[Quête Majeure] Hic et Ubique Terrarum

Elle était assise à son bureau de fortune, l'épais volume sur les genoux, le rouleau fragile sur la surface instable en bois. Quand le lui avait-on apporté ? Quelques jours, une semaine ? Ithrazekiel et Emezael avaient mis la main sur l'un des ouvrages les plus précieux que Ruby n'avait jamais vu, elle qui avait pourtant eu le loisir de voir les rayonnages de la Bibliothèque au temps de sa splendeur (on racontait que l'Effrit avait ordonné qu'on la préserve, restait-il une chance que ces précieux recueils existent encore ?). Ses yeux portaient encore la marque de sa curiosité, qui avait consumé ses heures de veille, deux nuits durant, avant que la fatigue ne la terrasse et que ses obligations ne reprennent le pas sur sa vie... Mais rien, ni son entêtement, ni sa culture, ni ses connaissances, rien n'avait pu aller à bout de la complexité des savoirs que contenait ce livre, ni de l'ardeur des codes que contenaient certaines pages.

Abattue, la Dame avait du se résigner et faire appel à d'autres, à déléguer - cela avait été, tout au long de sa vie, l'une des choses à laquelle elle se pliait le moins souvent. Cela faisait moins de 3 jours qu'elle avait demandé à un passeur s'il pouvait faire le tour du village et de dépêcher ses confrères aux autres bastions, à la recherche de quelques personnes : un linguiste, les valeureux aventuriers qui avaient mis la main sur le monstrueux pavé, ... Au final, tous les curieux, pour peu qu'ils puissent mettre la main à la pâte, étaient conviés. C'était le soir, tard, les enfants dormaient, les invités de l'Île étaient normalement tous arrivés depuis le matin...

Dans le grimoire, seule une page n'était pas reliée et était rédigée dans une langue parfaitement compréhensible à ses yeux : c'était de l'Agyarien, l'un des plus anciens dialectes de Magyar, ce qui datait le volume à plus de 800 ans. Qui donc avait connu pareille époque ? Le nom d'Archael avait été le premier monter à la conscience de la Matriarche qui, avec beaucoup de peine au coeur, l'avait repoussé. Iniloth, aussi, sûrement ? Elle ne savait pas où il se trouvait, et quand bien même, il devait avoir autre chose à faire que venir conter à une petite enfant la vie à une époque révolue ! Quant au cryptex... ses arceaux d'ivoire étaient recouverts de lettres latines - la langue des profanes et des ensorceleurs - et ils ne lui disaient rien qu'y vaille.

Pourtant, après s'être usée la rétine sur la page volante, Ruby en avait conclu la chose suivante : la courte présentation de l'auteur et de son ordre, ainsi que les quelques mots mystérieux à la fin, n'avaient qu'un seul but. Permettre l'ouverture de l'objet antique. Avoir trouver le volume ne relevait que de l'heureux hasard, car il demeurait inutile : il faudrait un mage puissant pour le comprendre, et ceux-ci se faisait aussi rare qu'on pouvait l'imaginer...

Spoiler:

[Le message est volontairement court ! J'espère que beaucoup participeront ! Essayez de ne pas faire de pavés, certaines personnes reprennent les cours bientôt et le jeu doit rester un divertissement, pas une torture ^^]

Aller chercher des gens. Toujours, c'était sa mission. Mais là... C'était différent. Dame Ruby avait besoin de ces personnes, et cela était urgent. Urgent, nécessaire, important. Svada pouvait le comprendre. Oui, c'était dans ses compétences. Tisser les fils du destin qui relient les élémentalistes, unis dans une même quête. Elle-même restant en retrait. Elle ne voulait pas intervenir, ne faisant qu'aider. Sa vie était à elle, elle ne se sacrifierait pas pour un autre, quelques soient ces œuvres en ce monde. Oui, c'était bien beau de dire ça. Mais en vérité, elle ne pouvait pas ignorer ce qui se passait autour d'elle. On n'ignore pas ceux qui souffrent, même si on ne les voit plus. Par chance, ou dans un incroyable coup de hasard, sa cécité était venue lors de sa rencontre avec un jeune nymphe. Ils ne se ressemblaient en rien ou presque. Ils ne se connaissaient ni d'Aqua ni d'Igna, et pourtant... pourtant, sa compagnie lui était agréable. Et surtout, il l'avait aidé à apprendre. Apprendre à se passer de ses yeux.

Et ainsi, il y a de cela trois jours, on l'avait chargée de mander quelques personnes. Les dénommés Fennen, Ishraa déjà, mais d'autres aussi. Même, tout ceux qui pourraient aider. Ceux qui connaissaient d'anciens langages, ceux qui pensaient avoir l'esprit assez aiguisé pour saisir les mystères retrouvés et oubliés. Il fallait ceux qui pouvaient voir au delà des mots. Sûrement pas sa spécialité. Svada n'y voyait plus rien techniquement, et de toute façon, elle n'avait jamais cherché le sens caché d'une phrase. Elle ne parlait que le langage courant. Pourtant, ce soir là, où tous étaient conviés, elle était venue. Pour rien. Pour tout. Sans savoir, sans le vouloir. Rien à faire, rien à perdre.

Ainsi, elle arriva devant la Dame. Pas besoin de trop se concentrer pour se repérer en sa présence : le froid qu'elle maintenait autour d'elle la renseignait suffisamment. Comme simple signe marquant son arrivée, elle hocha rapidement du chef. Elle ne faisait que rester là et écouter. Intervenir ? Elle n'y pensait pas. Pas les qualités pour ça. Elle ne ferait qu'observer. Apprendre ? Oui bien sûr, mais elle ne cherchait pas l'apprentissage, ça lui était égal. Elle voulait juste savoir pourquoi. De quoi il retournait. Être dans l'ignorance, c'était comme d'être aveugle. On était perdu au départ, et rattraper son retard est long et fastidieux. Autant s'approcher de ce qui semblait être les nouvelles importantes.

Qu'allait-il se passer ? Qu'allait-on dire ? Svada restait debout, sur le côté, lorsqu'elle dirigea son regard vide vers l'entrée. Un bruit, un souffle. Quelqu'un. Oui, quelqu'un entrait. Qui ? Aucune idée, reconnaitre une personne à sa démarche était loin de ses capacités. Elle était impatiente tout de même. Et ses pattes s'agitaient, reflet de ses pensées. Elle croisa les bras après avoir retiré de son visage des mèches sombres de ses cheveux plats. Et maintenant ? Qui ? Quoi ? Comment ? Quels mystères allaient être révélés ? Quels secrets seraient retournés ? Voilà bien longtemps que la curiosité de l'hybride n'avait pas été ainsi attisée. Et cette sensation la rendait nerveuse. Très fébrile. Ses pattes atrophiées semblaient chercher quelque chose. Palper l'air ambiant glaciale. Peut-être. Apparemment.

Sam 2 Oct 2010 - 5:19

Après l’éblouissement que lui avait fait subir le soleil, l’intérieur de l’habitation improvisé laissa Emezaël littéralement aveuglé pour de longues secondes. Depuis sa chute, l’Ange déchu avait remarqué que la lumière de l’astre diurne lui devenait graduellement de plus en plus intolérable, surtout lors des journées chaudes où le ciel était totalement dégagé. Le temps que ses yeux s’habituent à la semi-pénombre – et son corps au changement de température – il chercha du regard, entre les nombreuses taches noires qui couvraient sa vision, les autres personnes qui se trouvaient dans la pièce. Il distingua rapidement Ruby, comme à l’habitude assise derrière son bureau, mais mit plus de temps à se rendre compte qu’il n’était pas le premier arrivé.

C’est lorsque la sensation de brûlure quitta ses yeux qu’il aperçu à sa gauche l’hybride araignée. Mais quelque chose clochait avec elle. Pourtant semblait-elle le regarder d’un air insistant? La surprise passée, il se rendit compte que son air affichait en réalité l’interrogation. Que voulait-elle savoir?

« Bonjour, Dame Ruby, suis-je en retard? Je me suis crevé à l’entraînement hier et j’ai dormi pendant bien trop longtemps. Je vois que le Capitaine n’est pas encore arrivé lui non plus. Viendra-t-il, d’ailleurs? »

Puis il s’adressa à Svada :

« Je ne peux pas croire que vous ne me reconnaissiez pas après être venue vous-même quémander ma présence. À moins, bien sûr, que vous ne soyez… »

C’est à ce moment que le jeune Ange se rendit compte de son erreur : ces yeux fixes, errants… Il était maladroitement tombé directement sur la vérité.

« …aveugle... » termina-t-il en un souffle, se maudissant de sa sottise.

Emezaël poussa un soupir d’embêtement. Il se trouvait pitoyable.

« Je suis désolé, je n’avais pas remarqué. Je suppose que vous savez déjà que je me nomme Emezaël Fenenn. Lorsque vous êtes venue me voir, vous ne vous êtes pas présentée personnellement. Pourriez-vous me dire votre nom? En passant, je compatis pour la perte de votre vision. Vous ne pouvez malheureusement pas vous en rendre compte, mais j’ai moi aussi un handicap. J’ai été injustement déchu et on m’a coupé mes ailes. “Ce n’est pas aussi important”, vous allez dire, mais pensez-y bien. Un Ange sans ailes, c’est comme un Elfe qui ne peut courir. Avec mes ailes s’en sont allés ma joie de vivre et ma foi en ce monde. Je suis estropié, incapacité. Je ne suis plus que la moitié d’un tout; l’ombre de moi-même. »

Emezaël se donna un temps pour réfléchir à ses propres paroles, puis s’en jugea satisfait. En attendant l’arrivé d’autres volontaires, il alla se terrer dans un coin de la pièce.

Il était lui-même venu parce qu’il ne voulait pas passer le flambeau. Cela lui était tout simplement impossible. Avait-il une fois abandonné dans quelque tâche que ce soit? Non, jamais. Il souhaitait laisser son empreinte telle une marque apparente dans le destin et l’histoire des élémentalistes. L’entraînement seul ne lui permettrait pas aisément de mener à bien ses plans. Participer sur le terrain lui ferait acquérir de l’expérience, car, il le savait, parfois, les missions en apparence les plus simples pouvaient cacher un danger véritable pouvant même être plus dangereux que la menace d’un régiment entier de démons assoiffés de sang. Et qui sait? Peut-être qu’il pourrait vraiment se montrer utile.

Ven 15 Oct 2010 - 10:38

Ils étaient venu en nombre (ou pas), et la joie allégea quelque peu le coeur de la cristalléenne. Ainsi, ils avaient répondu à son appel ! Si l'ouvrage ne paraissait pas important, son contenu était pourtant décisif, et les minces connaissances en la matière de la Dame le lui assuraient. Elle caressait des yeux la couverture de cuir sèche, rassurée par la présence chaleureuse des personnes qui s'entassaient dans l'étroite chambre. La sienne, toute porteuse de sa marque : son rangement impeccable, l'odeur d'achémille qui flottait, la fraicheur humide de l'air... Des fauteuils s'improvisèrent vite, et la dame ne prit pas ombrage de cette familiarité : ils avaient beau être en état de siège, au bord de l'anéantissement, il ne fallait pas retirer aux hommes leur dernier bien. Leur possibilité de sourire. Et elle-même sourit généreusement à la familiarité touchante de Emezael. Elle les connaissait tous. Les aimait tous. Jamais, elle, ne les abandonnerait.

Le silence se fit peu à peu, tandis qu'ils finissaient de s'entre-dire bonjour, de lui faire ses hommages et de s'enquérir de sa santé. Ruby s'éclaircit la gorge. Sa nature peu bavarde contredisait beaucoup son statut qui la forçait à faire des discours. Son élocution, quoi que claire, était marquée d'un léger accent qui accentuait le côté rèche des mots : les r, les gr, les t ricochaient dans sa gorge. Sa voix en elle-même était grâve, de nature, dépourvue du soyeux du miel ou de la chaleur du soleil. Non. C'était une musique pleine du tranchant de l'acier et de la promesse de violence du blizzard. Mêlée de ronce. Une hauteur de ton elle qu'on ne pouvait que l'écouter, étonné de la voir paraître d'une telle silhouette...

" Merci à tous d'avoir répondu à cet appel aussi rapidement. Je ne vous ai pas convié sans raison, et j'espère que vous en avez tous conscience, et j'irai, en raison de l'urgence de notre situation actuelle, directement aux faits. " Aucun murmure ne vint troubler les gens présents, et elle leur en rendit grâce mille fois. " Au cours d'une exploration de l'île, Notre capitaine Ithrazekiel et Emezael Fenenn ont découvert ce qui pourrait être une très ancienne cache dont la méthode d'activation demeure inconnue. Voici des copies de leurs rapports d'exploration, exceptionnellement consultable par les non-Fondateurs. " Elle tendit un paquet de feuille qui se distribua rapidement. Svada, qui ne pouvait lire, ne cilla même pas. Une personne à côté d'elle lui en fit la lecture de façon distraite, comme lisant à elle-même à voix haute, apprenant le contenu du rapport par mégarde. Sollicité touchante emprunte d'indifférence.

" Cela, ajouté à la rapide biographie de l'auteur de l'ouvrage, nous informe plus avant sur la nature de cette île. Wind nous en avait parlé, à l'époque, mais sa présence s'est faite plus rare : il erre, dit-on, sur Magyar, et ne revient que rarement en nos Terres. Cette île était une cité-Nuage, pareille à Otulin, habitée seulement par des Aeras. D'après ce que j'ai compris, l'ordre du Saule était à l'origine un ordre de guérisseurs, dont une branche radicale s'est éloignée pour venir forger la société vivant ici. " Dyferon. Ce nom chantant à ses oreilles : c'était donc ainsi que ce prénommait cette maudite cité en ruine, et tous les malédictions qu'elle recelait ?

" Hic et Ubique Terrarum " Les mots lui semblaient étrangers. La Dame ne parlait que peu le latin, qui était pour elle, d'éducation, la langue des prêtres et des arnaqueurs, ceux qui faisaient des tours de passe-passe, des faux-devins. Elle ne l'aimait pas. " Ma connaissance de cette langue est très limitée, quelqu'un peut m'éclairer ? Il semble que cette simple phrase soit l'énigme d'ouverture du Cryptex : je n'ai vu nulle part de formule courte - ou longue - pouvant donner une combinaison. " Et la langue allait de fait parfaitement bien avec les runes latines dont l'ivoire était orné...

Le silence régna quelques instants, et une voix d'homme trancha l'air : " Ici et partout sur la Terre " dit-il haut et fort. Du plomb coula encore sur l'assistance, qui se creusait le crâne à la recherche qu'une quelconque solution. La Dame elle-même tenta : qu'est-ce qui était ici.. et partout sur la Terre ? L'eau, pensa-t-elle naturellement, égocentrée. L'eau, qui coulait dans les veines de toute créature, qui formait les océans, les nuages, qui façonnait les larmes, l'eau qui courrait sous la terre, qui courrait sur la terre. L'eau, partout. Et au plus profond d'un volcan ? Sa logique faillit. L'air aussi ? Non, pareil, l'air était absent de certain lieu. Ruby se concentrait trop sur les éléments et de fait, son domaine de réflexion s'étrécissait. Des fausses certitudes, des convictions erronées... Elle ne devait pas baser son cheminement de pensées sur des fondations fragiles.

Mais Ruby avait beau être intelligente et cultivée, elle ne possédait pas réponse à tout, et c'est quelqu'un d'autre qui formula la réponse évidente : le temps. Ou... l'absence de temps ? L'avancée inexorable des évènements avait une incidence ici et... partout. Sur la terre et ailleurs. Le Temps défaisait des montagnes, coulait des océans, façonnait les continents, détruisait des civilisations, fabriquait les soleils. Il n'avait peut-être pas d'existence propre, et n'était qu'une vue de l'esprit, un concept, mais ses effets étaient évidents, visibles, impossible à ignorer : chaque être vivant ressentait dans sa chair son cours inflexible.

Ses doigts fébriles saisirent en douceur l'objet ancien, et tournèrent avec une délicatesse de fée les rouages d'os. Si cela échouait... Si la capsule interne se brisait... Que leur restaient-ils à eux, tous ? Leurs chances de vaincre l'ennemi étaient plus que faibles. Ils étaient moins nombreux, affamés, fatigués. Aucune méthode traditionnelle ne pouvait plus rien pour eux. Les Grandes Cités étrangères, au nord, et les Unions princières de l'Ouest ne répondaient pas à leur message et, par dépit, les messagers boudaient ces villes indifférentes - vengeance mesquine.

Les crans cliquaient à chaque fois que les anneaux bougeaient et, une fois les 4 caractères entrés (les 5 lettres latines traduites en runes), les côtés du cryptex s'ouvrirent délicatement. Les effluves d'un monde ancien montèrent aux narines de la Matriarche. Des odeurs de bois et des forêts, d'un air étranger. De renfermé, aussi, de vieux. Des fragrance inconnus, d'époques révolues. Et la Dame se sentit étrangement privilégier. Sa jeunesse était certes flagrante, mais elle avait montré et remontré ses capacités à régner.

Très lentement, et tendit d'une joie montait dans l'assistance, elle sortit le compartiment de son écrin, dévoila des couleurs de papier. C'était impossible que le vélin ait put résister au cours du temps : il aurait du se dégrader, sécher et se transformer en poussière, rendu au néant à jamais. Mais un miracle, ou une magie, avait préservé l'ensemble. Lorsqu'elle déroula avec précaution les feuilles, elle s'étonna plus encore de voir des mots qu'elle comprenait, et la beauté de la calligraphie lui arracha un "oh" d'admiration.

(en vrai c'est pas joli mais imaginez que ça l'est :p)

Spoiler:

C'était à la fois une légende, et une augure. Obscure, bien naturellement ... Comment pouvait-il en être autrement avec pareil texte ? Pourquoi les Oracles ne dictaient-ils simplement pas un manuel tout simple : aller là, faites ça et revenez. mais non, il fallait tourner les mots, faire des rimes et parfois ah ! dire des bêtises et faire des pièges. La peste soit des devineresses. Ruby comprenait qu'à l'origine du monde qu'avaient fait les dieux, il n'y avait que deux lunes, et que la troisième, la plus petite de toute, était apparu plus tard. Le reste était un mode d'emploi : faites les rites ici, sous ça. Bien. Mais le dernier passage était aussi trouble à ses yeux que l'art délicat des pêcheurs.

Spoiler:

Quant aux restes... C'était une liste d'ingrédients, forcément, avec l'emplacement plus ou moins précis de la chose, et tout laissait présager à des pièges et de la difficulté. Soit. Toutes les feuilles tournèrent, mais la Dame, songeuse, garda sans ses mains la dernière, l'aile d'un atroce pressentiment lui assombrissant le front.

" N'oublie rien, ne confond aucune des clefs
Tu as dans tes mains le pouvoir absolu
Mais pour sceller à jamais le mal
Le Sang.

D'ombres et d'éther le dernier lien
Le premier des pactes, l'ultime des clefs
Obtient du malade d'eau de ses veines
Volontairement.

Seul un acte de foi peut provoquer la guérison
Seul un acte de foi peut induire le changement
L'onde se répandra et la corruption disparaîtra
Si aucune erreur n'est commise."

Dans cette valse où tout se jouait, les danseurs connaissaient enfin le rythme, apprenaient vite les pas. 4 éléments, 4 choses à trouver de part le monde. De la prophétie et des rites, on ne pouvait compter que sur l'étude d'un astronome ou d'un savant, que la Dame n'était pas. Quant à la dernière feuille, que ses doigts refusaient obstinément de lâcher, elle avait au bout de son bras un poids inimaginable.

Il restait encore tant de choses à faire.

[HRP : Voila ! Il ne reste qu'à assigner les quêtes à qui qui veut ! Il reste Haol, Siler et Arash, soit l'eau, l'air et le feu, la terre étant prise par Ithra, Sara et je ne sais plus qui. D'autres informations seront données aux personnes décidant de faire telle ou telle quête, et le jeu sera sûrement lancé par Page Cornée. A vos plumes ! ]

Dim 17 Oct 2010 - 16:24

Emezaël Fenenn. Oui, c'était un de ceux qu'elle était allé quérir. Sa remarque fit naitre un sourire sarcastique à ses lèvres, et elle laissa ses globes noirs fixés sur lui. Imaginer que ses cinq yeux -six si on comptait celui qui était réellement crevé- ne lui servaient à rien était plutôt ahurissant. Mais vrai. Même pas à ciller, puisqu'elle en était incapable. L'hybride écouta les excuses et le discours d'Emezaël, sans se départir de son sourire cynique.

" Svada. " Un ange déchu. Atrophié, amputé. Mais la Passeuse ne semblait vouloir donner que son prénom, en effet, son nom n'avait de toute façon, plus aucun sens. " Ici, nous sommes tous amputés, sieur Emezaël... certains plus que d'autres. "

Et... C'est tout. Svada n'aimait pas parler, ou philosopher sur leur état. Cela l'amusait quelque peu, de sentir une pointe de honte dans la voix de ceux qui prenaient conscience de sa cécité. Elle n'en tirait aucun plaisir... Mais c'était drôle pour elle.

Puis il y eut le rapport des explorateurs. Son voisin le lut à haute voix, et Svada écouta distraitement. Merci, de rien. Non, silence tacite. L'hybride prit ainsi connaissance des découvertes... Mais la perplexité la gagnait, et elle croisa les bras, songeuse.

Et perplexe, elle le devint plus encore lorsque la Dame cita le fameux vers, tout droit sorti d'une langue ancienne. Svada ne connaissait que le langage commun, l'histoire et la connaissance ne l'intéressaient pas. Et pourtant, elle trouva cette phrase bien belle, plus douce que le reste des mots. Plus sensée presque. Quelqu'un donna la traduction. Ici et partout sur terre ?

Bof, l'hybride pensa à l'air respiré, puis aux créatures vivantes, bien ces suppositions soient aisément detruites en quelques arguments. Mais son esprit pragmatique ne voyait guère plus loin. Puis, alors que l'on entendait presque les rouages des pensées des personnes présentes, quelqu'un trouva.

Temps. Voilà un concept qui lui échappait, à elle dont la vie ne représentait qu'un malheureux grain de sable parmi d'autres dont l'existence se comptait en siècles. Un grain de sable oui, elle qui avait déjà parcouru la moitié de sa vie. Tandis que d'autres apprenaient encore à marcher. Mais elle ne se plaignait pas, vivre des siècles d'ennui ne lui disait rien. Elle entendait le parchemin être deplié avec mille précautions et l'assistance se tendre en attendant les paroles de la Matriarche... Charabia de mauvaise augure à ses oreilles, et elle n'allait pas se priver de le faire remarquer.

" N'est ce pas dans une quête bien dangereuse que ces mots veulent nous trainer ? Et rien ne nous dit que tout cela n'est pas le fruit d'un esprit dérangé. " elle secoua la tête, dans un signe de négation : " Est ce bien la peine de mettre en danger les derniers élémentalistes pour des vers obscures, même s'ils portent un mince espoir ? "

Oui, car la finalité de ce texte... N'était ce pas l'espoir de purifier cette terre ? Mais Svada, et d'autres ici, doutaient de sa véracité. Rien ne disait que cela ménerait à une réussite. Ses pattes s'agitèrent : si vraiment la Matriarche y croyait, alors l'hybride suivrait. Même, s'il fallait qu'elle participe, elle préférerait y aller, plutôt que d'imaginer des novices s'y jetter pour Ruby. Elle laissa son regard noir et vide sur la Dame, attendant une preuve pour y croire. Mais qu'il y en ait ou pas... En fait, elle en avait rien à foutre.

Tenant entre ses doigts le fragile vélin, la matriarche posa ses yeux entre les lignes illisibles et centenaires. Elle devait se l'avouer, la remarque de la Passeuse faisait un écho étrange dans son crâne, car elle même n'y croyait pas trop. Qu'était cet ouvrage, si ce n'était un vieux bouquin moisi trouvé au fin fond d'un trou sur une île volante ayant chu ?

Mais la Dame releva le visage, les yeux sûrs et la mâchoire serrée. Y avait-il seulement un autre choix ? Ils étaient prisonniers d'une terre qui ne voulait pas d'eux, toute pétrie d'Air qu'elle était. Ils erraient comme des étrangers entre les ruines d'une cité dont les habitants avaient tout bonnement disparu. Il ne restait d'eux que la trace de leur antique savoir, et quelques lignes obscures sur un grimoire en décomposition.

« Regarde cette ville, Svada. Il y vivait autrefois un peuple puissant, une confrérie d'Aera ayant réussi à faire voler un morceau de pierre pendant des siècles. Nous avons un de leur héritage : ce livre, qui contient peut-être une chance pour nous de récupérer l'Antique Asile. »

La Matriarche marqua une pause et posa derrière elle les feuilles, soupirant de désespoir en voyant que même ses doigts si frêles et si fragiles étaient parvenu à en altérer un morceau.

« Je ne sais pas par quel hasard les Dieux ont voulu que les Fondateurs crées la Cité près des Enfers, mais en ce faisant, ils ont fait de la ville le dernier rempart entre les Démons et le Monde, et de nous une partie de cette muraille. Il n'y a plus de Gardienne de la Cité. »

Sur ces derniers mots, la voix de la Maîtresse de l'Eau se fit grave et pleine de non-dits.

« Il ne reste que nous. Nous pourrions nous satisfaire de cette Île, et jouir de son confort jusqu'à ce que sa magie nous détruise, ou nous pourrions faire ce qu'il nous reste à faire : prendre des risques, suivre aveuglément une recette de cuisine magique concoctée par un peuple disparu, et avec de la chance, détruire les démons. »

Il y avait, dans le cœur de la Dame, un souhait de vengeance. Le visage de tout ceux qu'elle avait un tant soit peu aimé dans sa vie lui repassèrent devant les yeux. Archaël, et ses yeux d'un bleu plus pur que le ciel, Layna, et sa chevelure tellement rousse que le feu semblait terne à côté, et quelques uns de ses élèves...

« J'ai parfaitement conscience de notre sous-nombre, et je ne vous cacherai pas que j'ai le cœur plein de haine,et une volonté farouche de rétribution, volonté qui guide peut-être proposition. Aussi, si vous me dites que vous êtes contre, que vous ne voulez ni vous venger, ni récupérer la cité, ni reprendre notre destin en main, je vous suivrai et je m'inclinerai devant vous. Et je brûlerai moi-même ce grimoire. »

[Quête Majeure] Hic et Ubique Terrarum

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