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 Quand on arrive en ville (Eal)

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Tyrol
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptyMer 4 Nov 2009 - 0:17

Il avait cru pouvoir le laisser comme ça, se tirer du lit comme un éclaireur en mission furtive sans que cela ne soit suspect, il avait cru pouvoir l'abandonner impunément sans que cela ne pose problème ? Eal avait fait une erreur. Etait-elle grave ? Tyrol lui-même ne pouvait répondre exactement ; Tandis qu'il marchait, il réfléchissait à la question. Evidemment, c'était grave : Il avait été vexé d'être laissé seul, simplement par principe, parce qu'il n'aimait pas qu'on lui tourne le dos. Et puis il fallait ajouter à cela le fait qu'Eal partait après de longues étreintes : Il avait ménagé son effet en attendant un moment, faisant mine de dormir histoire de passer inaperçu une fois que l'elfe serait bien endormi… Mais, exceptionnellement, l'elfe avait eu le sommeil léger. Surpris, il n'avait rien demandé, pas même un banal "où tu vas ?", et avait attendu de comprendre. Voyant qu'Eal ne revenait pas, il avait effectivement compris : A cet instant, il s'était vexé de ne pas avoir été… Invité. Mais il savait bien pourquoi. Deux ans plus tôt, il aurait tourné de l'œil rien que d'y penser ; Aujourd'hui il se réjouissait à l'idée d'assister au spectacle. Mais cela, Eal ne le savait pas. Il ne le devinait peut-être même pas. Tyrol n'avait pas à justifier ce changement, il l'avait fait non pas par pur plaisir mais afin de cesser de se comporter comme une pintade à chaque histoire un peu ensanglantée. C'était Tranlthanas qui l'avait…. Entraîné. A sa façon, certes. Efficace tout de même : Désormais l'elfe blanc, toutefois loin d'être totalement insensible, était capable de faire face sans sentir venir la nausée. Ou sans s'évanouir, tout bêtement. Mais Eal était déjà parti on ne savait où lorsqu'il avait commencé à changer ; Peut-être n'était-ce pas plus mal. Son absence avait confirmé la nécessité de passer le cran au-dessus avant de finir définitivement écrasé.

Non, Eal ne le savait pas. Et il était parti comme il l'aurait fait il y avait deux ans en arrière. Tyrol bénit en cet instant son anneau de subsistance, qu'il fit tourner un instant autour de son annulaire droit à l'aide de son pouce, nerveux. Deux heures nécessaires pour dormir, cela laissait un certain temps pour les loisirs et les virées nocturnes… Il suivait son amant depuis l'instant où celui-ci avait passé la porte de la maison, se dissimulant au mieux dans l'air ambiant et traçant l'oréade, le tout grâce à son propre Vent. Cela faisait un temps fou qu'il suivait sans relâche, de plus en plus sceptique. Il prenait la direction d'Elament. Tous les deux travaillent là-bas, mais hormis cela bien peu de choses les rattachaient à la Cité. Surtout à cette heure-ci… Mais il n'y avait aucune logique à suivre, il le savait : A partir du moment où l'oréade partait en chasse, il fallait cesser de raisonner de façon trop pointue. Il se rendait là-bas dans un but, un seul, un but qui faisait peur à l'elfe… Eh oui, être guéri de ses réactions les plus handicapantes n'enlevait rien à sa vision de la chose. Mais ce soir, ses sens et sa curiosité étaient en éveil comme rarement. Il devinait vaguement ce qui se passait. Il avait déjà vu des actions similaires chez Tina et Tranlthanas. Mais de la part d'Eal, cela lui semblait nouveau. Différent. Pourtant, du début à la fin, on retrouvait clairement le principe du carnage, sans distinction de Bien ou de Mal ; Il ne pouvait cependant pas s'empêcher de suivre le mouvement, ne serait-ce que pour l'avoir vu le faire au moins une fois. Connaître sa façon de faire, aussi ignoble soit-elle… Objectivement ignoble. Subjectivement, qui sait, plein d'esthétisme ? Tyrol était juste sûr d'une chose : Il voulait y aller. Il ne pouvait supporter qu'on pense encore de lui qu'il ferait des manières bien qu'il comprît parfaitement que certaines images qu'Eal avait de lui pouvaient rester figées. Il n'est jamais top tard pour changer d'avis pas vrai ? Et puis on peut se permettre de s'essayer à de nouvelles choses de temps en temps pour changer un peu. Pour certains c'était la peinture, d'autre le bricolage ; Ce soir pour l'elfe ce serait la violence gratuite. Question de défi, d'égo.

Il ne savait pas s'il y mettrait de sa main. Il ne savait pas s'il voulait qu'Eal le voie cette fois. Il savait juste que le prétexte d'amener son aide ne serait pas le bon, et lui-même refusait d'y croire de toute évidence. Non, ce n'était pas pour aider. Juste pour le plaisir de voir, de tenter. De là à dire qu'il y prendrait goût… Il ne s'avançait pas dans ces hypothèses. S'il n'essayait pas, il ne saurait pas. Plongé dans ses pensées, il attendit longuement devant les grandes portes de la Cité, se sachant encore sous le regard des sentinelles et autres gardes. Et se faire prendre ? Cela paraissait une préoccupation bien dérisoire, pourtant elle était réelle. Il apposa finalement sa main sur le signe assigné à l'Air, ayant laissé assez d'avance à Eal. Une fois arrivé dans Elament, il se servit à nouveau de son Vent pour retrouver la trace de l'oréade, se contentant de suivre à bonne allure. Il restait encore quelques lumières allumées dans les premières rues qu'il traversa. Puis, progressivement, plus rien. Il comprit qu'il s'avançait dans des quartiers qu'il connaissait bien peu et qui devaient être de vrais coupe-gorges, aussi bien de jour que de nuit. Le cœur battant et déjà fatigué de marcher tant, Tyrol continuait à avancer avec la nette impression de s'être embarqué dans un monde qui n'était pas le sien, mais qu'il avait déjà côtoyé de fort près. Il connaissait d'ailleurs cette peur au ventre, cette appréhension de toutes les secondes qui le tiraillait, le rendait si tendu et l'obligeait à rester aux aguets. Ce n'était pas la première fois qu'il avait peur, et bien d'autres choses lui avaient fait ô combien de fois plus peur ! C'est bien, se disait-il comme à chaque fois d'ailleurs. C'est bien, c'est le signe que tu as retenu tes leçons. C'est mieux que la peur, c'est de l'adrénaline. Comme les fois où t'es retrouvé seul à te battre ou à résister, où tu devais prendre des décisions en moins d'un quart de seconde et tout faire pour t'en tirer.

Il avait perdu Eal l'espace d'un instant à force de penser à côté, mais rapidement son Vent le retrouva. L'elfe dut faire un détour, s'étant retrouvé dans une impasse sans s'en rendre compte. Une impasse… Voilà qui était pour le moins propice à n'importe quel coup fourré, à n'importe quelle embuscade ! Pourtant rien ne se passa, il fit demi-tour et put prendre un autre chemin sans encombre, rasant les murs en silence, évidemment couvert d'une cape noire afin d'être ton sur ton. Ce fut lorsque ses oreilles d'elfe perçurent quelques bruit de coups qu'il sut qu'il approchait dans la bonne direction. Les mains tremblantes, il s'approcha du mieux qu'il put, restant toujours dissimulé d'une quelconque façon, dans une ombre de préférence. Son sort de bouclier se chargea un peu plus de magie. Ici, la loi du coup par-derrière était fortement appréciée, et il aimait l'idée de surprendre un éventuel agresseur par un violent choc métallique du bout de sa lame jusqu'à ses cervicales. Légèrement essoufflé mais tentant de le cacher, Tyrol chercha des yeux la bonne rue, le bon endroit, allant de cachette en ombre jusqu'à tomber sur ce qu'il cherchait…
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Eal
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptyMer 4 Nov 2009 - 1:46

Encore un de ses cauchemars de merde... ça le prenait toutes les nuits, des images lui revenaient en mémoire et ce n’était pas joli à voir. Pourtant il s’était endormi d’une traite, mais non, des cris lui étaient revenus en mémoire encore et encore… A demi redressé ses yeux étaient perdus loin d’Elament là où le désert était maître. Se frottant la nuque il jeta un rapide coup d’œil à Tyrol. Il dormait, heureusement Eal ne l’avait pas réveillé. L’oréade n’esquissa aucun sourire, rien, les cris étaient encore bien trop présent. Et cette nuit encore il devrait rester éveillé pour ne plus les entendre. S’étant levé, il regardait par la fenêtre du couloir la lune croissante. Un appel, quelque chose l’appelait, c’était sans doute ça la particularité des oréades, cette particularité qu’il oubliait généralement, cet appel du large. Quelque chose qui remue l’estomac, perturbe l’esprit et contraint d’agir avant de comprendre pourquoi. Sans attendre il se rendit dans la remise, à l’extérieur de la maison et y dénicha ses habits, pas ceux qu’il avait acheté dans la citée, non, ceux qu’il avait emporté avec lui, des tissus résistants, ce nettoyant très facilement, sombres et sobre. Un écusson trônait sur la capuche de la tunique, un écusson que ses doigts frôlèrent. Fermant les yeux un instant, l’espace qui le sépara de la porte de la ville fut courte. Pourtant oui… le voilà devant la porte de la ville. Sans doute avait-il couru, il ne s’en souvenait plus, était-ce vraiment important. Une main sur ladite porte et un spectacle s’offrit à ses yeux. Ça lui semblait hier quand il avait débarqué de son désert, des grains de sables encore chauds incrustés dans le tissu. Maintenant ce n’était plus que des grains de sable de la falaise, froids, et humides. Ses yeux braisés restèrent un moment donné à observer la ville avant que ses pieds ne prennent le chemin du centre.

Encore des habitants éveillés à cette heure, mais bien peu tout de même, la rue semblait s’animer d’une toute autre faune, d’un tout autre gabarit, un autre monde, le sien. Respirant doucement l’air ambiant ses yeux ne s’étaient pas fait aussi vifs depuis bien longtemps. En quelques gestes l’oréade se retrouva sur les toits, ses chers toits. Sa tenue ? Simple je vous ai dis, des vêtements amples à certains endroits, plus serrés aux niveaux des manches, de la taille et des chevilles, une tenue proche du vêtements des hommes du désert. Des bottes noires, un dessus tout aussi noir, une capuche discrète avec un bord doré et fin. Un vêtement qu’on ne voyait jamais dans le coin pour la simple et bonne raison que le grand désert se trouvait bien trop loin c’était à se demander si ce n’était même pas une légende. Se faufilant sur les toits, Eal s’arrêta face à un homme. Un regard et l’affaire fut réglée. Un papier, des adresses et de l’argent sera déposé comme d’habitude le matin même.

Eal s’envola vers d’autres cieux ! Il avait une mission ! Quelque chose dans ses cordes, on l’avait dressé pour ça à la base et depuis la guerre il avait juste repris son vrai travail. Bien sûr avant son départ lors d’une conversation ils l’avaient évoqué avec Lén, le fait qu’il avait été sous la directive d’un mec peu fréquentable, qu’il tuait pour lui et que parfois ça lui prenait de se défouler sur des loubards dans les quartiers mal famés, mais la donne avait changé. Ce n’était plus du défoulement là, c’était redevenu un marché. Courant dans les ruelles ça première mission était la liquidation d’un mec gênant à long terme, à vrai dire il ne savait jamais grand chose sur ses proies, qu’est ce que ça changerait de connaître leur vie, lui ne se chargeait que de la clore.

L’homme il le trouva en charmante compagnie à l’angle d’une rue, la femme sembla comprendre ce qu’il voulait, l’homme lui hurla dessus avant de lui mettre son poing dans la gueule. Un mince filet de sang coula le long de la bouche de l’oréade et d’un revers de main fut essuyé. Ses yeux se firent amusés. C’était tout ? Non un deuxième coups de poings suivit, mais cette fois Eal l’esquiva avant de lui mettre lui même son poing dans l’estomac ce qui projeta l’homme au sol. Il fallait dire aussi que son sang devait bien être coupé avec de l’alcool. C’est qu’il n’avait pas la tronche d’un buveur de lait. La femme prise de panique partit en courant mais fut rattrapée 2 mètres plus loin par des stalagmites de glace qui l’empalèrent tout simplement. L’homme s’arrêta face à ce spectacle et sembla vraiment réaliser ce qui allait lui arriver. Non il ne rigolait pas, non il n’était pas un simple tueur de bazar et oui il allait mourir. Eal s’accroupit face à lui et le regarda dans les yeux. Non ce n’était pas ce regard qu’il voyait dans ses cauchemars, qu’il y recherchait, ce truc ne méritait donc pas ce vivre. A cet instant précis une brume enveloppa l’homme, une brume qui le brûla entièrement. Il hurla, se débattit, roula au sol mais rien ne changeait sa situation, Eal venait déjà de remonter sur les toits observer l’amas de chairs qui étaient quelques instants plus tôt un être vivant. Bon, suivant…un couple et la maison ne devait pas se trouver très loin, l’oréade regarda la lune qui éclairait les toits, ses toits qui évoquaient les dunes, les dégâts de son dernier voyage forcé là-bas étaient bien là, plus forts qu’avant, drogué, on l’avait drogué à son ancienne vie, cette guerre avait tout dévasté, les villes, les familles, les êtres.

5 minutes, pas plus. Et le voilà devant une maison simple et bien entretenue. Aucune lumière le couple dormait à poings fermés ce qui allait faciliter les choses ! Devant la porte de bois Eal esquissa un sourire, allons, quoi de plus friable que du bois ! L’eau s’y infiltra doucement et fit imploser l’obstacle comme en hiver avec le gel. Même pas de bruit énorme, un petit « poc » avait suffit. Eal s’insinua dans la maison endormie, ne jeta pas un seul regard à leur tranche de vie, et monta directement à l’étage. Ils dormaient, comme lui avec Tyrol sans se douter de rien… Eal jeta un rapide coup d’œil à l’intérieur de leur chambre, simple et confortable, un manteau traînait sur une chaise, un livre ouvert près de la fenêtre, ça devait être un endroit agréable à vivre en été, le soleil devait rentrer par la fenêtre et réchauffer toute la pièce. Ses yeux braisés croisèrent ceux bleu paniqués de l’homme qui d’un geste vif réveilla sa femme. Adossé à la porte Eal ne les quittait pas des yeux, c’est pile à ce moment qu’arrive une chose qu’il n’avait pas prévu…la femme l’attaqua avec une attaque du feu… Les bras en avant pour se protéger, l’oréade créa un bouclier et ensuite plein de petites gouttes d’eau semblable à des étoiles qui traversèrent la femme et la cloua sur le mur avant qu’elle ne put riposter. Mais le mal était fait, l’homme en avait profité pour filer ! Se retournant comme un félin cherchant sa proie, Eal arriva rapidement hors de la maison par une des fenêtres, juste à temps pour voir l’homme sortir à son tour par la porte d’entrée, sa bouche forma un rictus de mécontentement. Filer par la porte quel manque de panache !

Oubliant qu’il pouvait contrôler l’eau sans faire de geste, d’un signe de la main il balaya l’homme de la surface de la terre, si on ne prenait que le geste qu’Eal avait fait, on l’aurait vu mettre une baffe au gars, là il lui avait juste enlevé la tête avec des lames d’eau. On n’avait pas idée d’être si décevant quand on sortait une ignie de sa poche à un moment donné. Mais, le corps sans vie n’était pas là en vain, il cachait… quelque chose, ou quelqu’un… un enfant, une dizaine d’année, une peur sur le visage, il était simplement tétanisé. Eal se rapprocha de lui doucement. Trop vieux… de plus il n’avait pas ce regard… le regard… Sourire en coin l’action se passa vite cette fois ! Le gamin disparu en une brume de sang. Combien de gens se rappelaient à un moment donné que leur corps était à 90%composé d’eau ? (A part les élémentalistes évidemment.) Personne.
Lui en avait fait sa spécialité, sa technique personnelle. Frôlant la brume de sang qui flottait dans l’air, les yeux d’Eal se firent vague et il grimpa à nouveau sur les toits. Le sang qu’il avait sur la main était celui de ce gosse mais ce gosse n’était pas un des siens, alors à quoi bon y prêter importance ? La haut la lune se voilait…
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Tyrol
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptyMer 4 Nov 2009 - 10:59

Dans un sursaut, Tyrol se terra dans un coin d'ombre afin d'être sûr de ne pas être vu. Ses yeux s'écarquillèrent de surprise, mais il savait ce pour quoi il était venu. Il voulait voir ? Il risquait d'en prendre plein les yeux… Il ne se rendait pas compte que la peur le faisait haleter plus que de raison mais sentait sa gorge sèche. A peine arrivé, le… Spectacle était "déjà" fini. A quoi s'était-il attendu exactement ? Il lui semblait que c'était à tout sauf ça, ce qui aurait été naïf. Non, il s'était attendu au pire pour ne pas être surpris ; Sauf… Qu'il s'y était mal préparé, comme d'habitude. Même à distance, depuis sa cachette, il avait du mal à bouger ne serait-ce qu'un pouce. C'était compliqué à expliquer. Des horreurs il en avait vu. Des comme ça, des plus grandes et des moins grandes ; Pourtant cela le pétrifiait à chaque fois. Il savait pertinemment ce qu'il allait trouver en suivant Eal, bien qu'il ignorât le marché conclu avec un inconnu en échange de ces… Service. Cela ne l'aurait toutefois pas étonné. Ce qu'il réalisait simplement, c'est qu'il ne s'était jamais réellement rendu compte de la force de l'oréade, ni de ses capacités véritables... Et il voyait ce soir qu'il était très capable. Le cœur serré, l'elfe redressa pour suivre le mouvement afin de ne pas le perdre de vue, mais, arrivé au niveau du premier corps, il s'arrêta malgré lui pour le regarder. S'il y avait eu une forme d'esthétisme quelconque dans sa mort, c'était une forme d'esthétisme pour le moins… Directe. Tyrol ne sut s'il fallait s'en révolter ou s'en délecter. Pour lui, des deux personnes devaient être innocentes, mais il n'en savait rien et cela le troublait quelque peu. Comme le doute était permis, cela suffirait pour l'instant à se donner bonne conscience. Totalement omnibulé par l'idée de retrouver Eal, l'elfe ne fit rien des cadavres, qu'il laissa sur le pavé en y jetant parfois quelques coups d'œil surpris. Surpris par la violence de leur mort, sans doute. Pour l'instant, il ne saurait dire. Tout était flou dans sa tête et il savait qu'il s'entêtait bien trop à réfléchir, à contenir. Mais il trahissait son envie par quelques détails : Ces coups d'œil incessants, insistants, son entêtement à continuer la route. Même ses tremblements et son essoufflement, nés de l'appréhension, commençaient à prendre une tout autre dimension, une tout autre raison. Il avait peur, mais il aimait ça.

Il sentit qu'il ne ferait pas que regarder. Oh non. Car quitte à cautionner l'idée, autant la cautionner activement plutôt que de rester là à attendre que ça passe. Il retrouva Eal près d'une maison, et lui resta au coin de la rue. Il allait entrer ? Peut-être était-ce le moment de se montrer… Oh non, non, pas là. S'il entrait, il allait juste déranger. Il n'y avait pas la place pour deux là-bas dedans, il lui fallait attendre un meilleur moment. Il se contenta de se rapprocher lentement de la porte, mais des bruits et des lumières magiques l'obligèrent à s'arrêter à mi-chemin. Il n'avait pas peur pour Eal mais plutôt pour la ou les victimes ; Pourtant, il ne s'insurgeait pas devant leur mort, et mieux, elle l'indifférait. Mais alors pourquoi trembler autant ? Cela devenait sérieusement handicapant. L'elfe sursauta encore en voyant un homme sortir précipitamment de la maison, poussant un enfant devant lui. Il se recula en oubliant quelque peu la discrétion, mais visiblement cela ne lui porta pas préjudice car dans leur course, ils ne remarquèrent rien. Puis, rapidement, il advint qu'ils ne pourraient tout simplement plus parler sans une tête vissée sur les épaules. Tyrol retourna à l'angle de rue où il était plus tôt, craignant d'être repéré, mais Eal non plus n'avait pas fait attention. L'elfe le vit se pencher sur les cadavres, croyant qu'il y cherchait un objet ; Il comprit que le travail n'était juste pas tout à fait terminé lorsqu'éclata une espèce de nuage sanglant qui le tétanisa sur place. Eal partit aussitôt, mais l'elfe blanc resta incapable de le suivre pour l'instant : Les yeux rivés sur la scène, il paraissait simplement ne pas y croire. Des larmes lui montèrent aux yeux.

Oubliant totalement le fait de se mettre à découvert, il avança cette fois jusqu'au milieu de la rue, là où les corps gisaient, lentement, mécaniquement, comme si ce n'était pas lui qui contrôlait ses propres jambes. Les yeux baissés, il chercha sur ces cadavres quelque chose qui n'existait pas, mais qu'il chercha longuement. Son pouce continuait nerveusement à faire tourner son anneau autour de son doigt comme si cela pouvait le calmer. Il frissonna lorsqu'il sentit alors sur cette main comme de l'eau à moitié évaporée, à la manière de la bruine. Intrigué, il regarda sa main. Après un temps pour réaliser que ce n'était pas assez transparent pour être de l'eau, Tyrol commença à reculer. A force de rêvasser, il se mettait à découvert comme un débutant. Ce n'était plus digne de lui, ça… Mais alors qu'il faisait trois pas en arrière, il sentit quelque chose s'écraser sur son bouclier invisible et riper dans un léger bruit de métal rayé. Oh, son pressentiment avait été juste, il n'aurait pas coupé au traditionnel coup de lame dans le dos ! Il se retourna violemment, son capuchon tombant et écouvrant sa tête, et flanqua un bon coup du tranchant de la main dans le poignet qui tenait l'arme : Celle-ci pirouetta dans l'air avant d'aller glisser un peu plus loin sur les pavés tandis que l'elfe, en guise de légitime défense, tuait purement et simplement son agresseur. Et encore une fois c'était par nécessité : Il ne laissait pas la vie sauve à son assassin potentiel, simple question de logique… Cela prit deux secondes. La méthode venait d'une de ses élèves. Bien plus simple qu'un autre sort de sa conception, il avait dû néanmoins la travailler plusieurs fois pour parvenir à mêler rapidité et efficacité : Une bulle de vide, invisible, juste assez grande pour entourer la tête. A l'intérieur, rien. En tout cas rien de… Respirable. Il suffisait que la victime effectue le mouvement habituel d'expiration, puis, à l'inspiration, tout bloquait. Rien ne voulait rentrer, comme si tout était bouché. Tyrol recula précipitamment lorsqu'il vit l'homme, un inconnu sans intérêt, garder la bouche grande ouverte et les yeux écarquillés par la surprise, paniquant en se voyant incapable d'effectuer un besoin simple et habituel. Il moulina un peu, et, dans sa panique, s'obstina frénétiquement à expirer puis inspirer, comme si cela allait revenir à la normale au bout de la troisième fois. Finalement, il tomba, raide, aux pieds de Tyrol qui lui avait juste laissé la place de s'effondrer.

Il y avait maintenant trois cadavres dans la rue, dont un imprévu. Comme il n'avait rien dit, l'elfe ne savait s'il était venu venger les deux premiers ou s'il comptait lui-même ajouter un troisième corps, par simple envie de tuer et détrousser. Mais après tout…. Quelle importance quant à ses motivations ? De toute évidence, il était trop tard pour les lui demander.

Tyrol haletait toujours, cette fois plus de surprise que de fatigue. La rapidité de l'action le laissa à nouveau dans le flou un moment, et il regarda l'œuvre qui allait rester là jusqu'à ce qu'on se charge de nettoyer : Trois cadavres, dont deux baignant dans leur sang et dont la tête de l'un devait traîner quelque part par ici. L'elfe cessa de trembler. Ses yeux allaient de l'un à l'autre, d'abord rapidement, comme pressés par la panique, puis il recula encore pour avoir une meilleure vue d'ensemble, à la façon qu'on avait pour admirer un tableau. Quelques gouttes de sueur perlaient déjà à son front, mais il ne se sentait pas fatigué. Juste un peu pris de court, peut-être, un peu indécis quant à cette nuit. Il était plutôt content. A comparer les techniques, la sienne était tout de même plus propre… Il reconnaissait toutefois que voir tout ce sang, en plus de ne plus le gêner ou lui inspirer de dégoût, lui plaisait. Il ne se sentait pas tout à fait capable de le faire à la manière d'Eal, mais il se souvint du nuage de sang et cela lui tira un nouveau frisson. Ce n'était pas un frisson de froid. Ni de peur. Alors… Ca allait. Tyrol se détourna des cadavres et se dit qu'il avait assez perdu de temps. Il entreprit de suivre à nouveau Eal, et leva le regard vers le ciel dans l'idée de se servir à nouveau de son Vent pour le filer ; Sauf qu'il n'était pas parti. Il était resté là, perché sur un toit. L'elfe savait que c'était lui rien qu'à se façon de se tenir et il resta tout bonnement bloqué, la tête levée dans sa direction. Il se remit à trembler. Ni de froid, ni de peur. Les larmes revinrent taquiner ses mirettes, sans couler. Tyrol comprit : C'étaient des larmes de frustration. Un sourire étrangement carnassier se peignit sur ses lèvres.

"Tu… Pensais faire ça tout seul ?"

Cela sonnait comme un reproche. C'en était un. Et cela résonnait comme un défi : C'en était un aussi.
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Eal
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptyMer 4 Nov 2009 - 12:02

Les yeux perdus à l’horizon comme à son habitude, la lune était totalement voilée désormais. Le goût du sang sur ses lèvres ne disparaissait pas, en cette nuit l’air avait une drôle d’odeur, une odeur de passé, Eal vivait beaucoup dans ses souvenirs en fait, beaucoup trop, mais cela passerait sans doute, sans doute… Baissant les yeux vers les tuiles un sourire se dessina sur ses lèvres. Il lui restait encore quelqu’un sur la liste, d’une main Eal réajusta son col. Mais pourquoi luttait il contre sa nature? Pour lui ? Pour sauver son équilibre ? En vérité il ne se posait déjà plus la question, le stade était dépassé et ce sang sur ses mains le lui disait. S’apprêtant à repartir en chasse, un bruit l’arrêta, ça bougeait dans la ruelle qu’il venait de quitter, se rapprochant du bord de la toiture une phrase le tira de ses pensées. Une phrase dite par une voix connue mais qui n’avait rien à faire là, ou du moins c’est ce qui lui semblait… Lén ?

L’expression que portait l’elfe lui était inconnu, depuis quand savait-il faire ça ? Son regard se fit plus perçant. Faire ça tout seul ? Il ne voulait pas une invitation non plus ? Genre un faire part ? Se rapprochant du bord du toit sans hésitation Eal sauta dans le vide et atterrît en douceur face à l’elfe. Bon, Lén avait vu ce qu’il faisait en général, et cela le perturba… enfin du moins aurait du, mais là… rien ne passait dans son regard au premier abord. Se redressant face à son cher et tendre il l’observa un moment comme un loup le fait face à une créature qui a l’apparence d’un de ses congénères mais pourrait très bien se révéler être un chien domestiqué.

Ce regard, cette tonalité de voix, ce n’était pas le Lén qu’il avait quitté, ce sourire,… A bien y regarder… Même le corps n’était pas Lén. Pas les mêmes cheveux, une odeur légèrement différente, des yeux plus aussi vifs…Et parfois en rue il lui avait semblé entendre un autre prénom pour son compagnon.

-« Qui es tu ? »

Froid, direct, tranchant.
Ce n’était pas Eal qui inversait les rôles là ? Après tout si Lén se doutait de ce qu’il faisait la nuit, peut-être pas à ce point, au fond se connaissaient-ils vraiment ? En cet instant l’elfe se trouvait face à Eal, celui qui était arrivé dans la ville, celui qui avait rencontré Ruby un soir de chasse, celui qui avait trafiqué avec les guildes en place avant la guerre, le Eal d’Eden, son ancien compagnon disparu pendant cette même guerre. Et là devant lui, était-ce le vrai Lén ? Celui qui restait ? Pourquoi le choc était dur là ? Peut-être parce qu’en bon égoïste, ce qu’il était vraiment ne voulait pas d’un deuxième chasseur ? Peut-être parce qu’ils avaient changé plus qu’ils ne se l’avouaient ? Peut-être que c’était la première fois qu’ils se rencontraient ?

Son regard ne cilla pas, il scrutait l’elfe, l’analysant comme il faisait généralement.

-« Je t’appelle Lén sans cesse mais c’est quoi ton prénom déjà ? »

C’est vrai ça, ils n’en avaient pas encore parlé, parce que jusque là l’oréade n’en avait pas vu l’utilité mais là…
Faire ça tout seul… il pensait en être capable ? Réussira t’il à le suivre ? Faire ça seul,… l’elfe qui avait prononcé cette phrase avait survécu à la guerre alors il n’y avait pas de raison ! De plus ledit elfe avait vécu avec quelqu’un dans une grotte si ses souvenirs étaient bons…c’était qui déjà ce quelqu’un et qu’est ce qu’il lui avait appris ?
Faire ça seul… généralement non, il n’y avait qu’ici qu’il faisait ça seul, dans sa ville d’origine… ou plutôt dans la ville où il avait vécu le plus longtemps la meute l’accompagnait généralement.

Pourtant l’elfe qu’il avait aimé était dans celui qui lui faisait face. Alors quoi ? Peut-être avait-il mis Lén sur un piédestal, ses souvenirs embellissant l’être qu’il était réellement. Et le regard que portait Eal était clair, même si c’était l’amour de sa vie, ça ne lui donnait absolument pas le droit de l’accompagner en chasse. Il n’était pas n’importe quel chasseur. Bien des défauts encombraient l’oréade, un problème de conscience aussi, mais ça c’était son domaine, son chez soi, tout le monde n’y était pas invité.

La lune se découvrit lentement, les inondant d’une lumière blanche laiteuse.
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptyMer 4 Nov 2009 - 22:56

Concentré sur un sort de lecture mentale, Tyrol ne prit même pas la peine de répondre à la première question. Celle-ci n'était en cet instant qu'un effet de style auquel il ne jugeait pas utile de donner suite. Il se bornait à fixer Eal dans un silence pesant tout juste troublé par sa respiration un peu capricieuse. Si ses souvenirs étaient bon, il savait de lui-même qu'il "provoquait" – même involontairement - souvent pour peu de choses et qu'il était toujours le premier à battre en retraite… Peut-être que la différence d'une quinzaine de centimètres entre eux y était pour quelque chose. Aujourd'hui, il ne devait rester que cela à peu près comme raison de repli, car la hantise de déplaire d'une façon ou d'une autre avait disparu depuis longtemps. Tâche futile et impossible à réaliser, reléguée au Placard des Comportements Stupides. Il y avait toutefois un léger bémol, c'est que c'était Eal que l'elfe avait en face de lui, et là… Il ne pouvait pas faire totalement abstraction de cette hantise. Il ne cherchait nullement la confrontation mais la sentait proche. Tyrol tenta de contenir ses tremblements, heureusement peu visibles, sachant pertinemment qu'il ne s'était pas engagé dans une chose facile. Il était parfaitement conscient du fait qu'Eal ne puisse tolérer quelqu'un à son côté alors que ce n'était pas dans son intérêt, et encore moins si ce quelqu'un avait un passé a priori incompatible avec la tâche à réaliser. Par ailleurs, à partir du moment où Eal partait ainsi en chasse, il dissociait encore plus nettement les choses, et Tyrol perdait ce que son amant lui accordait d'habitude, ces bonnes Grâces qu'il lui dispensait… Il ne pouvait que l'en remercier, à vrai dire. A cette pensée, son sourire s'adoucit lentement, et, avec un soupir, il alla forcer une étreinte pleine de risques.

"Qu'espère-tu avec ces questions ?..."

Le troubler ? Le faire réfléchir sur son identité, sur son existence ? Comparer une énième fois Lén et Tyrol ? Le travail était fini, tout ceci était déjà fait, l'elfe ne s'en embarrassait plus depuis longtemps. Il possédait désormais les réponses, fruits d'un long calvaire de réflexion qui avait manqué le perdre en route. Toutefois Eal pouvait-il se poser sincèrement la question, pour lui. Dire qu'il n'aurait pas voulu lui faire perdre du temps… Les nuits de printemps commençaient à se faire courtes. Il fallait être clair et concis.

"Mon nom est Lénantalas, amant éconduit que tu viens d'abandonner sur l'oreiller", énonça-t-il avec calme et légèreté, tout à fait sûr de lui. "Il y a plusieurs mois, tu prétendais avoir peur de me toucher à cause du sang que tu as sur les mains… Cela ne semble pas t'empêcher de continuer, ni de me toucher, d'ailleurs…"

Vu le ton employé, cette fois, cela était loin d'être un reproche. Enfin, le coup de l'abandon, si, un petit peu tout de même… Mais cela relevait plus de la bouderie moqueuse que d'autre chose. Le fait de s'être réveillé et de l'avoir vu partir n'avait été qu'une opportunité à saisir pour enfin voir ce qu'il se passait de l'autre côté de la barrière, pour voir Eal dans son monde à lui, loin de celui qu'il lui avait fait découvrir deux ans plus tôt. L'elfe recula légèrement, desserrant les bras qui entouraient l'oréade. Bien que s'étant fait sensiblement refouler à l'entrée, et bien que redoutant un autre refus, il annonçait de ses yeux brillants et de son sourire le plus enjôleur qu'il ne lâcherait pas le morceau. Pas cette fois. Oui, il avait changé, mais ce n'était pas tout à fait dans l'extrême qu'Eal s'imaginait et qu'il avait perçu dans ses pensées. Et cela, il voulait le prouver. Il s'engageait dans une voie totalement différente de celle qu'il avait prise avant la guerre. Une voie prise ? Pas même en réalité. Il ne l'avait pas choisie réellement, il l'avait suivie par pure paresse, par pure facilité, parce que cela lui permettait d'être tranquille et cocolé bien comme il faut… Etre aimé et plaire à tous, quel merveilleux programme sur le papier, n'est-il pas ? Un stéréotype d'elfe tout pré-conçu, tout beau, tout bien gentil… Et absolument détestable. Et combien de temps pour s'en rendre compte ? Pas moins de 250 ans elfiques ! Il savait que s'il était parvenu à "séduire" Eal – bien qu'il n'ait jamais réellement compris en détail le processus qui les avait rapprochés – c'était pour avoir un caractère différent du sien. Il n'avait pas changé. Son tempérament était le même, simplement moins… Caricatural. Seule sa vision des choses s'était modifiée, plus réaliste, plus posée, plus prudente. Et puis, assister à des bains de sang, il y avait été obligé de nombreuses fois, surtout depuis son départ d'Elament et ses voyages à travers les Continents. En était-il pour autant devenu dépendant, fou ? Non. Il les cautionnait peu, même si l'on trouvait toujours de quoi se justifier de les avoir fait. Il y participait parfois, mais jamais de façon frénétique. Aimait-il cela ? Il avait appris, oui. Pas à y adorer, mais à y tolérer très largement. Il n'était pas un monstre sous des airs d'Ange, pas plus qu'un Ange corrompu par un quelconque Mal. Il était tout simplement devenu… Humain. Paradoxal, pour un elfe… Elfique, dirons-nous, car même pour un elfe il avait longtemps été au-delà de toute l'ignorance et la bêtise des dangers du monde extérieur. En ayant quitté son pays, il avait été exposé à assez de personne pour être influencé, forgé. Il ne lui avait manqué qu'un déclic pour le devenir définitivement et quitter le monde des sourds et des aveugles : Ce déclic, ça avait été Eal. Lui prouver ce soir sa valeur était sa façon de le remercier, au-delà d'un simple caprice "juste pour voir".

Le même jour que celui où l'oréade avait exposé ce problème de mains souillées par le sang, il avait clairement dit comprendre que son elfe avait opté pour un changement tout à fait radical. Il avait parlé de "force"… Mais il semblait faire un amalgame entre les différentes manifestations de ce mot. Il fallait corriger le tir, montrer ce qu'il avait voulu dire par "changé". Délicatement mais assez fermement, Tyrol saisit le visage de compagnon entre ses mains. Il restait une ombre de sourire sur ses lèvres, mais pas ce sourire qui s'était donné des airs quelques instants plus tôt. Il était simplement… Déterminé.

"Je sais ce que tu imagines de moi ; Tu te trompes. Ce soir, j'ai envie de te le montrer…"
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptyJeu 5 Nov 2009 - 18:35

L’étreinte provoqua un sursaut chez Eal… un peu comme la réaction d'un chien entrain de manger qu'on caresserait. Une seule chose dans le regard, une seule chose mais qui ne resta pas longtemps.( C’était tout de même Lén…) Mais qu’est ce qu’il foutait ? Il ne l’avait pas autorisé à se rapprocher à se…
Mais les sens à l’affut le prirent de court, l’odeur, la chaleur connue, le calmèrent un peu. Il voulut amorcer un geste mais l’elfe parla. Qu’espérait-il ? Des réponses ! Il ne voulait pas comparer Lén et Tyrol, pour la seule bonne raison qu’il était tombé amoureux de Lén et pas de Tyrol. Mais il pouvait oublier Lén et aimer Tyrol, après tout il n’était pas solan. L’amour il l’avait déjà ressenti avant et pas concernant son elfe. Un sourire s’arqua sur les lèvres de l’oréade.

-« C’est parce que l’un est ma vie, et ce que je suis et… l’autre est le chemin que j’ai décidé de suivre… »

Levant sa main il frôla la mâchoire de l’elfe, remonta jusqu’à ses lèvres puis descendit à sa nuque. Se rapprochant doucement il le poussa violemment contre le mur avant de le coincer par son propre corps. Humain ? La bonne blague, libre à lui de devenir humain, mais même si Lén était caricatural, le changement que Tyrol suivait, l’éloignait de l’elfe qui pleurait pour un rien, avait des manières pour le moins étrange et rougissait en quelques secondes.

-« Mais il semblerait que le Lén que j’ai aimé, que j’ai découvert sur la plage un après-midi ait disparu… Mort pendant la guerre sans doute. Appelle ton changement comme tu veux, prise de conscience, maturité, tu n’es pas Lén pour moi… »

Lâchant son emprise Eal recula en détournant son regard. Égoïste Eal ? Vous débarquez ou quoi ? Bien sûr ! Oui, pour lui un être devait rester celui qu’il avait été, au moins un peu, Lén enfantin était mort et celui qui lui faisait face là avait grandi, s’était endurci, ressemblait aux gens que l’oréade fréquentait généralement. Si c’était pour être avec un être sensuel, sûr de lui, calme et violent par moment à ses yeux il serait resté dans son désert. En plein réflexion, l'oréade croisa le regard d'un homme qui passa dans la rue et s’arrêta face aux carnages qu’il avait sous les yeux, tremblant face au sang, dans ses bras les cartons avec inscrit « Au palais des yeux » tombèrent au sol dans un fracas dérangeant, mais avant que la totalité des affaires ait touché le sol, l’être humain se retrouva mort au sol.
Allons qu’aurait l’air un professeur de l’air au milieu de morts ? Suspect. Oh et puis en fait c’était juste pour la beauté du geste qu’il l’avait tué… C’est que tuer c’est vachement intime !

Reposant son regard sur l’elfe, il lui attrapa le bras et en moins de temps qu’il ne fallut une colonne de glace les monta jusqu’au toit. Là l’oréade sans lâcher l’elfe l’entraina quelques toits plus loin. Au départ c’était une poigne bien forte mais ensuite il le tenait juste par la main. S’arrêta au dessus d’une ruelle il jeta un rapide regard en bas… Bien... L’homme qu’il devait tuer se trouvait dans une des maisons juste là… Se retournant vers Tyrol son regard était plus rouge qu’à l’ordinaire, une flamme vive et doucereuse.

-«Tu veux vivre à mes côté…Tyrol ? » Tyrol, quel drôle de nom, surtout dans sa bouche, c’était la première fois qu’il le prononçait.

-« … Tu veux vraiment voir ce qu’est mon univers ? Bien… après tout je peux retomber amoureux, c’est dans mes cordes… et de toi sans problème… mais… »

Rapprochant Tyrol d’un geste, il déposa un baiser sur ses lèvres.

-« Je ne peux pas t’aimer comme Lén… je ne pourrai jamais. Tu veux t’affirmer à mes côtés? Alors vas tuer ce gars, et s’il y a des gens, fais les dans la foulée. Simple, c’est la seule fenêtre éclairée de la rue.»

Il voulait l’accompagner ? Être dans sa meute ? Il y avait un prix. Eal acceptait les changements, si son Lén s’était effacé pour que Tyrol s’affirme parfait, mais leur relation allait quelque peu changer dans ce cas ! Le Tyrol voulait avoir les yeux bien ouverts, accompagner son amant ? Bien. Ce n’était pas gratuit ! Comme avec ses compagnons de son ancienne meute, un rite de passage allait commencer et pour Tyrol ça commençait là, sur ce toit, avec lui, sous le regard lunaire. S’il voulait l’accompagner, il ne devait pas le gêner !

S’il pleurait ? Pas grave, s’il tremblait, ça passerait, à vrai dire la fermeté d’Eal en cet instant occultait complètement les réactions de Tyrol. Pas d’autres solutions, jamais aucun ordre entre eux mais en cet instant il voulait voir les capacités de son amant. Déclic il y avait eu chez son cher et tendre, déclic il y avait eu chez lui. Pas besoin de lutter contre sa vraie nature, elle revenait tout le temps au galop alors autant l’accepter ici. Et ça grâce à Tyrol. S’il voulait vraiment être à ses côtés l’oréade pouvait se permettre de redevenir comme avant, d’être lui, de ne plus ménager son elfe.
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MessageQuand on arrive en ville (Eal) EmptySam 7 Nov 2009 - 17:51

Spoiler:

Il pleurait, mais sans pouvoir renifler : Les larmes sortaient à flot sans s'arrêter, coulant les unes à la suite des autres partout là où elles avaient la place de couler, inondant ses joues et ses vêtements. Il ne pouvait pas les arrêter, elles forçaient le passage sans aucun effort. Il n'avait pas d'autre choix que de les laisser aller, feignant de ne pas s'en rendre compte. Au fond de lui, il y avait comme un cri qui désirait s'exprimer, et il aurait voulu laisser sortir ce hurlement, mais… Ce n'était pas une très judicieuse façon d'être discret. Il avait été incapable de parler, de répliquer, entièrement dépossédé par les gestes d'Eal à son égard. Ah, quel plaquage, par Haeris ! Il crut perdre sa colonne vertébrale, mais une douleur fulgurante lui signala qu'elle était toujours d'aplomb. Un mélange de peur, de tristesse et d'excitation le prit, anéantissant le peu qui lui restait de volonté pour se défendre verbalement… Pour l'instant. Bête et borné, mais qu'il était bête et borné… L'elfe lisait tout des courants de pensées qui traversaient son amant, et il s'en voulut lui-même de cette intrusion. Mais tout ceci n'était pas inintéressant, et désormais qu'il avait cet avantage pour ne plus être totalement démuni chaque fois qu'ils se trouvaient en confrontation, il n'allait pas s'en priver. Et surtout, il vérifiait ce qui lui semblait avoir compris dès le début : Eal se trompait et s'entêtait à s'y accrocher. Qu'à cela ne tienne ! Il verrait bien. Soudain tiré hors de ses pensées par un mouvement dans l'ombre, Tyrol considéra avec un air sceptique la scène qui suivit. Aucune mise en scène visible ! Le pauvre homme finit au sol avec ses cartons estampillés d'un slogan pour le moins…. Accrocheur, et il n'était plus besoin d'en parler. L'elfe blanc battit un peu des paupières, mais rien à faire, cette intrusion venait de détendre l'atmosphère comme une lessive mal faite détendait les vêtements fragiles. Il sourit malgré lui à travers les larmes, juste une demi-seconde avant de se sentir happé vers le haut par un sort. La main d'Eal sur son bras lui coupait la circulation sanguine, mais avait-il voix au chapitre ? Il encaissa stoïquement la prise et se laissa mener sans protester.

Une fois arrêtés, une drôle de question survint. Hé bien, malgré ses promesses, cet amoureux avait la mémoire courte. Mais sans doute était-il trop préoccupé par ces… "changements" pour trouver la réponse lui-même. Tyrol n'avait pas eu le temps de répondre jusqu'ici. Étouffé, il se sentait pris au piège, sans possibilité de défendre sa position. Il pouvait bien refuser la tâche qu'on lui confiait pour sauvegarder éventuellement l'amour qu'on lui portait, mais Eal semblait l'avoir déjà enterré vivant. Alors, quelles impressions, maintenant qu'il y était ? Il ne savait plus, tout se floutait. Il aurait l'air d'un lâche s'il n'y allait pas. Mais il ne pouvait pas non plus s'assassiner comme cela alors que ce "Lén" était encore vivant, là, actuellement en train de pleurer la rupture qu'on lui imposait. A quoi cela servirait de parler ? Eal s'entêtait dans la tromperie sans le savoir, il fallait bien insister, non ? Bah, il ne l'écouterait pas, il ne le croirait pas. Il avait fait son choix : La mise à mort. Lén accepterait tout, absolument tout pour être encore aimé quelques secondes, mais puisque selon son amant il n'était plus, Tyrol n'avait donc plus cette nécessité... Quelle absurdité, bien sûr que si ! Il ne pouvait pas nier, répudier les souvenirs qu'il avait et qui étaient ceux de Lén. Non, qui étaient les siens à lui. Il était les deux hommes à la fois, n'en déplaise à ce fou. Il ne pouvait tout simplement pas se couper en deux pour son bon caprice. La suite serait impossible à vivre. Il était les deux, et de fait en cet instant, détestait et aimait Eal avec la même ardeur. Il le repoussa brusquement histoire de… Prendre du recul. Tout à fait. Levant l'index en l'air, il signala un temps de pause et se détourna pour aller faire un petit tour de toit salvateur, en profitant au passage pour essuyer son visage en état avancé d'inondation. Les larmes avaient cessé de couler, il ne s'en était pas aperçu non plus. Sur ce, il revint à sa place et lança à voix basse, d'un ton qui se voulait sec mais qui était trahi par l'émotion :

"Je n'ai jamais vu l'ombre de ta fichue guerre, et si je l'ai évitée ce n'était certainement pas pour mourir !"

Ni mourir dans son pays, terrassé par le chagrin et le deuil, ni maintenant sur décision d'Eal ! Tyrol refit aussitôt un tour, recommençant à jouer avec son anneau tout en embrassant la ville endormie du regard. Il ne l'aimait plus beaucoup, cette Cité : Il lui semblait qu'elle avait trahi une promesse qu'elle lui avait faite ; Impossible évidemment, mais cela n'était qu'une impression. Toutefois, il lui devait beaucoup. Énormément, pour rectifier l'euphémisme. Et puis, il fallait bien avouer que d'un point de vue purement technique, l'expression de ces cartons dans la rue prenait tout son sens : Un vrai régal pour le palais des yeux. Et toc, remonte ton slibard, Lothar ! L'elfe revint vers Eal et, avant de prendre la parole, laissa échapper un profond soupir à s'en sortir le cœur par la bouche. Etrangement serein, et complètement amoureux, il revint enlacer l'oréade pour mieux lui murmurer à l'oreille, sourire en coin :

"Très bien. Je vais le faire. Lén doit le faire pour se sentir apaisé, et Tyrol pour te mériter : Je suis donc Lén et Tyrol, que cela te fasse plaisir ou non. Pioche donc ce qui t'arrange dans l'un ou l'autre, mais ne décide pas à ma place de qui je suis. De toute façon, je te ferais mentir bien assez tôt…"

Il avait eu déjà la preuve dans les mois précédents de la présence de Lén, ainsi que de celle de Tyrol, dépendant des fois, des jours. Mais jamais Tyrol ne s'était montré violent… Ni toujours sûr de lui à chaque jour que les Dieux faisaient. Et cela serait la même chose à l'avenir. Son amant se mentait à dire qu'il pouvait oublier l'un alors qu'il en aurait le souvenir vivant sous ses yeux, avec les mêmes manies pour certaines, les mêmes expressions, la même voix, les mêmes mots. Si Eal tenait à nier une partie ou l'autre, il n'aurait ni l'une ni l'autre ! Mais pour l'instant, l'elfe acceptait la tâche qu'il lui confiait, quitte à être déçu ou dégoûté. Il n'était pas venu pour cela à l'origine, puis il avait envisagé la possibilité, et désormais cela était une réalité. Mais comme il se l'était dit, s'il fallait laisser faire cela, autant le faire aussi plutôt que d'être complice par le silence. Tyrol se défit donc de l'étreinte et alla pour faire ce qu'il avait à faire. Arrivé au bord du toit, il opta soudain pour un virage à 180°, revint sur ses pas et décolla une gifle retentissante à l'oréade.

"Non, je ne suis pas comme tes autres camarades, et évidemment que je veux vivre avec toi ! Estime-toi chanceux, car si j'avais eu un bouquet de roses sous la main, ce sont les épines qui te seraient atterri dans la figure pour te montrer ô combien j'ai du chagrin !"

Il se détourna enfin sur ces paroles, dans une sortie théâtrale des plus vaudevillesques. On put l'entendre murmurer, alors qu'il s'avançait à nouveau vers le bord du toit : "C'est trop cruel, trop cruel…", et il descendit enfin. Il s'était sensiblement remit à trembler, mais il n'y prêtait plus aucune attention. Cela ne l'empêchait en rien d'aller de l'avant dans ce qu'il avait à faire. Qu'allait-il faire ? Oh, il n'en savait trop rien des procédures, il avait eu l'habitude de décider dans l'urgence. Rares avaient été les fois où il avait pu établir un plan avant de se lancer dans une entreprise similaire. Tout était allé très vite et chaque membre de son groupe y était allé de sa propre intuition pour résoudre les problèmes : Tout portait à croire que la Chance les avait aimés et gâtés, car tous en étaient revenus vivants. Et ils avaient réussi. Bien que cette fois, c'était comme un affront qu'il lui faisait, Tyrol croyait encore en sa bonne étoile... Celle qu'il portait autour du cou et dont le contact l'apaisait. Cette chose minuscule avait assez prouvé que la fin justifiait les moyens, et qu'elle délivrerait son pouvoir sans distinction. Il avait confiance. Tyrol marcha jusqu'à la maison, dont la fenêtre encore allumée devait être celle de la salle principale. Aux quelques bruits qu'il pouvait percevoir, oui, il y avait plusieurs personnes présentes. Son cœur se serra sur le coup. Il ne devait laisser aucun témoin, et de toute évidence, Eal avait demandé à ce que personne ne survive. Contre toute attente, l'elfe rabattit son capuchon sur sa tête, et frappa à la porte. "Ben oui, jfrappe pour qu'on vienne nous ouvrir"… Quelques secondes, les conversations baissèrent d'un ton, et une dame vint ouvrir, méfiante.

-Qui êtes-vous ?

Assurément, l'absence de réponse donnait peu envie d'accueillir avec le sourire, mais elle n'eut pas le choix puisqu'elle recula précipitamment en se sentant étouffer. Incapable d'appeler à l'aide, elle se démena en vain puis tomba sur le plancher, proprement morte. Tyrol en eut mal au cœur, mais il continuait mécaniquement d'avancer, porté à continuer par une force intangible et inconnue. Devait-il le faire ? Devait-il vraiment le faire ?... Grâce à leur mort il pouvait retrouver rapidement les bras d'Eal ; A cause d'eux, il pouvait en perdre définitivement le contact... Cette dernière éventualité se suffisait à elle-même. Il avait peur de ne pas y arriver, mais il y était à présent... Et il y avait déjà un cadavre. Tiraillé mais désespérément amoureux, l'elfe envoya son Vent se charger d'éteindre les bougies disposées sur la table, simple précaution qui était aussi à l'avantage de l'elfe, que l'obscurité ne gênait en rien. Le reste de la tablée se leva soudainement, apparemment deux hommes et une femme. Flûte, il ne savait pas lequel était le bon dans le tas… L'un des hommes et la femme levèrent aussitôt les bras pour jeter leurs sorts afin de chasser l'intrus. Hé oui, ils vivaient à Elament, ce n'était pas un hasard… Tous deux étaient Terra au vu de la belle alliance de ronces et de pierres qu'ils formèrent ensemble pour le piéger. Surpris par la vitesse de la réaction, l'elfe recula d'un pas pour ne pas être déséquilibré, mais ce fut son bouclier qui se chargea de stopper nette la progression de tout ce beau monde, dont une partie alla se perdre à côté de lui, sûrement à cause de l'absence de lumière. Ils devaient juste distinguer sa silhouette grâce au peu de clarté qui passait par la porte.

Tyrol entendit un nouveau sort partir, un sort d'Aqua cette fois. "La pluie de tes insultes glisse sur le parapluie de mon indifférence" disait-on pour fermer le clapet à certains gêneurs... Ceci s'appliquait aussi aux lanceurs de geysers miniatures. L'elfe recula encore et se retrouva acculé contre le buffet. La concentration qu'il maintenait sur son bouclier vacilla légèrement et il sentit quelques ronces le saisir, mais cette nouvelle attaque lui donna envie de punir d'abord l'Aqua : Les yeux fermés, il fit affluer toute son énergie vers son bouclier, qui, cessant d'épouser la forme de son corps, pris lentement la forme d'une sphère. Assailli de sorts, il restait néanmoins intouchable. Un autre sort partit, cette fois sous forme d'immenses pics de glace bien décidés à percer sa défense : L'elfe concentra toute son énergie accumulée pour charger son bouclier de magie en une zone, par le côté où arrivaient les pics. Dans un fracas peu agréable, ils s'écrasèrent sur le bouclier et les éclats restants, du plus gros au plus petit, furent renvoyés au propriétaire avec une rapidité et une efficacité qu'on daignait n'assurer d'ordinaire qu'à l'acheminement des colis en recommandé. Comme il était fort intelligent, l'Aqua avait conféré à son sort une puissance telle qu'au retour, la glace était restée assez tranchante pour le transpercer sévèrement en plusieurs endroits du corps. Restaient les Terras et leurs obstacles gênants… Une nouvelle vague d'attaques vint à l'elfe qui finit par se téléporter juste derrière eux. Avec la disparition du bouclier, toutes les attaques bloquées plus tôt atteignirent enfin une cible et détruisirent le buffet, ce qui était dommage car il était fort joliment sculpté.

Avec l'un de ses rubans de Vent, Tyrol étrangla la femme qui se tournait déjà vers lui pour riposter, et cette action sordidement spontanée le choqua lui-même, tant qu'il en oublia l'autre Terra qui en profita pour se créer un allié : Une magnifique plante exotique avec des espèces de dents… Qu'elle avait l'air délicate… Ladite plante se saisit violemment de la jambe de l'elfe dont le bouclier s'était temporairement affaibli et l'emprisonna avec une telle force qu'il en tomba à la renverse, ankylosé de la cuisse au mollet. Il lui fallait une idée rapide, là… Un ronce s'éleva brusquement et tenta de lui enserrer directement la tête, ce qui lui permit de trouver une idée salvatrice : Premièrement, réinstaller un bouclier, au moins sur les parties du corps laissées en paix par la plante vorace. La ronce s'abattit sur sa tempe une fois, le griffant violemment et le sonnant un peu, mais ripa la seconde fois sur lui comme si de rien n'était. Bonne idée d'avoir remis le bouclier, visiblement, puisque de nouvelles ronces échouèrent à lui tenir les bras, glissant elles aussi sur sa peau sans pouvoir prendre prise. Serrant les dents, Tyrol ouvrit une main et, tentant de ne pas se laisser distraire, recommença à concentrer de l'énergie pure, directement dans sa main cette fois. La plante serrait sa prise et il comprit que toute sa jambe cessait définitivement d'être alimentée en sang. Il ne la sentait plus. Son esprit paniqué s'efforça juste de donner une forme à l'énergie qu'il canalisait, et lorsque la dague fut complètement formée et chargée, il la lança sur le Terra encore debout face à lui : N'ayant pas très bien visé, dans la précipitation, l'elfe blanc vit l'arme se planter dans le ventre. Son opposant semblait être rompu à une très grande concentration, et continua de préparer ce qui ressemblait à un futur sort assez dissuasif… Il n'en eut pas le temps. La dague explosa dans un grand tourbillon de vent indiscipliné et de lumière et il rejoignit enfin les autres par terre. Toutefois un problème subsistait… La plante verte de la maison… Tyrol, haletant, reprit le temps de canaliser sa magie dans sa main, attendant qu'elle soit entièrement chargée. La sphère qui se composait commençait à briller de plus en plus fort d'une lumière blanche aveuglante, tandis que la prise de la morsure se resserrait, lui faisant croire qu'on lui arrachait la jambe pour de bon. Il vit les racines de la créature s'allonger dangereusement pour l'emprisonner d'une quelconque façon, venant de toutes parts. Effrayé et peu en accord avec l'idée, l'elfe oublia d'aller au bout du sort et écrasa la sphère sur ce qui servait de crâne à l'immense plante, la brûlant sur une très grande surface : Avec un semblant de cri, elle lâcha toutes ses prises et recula, desséchée à l'endroit du contact. Se redressant pour se mettre assis, Tyrol l'acheva avec une bulle de vide. Ce truc respirait, il l'avait senti souffler sur lui : Ce défaut de conception fut réglé.

L'elfe reposa son dos et sa tête au sol un instant. Il essaya de reprendre son souffle correctement, mais en vain : Trop de cadavres traînaient autour de lui, trop de cadavres qu'il n'aurait pas même espoir de soigner. Il n'avait pas vu les âmes, mais il savait qu'elles avaient toutes quitté la pièce… Pour le moment. Et aucune autre n'était dans la maison, signe que personne - en tout cas personne de vivant - ne se trouvait à l'étage ou dans un placard. Tyrol ne savait pas s'il était affolé ou satisfait de ce qu'il venait de faire : Un peu des deux, à n'en pas douter... Avec une prédominance de la satisfaction, car il avait fait ce qu'on lui avait demandé par amour, et il l'avait fait jusqu'au bout en y croyant. Qu'importe qu'ils aient été coupables de quelque chose ou non... Si seulement cela pouvait suffire à contenter Eal pour qu'il vienne l'embrasser, maintenant ! Il aurait préféré le faire avec lui, mais il ne pouvait pas imposer ses conditions. Il ne pourrait jamais et cela ne lui viendrait pas à l'esprit : Dans une meute, il serait le loup oméga et rien de plus. Tiens, sa jambe droite refusait de lui obéir ; Tyrol s'en souvint alors qu'il tentait de se relever. Il vérifia qu'aucune dent ne se soit plantée trop profondément, ni qu'aucun dard n'ait pu le piquer, sans quoi il était bon pour avoir du poison dans le sang vu la couleur des dents de la chose. Portant la main à sa tempe, il s'aperçut que les ronces l'avaient blessé et qu'un filet de sang était en train de lui descendre dans le cou. Il soupira durement. Bon, il lui fallait d'abord soigner sa jambe, il partirait après : Difficilement, il se traîna à la table et se cala sur une chaise, toujours dans le noir, il se concentra et entreprit d'utiliser son sort habituel de magnétisation d'énergie pour ramener le sang dans le membre paralysé. Ce nouvel afflux lui fit un drôle d'effet, mais il put constater que rien n'était sérieusement blessé. Peinant à reprendre son souffle, il se leva histoire de remettre sa jambe en route… Et se mit à rire discrètement, doucement. Même pas cruel, même pas moqueur, même pas nerveux : Un rire tout à fait naturel et insouciant qui l'avait pris alors qu'il avait le regard rivé sur sa pauvre jambe en rééducation.

"Ah ! Bien, sale bête !" laissa-t-il échapper à voix basse pour lui-même en se traînant vers la sortie. "Un pantalon neuf, en plus..."
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