c'était que même s'il ne lui restait plus un jour que sa vie, il la donnerait sans regrets pour une seule seconde de ce bonheur-là... pour sentir encore cette jolie tête légèrement posée sur son épaule et l'étreinte de ces bras autour de son cou.

"Archael..."

Elle n'avait pas eu besoin de dire grand-chose pour que cela touche le coeur de l'Ange. C'était ce ton à la fois si heureux et si mouillé de larmes qui le fit revenir à la réalité.

Il sentit que s'il ne faisait rien, cet instant volé à l'éternité ne durerait qu'une seconde. La timidité naturelle de la jeune fille reprendrait le dessus, et la gêne se réinstallerait entre eux deux, pour ne jamais repartir... maintenant était l'heure de jeter au vent toute réserve. D'un geste infiniment doux, comme s'il craignait d'abîmer un quelquonque objet précieux, l'Ange releva la jolie tête appuyée contre son épaule et plongea le regard dans les yeux mouillées de larmes de la jeune fille. Elle pleurait... mais aurait-il juré que les siens étaient tout à fait secs?

"Je ne veux plus jamais te perdre comme ca, Serinäe... plus jamais..."

On non. Il ne s'était jamais senti aussi stupide... elle allait croire qu'il ne pensait qu'à lui... et puis, non! songea l'Ange. Elle saurait ce qu'il avait voulu dire... car leurs coeurs se comprenaient mieux que des paroles. Lentement, il passa une main dans les cheveux de la jeune fille, sans la lâcher. Leurs visages étaient si près l'un de l'autre, à présent...

Pleurant doucement, serrée contre Archael, son coeur semblait plus vivant que jamais. Et battait à un rythme endiablé. Le temps de ses larmes, sa timidité était passée, envolée et laissait place à cette joie de le revoir. Pourquoi une absence si courte provoquait elle cela? Pour un ange qui soyons, honnête, n'était encore qu'un inconnu quelques mois plus tôt. Mais ça paraissait si étrange ce sentiment. Comme si depuis toujours leurs âme connaissaient l'existence de l'autre et n'avait fait qu'attendre cette rencontre dans cette citée qu'était Elament.

Lentement elle sentit le contact des bras d'Archael dans son dos, et à ce moment là, ce même dos lui brûla doucement. Une agréable chaleur mais si...
Elle rougit, passant du blanc au rouge pivoine.

Elle devait avoir fière allure avec ses larmes, son rougissement et cette timidité qui revenait vite dis donc. C'était aussi pour cela qu'elle ne redressait pas sa tête. Si il voyait sa tête il allait se moquer. Gentiment certe mais cela le ferait tout de même rire. Elle si réservée, venait de se jeter littéralement dans ses bras. Et déja ça c'était assez gênant pour elle, mais elle avait réagit instinctivement. Et puis elle le voulait, ce contact. C'était maintenant une joie si intense d'être contre lui. Qu'il soit enfin là. Qu'il soit enfin revenu. Prés d'elle. Même si elle n'était pas encore sur que cela était partagé.

Mais ...mais...qu'est ce qu'il faisait? Non...elle avait les joues rosies par sa timidité et des larmes perlaient encore dans ses yeux. Elle porta sa main droite à sa joue pour enlever vite une larme qui la descendait doucement, mais tout en gardant son autre bras en semi-étreinte au jeune ange.
Il ne fallait pas qu'il regarde son visage, elle était encore plus honteuse.

Elle fut étonnée, comme un léger choc au coeur quand elle apperçut une teinte de larmes dans les yeux si bleu d'Archael. Elle n'était peut être pas la seule à...

Les larmes s'arrêtèrent aussitôt. Que venait il de dire? Que...
Sa respiration se coupa quelques instants. Sa tristesse, ce qui au fond d'elle la torturait en grande partie, cette crainte s'envola quelques instants. Elle était si heureuse, elle ne savait même pas le dire. Gardant toujours bien ses yeux dorés dans ceux bleutés de l'aera, les larmes redoublèrent. Mince...
Elle essaya tant bien que mal de les effacer à chaques fois qu'une glissait lentement le long de sa joue, mais vu le nombre c'était peine perdue.

Ce qu'elle voulait dire, elle ne savait pas si elle en avait le droit, si malgré ce qu'elle ressentait elle pouvait prononcer quelques mots...mais doucement, tout en s'arrêtant de pleurer, tout en séchant encore ses larmes son sourire se fit un doux mélange entre une tristesse et un bonheur sans limite.

-"...ne me laisse plus..."

Cela aurait pu trés bien commencer par-Alors- mais elle n'en fit rien. Ce -ne me laisse plus -avait tellement de signification. C'était à Archael, mais aussi à son âme, âme qui avait enfin rejoint la sienne, à qui elle s'adressait.

Son dos lui brûlait toujours, et cette main caressant ses cheveux la pertubait totalement Cette teinte si rosée qui était sur ses joues ne partait décidement pas..

Les deux enfants ailés restèrent enlacés longtemps. Leurs yeux, les cheveux, leurs bouches, leurs âmes se mélangaient dans ce seul baiser. C'était bien plus que toute une vie de mots aurait pu exprimer. Yeux de miel et yeux de saphir, cheveux dorés et cheveux de neige mêlaient leurs boucles, roulant en cascade sur leurs épaules à tous les deux. Et quand ils s'assirent sur le rocher noir, juste à côté d'eux, ils étaient toujours dans les bras l'un de l'autre. La brume les enveloppait de son manteau doux et éternel, les transportant dans un monde qui n'appartenait qu'à eux seuls. Désormais, ils étaient seuls sur cette grève, seuls dans la Cité, seuls dans l'univers entiers, car deux coeurs tout entiers à leur premier amour, peuplent un monde sans avoir besoin d'autres... Dans leur regard, les larmes se mêlaient à la joie. Dans leur coeur, le bonheur et la peine se mélangeaient intimement, deux frères ennemis pour la première fois en paix...

Archael, ne cherchait pas à analyser ses sentiments. En reflet dans les yeux de Serinäe, c'était toute sa vie qui défilait devant ses yeux, comme un film immense et intense.

Sa naissance et ce savoir immense, insupportable, qui l'habitait depuis toujours.

Son enfance solitaire et douloureuse, long supplice d'isolement, qui avait endurci son coeur au point de le transformer en une véritable statue sans âme.

Ses années d'errances, traînant son coeur anésthésié d'un pays à l'autre, développant sa puissance et son savoir, sans même chercher à comprendre pourquoi.

La joie de voler enfin librement, la seule chose qui l'avait retenu de sombrer dans la folie.

Son arrivée à Elament, épave indifférente, poussée par les courants.

Sa poursuite de la paix intérieure pour oublier ses tourments.

Le lent réveil de son coeur gelé, se réveillant peu à peu à la vie.

Et puis... cela.

Il n'y avait pas assez de mots pour l'exprimer. C'était une véritable résurrection, la renaissance d'un printemps du coeur, les premiers rayons d'un soleil qui s'est enfin levé totalement. Cela purifiait les dernières souillures de son âme. Cette cascade de sentiments qui avait éclôt en lui, faisait fondre les dernières glaces de son coeur, comme le dégel à la fin de l'hiver...
Il se noyait dansles yeux doux et chauds de la jeune fille, bordés encore par quelques larmes qui n'étaient plus celles de la peine mais celles du bonheur. Il ne savait pas ce que l'avenir leur apporterait. Il ne savait pas si la guerre des démons, cette nouvelle grande guerre qui se profilait à l'horizon les atteindrait aussi. Pour tout dire, il n'y pensait même pas. La seule chose qu'il savait, c'est que rien ni personne ne pourrait briser l'étreinte des bras qui l'entouraient.

"Peut-être l'ai-je toujours su" murmura-t-il doucement. "Peut-être ne m'en rends-je compte qu'à présent. Ce que je sais, Serinäe, c'est que... je t'aime..."

Lentement, autour d'Archael et de Serinäe, l'aura de pureté du premier et l'aura de lumière de la seconde, formèrent une cathédrale protectrice. Elles résonnaient entre elles, s'amplifiant l'une l'autre, mêlant l'or le plus pur et la neige la plus blanche. Leurs ailes se déployèrent autour d'eux, les enveloppant comme un manteau bénissant et protecteur.

Journée brumeuse.(privé)

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