Le mensonge a un goût délectable, au fond de la gorge, n'est-ce pas ? Il se rapproche de celui, tendre, de l'anis, ou de celui infiniment plus coulant du sang des nouveaux nés, du miel infusé de ténèbres... c'est celui-ci que recherche les démons, lorsqu'ils chassent... Le parfum de l'innocence, cachant la corruption future, la promesse de l'échec... Pourtant, n'est-il pas pire de dire la vérité ? Les liens qui se tissent entre les êtres sont plus forts, pétris de vérité, tandis que les fibres du mensonge, elles, s'usent vite. Mais au fond, qu'importe ?
C'était l'aube. Le soleil pâle lançait des doigts clairs de lumière poudreuse sur le monde, projetant sa radiance tiède sur les êtres endormis. La vie elle-même était brodée d'étoiles, millions de gouttelettes de rosée pure, brillante comme un cristal poli sous l'oeil nouveau de l'astre radiant. Ici et là, des flaques d'ombres baignaient encore la nature dans l'atmosphère mensongère de la nuit, dissimulant les sourires de concupiscence des êtres ici présents.
D'ailleurs, qui étaient-ils ? Ma foi. Une fée, deux mêmes. Et un démon. Deux femmes redoutables et un mâle aux veines charriant la méchanceté... L'une d'elles était cachée, pas encore présente. L'autre observait la nature, comme de raison, tandis que le mâle se rapprochait-elle, pensant en faire sa nouvelle proie, victime d'une journée, papillon doux qu'il pourrait épingler à sa collection, le germe d'un parasite grandissant dans son ventre fertile... Laissons maintenant aux acteurs le soin de s'introduire....