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 ~ Tournent et tournent et tournent les violons ~

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Iblîs Nemrodus
Iblîs Nemrodus
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyJeu 23 Avr 2009 - 18:27


Thème musical
Mandoline - http://www.deezer.com/track/2284529




Au creux de la Plaine du Cairn, à quelques centaines de mètres de l'Auberge des Cent Âmes, se trouve le campement du clan du spectacle, arrêté depuis déjà presque un mois à Elament. Le vieux chef Félistia n'a pas l'habitude de s'arrêter trop longtemps dans les même endroits, tout simplement parce que l'argent finit par ne plus rentrer. Mais cette année, c'est l'exception. Car le chef du camp des saltimbanques marie sa fille! La belle Jamie aux mèches noires, bénie par les dieux et plus particulièrement par Igni, qui lui légua le Don à sa naissance. Ce fut pendant ses études à Elament qu'elle rencontra Brahor l'Elfe de Lune, alors habitant de la cité. Leur histoire fut belle et simple, comme peu le sont aujourd'hui. Les deux jeunes gens se fréquentèrent, et bientôt s'aimèrent. Juste après la bataille, laquelle les épargna, ils se fiancèrent et au printemps suivant, ils vinrent tous deux rendre visite au camp lors de sa halte annuelle à Elament. Le chef commença par froncer le sourcil, mais lorsque Brahor annonça son intention de suivre Jamie sur les routes plutôt que de la séparer de son clan, ses appréhensions se calmèrent rapidement. Quelques semaines de préparatifs furent nécessaires, et par une journée de printemps, la célébration commença.

Au Temple, les nuages menacèrent de gâcher la cérémonie, mais les magiciens d'Elament acceptèrent d'utiliser leur magie pour éclaircir le ciel. Plusieurs habitants se rendirent à la Tour des Vents et grâce à l'aide du professeur de l'Air, la journée se termina sous un soleil radieux. Les jeunes mariés, acclamés par le clan et les amis du jeune elfe, retournèrent main dans la main à leur maison pour goûter un repos bien mérité ~ ou du moins ce fut l'excuse qu'il donnèrent, et chacun fit semblant de les croire. Mais alors que dans la cité, les voisins essaient de ne pas prêter trop attention aux gémissements qui viennent de la chambre, dans la plaine, la fête bat son plein!

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artbyniouz on Deviiantart ~ modifié
http://artbyniouz.deviantart.com/


Autour du grand feu central, entre les tentes et les roulottes, les chariots et les tables chargées de mets, l'assistance rit et chante, dans une ambiance bon enfant. Ils sont au moins deux cents, Saltimbanques et Habitants, réunis pour l'occasion. Une partie des étrangers à la troupe sont des parents et amis de Brahor, d'autres sont venus retrouver des amis dans la troupe, et d'autres n'ont pas été invités, mais n'en sont pas moins venus, soit avec l'intention de se joindre à la fête, soit avec celle de s'empiffrer. Qu'à cela ne tienne! Le Clan n'est pas misérable, et le festin plus que généreux. Chacun est le bienvenu, qu'il vienne de la Cité ou des villages d'alentour. On ne craint pas les visiteurs indésirables - les Lions et autres créatures sont tenus à distance par les feux et les lances, et de nombreux élémentalistes sont d'ailleurs présents à la fête, y compris un Gardien de la Cité. On ne songera pas aux inondations ~ on ne songera pas au Tertre de Layna, à l'autre bout de la Plaine ~ on ne songera pas aux soucis ou aux craintes ~ car ce soir c'est fête!

Sur le foyer qui crépite, les deux boeufs sont presque prêts. Plusieurs jongleurs animent les tables de tours divers, certains plus incroyables que l'on croit encore, car la troupe comporte plusieurs magiciens. Des serveurs sont venus de l'Auberge des Cent Âmes, la bière et le jus de baies coule à flots. La chère et rustique, mais savoureuse. Sur l'ordre du chef, quelques colosses veillent discrètement à écarter ceux qui ont l'alcool mauvais, car une fête de mariage n'est pas une débauche complète. Par contre, ils ferment volontairement les yeux sur les couples de jeunes gens très occupés à se bécoter dans les coins, où à s'éclipser vers le buissons. Tout le monde a le droit de s'amuser.

Trois jeunes adolescents du clan ont entonné plusieurs chansons. Parmi eux, Tirza, la jeune sœur de la mariée, attire les regards avec sa chevelure rousse, où les reflets du feu semblent allumer un perpétuel incendie. Si elle n'a pas le don de son aînée pour la danse, elle possède une voix merveilleuse. Chaude et riche, elle vibre dans l'air comme un instrument bien réglé, accompagnée par ses deux camarades, l'un à la viole et l'autre à la flûte. L'orchestre improvisé enchaîne les airs de danse, et toute la jeunesse l'accompagne avec enthousiasme, frappant dans ses mains, ou du poing tu la table, ou de la cuillère sur une casserole de cuivre. Plus loin, un Ménestrel a rassemblé un autre groupe, racontant avec verve une histoire d'ours apprivoisé, de mari trompé et de brigands à rouler. Hommes de tous âges, du jeune garçon au vieux chef du camp (réfugié là pour échapper à sa bavarde femme), écoutent avec attention pendant un long moment, suivant les péripéties jusqu'à la fin de l'histoire, burlesque à souhait. Toute l'assistance applaudit, avec force éclats de rires. Voilà qu'on attrappe le jeune ménestrel, qu'on le bouscule ~ non, on ne lui veut point de mal, seulement le porter en triomphe. Il a beau protester - sa harpe, sa belle harpe, prenez-y garde, compagnons! - le voilà emporté par une grappe de jeunes enthousiastes, et emmené pour une tournée triomphale autour du camp.

Ailleurs, les matrones de la troupe papotent avec animation ~ des robes des Habitantes aux recettes de cuisine de la troupe. Ailleurs encore, les vieux tirent sur leur pipes en admirant l'animation, souriant derrière leurs barbes fournies. L'air est un peu frais, mais pas assez pour être désagréable. Autour des feux, sous les étoiles et le croissant de la lune, tous les participants sont rassemblés, depuis l'aimable serveuse jusqu'au bûcheron pataud, depuis l'habitant érudit jusqu'aux jeunes Félistia habitués à courir les bois. Certains ont revêtu des costumes de fêtes, d'autres se contentent de tenues plus discrètes, notamment les passants arrêtés ici en voyant la lumière. L'un est encore habillé de bottes de cavalier, et son cheval broute un peu à l'écart, un autre, visiblement un Aasimar, montre en riant les étoffes qu'il a acheté bien loin d'ici, à Luxania. Un autre encore est plongé dans une discussion avec deux étudiants de l'Ecole de Magie, discussions ponctuées de brèves démonstrations magiques. D'autres sont simplement assis sur les grosses pières faisant offices de sièges. L'un d'eux en particulier, vêtu d'un long manteau usagé et la tête recouverte d'un capuchon, est assis à la même place depuis un bout de temps, au bord d'un des feux secondaires. Il ne semble pas décidé à se mêler aux réjouissances. L'un des haltérophiles de la troupe, un barbu doté d'une musculature impressionnante, l'aborde amicalement.

"Holà, voyageur! Tirza va chanter encore la danse des Pèlerins. N'as-tu pas de cavalière?"

L'homme se redresse, comme sortant d'un long rêve. Il se tourne vers le saltimbanque. Sous le rebord d'étoffe, sa peau est très pâle. La majeure partie de son visage est dans l'ombre. Ses lèvres minces ne semblent pas savoir comment former un sourire, mais sa voix n'est point hostile lorsqu'il répond.

"Pardonne-moi, l'ami. Danser ne me sied pas vraiment ce soir."

"Fatigué après la route? Aurais-tu la bile grise en cette soirée? Bois et que la bière te rende joyeuse humeur!"


Presque de force, le colosse place une chope dans la main du voyageur. Mais, interpellé par un de ses compagnons, il s'excuse d'un geste et repart. Resté seul, l'homme redresse imperceptiblement sa taille grande et maigre. Il considère la boisson dans sa main, et pour un instant, ses lèvres s'écartent pour un sourire plutôt amusé. Dé la bière?

Sans la boire, le voilà qui la pose à côté de lui. Il observe les habitants autour de lui. A la lueur du feu, son regard est invisible, mais on le devine pensif. Cependant, qui se douterait de qui il est, ce voyageur discret et modeste, ne cherchant pas à se faire une bonne place ni à se joindre aux conversations? Pendant une bonne partie de la soirée, il reste ainsi, énigmatique et muet. Jusqu'à ce que dans l'âtre, jaillisse un magnifique bouquet d'étincelles ...

La lueur du feu révèle un instant son visage lisse, régulier, et ces deux yeux au regard étrange, complètement noirs. Tiré de ses pensées par le bruit du bois qui éclate, l'étranger relève soudain la tête et jette un regard autour de lui. La foule chante et danse toujours, se réjouissant de la bonne chère ...

Puis au milieu de cette danse, quelque chose attire soudain son attention. Là-bas, à un autre feu, visible par intermittence entre les silhouettes des danseurs, un homme placé face à lui ne le lâche pas du regard...


Dernière édition par Iblîs Nemrodus le Dim 19 Juil 2009 - 21:41, édité 1 fois
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Khisath
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyJeu 23 Avr 2009 - 22:39

Spoiler:

Ambiance musicale…

Il avait senti leur odeur avant d’entendre tout le boucan qu’ils faisaient. Une odeur de nourriture humaine, riche et en quantité, et la délectable senteur de la graisse qui flambe. Mais ce n’était que trop faible au goût de l’Effrit… Il avait décidé de s’aventurer hors des Enfers, hors de son tout nouveau royaume, trop peuplé pour qu’il y reste indéfiniment. A vrai dire se sentir constamment épié ne lui plaisait pas du tout. Certains réflexes malheureux avaient déjà entaillé l’effectif des rotures au service de l’Aile Nord, et ça n’était pas en décimant le cheptel qu’il ferait avancer les Enfers. La réunion dans la salle du conseil avait porté quelques fruits. Pas autant qu’il aurait aimé, mais certains plans étaient en cours, et tant mieux. Et d’un point de vue plus personnel, ces descriptions avaient éveillé son appétit de découverte. Et son appétit tout court aussi, d’ailleurs.

Il s’approchait encore et entendait cette fois ci le son des instruments, accompagnant la voix chaude et riche d’une chanteuse, de race quelconque. C’était mièvre, dramatiquement plat, et dégoulinant de béatitude. Ca ne rentrait pas dans sa conception de la Perfection. Qu’est ce qui motivait un Effrit ? Beaucoup de choses, et peu à la fois. Les Ardents étaient des individus insaisissables. De par leur origine même, des entrailles du Monde, ils n’avaient pas accès aux autres préoccupations des créatures sexuées : reproduction, besoin d’être entouré... D’un autre côté, ce qui aurait laissé un autre individu totalement indifférent pouvait fasciner un Effrit, au point que cela devienne une obsession. En tout cas, là, Khisath avait envie d’aller voir par là si il y était.

L’Ardent était encore invisible à la vue des hommes et femmes qui festoyaient, à la fois trop éloigné, mais aussi protégé par l’épais manteau que formaient les arbres aux feuilles denses de la forêt. S’il voulait continuer sa route, sa forme de Feu-follet ne pouvait convenir, il serait bien trop tape à l’oeil. Il ne prit pas la peine de s’arrêter de marcher pour changer d’apparence. Ses chairs se refroidirent, se durcirent, le magma et la lave en fusion laissant place à une structure semblable à un squelette de pierre, recouverte d’une couche de matière souple, imitant la texture de la chair et de la peau. Son rayonnement pâlit jusqu’à disparaître complètement, et les langues de feu et de flammes de son crâne disparurent, laissant la place à une masse de cheveux épais, gris très pâles, couleur de cendres. C’était désormais un homme nu qui marchait dans la forêt, d’un pas toujours rapide et sûr, et les deux billes de ses yeux étaient les seuls phares qui trahissaient sa présence dans l’obscurité.

Désormais il voyait la lueur du feu, ses pas lestes l’avaient menés jusqu’à la bordure du camp, et Khisath parcourait les alentours des yeux, persuadé d’avoir entendu un bruit intéressant tou près. Oui… Tout juste. S’approchant d’un buisson, il provoqua l’étonnement, puis l’effroi du jeune couple qui s’y cachait, mais aucun des deux amants n’eut le temps de hurler. L’Effrit ne pouvait leur permettre cette intention mal placée. Khisath n’aurait pas aimé qu’ils compromettent sa petite visite à la fête ~. Il déroba ses vêtements à l’homme : un pantalon de toile grise et simple, une tunique en lin teinte en rouge sombre (jolie couleur), et une veste légère en cuir vieilli. Il récupéra l’écharpe beige de la femme, l’enroulant autour de ses épaules, et pesta ne pas lui trouver de ruban dans les cheveux. Il aurait pu s’en servir pour camoufler son regard, mais tant pis, qu’importe, il s’en passerait bien cette fois ci.



Laissant les corps derrière lui Khisath s’était approché du campement, jusqu’à se mêler aux fêtards. Un autre Ardent n’aurait pas pu réussir ce tour de force, mais lui, avec son pouvoir de Vulcain, pouvait modeler sa propre matière jusqu’à sembler inoffensif aux yeux de ces fétus de paille dansants, bons qu’à s’embraser… Il avait souvent usé de cette ruse pour accomplir ses plus jolis coups de maître. Le loup dans la bergerie. Mais ce soir, ils étaient deux loups, pour une seule étable. Une silhouette plus loin avait instinctivement attiré son regard, et il la détaillait, immobile. Autour de lui, ça sautait et ça remuait au son rapide des violons, ça exprimait sa joie de vivre. Tant qu’il en était encore l’heure. On lui fourra de force un verre dans les mains, sans qu’il demande quoi que ce soit, et sans que personne ne soit choqué par son regard sans iris ni pupille. Ah, la diversité biologique lui offrait une couverture idéale…

Et l’autre était toujours là, calme et posé, l’air tranquille dans la foule, mais c’était une tache sur le drap immaculé de leur innocence. Vomissant sa différence aux yeux des badauds, mais comment ne pouvaient-ils pas le détecter ? Il y avait pourtant des Elementalistes tout près. Le visage de Khisath se fendit soudainement d’un grand sourire. Et bien oui, lui-même était caché aux yeux des Insectes, et devait être aussi visible pour l’autre gars à capuche qu’il l’était pour lui. Entre contraires… Alpha et Omega, Lumière et Ténèbres. L’Effrit secoua la tête, tentant de faire disparaître ces métaphores et images qui l’assaillaient. Depuis sa… communion avec le Trône, c’était comme si il savait des choses, il voyait des brides de scènes inconnues. Une sorte de transmission ? Un lien avec un réseau d’informations jusque là inaccessible ? Ou bien une illusion créée par une entité millénaire et démente qui prenait son pied à jouer ainsi avec ses neurones ? Peut être un peu de tout ça à la fois. Mais rien que pour ces sensations nouvelles, il aurait donné n’importe quoi. Parceque ce sentiment de puissance lui faisait prendre son pied, à lui aussi.

Une étrange odeur et un bruit incongru lui firent baisser les yeux : la bière qu’on lui avait donnée était en train de bouillir dans la tasse en terre cuite qu’on lui avait fourré dans les mains. Allons bon. Contrôler sa température était un effort mental constant, et il s’était laissé distraire quelques minutes. Il posa donc la chope brûlante sur une table en bois. La vider en la buvant état tout bonnement inacceptable, les liquides divers ne faisaient pas partie de son alimentation de base.

Il recommença à avancer, mais cette fois ci il ne cherchait plus à simplement marcher sans but à travers le camp. Non, ses pas l’amenaient vers l’Autre. Il avait envie d’entamer la conversation, de jauger un peu cet autre loup. Il ne lui semblait pas avoir ne serais-ce que senti sa présence dans les Enfers, alors qui était il ? Un surdoué en camouflage ? Etait il simplement de passage ? Avait il choisi de vivre loin des autres démons, en solitaire ? Ils étaient désormais presque à portée de voix. Assez prêts pour pouvoir le détailler plus distinctement. Mais l’Autre trichait, avec sa capuche, il lui empêchait de scruter son visage dans sa totalité, et la vue était un sens auquel l’Effrit accordait beaucoup de crédit. On pouvait jauger plein de choses d’un coup d’œil. Il ne voulait tout de même pas agacer, par son manège, cet être étrange. Froisser sa sensibilité était le dernier de ses soucis, mais il aurait été agacé de le voir tourner les talons à son approche. Encore quelques pas, et ils pourraient converser, mais les badauds dansants gênaient sa progression. Il fut soudain terriblement tenté de simplement balayer d’un revers du bras ces marionnettes encombrantes…

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Iblîs Nemrodus
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyDim 26 Avr 2009 - 23:46

Là-bas, sur l'estrade, les musiciens jouaient toujours. Et en vérité, ils étaient des maîtres dans leur art. Sous les notes de musique, même les plus grincheux sentaient leurs pieds les démanger. A mesure que la nuit passe, sous l'immense dôme d'étoiles, tous se laissent gagner peu à peu par sa magie, et mystérieusement, elle nous emporte aussi. Même les mots du conte vont entrer dans le jeu, ne serait-ce qu'un peu. Oublions que ce n'est qu'une noce, qu'à peine est là un clan, et quelques habitants ~ temps de rentrer dans le rang, la musique passe devant : quand le son tue le silence, c'est tout un peuple qui chante, c'est tout un peuple qui danse...

Et que les flammes s'élancent,
Et que la danse se lance,
Et que les flûtes se penchent,
Et que les joueurs s'avancent,
Et que Tirza pour eux chante,

Car ce soir, et pour que l'histoire soit complète,
Il faut que tournent et tournent les violons de la fête.


Mais au milieu du tourbillon ou le rire et les cris emportent la folie, deux ici, échappent à la magie : l'homme aux cheveux de cendre tout au milieu des danses, l'homme aux cheveux de nuit près du foyer assis. Ils se regardent, et peut-être que toute la célébration n'était qu'une immense animation, un foyer de théâtre, entre les feux des âtres. Malgré les yeux à demi-fermés de l'un, et le capuchon qui ombre le visage de l'autre, ils se contemplent, et le monde pour eux s'est arrêté de tourner. Ou peut-être tourne-t-il encore? Au milieu des farandoles, des danses toujours plus folles, peut-être en sont-ils le centre ? Car eux ne bougent pas, mais la musique les fuit, jusqu'au bout de la nuit, ces démons de minuit! Elle ne brise pas la ligne, la ligne de feu bleu, unissant leurs deux yeux : d'eux tout est silencieux, et pour un peu un dieu, de ses mots et son voeu, de ses pas malicieux, nous prendrait dans leur jeu. Et dès lors qui le veut, parmi ceux des-

Assez!


Assez. N'écoutez plus la musique. Car son pouvoir est plus grand que vous le pensez. Fermez vos oreilles et chassez les mots de la farandole ... il vous faut cesser maintenant la danse, ou vous quitterez définitivement l'histoire. Or je ne peux le permettre, car vous comprendrez plus tard à quel point ce moment était important. Ce ne sont pas deux danseurs ordinaires : l'un est Haut-Roi des Enfers, l'autre est celui dont nous suivons la trace, et le temps était venu pour leurs chemins de se croiser pour la première fois.

Depuis qu'Iblîs avait remarqué la présence de son vis-à-vis, quelque chose l'intriguait. Il ne ressentait rien venu de cet homme aux cheveux gris, à part son regard intense et rouge. Habituellement, tout être avait quelque chose autour de lui, qui ne pouvait être défini par la vue ou l'ouïe, mais qui était bien là. Pour Iblîs, dont les sens originels étaient différents de mortels, c'était une manière bien plus commode de décrire et d'identifier une personne. Mais de l'inconnu en face de lui, rien n'émanait, juste un silence de tombeau. Il fallait la coïncidence d'un échange de regard pour qu'il en prenne conscience, comme de s'apercevoir qu'au milieu d'une chorale, un chanteur est muet. S'il avait mobilisant l'attention du démon, la réciproque devait être vraie pour le nouveau venu, car voilà qu'il s'approchait, en ligne droite. Un instant bloqué par une rangée de danseurs, qui n'imaginèrent pas une seconde ce qu'ils risquaient, il s'immobilisa. Fort heureusement pour la fête, une envolée d'arpège annonça un changement de danse, et les valseurs s'éparpillèrent comme une volée de moineau, laissant un passage à l'homme aux pupilles de braises.

Ce fut à peu près à cette seconde qu'Iblîs accomplit quelque chose à quoi la curiosité le poussa, mais qu'il regretta par la suite. Fermant une seconde le regard, il tendit son esprit vers l'inconnu, comme un pseudopode mental, étendant une fraction de l'immense ombre froide qui composait son être. Tâtonnante, invisible, l'Ombre étendait ses tentacules pour toucher et goûter ce qui l'intriguait.

Oh ~ il ne voulait qu'effleurer son esprit, tenter de comprendre pourquoi il était ainsi invisible. Mais la surprise fuit de taille. A la seconde où il entra en contact, sous la carapace du contrôle, il sentit pour une fraction de seconde quelque chose d'immense et d'intense. Quelque chose de si aveuglant qu'il s'y brûla littéralement, comme s'il avait touché de la main une étoile. Son frôlement mental se retira vivement, et ce fut alors qu'il réalisa que dans les pupilles de son mystérieux vis-à-vis, ne tournoyaient pas toutes les teintes sanglantes, mais toutes les flammes de l'Enfer. Dès cette seconde il sut, presque instinctivement, à qui il avait affaire. Un Ardent. Il n'en avait plus rencontré depuis bien longtemps, car les grands Effrits étaient moins nombreux chaque siècle qui passait, de plus en plus dormant loin sous la terre, dans des chambres magmatiques à jamais refroidies. Mais même parmi les Ardents, il n'avait plus vue une telle radiance depuis ... beaucoup, beaucoup de siècles.

Comme une salutation, il porta la main à sa capuche et la laissa glisser en arrière. L'étoffe, en se retirant, exposa à la lueur du feu le visage livide, trop lisse, presque un masque où les yeux captivaient toute l'attention. Inverses exacts de ceux de l'Effrit, ils étaient deux lacs d'obsidienne, silencieux, deux fois morts. Au lieu de scintiller, ils engloutissaient tout, les reflets des flammes y disparaissant sans y allumer aucun reflet. Le siège à côté de lui était libre, et il savait que l'autre venait à lui, aussi ne bougea-t-il pas. Ce fut seulement lorsque l'homme-brasier fut à quelques pas de lui qu'il parla de sa voix monocorde, et ses mots se mêlèrent à la musique revenue.

"Si vous avez l'intention de cuire quelque chose, étranger, je vous laisse la place. Je suis plus habitué aux feux qui s'éteignent qu'à ceux qui brûlent haut. Autrement, faites-moi l'honneur de vous joindre à moi."
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Khisath
Khisath
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyMer 8 Juil 2009 - 12:01

Y a pas de soirée parfaite, y a toujours un pépin, toujours un trouble fête, y a toujours un crétin. Ou deux. Ou trois. En l'occurrence, là, il y en avait trois, des hommes du clan, des saoulards dans la force de l'âge, qui se mirent à beugler un peu trop fort non loin de Khisath.

Celui ci ne demandait pourtant rien à personne. Il avait senti les approches du type étrange assis à cette table, avait également très bien perçu la rapidité avec laquelle l'effleurement de son esprit avait cessé. Cela lui avait arraché un sourire. Si il n'était pas féru de ce genre de petits tours de passe-passe, il savait très bien comment se défendre des malpolis qui tentaient, sans permission, d'entrer dans sa tête. Le visage de l'inconnu, lorsqu'il rabattit sa capuche, l'intrigua assez : ce maque d'expression, cette face lisse à la manière d'une statue. Mais ce qui était surtout étonnant, c'était ses yeux. Noirs. Profonds. Des billes de ténèbres : quel étrange démon, d'une puissance égale à la sienne. Enfin, c'était ainsi qu'il le ressentait. L'Effrit n'avait pas l'impression d'en avoir jamais rencontré un semblable à celui là. Pourtant, il avait une bonne mémoire, et n'aurait pu oublier une antithèse à sa propre personne, non? Celui là avait il aussi caché sa véritable apparence derrière une métamorphose, comme lui? En tout cas, l'inconnu avait très bien cerné la nature de Khisath, vu ses quelques paroles. Mais parmi les deux, qui était l'étranger? Celui qui avait l'air à son aise au milieu des hommes, ou celui qui n'était pas là depuis longtemps, mais à qui ont avait déjà légué un trône, et une légitimité?

Khisath allait répondre, demandant à l'inconnu qui il était pour ne pas aimer les flammes et leur destruction, mais revenons à nos moutons crétins. Les trois compères s'étaient mis à brailler à quelques mètres de l'Effrit, tous bras dessus bras dessous, et ils s'amusaient à donner de grandes accolades aux quelques danseurs qu'ils arrivaient à stopper. Rien de bien méchant, mais ils étaient collants. Voyant l'obstacle, les humains s'écartaient tout simplement de leur trajectoire, et les saoulards en éprouvaient quelque frustration. Alors apercevoir une silhouette immobile dans la foule... C'était pour eux l'occasion de se procurer une victime facile, apte à recevoir leur babillage d'ivrognes. L'Ardent était trop habitué au caractère repoussif que représentaient les flammes et la lave de son corps. Normalement, on ne l'approchait pas. Sous peine de brûlures, mort, et d'autres joyeusetés du genre. Sauf que détail : il n'était pas sous sa forme habituelle, là. Non, présentement il ressemblait à n'importe quel humanoïde à sang chaud. Alors qu'il pensait qu'on le contournerait, il fut surprit par l'accolade de franche amitié que lui offrit le premier ivrogne.

"Aaaaah mon ammiiiii. Bienvenue à la fêêêête."

Ca puait la vinasse. Khisath avait beau ne pas consommer de liquide, il connaissait l'odeur du vin. Les deux autres compères l'accostaient déjà.

"T'es du côté du marié, ou de la mariée?
- Tu viens boire un coup?
- Elle est belle, hein?
- Lui il est beau aussi mais il la mérite pas.
- Ouais! Ah ce joli petit minois,
- Et puis sa taille fine!
- Et puis son p'tit c..."

Les trois avinés conversaient comme si de rien était, agglutinés autour de l'Effrit, qui n'avait même plus la possibilité de parler à l'inconnu, avec ces trois là dans son champ de vision. Des insectes nuisibles... Qu'on veut écraser. Il commençait à s'énerver. Non, il était énervé. Trois langues de feu sortirent de son dos, tentacules de lave et de flammes, qui plongèrent dans les corps des abrutis. Elles pénétrèrent dans le bas du ventre, ressortirent par la nuque, ce qui laissait assez de temps à Khisath pour soulever les corps et les envoyer valser au loin. Si il les avait harponnés plus superficiellement, la combustion des langues aurait risqué de les découper en deux avant leur envol ~. Bien évidemment, ce remue-ménage ne passa pas inaperçu, et des cris raisonnèrent presque instantanément dans la foule. Les gens se mirent à courir, s'éloignant des tentacules incandescents qui ondoyaient gracieusement autour de l'Effrit toujours sous forme d'homme. Le dos de sa veste et de sa tunique était en train de se consumer doucement, mais la chaleur que cela dégageait était loin de l'intimider. Khisath ne donnait pas d'ailleurs l'impression de s'inquiéter de quoi que ce soit. Non, il se contentait de revenir à son centre d'intérêt premier : l'inconnu. Il ne fit même pas attention à l'eau que quelqu'un envoyait vers lui, pensant peut être pouvoir éteindre ses flammes. Le liquide s'évapora avant de pouvoir atteindre les langues.

"Ces insectes sont d'un énervant. Je ne comptait faire cuire personne, mais toute patience a ses limites."

Il fit une petite pause, toujours debout, se fichant du brouhaha. Un sourire se dessina sur son visage. La fête commençait vraiment ~.

"Néanmoins, puisque ça commence à dégénérer, je vous invite à me joindre dans ce petit jeu. Je me nomme Khisath Wonsul."

Il avait vouvoyé le personnage, chose qui normalement ne lui venait pas naturellement. A croire que cette fois ci, il comptait avoir un peu plus d'attention que d'habitude avec son interlocuteur.
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyDim 19 Juil 2009 - 21:30

Doutez-vous encore du destin?

Après tout, il s'en était fallu de si peu...

Si seulement un petit nuage était passé devant le soleil. Si seulement les organisateurs avaient hésité sur le temps qu'il ferait. Si seulement ils avaient attendu un peu avant de tout mettre en place. Si seulement la fête avait commencé un petit peu plus tard. Si seulement les fûts de bières avaient été ouverts avec quelques minutes de retard. Si seulement les trois ivrognes avaient un peu moins bu. Si seulement il ne leur était pas venu à l'idée de faire amitié avec un inconnu aux mèches de cendres. Si une seule de ces choses avait pu se produire. Si seulement une des centaines de milliers d'autres possibilités avait pu se produire. Pour éviter que quelque part, à un instant précis, la patience d'un Ardent atteigne ses limites.

Et pourtant, parmi toutes ces improbables combinaisons, entres toutes il avait fallu que celle-ci se produise. Un fois encore, on aurait juré voir, deviner le sourire de quelque divinité défiant l'imagination, menant inéluctablement chaque être là où elle le décidait. Pour sa distraction. Pour qui observait les évènements suffisamment longtemps, n'ayant rien d'autre à faire durant des siècles, l'illusion était fascinante. Se pouvait-il réellement que l'Histoire toute entière ne soit qu'une immense pièce de théâtre ? Y avait-il vraiment une toute petite chance pour que le pire des rêves soit réalité? Que des êtres pires que tous les démons et le dieux réunis fassent danser ce monde au gré de leur volonté? En mettant les choses au pire, ils pouvaient être des enfants. Des jeunes dieux, dans un monde situé ailleurs, créant de leurs mots, leur esprits et leurs étranges machines un monde entier pour eux seuls, en construisant chaque soir un pan nouveau, au gré de leurs moments de loisirs?

Hypothèse terrifiante ... pour un mortel. Chaque fois qu'Iblîs évoquait cette idée folle, à laquelle nul, jamais, ne trouverait de réponse, une inconcevable excitation courir le long de ses veines. Etre ne serait-ce qu'une infime parcelle de ce pouvoir était déjà exaltant. Comme un acteur peut sentir son coeur s'affoler en approchant les dernières répliques et son apothéose, quand bien même la mort du personnage qu'il incarne n'est pas la sienne. Chaque grand moment de ce monde, qu'il soit dicté ou libre, réel ou illusion, avait sa pleine valeur, sa jouissance!

Voilà pourquoi, quand un flamboiement de lumière rouge annonça la mort de trois imprudents, les traits d'Iblîs arboraient un sourire immense, carnassier, exatique. Il ne regardait pas les mortels qui avaient eu le malheur de provoquer l'Ardent, pas plus qu'ils ne savourait leur agonie. Ils étaient déjà oublié, inexistants. Non! Il contemplait les flammes ronflantes, précursant l'enfer qui pulsait sous les veines du déguisement du nouveau venu. Khisath! Khisath! Khisath! Nom qui vibre, nom qui tonne - nom de l'une des nouvelles étoiles qui lacéraient le ciel !! Le menton au creux de sa main, le Noir entrouvrit les lèvres, sans que n'en disparaisse le blasphème de son sourire.

"Voyons, voyons, voyons... ils sont distrayants, en un sens. Cela dit, je ne nie pas qu'ils peuvent aussi l'être en grillades" ajouta Iblîs avec flegme. "Surtout volantes."

La remarque, d'une précision toute clinique, se vérifia lorsque les trois projectiles vivants - plus pour très longtemps - touchèrent terre. L'un s'écrasa sur un groupe de danseurs, le second sur le toit d'une roulotte, et le dernier non loin de l'orchestre. Avant même que le dernier soubresaut aie cessé d'agiter les cadavres, les cris d'alarme se propageaient dans le camp. Avec ce même calme dangereux, Iblîs étendit la main vers le foyer placé devant lui, comme s'il tentait d'effleurer les flammes dansantes.

"Wonsul. Le Successeur. Faut-il que j'aie dormi profondément pour ne pas entendre le vieux N'Shar proclamer un avènement... jamais je n'avais entendu ce nom auparavant. Il faut croire que je vieillis."

Le sourire étirait les lèvres du démon s'élargit encore, laissant place à un rictus sauvage. Comme un reptile qui frissonne, son aura s'éveilla à son tour, menaçante et glacée. Démence, cette façon de passer instantanément de la tranquillité à la volonté de tuer? Non - l'esprit de l'être de ténèbres était encore plus éloigné de la logique que celui d'un Ardent. Laissé à lui-même, il aurait probablement laissé la fête se terminer paisiblement, se contentant de s'isoler en lui-même au milieu des chants et des danses, aussi innoffensif que n'importe quel vagabond. Mais quelque mystérieux mécanisme de l'esprit semblait avoir soudain réveillé le prédateur qui sommeillait chez tous les démons. Plus que les victimes en eux-mêmes, c'était peut-être la démonstration d'un pouvoir égal au sien qui le poussait obscurément à résonner à la même vibration meurtrière, y répondre de la même manière, comme ces grands fauves qui griffent rageusement l'écorce quand ils se croisent, sans pourtant la moindre intention d'entamer un combat.

Lentement, Iblîs se leva, déployant sa silhouette décharnée. Sous l'intensité du regard fixé sur elles, les flammes brillantes virèrent au rouge, s'assombrissant rapidement. Rongées par le maléfice, elles passèrent à l'incarnat, au mauve, au violet, puis au noir presque absolu, tout en continuer de ronfler. Le même phénomène se produisit à un second feu, puis un troisième, et ainsi de suite jusqu'à ce que tous les feux des environs, sauf celles de Khisath les deux ou trois qui avaient été allumés par un Igni, se teignent d'encre. Lentement, le regard de l'homme noir vint se river aux deux billes embrasées dans le visage de l'Ardent.

"Iblîs Nemrodus."

Les présentations étaient faites. Quelque part dans la foule, un oréade se chargea de les ponctuer de manière particulièrement sinistre. Alarmé par la panique grandissante de la foule, il tenta d'éteindre ces inquiétantes flammes sombres à l'aide du contenu d'un pichet d'eau. Erreur mortelle. A travers les ténèbres souterraines, remontant à la surface, c'était une part de la volonté d'Iblîs qui était venue se nicher dans les flammes, les noircissant de la sorte. Obscurément, elles étaient désormais vivantes, sentant et désirant la vie qui pulsait autour d'elle. A la même seconde, tous les feux des environs se gonflèrent comme de monstrueuses méduses, déployant leurs corolles carnivores.

Autour de chaque foyer, tous ceux qui se trouvaient à proximité furent happés par elles, renversés net par le flot. Quelques-uns capables d'invoquer les éléments assez rapidement, purent repousser violemment l'attaque, pour les autres les autres, leur fin était signée. Avides, tâtonnantes, les Ténèbres s'introduisirent de force par toutes les ouvertures qu'elles trouvaient - bouches, pores, yeux, organes génitaux. Les malheureuses victimes ne purent même pas hurler. A peine un ultime regard, empli d'horreur et de souffrance, adressé à un proche ou un inconnu près d'eux, et la mort survenait au bout de quelques secondes. Alors qu'ils s'effondraient mollement, leurs chairs se nécrosaient déjà, corrompus par la sorcellerie. En moins d'une heure, les cadavres seraient complètements noirs, flasques, l'esprit et le corps complètement rongés. Ultime blasphème, ces restes profanés se relèveraient alors lentement, aveugles, spectres ayant complètement perdu forme humaine. Avant l'aube, une nouvelle horde d'Ombrals serait née ...

Et alors que la panique s'installait dans le camp, Iblîs s'étira, comme un dormeur heureux de se réveiller dans une ambiance familière. Les bras croisés derrière sa nuque, il dédia son grand sourire sans âge à Khisath.

"Sans doute devrais-je dire que je suis honoré de rencontrer le Haut-Roi. Mais jouons d'abord, puisque jeu il y a ... Pourquoi ne pas ôter cette peau inconfortable? Je serais bien étonné si l'autre équipe ne faisait pas entrer ses renforts rapidement ..."

La prévision se réalisa moins d'une seconde plus tard. Non contre Khisath, mais bien contre son auteur, qui dut interrompre d'urgence sa gymnastique pour repousser une gerbe d'éclairs vengeurs que venait de lui envoyer un Aera. Un peu plus loin, deux Aqua entreprenaient de geler le sol, tandis qu'un Terra engloutissait l'un des monstres créés par Iblîs sous une vague de boue...

Longue serait la danse, cette nuit, l'entrechat de l'Ombre et la Flamme ...
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Khisath
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyLun 3 Aoû 2009 - 16:13

Son interlocuteur semblait avoir un certain sens de l'humour, et cela fit sourire Khisath. Oui, les grillades volantes... C'était plutôt pas mal comme projectiles. Disons que ça faisait trembler d'effroi les mortels, et là était bien le moindre des buts à atteindre avec ce genre de "sport". Il ne répliqua pas immédiatement aux autres phrases du démon, le laissant parler, se contentant d'observer ses petites manières. L'aura glacée et noire qui s'éveilla aurait pu geler un cœur de lave plus froid que le sien, mais même pour lui, c'était une démonstration qui produisait son petit effet. Sa forme humaine était si froide et si tangible, il sentit qu'une couche de gel était en train de tenter de s'accrocher sur ses parties les plus éloignées (orteils, tout ça). Ca n'était pas à proprement parler une sensation agréable, mais l'Effrit l'appréciait comme une petite épreuve, savourant ce non-contact, expertisant jusqu'au moindre petit centimètre carré de ces zones qui étaient moins irriguées par sa chaudière naturelle.

Bien, bien, Iblis livrait enfin son nom après quelques petits tours de son cru. C'était plutôt joli, ces flammes noires. Même si la couleur que préférait Khisath était plus proche du jaune orangé. Il appréciait tout de même le spectacle comme une distraction pleine de nouveauté, loin d'avoir peur, mais rangeant le démon des Ténèbres dans deux cases au fond de son cerveau : allié précieux, et dangereux concurrent à abattre. Seul l'avenir lui dirait quelle case était la bonne, mais pour le moment la première semblait prendre l'avantage.

En tout cas les manières d'Iblis le mettaient de meilleure humeur. Etais-ce une bonne nouvelle pour les humains autour? Mmmh, non, pas vraiment, car ça le rendait aussi plus joueur. A leur dépend? Le Ténébreux s'étirait, l'air heureux, heureux de ses propres destructions. Leur nature et leur façon de tuer étaient différentes, leurs armes et leurs lumières opposées, mais au fond, leurs mentalités se ressemblaient... Enfin, pour ce qu'il en voyait à l'instant présent.

"Haut Roi... Ca n'est qu'une fonction toute neuve. C'est grisant, certes, mais j'ai vécu, avant ça, sans Trône... Ca n'est pas Ma Définition d'origine. Alors avec Iblis Nemrodus, il convient de douter lequel serait le plus honoré."

Oh les belles paroles. Mais elles n’étaient pas tellement éloignées de la vérité. Car si N'Shar avait apprit des choses à l'Effrit, en lui passant le pouvoir et le titre de Haut Roi, c'était qu'il existait des personnages millénaires mêlées depuis bien longtemps à cette Branche des Enfers. Iblis, ça n'était pas un nom qui lui était inconnu, à vrai dire il aurait même pu retracer les grandes lignes de son passé, même certains détails en se concentrant. Car c'est ainsi que faisait N'Shar : il vous transmettait du Savoir, l'enfouissait bien au fond de votre cerveau (ou ce qui servait de cerveau). C'était comme des milliers d'autres vies qu'on aurait vécu avant, et oubliées. Des souvenirs qu'il fallait aller chercher, en se concentrant, qu'il fallait aller déterrer... Et les faits les plus marquants étaient les plus simples à trouver, c'était ceux qui affleuraient la surface.

L'Autre Equipe, comme en parlait le Ténébreux, sortit rapidement l'Effrit de ses pensées, à coup d'éclairs adressés contre Iblis (c'était donc ça ce qu'on appelait le coup de foudre?). Un Aera. Deux Aqua (mes préférés ~), un Terra... Tiens, pas d'Ignis visibles, quel dommage. L'Ardent adorait rôtir ces pseudos maîtres du feu à la manque... Mais leur absence ne l'empêcherait pas de s'amuser. C'était une espèce de pseudo compétition de destruction qu'il entendait entamer avec Nemrodus. A savoir quel chat tuerait le plus de rat. On sait s'marrer chez les démons aussi! Khisath lâcha le sort qui contrôlait sa température et son aspect, instantanément son corps émit une lumière aveuglante, blanche, entre l'acier en fusion et le phosphore incandescent. Le tissu volé sur le couple mort flamba et les cendres disparurent, projetés en l'air par le brutal courant d'air chaud. Peau, cheveux, muscles et os, tout disparaissait, remplacés par le feu, la lave : un corps à la fois solide et malléable, magma en fusion et flammèches orangées. L'Effrit n'avait pas pris de pincettes pour se transformer, n'avait pas reculé, n'avait pas fait monter sa température par paliers. Le sol dans un petit périmètre autour de ses pieds s'était vitrifié.

Par goût, son intérêt se porta tout de suite sur les deux Aquas, laissant l'Aera et ses fou-foudres à Iblis. Les Elementaires avaient marqué un temps d'arrêt, ceux qui étaient en face de lui s'étaient cachés les yeux de leurs mains, interrompant leurs sorts. L'Ardent leva un pied et l'abattit sur le sol. C'était comme si on venait de faire tomber une étincelle sur deux ruisseaux d'essence : deux chemins de flamme se propagèrent à toute vitesse vers les Aquas, remontant sans problème leur gel intempestif. Car ça n'était pas un sort que de surface : ça n'était pas que du feu, deux langues de terre fondaient, deux tranchées miniature de lave... Les deux aquas s'enflammèrent en hurlant. Cette façon d'abattre était amusante : perforer les corps, les carboniser, c'était rapide. Laisser leurs vêtements, puis leur peau et leur chair griller, c'était plus lent. Et pour deux Flottards, c'était la moindre des choses à faire.

Khisath jeta un coup d'œil (bille de magma dans orbite de magma) à Iblis.

"Vous m'excuserez..."

Sa main se leva vers les deux feux noirs créés par Iblis qui encadraient le Terra, sa mare de boue et ses Ombrals. De noires, les flammes s'éclaircirent, reprenant le chemin inverse de celui que leur avait imposé Nemrodus. Mais ça n'était tout de même plus des feux normaux. Grandissant et bondissant, ils quittèrent leurs foyers. Leur forme était vaguement humanoïde : deux jambes et un tronc, et ils sautillèrent gaiement -mais rapidement- vers le Terra qu'ils engloutirent. Les deux feux l'avaient atteint, chacun d'un côté, et ils se fondèrent en un seul grand brasier. La coque de boue durcit sous la chaleur, emprisonnant définitivement l'Ombral, mais ces petites bêtes là étaient sacrifiables...

Khisath venait de prouver que ses capacités pouvaient tenir tête à celles d'Iblis. Comme c'était mesquin. Comme c'était digne d'un démon! Il se retourna vers le Ténébreux, prêt à rajouter quelquechose, mais deux boules de feu vinrent percuter son dos, se fondant dans les langues de flamme qui en sortaient. Oh? Il n'afficha qu'un air surprit... Et content, en fait.

"Non non, mais quand est ce qu'ils comprendront : on ne combat pas le feu par le feu!"

Khisath se retourna. Oui, là. Trois Ignis! Deux avaient tiré, le troisième, plus lent, préparait son sort. Une boule de lave de la taille de sa tête se mit à voler en sa direction. L'Ardent se mit à rire.

"Merci! ~"

Il avait parlé pour les Ignis, assez fort pour couvrir le tumulte. La boule de lave lui arriva dessus, et il la réceptionna, comme un ballon, entre ses deux mains. La matière chaude ne le brûlait pas, et il la porta à son visage, ouvrant la bouche bien trop grand pour un humain, engloutissant la matière. Mmmiam! Il jeta enfin un coup d'œil à Iblis.

"Je vous les laisse. Les Ignis sont les plus savoureux... Mais ils rembourseront la perte de votre Ombral."

Comme si Nemrodus en avait cure de ces bestioles là…
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Iblîs Nemrodus
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyJeu 3 Sep 2009 - 18:27

[Désolé, pas franchement inspiré ... post un peu bateau, sorry ]


Certains hasards sont parfois ironiques. Par exemple, l'Aera qui venait de s'en prendre à Iblîs devait être, paradoxalement, le seul à s'en tirer de tout le groupe qui l'entourait. Peut-être parce qu'épuisé de son sortilège, il venait de mettre genou en terre, haletant. Les éclairs lancés avec furie avaient-ils eu raison de l'ombre noire? Espérez – mais point trop de certitudes. Ceux qui étaient ici ce soir étaient des habitants d'Elament, certains même de dignes magiciens. Mais il n'y avait parmi eux ni Professeurs, ni Gardiens de la Cité, ni chasseurs de démons professionnels. Et face à deux seigneurs des enfers déchaînés, ils ne pouvaient que tomber.

Lorsque la foudre cessa s'entourer sa cible de gerbes d'étincelles, il y eut un instant de silence. Là-bas, l'homme noir tendait la main vers le groupe. Un mot inarticulé fut prononcé, et la réalité se tordit, comme labourée par la mèche d'un fouet. Comme une pierre tombant à la surface de l'eau, un arc se propagea dans l'atmosphère, brouillant la vue sur son passage. Dans l'air fluide, il semblait inoffensif, mais à peine touchait-il la matière solide, qu'il la décalait de plusieurs centimètres. Aussi précise qu'une lame de rasoir, la vague traversa les torses des magiciens. Les trois Ignis expérimentèrent une sensation rare : baisser la tête pour observer avec stupéfaction qu'une bande de quelques centimètres de votre cage thoracique s'est enfoncée, ressortant dans votre dos à la manière d'un tiroir de commode qu'on entrouvre. Net et précis. La douleur ne remontait même plus jusqu'au cerveau, tous les nerfs coupés net. L'un après l'autre, ils tombèrent comme des pantins que l'âme abandonnait. Ce fut fini rapidement – et beaucoup moins spectaculaire que les deux torches humaines que Khisath venait d'allumer à moins d'un mètre de là. Mais vu qu'ils moururent tous à peu près au même moment, qu'importait? Iblîs, de son côté, ne contemplait pas le spectacle, regardant plutôt son homologue se livrer à son sport favori. Il n'y avait pas de doute, il était bien un des fils des flammes, incarnant à merveille leur caractère destructeur.

« Superbe. »

Ce n'était pas au spectacle de la tuerie que s'adressait le compliment. Quand deux démons s'auto-complimentent sur leur facultés de meurtre, vous serez d'accord avec moi que cela ne mérite que le nom de masturbation intellectuelle .... non - ce qui avait arraché ce mot à Iblîs, c'était l'instant où Khisath avait généré ses élémentaux à partir des créatures d'ombres qu'il avait animées. Là, l'Ardent avait fait fort, très fort. Venir lui faire concurrence sur son propre terrain – la sorcellerie. Apharez et consorts étaient des guerrières dangereuses, de vrais fléaux, mais elles n'avait pas la nature d'utiliser les sortilèges les plus complexes. Tandis que celui-ci venait tranquillement d'intervertir un maléfice lancé par le Ténébreux. Rien qu'en le voulant. C'était la marque d'un sorcier d'une envergure rare. Combien en avaient été capables? Le premier de tous, Seth, l'ancien second d'Iblîs, et plus récemment, Sirius Aberbald, juste avant la Bataille d'Elament.

Mais il y en avait une autre. Une autre personne qui l'avait marqué à jamais. Voyez-vous - des gens qu'il estimait, il y en avait quelques-uns. Qu'il craignait, il y en avait très peu, car il restait un démon, avec tout l'orgueil de ses semblables. Mais elles existaient, ou avaient existé. Croyez-vous le Sombre immortel? Invincible? Sans doute auriez-vous ri en assistant à l'un de ses souvenirs les plus cuisants. Un aveuglante silhouette de lave et de flammes, debout au milieu des cendres, si semblable à Khisath en cet instant... et devant cette fournaise incandescente, Iblîs à terre, les flammes courant le long de son manteau. Cet Ardent-là s'était nommé Chiron. Le Brasier. Un ennemi personnel qui avait bien fallu lui régler son compte plusieurs fois. Au bout de trois cent ans, ils avaient décidé d'en finir Leur affrontement s'était déroulé loin sous terre, à l'abri de tout regard. Il n'est pas besoin de dire qui fut le seul des deux à revenir à la surface, mais jamais, jamais il n'avait frôlé d'aussi près l'annihilation. Et depuis ce jour-là, il s'était juré de traiter tous les Ardents de la même manière : avec extrême circonspection ! Iblîs écarta les bras, et les tentacules ténébreuses jaillirent cette fois de derrière son dos, saisissant à la gorge une magicienne qui tentait de s'approcher de lui.

« Nous sommes ce que nous sommes, Wonsul. Nous n'avons pas besoin d'autre raison pour vivre, après tout. N'est-ce pas, vous? » sourit l'être noir en s'adressant à la malheureuse qu'il était en train d'étrangler.

La seule réponse qu'il obtint fut quelques borborygmes confus. Dégoûté, le démon l'envoya voler dans les bras d'un des êtres incandescents que Khisath avait éveillés. Visiblement ravi, le monstre étreignit sa proie dans ses membres de flammes – agonie douloureuse mais rapide. De son côté, Iblîs croisait les paumes devant son visage, occupé à préparer quelque nouveau maléfice. A mesure que sa volonté recommençait à imprégner l'air, quelque chose d'étrange se produisait. Le visage pâle du sorcier, semblait parcouru de tremblements – comme si quelque chose courait le long de ses veines, faisant littéralement se gondoler ce masque trop lisse. Alors qu'Iblîs fermait les yeux, son manteau s'agita à son tour, l'étoffe bouillonnant comme si sous le tissu, un être innommable désirait obscurément briser sa carapace et à l'image de Khisath, révéler enfin une forme de cauchemar, celle peut-être qu'Iblis avait en ouvrant pour la première fois ce qui lui servait d'yeux, tout au début de son histoire. Mais les façon d'agir des adeptes des Ténèbres étaient différente des Ardents. Ils ne tiraient pas leurs dons de leur corps, mais de leur esprit. Et ils préféraient ne révéler leur apparence réelle qu'en cas d'absolue nécessité. Aussi les tremblements s'estompèrent et la seule chose qui changea furent les disques noirs qui apparurent autour de lui, bourdonnant de pouvoir contrôlé. Ils avaient cela de particulier de n'avoir aucune épaisseur – parfaitement invisibles de profil, infiniment obscurs de face. Il ne s'agissait pas d'objets palpables, mais de nouvelles aberrations créées dans l'espace sous la volonté de fer du démon. Mais leur pouvoir sur la matière étaient bien réels, comme s'empressa de la prouver Iblîs en lâchant ses mortels projectiles dans la masse de leurs adversaires. Comme l'onde étrange lancée un instant plus tôt, ils traversaient les corps et les armes, les fendant en deux comme des scalpels. Ils n'étaient stoppés ou déviés que par des barrages magiques que les plus doués arrivaient à créer assez rapidement.

« J'ai entendu bien des choses sur les Enfers ces derniers temps » remarqua négligemment le Sombre tout en incurvant la trajectoire de son sortilège d'un mouvement de la main. « Vous aurez du travail pour unifier la cage aux fauves, Wonsul. Et les magiciens feront tout pour vous en empêcher. »

Etait-ce une question? Si on le voulait...
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Khisath
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Message~ Tournent et tournent et tournent les violons ~ EmptyDim 20 Déc 2009 - 23:41

[Suite à accord entre Iblis et Khisath, topic considéré comme clos].
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