| Aisling Olosta
Nombre de messages : 7 Race : Sylphe Poste : Novice Magie Contrôlée : Arcanes de l'Air Feuille de personnagePuissance: (90/1000) | |
| Ven 20 Fév 2015 - 9:22 | |
| Image de base de l'avatar : Grey ocean by Algenpfleger - Spoiler:
Nom : Ungwe, ce fut le nom que sa mère porta et qu'Aisling porta pendant plus d'un siècle. Cependant, après avoir quitté son arbre de naissance, elle reprit le nom de son « père », c'est-à-dire Olosta. Elle se nomme donc désormais Aisling Olosta. Prénom : Aisling, prénom donné par sa mère et signifiant «Souffle d'esprit» dans un ancien dialecte sylphe. Par ses congénères, elle est surnommée la « Démunie ». Reste à savoir comment elle sera surnommée par les élamentiens Âge : 161 ans, soit 16 ans d'apparence Race : Née de mère Sylphe (nymphe de l'air), mais de père Aasimar issu d'Aera Rang/Rôle : Novice Pouvoir contrôlé : Air. J'ai toujours affectionné le ciel et le vent : l'air est un élément qui peut se montrer aussi versatile que stable. Il est présent partout autour de nous, et nécessaire à la vie. Il peut paraître simple, en apparence, car il n'est pas visible : mais la complexité de l'air en fait, pour moi, un composant du monde des plus polyvalents (ce qui le rend encore plus intéressant à mes yeux). Il couvre pleins de domaines différents (vent pur, éléctricité, tout ce qui est en lien avec l'esprit...) que j'aimerais faire découvrir à mon personnage et qui sont en lien direct avec la psychologie de celui-ci. De plus, il est impossible pour une sylphe de posséder un autre élément, alors j'ai choisi l'air. Aisling est une jeune sylphe qui a toujours vécu en hauteur, dans un village de sa race, où régnait l'entraide et le respect. La nymphe aérienne fit connaissance avec une préceptrice, Lyndia, archiviste, et seule bibliothécaire de la ville, qui devint une confidente durant toute sa vie dans l'arbre. Cependant, les mœurs d'Aisling différaient des autres sylphes. Sa soif de voyages l'a trahie lorsque, alors âgée de 60 ans, la fillette descendit de son arbre et se fit agresser par des braconniers, qui lui arrachèrent ses ailes atrophiées. Par la suite la sylphe fut surnommée la « Démunie » par ses congénères. Elle dut apprendre à remarcher, ré apprendre à vivre, même. Elle grandit, peu à peu, et aidait de plus en plus sa cité, notamment dans les domaines de la protection du climat et à la bibliothèque. Mais un jour, lorsqu'elle classait des ouvrages avec Lyndia, et qu'elle était très fortement énervée par sa propre maladresse, des violents coups de vents se sont levés. Le soir, en rentrant chez elle, la sylphe a réitéré l'expérience, et par une mauvaise manipulation, s'est soi-même étouffée. A son réveil, elle eut une longue discussion avec Lyndia, qui lui permit d'y voir plus clair. Elle était une manipulatrice de l'air et en avait un contrôle imparfait. C'était une élémentaliste, une Aera. A la fin de cet entretien, sa décision était prise ; elle se rendrait en Kalmastre chercher des informations concernant l'emplacement de la cité. Son départ bouleversa ses habitudes ; jamais la sylphe n'avait vu de foules ou d'hommes, ni d'autres personnes que ses congénères. Elle était seule désormais, et gagnait de jour en jour autonomie, indépendance et assurance. En accompagnant un convoi, la jeune femme atteignit Kalmastre, le Joyau du Nord. Là-bas, contre des services rendus à la ville, elle put loger dans une chambre et recevoir un enseignement, principalement en langues et diplomatie. Au bout de quelques temps, il est vrai qu'Aisling avait quelque peu oublié les raisons de sa présence ici, mais un événement fut là pour lui rappeler. Un soir, au cours d'une altercation avec un homme dans un salon, elle fit appel à son élément. Une femme, une nymphe des glaces, Aqua de surcroît, avait assisté à cette scène. Celle-ci lui a proposé de la conduire au plus près d'Elament. Elles firent donc la route ensemble, trouvèrent un bateau pour Thyr Makrozar en Magyar, marchèrent et l'accompagnatrice d'Aisling, qui refusait de dévoiler son nom, la laissa là, à quelques minutes des remparts. - Spoiler:
Mon histoire n'est ni bien compliquée, ni bien longue, en fait (même si j'avoue que 161 ans, ça commence à faire pas mal) ... Et puis, c'est moi qui raconte, pas vous, alors évitez de m'interrompre n'importe quand, même si je m'éloigne du sujet principal, d'accord ? Bon, maintenant que les choses sont claires, je peux me consacrer à moi-même. Je ne sais pas où je suis née exactement. Tout ce que je peux vous indiquer avec certitude, c'est qu'après ma naissance, tout au plus quelques jours après celle-ci, on m'a déposé au pied d'un arbre (d'un très vieil arbre en fait), au Luscannian, en sachant très bien qu'il était porteur d'une cité nymphique. La sylphe m'ayant engendrée avait laissé sur moi un papier comportant des indications telles que mon nom, son identité et celui de mon paternel. Ne prenez pas cet air surpris, moi aussi ça m'a impressionné sur le coup. Ça m'a paru assez invraisemblable qu'une nymphe attache autant d'importance à ce que sa descendance sache l'appellation de son père, d'autant plus si, en apparence, ça n'avait pas d'impact. Mais voilà, je m'appelais Aisling, Aisling Ungwe du côté maternel sylphe, Aisling Olosta du côté paternel Aasimar ; et j'étais bien plus Sylphe qu'Aasi-machin, pour l'instant. Comme vous le savez tous (bien évidemment), nous autres les sylphes vivions en grande majorité en hauteur. Nous habitons à la cime d'arbres centenaires, dans des complexes aériens bâtis depuis des temps immémoriaux (enfin, ça doit être un petit peu plus récent que ça). Des villes, voilà ce que c'était, des villes édifiées en harmonie avec les branchages, les ramures de nos chênes ancestraux. Toutes nos constructions étaient des monuments, des odes à la gloire de l'air, d'une architecture fine et réfléchie, majestueuse. Elles se mêlaient agréablement à la nature ; il y poussait vignes, lianes et lierre. Nous subvenions à nos propres besoins, avec nos propres cultures, nos propres sources, nos propres habitations. Nul peuple ne nous aidait. Nous vivions, tout simplement. Dans nos villes, que je vous souhaite de voir un jour (enfin non, pas d'intrus dans nos maisons), vous auriez trouvé des bibliothèques, des palais miniatures, des rues pavées, des observatoires, et des nymphes en abondance. Nous étions toutes des sylphes ici, toutes des femmes. Et à notre tête, il n'y avait nulle roi anarchique qui nous dirigeait d'une main de fer. Juste une reine, qui n'usurpait pas son titre, et qui avait plus le rôle d'une organisatrice des tâches et d'une mère pour nous tous toutes. Et nos citadelles flottaient, faisant partie intégrante de l'Arbre, qui jamais ne tremblait, ne rompait ou ne se tordait. Je pourrais passer la journée à citer les merveilles de nos cités ou en dresser un plan... Non, ça ne vous donnerait que des armes contre nous, et pas des étoiles dans les yeux comme je l'escompte. Bref, tout ça pour vous dire qu'au-dessus de vous vivait le peuple le plus raffiné qu'il puisse être. Lentement, j'ai grandi, entourée de la Nature, entourée du ciel, de l'air. On m'a inculqué des valeurs, un enseignement. On m'a injecté, comme une maladie, la lecture, l'écriture et la soif insatiable de savoir et de connaissances. J'ai pu bénéficier, à l'instar de toutes les sylphes, d'une formation au maniement des armes succincte qui ne m'a rien apporté de concret ; le combat en soi, ça me plaisait, mais à cet âge, je n'en voyais pas l'intérêt . Et puis, ça ne nous était pas adapté. C'était du global, du brut et du rugueux, et pas du cas-par-cas. Alors forcément, depuis le temps, je garde une dague sur moi, mais elle sert plus à me rassurer et à découper des aliments qu'autre chose. Lentement, j'ai grandi, entourée de sylphes extraordinaires. Les journées étaient calmes, et dans mon esprit, j'en garde un souvenir nimbé de rêve et de l’innocence de l'enfance. Je me levais, rejoignais une ou deux vieilles nymphes, nos préceptrices dans leur tâche, qu'elles me détaillaient. A l'observatoire, c'était la surveillance des nuages, du temps, et des vents. Dans les champs, c'était les cultures de saison, l'alimentation des végétaux et le maniement de certaines machines. A l'intérieur, dans nos écoles de fortune, rhétorique, savoir-vivre, écriture et lecture. Voilà à quoi je passais mes journées, petite. Lentement, j'ai grandi. Et le soir, autour d'un feu, nous nous réunissions toutes. Absolument toutes. Nous n'étions pas plus d'une centaine. Cent visages. Les minois de nous autres jeunes filles étaient joufflus, ceux des jeunes femmes étaient merveilleux, empreints de finesse, et les visages des vieillardes, solennels, et ridés, seulement aux coins des yeux lorsqu'elles souriaient. Les flammes nous éclairaient, nous étions pâles et brillantes. Nous étions toutes belles, gracieuses et pourvues d'ailes atrophiées mais duveteuses. Et le soir, les sylphes qui le voulaient pouvaient raconter une histoire. Ce n'étaient pas, dans la plupart des cas, que de simples contes, vous vous en doutez bien. Ils prenaient souvent une forme narrative mais c'étaient bel et bien des leçons. Des leçons masquées par les mésaventures du personnage principal, bien souvent une jeune sylphe qui négligeait la morale. Lentement, j'ai grandi, et je me suis liée à Lyndia. Âgée de 567 hivers, c'était la gardienne de nos quelques livres, et la sylphe dont je me sentais le plus proche. Je crois qu'elle m'appréciait pour mes facultés d'apprentissage, pour ma soif de culture et peut-être aussi mon irréalisable envie de voyages. Lentement, j'ai grandi, mais peut-être un peu plus rapidement que les autres. Je venais d'avoir 60 ans très exactement. J'étais une toute jeune nymphe. Une toute jeune nymphe qui venait d'échapper à la surveillance des vieilles sylphes. Par un escalier qui prenait forme à l’intérieur du tronc, je suis descendue de l'arbre. Pourquoi ? M'auriez-vous certainement demandé, si je ne vous avais pas dit de ne pas parler. Plus haut, j'ai mentionné mon insatiable envie de voyages. Cela faisait soixante ans que je vivais dans la même cité, et même si, après réflexion, c'était le plus merveilleux lieu du monde, je ne pouvais m'empêcher de vouloir voir le sol de mes propres yeux. On nous interdisait formellement de descendre, mais l'impétuosité de mon enfance a pris le dessus. Mes souvenirs du moment sont flous. Je me souviens pourtant avoir posé mes pieds sur le sol, avoir pris une grande inspiration et senti ma tête me tourner. J'ai fait quelques pas, étourdie, dépassé les racines de l'arbre gigantesque, repris ma respiration. Je suis restée là quelques minutes et j'ai marché encore. Pieds nus, je sentais les rugosités de l'humus, je sentais l'odeur de l'écorce. Je me sentais neuve, vous voyez, et à aucun instant je n'ai douté de la légitimité de mon geste. Je me suis effondrée quand on m'a arraché l'aile gauche, sous le coup de la douleur. A mon réveil, j'étais allongée sur le ventre, et une douleur insurmontable irradiait dans tout mon dos, dans tout mon être même. Je sentais des bandages m'entourer le buste en entier, et même mes poignets. Sous la douleur, j'ai une nouvelle fois failli sombrer, laissant échapper un gémissement. Des exclamations étouffées ce sont faites entendre, des pas qui s'approchaient. Je n'ai rien vu, juste entendu. C'était une voix familière, Lyndia. - Aisling, n'aie pas peur. Des... Personnes peu fréquentables et visiblement mal intentionnés t'ont... A ce moment là, je l'ai entendue se tordre les mains, comme elle faisait souvent, et des soupirs découragés derrière elle. - Ces personnes t'ont arraché les ailes. La tête m'a tourné une fois encore. Je me disais aussi qu'il me manquait quelque chose. A ce moment là, j'ai pleuré. Vous savez, ça me fait beaucoup de mal de vous le dire, même si j'avais seulement 60 ans. Parce que j'avais fait une erreur, et c'est sûrement la pire que j'avais jamais faite. A cause de ça, j'avais à jamais perdu ce qui me reliait aux sylphes, j'avais à jamais perdu mon appartenance au monde aérien (ou du moins le croyais-je à l'époque). Et vous savez, quand on a 60 ans, c'est la pire chose qui puisse vous arriver que de devenir différent de tout vos congénères, brutalement, du jour au lendemain, et d'attirer sur vous autant de regards horrifiés que de pitié. La convalescence fut longue, d'autant plus longue que la perte de mes ailes a occasionné chez moi une perte de l'équilibre. Je m'explique. J'étais petite, mais mes ailes, bien qu'atrophiées, étaient quand même assez lourdes et conséquentes. L'équilibre et la marche des sylphes est différente car elles s'adaptent à ce poids, en se déportant légèrement en avant par exemple. Heureusement, cela fut plus facile pour moi de m’adapter grâce à l'aide de sylphes plus expérimentées, qui avaient à faire avec un cas unique en son genre. Psychologiquement, j'allais plutôt bien, mieux que d'autres qui auraient pu être à ma place ! Les six premiers mois, j'attirais les regards, où se mêlaient horreur et pitié. J'ai dû m'habituer à demander si j'avais du sang qui coulait dans le dos, avant que cela ne cicatrise. Au fur et à mesure, le temps passant, j'ai pris de nouvelles habitudes, j'étais une nouvelle espèce de sylphe : la sylphe démunie. C'était comme cela qu'on me surnommait d'ailleurs, « la Démunie », car, selon les autres, j'étais devenue pauvre à jamais, pauvre de mes ailes. Pas besoin de vous dire que c'était faux bien sûr, même si vous savez, c'est le genre de douleurs, qui, rien que d'y penser, reviennent aussitôt. J'ai grandi, encore, m'adaptant un peu plus à ma nouvelle condition, oubliant la sensation de mes ailes, savourant chaque instant plus que les précédents, savourant même l'agréable routine qui s'installait. J'ai grandi, et quand j'eus 100 ans, le souvenir du retrait de mes ailes a suscité chez moi un trouble d'ordre plus existentiel, et des questions que tout le monde s'était déjà posé. Pourquoi moi ? Que voulaient-ils faire ? Depuis combien de temps attendaient-ils ? Très certainement, ce devaient être des sortes de braconniers qui, non content de trouver une volaille à plumes bigarrées, ont préféré s'intéresser à un enfant des divinités. Mes ailes doivent très certainement se trouver dans le salon d'un riche homme en guise de trophée, à l'heure qu'il est. J'en soupire encore. Désormais, j'aidais la cité, j'aidais les sylphes dans leur tâche, après les avoir observées pendant des décennies. Je passais le plus clair de mon temps avec Lyndia, il est vrai, à l'intérieur de sa fraîche bibliothèque, mais je m'acquittais aussi de mon devoir de protection du climat, de l'air et des vents, à l'observatoire. Ce dernier était le deuxième endroit que j'affectionnais le plus au monde : de là-haut, je pouvais voir l'entière sylve, comme un océan de verdure et d'arbres ancestraux, qui sous les vents, formaient des vagues colossales. Je grandissais toujours plus, les rondeurs de mon minois disparaissant au fil des ans, laissant place au visage d'une femme, ou d'une adolescente plutôt. Les nymphes ont du mal à situer cette période de la vie. Certes, l'adolescence est le passage de l'enfance à la féminité, et de celle-ci résulte un changement physique plus qu'évident ; et dans notre micro-société nymphique, à une hausse des tâches et des responsabilités. Mais peut-on vraiment appeler une jeune femme sylphe une adolescente ? Ne serait-ce pas la rabaisser, lui dire implicitement que nous ne la trouvons pas parfaitement adulte ? Ah, ça, c'est bien une tradition des gens d'en bas ; nous autres nymphes aériennes sommes un tant soit peu raffinées. Une « adolescente » est une femme, un point c'est tout. Désormais, j'avais 155 printemps. Je m'acquittais comme toute nymphe de mes tâches, de mon rôle. J'alternais principalement entre la protection du climat et le classement des livres de la bibliothèque de Lyndia où régnait l'anarchie (et c'est un euphémisme). Par la même occasion, j'ai pris conscience du monde, du temps et de l'espace. Je savais nous situer sur une carte, j'avais une connaissance théorique des autres races et connaissais les villes principales de chaque continent ainsi que leurs spécificités. J'avais gagné en sagesse, après l'épisode sanglant de mes 60 ans notamment. J'étais plus calme, j'avais acquis un peu plus de réflexion (un peu plus de réflexion que les autres nymphes de mon âge, surtout). Tout le monde me connaissait, tout comme je connaissais tout le monde. Un soir, à la veillée près du feu, j'ai pris la parole. J'ai conté une histoire. Cela faisait longtemps que j'y songeais, et j'en avais parlé à Lyndia. Je voulais faire partager aux jeunes nymphes, futures actrices de la citadelle, mon expérience. Je leur ai alors raconté l'histoire d'une jeune sylphe, impulsive, qui n'écoutait personne. Celle-ci, bien sûr, a désobéi à l'ordre des vieilles nymphes de ne pas descendre de son arbre, et elle en est descendue. La petite nymphe s'est aventurée loin dans la sylve, s'est perdue, et des monstres sortis tout droit de ses cauchemars les plus sombres l'attaquèrent, lui dévorant les ailes. Ses préceptrices la retrouvèrent, quelques jours plus tard, dans un état pitoyable, ensanglantée. Une petite adaptation de mon histoire, si vous voyez ce que je veux dire. De mon invention, bien entendu. Les petites avaient été très effrayées, il me semblait au moins qu'elles avaient compris la morale. Pas difficile, en même temps. Enfin, pas difficile pour moi. Quand la saison des moissons pris fin, il se passa quelque chose. Enfin quelque chose... C'est peu dire. C'était un après-midi, et comme à mon habitude, je rangeais les livres à la bibliothèque de la citadelle, celle de Lyndia. Elle n'était pas loin, compulsant dans le registre chaque ouvrage que je classais. Ce jour-là, je ne cessais de faire tomber tout ce qui me tombait sous la main, et cela m'exaspérait. Une légère brise commençait à souffler, étrange, sachant qu'il n'y avait aucune ouverture apparente dans la vaste salle, et qu'elle était toutefois bien isolée. Après la énième chute d'un livre, je bouillonnais intérieurement. La brise est devenu un violent courant d'air. Mes mains tremblaient. Un autre faux-mouvement, et ce sont trois ouvrages qui s'écrasèrent lamentablement sur les dalles froides. Raaah... Et c'était sans oublier tout ces idiots et leurs multiples interrogations sans importance qui... Sans que je ne m'en rende compte le courant d'air s'était fait rafale, rafale agitant ma longue chevelure pâle et désordonnée. J'ai pris une intense respiration, bien plus longue que les précédentes, et j'ai ramassé les bouquins étalés au sol. Je me suis calmée, et il m'a semblé que la tempête qui secouait la pièce une seconde plus tôt en avait fait de même. Le reste de l'après-midi s'est déroulé sans difficultés. Le soir, en rentrant, le petit incident de la journée m'est revenu en mémoire. J'ai ouvert la porte de mon chez moi, qui surplombait une ruelle fréquentée. J'étais en pleine réflexion. A première vue, il n'avait pas lieu de s'alarmer. J'ai décidé de réitérer l'expérience pour en avoir cependant le cœur net. Je me suis assise sur mon lit, fermé les yeux et me suis concentrée. Je ne savais pas au juste ce que c'était, ni ce que j'avais essayé de faire en ce moment là... Mais une chose est sûre, j'en ai le souvenir très ferme ; un vent violent s'est engouffré dans la pièce, hors de contrôle, en ouvrant la fenêtre et renversant tous les objets présents dans la pièce. Ce courant d'air s'alimentait de plus en plus, devenait de plus en plus... Imposant, même si invisible. Il me semblait qu'il prenait consistance dans mon esprit, quand, au même moment, l'oxygène s'éloignait de moi... Du moins, c'est l'option la plus vraisemblable, sinon, je n'aurais pas suffoqué et perdu connaissance. A mon réveil, le lendemain, j'étais sagement allongée dans mon lit. Quand j'ai ouvert les yeux, deux femmes se trouvaient à mon chevet. Parmi elles, Lyndia, et une sylphe savante en matière de plantes médicinales, et même plus encore, en guérison, car c'était elle qui m'avait accompagnée lors de ma rééducation. Son nom était Zéphyra. Celle-ci... Rangeait. En effet, Zéphyra rangeait les affaires renversées la veille au soir. En regardant le soleil, j'ai vu qu'il était à son zénith. Lyndia, compatissante, m'a tendue une tasse légèrement ébréchée contenant un liquide transparent teinté de verdâtre. - Bois. Vite. C'est une infusion préparée par Zéphyra. Sous le ton impérieux de Lyndia, je me suis assise sur le bord de mon lit, pris le récipient au creux de mes deux mains et l'ai porté à mes lèvres. Ce n'était ni vraiment bon ni vraiment mauvais. Le breuvage était légèrement sucré, avec un petit arrière goût amer, de plantes et d'herbes, très certainement. Ma préceptrice a repris : - Tu comprends qu'avec ce qui s'est passé, je ne pouvais pas laisser débarquer 15 infirmières ici. Il faut qu'on en parle d'ailleurs. Ça ne m'avait pas alerté hier, mais maintenant... J'ai relevé la tête vers elle, acquiescé d'un léger mouvement. Ah ça, pour en parler, il fallait qu'on en parle. Ça ne m'étonnait pas que Lyndia ait remarqué l'incident à la bibliothèque, la veille ; c'était une femme des plus observatrices. Je l'imaginais, derrière son bureau, à me scruter derrière sa frange alors que j'étais en proie à un délire on ne peut plus singulier. Zéphyra s'affairait toujours dans ma chambre, et la tasse dans mes mains me réchauffait. J'ai pris la parole : - Lyndia, je ne sais pas ce que c'est. J'ai l'impression de devenir folle. Hier soir, j'ai... un courant d'air s'est engouffré ici, comme sous mon ordre silencieux, vois-tu, et... - Oui, je l'entends bien. Et je sais ce que c'est. A ce moment là, j'étais tout aussi soulagée que stupéfaite. - Ils sont des légendes qu'on ne conte plus tant elles sont anciennes et éprouvées. Des mythes qui parlent d'enfants des Dieux, de personnes extraordinaires, dotées d'un contrôle sur les éléments. - Hum... Ah oui, comme l'époque où des battues étaient organisées pour chasser des soi-disant sorciers ! - Soi-disant... Il faudrait que tu t'y fasses, car jusqu'à preuve du contraire, pour moi, tu fais partie des leurs, des élémentalistes. Ce jour-là, je suis allée de surprises en surprises. Lyndia, après plusieurs avertissements, m'a annoncé qu'il existerait une cité, en Magyar, où habiteraient des personnes comme moi. Des personnes spéciales. Des élémentalistes, comme elle disait. Au début, elle s'était faite hésitante avec moi, choisissait posément ses mots, puis m'a annoncé de but en blanc, à la fin de notre conversation, que plus jeune, une de ses amies possédait un don semblable et qu'elle s'en est allée à Elament. Elament, berceau des éléments, lieu d'apprentissages pour jeunes gens perdus comme moi. La saison qui suivit, j'ai provoqué une myriade de catastrophes. Une fois, j'ai inconsciemment éjecté tous les livres d'une étagère à la bibliothèque. Ensuite, lorsqu'une jeune nymphe est venue m'importuner avec ses questions, un courant d'air a fait claquer la porte. Et ce ne sont que des exemples. Lyndia et moi nous eûmes par la suite de nombreuses discussions au sujet d'Elament. Et celles-ci m'ont conforté dans mon choix : je me devais de partir avant de nous mettre en danger, les autres et moi. Au cours de mes lectures, il était apparu que Kalmastre accueillait de temps à autres des Elamentiens. Ce serait ma première destination. Alors, le jour de mes 156 ans, j'ai sollicité une audience avec la Reine de notre cité. J'ai monté les marches du Palais, me suis engouffrée dans la salle du trône, pour mon audience avec notre mère à toutes. Celle-ci était vaste, très haute, pourvue de fenêtres et de tentures majestueuses, argentés. Tout au bout, sur un siège finement ouvragée, ne siégeait personne. La Reine, Makalia, se tenait quelques pas devant, vêtue d'une longue tunique gris perle, des parchemins dans les mains, parlant sûrement avec une de ses conseillères. Sa Majesté, congédiant son accompagnatrice, a posé sur moi un regard sybillin, savant. Sa coiffure était complexe, ses cheveux d'un blond pâle pris dans un tressage ingénieux ; et je me souviendrai toujours de sa beauté, fugitive, comme le vent dans les feuillages, comme une question silencieuse qui ne serait jamais énoncée. - J'ai sollicité une audience pour vous parler de mon départ précipité. Sagement, elle a acquiescé et est allée s'asseoir sur son trône. D'un geste de la main, et d'un sourire, m'a encouragé à continuer. Sa voix était mélodieuse, et doucement aiguë. - Tu peux y aller, Aisling. Ne vous étonnez pas, elle connaissait tous nos prénoms. - Comme vous l'avez sûrement su par l'intermédiaire de Lyndia, je détiens un Don sur l'Air apparemment très rare. Je serais donc ce que les initiés appellent communément une Aera, ou Aéromancienne. A ce moment, le vent s'est levé, soufflant légèrement dans une direction aléatoire. N'importe quel élémentaliste un minimum expérimenté aurait remarqué mon absence totale de maîtrise, mais la souveraine n'y a vu que du feu, et n'a pas paru effrayée le moins du monde. Je m'étais entraînée avec dévotion pendant plusieurs décades pour parvenir à ce résultat. - J'ai donc décidé de mettre à profit ce Don en me rendant dans une cité millénaire dont vous avez peut-être entendu parler, son nom est Elament. Malheureusement, les informations manquent sur son emplacement, mais pour ça, je me débrouillerai par moi-même. La reine m'a demandé mon âge. - 156 ans, votre Majesté. Aujourd'hui même. Elle n'a étouffé aucune exclamation de surprise (ce qui m'a rempli de satisfaction) et sans plus de tergiversions, m'a donné mon autorisation de sortie. Les jours suivants, je les ai consacrés à la préparation de mon périple. Les sylphes m'ont donné des cartes en tout genre, des livres et boussoles, des vivres, sans oublier toutes sortes de vêtements. Le tout, rentrait tout juste dans mon sac de cuir en bandoulière ; celui-ci devenant, par conséquent, un peu lourd. Mentalement, aussi, Il m'a fallu dire adieu à Lyndia, qui m'a fait cadeau d'une magnifique dague, et je suis partie. A mon départ, on m'a remis la notice qui avait été déposée avec moi à ma naissance. Celle avec les mots de ma mère. Quelques mots sûrement écrits à la hâte mais avec une calligraphie exemplaire. « Aisling Mère : Katara Ungwe, sylphe Père : Idriss Olosta, Aasimar issu d'Aera » J'ai descendu l'arbre, comme dans mon souvenir. Toujours pieds nus, j'ai dépassé les racines immenses de mon Arbre ancestral. Je sentais les rugosités de l'humus, je sentais l'odeur de l'écorce. Je me sentais neuve, vous voyez, et à aucun instant je n'ai douté de la légitimité de mon geste. Pourtant, ne croyez pas que c'eut été facile : je me sentis seule, je me sentis démunie, perdue, mais je ne pouvais pas retourner en arrière. J'ai marché, marché jusqu'à Luxania. Il m'a fallu un laps d’adaptation conséquent. L'altitude n'était plus la même, alors tout en était modifié ! La marche, la respiration... De plus, jamais je n'avais vu d'individus de sexe masculin, ni autant de monde réuni. Au début, j'évitais les foules, car elles me donnaient la nausée, puis après quelques temps, les effets secondaires ont disparu. Ce fut une expérience forte de nouvelles sensations. J'ai pu mettre en application toutes mes connaissances sur les diverses races, sur les infrastructures des cités, j'ai acquis en maturité, en indépendance, en autonomie. J'ai appris à vivre dans la solitude, j'ai appris à vivre dans la foule, j'ai appris autant en quelques mois que je n'avais jamais appris jusqu'à présent. Mais surtout, j'ai gagné en assurance. Du haut de mes 156 ans, il me le fallait bien, surtout face à la psychologie étrange des habitants de ce monde et aux divergences de nos coutumes, ainsi qu'aux dissensions de nos comportements. J'ai dû négocier, afin de monter sur un bateau qui se poursuivrait en un convoi jusqu'à Kalmastre. Grâce à quelques pièces fournis par les sylphes, et un peu de diplomatie, ce fut chose facile. Maintenant que j'y repense, je me demande comment j'ai pu y parvenir, tant j'étais raffinée parmi les brutes. Voilà comment, après avoir affronté vents et marées, steppes et blizzards, je suis arrivée à Kalmastre, le Joyau du Nord, sous le nom d'Aisling Olosta. J'étais bien plus Aasimar que Sylphe, à cet instant. De mon arrivée à Kalmastre a résulté tout un tas de merveilles et de difficultés. Au début, j'étais démunie, je n'avais pas de biens de réelle valeur. Mais le système de la cité étant réellement réfléchi, j'ai pu, en échange de nombreux services rendus à la ville tels que le travail dans les quelques cultures et chantiers ou une aide aux archivistes, obtenir une chambre de fortune et un enseignement décent. Par enseignement décent j'entends, une éducation basique ayant pour but d'étoffer ma culture du monde et dans de nombreux domaines tels que la stratégie, les langues et la diplomatie. Ce fut réellement enrichissant et je me suis révélée réellement douée en apprentissage (ce dont je ne suis pas peu fière) tout en assouvissant ma soif de savoir. A l'inverse, j'ai rapidement souffert de claustrophobie, sous le dôme. A un moment donné, je ne pus me retenir, je suis remontée à la surface, profiter de l'air frais (même gelé), sentir le vent, et au besoin, m'entraîner à contrôler mon pouvoir. Ces entraînements étaient rarement fructueux mais ils me permettaient de ne pas perdre cette complicité naissante avec mon élément. Ainsi, toutes les semaines pendant trois ans, durant une relève de la garde, je remontais là-haut, car malgré la magnificence du Joyau du Nord (presque aussi magnifique qu'une cité sylphe), il me semblait suffoquer au delà de ce laps de temps. Il y avait de nombreuses races représentées, et heureusement pour moi, beaucoup de nymphes. J'ai même croisé une sylphe une fois, et ce fut une réelle bouffée d'air frais. Je préférais agir avec des consœurs, vous comprenez : elles sont plus dignes de confiance, car elles sont des protectrices de la nature et enfants des divinités, tout comme moi. J'ai aussi rencontré des Aasimars, pour la première fois. Ces êtres semblaient sages, forts. Affiliés à un dieu le plus souvent, ils en présentaient des caractéristiques, et je ne pus m'imaginer que peut-être parmi l'un d'eux, se trouvait mon père. Leur sang coule dans mes veines, et bien qu'en apparence je sois sylphe, je suis bien plus profondément atteinte de la malédiction d'Aera dans mon esprit. Ce n'est pas pour rien que le savoir m'attire, tout comme les plumes, et l'art. Après trois ans, mon enseignement était loin d'être assez approfondi à mon goût, même si il m'aurait presque permis de monnayer mes services. Quelque chose m'a forcé la main pour mon départ, vous vous en doutez bien. C'était un soir, où je m'étais rendue dans un salon de thé avec une amie. C'était un établissement que j’affectionnais, décoré de tentures colorées et où régnait une ambiance apaisante, une odeur toujours humide flottant dans l'air. Par mégarde ou volontairement (je pencherais plutôt vers la seconde option), un homme m'a bousculé, ce qui m'a rendue furieuse, et un vent, tout aussi violent que moi à ce moment a parcouru la fenêtre, ouvrant la moitié des fenêtres de la salle. Je me suis vaguement querellée avec l'homme en question, notamment sur la notion de respect qui semblait inexistante chez lui, puis nous nous sommes tous deux rassis à nos places. Quand je suis sortie, j'ai salué l'amie qui m'accompagnait. Une femme vraisemblablement, encapuchonnée, m'a prise à part. C'était une nymphe des glaces. Elle m'a expliqué qu'elle était une Aqua, une élémentaliste qui manipulait l'eau sous toutes ses formes, et en guise de preuve, m'a fait une petite démonstration. D'incrédule, je suis passée à dévouée et respectueuse. Inutile de mentionner que j'avais été impressionnée par ses talents. La nymphe, qui a refusé de me dire comment elle s'appelait, m'a proposé de m'accompagner jusqu'à Elament. Autant dire que je n'ai pas refusé, acceptant même avec joie. Nous nous étions données rendez-vous le lendemain. Pour faciliter l'énonciation de mon histoire, nous la nommerons Helena. Donc, je disais, Helena m'avait donné rendez-vous le lendemain. J'avais tout juste eu le temps de prévenir mes professeurs de mon départ précipité, ainsi que les personnes que j'aidais aux champs, et rassembler mes affaires. Ma vie prenait, une nouvelle fois, un nouveau tournant. J'étais soulagée de reléguer la responsabilité du voyage à quelqu'un d'autre, et d'être en compagnie d'une personne que je pouvais sans problème considérer comme une consœur. En plusieurs semaines, nous avons voyagé jusqu'à la côte, non pas seules, mais en suivant des jeunes gens avides de monnayer leurs connaissances. Nous fûmes plusieurs à rejoindre un navire qui allait en direction de Thyr Makrozar, transportant des médicaments et quelques matériaux de construction. Une fois arrivées dans cette ville, plusieurs semaines après, nous nous sommes ravitaillées, et installées en périphérie du lieu. Nous avions fait un petit feu, et Helena m'avait demandé, lors de sa confection, de faire souffler un peu de vent dessus. Au début, je n'y suis pas parvenue mais grâce à ses indications, j'ai ravivé les flammes mourantes. Après le repas, mon accompagnatrice a pris la parole. - Quand nous nous rapprocherons d'Elament, tu seras priée de ne plus utiliser ton élément. Un miasme infecte la région, faisant chaque sort se retourner contre son propriétaire, ou en tout cas, ne produisant pas l'effet escompté. Ah ! Et aussi. Ne t'étonne pas, la cité est moins majestueuse qu'on raconte. Actuellement, en tout cas. Doucement, j'ai acquiescé. Le jour et la semaine qui suivirent, nous avons repris la route. Nous marchions sur les sentiers, à un rythme soutenu, et nous parlions peu. Du moins la journée. Le soir, nous ne faisions plus de feu, ou alors nous prenions un bois produisant le moins de fumée possible, afin d'éviter qu'on ne nous repère. A l'heure du repas néanmoins, nous discutions d'Elament, des gens, et de nos Dons respectifs. Elle m'expliquait que le contrôle d'un élément modifiait la perception des choses, modifiait la perception du monde. Je ne pouvais que confirmer ses dires ; je n'en étais qu'aux prémices de mon apprentissage et pourtant, je me sentais plus assurée, plus forte (alors qu'un démon surgissant hors des fourrés à cet instant aurait pu m'égorger facilement). Un soir, Helena m'a annoncé que nous n'étions plus qu'à quelques minutes d'Elament. En silence, cette fois, nous avons mangé des aliments séchés et des fruits secs, ainsi que quelques racines comestibles. Le matin, à mon réveil, elle n'était plus là, ni elle, ni ses affaires. J'ai lu le mot qu'elle avait laissé et sans plus attendre, je me suis dirigée vers mon futur logis, Elament.
Quelqu'un croisant l'Aera dans la rue lui trouverait un air secret, celui d'une jeune femme (très jeune femme), sage et savante, tout en étant un brin rêveuse. Aisling, sur de nombreux points, est à l'image de son élément : changeante, versatile, instable, à l'aspect fragile mais ayant une réelle force. La nymphe possède une multitude de facettes (issues de son ascendance Aasimar, Sylphe ou de par son Don sur l'Air) qu'il est important de détailler. Imaginez-vous une toile, composée de dizaines de couleurs différentes, qui forment un tout. Et bien, Aisling est cette œuvre ; si on lui retire une teinte, on lui arrache son harmonie, on la dénature. Aisling est une nymphe aérienne. Mais la sylphe est réellement difficile à cerner : à un moment donné, calme, elle peut facilement et d'une seconde à l'autre sombrer dans une rage profonde, comme le vent peut se muer en tempête. C'est d'ailleurs une des principales caractéristiques de la nymphe : impulsive, celle-ci peut très bien s’énerver pour peu si on critique quelque chose à laquelle elle s'attache, qui la blesse ou la touche. En général, ça n'avait pas lieu d'être avec les sylphes, celles-ci étant d'une rare douceur dans leur propos ; mais elle considère toutes les autres races comme des brutes, alors Aisling n'hésitera pas à vous faire remarquer, subtilement, vos erreurs si vous en faites. L'Aera demeure, comme toutes ses consœurs, une éternelle rêveuse, observatrice chevronnée des cieux. Car on apprend aux Sylphes, très jeunes, quel est leur rôle : protéger la nature, ou plus précisément, veiller sur les airs et les vents. Les nymphes s'acquittent de cette tâche, en général, à cœur joie et avec dévouement : après tout, n'ont-elles pas été créées à cette finalité ? Aisling est de cet avis : « La protection du territoire prime sur la vie : le sacrifice est parfois nécessaire pour retrouver un équilibre perdu », dit-elle. Sentir les courants, scruter, observer l'aube, le crépuscule et le firmament fait partie intégrante de son quotidien. De par sa race, son lieu d'origine, Aisling a pris de nombreuses caractéristiques spécifiques : ayant toujours vécu parmi les sylphes, elle possède une légère tendance à la xénophobie, mais étonnamment, pas à la misandrie (haine et peur des hommes). Cependant, à l'inverse de ses sœurs, l'Aera est avide de voyages et de découvertes, ce qui lui a d'ores et déjà causé du tort. Mais la jeune femme s'en moque : ce qu'elle y gagne est bien plus précieux que tout le reste. L'innovation, les trouvailles, l'initiation donnent accès au savoir : et de savoir, Aisling en est insatiable. Les bibliothèques sont ses temples, et les livres, des écrits des Dieux sur le monde, des portes sur la connaissance. Car la nymphe le sait : le savoir est illimité, et encore... Nous savons peu de choses. Ainsi, Aisling est guidée par cette doctrine prometteuse, qui, couplée à sa faculté d'apprentissage rapide, lui permettra certainement de faire des miracles. Autre fait marquant, la nymphe réfléchit toujours trop, a toujours trop tendance à vouloir planifier à la seconde près toutes ses actions et ses paroles, détestant, voire méprisant l'imprévu. De la même manière, dans la liste de ses défauts, on trouvera tout en haut, fierté et orgueil. Aisling a une haute opinion d'elle-même, elle se sent toujours capable de tout faire, et ce, mieux que les autres (mais bien sûr, elle ne vous le dirait pour rien au monde). Par extension, elle sera peu indulgente envers ceux qui échouent, ou ceux qui essuient un échec, et cela est valable autant pour elle-même que pour les autres. Aussi, la sylphe se montre bornée, avoir tort ne se trouve pas dans son vocabulaire, ou du moins, pas en parlant d'elle-même. Pour vous croire, si vous êtes un simple gentilhomme, elle aura besoin de multiples preuves, et ce faisant, peut-être aurez-vous sa reconnaissance. Mais peut-être vous évincera-t-elle seulement grâce à son sens de la diplomatie et sa rhétorique toute neuve. Aisling est une nymphe, qui, par ses quelques voyages et ses recherches intensives, a acquis une culture du monde assez vaste, une culture cependant qui manque d'expérience ; comme une carte, pleine de couleurs, mais à laquelle il manque encore du relief. Si vous croyez, alors, à tort qu'elle n'est ni mature, ni préparée à affronter la vie, il vous suffit de la regarder. Son expression n'affiche pas les rêves qu'elle abrite, son expression est figée, sérieuse, magnétique. Quand on lui parle, donc, elle est une oreille attentive. Ce qui peut paraître agréable, et il faut le savoir ; la nymphe est d'une écoute posée. Cela ne signifie pas systématiquement qu'elle comprend ce que vous lui dites (même si, la plupart du temps, c'est le cas) : mais c'est déjà un bon début, non ? Si vous arrivez néanmoins à piquer sa curiosité, vous verrez apparaître dans ses yeux l'Etincelle, et sa voix se fera calme et profonde, traduisant son admiration et sa curiosité. Quand je vous avais dit qu'elle avait pleins de facettes, celle-là ! Tout l'être d'Aisling n'est qu'un camaïeu de couleurs pâles ; il se dégage d'elle une aura magnétique de beauté et de légèreté qui semble être le propre des nymphes aériennes. L'une des choses que l'on peut remarquer chez Aisling est qu'elle manque de hauteur, atteignant à peine le mètre 60. Il en a toujours été ainsi ; petite de nature, la nymphe ne s'en est jamais plainte. Ironique, quand on y pense, pour une personne dont l'aspiration est de s'élever vers les cieux... Aisling, c'est un corps dont les formes à peine ébauchées oscillent entre la femme et l'enfant, dont la finesse hésite entre la douceur et la force des éléments. Son âge n'empêche pas sa beauté : les airs et les vents ont taillé son corps comme on taillerait le cristal, le diamant ou l'améthyste. Ils l'ont creusée, affinée, sublimée sans rien lui enlever de sa prestance, de ses courbes et traits brutes et sauvages : une beauté farouche qui n'est pourtant pas l'apanage des sylphes en général. Aucun muscles ne vient troubler l'harmonie des lignes du corps. L'Aera ne possède pas la force de soulever de lourdes charges, et elle est de surcroît dotée d' une résistance et d'une endurance exécrables mais compense ces désagréments par sa souplesse et son agilité plutôt développées, qui lui permettent de se mouvoir avec aisance, de grimper aux arbres et d'effectuer des figures en tout genre. La peau est blanche, non pas d'un blanc si pur que la neige paraît terne en comparaison, non : c'est un blanc qui teinte la peau de nacre, de reflets vivants, couleur de chair. Le milieu de son dos est barré d'une ligne nacrée, stigmate placé là où aurait dû être ses ailes. Leur absence résulte d'un malencontreux incident survenu lors de l'enfance de la nymphe. Que peut-on dire de la chevelure d'Aisling ? On pourrait la comparer à un drapeau, toujours à onduler sur l'air comme les vagues ondoient sur l'eau. D' innombrables fils blancs, peut-être légèrement argentés, se massent en une épaisse crinière, désordonnée, en bataille, qui demeure très longue, arrivant jusqu'au creux des reins de la nymphe. Parfois tressés, piqués de plumes ou perles, ses cheveux restent cependant le plus souvent totalement détachés, se confondant alors dans les mouvements du zéphyr. Les traits de son visage sont fins, mais dégagent une expression indomptée, comme si l'air l'avait faite à son image : magnifique, parfois douce et fragile, mais toujours libre. Sur ce joli minois peut s'afficher une moue sérieuse, intéressée ou parfois rêveuse, mais jamais dure : Aisling ne connaît pas la brutalité des gestes et du verbe, ou du moins ne l'applique pas, ou pas encore. Sous un front large d'albâtre, deux yeux, deux iris luisant dans la semi-pénombre, que n'importe qui considérerait comme sublimes. Comme si un fragment de la voûte céleste avait été arraché pour orner un regard, le teintant d'irréalité. La couleur est celle du ciel à l'aurore, ou au crépuscule : deux prunelles qui rassemblent toutes les nuances de violet possibles, la lumière les sublimant. Aisling a ce genre de regard onirique et intelligent qui semble voir au-delà de l'âme, comme détaillant votre vie, en un seul coup d’œil. Des pommettes étonnamment hautes soulignent ces deux joyaux de mauve et d'indigo, donnant au visage un peu plus de dureté et de sauvagerie, qui semblerait plus appropriée sur une amazone ou même une cristalléenne. Sous un nez aquilin, une bouche rieuse peu charnue mais parfaitement dessinée, ne troublant pas les lignes triangulaires des joues et du menton de la jeune femme. Le reste de son corps suit aussi cette idée. Sa corpulence est celle d'une adolescente entrain de devenir femme : une poitrine menue, une ébauche de hanches, une taille fine, des épaules étroites, en bref, des formes naissantes. En revanche, tous ses membres sont gracieux et graciles jusqu'au bout des ongles. Ses mains par exemple, ne semblent guère faites pour la manipulation des armes, pais paraîtraient plus adaptées dans un cadre intellectuel, voire magique.. Notre regard peut aussi être attiré par ses pieds, élément généralement occulté car disgracieux. Chez Aisling, en revanche, ses pieds sont aussi fins que ses mains, mais ont acquis la dureté de longues et récentes escapades forestières. Même la démarche d'Aisling a subi l'influence de son ascendance aérienne : sa manière de déambuler est éthérée, évanescente, souple et légère, mais pas féline, étonnamment, plutôt empreinte du magnétisme qui semble nimber entièrement la nymphe, comme si ses pieds ne touchaient pas terre. Ses mouvements sont amples, teintés de grâce, comme ils peuvent l'être dans l'eau, mais le sont dans l'air, ses membres semblant à la fois se fondre et lutter contre la matière... Elle a un port qui peut sembler altier, mais il n'en est rien ; le port de tête est juste haut, digne, et peut prendre des airs sacrés parfois quand l'Aera se prend d'un élan théâtral. Souvent, une expression tout ce qu'il y a de plus neutre est peinte sur le visage d'Aisling, mais à quelques occasions, les traits prennent un masque de solennité et de millénaire réflexion. La nymphe est nimbée d'une aura de mysticité, sûrement due à sa race. Aisling n'attache que peu d'importance aux possessions matérielles, sauf aux vêtements. Elle considère ceux-ci comme un miroir de l'âme, un gage de notre condition, de notre tenue, et donc, un objet qui peut-être dupeur, trompeur mais tout aussi bien révélateur, bien que sa principale utilité étant de couvrir ou d'embellir. La sylphe se vêt d'atours, souvent courts, dont elle exige seulement qu'ils lui permettent l'amplitude des gestes. Les étoffes qu'elle utilise sont dans des tons neutres, comme le noir, le gris ou l'argent, mais peuvent être brodés ou un peu colorés : la fantaisie n'a jamais effrayé Aisling, même si ce n'est pas sa préférence. La nymphe marche toujours pieds nus : elle ne voit seulement pas l’intérêt d'enfermer cette partie du corps, en contact permanent avec le sol. Vous l'aurez compris ; Aisling est une adolescente, mais c'est aussi la fille de l'air dont elle est l'avatar, la gardienne et la représentante. Aisling est à la limite de la xénophobie : elle n'a pas peur des autres races, mais s'en méfie toujours dans un premier temps. Elle refusera toujours, au début, l'aide d'une personne qui n'est pas une nymphe. Ce n'est pas difficile à comprendre : depuis son plus jeune âge, elle n'a vécu qu'avec des représentants de sa race. Mais depuis son arrivée à Elament, toute récente, elle commence à voir les choses différemment. Aisling craint les espaces clos et étriqués, où l'air ne circule pas librement. Elle se rapproche d'une claustrophobe, même si son cas est différent : ce n'est pas tellement une peur, mais une nécessité pour elle de voir le ciel ou de sentir le vent. Cela est due à la vie qu'a menée Aisling jusqu'à présent, très souvent à l'air libre. Au niveau des faiblesses physiques, l'Aera n'a pas de force, est très peu endurante et résistante physiquement. De plus, elle ne semble pas talentueuse avec tout ce qui concerne les armes. Aisling n'a pas d'ailes. Cela résulte d'un incident survenu lors de son enfance : la sylphe descendit un jour de l'Arbre sans l'autorisation de ses consœurs. Des personnes malintentionnées (et de toute évidence, stupides) lui ont arrachés ses ailes atrophiées, duveteuses et douces de leurs plumes blanches. A quelle fin ? On ne le sut jamais vraiment. Mais quand les autres nymphes sont arrivées, elles ont trouvé Aisling dans un état pitoyable. La sylphe détient un sac en bandoulière en cuir et une dague. Elle possède également un sac de toile dans lequel on peut trouver des vieilles tuniques, quelques pièces et babioles. Aisling ne maîtrise pas son élément. Elle commence tout juste à l'appréhender sérieusement, essayant d'avoir une part de contrôle sur lui. L'Aera sait vulgairement, pour l'instant , diriger le vent, peut-être en l'accroissant ou le diminuant, en utilisant celui déjà présent ou en générant le sien. Dans tous les cas, cela restera très aléatoire, d'autant plus si elle subit des émotions fortes. Ce RP se déroule à la fin de l'histoire, au moment où Aisling se réveille et voit que « Helena » est partie, jusqu'au moment où elle atteint la cité.Aisling ouvrit ses yeux. Elle ouvrit ses yeux, et ses pupilles, tout son visage afficha une expression de la stupéfaction la plus totale. Elle était... Consternée, c'était le mot. A aucun moment elle ne s'était doutée du départ de son accompagnatrice, qu'elle avait secrètement surnommé Helena. Celle-ci ne s'était pas montrée assez éloquente au sujet de ses expériences personnelles durant le voyage, du moins à son goût. Il émanait d'elle une aura de calme, de plénitude, saine, une aura givrée. Oui, givrée, dans tous les sens du termes. De Kalmastre, jusqu'aux abords d'Elament, elle n'avait porté en tout et pour tout qu'une chemise qui couvrait l’essentiel, là où Aisling était emmitouflée dans tous les vêtements dont elle avait la possession. . Elle connaissait la réputation des nymphes des glaces, et de leur résistance, mais voir de ses propres yeux le divin prendre forme (chez une autre personne qu'elle) était une autre paire de manches. Et le visage glacé d'Helena ne montrait comme seule expression que la froideur d'un devoir à accomplir. A aucun instant pourtant, Aisling n'avait montré sa dévotion et son admiration, seulement son respect. C'étaient des émotions rares chez elles, des émotions qu'elle réservait aux personnages les plus importants de la société, ou au moins aux gens qui devant elle ont démontré leur intelligence et leur expérience. La sylphe avait plutôt l'habitude de vilipender en silence, sur les innocentes femmelettes qu'elle avait l'occasion d'apercevoir, ou des personnes qui, non contents de se taire, soulevaient des interrogations stupides et sans intérêt, qui ne feraient nullement évoluer le monde. Aisling s'est levée. Près de sa couverture, un bout de parchemin, comme une feuille d'arbre tombée au combat, agonisante. La sylphe mis fin à son supplice en s'en saisissant. C'était, assurément, une note d'Helena, la fameuse, lui commandant de se nourrir des dernières vivres restantes, de se diriger au plus vite vers Elament, mais surtout, d'être prudente. La nymphe aérienne, suivant le premier et dernier ordre de son accompagnatrice, goba pratiquement les quelques baies, racines et lanières de viande séchée qui subsistaient. Par la suite, elle rangea ses affaires, et constata avec surprise qu'Helena avait laissé des vêtements, des babioles et des pièces qu'elle pourrait à son aise troquer dans la ville. Aisling s'est levée, son sac en bandoulière en travers de son buste. Elle prit une bouffée d'air frais, et entreprit de démêler sa chevelure à la hâte. C'était tôt. Le soleil commençait tout juste son ascension dans le ciel matinal, nimbant l'horizon de nuances parme, roses et orangées. La voûte céleste était masquée d'un brouillard fin, qui persistait après la rosée de l'aube. Ce jour-là, l'air était léger, et il y flottait une fragrance humide et végétale, comme celle de l'herbe venant tout juste d'être coupée. La sylphe se mit en route. A quelques minutes seulement d'Elament, pourquoi s'en priver ? Le chemin de terre était confortable pour les pieds d'Aisling, dont la plante était désormais durement cornée par les longs voyages et les escapades. Des touffes d'herbe bordaient le sentier, et au-delà, se trouvait la forêt. Les arbres d'ici étaient différents, les senteurs étaient différentes et même les cris et chants des oiseaux qui portaient jusqu'aux oreilles de la nymphe étaient différents. Cela n'effrayait pas Aisling, au contraire. Elle avait constaté en Magyar comme une majesté, une grandeur palpable par tous les temps, de nuit comme de jour, sous la pluie ou le soleil. Magyar, comme lieu de contes où tous les songes prennent vie, rêves comme cauchemars. Bientôt, les remparts de la cité mythique se profilèrent à l'horizon. Le pas d'Aisling s’accéléra. Arrivée à hauteur de la grande porte, la sylphe pris le temps d'observer la scène, comme pour la graver dans sa mémoire à jamais. Les murailles étaient hautes et mêlant matériaux nobles et pierres noircies. Il lui avait même semblé apercevoir du sang séché. Helena l'avait mise en garde sur les événements récents, et sur l'état de désolation de la ville. Mais cela n'a pas semblé perturber Aisling outre mesure. S'approchant un peu plus de la porte colossale, elle a posé sa main sur le symbole de son élément, l'air. |
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