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 [Novice] Frey Ocrefond

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Frey Ocrefond
Novice
Frey Ocrefond
Nombre de messages : 24
Âge : 44
Race : Cristalléen
Poste : Novice
Magie Contrôlée : Aéra

Feuille de personnage
Puissance:
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Message[Novice] Frey Ocrefond EmptyLun 3 Déc 2012 - 18:48

Une histoire racontée par un idiot,
pleine de bruit et de fureur,
et qui ne signifie rien.


Nom: Frey Ocrefond (parfois il prend le surnom de Porterage)
Âge: 42 ans (28 ans humain)
Race: Cristalléen de la tribu des Cerfs de Blanchelivrée
Élément contrôlé: Air. Ce choix est en relation directe avec la psychologie du personnage.

Caractère: Frey a un caractère aussi sombre que sa chevelure. Irritable et colérique, il s’emporte vite, ce qui l’empêche de nouer des attaches solides avec quiconque. À dire vrai, s’il arrive à mener une discussion sans élever la voix ni frapper son interlocuteur, c’est un exploit. Cela est dû à la magie d’Aéra qu’il possède et qui tourbillonne dans son âme, ouragan qui emporte ses émotions. Il essaye de se maîtriser autant que possible, mais sa fureur explose toujours à un moment ou à un autre. Frey est également un Cerf fier, moralement droit, oeuvrant pour restaurer son honneur et celui des Ocrefonds. De fait, il est aussi un compagnon d’arme loyal qu’il faut juste apprendre à supporter.

Physique: Ses cheveux sont courts, portés en bataille, et d’un noir profond comme le jais. Ses yeux sont d’un marron clair que l’on confond parfois avec du jaune d’or, marques de son appartenance à la famille Ocrefond. Il a un visage plutôt engageant quand il n’a pas l’air de vouloir assassiner quelqu’un, sans être non plus d’une beauté rare. Physiquement il est assez robuste et entraîné, capable de courir les bois pendant des jours et de survivre dans des milieux difficiles. Côté vestimentaire, il fait plutôt dans le pratique et porte généralement une tenue de cuir faite pour le combat, sans aucune fioriture. On pourrait le prendre aisément pour un mercenaire errant.

Niveau de maîtrise du pouvoir: Débutant. Il a tout juste appris l’existence de son pouvoir avant son arrivée à Elament, et n’a pas eu de formation pour l’utiliser à volonté. Celui-ci se déclenche lorsque Frey laisse parler sa colère la plus intense, et dans ce cas il produit un vent à la puissance et à la forme aléatoire.

Particularités: Enragé, disons-le. Il a souvent l’air bougon et les sourcils froncés. Suite à un événement de sa vie, il a perdu une bonne partie de son ouïe du côté gauche. Son tatouage de Cerf s’étend depuis son arcade sourcillière droite à la base de son thorax en un cerf noir à l’air maléfique. Ses bois sont parcourus de ronces, et les yeux de l’animal sont d’un rouge intense comme  le rubis. Il est cambré comme s’il attaquait. Il a aussi plusieurs cicatrices sur le corps, souvenirs de ses voyages.

Résumé de background
Spoiler:

Histoire:

    C’est avec fureur que je prends la plume en ce jour de pluie afin de coucher au mieux le récit de mon passée. Fureur, oui! Ou rage, colère, bouillonnement, frénésie, furie! Autant vous habituer dès à présent à ces termes, car ce sont ceux qui ont jalonnés ma vie, qui m’ont portés jusqu’à la cité d’Elament, et dont les étreintes, violentes et corrosives sur mon âme, ne m’ont apportées que misères. Voilà un fait que je ne peux nier, et pour vous qui allez lire ces lignes, qu’il est utile de savoir: ma vie est une brindille qu’un tourbillon de colère ne cesse de balloter à son gré.

    Pourtant les choses n’en furent pas ainsi au départ, et l’on disait même de moi que j’étais un enfant peu agité et docile. Je suis né Cristalléen dans un hameau nommé Blanchelivrée, dirigé par le clan des Cerfs, notre totem (et notre fierté!). Le terme «hameau» n’est toutefois plus tout à fait de rigueur, Blanchelivrée étant désormais une plateforme de commerce et d’échange assez importante dans sa région, ce qui nous permit d’étendre considérablement notre territoire d’origine, et fit croître notre clan par la même occasion. Ne croyez pas pourtant que cela ait affecté en profondeur notre mode de vie ni nos règles comme cela a pu arriver à d’autres tribus ou d’autres races. En vérité et avec le recul, je pense que la conception particulière de notre village a beaucoup contribué à la conservation de notre identité de Cerfs.
    Lorsque les premiers membres du clan s’installèrent dans la région, ils établirent une séparation stricte au sein du village, coupant les Cerfs des Biches, afin de respecter le rythme de vie des cervidés. Cela se matérialisait par une barrière de la longueur du hameau, le coupant en deux. Les Cerfs vivaient d’un côté, les Biches de l’autre, et ce durant neuf mois de l’année, de décembre à août. Durant cette période, les Cerfs n’étaient pas autorisés à pénétrer la partie femelle du village. Il est intéressant de souligner que cette période était vécue comme très difficile par les Cerfs, qui en l’absence de leurs Biches tournaient en rond, incapables de prendre de vraies décisions. Bien sûr il y avait des exceptions à cette règle pour maintenir la bonne marche de la cité. Par exemple, les gardes pouvaient circuler autour de la zone des Biches pour veiller à leur sécurité. Quant à la Materchka et ses subordonnées, elles pouvaient aller et venir comme bon leur semblait dans les deux parties du hameau pour donner des directives aux mâles. Les jeunes faons étaient tolérés côté Biche dans cette période, l’éducation de toute la tribu reposant sur elles ainsi que sur notre Materchka.
Cela fait partie de nos traditions, avec cependant un assouplissement de leurs règles. Si aujourd’hui les barrières ont disparus, elles furent remplacés par des poteaux et des hampes portant des étoffes de couleurs vives en son souvenir. Il n’est plus obligé de respecter les neuf mois de séparation, mais le clan s’y plie par habitude, et les passages de l’une à l’autre des parties du village pendant cette période sont tout de même courants. En revanche, cette limite existe toujours pour les personnes extérieures à notre clan, et les voyageurs et commerçants qui s’aventurent dans Blanchelivrée ne sont pas autorisés à passer la partie réservée aux Biches. Quelque part, je pense sincèrement que c’est notre protectionnisme envers nos femelles qui nous a permis de conserver notre intégrité de Cerfs, et si cette attitude apparaît comme étrange, voire dégradante pour elles d’après d’autres races, n’oubliez pas que nous nous plions avant tout à leur volonté.

Dans mes jeunes années, je fus donc éduqué par ma mère dans la partie des Biches du village. J’avoue ne pas avoir d’anecdotes intéressantes à vous narrer sur cette période,  et tout ce que l’on pouvait dire de moi était que j’avais un comportement normal quoiqu’un peut trop calme par moments pour mon âge. À l’orée de ma septième année, je fus, comme tous les autres Faons mâles, contraint de déménager dans l’autre partie du village, dans la maison de mon Fërima. Celui-ci était un Cerf accompli, appartenant à la garde de Blanchelivrée. Je me souviens encore aujourd’hui du grand respect que lui accordaient les autres Cerfs lorsque nous faisions nos courses dans le village, ou que nous nous promenions simplement durant ses permissions. Si mon éducation fut toujours tournée vers le respect du clan et le devoir envers celui-ci, je pense que la vie avec mon Fërima lui avait donné une lumière nouvelle, éclairant le but que j’allais poursuivre lors de ma vie à Blanchelivrée.  Celui de devenir un Cerf aussi accompli que lui, apportant un soutien sans faille au clan, ce que nous appelons un Cerf Majestueux. Il ne s’agit pas d’une profession spécifique, mais d’une reconnaissance tacite de la part du clan pour quiconque s’en montrait digne. Toutefois dans mon esprit de Faon, cette reconnaissance allait de pair avec l’image idéalisée que j’avais de mon Fërima, et dès lors j’employais mes efforts à suivre ses traces.
Mon père, quant à lui, n’était pas aussi charismatique que mon Fërima. Il travaillait alors, et je suppose que c’est encore le cas, en tant que négociant dans une boutique du village. Et si son rôle n’était pas aussi prestigieux que celui de mon oncle, je savais qu’il se dévouait lui aussi à la grandeur de notre clan et de notre famille, ce qui me remplissait également de fierté et nous entretenions ainsi de très bons rapports. Je devais d’ailleurs travailler plus tard en sa compagnie, mais j’y reviendrais peut-être dans la suite de mon récit. Enfin, mes parents n’avaient pas cessé de se fréquenter après ma venue au monde, et c’est ainsi que lorsque j’eus 9 ans, notre famille s’aggrandit une nouvelle fois. Le totem nous bénit cette fois d’une fille magnifique, Rama, ma seule et unique soeur, à la fois source d’amour et de grandes peines... Mais là encore il y a un temps pour tout récit, et je préfère vous narrer d’abord mes propres péripéties.

Le début de mes ennuis commença à l’époque de mes 26 ans. J’étais alors un Cerf encore en formation, occupant mes journées à travailler dur pour entrer dans le corps des gardes de Blanchelivrée, et passant mes journées libres à aider mon père dans sa boutique avant de rejoindre mes amis pour des soirées de repos et d’amusement durement méritées. En repensant à cette terrible période, je ne peux empêcher encore ma main de trembler, et la colère monter en moi. Vous m’excuserez donc mon écriture vacillante et mes formulations plus incisives. C’était donc une époque cruciale pour moi, car elle marquerait mes premiers pas vers le but que je poursuivais depuis l’enfance: devenir un Cerf Majestueux. Je pensais que mon acharnement et mes résultats, satisfaisants sans être notables, m’ouvriraient les portes de la caserne de Blanchelivrée. Mais ce qui me fit défaut, ce fut tout simplement ma fichue personnalité!
Quelques mois avant les premiers examens, mes cheveux prirent la teinte rougeoyante propre à l’adolescence, signe de révolte juvénile de notre race. Je pensais naïvement que cela n’était rien de plus qu’un phénomène physiologique que l’on associait à tort avec un changement de tempérament. Pourtant à de nombreuses reprises l’on me fit remarquer que mon humeur devenait de plus en plus irritable! Et soyons lucide, il n’y a rien de plus énervant pour une personne dans un mauvais jour que d’entendre cela à longueur de temps! De fait, mon emportement se fit de plus en plus jour, et ce en toute compagnie. Cela eut évidemment des résultats tout à fait désastreux sur ma vie au sein du clan et de ma famille. Mon père m’interdit certains jours l’accès à sa boutique uniquement à mon air farouche, et mes amis me tournèrent le dos petit à petit. Moi-même, je me sentais de plus en plus de mal à me concentrer sur mes études, chose qui n’était déjà pas facile en temps normal. Ainsi, tous s’accordaient à dire que mon irascibilité prenait sa source dans les examens qui se rapprochaient, et me souhaitaient de retrouver mon équilibre une fois cette période passée. Je ne pouvais qu’opiner, essayant de me raccrocher à cette supposition, mais au fond je ne doutais pas que quelque chose d’autre était au coeur de cette rage incontrôlable et dévorante...
J’aurais beaucoup de peine à l’expliquer clairement, et la seule manière que j’ai trouvé jusqu’à maintenant est la suivante. Si un individu rongé par la déprime sent en son fort intérieur un trou béant et obscur chercher à l’aspirer tout entier, dirigeant ainsi son esprit vers un renfermement de plus en plus inexorable, chez moi le mal est tout à fait inverse. J’ai sans cesse l’impression que mon corps renferme une boule tournoyante, rugissante, qui ne cesse de vouloir s’épandre en écrasant tout mes sentiments et mes sens, dont la seule volonté est de se briser contre tout ce qui peut exister dans son entourage, avec une préférence pour les êtres-vivants dotés de conscience! Et je lutte, je vous jure que je lutte chaque jour contre ce phénomène! Jamais je... Non. Ce que j’essaye... Ma volonté est... Materchka, rien que d’écrire ces lignes me confrontent à cela et j’en perds mes mots! Je passe donc.
Je reprends mon histoire, mais vous comprendrez je l’espère le mal que j’ai à coucher sur le papier certains pans de ma vie. La période des tests approchait donc, et mes colères me donnaient beaucoup de peine pour réviser convenablement. De fait, mes résultats tant écrits que pratiques s’en ressentirent. J’eus même l’outrecuidance au cours d’un examen oral de m’en prendre véhément à l’un des Cerfs qui aurait dû devenir l’un de mes instructeurs. Le résultat fut sans appel, je ne fus pas admis dans le corps des gardes, et ma rage ne fit que s’accroître, une rage dirigée contre moi. Mes espoirs s’étaient évanouis pour cette année, et je me retrouvais sans but. J’avais jeté la honte sur ma famille, et les membres du clan se firent un peu plus distant à mon égard. Je passais ainsi les trois mois suivant dans un enfermement presque complet, n’ayant plus de formation à suivre, mon père me refusant l’accès à sa boutique, et mes amis ayant décrétés l’un après l’autre être trop occupés par leur nouvelle vie pour me consacrer un peu de leur temps...

Pour me sortir de mon état végétatif et nerveux, mon Fërima réussit à m’obtenir un poste d’assistant chez une herboriste du village dont l’âge ne lui permettait plus d’effectuer certaines tâches. Je ne concevais que du mépris à l’égard de cet emploi débilitant qui m’éloignait de mon but, et je regrette aujourd’hui toutes les disputes que j’ai pu avoir avec mon tuteur au sujet de ce poste tant il m’a apporté.
Avant de poursuivre ce récit, je dois vous faire savoir que la séparation Biche/Cerf est beaucoup plus souple pour certains individus, parmi lesquels les personnes âgées ou les commerçants. Ainsi cette vieille Biche d’herboriste avait obtenu depuis longtemps l’autorisation de la Materchka d’exercer son activité du côté Cerf du village, et fréquentait régulièrement les étrangers de passage. Elle me raconta même des anecdotes que certains pourraient qualifier de croustillantes dans ses rapports avec la clientèle, mais personnellement cela n’a jamais éveillé autre chose en moi qu’une écoute polie doublée souvent de l’impatience qu’elle achève son histoire dans les plus brefs délais. Bref, je poursuis.
Les premiers mois de ce travail se passèrent comme dans une grotesque farce. J’employais tous mes efforts à refouler mon irrascibilité, tout en oeuvrant à mon travail. La vieille Biche qui tenait la boutique ne me facilitait pas la tâche, son perfectionnisme étant une source continuelle d’énervement pour moi! Alors plutôt que de commettre un acte irréparable (car je l’avoue, il y eut des jours ou je faillis régler le cas de son vieil âge de la manière la plus brutale qui soit), je claquais tout bonnement la porte et la laissais seule avec ses herbes, ses onguents et son effarement. Néanmoins elle me reprenait toujours lorsque je revenais, un peu plus calme, en m’excusant, mais jamais je ne sus si c’était par affection à mon égard ou parce que la nécessité l’y contraignait. J’avoue ne jamais avoir cherché à trop en savoir sur elle ni sur ce qu’elle pensait.
Pour moi, ce poste était tout au plus une simple occupation en attendant de repasser les examens d’entrée de la caserne. Cependant ma nature me poussait à y mettre beaucoup d’ardeur, et ce ne fut pas en vain, comme je pouvais plus tard m’en féliciter. Sous les directives de la vieille Biche, j’appris à chercher et cueillir des plantes aux vertus multiples, les procédés pour les conserver sans ruiner leurs propriétés, et la manière de les transformer en onguents susceptibles de venir à bout de nombreux maux. C’est d’ailleurs à cette période que je découvris les délices des infusions d’herbes, et je n’en refuserai jamais une bonne tasse. Pendant deux ans je devins un soutien et un apprenti efficace quoiqu’imprévisible pour la vieille Biche. Oui, je devais rater encore à plusieurs reprises mes examens, ce qui ne faisait qu’empirer mon état colérique, et par la même occasion donnait notre famille en pâture au dédain du clan. Encore une fois, seule mon caractère m’empêchait de poursuivre mon but, et mes tentatives pour calmer ma rage intérieure se soldaient systématiquement par un échec.

C’est à l’orée de mes 29 ans qu’une issue se révèla à moi. Un jour que je travaillais à la boutique, un client d’une région fort éloignée, dont je n’ai malheureusement pas retenu le nom, vint nous acheter quelques herbes que seule la région de Blanchelivrée pouvait lui fournir. Nous faisions payer cher ces herbes, et ledit client se trouva fort embarrassé lorsque je lui présentai la facture. Il n’en fallu pas plus bien sûr pour déclencher ma fureur, et ma véhémence tira la vieille Biche de l’arrière-boutique où elle oeuvrait à quelques préparations. Tout en s’excusant auprès du client pour mon attitude, elle me congédia pour quelques heures le temps de reprendre mes esprits, et je partis donc en claquant la porte, maudissant mon stupide caractère, mais encore plus cet imbécile de client.
Lorsque je revins environ deux heures plus tard, le client était déjà reparti avec ses achats. Pour pallier au manque de monnaie, la vieille Biche avait négocié avec lui l’acquisition d’un de ses livres rare, le troc étant une pratique à laquelle elle s’adonnait de temps à autre et de fait je ne m’en étonnai pas. Elle consultait l’ouvrage quand je fis mon retour, la tête basse comme d’habitude et sans dire un mot, et sans me regarder elle m’adressa quelques paroles mystérieuses: «Ton cas est désespérant, mais peut-être pas autant que nous avons pu le croire... Ce livre est passionnant, la vieillesse apporte toujours son lot de surprises!». Je restai interloqué un fragment de secondes, mais ses marmonnements étaient une habitude à laquelle je m’étais faite. Aussi reprenais-je mon travail, tandis qu’elle emportait le livre dans son laboratoire avec l’air pétillant de celle qui a un nouveau jouet.
Le lendemain, à l’odeur stagnante dans la boutique lorsque j’en franchis le pas, je compris qu’elle avait passé la nuit à faire des décoctions. Comme notre réserve n’était pas spécialement vide, je me doutais qu’elle s’était essayé à ce livre de recettes étrangères. Qu’importe, me disais-je, à chacun ses loisirs. Et je reprenais ma routine. La matinée fut particulièrement éprouvante pour moi, les odeurs du laboratoire empestaient l’air et me rendaient à la fois malade et énervé. Je maudissais de nombreuses fois la boutiquière et sa nouvelle lubie! La vieille Biche ne sortit qu’aux alentours de midi de son laboratoire, et alors que je m’apprêtais à laisser ma colère exploser pour les conditions de travail de cette matinée, je lis sur son visage une telle réussite que la curiosité l’emporta de justesse sur la fureur. Et mon visage sombre n’entama nullement son enthousiasme, bien au contraire! Elle me dit alors: « Oh je vois que tu es au bord d’une crise, c’est parfait! Le moment ne pouvait pas être plus approprié! Prends ceci, et avale tout le contenu en un trait!»
- Non mais vous plaisantez!? Avec les relents qui proviennent de votre laboratoire, il est hors de question que je boive votre décoction!! Encore plus que je ne sais de quoi il s’agit ni quels sont ses effets!! Arrêtez de vous fiche...
- Justement!, et là son intervention me prit au dépourvu car elle n’avait pas pour habitude de couper mes humeurs. J’ai passé toute la nuit à préparer ce breuvage pour toi, et crois-moi que ce n’était pas une mince affaire! Et maintenant j’aimerai savoir si l’effet est bien celui escompté, surtout que tu es le sujet idéal! Alors de quoi s’agit-il, hein? D’une décoction qui, d’après le livre, aurait pour effet de taire la rage du coeur! Maintenant tu vas boire ça, ses effets devraient se manifester dans la demi-heure. Nous verrons bien si on peut faire quelque chose de toi!
La colère grondante toujours, je pris donc la fiole des mains de la vieille et la but d’un trait. Ma fureur m’empêchait de considérer sa solution avec sérieux, et je ne m’exécutai que dans le seul but de lui prouver la futilité de son entreprise. Elle m’ordonna de m’asseoir pendant un moment, et resta face à moi à observer mes réactions. Materchka, j’aurais pu la frapper et lui faire avaler sa fiole! Durant un moment, mes pensées tournoyaient autour de l’inutilité certaine de son médicament, de la stupidité du domaine entier de l’herboristerie, de cette vieille Biche qui avait perdu sa jeunesse au milieu des racines et des graines, et de mon sort qui serait le même si les choses ne changeaient pas. Mais je me rendis compte que quelque chose changeait, justement. Mes pensées chargées de haine diminuèrent, et à un certain point je me surpris à les trouver totalement ridicule et infondée, comme les caprices des jeunes Faons. Je trouvais que ma vie n’avait pas si mal tournée, et la gentillesse de la vieille Biche à mon égard m’apparaissait si clairement que je ne pouvais la nier. Je pense que mon visage trahissait mon émotion, car la boutiquière me regardait d’un air satisfait et empreint de joie, et me demanda comment je me sentais maintenant.
Calme.
Plus exactement, la tempête qui faisait rage en mon coeur avait considérablement décru en intensité. J’étais comme un Cerf qui avait vécu dans une zone d’ouragans depuis toujours, et se retrouvait soudain en un lieu où seul une brise caresse le visage. Le vent était toujours là, mais si faible qu’il en devenait presque imperceptible. C’est ainsi que devint ma colère après avoir bu cette potion, et cela me destabilisa totalement.
« Les effets n’en sont malheureusement pas permanents. Et comme toutes les potions, le temps que durera son effet dépendra de ton corps et de ton accoutumance. Mais au moins tu gagnes un peu de stabilité, et cela te premettra de redevenir un peu sociable.»
«Oui, j’imagine...»
Je ne fus pas capable de parler davantage. L’effet que me fit cette solution me laissa dans un état de calme et de stupeur improbable, et je passais la journée ainsi que la soirée sans élever la voix, et sans d’ailleurs me montrer très loquace, me contentant de répondre par de courtes invectives.

Il n’est pas exagéré de dire que cette formule eut un effet aussi bénéfique sur mon état d’esprit que sur le reste de ma vie. Grâce à mon calme retrouvé, je pus me concentrer de nouveau sur mes études et retrouver les amis qui avaient fui mes humeurs à l’époque. Suivant les instructions de la vieille Biche, je tins pendant un moment un carnet, notant l’effet de chacune de mes prises du médicament. Il fallait surtout déterminer quel dosage était le plus approprié pour mon cas, et quel en était le temps d’action. Si l’effet de la première prise s’étala sur un peu plus de 5 heures, nous trouvâmes à force d’essais un dosage capable de tenir ma rage en laisse pendant 9 heures, presque le double de la formule de base! Néanmoins, l’accoutumance fit son office, et petit à petit cette durée allait en diminuant...
Cette même année, je retentai donc l’examen d’entrée à la caserne, cette fois avec succès. Les instructeurs s’étonnèrent du changement de mon comportement, même si certains émettaient, à juste titre, quelques réserves. Je pris donc congé de la vieille Biche, lui promettant de revenir autant pour l’aider de temps à autre que pour prélever les ingrédients nécessaire à la conception de ma potion, et commençait ma nouvelle vie de Cerf de réserve à la caserne. Je regagnais ainsi de l’estime autant vis-à-vis du clan que de ma famille qui m’avait un peu écarté, mais aussi de moi-même. Je ne pense pas qu’il soit utile pour la suite de mon récit de m’étendre sur cette période, car elle se déroula sans événements vraiment notables. Et la tragédie qui suivit ne vint pas de moi, mais de ma soeur Rama...

Ma relation avec Rama n’a jamais été très profonde, en tout cas pas avant que le malheur ne la frappe à son tour. Après sa naissance, elle vécu avec notre mère et, étant née Biche, elle demeura avec elle même après les 7 ans que les Faons passent habituellement avec leur génitrice. Ma propre éducation me tint aussi éloignée d’elle. J’étais à l’époque souvent en compagnie de mon Fërima et de mon père, apprenant d’eux, et réalisant peu à peu quelle serait ma place dans le clan. Que l’on ne s’y trompe pas, j’avais beaucoup d’affection et de fierté pour ma soeur, mais je compris plus tard que ce furent des sentiments dirigés vers un idéal que je m’en faisais. La naissance d’une fille est un honneur indiscutable pour les familles de notre race, et nous concevons beaucoup d’espoirs pour elles. J’imagine d’ailleurs que c’est un fardeau bien lourd à porter pour ces jeunes filles, qui deviennent femmes très (trop?) rapidement.
Rama atteint donc l’âge où la physionomie en fait des femmes. Plus précisément, pour elle cela se déclara à 21 ans, et j’avais donc 30 ans. Comme le veulent nos coutumes, la cérémonie du totem fut rapidement organisée à l’apparition de ses premières règles. Cela se passa au cours du mois de février, je le précise car c’est un point important. Rappelez-vous, notre village est scindé imaginairement en deux et pendant la période de décembre à août, les mâles fréquentent très peu la partie Est de Blanchelivrée qui est occupé par les Biches. Nous avions donc appris la nouvelle par l’intermédiaire d’une messagère. Dans ce genre de situation, la cérémonie se déroule sur une place située à l’extrémité du village et placée à cheval sur la frontière entre les deux zones, ce qui permettaient aux Cerfs d’y assister sans avoir à passer du côté interdit. Une fois la cérémonie achevée, ma soeur-Biche étaient censée regagner la maison de notre mère pour commencer sa nouvelle existence. Si seulement les choses s’étaient déroulées comme prévu...
Je me souviens encore que le crépuscule tombant annonçait une soirée fraîche, au redoux évoquant le printemps. Le ciel était clair et dégagé, et les étoiles semblaient s’être déplacées pour prendre part à cet événement hors du commun. Le totem du Cerf se dressait au centre de la place, illuminé par un cercle de feux coupé sur quelques mètres de son diamètre pour permettre à ma soeur-Biche le passage vers la sculpture. Le moment semblait absolument parfait, et l’atmosphère, bien que cérémoniale, était rieuse et détendue.
La Materchka appela au silence, et se lança dans la tirade habituelle que tous nous écoutions toujours avec respect. Elle présenta ma soeur, évoquant les passages les plus notables de sa courte existence, vantant sa conduite exemplaire et sa détermination à devenir une Biche qui ferait honneur à notre clan, tout en lui adressant les mises en garde classiques et lui demandant de s’ouvrir totalement au totem. Rama inclina la tête à de nombreuses reprises, faisant tomber un à un les pans de sa parure de cérémonie pour finir dans une longue robe d’un brun châtoyant évoquant le pelage de la biche, puis s’avança vers le totem sous l’ordre de la Materchka. À chacun de ses pas, les flammes tourbillonaient avec davantage de force, comme si une existence indicible s’était emparée d’elles. Leurs mouvement erratique fut à son paroxysme lorsque que ma soeur, parvenu devant l’imposant pilier de bois ancien qui grinçait comme s’il parlait une langue inconnue, y posa les deux mains et la tête en formulant une courte et pieuse prière.
La scène se drapa d’effroi alors qu’un grincement sinistre, comme le cri d’un faon mort-né, retentit du plus profond de notre totem, dont l’aspect était devenu par le jeu des flammes le masque d’un cervidé effrayant et agonisant! La foule eut un recul immédiat et les visages perdirent toutes couleurs tandis que le bruit abominable continuait à résonner dans les ténèbres, rappelant à la surface des impressions sinistres et antiques que nos âmes cachaient depuis notre naissance, et probablement bien avant. Le temps avait pris une dimension nouvelle dans cette glauque atmosphère, et je sentais avec une certitude que personne ne m’enlèvera jamais, que tous nous avions le même désir de nous détourner de ce spectacle, de le refouler à jamais, mais que notre volonté était totalement impuissante en cet instant.
Je voyais ma soeur comme dans un rêve, tournant sur elle-même avec terreur, dans une totale incompréhension de son sort et y cherchant une issue. Autour d’elle les flammes étaient comme figées, et projetaient dans le ciel clair des fumées noires, et je compris plus que je ne vis leur forme prendre celle d’une biche mettant à bas un amas de chair monstrueux et sans vie. Une voix s’éleva en moi, qui me fit part de la plus indiscutable vérité au sujet de ma soeur: elle ne pouvait qu’engendrer la mort. Je ne sais si je fus le seul à l’entendre, mais la Materchka, comme répondant soudainement à cette interrogation, déclara sur un ton tranchant et froid: «Bréhaigne.».
Le temps reprit son cours sur son intervention, et se vida de toute pression mystique. Dans la foule, la rumeur s’amplifia peu à peu: «Bréhaigne... Bréhaigne... Bréhaigne!». Mon esprit commençait lentement à assimiler les événements de la cérémonie. Ma soeur était une Bréhaigne, une Biche stérile ou qui ne donnerait naissance qu’à des faons morts-nés. La tournure de cet événement et le choc de la révélation m’empêchaient de réfléchir clairement, d’autant plus que je sentais les effets de ma dernière prise du médicament s’estomper, alors je ne pouvais comprendre encore tout ce que cela impliquait. Mais grossièrement, je saisissais l’essentiel: ma soeur, par sa stérilité, avait entaché le nom de notre famille d’une honte nouvelle... Contrairement au déroulement des cérémonies habituelles, au sortir du cercle de feu, elle fut encadrée par la Materchka et deux de ses assistantes, qui la conduire jusqu’à moi et mon Fërima. Elle allait repartir avec nous, et vivre de notre côté du village, une forme d’exclusion tacite pour le clan.
J’aurais donné n’importe quoi pour que cesse cette grotesque soirée, mais la cérémonie n’était pas encore terminée. Il fallait maintenant que ma soeur reçoive la marque de sa nouvelle naissance, son tatouage, celui qui à la vue de tous confirmerait son état de Bréhaigne. Oui je devais m’y faire désormais, ma soeur-Biche était devenu ma soeur-Bréhaigne... J’avalai difficilement ma salive en me faisant cette réflexion, en attendant la présentation de son tatouage dans notre maison... C’est environ une heure plus tard qu’impassible, la Materchka nous présenta ma soeur nue pour que nous contemplions le résultat.
C’était le squelette d’un faon aux pattes écartées qui prenait naissance sur sa poitrine, et descendait jusqu’au début de son entrejambe, à la naissance de ses poils pubiens. Le squelette était inversé, le crâne dirigé vers son sexe. Ce tatouage, plus qu’une exaltation de la personnalité de ma soeur, était un rappel de sa condition de Bréhaigne. C’était à cela que se résumait désormais son existence, et tout Cerf qui l’approcherait ou souhaiterait en faire sa compagne verrait ce symbole lugubre sur son corps.

La venue de ma soeur-Bréhaigne Rama marqua le début de nouvelles difficultés dans ma vie, dont je n’aurais jamais soupçonné la tournure. Comme vous pouvez vous en doutez, le drame qu’elle vécut ce soir-là la laissa dans un état d’extême désespoir qu’aggrava le dédain des autres membres du clan. Il fut convenu par la Materchka et mon Fërima que Rama s’installerait désormais chez moi, en attendant de prendre son propre logement, ou qu’un Cerf *sigh* veuille bien en faire sa compagne. Les premiers mois de cohabitation furent extrêments tendus pour moi. Mes fonctions à la caserne devenaient de plus en plus lourdes et j’avais peu de temps pour m’occuper de moi-même. En outre, l’hiver particulièrement rude avait entamé les réserves de plantes de la vieille Biche, et je ne disposais pas de suffisament de potion pour calmer totalement mon énervement. De fait, Rama fut la cible privilégiée de mes humeurs. C’est avec une grande honte que je vous avouerai que cela n’était pas anodin. Comme le reste du clan, Rama ne m’évoquait plus que de la répulsion et du mépris. La jeune fille sur laquelle j’avais naïvement fondé de grands espoirs s’était dissipée avant même que je la rencontre, et seule subsistait cette loque que l’on m’avait de surcroît imposée. Elle était devenue par le coup du sort la réceptacle de toutes mes frustrations et de toute ma rage.
Je ne sais pas si elle supporta toutes mes aggressions par force de caractère, ou simplement parce que son être s’était vidé de toute substance depuis la cérémonie. Le regard de Rama était d’une tristesse que je n’avais jamais rencontré chez personne jusqu’alors, et plus le temps passait, plus ses yeux se soulignaient de cernes de plus en plus marquées. Je savais par ses gémissements que la nuit ne lui accordait pas de repos. Le jour, elle se levait à l’aube pour s’installer dans un fauteuil de la pièce principale où je la retrouvais le soir, lorsque je rentrais de la caserne. Je savais toutefois qu’elle en avait un peu bougé car les corvées étaient faites. Lors de mes jours de repos, j’insistais au début pour la faire sortir de la maison afin qu’elle retrouve l’air du village, mais elle refusait toujours, ce qui me soulageait quelque part, et je la laissais souvent seule, incapable de soutenir sa présence sans ressentir de terribles pics d’énervement.
Un jour toutefois, après plusieurs mois d’enfermement, elle accepta de sortir m’accompagner pour une course. Sur notre passage, je sentais les regards méprisants du clan et j’entendais leurs murmures ponctués de «Bréhaigne» prononcés avec le plus grand dégoût. Je compris alors mon erreur, et maudit intérieurement mon insistance à l’extirper de notre maison. À la suite de la cérémonie, Rama n’avait plus fait une seule apparition et le clan en avait été soulagé. Le choc de cette nuit était une expérience que tout le monde, y compris moi, souhaitait reléguer au passé dans les plus brefs délais. Mais la faire sortir au grand jour raviva son souvenir chez les habitants du village. Le temps ayant passé, les impressions de cette soirée n’étaient plus que de vagues souvenirs et seul subsistait le fait: Rama était une Bréhaigne, et elle était automatiquement méprisable. Et ce fut pour moi le début de tourments dont j’aurais préféré me passer.
Même si Rama ne ressortit pas avant plusieurs semaines, cette seule apparition avait marqué les esprits et rappelé à tous que nous partagions non seulement la même maison, mais aussi le même sang. Dès le lendemain, je sentis l’aggressivité de mes compagnons d’armes à la caserne à mon égard. Les entraînements se firent plus violents, et mes instructeurs ne me passaient aucune faute, trouvant même à redire sur des tâches que j’accomplissais avec la même ardeur que la veille. La race cristalléenne a ceci de spécifique que l’on ne peut s’en prendre à une femme, quand bien même elle est devenue une paria. Par conséquent, je devins le réceptacle du mépris de mes semblables. Quelque part, ce n’était qu’un juste de retour des choses, car je lançais moi-même à la figure de Rama un mépris similaire, amplifié par mes excès de colère. Et ce changement de situation ne fit qu’empirer mon humeur dans un premier temps, ce que ma soeur accepta pourtant sans broncher.
Pourtant cela donna un nouveau souffle à notre relation. Je pense qu’elle comprit rapidement la situation à laquelle elle m’avait exposée, et cela faisait de moi en plus d’un Cerf-frère un compagnon d’infortune. Et si elle en conçut de la culpabilité, elle parvint à le cacher avec finesse. Lorsque mon humeur était, disons, stable, nous parlions davantage denos vies respectives. Elle me raconta entre autres choses les moments passés avec notre mère qui jetèrent un regard nouveau sur la façon dont je la concevais maintenant que je repensais à elle avec un esprit plus adulte. Au fil du temps, j’apprenais à connaître ma soeur, et lui découvrait en dépit de son jeune âge une personnalité aiguisé, douce et très engageante. Assurément, si le sort ne s’était pas montré si retors avec elle, Rama aurait pu devenir une Biche accomplie et occuper un poste près de la Materchka. Mon dégoût pour elle se mua en compassion et mon rôle de frère aîné commençait à prendre un sens plus important que son simple titre. J’aimais profondément ma chère soeur et cela ne pouvait que nous créer davantage d’ennuis, surtout après ma propre cérémonie du totem.

Il y eut à cette époque où je commençai à apprécier Rama un moment où je crus que la chance allait enfin nous sourire, et que je pourrais enfin redorer le nom de notre famille. J’avais alors 32 ans, et le village de Blanchelivrée était marqué par un cas criminel très singulier. Cela débuta au cours du mois de novembre, durant lequel, on releva un nombre inquiétant de disparitions de Biches enceintes ou de jeunes Faons. Jusque là le nombre était porté à 7 victimes, 9 si l’on comptait les cristalléens en gestation. La garde eut tôt fait de conclure à des enlèvements organisés, mais par qui et dans quel but? En attendant de trouver les réponses à ces questions, la Materchka avait instauré un couvre-feu, et la garde patrouillait avec vigilance. La crise était telle qu’à toutes les unités furent données de fines épées en acier dont la garde était gravée de ramures de cerfs, et le pommeau arborait le symbole de notre clan. Par ailleurs, les femmes qui avaient un commerce dans la zone Cerf de Blanchelivrée, dont l’accès était autorisé aux populations étrangères, furent sommées de cesser toute activité tant que l’affaire n’était pas résolue. Cela ne fit pas l’affaire de la vieille Biche, qui me demanda de tenir son étal dès lors que mon service me le permettait, ce que je lui concédai de bon coeur.
En dépit de tous nos efforts et de notre vigilance accrue, nous devions déplorer deux nouvelles victimes dans les premiers jours de décembre. Craignant pour la sécurité de Rama, je ne cessai de l’exhorter à rester à la maison ou de ne prendre que les rues les plus fréquentées lors de ses courses. Ce fut d’ailleurs la seule fois que ma reconnaissance alla au mépris du clan pour ma soeur-Biche. Bref, la tension était clairement palpable et s’en ressentait dans les quartiers commerçants qui se vidèrent sensiblement. Les heures que j’accordais à l’herboristerie se teintaient d’un ennui que j’essayai de palier en compulsant quelques ouvrages, mais mon attention se reportait régulièrement sur les différentes pistes dont nous disposions et qui jusque là s’étaient révélées stériles. Et cette attente pénible me forçait à prendre plus régulièrement ma médecine, la patience me faisant défaut!
Un soir pourtant, l’affaire prit une tournure qui allait marquer sa fin. J’avais passé les dernières heures de l’après-midi à la boutique où nul client ne s’était montré ces trois derniers jours, au point que je doutais de l’utilité de la rouvrir avant l’issue de l’enquête. J’arpentais le chemin qui me ramenait vers moi, la tête un peu embrûmé par les odeurs de plantes du magasin, et soucieux de faire vite. Par réflexe, je marchais tout de même en scrutant les alentours à la recherche de tout détail suspect, et c’est alors que je la vis. Une Biche se tenait à une centaine de mètres devant moi, le ventre engrossé. Son visage était lisse, ses yeux d’un brun un peu rougeoyant perçaient l’obscurité, elle portait une longue cape outremer bordée de fins motifs brodés de fils d’argent au-dessus d’une robe d’un blanc cristallin dont l’ampleur la destinait au confort des Biches enceintes. Ses cheveux, ramassés hâtivement en une masse de fils arachnéens sur sa tête me laissaient penser que sa sortie avait été motivée par le désir de l’instant, et la rendait d’autant plus belle. Elle marchait le long de la lisière des bois attenants à la rue apparemment sans but. Je chassais très vite ma surprise, résolu à la raccompagner jusqu’à sa demeure, en sécurité.
Mais alors que j’allais l’interpeller, je la vis se glisser rapidement et disparaître derrière les fougères. Inutile de dire que je ne pris pas le temps de la réflexion, et m’élançait à sa poursuite en l’interpellant vivement. En dépit de sa grossesse, elle me surprit par son agilité et je faillis la perdre à deux reprises dans les épais bosquets. Je ne voyais pas du tout quelle pouvait être sa destination, mais elle avançait à une allure qui ne trahissait aucune hésitation. Les sentiers que nous empruntions devenaient de plus en plus raides, nous gagnions les hauteurs environnant Blanchelivrée. À mesure que nous mettions de la distance avec le village, le vent qui battait les arbres prenait de curieuses intonations, comme une envoûtante mélopée qui me déchargeait un peu de la fatigue de cette marche effrénée. L’obscurité qui avait jusqu’alors altéré mon sens de l’orientation ne fit plus voile quant à notre destination. J’avais à de nombreuses reprises battu les herbes de cet endroit à la recherche de certaines plantes sous les ordres de la vieille Biche, et comme je m’y attendais, la vieille bâtisse que j’avais repéré alors se découpa dans le paysage d’arbres et de falaises escarpées qui s’offrait à nous. L’appel mélodique en provenait et je me dirigeais vers lui comme attiré par une force mystérieuse.
Je pénétrais dans la cabane sans prendre aucune précaution, aussi simplement que si je rentrais chez moi. L’atmosphère mystérieuse qui y régnait m’avait fait baisser ma garde. Le spectacle qui s’offrit à moi avait un air surréaliste. Je retrouvais la Biche en pleine besogne, accroupie face à un jeune homme, sa tête se balançant dans un mouvement frénétique destiné à provoquer son extase. L’individu affichait un air de... bienveillance redoutable, et son fredonnement était maintenant à peine perceptible, comme s’il fut dédié uniquement à sa cible. Il releva deux yeux fendus de pupilles aiguisées et sombres, et sembla seulement prendre conscience de ma présence sans pour autant s’en inquiéter. À cet échange silencieux, mon instinct de Cerf reprit le dessus et je compris que cet éphèbe d’apparence cachait une nature bien plus ancienne et plus redoutable. Je reculais d’un pas et pris en main la poignée de mon épée de service, mais étrangement mon attitude me répugna. L’être n’eut pas l’air de s’en inquiéter, cela lui tira même un sourire. Et sans faire un geste pour arrêter la Biche, il s’adressa à moi:
- Eh bien... Quelle surprise! Je n’avais pourtant pas appelé un second service, tu n’es même pas à mon goût. Vois-tu, je préfère nettement les chairs plus... disons, juvénile. Quel âge peux-tu bien avoir?
- 32 ans.
La réponse était sortie naturellement et je la regrettais déjà! Les paroles s’envolent trop vite et on ne peut les rattraper! Materchka, je n’étais pas là pour discuter cordialement avec cet individu!! Les pensées se bousculaient dans ma tête et les liens se faisaient à un rythme effréné qui tambourinait dans mes tempes!
- Beaucoup trop vieux en effet! Je regrette mon ami, mais je ne pourrais strictement rien faire de toi! Tu ne provoques même pas le plus petit désir en moi! Et je n’aime pas m’attarder sur les gens inintéressants.
- C’est vous, les! Autres, qui avez pris, victimes?
Mes pensées s’embrouillaient sous la pression renouvelée de la mystérieuse force de l’individu, et je n’arrivait pas plus à les aligner de manière cohérente. Ce trouble qui m’habitait commençait doucement, disons-le, à m’irriter. À mes mots, mon interlocuteur prit un air surpris que je ne lui aurais jamais cru capable. Il prit entre ses mains la tête de la Biche qui s’effondra immédiatement comme une poupée, puis se leva et s’avança vers moi.
- Voilà qui n’est pas commun... Tu ne devrais même pas pouvoir tousser sous mon emprise... Tu es un être décidément très curieux, capable d’entendre un appel qui ne te concerne pas, et de me résister un tant soit peu.
Je sentais effectivement son étreinte maléfique comme si l’air autour de moi s’était comprimé. Cette tension qu’il m’appliquait sournoisement éveillait en moi un sentiment de viol que je ne supportais pas! La rage qui m’habitait depuis toujours explosa avec une violence sans commune mesure, car cette fois je ne la bridais absolument plus! Tout comme elle me fit flancher alors qu’elle me dégageait de son répugnant contact, l’être fut déséquilibré et recula de quelques pas malhabiles en cherchant de quoi se retenir. Ma lucidité avait plié bagage et je me précipitai sur lui en lui assénant un coup de poing violent au plexus qui coupa nette sa respiration et le mit à genou! Mon genou alla à la rencontre son visage presque immédiatement, mais cela ne me suffisait pas, loin de là! C’est une furie pure qui m’animait et déversait sur mon adversaire une pluie de coups violents et aléatoires. Je ne voyais même plus ma cible! Celle-ci en profita pour me surprendre d’un croc-en-jambe et je tombai à mon tour lourdement au sol. L’être en profita pour se remettre sur pieds, prêt à accueillir mes prochains assauts. Je repris également rapidement posture, mais à peine avais-je porté la main sur la garde de mon épée qu’il m’assénait un coup de... griffes? Par chance, je portais mon vêtement de service, et mon pourpoint de cuir m’évita une plaie béante. Mais mon agresseur n’avait pas dit son dernier mot, et il continua son assaut en se jetant sur moi, tout crocs dehors. Ses canines s’enfoncèrent dans l’avant-bras que je lui interposai, et je cru une fraction de seconde qu’il m’en avait arraché la chair. La douleur renouvela la haine que je lui portais! Il esquiva mon coup destiné à le faire lâcher prise et se faufila avec une vivacité étonnante sur mon flanc exposé. Si je n’avais pas fait un rapide pas sur le côté à ce moment, il m’aurait pris une partie du visage dans l’attaque. Je saisi son bras au vol et le bloquai dans son dos. Son immobilisation ne satisfaisait pas mon envie meurtrière de l’arrêter et je me projetai avec son corps en rempart contre la porte vermoulue de la pièce voisine. Celle-ci céda sans difficulté sous le choc et nous tombâmes tous deux dans une salle aux relents infects qui remonta mon coeur au bord de mes lèvres. La lumière qui déchira les ténèbres m’offrit un spectacle d’une morbidité absolue, que mon imagination vint compléter à renforts de cris, de suppliques, de douleur et de terreur. Quel horrible sort cet abominable monstre avait réservé à ces victimes! Mais le bourreau était à ma merci sous mon poids désormais, et ma rage primaire déferla sur lui, emplissant l’air de notes dures et saccadées. Infamie! Abomination!!Démon!! Lâche!! Monstre!! Scélérat!!! Chaque impact était un message à son âme malveillante! Sa mise à mort sous mes poings n’arrêta pas ma frénésie, je continuai à écraser sa chair de mes poings ensanglantés bien après son dernier souffle! Ainsi prit fin cette lugubre histoire, dans une mare de sang démoniaque répandu sur le sol d’une bicoque sinistre. J’avais touché la cruauté la plus absolue et lui avais répondu par une rage meurtrière.
Nous récupérâmes 4 survivants seulement. La Biche qui m’avait mené à cette antre du malin s’en sortit le mieux, se souvenant à peine des évènements de cette nuit. Deux Faons eurent l’esprit brisé par cette terrible épreuve et je ne puis imaginer les tourments qu’ils subirent. Quant à la dernière Biche vivante que les gardes ramenèrent à Blanchelivrée, la mort eut été une issue plus douce... Le démon dans son avide appétit de chair infantile avait extrait de son corps le Faon qu’elle portait sans ménagement dans des conditions que je me refusais à concevoir... Le clan fit un long deuil de toutes ces âmes atrocement fauchées et nous préfèrâmes ne jamais nous remémorer ces deux mois... Pour palier aux malheurs de ce drame, le clan chercha à trouver au moins un réconfort en saluant mon mérite, et la Materchka décida de me présenter au totem dans une cérémonie qui devait plus tard rester gravée dans les mémoires, en mal.


Dernière édition par Frey Ocrefond le Ven 15 Aoû 2014 - 10:31, édité 1 fois
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Message[Novice] Frey Ocrefond EmptyLun 3 Déc 2012 - 18:48

J’aurais aimé dire que les conditions climatiques de ma cérémonie furent aussi clémentes que celles de ma soeur mais il n’en fut rien, et peut-être aurais-je dû déjà y voir un sinistre présage! Materchka, mes tremblements se réveillent à l’idée d’évoquer ce moment! Cela se déroula pendant une sale soirée. Le vent balayait la place, la pluie était au rendez-vous, et l’orage tonnait au loin. Nul feu ne brûlait autour du totem pour moi, et les membres du clan affichaient un visage impatient d’en finir. Mon triomphe me laissait un goût amer, cette cérémonie n’arrangeait pas mon humeur, et c’est avec brusquerie que je me dirigeais aux côtés de la Materchka à son appel. Son discours fut court, et je l’en remerciai intérieurement. Je n’avais nulle envie d’entendre récitées les parts accablantes de ma vie. Cette appréhension avait fait naître en moi mon impatience, et le stress que j’éprouvai à l’idée de me confronter à notre totem tendait tous les membres de mon corps. Avec la permission de notre Materchka, je pris donc le chemin vers la sculpture ruisselante, et y posai mes mains avec une violence dont je ne me rendis compte qu’après le choc avec le bois ancestral. Calme! Essayant de me reprendre, je m’apprêtai à coller mon front contre ce fichu pilier quand un violent coup de tonnerre stoppa net mon élan! Je compris immédiatement que le rituel avait débuté avant même que j’ai pu dire quelques mots pour mon propre sort! La surprise me fit relever la tête, et je l’apperçus à une centaine de mètres devant moi en train de sortir de la forêt.
C’était un cerf à la fourrure noire, à l’encolure massive que soutenait une hampe puissante et dont les ramures semblaient tranchantes comme le fil d’une épée. Et ses yeux! Deux billes rougeoyantes enfoncées dans des orbites sombres et menaçantes! Était-il réel, ou était-ce une créature née de quelconque magie illusoire et terrifiante? Par sa posture franchement offensive, on l’aurait dit prêt à se jeter sur la foule. Le regard qu’il portait sur notre assemblée n’était qu’animosité farouche. Son éclat de rubis se porta sur moi et il ne se détourna plus. Le sang en mes veines se glaça et je restai paralysé par son emprise. Tout à coup le cerf se mit à brâmer comme souffle un ouragan, au moment même où un éclair zébra le ciel. La puissance de son appel retentit un instant avant de s’enfuir dans la nuit. Je sentais que les observateurs de cette confrontation retenaient leur souffle, guêtant le prochain mouvement de l’un de nous deux. Mais en moi, c’est une sensation de tout autre nature qui s’éveilla, la pulsion incontrôlée de la rage! Son emprise était totale et ma volonté voulait une confrontation immédiate avec ce cerf ombrageux! Sans savoir pourquoi, je portais ma main à mes cheveux et les tirait vivement entre mes doigts crispés. Leur teinte habituellement mordoré avait fait place à des fils d’un noir du plus profond des abysses! J’avais fait mien le brâme du cerf: le cri de rage que je poussais alors en était une copie parfaite! Lorsque je repris mon souffle et relevai la tête, je vis que l’animal avait disparu dans la nuit. Mais dans les regards critiques et méprisant des autres, je sus que pour eux, il était toujours présent. Cette cérémonie était la confirmation de ma nature profonde, la mise à nue de mon âme à la colère indomptable! Je refusai cette issue de tout mon être et jetai mon indignation à la face du monde!
- Non! Non!! Reprends ce que tu m’as infligé, animal de malheur!! Ce n’est pas moi, ce ne sera jamais mon âme! Tu m’as trahi, totem! Trompé et maudit! Tu te dresses fièrement au centre de cette place comme au coeur de notre vie, et tu imposes tes marques répugnantes sur nos corps sans le moindre scrupule! Devrais-je me plier à la volonté d’un morceau de bois alors qu’il détruit ceux qui l’ont révérés? Injustice! Folie! Je refuse ton sort!!
Et j’aurais pu continuer à bafouer ce maudit totem durant toute la nuit si la Materchka, aidée par deux gardes, n’était pas intervenue! Ainsi je ne quittai pas le lieu de la cérémonie sous les acclamations de ma harde, mais comme un agitateur fou furieux dont nul ne voulait plus entendre parler. Les enfants Ocrefond sont décidément une engeance que le sort se plaît à couvrir de honte...
Je passai les jours suivants dans ma demeure sous la surveillance de deux gardes. L’affront que j’avais fait à notre totem méritait une punition, mais il avait été décidé que j’attendrai mon sort dans un lieu où je ne provoquerai pas de troubles. Mon cas n’étant pas exceptionnel, la Materchka se montra bienveillante dans sa sentence et m’ordonna seulement de me soumettre à quelques taches ingrates. Elle me fit néanmoins comprendre que ma colère, indigne d’un Cerf, devait être domptée par tous les moyens avant de provoquer un nouvel affront. Si cela avait été si simple! Après la cérémonie, la colère était devenue un voile épais qui enveloppait constamment mon esprit, et ma médecine ne fonctionnait plus!

Ma chevelure d’ébène était un stigmate qui m’aliénait toute personne du clan, et je fus mis petit à petit à l’écart de la vie de Blanchelivrée. Mes supérieurs s’arrangeaient pour me donner des postes mineurs et solitaires pour éviter tout incident, je savais ma carrière dans une impasse. Mon Fërima lui-même me tourna le dos après plusieurs disputes. Seule Rama fit l’effort de me supporter pendant quelques temps, mais je savais que cela lui coûtait. D’autant plus que nous étions tous deux des parias, des enfants maudits, la cible de tout le mépris qui pouvait dégorger de notre clan qui se manifestait par le vandalisme répété de notre maison. Un jour elle m’apprit qu’elle avait trouvé un emploi et m’annonça en même temps son intention de déménager. Elle m’expliqua avec la froideur de qui déverse un discours longuement répété que vivre dans la même demeure ne faisait que renforcer le dégoût à notre égard. Elle voulait me convaincre que nos malheurs venaient d’elle seule, et que sa chambre vide, l’animosité des autres à mon égard diminurait fortement et ma vie pourrait reprendre son cours tranquille. Je ne tentai même pas de la détromper, l’état de tension dans lequel sa décision inattendue me plongea était tel que ce qui aurait pu être une séparation mutuellement consenti se mua en un déchirement teinté de fureur, et je la mis pratiquement à la porte avec fortes injures. Une nouvelle fois je me sentais trahi par elle, et nous ne nous revîmes plus pendant un certain temps.

Je passerai sur les événements mineurs qui se déroulèrent dans ma vie pendant les trois années suivantes. Sachez toutefois que je vécu la plupart du temps dans un isolement colérique, que seule ma relation avec Rama venait ponctuer. En dépit de la manière dont je l’avais chassée, elle me pardonna cet écart avec un peu de temps, et l’éloignement aidant. Notre relation fut toutefois un peu plus tendue après cela, et quelque chose se dressa entre elle et moi. C’était comme un mur qui s’était soudain placé entre nous, et nous empêchait de nous confier complètement l’un à l’autre. Il y avait... énormément de retenue dans nos échanges. Nous nous bornions à évoquer des banalités, et rares furent les fois où, l’un comme l’autre, nous dévoilions nos pensées les plus profondes. Je tirai vite la conclusion que cela était un nouveau fruit pourri de ma rage intérieure, et que je payai fort le prix de ma conduite envers elle. Coupable, j’en acceptai les conséquences, attendant le jour où nos rapports pourraient redevenir ceux d’autrefois. Imbécile que j’étais, comme je me leurrais!

Vers la fin de ma 35ème année, mon existence prit un nouveau tournant tragique. L’été touchait à sa fin, et je revenais du poste avancé de Blanchelivrée où je venais de passer un mois dans une chaleur étouffante. Bien sûr, le soleil ne voulait pas m’épargner non plus pour le voyage, et sous ses coups de masse d’or j’arpentai les chemins qui me mèneraient bientôt chez moi, d’où je n’avais pas l’intention de sortir pendant les jours à venir. Mais le sort n’en voulait pas ainsi. Sur ma route je vis au loin Rama aux prises avec trois gardes qui me parurent immédiatement trop entreprenant et alimentèrent davantage ma fureur. Je pressai le pas et écartai le plus proche de ma soeur avec une violence non dissimulée. Il n’en fallut pas plus pour déclencher l’hostilité de ce groupe révulsant de Cerfs en rut.
- Ne vous approchez pas de ma soeur-Biche, porcs répugnants! Disparaissez!
- Qui tu es toi? Ce ne sont pas tes affaires! Reprends ton chemin avant de finir la journée sur le bord de la route!
- Ce sera toujours mieux que là où vous finirez si vous continuez à tourner autour de cette Biche!
- Ah! Comme si nous étions les premiers!
- La garnison entière lui est passée dessus sans douter! Nous ne faisons que prendre la mesure de ses tarifs, et pourquoi pas plus tard, de ses talents!
J’empoignai furieusement le Cerf qui avait osé émettre l’idée que ma soeur puisse être une Biche-Perichka! Quoi, ne suffisait-il pas que le clan entier la déprécie pour sa stérilité, il fallait de surcroît qu’ils la traitent comme un traînée!? Que ma soeur puisse faire partie de la caste la plus dégradante de notre harde... Qu’on la suppose capable de vendre son amour alors même qu’elle ne peut engendrer... Les Biche-Perichka jouaient le rôle de garde-fou pendant la période de séparation des Cerfs et des Biches. Ce sont des femmes sans renom qui accueillent les désirs des mâles pour éviter tout débordement. Et sur leurs conseils, tirés de leur expérience, les Biches pouvaient choisir un parti intéressant pour la reproduction. Qui se montrait le plus fougueux? Qui avait une carrure propre à donner des Faons en bonne santé? Qui n’a pas l’étoffe d’un vrai mâle? Elles sont aussi les instructrices des jeunes Cerfs sur les multiples façons de satisfaire leur futur compagne. Tout le monde ne recourait pas à leur service, et le clan n’avait finalement que mépris pour elles. En définitive, leur nom était associé au vice et à la perversion!
- Qu’osez-vous dire!? Non contents d’importuner ma soeur, vous l’insultez de la sorte! Fumiers! Ne pensez pas vous en tirer sans heurts désormais!
- Je t’en prie Frey, laissons cela et allons-nous en! me dit Rama d’une voix suppliante. Cela n’en vaut pas la peine!
- Oh nous n’allons pas en rester là, Perichka! Une fois que nous serons passés sur ton frère, sois sûre que ce sera ton tour! rétorqua l’un des deux imbéciles qui s’était tenu en retrait, les poings serrés. Il ne s’attendait pas à recevoir son compagnon répugnant alors que je le lui envoyai d’une bourrade! La confrontation n’était plus une option, et je ne l’avais d’ailleurs jamais imaginé de cette manière. Je profitai de la surprise de mon geste pour attaquer le troisième crétin. Mon poing s’écrasa sur son visage et le fit flancher, de son nez jaillit une gerbe de sang! Je devins immédiatement la bête noire, incarnation de la rage, et rien n’aurait pu me raisonner. Ses acolytes ne tardèrent pas à m’acculer, mais je les attendais avec impatience. J’accueillis le premier d’un coup de pied dans l’abdomen qui le plia en deux! La frappe de l’arrogant qui avait insulté ma soeur me toucha comme je l’avais prévu, et j’avais mésestimé sa force. Je me remis en garde suffisament rapidement pour accueillir les coups qui suivirent. Il se battait bien, non pas avec l’énergie de la colère, mais avec celle de la dignité mise à mal. Du coin de l’oeil, je vis ses acolytes venir vers nous et je devais absolument reprendre le dessus. Je profitais de l’ouverture que laissait la préparation de son prochain coup pour me jeter sur lui. Destabilisé, je lui portai un nouveau coup qui acheva de le faire tomber, mais le temps me fit défaut pour achever son cas. Ses deux comparses posèrent leurs mains répugnantes sur moi et me tirèrent en arrière avant de me maintenir les mains dans le dos. Classique! Leur meneur se releva et la satisfaction luisait dans son regard: il était prêt à me rendre la pareille. Il me porta quelques coups qui m’ébranlèrent physiquement, mais ne faisait qu’amplifier ma rage. Je sentais le sang dans ma bouche, mes organes me brûlaient, et des explosions de couleurs douloureuses naissaient dans mes yeux. La prise de mes adversaires était ferme, mais s’ils me relâchaient...
Criant désespérément pour arrêter le combat, Rama se jeta justement sur l’un d’eux. Les efforts qu’elle faisait pour le faire lâcher prise étaient vains bien sûr, elle ne pouvait rivaliser en force avec des Cerfs endurcis, mais son attention détournée me suffit à renverser la situation. Ma revanche serait bien sanglante! Alors que le meneur s’apprêtait à porter un coup, je tendis mes muscles et projetai le Cerf déconcentré juste dans sa ligne d’attaque. L’élan nous fit trébucher tous les quatre sur le sol, et j’étais de nouveau libre de mes mouvements. Avant même de me rétablir, je saisis la tête du plus proche et la frappais contre le sol en hurlant ma rage! Le bruit de craquelure de l’entrechocs me procura un certain plaisir et je savais cette brute inconsciente maintenant. Les deux autres tentaient de se remettre sur pied, mais j’en saisis un par la taille avant qu’il ne prenne trop de distance et le plaquais au sol! Je remontais son corps tel un serpent en faisant fi des coups de pieds désorganisés qu’il me portait, et arrivé à la hauteur de son visage, je lui portais plusieurs coups de poing enragés. Son comparse me porta un coup de pied qui me destabilisa et il l’aida à se dégager. Je m’apperçu alors qu’une petite foule s’était formée autour de nous car ces lâches comptaient en profiter pour disparaître. Jamais! Ils devaient payer pour l’affront à Rama! Une main me retint brusquement par l’épaule alors que j’allais me jeter à leur trousse.
- Assez! Cesses de te donner en spectacle de la sorte, n’en as-tu pas fait suffisamment?
La rage du combat ne me fit pas reconnaître la voix de mon Fërima, et je me détournais en un bloc, le poing serré et lancé. Il m’arrêta d’un coup de tête qui manqua de me briser le nez et me laissa étourdi quelques secondes, des flammes dansantes dans les yeux.
- Qu’est-ce qui s’est passé ici? Qu’as-tu encore provoquer? N’y a-t-il pas assez à en dire sur notre famille pour que tu te donnes en spectacle de surcroît? cria-t-il en me saisissant au collet.
- Et toi, qu’attaques-tu celui qui charrie un peu de ton sang au lieu de t’occuper de ses agresseurs? Eux seuls ont entamés cette bagarre en souillant le nom de Rama! Laisse-moi régler leur cas!
- La garde s’en occupera, si vraiment affront il y eut! La justice ne se fait pas de cette manière dégradante!
Je serrai les dents, «- Biche-Perichka! Voilà la manière dont ils ont traités ma soeur! Ils ne s’en tireront pas ainsi crois-moi: nul ne parlera ainsi d’elle!
Je me dégageais vivement de son étreinte et parti pour les rattraper, mais mon Fërima me fit une nouvelle fois obstacle! Me saisissant par le cou, il me porta un coup à l’arrière du genou qui me fit fléchir.
- Lâche-moi, Fërima! Il ne sera pas dit que je les ai laissé bafouer sa vertu sans vengeance!
Il maintint sa prise et me murmura avec colère ces quelques mots:
- Arrête tout de suite! Tu ne fais que souiller son nom d’avantage en révélant cela au grand jour...
Ses paroles me tétanisèrent et je sentis mon corps se vider de toute substance. Ma rage fit place à un trou béant qui aspirait toutes mes pensées et tout mes sentiments. Cette révélation me laissa sans voix et sans force. Je cherchais dans la foule le visage de Rama, et le trouvait baigné de larmes affligeantes. Elle détourna son regard immédiatement et porta la main à ses lèvres livides. Ce ne pouvait pas être vrai! Je refusais la vérité que l’on venait de m’asséner, je niais tout en bloc! Mais la vérité a de puissant qu’on ne peut s’y soustraire lorsqu’elle se révèle. Tout se fit jour en moi. Le secret qu’elle entretenait sur son poste, sa réticence à me recevoir à certaines heures de la journée, les regards concupiscents des Cerfs sur son passages, les sous-entendus écoeurant que je captais parfois à son sujet et qui m’avaient valu tant d’altercations...
- Non... C’est faux... chuchotais-je difficilement.
- C’est la voie qu’elle a choisi pour aider la harde... Les Biches-Perichka n’en tirent que le mépris, mais c’est un rôle que quelqu’un doit endosser. Après sa cérémonie, Rama a vu toutes ses possibilités de vie s’étioler et cela lui a beaucoup coûté, jusqu’à sa propre estime. Comme nous, elle a toujours voulu devenir un pilier pour la harde, et vivre en honorant notre famille. C’est la seule façon qu’elle a trouvé pour garder la tête haute, et continuer à subsister sans maudire son sort ni se mépriser.
- Arrête... Je t’en prie!
- Mais elle savait aussi que tu ne l’accepterais pas, et elle a préféré te le cacher pour ne pas lire dans tes yeux le dégoût! Voilà maintenant au point où tu en es, à lui faire honte davantage par tes actes ignorants et ton emportement!
- Arrête!, m’écriais-je soudainement! Le hurlement que je poussais alors était sans commune mesure! C’était comme si mon être tout entier s’était déchiré, et de cette ouverture avait jailli toutes les émotions que mon âme pouvait contenir, avec au centre de ce geyser l’ouragan de rage que j’avais toujours tenté de sceller autant que possible. Je n’exagère pas en écrivant que ma voix fut emportée par un vent cinglant, prenant naissance dans mon corps même, qui lui donna une stridence effroyable et insupportable! Son souffle battait les arbres, emportait les objets les plus légers, fit trembler Blancherive même dans ses fondations! La foule en tomba à la renverse, les gens s’agrippaient les uns aux autres lorsqu’ils se sentaient partir à leur tour, et tous tentaient de se boucher les oreilles au mieux! La bourrasque sonore porta sur plusieurs kilomètres et les bois alentours se vidèrent de toute vie! Mon cri dura un peu plus d’une dizaine de secondes qui semblèrent s’étirer à l’infini. Quand enfin mes poumons se vidèrent de toute trace d’air, je m’évanouis, un sifflement intense dans l’oreille droite, la gauche dégoulinante de sang...

Il fallut trois jours pour que je reprenne enfin conscience et pourtant j’étais encore dans un état de fatigue extrême. On m’avait apposé pendant mon sommeil un bandage épais qui couvrait mon oreille gauche, je décidais de ne pas l’enlever sans savoir de quoi il retournait. Il me fallut un moment pour m’accomoder de l’obscurité qui régnait dans la pièce, puis je me rendis compte que je n’étais pas chez moi mais dans une chambre que je ne connaissais pas. Je dû faire un peu de bruit en m’asseyant sur la couche car une Biche d’un certain âge pénétra dans la pièce. Elle se tenait dans l’encadrement de la porte, et la lumière derrière elle me masquait son visage. Cette ombre comme sortie d’un rêve s’enquit de mon état, et voyant mes traits tirés, m’ordonna de me rendormir. Elle m’apprit avant que je ne replonge dans les draps que j’étais dans la demeure de notre Materchka, et qu’elle me verrait le lendemain. Je ne fus même pas surpris, la brume qui stagnait dans ma tête empêchait toute pensée de se former concrètement. Cette nuit-là, mes songes me ramenèrent à Rama, sans doute un effet de son odeur qui flottait, persitante, dans la chambre...
La Materchka se rendit à mon chevet vers le début de l’après-midi. Elle s’était paré de ce masque de solennité que tous nous lui connaissions, et qui pour moi ne pouvait être porteur que d’une nouvelle de mauvais augure. Ce qui fut le cas. Après avoir pris courtoisement des nouvelles de mon état de santé, elle entra dans le vif du sujet. Ma colère. Celle-ci ne se fit pas prier d’ailleurs pour faire surface à mesure que la discussion avançait, mais je la réprimais avec toute ma volonté. Pour être concis, mon comportement était devenu source de trop d’incidents, et je ne pouvais espérer continuer à vivre à Blanchelivrée sans maîtriser la force de mes émotions, lesquelles avaient semble-t-il des effets particuliers. Elle m’ordonnait tacitement de plier bagages rapidement afin de trouver de par le vaste monde une méthode quelconque de calmer ma tendance à l’emportement, et pour donner bonne figure, elle maquilla ce départ en une mission: porter une missive à une personne de sa connaissance habitant dans une ville à l’autre bout de la région. Je lui fus reconnaissante de ne pas décréter purement et simplement mon bannissement, même si j’étais intimement persuadé que cette quête ne me ramènerait plus jamais dans ma ville natale. Après notre entrevue, je quittais sa demeure et préparais rapidement le voyage sans fin qui m’attendait...

Je pris la route la nuit du surlendemain. Je voulais éviter à tout prix de croiser qui que ce fut, disparaître comme une ombre était un sort qui m’allait très bien. Je ne fis mes adieux à personne, et d’ailleurs personne ne vint non plus déranger mes préparatifs. Je n’avais plus d’ami depuis longtemps, mes rapports avec mes parents étaient plus froid que la glace et mon Fërima s’était détourné de moi après la cérémonie qui m’avait marqué pour de bon... Quant à Rama, ma foi que cette garce subisse son sort. Je ne lui ai jamais pardonné sa trahison, son silence, et son choix laissera toujours un goût amer dans ma bouche. Si vous avez cru un moment que je partis cette nuit-là le coeur remplit par le désespoir, détrompez-vous. Il n’y a que la haine qui portait mes pas, dirigée contre toutes les personnes que j’avais connues jusqu’alors, autant que contre moi-même!

Rassurez-vous, ce carnet ne servira pas à étaler les détails de mes voyages. Pour aller à l’essentiel, je vécus dans différentes villes, utilisant mes connaissances des plantes pour en faire un peu de commerce et vivoter. Quand les finances venaient à manquer, je rendais des services mineurs à des artisans de diverses professions. Mais généralement j’évitais les foules et je dressais souvent mon camp en pleine nature. Vivre de cette manière aiguisa ma capacité à emprunter les caractéristiques de mon totem. J’acquis très vite des sens et un instinct plus développés dans les zones boisés et les clairrières, ce qui me permit de me rendre presque invisible pour la faune sauvage ainsi qu’aux yeux des autres races. Avec de l’entraînement, je parvins même à faire pousser sur mon crâne deux bois de Cerf. Ce n’étaient encore que des merrains à deux ou trois embranchements, sans mesure avec ce que les plus anciens du clan parvenaient à faire apparaître après une pratique assidue de cet exercice, mais cela me tira de quelques mauvais pas à plusieurs occasions contre des brigands et des bêtes sauvages. Si un jour vous entendez des histoires concernant une ombre furtive aux bois de cervidés entraperçue dans la nuit, peut-être s’agissait-il de moi...

Le début de mon voyage pour Elament commença une nuit où je m’étais installé dans un paysage montagneux que fendait une rivière. La journée avait été remplit d’une marche épuisante car je cherchais à gagner un bourg dont j’avais entendu parler quelques temps plus tôt et dans la périphérie duquel je savais pouvoir trouver une plante à la valeur suffisament intéressante pour remplir mes fonds cruellement vides. Mes vivres commençaient à manquer également et le maigre repas que je fis dans l’après-midi n’avait pas suffi à me redonner l’énergie que ma marche forcée m’avait ôtée. Je m’arrêtai donc à la nuit tombée, dressai mon campement, et parti à la rivière nettoyer ma fatigue et remplir mon outre d’eau.
Parvenu aux abords de la rive, mon instinct de cerf s’éveilla soudainement, captant une menace. Sans bruit, je me fondis dans la végétation de la digue, et tendais tout mes sens à la recherche de la source de cette pression. J’entendis un déchirement, un craquement, de la mastiquation sans retenue accompagnée de grognements de satisfaction. Un fauve jouissait non loin de son repas. Plusieurs même. Ils étaient trois de l’autre côté de la rivière, penché sur un cadavre de la taille d’un humanoïde. Dans la nuit ils n’étaient que des ombres dévorantes, recroquevillées sur leur dîner, dans une satisfaction bruyante. Loups? Lynx? Chiens sauvages? Je ne parvenais pas à les identifier clairement, et leur forme me paraissait étrange et cauchemardesque. Même émoussés par la fatigue, mes yeux devraient distinguer les formes caractéristiques de tout animal sauvage à cette distance, me dis-je. Étais-je en présence de créatures impies à la forme grotesque que nul n’osait évoquer? Je me concentrais pour percer les ténèbres et identifier ces prédateurs indistincts... La lune me vint en aide en perçant les nuages qui en masquait la lumière argentée. Lentement, les formes furent baignés de son éclat opalescent et le spectacle des charognards prit une tournure bien plus morbide.
La victime était bien un être humanoïde... tout comme ses meurtriers! Tout dans leur maintien et leur posture évoquait le loup, mais les crocs, les griffes et les quelques touffes de poils sombres ne pouvaient me tromper. J’avais entendu parler au cours de mon éducation à Blanchelivrée de ces cristalléens qui, à vouloir trop se rapprocher de leur totem, perdaient leur propre conscience et devenaient des créatures ayant pour seul empire leur instinct sauvage, mais jamais je n’en vis jusqu’à ce soir. Et devant ce spectacle affligeant et révoltant, je n’éprouvais que du dégoût envers ces êtres qui avaient nié leur propre sang et s’adonnaient devant moi au cannibalisme. La révulsion qui me prit m’ordonnait de partir, et je sortais discrètement des hautes herbes avec l’intention ferme de déplacer mon campement plus en amont. Mais mon mouvement fit tomber un morceau de la digue dans la rivière dans un bruit d’éclaboussure qui alerta aussitôt les immondes charognards. Je me figeais, guettant leur réaction alors qu’ils balayaient de leurs regards acérés la zone de leur crime à ma recherche. L’un d’eux scruta soudain ma planque, tout ses sens tendus vers moi. Le temps se figea l’espace de quelques secondes puis il se détourna en grognant et repris son repas. Les autres l’imitèrent. Je n’osais pas bouger pendant quelques minutes malgré le dégoût que leur banquet m’inspirait. Je m’éclipsai finalement sans faire de bruit, le coeur au bord des lèvres et maudissant ces êtres tout comme ma maladresse. Ne pouvais-je donc passer la nuit paisiblement?
Arrivé à mon campement, j’empaquetais rapidement mes affaires, bien décidé à quitter ce lieu morbide dans les plus brefs délais. Toute mon attention se portait sur le rangement et ma colère me plongeait dans une sorte d’aveuglement, si bien que je ne sentis rien venir. Des griffes se plongèrent dans mon dos dans une brusque bourrade qui m’envoya au sol avec force! Mon traître d’assaillant pesait de tout son poids sur moi pour m’empêcher de fuir. Je tentais de me dégager au moment même où il tenta de plonger ses crocs dans mon cou, et déviais ainsi son attaque sur mon épaule. Sa morsure me causa une douleur vive comme la brûlure d’une flamme, et j’aurais pu m’évanouir si l’adrénaline, la rage et l’instinct de survie ne m’avait pas submergé à ce moment précis! Monstruosité! J’étais bel et bien repéré, et ces immondices avaient dressé un plan pour me prendre par surprise! Toujours à terre, je saisis ma dague et la plantais au hasard dans le corps de mon assaillant en le repoussant vivement! Lui qui s’était attendu à en finir immédiatement, la surprise et la douleur le firent flancher. Je saisis l’opportunité pour me dégager et mettre de la distance entre nous en me traînant rapidement sur le sol sans le quitter des yeux. Je vis alors ses deux comparses sortir de la forêt à une vingtaine de pas, bien décidés à faire de moi leur nouvelle victime.
Le combat s’engageait mal. Je serais vite submergé en nombre, et ma seule arme, l’épée de la garde de Blanchelivrée, était près de mon paquetage derrière la première de ces sales bêtes! Sans compter les blessures qui me cuisaient le dos! Il me fallait agir rapidement pour sauver ma vie! Le... loup s’apprêtait à fondre à nouveau sur moi. Sans hésiter, je me ruais sur lui en libérant mes bois! Mon attaque porta et l’envoya quelques mètres plus loin, mais je n’attendis pas pour le voir se remettre. Sans attendre, j’étais déjà en train de fuir vers les hauteurs en passant par les bois. J’espérais mettre le plus de distance entre nous, pensant que les obstacles les ralentiraient un tant soit peu et les sépareraient peut-être. Leur bestialité aveugle n’entamait pas leur agilité, néanmoins ils cédèrent du terrain lorsque nous abordâmes les falaises rocheuses. Je continuais à me presser, bien que l’idée de mettre à mort ces trois immondes bêtes nourrissaient mon envie! Ma rage fulminait, plus intense que jamais! Et je sais maintenant qu’elle me trahit dans ma fuite. Alors que j’abordais une pente escarpée, ressassant ma colère, une bourrasque puissante venant de sous mes pas me déséquilibra! Je chus du chemin de pierres, et tombais sur un promontoire quelques mètres plus bas. Le temps que je me remette, mes poursuivants m’avaient déjà rattrapés et descendaient à mon encontre...
Tandis que je me relevais, les membres fourbus par la chute, le dos et l’épaule tiraillés par la douleur, les trois créatures s’approchaient tous crocs dehors, les yeux révulsés par l’appétit du sang et s’apprêtant à fondre sur moi. La colère grondait encore en moi, mon désir aussi de violence devait sourdre de tous mes porcs car je les vis hésiter un court instant. Soudain ils se ressaisirent et se jetèrent tous trois sur moi. Rage! Colère! Violence! Tout se libèra en moi tel un prisonnier démoniaque libéré de ses chaînes! Sans hésiter je fonçais sur eux tête baissée et bois en avant. Je hurlais ma fureur prêt au choc de leur encontre, mais un nouveau souffle de vent me surpris, qui venait une nouvelle fois de moi! Il propulsa violemment mes assaillants pendant leur saut meurtrier contre les parois rocheuses, et tout ce que je vis durant ma propre chute, provoquée par le recul de la bourrasque, ce sont leurs chairs se répandant sur les pierres escarpées. Cette seconde de satisfaction fit place à la frayeur du saut de l’ange auquel je m’adonnais. Je vivais là mes derniers instants à n’en point douter... Mais la Fortune ne lâche pas si facilement ses proies, elle non plus.
Le vent était décidément bien capricieux cette nuit-là. Je le sentis souffler sous mon corps et stopper ma chute. J’étais comme sur un coussin d’air qui me faisait gagner lentement le sol. Une fois à terre, je repris le souffle qui me manquait et regardait aux alentours l’origine de ce prodige. Car cette fois, j’étais certain que cette magie était l’oeuvre de quelqu’un, et non de ma furie! Mais cette personne était-elle bienveillante, ou...
- Tu n’as rien à craindre, Cristalléen.
Je me tournais du côté de la voix. Un être d’une stature imposante, drapé dans une longue cape aux motifs géométrisants et colorés. Son visage ravagé par le temps ne me laissait aucun doute quant à la beauté qu’il eut pu posséder à une époque plus reculée. Ses cheveux clairs, fils d’argents entremêlés de plumes d’or, tombaient en une cascade miroitante sur ses épaules. Il me jaugeait de son regard bleu azuré emprunt de sympathie, un léger sourire tirant ses lèvres en coin. Son apparence ne laissait aucun doute quant à sa nature d’Aasimar.
- Qui êtes-vous? Qu’est-ce que vous me voulez? Pourquoi m’avoir sauvé?
- Cela fait beaucoup de questions, jeune Cerf! Ne t’inquiètes pas, je serais ravi d’y répondre. Mais tout d’abord nous devnos nous occuper de tes blessures avant qu’elles ne s’infectent. Prends cela s’il te plaît, me dit-il en me jetant un onguent dont je reconnaissais la provenance: mon paquetage.
- Vous avez fouillé mes affaires? De quel droit osez-vous!
- J’ai pris ce qu’il fallait, et c’est vous qui allez vous en servir pour votre propre bien. Voyez-vous du mal là où il n’y a que de la prévenance? Allons, ne soyez pas stupide et appliquez-vous à soigner vos blessures!
Je débouchais le pot et me mis à l’ouvrage mais je fus obligé de demander de l’aide une nouvelle fois à mon sauveur mystérieux pour appliquer la lotion sur les entailles de mon dos. Il s’y mit à contrecoeur à cause de l’odeur de ma mixture. Au bout d’un moment, il rompit le silence qui s’était instauré entre nous.
- Frey Porterage... C’est mon nom, lui murmurais-je.
- Allons, nous savons tout deux que c’est une demi-vérité, Cerf Ocrefond.
- Comment pouvez-vous...
Mes paroles se figèrent alors qu’une pression lègère se fit non pas sur, mais dans ma gorge!
- Tu es un être à part, Frey, et il y a un moment que je te suis. Ton pouvoir est comme un phare dans la nuit, que toute personne versé dans la magie peut repérer aisément, et moi encore plus. J’ai eu tout le temps de faire ma petite enquête à ton sujet. Ta soeur va très bien, au fait. Ne t’inquiètes pas, je ne suis pas en train de proférer une quelconque menace à son sujet, ni au tien, ha ha! Je suis là pour t’aider, si tu veux bien m’écouter évidemment.
Il me parla longuement des mystères d’une cité nommée Elament, où des mages de tout Magyar venaient pour y trouver instruction dans leur art. Il me parla de dieux, de magies, de guerres ancestrales dont les cicatrices continuaient à suinter et à répandre leur infection démoniaque. Il me parla de moi et de ce qu’il nomma mon «don», la magie des Aéras. Il me parla d’un espoir pour moi de calmer ma rage, laquelle n’était d’après lui qu’un effet secondaire d’une magie retenue qui ne demandait qu’à sortir de sa prison, celle que constituait ma propre chair. Il me parla de tant de mystères, de légendes, d’histoires fantasques qu’aucune personne dotée de jugement critique ne pourrait croire. Mais il me fit la démonstration de sa magie d’Aéra à un niveau que je ne pouvais nier. Et ma vie n’avait-elle pas été jalonnée par quelques événements que personne ne m’avait expliqué jusque là? Cet aasimar détenait les réponses que, je m’en rendais compte maintenant, j’avais cherché au cours de mes voyages. Je ne fuyais pas, je ne fuyais jamais. Je cherchais cette rencontre depuis le début, qui m’apporterait le savoir sur moi-même, et peut-être sur le moyen de trouver la plénitude. L’aasimar Cendrelacs était celui que j’attendais!

Nous partîmes aussitôt pour Elament, dont il parlait parfois avec mélancolie, comme si cette cité qu’il me dépeignait souvent avec emphase avait un lourd secret ou une lourde destinée. Les histoires de la région me laissait pantois, tout comme les aventures qu’il avait vécu avec ses compagnons. Nos longues marches, nous en meublions les silences lui avec ses récits, moi avec ses questions. Je crevais d’envie d’en savoir plus sur les pouvoirs qui étaient miens, mais il remettait toujours à plus tard cette éducation qu’il me promît le soir de notre rencontre. Manifestement, il était pressé de revoir les murailles de la cité, et parfois il marmonnai «Nous sommes en retard...» avant de presser le pas. Je me sentais coupable de cela, car je le savais capable de se déplacer bien plus vite sur les courants aériens. Mais ce n’était pas mon cas, aussi fis-je de mon mieux quitte à me crever de fatigue sur notre route. D’ailleurs, moi-même j’avais un désir intense de poser les yeux sur la ville promise. Mais notre arrivée ne fut pas à la hauteur de mes attentes.

Nous mîmes seulement 3 mois et 17 jours pour parcourir la distance qui nous séparait d’Elament, ce qui étant donné notre point de départ représentait une prouesse plutôt impressionnante. D’après Cendrelacs, nous nous trouvions à encore quelques kilomètres des portes de la cité lorsque les évènements se bousculèrent. Les bois que nous traversions étaient épais, obscures, et bouchaient toute vue. Je maudissais la région de m’mepêcher de voir le paysage. Il me semblait toutefois distinguer au loin, dans le ciel, mais cela relevait pour moi d’un tour de l’esprit, un immense morceau de terre flottant dans l’azur. Peut-être m’étais-je attendu à trop de miracles, et je nourrissai désormais des illusions fantastiques.
Le comportement de Cendrelacs était très tendu, son impatience avait crût ces derniers jours et il n’avait décroché que de rares paroles, parmi lesquelles que le temps manquait. C’en était fini de ses récits, et seul importait notre marche. Je repassais maintenant ses histoires dans ma tête, mais toute mon attention était tendu vers la découverte des premiers signes d’Elament.
L’air tomba tout à coup. Quelque part, dans les environs, je sus que quelque chose s’était rompu, et Cendrelacs le perçut aussi car il s’arrêta aussitôt également. Comme en réponse à la question silencieuse que nous posions au monde, une bourrasque impitoyable s’abattu sur la forêt, et je ne lui fis face qu’avec peine en me protégeant des morceaux de bois et de pierres que charriait son souffle! J’entendis mon compagnon s’écrier «Elle tombe! Elle tombe déjà maintenant!?», et sans même me jeter un regard, je le vis s’élever dans les airs et partir droit devant, perçant les brumes dans son sillage. Que se passait-il au loin? Cet événement qu’attendait l’aasimar était en train de se produire, j’en avais la certitude, et je pestais qu’il ne m’en ai pas dit davantage à ce sujet, encore plus qu’il me plante ici maintenant!
Je commençais à courir à sa suite, aussi vite que me le permettait le vent et les obstacles. Quand tout à coup un tremblement de terre me déséquilibra et me projeta au sol. Un bruit assourdissant d’impact violent retentit sur toute la région, accompagné de stridences qui perçaient mon esprit. Le ciel au-dessus de moi se zébrait de centaines de tons colorés et changeant. Un événement sans précédent venait d’avoir lieu, mais quoi? Était-ce en rapport avec les confrontations contre les démons dont mon guide parlait tant? Je ne voyais qu’un moyen d’en avoir le coeur net, aussi foncais-je à travers les bois à la rencontre d’Elament.
Je ne crois pas que je pourrais un jour décrire avec fidélité toutes les émotions que me fit ressentir cette traversée effrénée. Si le bruit le plus fort avait disparu, les stridences continuaient à se produire et à colorer le ciel. Elles s’insinuaient parfois en moi et provoquaient des nausées que je parvenais à contenir avec toute la force de ma volonté. Au loin, j’entendais les sons ténus mais caractéristiques des batailles, des armes qui s’entrechocs, des râles de la mort. Et dans l’air, mes sens de Cerf captait les effluves du sang et de la souffrance. Un combat était mené par-delà les bois, et je m’y rendais, attiré par la soif de savoir. Je courrais aveugle dans un couloir de sensations perturbantes, et ce n’était pas encore le pire. Peu à peu, je me rendis compte que je n’étais pas seul dans ses bois. Mais il ne s’agissait pas des présences banales que l’on rencontre habituellement dans ces lieux, non... D’autres êtres couraient parallèlement à moi. Je ne les distinguais pas clairement dans l’épaisseur des bois, mais je devinais qu’ils étaient de plusieurs races bien différentes. Leurs grognements, les bruits de leur souffle, et ceux de leurs pas se joignaient et bondissaient sur les cîmes des arbres. Quant à leurs auras... Je distinguais chez eux une peur panique non dissimulée, ainsi qu’une haine farouche capable d’incendier toute chose à son contact. Je sentais par ailleurs que contrairement à moi, ils ne dirigeaient pas vers Elament, mais en provenaient...
Le temps qui s’était écoulé durant cette traversée singulière fut long, et j’accueillis avec un soulagement immense les premiers signes de l’orée des bois. Je débouchais sur un colline, un peu au-dessus de ce qui semblaient être les ruines d’une ville antique. Le saisissement de son spectacle eut une certaine emprise sur moi. Je pouvais deviner la grandeur de ce qu’elle fut jadis à la richesse et à la beauté de ces remparts et à l’architecture fine de ses habitations. Elle semblait s’être faite dévorer par un amas de pierre et de végétation qui continuaient à la submerger en petites touches d’avalanches par-ci par-là. Des flamboyances l’illuminaient par endroit, et un épais voile de poussières la recouvrait. Des jets de magies fusaient de toutes parts de ses rues, peignant l’air comme une toile. Les bruits d’affrontements qui me parvenaient formaient une macabre mélodie. C’était la cité entière qui gémissait, qui râlaient sous la pression de la guerre. Devant moi, Elament était en train de rendre son dernier souffle, telle fut la pensée qui me vint. Et au-delà de la tristesse accablante que m’inspira ce spectacle pathétique, ma colère profita d’une brèche dans mon coeur pour faire une nouvelle percée et dicter sa loi impitoyable. Était-ce là la glorieuse cité, l’espoir que m’avait fait miroiter l’aasimar? Il me devait justice maintenant, et cette pensée revancharde au coeur, je dévalais les derniers kilomètres qui me séparaient de la ville.

Si l’odeur de mort était déjà à la limite du supportable depuis mon point d’observation, c’était encore pire dans les rues de la cité, et je fus à de nombreuses reprises sur le point de rendre. La poussière pénétrante gênait ma respiration et me brûlait les yeux, m’empêchant de m’orienter convenablement. Les ruines des bâtiments et de pierres avait transformé de toute façon toute configuration urbaine de manière irrémédiable, et j’avançais à pas mesurés en suivant mon instinct. Et partout aux alentours, des cadavres d’humanoïdes ou de démons. Il y avait même des races que je ne connaissais pas, ou alors les coups qu’ils avaient pris les rendaient méconnaissables. Voilà donc la violence qu’engendre les pouvoirs des dieux que ne cessaient de vanter mon compagnon. Le sang qui avait coulé dans les rues avait formé une mélasse de poussière et de boue qui collait à mes bottes. Le bruit de chacun de mes pas pressant m’était désagréable, même si je m’en préoccupais peu de toute manière: les suppliques des survivants me faisaient davantage d’effet. Mais je ne m’arrêtais pour aucun d’eux. D’ailleurs qui méritait d’être sauvé dans cette cité agonisante? Était-ce à moi, parfait étranger arrivé là par les caprices du sorts, d’en faire le choix? Je n’étais pas en état d’aider qui que ce fut de toute manière: toute ma colère était de sortie et m’ordonnait de retrouver mon guide, celui qui m’avait conduit dans ce bourbier innommable.
Par le coup de la Fortune, ou bien par la force de mon instinct, je parvins à le trouver en moins d’une heure. Mais le camouflet fut violent pour moi: Cendrelacs était mort. Il gisait là, son visage blanc tiré par l’effroi, une blessure énorme sur le flanc près du bas-ventre, comme s’il eût été empalé avec un tronc d’arbre. Ce ne fut pas une surprise pour moi, d’une certaine façon j’avais pressenti que cette bataille serait pour lui la dernière à peine avais-je posé le pied sur les pavés d’Elament. Mais cela ne diminua pas la force de mes sentiments. Non pas de la tristesse, de la peine, ni la douloureuse perte d’un ami, mais la colère et la rage contre cet aasimar qui, après m’avoir fait miroiter les espoirs les plus fous, conté ses histoires de cité magique pleine de promesses, donné l’illusion d’Elament la grande où je pourrais enfin résoudre mes problèmes, cet aasimar m’avait à la place conduit sur un champ de bataille, sur les ruines d’un rêve, les gravats d’une cité aux relents morbide, agonisante sous mes pas et dans ses rues. Qui désormais pouvait m’enseigner la maîtrise de mon pouvoir? Qui m’ôterait la rage qui étreignait chaque jour mon coeur? Pourrais-je un jour trouver le calme auquel j’aspirais? Elament, maudité cité ravagée par la guerre, pourquoi m’as-tu trahis aussi?
Agenouillé sur les pavés froids et humides de la rue, je laissais s’exprimer la fureur de ma déception dans un hurlement couvrant la symphonie des larmes et des gémissements orchestrés par la bataille, générant un vent aussi froid que mon âme qui partit en tourbillonnant vers les cieux et perça les nuages...
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Calmcacil Aeglos
Chef Milicien
Calmcacil Aeglos
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Message[Novice] Frey Ocrefond EmptyLun 3 Déc 2012 - 21:15

Salut Frey et bienvenue sur le forum.

Je viens de lire le début de ta fiche (pas l'histoire encore, pas le courage à cette heure ci ^^).

Une petite remarque en passant :

Dans la partie physique tu dis qu'il a les yeux marrons clairs voire comme l'or.
Citation :
Ses yeux sont d’un marron clair que l’on confond parfois avec du jaune d’or

Or dans les particularités tu mets :
Citation :
les yeux de l’animal sont d’un rouge intense comme le rubis

Il faut choisir :p

Sinon rien de particulier pour l'instant Smile

Amuse toi bien, et encore bienvenue

EDIT RUBz : Beh voyons mon petit Aeglos, c'est l'animal du tatouage qui a les yeux rouges, pas l'animal qui porte le tatouage ! Smile Il n'y a donc aucune incohérence ^^
EDIT Aeglos : honte à moi alors, je retire ce que j'ai dit Smile


Dernière édition par Calmcacil Aeglos le Mar 4 Déc 2012 - 20:39, édité 1 fois
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Message[Novice] Frey Ocrefond EmptyMar 4 Déc 2012 - 19:08

Bien le bonsoir mon petit... cerf.

Je dois te complimenter sur ta fiche : tu as visiblement fait un usage large et riche des informations qui étaient à ta disposition pour créer un patchwork cohérent et coloré. Je ne sais pas si un membre t'a aidé, mais en tout cas, bravo. J'ai beaucoup aimé ton appropriation de la race des cristalléens qui reste proche de ce que j'ai créé, ta fidélité des descriptions des Aasimars, qui leur rend leur gloire, ton arrivée à Elament, qui pose bien les bases de la nouvel atmosphère de jeu. J'ai trouvé le début de ton histoire (toute son enfance, ces étapes qui ont certes marquées son caractère mais qui demeurent un peu indigeste malgré ton style claire et agréable) un peu difficile à lire, mais ce fut néanmoins un plaisir certain.

Je vois que tu ne demandes aucun poste spécial, et ce n'est pas grave, tu auras assez à faire je pense à te dompter. Tu as choisi une facette de personnalité que je trouve difficile à jouer et qui est bien présentée tout au long de ta fiche, j'espère que tu parviendras à la faire vivre en jeu.

Je te souhaite la bienvenue parmi nous car je ne trouve rien à redire sur ta fiche (je pourrais chipoter mais je ne vois pas l'intérêt devant tout ce que tu as déjà fait!). Pense à rajouter tes 210 à ton indicateur de puissance.
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Message[Novice] Frey Ocrefond EmptyMer 5 Déc 2012 - 22:55

Merci Ruby! Je ne pensais pas que ce serait validé si vite vu le pavé que ça fait ^^' Je ferais plus concis la prochaine fois.

Sinon non, aucun membre ne m'a aidé. J'ai pas mal potassé le wiki pour rester raccord avec l'univers, et je connais ce forum depuis pas mal de temps aussi. Mais pour un premier perso, j'ai préféré ne pas demander de poste, peut-être pour un prochain.

C'est un plaisir en tout cas!

Aeglos: pas grave, je ne te hais point Very Happy
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Message[Novice] Frey Ocrefond EmptyJeu 6 Déc 2012 - 20:23

Ne t'en fait pas ma petite loutre, je suis juste en période de partiel, et toute occasion de lire autre chose que mes cours est bonne à prendre. Bon jeu à toi, donc, et si tu as des soucis pour commencer, tu sais où me trouver. N'hésite pas à passer dans la box aussi de temps à autre (tu trouveras le lien dans la barre de navigation, disant "chatbox").

Courage !
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