Désolation oubliée, désolation remplacée. Ennui.
Myah ne trouvait pas le sommeil, cette nuit là. Elle qui avait réussi à ne plus vivre cette tristesse, elle n'avait en conséquent plus l'impression de vivre quoi que ce soit. Qu'est-ce que c'était que d'être en vie ? Non. Ce n'était pas ça qui était important. Et si une exploration pouvait chasser ces idées ? Est-ce que parcourir le ciel lui rapporterait le sourire ? Il valait au moins la peine d'essayer, ainsi la domination sortit de son habitation et quitta l'île, sans se faire remarquer. Une fois à l'extérieure, elle se permit finalement de faire ce qui parfois pouvait lui manquer; elle déploya ses ailes. Alors, le feu se répandit, plume par plume, pour consumer l'intégralité des ailes, désormais entièrement constituées de flammes. À la noirceur, c'était une flamme qui se démarquait, une flamme sauvage, dernière appendice incontrôlée de l'ange, qui mettait son environnement en danger tout en attirant l'attention parfois peu désirée.
Ce soir, par contre, peu lui importait. Elle voulait voler. Planer entre les arbres comme durant sa plus tendre enfance. Revivre ces beaux moments depuis longtemps interdits par la peur de causer du mal. Ainsi, la jeune préceptrice s'envola vers la forêt Darke, l'air mélancolique. Avec un peu de chance, le grand air l'en débarrasserait.
Arrivée sur place, l'ange survola quelque peu la cime des arbres, creusant son regard dans le sombre abîme végétal. S'y risquerait-elle ? Oui. Cette fois, oui. Sans hésitation, elle y plongea, puis se mit à pirouetter entre les troncs, à valser en ces petits espaces inflammables, un sourire de liberté aux lèvres. Il y avait longtemps qu'elle n'avait pas ressenti autant d'excitation, elle devait l'avouer.
C'est quand elle laissa échapper un léger rire de joie qu'elle fut freinée. Cette culpabilité. Et si elle causait un autre incendie, comme en son village natal ? On n'était plus dans un parc, ici. Elle pourrait causer catastrophe, ici. Se le pardonnerait-elle ? Tourmentée, Myah se décida à se poser, puis pris une pause de vol, afin de s'asseoir pour réfléchir. Seule dans l'ombre, elle était soumise à un dilemme : Le plaisir coupable ou bien la tristesse raisonnable ?