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| Les plumes s'envolent dans le vent... [privé] | |
| | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Lun 24 Avr 2006 - 18:56 | |
| Les Collines Dëtrucs Le vent hurlait, lame qui pouvait se montrer aussi tranchante que l'acier. Ou la glace. Le ciel était couvert d'un épais tapis de nuages sombres, presque anthracite. Et là, derrière eux, l'orage et le tonerre grondaient, frères d'arme. Etait-ce la nuit ? On ne pouvait pas réellement le savoir. Peut-être la fin du jour, mais aucun changement de luminosité ne permettait de le voir. La pluie ne tombait pas. Les Cieux retenaient leurs larmes.
C'était comme si le temps s'était arrêté.
Puis, elle sortit des bois, blanche, immaculée, semblant l'être en dehord et en dedans. Ses pieds nus foulaient le sol encore humide de la précédente pluie, ne laisant aucunes traces. Même l'herbe ne ployait pas sous son pas, comme si elle lui reconnaissait une importance, un rôle, et ne voulait pas laisse sa piste visible. Ou peut-être tout simplement parce que celle qui marchait sur eux était faite d'eau, autant qu'eux en était recouverte.
La silhouette massive d'un immence bâtiment, immence monument, s'offrit à sa vue. Et toujours le vent battait, tordant le tissu de son vêtement, le détordant pour le retordre après. Mais elle, toujours, avançait, pas après pas. Elle entra dans la tour, ne jettant même pas un coup d'oeil au nombre imosant de marches qu'elle allait devoir monter. Et elle commença son ascencion, faisant de son mieux pour taire les douleur diverses qui s'éveillaient dans ses membres, restes d'un enseignement qu'elle avait désiré. Elle ne s'arrêta pas une fois, voulant toujours aller plus haut, rejoindre le ciel, besoin insatiable. Enfin, elle déboucha sur le haut de cette tour, avança toujours vers son bord.
Ses mains se posèrent sur les créneaux, seuls remparts contre une mort par chute, probablement. Le vent, toujours, vieille ennemi, ancien allié, le vent faisant voleter sa cheveulure d'une longueur étonnante, d'une lactescance tout aussi magnifique. Le tissu clair aussi, qui était une injure à la blancheur de son corps, battait toujours sa peau.
Ses épaules étaient découvertes, mais elle ne semblait pas accorder d'importance au froid qui aparament reignait ici, sous forme d'air, d'humidité et de manque de lumière. Une belle écchymose d'un violet sombre - une injure de plus sur elle - était magnifiquement déployée sur elle, mangeant son homoplate et sa clavicule. Ecorchure, coupure, elle revêtissait toutes formes de petits bobos. Devait elle les ressenser ? dela les ferai guerrir plus vite ? Non, alors autant de pas le faire.
Puis, probablement redémarrage du temps, un éclair zébra la voûte du ciel et la pluie tomba en trombe, arrosant ses cheveux qui s'applatirent sous le poid de l'humidité, trempant sa robe blanche qui colla sa peau.
Elle avait bien fait de se changer, songea-t-elle. Nouveau vêtement, attribut d'humain, découvrant son dos où deux ailes de glace étaient visible, probable raison de sa venue, tissu décoré de fleur de givre qui, même trempé, était à peine transparent.
Et elle leva son visage vers le ciel, le chant des gouttes sur la pierre calmant son énervement invisible, attendant une chose qu'elle n'arrivait pas encore à indentifier...
Dernière édition par le Lun 4 Sep 2006 - 15:11, édité 1 fois |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Mar 25 Avr 2006 - 19:26 | |
| Dans le ciel au-dessus d'Elament, une étoile filante fendait l'air, arrivant depuis l'ouest. Une étoile filante qui ne se consumait pas, mais au contraire, devenait plus brillante en se rapprochant. Si quelqu'un avait pu observer de près ce météore, il y aurait vu un ange aux yeux fermés, dont les ailes de cristal illuminaient l'air autour de lui d'un foyer de lumière blanche.
*Hâte-toi...*
Le vent le portait, l'enveloppait, l'habitait. Il était lui-même le vent tandis qu'il fendait les cieux en direction de la Cité. Depuis la lointaine Otulin il volait, depuis plusieurs jours, car l'appel qui l'attirait chantait haut et fort en lui. Son visage était paisible et ses yeux clos sur leurs secrets, mais l'ange blanc se hâtait, comme Elles le lui avait conseillé. Il n'était pas anxieux, ni craintif, malgré l'émotion qu'il avait ressentie là-bas, en entendant à nouveau leurs chuchotements. Il savait simplement, au plus profond de son coeur, que quelqu'un l'attendait, quelqu'un scrutait le ciel en espérant le voir en descendre. Cela était suffisant. Un appel, une réponse. Le monde était si simple quand on tentait sincèrement d'en comprendre l'essence.
*Vole...*
... lui avaient-elle dit. Et il volait. Sous ses ailes, les forêts autour d'Elament défilèrent, puis les champs cultivés. Derrière lui, il sentait le ciel gronder comme un animal féroce. La lumière terne et l'air lourd indiquaient un orage prochain. Un orage... l'orage grondeerait certainement ailleurs, bientôt. Aux portes d'Elament, le sang jaillirait encore, comme il l'avait fait tant et tant de fois. Serait-il alors devant elles, défendant cette Cité, dernière lueur avant la Nuit? Les seuls chemins que les yeux sans fond du Trône pouvaient voir, étaient ceux qui lui étaient dictés par les étoiles. Et pour l'heure, son destin n'était pas de se préparer à la guerre qui venait. Bien plus important en ce moment était l'appel. C'était pour cela, et uniquement pour cela qu'il allait, porté sur les ailes du vent.
*Nous nous retrouvons... enfant du ciel...* chuchota le vent - le vent? vraiment? - à son oreille.
Ces voix... elles étaient si familières. Depuis quand ne les avait-il pas entendues? Il ne savait plus exactement. Mais il les connaissait, comme elles le connaissaient. Lui ne possédait par ces entités étranges pour l'escorter, mais il faisait partie des rares personnes au monde à avoir un coeur assez sensible pour les écouter. Au reste, les Voix n'étaient pas beaucoup plus nombreuses. Les personnes qui étaient accompagnées par les Voix étaient encore plus rares. En fait, en deux siècles de voyage, il n'en avait rencontré que deux. L'une était perdue bien loin dans ses souvenirs, dans un lieu et un temps maudits. L'autre était tout près, dans l'espace et dans le temps. Tout près... il approchait.
Les longs cheveux blancs de l'ange claquaient au vent. Ils étaient plus longs que lors de leur dernière rencontre, descendant jusqu'au bas de son dos. Et elle? Aurait-elle changé? Son regard serait-il toujours si triste, si terne, si désespéré? Ou bien... comme le sien, auraient-ils retrouvé un peu de paix? Un an déjà depuis qu'il était revenu à Elament. Un an depuis cet après-midi où le hurlement de désespoir et de souffrance qui tournoyait en son coeur avait brisé toutes ses barrières, résonnant au-dessus des Monts Décharnés et attirant l'attention des Voix... un an depuis qu'il avait rencontré Ruby. Et puis, six mois depuis qu'ils avaient exploré ensemble les Grottes de Finduilas pour retrouver son corps. Ruby, la seule personne dont les yeux exprimaient un vide aussi profond que le sien à ce moment. Il se souvenait de ce regard, gravé au fer rouge dans son coeur. Deux escarboucles sans reflets, deux puits de désespoir sans fond. Tout comme les siens, abîmes d'améhyste sans aucune expression.
Mais depuis, il avait changé. Les reflets avaient réapparu dans ses yeux. La paix était revenue dans son coeur troublé par les souvenirs, ses anciennes blessures s'étaient peu à peu fermés, et cicatrisées... oui, lentement, son coeur s'était rouvert à la vie. C'était un retour timide, lent, imparfait, mais il savait désormais que son coeur n'était pas devenu totalement de pierre, que la joie ou l'affection pouvaient encore éclairer ses yeux de lapis-lazuli. Ce voyage à Otulin lui avait fait comprendre une chose, qu'il était né à nouveau. Ce n'était plus à présent qu'une question de temps... Et la seule chose qu'il espérait encore, c'était que Ruby puisse retrouver elle aussi son sourire. Ce lien qu'il partageait avec la jeune Cristalléenne... ainsi qu'avec Sélène, il l'avait oublié durant le temps passé au bout du monde, dans la Cité des Anges. Et puis, une lune plus tôt, ç'avait été cet appel. Les deux liens avaient crié tout à coup, impossibles à ignorer davantage. Celui de Sélène indiquait la souffrance, l'appel à l'aide. Il lui était arrivé malheur? Et l'autre lien, lui, ne criait pas mais émettait des ondes de désespoir qui ressemblaient à celles de jadis. Ruby...
Il avait alors décollé en tempête de la Cité Céleste, et, projectile lumineux crevant la nuit, il avait traversé les cieux pendant sept jours et septs nuits, avant d'arriver en vue d'Elament. Il ne s'était arrêté qu'une fois, pour son plus grand malheur...
Les voix se taisaient, se contentant de chuchoter à son oreille dans les anciennes langues de dieux oubliés, ou de murmurer des bribes de chants étranges et lointains. Mais il n'avait plus besoin de les avoir comme guide. Il savait où il allait, désormais. Sans même ouvrir les paupières, guidé par un instinct sûr, il survola comme un mététore les abords de la Cité.
*Va...* dirent les Voix, et il franchit comme une vent léger les murailles de la Cité, ne laissant sur les boucliers qu'un léger remous blanc.
*Va...* chuchotèrent les Voix, et il louvoya, précis et rapide, entre les hautes tours de l'Ecole de Layna.
*Va...* murmurèrent les Voix, et il passa, comme un oiseau lancé en pleine course, sous la grande arcade qui menait en haut de la Cité.
*Va...* achevèrent les Voix, et, tandis qu'elles se taisaient à nouveau, l'Ange aux ailes de cristal s'enleva dans les airs, montant à la rencontre de la plus haute Tour d'Elament.
Comme toujours, les rafales soufflaient en haut de la Tour des Vents. Montant vertigineusement dans le ciel, Archael ouvrit en grand ses ailes pour se stabiliser dans les courants. Son aura diminua, cessant de l'environner d'un aveuglant manteau de lumière, pour ne rester qu'une seconde peau, nimbant son corps de clarté. Ses cheveux blancs et longs volèrent au vent dans la bise froide, tandis que des plumes luisantes échappées à sa voilure tourbillonnaient dans les airs, l'environnant d'une pluie d'argent. Alors, et seulement alors, Archael ouvrit lentement ses yeux de saphir et laissa son regard se fixer sur la terrasse en haut de la Tour. Et sur la silhouette seule au centre du bâtiment.
Il ne bougea pas, ne parla pas. Immobile et suspendu entre ciel et terre, au milieu de la tempête, enfant céleste aux ailes de lumière, il semblait n'appartenir qu'en partie à ce monde...
Dernière édition par le Mer 6 Sep 2006 - 12:32, édité 2 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Mer 26 Avr 2006 - 11:43 | |
| [j'viens de me rendre compte que 'prostrer', ça veut rien dire xD] Elle avait commencé à chantonner, trouvant dans le son de sa voix maladroite un peu de réconfort, de chaleur. Puis, patiente comme une louve qui chasse, elle s'était tenue au centre de la place de la Tour, fixant de ses yeux de la couleur des braises le ciel noir en perpétuel mouvement.
Les éclairs illuminaient de temps à autre le ciel, flamboyants, blancs et bleus, transperçant de leurs bras brûlants le coton imbibé de la voute Céleste. La pluie battait toujours, frappant encore et encore la Terre, frappant toujours plus fort. Elle tourna la tête sur le côté, offrant à l'ange qui se trouvait derrière elle - sans qu'encore elle ne s'en soit rendue compte - son profil. Ses cheveux étaient derrière ses oreilles pointues, tombant jusqu'à ses mollets (pas ses oreilles xD). Sa peau blâfarde reflétait la lumière de l'orage. Et ses yeux étaient fermés alors qu'elle humait, par pur réflexe, l'air autour d'elle.
*Ecoute! Ton nez ne te sert à rien.* lui criait son coeur.
Elle n'avait pas l'odorat requis lorsqu'elle n'était pas transformée, elle n'était pas un animal. Et, avec l'humidité qu'il y avait autour d'elle, elle ne pouvait rien capter. Mais ses oreilles ne valaient pas mieux.
Elle préféra laisser faire le don qu'elle possédait. L'Eau. L'air en était chargé. L'Eau, grâce à elle (on dit bien unE eau minérale?), elle pouvait entendre et sentir, voir et toucher, gouter aussi. Elle pouvait tout faire. Les gouttes rebondissaient partout.
Et, elle le capta. Corps plein de lumière dans la noirceur du ciel. Il était tout près, silencieux, une ombre dans l'obscurité. Derrière elle.
Ruby ouvrit alors les yeux et se retourna. Ses ailes étaient toujours aussi transparentes, aussi cristalline que la plus pur des glaces. Les faibles rayons qui parvenaient du ciel ne l'éclairait pas. C'était sa propre lumière, probable reflet de la sagesse de son âge, qui le rendait visible.
Au milieu de la tour, la Cristalléenne eu soudain l'impression de léviter. Plus aucunes questions n'emprisonnaient son esprit, plus aucunes contraintes ne l'enchainaient à la Terre. Les vannes de l'Eau qui l'habitait libérèrent leurs flux qui prirent possession de son corps, jusqu'au bout de ses doigts, à la pointe de ses cheveux. Une sensation qui ne dura que quelques centièmes de seconde, car la tristesse et la mélancolie qui modelaient son être étaient plus fortes que tout. Une sensation qui ne laissa comme marque de son passage que des arabesques de glace autour de la jeune femme. Une sensation que seule la glace avait pu exprimer.
Mais qu'elle n'aurait pu identifier. Soulagement? Qui sait...
Alors, Ruby resta là, à le regarder, dans toute sa splendeur, alors qu'elle même se trouvait dans une posture bien étrange. Petite fille, à peine jeune adulte, trempée d'une eau qui se transformait en glace sur elle mais pas grelottante (¤), seule éclairée par l'orage qui battait le ciel.
"Tu es venu..." conclu-t-elle, étonnée par une chose dont elle était sure.
(¤) j'ai jeté un sort à mon perso pour faire suivre un enseignement spécial à un élève. J'ai fais en sorte que son sang se transforme en glace xD Alors, l'eau qui la touche gèle à son contact. Sauf que, pour le passage plus haut, elle avait essayer de restreindre le sort n_n... Pourquoi je l'ai pas mis plus tôt? parce que je viens juste de faire le topic avec la personne concernée! n_n |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Mar 2 Mai 2006 - 8:52 | |
| Elle s'était retournée. Et à nouveau, comme six mois auparavant, les yeux de saphir plongèrent dans ceux de rubis. En quelques secondes, entre l'Ange et la femme-enfant, passèrent plus de choses que des heures de discussion. Tous deux communiquaient par les sentiments à l'état pur, abstrait. Mais curieusement, cela se révélait plus efficace que n'importe quels mots.
Le Trône flotta doucement jusque sur le sol de la tour. Il toucha terre tout près de Ruby. Ses grandes ailes se déployèrent un instant autour d'eux, comme si elles voulaient former une cathédrale de cristal les protégeant de la pluie. Mais Archael les rapella et elles reprirent leur forme normale, tandis que l'Ange offrait son visage à la pluie battante. Pourquoi toujours lutter contre la pluie? Il suffisait de la laisser couler sur soi, à travers soi. Et même un Aera pouvait en venir à apprécier cette sensation.
Un coup de tonnerre avait accompagné les paroles de Ruby. Mais il avait lu sur ses lèvres les mots qu'elle exprimait à mi-voix. Il hocha doucement la tête, avant de s'assoir à côté de la jeune fille, sur l'un des blocs de maçonnerie. Comme à son habitude, il laissa le silence parler pour lui...
Dernière édition par le Mer 6 Sep 2006 - 12:34, édité 1 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Mar 2 Mai 2006 - 11:55 | |
| [Bah, je sais pas trop... 6 mois c'est super long xD]
En perpétuel mouvement et en constante immobilité... Le coeur de Ruby fit un bond. C'était tant de sensations, tant de pensées à l'état le plus simple qui existe, comme ceux que transmet la mère à l'enfant.
L'ange mis ses ailes au dessus d'eux, comme pour les protéger des éléments... Durant un instant, elle aurait voulut toucher ses ailes, transparente, vive aussi. Connaitre le contact d'une matière si belle mais pourtant vivante. Mais il les replia, rangeant dans son dos ces magnifiques artefacts et elle fixa de ses étranges yeux mélancoliques la courbe de la matière cristalline.
Et le silence plana. Un silence qu'elle ne voulait briser mais dont elle prit soin. Puis, une étrange lueur apparut dans le dos de la Cristalléenne. Elle se retourna à demi. Dans son dos, deux ailes de glace étaient apparut, fixée à même l'os par leur nature. Aussi transparente que celle de l'ange, mais habitée de bleu. La fillette femme avait un sourire sur les lèvres... |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Jeu 7 Sep 2006 - 13:44 | |
| L'orage n'en finissait plus de gagner en furie. Les éclairs se multipliaient, accompagnés de craquements de fin du monde. On aurait dit que le ciel était en train de se fracturer sous la poussée de quelque créature monstrueuse, dont les grondements résonnaient aux quatre coins de l'horizon. Le vent habituellement si doux crachait à présent sa colère, cinglant l'air et la peau de coups de fouets glacés. Et la pluie, implacable, tombait en nappes sans fin, comme aux jours anciens que les poètes d'un autre monde avaient nommés Déluge.
Pourtant, malgré le froid et la fureur des éléments, au fond du coeur de l'ange c'est une douce chaleur qui se répand. L'impression d'avoir trouvé ce que l'on cherche depuis longtemps. De sentir une soif longtemps oubliée, enfin être étanchée. Et tout cela, simplement pour avoir croisé à nouveau deux yeux couleur d'escarboucle, d'avoir entendu à nouveau une voix à la fois douce et dure, d'avoir vu deux ailes de givre s'élever dans l'air, si fines et découpées qu'elles en paraissaient irréelles. La glace pouvait-elle respirer la chaleur? Question d'un fou... peut-être. Les anciens écrits ne disaient-il pas qu'entre le fou et le sage, il n'existe qu'une note de chanson?
"Quand le temps du revoir est arrivé, la distance et le temps ne signifient rien." fit doucement l'ange.
Il tourna la tête et reporta son regard sur Ruby. Elle était immobile au milieu de cette tourmente, petite forme presque insignifiante, mais qui brillait d'une lumière que nulle tempête ne pouvait éteindre. Les gouttes qui tombaient sur elle rebondissaient, teintes en blanc, et tombaient à terre dans un tintement. Quelques-unes restaient prises dans sa chevelure, merveilleuses perles de glace qui ne dureraient que le temps d'un sortilège. Mais ce qui la rendait surtout semblale à une vision d'une ancienne légende, c'étaient ces deux ailes bleutées, qui frémissaient doucement comme si elles étaient douées de vie. Elles étaient semblables aux siennes, avec moins de brillance, mais plus de finesse et de légèreté. Deux ailes de fées, deux ailes d'esprit des glaces qui possédaient leur propre lumière. Mais non pas la clarté d'étoile blanche, la lumière de diamant qui était la sienne propre. Non, c'était une clarté d'étoile bleue, les reflets d'un clair de lune sur les glaciers infinis des Continents du Nord.
Après avoir contemplé cette vision, le regard de l'Ange revint se poser sur sa petite compagne. Ce regard, ces yeux, étaient à la fois semblables et dissemblables de jadis. Non dans leur couleur, non dans leur profondeur, non dans leur mystère, mais dans leur lumière. Un an plus tôt, ce n'étaient que deux joyaux sans vie et sans reflets, deux puits de pierre précieuse qui exprimaient le Vide, deux gouffres vertigineux donnant sur une âme perdue.
A présent ils avaient perdu ce dur éclat pétrifié, ce reflet livide des abîmes. Ils étaient maintenant clairs, quoique voilés encore par une mélancolie qui jamais ne s'éteindrait. Mais surtout, ils irradiaient un peu de lumière, beaucoup de paix. Ils se paraient des couleurs sereines qui suivent le crépuscule, quand le monde se laisse peu à peu aller au sommeil. Ce bleu si sombre et si lumineux qui habite le ciel quand le soleil et couché, et qu'aparaissent doucement les premières étoiles.
Avant, ces yeux n'étaient que deux puits de pierre. A présent, c'étaient deux fenêtres ouvertes sur le ciel...
Quand aux yeux de Ruby, qu'étaient-ils à l'heure présente? Ils gardaient leur mystère et restaient clos sur leurs secrets. Ils avaient conservé leurs reflets de sang et leur dureté de pierre, mais pourtant... eux aussi avaient changé. Ils n'étaient plus aussi tristes qu'autrefois, et il y brillait même une sorte de ... joie? Vraiment? Le sourire de Ruby n'éclairait pas entièrement ses yeux. Le sang avait coulé des blessures de l'âme, versant ses larmes carmin, sans cesse, des années durant. Et même une fois cette blessure aujourd'hui fermée, l'immense océan de sang, qui s'était formé dans les prunelles de Ruby au rythme de ces gouttes, était encore là. Mais sur ses lèvres, le sourire était chaud, comme une caresse au coeur.
Alors, en réponse à ce sourire, pour la première fois depuis leur rencontre, Archael sourit en retour, éveillant au fond de ses iris une moisson de soleils...
Dernière édition par le Ven 15 Sep 2006 - 9:06, édité 1 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Dim 10 Sep 2006 - 14:00 | |
| [Ola. J'ai relu le topic, et je me doit de changer des choses ^^ Pour éviter d'éditer tout les détails, je vais faire un message bien lourd de description]
Le Temps avait donc reprit sa place. Ou était-il ce temps où la jeune femme était une proie, une jeune personne aussi fragile que l'acier mordu par le gel ? Elle n'était plus cette brindille de peur et de tristesse mélangée. Devait-on réellement faire le compte rendu de ces derniers moments ? Il en aurait bien sur était ainsi, si dans son esprit ces moment n'avaient pas été flou, comme le brouillard au dessus d'une étendue d'eau. Flin't. C'était un nom ancien, et elle en avait perdu le souvenir. Elle ne se rappelait pas de cet elfe à la peau sombre, au cheveux de lune, comme elle. Elle s'était laissée aller au jeu de la séduction des enfants. Après tout, elle était une enfant , encore. Dix huit années. Voila l'âge qu'elle avait. Elle n'avait pas eu d'adolescence et la vivait donc maintenant. Sauf que la refus de l'elfe l'avait laissée meurtrie. Comment pouvait-elle se sortir de cette situation ?! devait prendre sur elle la honte d'un refus masculin, elle qui était femme et louve !
Son esprit s'était donc détaché de son corps, tenant dans sa main le brin fragile de la mémoire de la jeune femme, tirant sur ce fil au fur et à mesure de son existence, emportant ses hontes. Puis, il s'était rendu compte qu'il ne pouvait plus revenir, plus réintégrer son receptacle de chair. Il avait usé de son contrôle sur sa chair, s'était servir du pouvoir de l'Eau qui coulait dans le sag de la jeune femme pour la déplacer, la mettre en sécurité, éviter qu'un quelconque charognar ne fasse de ce petit corps un petit repas. Et cela lui avait couté beaucoup d'énergie. Comment était-il seulement parvenu à entrer en contact avec son organisme ? C'est une chose complexe à expliquer. Enfin, il s'était mis à la recherche d'une personne possédant un esprit semblable au sien, l'esprit du loup. Mais il n'avait trouvé, poussé par des Voix qu'il ne connaissait pas, un ange.
La suite, vous la connaissez.
Et elle était là, Ruby, revenant d'un enseignement des plus dur et des plus rapide. Sentait-on l'énergie nouvelle qui coulait en elle ? Sentait-on qu'elle avait cautérisé son âme ? Mais, même guerrie, la blessure garde toujours une cicatrice. Dieux ! Si elle avait pu user de son pouvoir de l'eau sur son âme, elle ne l'aurait probablement pas utilisé ! Cela faisait parti d'elle maintenant. Mais elle pouvait toujours guerrir ses plaies du corps. Son enseignement n'avait pas été délicat. Elle portait maintenant des cicatrices. Ses joues pâles, barrées d'écorchures avaient été nettoyées par la pluie, mais les rainures rouges étaient toujours visible. Sa robe, déchirée dans la longueur de ses mollets à sa hanche, avait été rapidement recousue par un fil de glace rigide. Et le tissu, poussé par la volonté de sa porteuse, refusait l'humidité environnante, laissant les gouttes ruisseler sur lui.
"Peut-être, mais l'impatience est toujours là." Et elle sourit de plus belle, son regard fixé sur un soleil qu'elle ne se savait pas concidérer comme tel.
Puis, elle se demanda que faire. Pourquoi était-elle venue ? Simplement poussée par un Appel ? Et là, elle avait envie de sauter dans les bras d'une personne appréciée. Mais, si sa peau touchait la sienne, s'effriterait-elle comme les doigts des hommes font s'effriter le givre ou le brise lorsqu'il se trouve sur le dessus d'un saut d'eau ?
...
Elle n'arrivait pas à savoir, indécise, trop indécise, tiraillée entre l'envie et la peur. Et elle ferma les yeux, se retrouna entièrement, ignorant ses ailes qu'elle avait déjà essayé de cacher plus tôt, commença à courir vers l'ange dans une réaction puérile dont elle ne s'était jamais laissée aller auparavent. |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Ven 15 Sep 2006 - 9:11 | |
| Pour la première fois, le Trône détourna son attention des yeux de sa compagne. Son regard passa lentement sur les bras et le visage de Ruby, et l'ange tressaillit. Sur les joues de perle de la jeune fille, ces traces rouges auxquelles il n'avait pas prêté attention... là, sur son épaule découverte, cette large tache bleuâtre, et là, sur l'autre bras, ces traces qu'on aurait cru faites de griffures de ronces... ces habits déchirés, comme la chair qu'ils couvrent: que t'était-il arrivé, petite fée de givre, pour que ton enveloppe charnelle soit dans cet état? As-tu oublié que tu n'es plus seulement esprit, que tu appartiens à nouveau au monde de la matière? A ce monde de fleurs et de sources, mais aussi d'épines tranchantes et de durs rochers?
Non... tu le sais, n'est-ce pas. Tes yeux sont plus fermes qu'autrefois. Les blessures ne sont que superficielles, mais ton âme a guéri, depuis l'époque de la rencontre. Même si les cicatrices du coeur ne disparaîtront sans doute jamais, il y a une grande force en toi, Ruby. Une force qui avait toujours été présente à l'état latent, mais qui s'est réveillée depuis la dernière fois. Toujours, même si tu saignais, tu t'es tenue droite, n'est-ce pas? Droite et dure telle une lame. Une lame... oui, telle es-tu... une lame faite de glace dure comme l'acier trempé, mais sur laquelle le reflet de la lune laisse un éclat doux et chatoyant.
L'ami des cieux ne demandera pas d'où viennent ses cicatrices. Entre ces deux êtres, le silence est plus fréquent que les questions. Il sait que si sa compagne a ces traces sur elles, c'est que c'était le prix à payer pour obtenir ce qu'elle désirait. Une vie à sauver? Un trésor à atteindre? Un ennemi à abattre? Ou, plus probablement, atteindre ce pouvoir nouveau qu'on sentait en elle? Toute chose que l'on obtient en ce monde demande un prix équivalent...
Même s'il l'avait voulu, Archael ne pouvait détacher son regard de Ruby. Le Lien, lorsqu'ils étaient proches l'un de l'autre, agissait tel un aimant puissant. De dos, cheveux flottants au vent, sur fond d'éclairs et d'orage, elle paraissait femme et guerrière. Mais quand son visage se tournait vers l'ange, quand son sourire fragile illuminait son visage, elle semblait enfant et innocente. Et dans ses yeux, c'était un subtile mélange de ces deux impressions. Elle était comme l'eau qui peut être douce comme une caresse ou aussi dure que l'acier, ou comme une goutte de rosée qui reflète à la fois le rouge du sang et le vert du renouveau.
"Lors du temps du revoir, l'impatience est le prix du bonheur... tu as raison."
Parfois il lui semblait qu'ils étaient si proches qu'il pouvait sentir le contact de la roche sous la main de la jeune fille au creux de sa propre paume. Aussi ne fut-il pas surpris de la voir se retourner et s'élancer vers lui. Ce n'était que le reflet de son propre désir de l'effleurer, de savoir avec certitude si tout cela n'était pas qu'un rêve évanescent. Les mots et les regards qu'ils échangeaient étaient beaucoup. Mais s'ils suffisaient à l'époque où leurs coeurs à tous les deux étaient à peine capable d'émotions, pour comprendre pleinement leur proximité, il fallait quelque chose de plus. Avant de comprendre totalement ce qu'il était en train ed faire, Archael s'était levé.
Chacun fit la moitié du chemin. Et quand ils s'étreignirent, il comprit enfin qu'il avait trouvé ce qu'il cherchait depuis si longtemps. Pour lui, l'Ange errant, il n'avait jamais eu d'endroit où il appartenait vraiment. Son seul foyer, c'était le ciel, l'immense étendue de l'azur et les vastes cathédrales des nuages. Même Otulin n'était pas pour lui une maison. C'était un pays cher à son coeur, mais il s'y sentait aussi seul qu'à des lieues au dessus de la terre. Non, une maison c'est un endroit où habitent ceux qui nous sont chers. Et cette maison, pour lui, s'apellait Elament.
Il n'aurait pas su exprimer ceci avec des mots. Mais c'était le message que ses bras annonçaient mieux que des paroles. Un message... il en existait un autre, beaucoup moins plaisant. Les traits de l'Ange se crispèrent un instant. Non. Pas maintenant. Encore quelques minutes avant que le temps ne les rattrappe... encore quelques instants, quelques fragments d'éternité. Doucement, il détacha ses bras de Ruby.
"Te souviens-tu de ce que je t'avais dit aux Monts Décharnés? Même si cent ans devaient s'écouler avant de nous revoir, je ne t'aurai pas oubliée." |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Sam 16 Sep 2006 - 13:36 | |
| Des bras autour d'elle. Fort, l'étreinte d'une mère voulant protéger son enfant, et douce, douce comme la brise du printemps, celle qui rafraichit l'air et le débarasse des restes de l'hiver. Purificateur. Volatile, éphémère mais, paradoxalement, éternel dans un temps en suspesion, arrêté par l'immence horloge du ciel. Un cercle de chair, aussi ancien que les montagnes, entourant à lui seul tout l'énergie de l'Eau concentrée. Un cercle puissant, chaud. Chaud. Entre ses bras, elle sentit son coeur tomber. Etait-ce ça, la sensation qu'elle attendait, l'impression d'être une feuille séchée par l'été tourmentée par la bise hivernale ? Elle ne s'émiétait pas pourtant. Etait-ce si étonnant ? Etait-elle si fragile que la pression de bras autour d'elle suffisait pour la briser ? N'avait-elle pas vécu, quand même, des choses qui avait fait de son âme une toupie, une boussole, une lame. Une lame forte, illuminée par le Devoir et la Dévotion, martelée par la Résolution et la Volonté, trempée dans le bain de la Bestialité purement humaine. Mais elle s'était transformée. Elle n'était plus réellement faite de glace maintenant. Certe, elle serait toujours faite pour moitié de givre liquide, qui accompagnait son sang dans son corps, mais les esquilles de glace qui s'étaient fichées dans son coeur avait fondue, libérant de plus en plus une vague envie de vengeance qui avait toujours dormi en elle.
Mais la Vengeance n'était pas un sentiment animal. Elle qui avait toujours fait de son mieux pour ne suivre que son animal totem, ayant été la paria de ce clan, elle s'était découverte être ainsi on la nommait.
Elle avait maintenant une meute. Archael. Sélène. Mercure. Avait-elle besoin de plus ? Elle savait chasser, ayant brisé la résolution de ne pas manger de viande. Elle ne se nourrissait que de ce qu'elle chassait elle-même. Elle savait se battre comme le font les animaux : avec la résolution de vivre. Les animaux n'ont pas peur de mourir. Mais il lui restait une dernière chose à faire avant de s'enfermer dans son animalité.
Il s'éloigna, fournaise pour la Cristalléenne. Son regard accrocha le sien et elle y vit plus que le ciel. Elle vit la couleur du Destin et put presque entendre les craquements des rouages du Temps.
"Je n'oublie pas. Je ne me rappelle pas réellement ce qui s'est passé à ce moment. Ma mémoire s'est enfuie comme le sable entre mes doigts. Et, malgré les efforts que j'ai fais, je n'ai pu en rassembler qu'un petit tas. Et cela me suffit. Je n'ai pas envie de me plonger dans des souvenirs dont les concéquenses sont si importante."
Elle se recula d'un pas, sentant encore sur sa peau la chaleur de leur étreinte. Etait-ce comme la boue ? Suffisait-il de se laver pour enlever cette sensation ? c'était gênant. Jamais personne n'avait posé la main de cette manière sur elle et c'était étrange. Son corps était un Sanctuaire. Du vent dans sa fourrure, agitant son pelage soyeusement. La nuit était là, la pluie aussi et le vent. Fallait-il de plus pour une aqua et un aera partiellement tourmenté ? Toujours, l'hiver trouve son paex pendant la nuit. La glace dans son sang était toujours là. Et pour l'ange, était-ce pareil ? Mais l'urgence était là, et Ruby soupira, fermant les yeux, le visage triste, prête à blesser avec sa blessure.
"Sais-tu que Sélène est prisonnière ? La Démone la garde en son pouvoir. Je ne la sens pas, je ne sens que la détresse de Mercure" |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Lun 18 Sep 2006 - 8:34 | |
| Non, Ruby n'avait pas oublié. Il le sut presque avant que les mots ne franchissent les lèvres de la jeune femme. Y aurait-il eu cette chaleur dans son étreinte, si elle n'avait pas le souvenir de ce passé à la fois si lointain et si proche? Même après qu'ils se soient lâchés, il sentait encore la douceur de sa peau sur la sienne. Cette peau bien plus froide que celle d'une personne normale, mais qui avait une douceur incomparable. D'ailleurs, y avait-il quelque chose de plus lisse et de plus doux au toucher, malgré sa dureté, qu'une plaque de glace en hiver? C'était cette alchimie subtile de douceur et de dureté qui caractérisait Ruby. Eau chantante et glace pétrifiée, professeur et petit enfant, femme et... et quoi?
Un instant, lui revint certains mots qu'elle avait prononcés dans les Grotte, il y avait déjà si longtemps. Certaines mimiques qui aminaient son visage, certains reflets auvages de ses yeux, certains gestes brusques, presque féroces. Et ce bijou sur son front... Archael n'était pas initié au secrets des mystérieux Cristalléens. Il ne pouvait pas savoir la signification totémique du joyau étrange. Mais la magie qui l'animait était si puissante qu'il pouvait sentir l'impression qui le caractérisait, cette "athmosphère" mystérieuse et presque magnétique pour son propriétaire, et qui par le lien, éveillait également un écho dans le coeur de l'Ange. Bijou blanc d'argent, blanc de pleine Lune qui verse ses rayons d'argent sur la grandeur de la nature endormie sous le blanc manteau de l'hiver. Chant sauvage et mélancolique, qui monte vers cette lune, après la poursuite sur la neige, quand la proie pantelante est arrivée au bout de l'épuisement, au bout de la course, au bout de la vie. Sauvagerie, férocité qui n'hésite pas à prendre la vie pour prolonger la sienne. Existence indomptable qui regarde la mort en face et la force à faire demi-tour tant que son Heure n'a pas sonné au sablier de l'éternité. Solidarité totale avec ceux du même rang, acception du Devoir et du Sacrifice pour la survie du groupe. Douceur maternelle et dévouement absolu pour les plus faibles, les rejetons, l'espoir de la Meute...
De la meute? Pourquoi ce mot venait-il se glisser dans la ronde des pensées? Etait-ce le Lien qui se manifestait à nouveau, distillant dans son esprit des vérités qui savent se passer de la voix piur être dites? Louve... femme et louve. A présent il savait...
Pourtant, déjà l'instant éphémère touchait à sa fin. Le sursaut d'éternité qu'il avait demandé au destin, touchait à son terme. La douceur du passé, l'espérance de l'avenir se brisaient pour un temps. Le poids du présent les rattrappait, avec toutes ses incertitudes, ses responsabilités, ses blessures... "Sélène est prisonnière". Ainsi, son pressentiment ne l'avait pas trompé. Lui aussi, depuis l'autre bout du monde, avait ressenti la détresse et la solitude de Mercure, et l'appel à l'aide inconsicent de sa jeune maîtresse. Il avait bien fait de revenir.
Mais quand le nom maudit de la Maîtresse des Enfers fut prononcée, l'Ange recula, comme s'il avait été giflé. Quand il était troublé ou en colère, des paillettes d'or aparaissaient dans son regard. Seulement, à cette seconde, ces brisures d'ambre pâle ne faisaient pas que luire. Elles dansaient follement au fond des yeux d'azur, dans une sarabande déchaînée, qui allumait sur ses pupilles des reflets de couchant.
La Démone... la Reine Noire du jeu d'échecs nommé "destin d'Elament". Apharez Sycan. Il ne l'avait rencontrée qu'une fois, mais son corps en gardait les cicatrices. Et son âme damnée, Iblîs de l'Ombre. Deux fois dans sa vie il avait croisé son chemin. C'était son âme qui en avait gardé les cicatrices. La première fois remontait à bien longtemps. C'était l'un des rares souvenirs auquel Archael ne parvenait toujours pas à faire face, qu'il fuyait encore et ne voulait pas se rapeller. Et la seconde fois datait de deux journées à peine.
Dans son coeur, les images de la scène étaient encore gravées. Elles repassaient devant ses yeux pendant qu'il regardait Ruby, en surimpression devant son regard, comme si les évènements étaient en train de se produire. C'était quelque chose de si puissant qu'il sentit que le Lien qu'ils partageaient résonnait, permettant à la Cristalléenne de voir la même chose que lui.
Ses ailes qui se repliaient dans son dos pendant qu'il touchait terre. Trois jeunes elfes du village tout proche, un garçon et deux filles dont l'une portait un bébé entre les bras, enchaînés au sol. Et la haute silhouette debout à côté d'elle, cet être au visage livide et au regard de maléfice pur. Le sentiment de répulsion qui l'avait traversé en croisant ces yeux qui ne recelaient à la fois l'intelligence et la démence. Le geste qu'il avait eu pour secourir les prisonniers. Le mouvement d'avertissement du démon, près de la gorge de l'une des elfes terrorisées. Ses exigences pour leur laisser la vie sauve. Le Serment Majeur qu'il avait dû prêter à contrecoeur, les mâchoires serrés, la colère au fond du regard. L'être noir qui s'avançait vers lui, un sourire de victoire au lèvres, après avoir libéré ses captifs. Et puis... cette dernière image. Les lèvres du démon tout près de son oreille, chuchotant des mots inaudibles, tandis que les yeux de l'ange s'écarquillaient.
Le Trône baissa la tête. Ses cheveux retombèrent devant ses yeux, masquant son regard.
"Oui, je le sais..." fit-il d'une voix sourde. "J'ai rencontré les servants de la Démone sur mon chemin, il y a deux jours. Je leur ai donné ma parole de transmettre deux de leurs messages. Et l'un... s'adresse à toi."
Les trois derniers mots avaient été un supplice. Mais pour les anges, il y avait des serments sacrés, qu'on ne pouvait transgresser même au prix de sa propre vie. Et cet être abject et manipulateur le savait. Il l'avait pris au piège, totalement, implacablement... juste comme autrefois. |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Lun 18 Sep 2006 - 12:31 | |
| L'or pur. Faite pour moitié d'argent et de glace, elle ne connaissait pas l'or, ne savait pas son goût, imaginait à peine sa couleur. L'ambre des arbres, le sang de sève n'est pas aisni. Il brille, chaud, onctueux. Essence de l'été. Dans son regard, il y avait ce parfum de chaleur qu'elle ne connaissait que chez les Ignis. Elle ne connaissait que Naciniah le possédant. Lorsque Ruby posait son regard dans le sien, elle pouvait presque sentir la chaleur de la magie de cette femme qu'elle avait longtemps concidérer comme son amie. Où était-elle, elle aussi ? Plus tard, ça, elle le saurait plus car, alors qu'elle relevait le visage - ayant baissé son regard comme pour fuir l'impensable - elle fut frappée par une une sensation de déjà vécu.
Accroupie dans l'herbe, environnée de racine, son regard était plongé dans celui d'une créature sauvage. Cela était déjà en soit un blasphème, un cracha sur l'impéccable cape de la nature. Du sang scuintait de sa plaie encore vive au bras, et lui, dans son corps, du poison agissait. Mercure transferait dans son esprit des images floues, reste de son escapade et de sa séparation avec Sélène. Il n'y avait là aucunes choses discernable pour un être normal, mais pas pour une personne étant à moitié louve. Se souvenir d'un visage pour son importance, et d'un sentiment attaché, c'était plus que d'une action entière pour elle. Et là, Ruby percevait le mal pur, au travers des yeux de l'ange. Il ne voyait pas comme elle, étant immortel. Il n'accordait pas autant d'importance à ces pauvres couleurs d'humanité. Comment pouvait-on autant se concentrer sur une courbe ou une ombre, sur l'éclat d'yeux ? Il avait une étrange manière de juger la puissance ! Mais il était lui et, ce qu'il faisait, elle le prenait pour sien.
Malheureusement, il y avait une telle sensation de désespoir rattaché à cela qu'elle ne put s'empêcher d'user de ce lien, recueillant l'âme ou l'esprit de l'ange - elle ne le savait pas trop - dans le creux de ses mains en paume, pour les garder près d'elle, comme un secret, et leur infuser du réconfort.
*Sois louve, fille. Ne t'attache pas à cela. Sa peine n'est pas la tienne. Le loup ne ressente pas de peine. Ne t'interesse qu'à la survie de la meute.* soufflait une voix dans l'esprit de la Cristalléenne.
Elle soupira. Désirait-elle réellement connaître ce message, qu'importe l'importance qu'il possédait ? Pourquoi evait-elle s'interroger après tout ! Profite du savoir présent, accepte-le ou refoule-le, seule la chasse et la meute compte. Pour le moment, libère la meute. Sa main se leva, écartant les mèches de cheveux qui étaient tombé sur le visage de l'ange. Elle s'étonna elle-même de ce geste qu'elle n'avait jamais fait pour personne.
"Et quel est-il ?" Sa conviction était de nouveau présente, aussi stable qu'un glacier et mordant que la glace. Ruby fut tendue de nouveau, sans réellement savoir pourquoi, pressentant une catastrophe à venir, sentant presque à l'extrémité de ses ongles les frémisse de l'inéluctable =). |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Mer 20 Sep 2006 - 13:55 | |
| Pourquoi ces mots mots n'étaient-ils finalement pas si difficile à prononcer? Pourquoi, après avoir tant redouté le moment où il devrait les rapporter à Ruby, se sentait-il finalement libéré? Peutêtre était-ce un effet du Serment qu'il avait prononcé. Un Serment Majeur, chez les Trônes, n'était pas une simple promesse. C'était un sceau mental qui tôt ou tard, obligeait celui qu'il liait à accomplir la promesse. On ne pouvait physiquement pas y résister.
Etait-ce plutôt, et surtout, le doux geste de la jeune fille? Son ton si calme, malgré la tension - non, la peur, presque - qui l'habitait? C'était même plus que cela. Il aurait juré avoir senti deux mains immatérielles se nouer autour de son cou et une tête aussi légère qu'une étoile se poser sur son épaule, comme pour le réconforter. Le réconforter, lui... quelle ironie! Lui qui était l'outil qui devait servir à la blesser de la manière la plus cruelle et la plus lâche qui soit... même sans connaître le passé de Ruby, il savait parfaitement que les mots avaient été choisis pour frapper au point le plus douloureux.
En fait, il s'était imaginé que quand le moment serait venu de prononcer les syllabes qui meurtriraient le coeur de la jeune fille, il se révèlerait incapable d'ouvrir les lèvres. Mais jamais l'avenir n'est exactement tel qu'on se l'est figuré.
Un instant, le souvenir du passé traversa l'esprit d'Archael. Jadis, s'il avait dû transmettre un message de ce genre, les mots seraient venus, froids, avec précision et exactitude. Il n'aurait qu'à moitié pris conscience d'à quel point il aurait blessé son amie. A vrai dire, il se serait plutôt étonné, incapable de comprendre sa réaction, au milieu de l'espèce d'anésthésie mentale qui l'environnait. Mais même si on ne lui échappait jamais totalement, le passé était le passé. Les choses avaient changé. A présent, les mots cruels dont il était le messager lui causaient une douleur intense. Portant, ils ne restaient plus bloqués, emprisonnés à l'intérieur de l'âme. Il ne gardait plus ses blessures enfermées, pour qu'elles se transforment en oiseaux en cage, qui volent désespérément dans toutes les directions en se heurtant douloureusement aux parois.
L'Ange releva la tête. Assis au bord du vide, il se mit à jouer avec un caillou pris sur le sol, le faisant léviter au creux de sa paume, puis passer d'une main à l'autre. Quand il parla, ce fut d'un ton raffermi, calme, devenant presque impersonnel. Comme s'il haïssait l'idée que ces paroles soient dites avec ses lèvres, avec sa voix.
"...quand à la statue de glace qui vous sert de prof de l'eau" récita-t-il, "dis-lui que si elle n'a toujours pas trouvé d'amant aux caresses assez brûlantes pour la faire fondre, nous voulons bien nous charger de lui en amener un. Bientôt."
Voilà. C'était dit. Dans un sens, c'était un soulagement. A l'instant où les sons avaient franchi ses lèvres, quelque chose en lui s'était déchiré. Et pourtant... Depuis que la main de Ruby l'avait frôlé, depuis que son esprit avait effleuré le sien, le calme était descendu en lui. Son coeur saignait, mais restait serein. Les yeux bleus de l'ange étaient tristes, désolés, mais tranquilles. L'or de la peur et de la colère n'y dansait plus, remplacé par le saphir sombre de l'acceptation.
Il ne se tourna pas pour faire peser sur Ruby le poids de son regard. Si elle en avait besoin, il le sentirait immédiatement. Doucement, l'ange se contentait de fixer la pierre qui allait et venait entre ses paumes. Droite... Gauche... Droite... Gauche... Droite... Tranquillement. Attentivement. Comme si en cet instant, il n'y avait rien pour lui de plus important au monde.
Pendant un instant, le vent de la nuit s'était tu, et seul le chant doux de la pluie venait briser ce silence surnaturel. Les secondes semblait avoir suspendu leur course, instant éphémère volé au flot infini du temps. Là-haut, un éclair plus éblouissant que les autres vint incendier le monde de sa lumière livide. Mais étrangement, le tonnerre ne gronda pas immédiatement, comme si le monde retenait son souffle... |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Ven 22 Sep 2006 - 19:25 | |
| Elle sentit comme un poids. Un poids se libérer des épaules de l'ange pour venir se poser sur les siennes. Durant quelques secondes, elle supporta ce poids, clouée sur place, l'esprit agité. Elle se souvenait que lorsque, la mèche de neige de Sélène dans la main, elle apprenait que sa soeur était emprisonnée, elle se rappelait des paroles dures de la Succube. Elle s'en rappelait comme on se rappelle d'une chose importante : pour sa portée, son origine et sa puissance. Elle savait que ces mots, si on les lui avait dit plus tôt, l'aurait blessée plus vivement qu'une épée. L'aurait brulée dans l'âme autant que le feu d'un Igni. La Cristalléenne avait souvent serré les dents et retenue des larmes sur cela, le fait qu'elle n'ait jamais connu... jamais connu ce que beaucoup connaissaient. Mais, maintenant, cela avait-il une réellement importance ? Elle était faite de glace ! La glace est dure et brûlante. La glace était faite de silence, d'inneluctabilité. Presque de mort. Si jamais des caresses, comme il disait, la faisait fondre, elle deviendrait eau, mystérieuse, indomptable, incontrolable. Etait-ce plus souhaitable ? Avaient-ils songé cela, cloportes dans leurs cavernes ? C'était bien mal la connaître !
Et elle fut frappée, alors qu'un éclair illuminait le ciel et la terre, fut frappée par quelque chose : cela ne lui faisait rien. C'était un soufflet de plus qui avait manqué sa cible. Un soufflet incapable d'éteindre la flammèche d'une bougie. Qu'espèraient-ils réellement ? Qu'elle gèlerait de nouveau, perdrait ses moyens pour la bataille à venir ? Oui, c'était ce qu'ils voulaient. Elle ricana, une étincelle de cruauté qu'elle ne se savait pas avoir dans le regard et jeta :
"Est-ce tout ? Tout ce que le Grand Iblîs peut faire !? Me dire être un bloc de glace ? S'il savait à quel point il a raison !"
Et le tonnerre retentit, accompagné d'une nouvelle averse de quelques secondes et qu'un éclair. C'était mentir que d'avouer que cela ne lui faisait rien. Il y avait bien comme une fausse note dans les battements de son coeur, faux écho étouffé pour elle ne savait quoi. Si. Elle savait. Par sa résolution.
Elle s'avança vers Archael, monta sur le rebord de la tour et s'y accroupit, comme une rainette sur son nénuphar. Elle regarda le vide puis se redressa et se leva, le regard toujours fixé dans le néant sous ses pieds, provoquant l'orage lui-même de la toucher et de la vaincre. Mais, lorsqu'elle reparla, elle chuchotait presque.
"Sais-tu, ami, ce que tu viens de faire par ces paroles ?" Elle tourna le visage vers lui, un air de neutralité total sur le visage, comme si elle ne savait pas réellement quel air prendre pour les circonstances. "Non, bien sur, tu ne sais pas." Ses yeux refixèrent le néant. "Tu viens propablement de m'ouvrir les yeux."
Elle se tut et le silence était toujours là. Droite, debout sur les crénaux d'une tour reliant le ciel à la terre, trônant à son sommet comme une couronne qui appelait à elle la force de l'orage, elle serra ses mains l'une dans l'autre et les posèrent sur son ventre. Elle-même, savait-elle ce que ces paroles avaient fait ? Elle avait plus que la vengeance à exécuter maintenant, avant de devenir louve - ou de devenir humaine -, elle devait en plus à laver son honneur. Et elle n'avait rien de mieux à faire pour cela que de provoquer son ennemi.
Par la magie qui animait ses veines, l'eau de la pluie qui maintenant la toucherait ne roulerait plus sur elle, elle tâcherait sa robe, la collant réellement sur sa peau, accordant à la blancheur sa peau la transparence du tissu. Provoquer l'ennemi... Choquant peut-être par la même de ses amis. Soit ! Elle afficherait sa pureté à tous et cela prouverait bien qu'elle n'avait pas besoin de la chaleur d'une peau. Elle montrerait qu'elle était forte. Etait-il necéssaire de tacher ses mains de sang pour cela ? Elle ne le savait pas et, dans le doute, elle ferait les deux.
Elle laissa aller ses mains contre ses flancs et s'assit.
"Tous, ils ne sont que des fous. Une guerre... Je n'ai jamais connu la guerre, mais j'ai le sang de guerriers qui coule dans les veines. Cela fait-il de moi une guerrière ? Je pense que oui, le sang est important, le sang est la mémoire. Le sang est tout ce que je possède, même s'il n'appartient qu'à moi." Elle tendit son poignet, un doigt s'approcha de sa peau, ongle de verre sur une surface de neige. Et le sang perla, coula, éclair vermeil sur un ciel de lait. "Et c'est parce qu'il m'appartient que je le partage avec toi. J'ai dis ami, mais tu es mon frère. Tu m'as sauvé la vie et l'esprit. Et tu viens en plus de faire naître en moi une chose que je ne connaissais pas : le respect de moi-même. Pourrais-je seulement assez te remercier un jour ?"
Elle joignit ses mains en coupe, forca ses muscles et laissa le sang couler, lentement. Puis, elle porta ses lèvres à ce liquide et les y trempa, les tachant vivement. Elle but le reste, absorba ce qui était d'elle pour rester entière. Enfin, elle s'approcha d'Archael, prête à faire un serment en scellant de ses lèvres tachées de sang un pacte : elle lui rembourserai sa dette, même s'il ne la comptait pour rien. Et s'il ne le voulait réellement pas, elle jurait ainsi d'être sa soeur car, maintenant, c'était presque à voix haute - la voix du sang - qu'elle hurlait qu'il était de sa meute...
[piouft ! J'ai dû mettre 45 minutes pour écrire ce message xD] |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Lun 25 Sep 2006 - 17:39 | |
| Droite. Gauche. Droite. Gauche. Le caillou continuait sa course dérisoire, se reflétant dans les yeux de l'ange au rythme endiablé des éclairs. Point blanc oscillant avec régularité, au milieu du noir, graine des siècles, balancier éphémère du temps qui s'enfuit. Il n'interrompit pas son mouvement quand la voix de Ruby fendit enfin le silence avec la dureté de l'acier.
"Est-ce tout?" Les paupières de du Trône s'étaient fermées, closes sur leurs doutes et sur leurs secrets. Etait-ce tout? Non, au contraire. Quand une lame chauffée au rouge est brusquement plongée dans l'eau froide, elle se brise généralement. Mais il peut aussi arriver qu'elle en ressorte renforcée, trempée tel le meilleur acier. Les démons avaient voulu briser tous les ressorts de l'âme de Ruby. A la place, ils avaient forgé un tranchant mortel pointé droit sur ce qui leur servait de coeur. Un instant, l'image du démon noir revint sous ses paupières. Malgré toute son intelligence, Iblîs s'était grossièrement trompé. Sa cible était assez forte pour lui tenir tête et sortir de l'orage avec une certitude encore plus forte. Le démon qu'on disait être le plus machiavélique de tous avait commis une monumentale gaffe... Mais alors ... alors ... pourquoi ce pressentiment, cette impression de ne pas voir une partie du plan de l'ennemi? Iblîs aurait-il vu plus loin qu'eux, au point de prévoir l'impossible et de préparer... quoi? Allons... folies... pourquoi se tourmenter?
Il soupira, ouvrit les yeux pour rencontrer ceux de Ruby. Sursauta. Pendant un instant, il eut presque peur d'elle... A cause de deux choses. La première était cet infime écho, cette fausse note dans ses paroles. Signe qu'elle avait été blessée malgré tout, peut-être même sans s'en rendre compte. Mais les blessures invisibles sont parfois les plus difficiles à guérir. Mais surtout, ce qui l'avait surpris, c'était la lueur fauve, sauvage, qui s'était embrasée au fond des prunelles de la jeune femme. Une sorte de... méchanceté, de cruauté. Vite apparue, vite disparue, mais pendant un instant, il avait eu l'impression d'être face à un démon des glaces, dont le regard hurlait le désir de vengeance et la volonté de tuer.
"Est-ce tout?" répétèrent, quelque part, les Voix lointaines qu'il croyait tues définitivement.
Il écouta pourtant Ruby lui révéler ses sentiments intimes, sans parler, en silence... le regard levé vers le ciel noir et le visage indéchiffrable offert à la pluie, se remémorant peut-être tous les évènements depuis leur rencontre. Autrefois, aux Monts Décharnés, la pluie ruisselait sur lui sans pouvoir le mouiller, glissant sur lui tel un bloc de cristal étranger aux choses de ce monde. A présent elle luisait dans ses cheveux d'argent, traçant sur ses traits des sillons scintillants.
"Une dette?" fit-il enfin, si doucement que sa voix se perdait sur les ailes de la nuit. "Tu m'a permis de renaître, là-bas, aux Grottes. N'est-ce pas toi qui a brisé les chaînes qui me liaient au passé? Qui est venue me chercher tout au fond de mon gouffre, malgré ton état? Le prix de ton sang, tu l'as payé en brisant mon sceau de pierre pour me libérer. La vie que tu me dois, tu me l'a rendue en ressuscitant le mort que j'étais..."
Lentement, il reporta son regard, à la fois sur Ruby et sur l'infini derrière elle.
Déjà l'orage se calmait, changeant ses rafales et ses grondements en une pluie noire et battante, torrents d'eau qui tombaient comme si les écluses célestes s'étaient ouvertes. L'obscurité était complète à présent, comme si l'univers avait été dévoré par les Ténèbres. On ne voyait plus ni le ciel, ni le paysage. Partout le noir, devant, derrière, dessus, dessous. Le sommet de la Tour des Vents était la seule île de clarté, éclairée faiblement par les lumières mêlées de leurs âmes: blanc de cristal et bleu de glace. Mais à quelques mètres de distance, tout se fondait dans l'ombre, et les murs semblaient plonger dans l'abîme...
Et au milieu de cet océan d'encre, sous la pluie, un garçon et une fille, derniers enfants d'un monde de lumière disparu, avaient soudé leur regard.
Les yeux d'Archael s'étaient faits plus lointain que jamais, perdus loin sur les chemins silencieux du rêve. Une goutte de sang tomba à terre, dans un bruit léger qui ne rompit pas l'enchantement. Le sang... la vie, l'élément vital qui formait le lien entre le corps et l'âme, entre l'esprit et la matière, entre l'illusion et la réalité...
Il voulait croire, pendant un instant, à la magie de ce rêve. Croire que le temps s'était réellement arrêté. Croire qu'autour d'eux l'univers avait réellement disparu. Croire que la musique lente qu'il entendait, les accords solennels d'un orgue fantôme, était réalité. Accepter cette impression qu'une assemblée de dieux avait figé ce moment pour en faire un tableau d'une beauté sombre et irréelle.
Croire au rêve et au sortilège, juste pour un instant...
Aussi, quand le visage de Ruby s'approcha-t-il du sien, garda-t-il encore le silence, ne se raidissant même pas. Il laissa se disperser les interdits du sang chez les anges. Oublia que les siens ne laissaient couler leur vrai sang, celui aux couleurs d'argent, que dans une seule occasion dans leur vie. Refusa de se rapeller la signification angélique du pacte de sang entre un homme et une femme. Ignora les conséquences possibles d'un tel geste. S'abandonnant, sans savoir quels rouages du destin se mettaient en marche.
Illusion ou réalité? L'orgue invisible sembla plaquer un accord empreint d'une gravité sereine et d'une douceur à faire pleurer. Déjà, légères comme deux pétales, leurs lèvres se touchaient...
Dernière édition par le Mar 26 Sep 2006 - 13:01, édité 3 fois |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Lun 25 Sep 2006 - 21:11 | |
| [Ahhhhhhh, c'est trop biennnnnn, faut que je te surpasse, je commence à être jalouse XD]
C'était chaud, ça. Plus chaud qu'une peau, plus chaud que les rayons du soleil sur sa peau, ou sa peau sur la pierre chauffée par le soleil. Chaud comme le creux de son nid que son corps forme dans sa tanière. Chaud, oui, mais pas brûlant, loin de ressembler au feu, à la flamme vascillante d'une bougie, à l'éphémère éternité d'un basculement. Pas chaud comme la morsure gelée de la glace, comme son empreinte sur la chair nue, comme sa marque sur un corps. Mais c'était doux, aussi doux que peu l'être un tapis de neige pour un être fait de glace. Doux comme on se l'imagine être les nuages. Doux comme ses doigts dans le pelage d'un animal sauvage, ou dans l'herbe rendue tiède par la journée alors que se lève le Crépuscule. C'était doux comme une plume, doux comme le jus d'un fruit qui ruisselle sur son menton. Et tout ausi abreuvant. Car elle buvait presque cela, comme elle avait bu une fois de l'alcool : pour oublier, se perdre. Juste une fois. Et là, c'était la première. Mais elle avait oublié une chose : les baisés servent à prendre, ou a donner. Et elle ne savait pas encore ce qu'elle avait fait. Ses yeux étaient fermés, un voile était déposé sur ses prunelles, elle s'était elle-même rendue aveugle, mais elle pouvait voir, ressentir, cette fournaise de chaleur que ses lèvres froides touchaient. Elle le touchait juste du bout de sa bouche, un voile de sang entre eux deux. Et le gout du sel, sans qu'elle ne le veuille, investie sa bouche, noya sa langue, passant entre sa joue et ses gensives. La rendant plus ivre qu'elle n'aurait bien voulu le dire, la perdant plus qu'elle ne le saurait. Le sel, le gout du sang, le même que la neige sur l'acier, sur l'argent que sa peau concidérait comme un métal maudit...
Elle recula, se détachant, scellant un acte dont elle ne mesurait pas encore l'importance. Et elle ouvrit les yeux. Elle ne se lécha pas la bouche, n'effaca pas la trace que son sang avait laissé, regardant, hypnotisée, celle que sa bouche avait laissé sur celle de l'ange. Et le vent souffla, mélant leurs chevelures. Ses mèches à lui vinrent caresser son front à elle où plus aucun bijou, de pierre, de bois, d'os ou de métal n'était visible, nu, plus blanc que le lait, plus froid que la mort, tout comme ses lèvres. Son regard de sang frais, de braise, d'escarboucle liquide accrocha celui de l'ange, ciel pur noyé dans un saphir, et elle y discerna des paillettes d'or, étoiles en plein jour... Puis, sans savoir pourquoi, elle vint de nouveau boire à cette source, abjurant silencieusement les barrières de ce que son acte avait déjà scellé, ne prenant pas encore conscience de son geste, se préparant à conjurer le ciel de lui faire oublier, ou au moins de lui pardonner. Et, dans son dos, les ailes de glace explosèrent, miliers d'esquilles de matière sur les dalles pierreuses de la tour...
Enfin, au bout de quelques secondes qui parurent lui durer une éternité, elle recula, concentrant toute son attention sur les sensations de son coeur et sur le bien-être que son âme ressentait. Pourtant, en dessous de cette joie, elle ne parvenait pas à savoir pourquoi, mais elle pouvait presque entendre des ricanements, comme le croassement d'un corbeau, un fouet claquant sur le sol, ou les cliquetis d'une chaîne se refermant sur sa gorge.
Mais elle baissa ses yeux, yeux qui, quelques secondes, avaient pris la couleur du ciel avant de revenir de sang. Sa main monta à sa bouche et, du revers, elle tenta d'effacer le sang en l'étalant sur sa joue ou, qui sait, le second baisé qu'elle n'aurait jamais dû donner, trop ivre et pleine de honte pour oser briser le silence que même l'orage ne se parvenait à éclater... |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Sam 30 Sep 2006 - 10:49 | |
| Dans une mythologie si ancienne que même les anges l'avaient oublié, il existait au monde des morts deux fleuves qui coulaient sans fin. Deux frères divins nés de l'Erèbe et du Tartare. L'un noir, l'autre blanc, tous deux étaient des pièges mortels. Le Styx ténébreux était le fleuve de la mort, et une goutte de son onde puissante était mortelle pour les hommes. Son frère, le blanc Léthé, était le fleuve de l'oubli. Celui qui trempait ses lèvres dans son eau couleur de lait s'y perdait pour toujours. Celui qui effleurait son courant immaculé y laissait son âme, emporté à jamais loin de ce monde, dans les méandres d'un rêve divin. Fleuve de lait, peau de neige, cheveux de perle... Le dieu-fleuve s'était-il réincarné dans un corps à son image, sorti de l'histoire et des chants pour l'instant d'un baiser?
Par deux fois, il avait senti cette fraîcheur sur ses lèvres. La première fois, il avait été presque surpris que quelque chose d'aussi fragile puisse exister. Lui qui connaissait presque uniquement la dureté des rocs et du ciel, la lumière aveuglante du soleil, la chaleur des vents du désert, l'âpre caresse du simoun, la beauté majestueuse, austère et brûlante du ciel du Sud, découvrait à présent quelque chose de totalement nouveau. C'était une fraîcheur intense, un souffle frais venu du pôle, la pluie sur un sol craquelé par la sécheresse, la douceur d'une brise de mer grise... Quelque chose d'aussi unique que la rosée qui se forme sur l'herbe quand le givre fond, au lever du soleil. La seconde fois, il n'avait même pas cherché à quoi cela pouvait se comparer. Il s'abandonna simplement à ce souffle de neige frais et désaltérant. Quelque part, dans un éclair de lucidité, il lui sembla que quelque chose au fond de son coeur ressuscitait. Ce flot venait inonder de fraîcheur un endroit assoiffé en lui, quelque chose de sec et de poussiéreux qui n'attendait qu'un peu d'eau pour renaître à la vie.
L'orgue invisible qui jouait au coeur de la nuit s'était tu... avait-il seulement existé? Au centre de la flaque de lumière, l'univers se résumait à leurs regards. Plus rien n'existait en dehors d'eux. Plus rien, hormis la pluie qui continuait à tomber, ruissellant sur leurs visages comme une caresse. Son regard s'était fondu dans les prunelles de feu mourant de Ruby. Enchaîné par la plus ancienne et la plus belle des magies, celle qui est à l'origine du monde, au commencement et à la fin de toute chose. Et ce regard, il l'avait vu prendre, pendant une seconde, le bleu merveilleux d'un ciel matinal, cet azur pâle et parfait d'un firmament que la pluie a lavé.
Dans un geste d'une légèreté aérienne, il leva le bras et referma les doigts sur la main de Ruby, déjà tachée de rouge. La main chaude et douce de l'ange garda celle de la jeune femme, menue et froide, serrée au creux de sa paume. N'aie pas honte, semblèrent chuchoter les yeux de saphir aux yeux de couchant. N'aie pas peur. Ne fuis pas. Coulant doucement, la pluie se chargeait déjà de gommer sur le visage de l'un et de l'autre, le rouge du serment brisé. Mais si les larmes du ciel pouvaient faire disparaître la trace extérieure, il en existait une autre, invisible, qui ne pouvait être effacée: celle qui était gravée à la pointe d'un diamant, sur les tablettes de leurs coeurs... épine douce et cruelle, distillant à la fois le bonheur et le reget.
"Je..."
Qu'allait-il dire? Les deux mots venaient de s'envoler, volés par le vent noir et froid qui les entourait. L'enchantement se rompait-il? Arrivaient-ils déjà au bout du rêve, au bout de la nuit? Non. Mais une dissonnance infime s'était faite entendre dans cette harmonie. Comme un rire grinçant, l'espace d'une seconde.. ou bien était-ce le claquement sinistre d'un cadenas qui se refermait? La pluie, jusqu'ici douce et amicale, se fit à nouveau froide et cinglante. La rafale revint les gifler, hurlante, mauvaise, tandis que le ciel semblait s'écrouler sous le roulement apocalyptique d'un dernier coup de tonnerre de l'orage qui s'éloignait en direction de l'ouest. L'asile de lumière se rétrécit, et la nuit, de complice et protectrice, devint soudain hostile et menaçante comme le gouffre à leurs pieds.
Alors, les longues ailes de l'ange, ces trésors de cristal qu'il avait rentrés en se posant, se déployèrent à travers l'air dans un froissement de plumes et les entourèrent. Contre quoi? Qui sait? Contre les maléfices de la nuit. Contre le vent noir qui s'était remis à souffler. Contre ce qu'ils redoutaient sans pouvoir le voir précisément, peut-être. Les protégeant de l'Extérieur comme dans une cathédrale de cristal, comme deux enfants perdus n'osant même plus se regarder, mais qui n'auraient pourtant pas donné leur place pour l'univers entier. |
| | | Ruby
Nombre de messages : 4776 Âge : 44 Race : Peuple de Cristal Poste : Errante - Prophétesse Magie Contrôlée : Arcanes de l'Eau Feuille de personnagePuissance: (990/1000) | |
| Dim 1 Oct 2006 - 20:20 | |
| Elle ne dit rien. Elle n'ouvrit pas la bouche, ne parla pas, le regard faire seulement. Elle le sentit prendre sa main dans la sienne et la chaleur de la main de l'ange la brûlait presque, elle qui était faite de glace. Car si la glace brûle les peaux mortelles, la peau mortelle brûle la glace. Mais elle ne dit rien, n'exprima rien. Durant quelques secondes, elle eue peur que le froid qu'elle dégageait ne mordit la peau de l'ange. Souffrerait-il du froid, s'il advenait que celui-ci gela sa peau, bleuissant ses chairs ? Mais, encore, elle ne dit rien, regarda avec une innocente peur les gestes du Trône. Il était doux, délicat, comme s'il avait dans ses mains en coupe un châton nouveau... un louveteau qui avait encore les yeux fermés. Et la pluie tomba du ciel, doucement, caressant de sa multitude de petites mains le visage de Ruby. Elle ferma les yeux et s'offrir à la pluie, aux chocs incessants des gouttelettes sur elle. Elle sentait les fibres de son vêtement se gaver d'eau, devenir transparent. Mais jamais ses chairs ne la trahirent. C'était de l'eau, elle était l'eau, l'eau était elle, que pouvait-elle lui faire ? Rien, et c'est ce qu'elle fit : rien. Elle se laissa bercer quelques longues secondes par les éléments et oublia tout.
Elle oublia son passé flou, oublia Sélène, oublia Mercure, oublia même que sa main se trouvait dans une autre main. Elle oublia que la vie existait, oublia qui elle était. Durant quelques secondes, elle faillit se perdre. Mais elle se retrouva quand elle entendit une voix, douce, glissante, caressante, comme la laine, comme une plume...
Et le vent souffla, soulevant sa chevelure, caressant aussi. Il l'entoura, la berça de ses bras qui pour elle étaient tièdes. Il l'entoura et la garda dans un cocon de bien être qui l'étonna. Elle savait de nouveau mais acceptait. Et la nuit autour d'eux se pencha, tendant ses bras vers eux. La nuit les protègeait. Et, c'était connue, le froid trouve son apex pendant la nuit. Alors, dans les ténèbres de la nuit, elle se sentait bien, comme dans des bras protecteurs, plus puissant que le vent lui-même.
Soudain, un mouvement, la pluie cessa, la nuit s'éloigna, écartant ses bras. Le vent faiblit et s'arrêta. La Cristalléenne, toute de cristal entourée, se sentit emprisonnée, et ses yeux montrèrent l'étonnement. Ils fixèrent les deux mains jointes, colombes unies. Et ces colombes se détachèrent lentement, ses yeux toujours dessus. Muette. Ruby leva ses yeux vers ceux d'Archael. Elle se rappelait, était redevenue elle, et là, à l'instant, s'était rendue compte d'une chose : ils n'étaient pas si pareil que cela. Trop de différences. Ou alors, c'était une excuse qu'elle donnait... Elle ferma les yeux, son esprit était vide mais pourtant plein. Elle n'arrivait pas à réfléchir. Et elle devait faire une chose... Provoquer ses ennemis, oui, c'était cela.
[Je vais faire agir Archael, si ça te gêne, j'édite] Tandis qu'elle détachait leurs mains et relevait ses yeux vers ceux de l'ange, celui ci avait ouvert lentement ses ailes. Et lui aussi, avait gardé le silence. Vive mais gracieuse, elle s'était mise accroupit. Lentement, elle avait reculé et ses yeux s'excusaient.
Enfin, elle s'assit, un mètre de distance de l'ange. Elle lui sourit, mais ses yeux avaient reprit cette lumière de détresse et de mélancolie qui les avaient habité. Elle porta légèrement sa main à sa bouche et inclina la tête.
"Te voila dans ma meute, frère." Elle soupira et, enfant de lune vêtue, ou de lune dévêtue, se laissa tomber dans le vide sur le côté... |
| | | Archael Nombre de messages : 1508 Âge : 40 Race : Ange (Trône) Poste : Ex-Professeur; Bibliothécaire Magie Contrôlée : Air Feuille de personnagePuissance: (880/1000) | |
| Lun 2 Oct 2006 - 16:37 | |
| Elle était partie. Leurs mains s'étaient séparées, tandis que l'enchantement se déchirait peu à peu. Le temps reprenait ses droits, implacable. La nuit finissait, et à l'est, une lueur violette auréolait le monde d'une lueur sinistre. L'aube. Mais ce matin, elle n'était pas rose et lumineuse. Non, elle était sombre, et sinistre, une Aube Rouge. Signe de temps funestes, disaient les anciens. Beaucoup de sang coulerait dans les jours à venir.
Sang... les yeux de Ruby avaient eu cette couleur avant qu'elle ne se laisse tomber de la Tour, éclat de glace blanche, jusqu'au fond de l'abîme. Elle lui avait parlé, mais les paroles d'espérance n'avaient pas atteint leur destination. Comme elle l'avait remarqué, un simple reflet du regard pouvait importer énormément à l'ange. Et ce qu'il avait lu dans les prunelles de la jeune fille l'avait blessé plus douloureusement que sa main qui lui brûlait.
Pourquoi avaient-ils repris cet éclat sanglant? Pourquoi n'étaient-ils pas restés tels qu'ils avaient brillé, une seconde, bleus comme l'espoir? Le feu sauvage s'y était rallumé, éteint seulement pour un instant par la douceur. Il le savait sans comprendre pourquoi. Il SAVAIT que les crocs du loup ressortaient, que le chant sauvage de la vengeance monterait haut dans les plaines sombres autour de la Cité. La Traque de la Louve reprendrait, le sang de démons coulerait encore. Les yeux de la jeune fille, une seconde, avaient été plus sauvages encore qu'au début de leur rencontre... plus, et non pas moins comme on pourrait le croire. S'était-elle rendu compte à quel point elle avait changé?
En un instant, il comprit que le message d'Iblîs n'était pas destiné à saper le moral de Ruby. Maudit sois-tu, fils de l'ombre! Ton vrai but... la vraie vérité derrière toute les vérités. Oh non, Iblîs ne s'était pas trompé. Ses mots avaient eu exactement l'effet qu'il désirait. Endurcir encore la professeure de l'eau. Renforcer la fureur de la Louve. La lancer contre les démons avec une hargne froide, renouvelée. Et, à chaque fois que ses crocs feraient jaillir le sang, ses yeux se terniraient encore et encore. Elle s'enfoncerait toujours plus dans cette spirale sans fin.
Iblîs ne cherchait pas à vaincre ses ennemis. Il voulait briser leur vie, tirant les ficelles dans l'ombre, pour les amener à le rejoindre dans son abîme.
Il fit un geste dérisoire. Voulut lancer son bras pour retenir Ruby de plonger dans le Noir, au propre comme au figuré. L'empêcher de jouer ce jeu machiavélique qui la détruirait. Ses lèvres s'ouvrirent sur un cri silencieux, mais rien ne franchit ses lèvres.* RUBY!! *Trop tard. Elle partait pour la Guerre, mais un jour celle-ci l'emporterait. Un pli amer se dessina sur les traits de l'ange, et soudain s'y mêla la stupeur. Que se passait-il? Il n'était plus sur la Tour des Vents... si... non. Il y était de corps, mais devant ses yeux durcis, des images étrangères apparaissaient.
La guerre. La guerre. Partout. Toujours.
Charniers laissés à pourrir sur place car les vivants ne sont plus assez nombreux pour enterrer les morts. Blessures, sanglots et larmes répandues sur le monde. Flammes brûlant les demeures des faibles. Cris de victoire ou d'agonie, résonnant sur la face de la terre comme une sinistre chanson. Et à présent les élémentalistes eux-mêmes entraient malgré eux dans la bataille. Les pouvoirs de la magie seraient-ils les outils de nouveaux carnages, emportés dans leur combat contre les démons?
Peut-être était-il trop pessimiste. Peut-être ses craintes prenaient-elles la forme de visions faussement prescientes. Mais pendant quelques secondes, il lui avait semblé que ses yeux perçaient la brume impalpable du présent, pour dévisager avec une lucidité douloureuse les détours changeants de l'avenir. Un avenir possible... dans quelques années, quelques dizaines au plus. La bataille contre les démons s'éternisant et se répandant, ravageant au passage ceux qui n'avaient rien à y voir.
Images... Les flammes des Ignis teignant l'horizon du monde de couleur d'incendie, les volcans enfouis se réveillant, brûlant des pays entiers et réduisant toutes choses en cendres.
Odeurs... Les terres partagées entre déserts arides et jungles dévoreuses là où passaient les armées Terras, et le sol prenant des formes démentes et tourmentées, dernier sursaut d'une planète à l'agonie.
Chants... Les quatre grands vents cardinaux, cyclones porteurs de destruction, lâchés sur le monde tels les quatre cavaliers de l'Apocalypse ; et lui-même, tout pacifisme jeté aux flots du destin, danser un mortel ballet au milieu des foudres d'un orage de fin du monde.
Sensations... Le froid d'un hiver sans fin s'étendre au-dessus le monde, figeant le vert de l'espérance dans le blanc linceul de la mort ; et le silence faire résonner l'écho de l'éternité sur les pas d'une Ruby n'ayant plus entre les paupières que deux braises de feu gelé.
L'avenir d'un monde où la magie et les démons, dans leur duel sans fin, avaient impliqué ce que les uns cherchaient à conquérir et les autres à protéger.
Il sursauta violemment et rouvrit les yeux. Combien de temps s'était-il passé? Les pensées s'étaient succédées dans son esprit, brèves et infiniment longues à la fois. Mais il sentait que plusieurs secondes avaient du s'écouler. Ruby était hors d'atteinte, elle avait plongé là où il ne pouvait pas aller la chercher.
Il contempla un instant sa main, brûlée par le froid. Déjà... elle était déjà si loin. Ses sourcils se contractèrent avec violence. D'un mouvement de mâchoire, inconsciemment, il saisit sa lèvre entre ses dents et la mordit jusqu'au sang. Les deux ailes cristallines flamboyèrent, s'irradiant de tristesse, de peur et de colère. L'aura du Trône tripla, quadrupla, nimbant le sommet de la Tour d'une lumière livide. L'électricité statique crépita furieusement. En réponse à cette antenne de violence, un éclair déchira le ciel depuis l'orage lointain et vint frapper le bâtiment.
Mais cela n'avait pas suffi. Alors, comme répondant à un appel, il s'enleva en rafale dans le ciel, traversant les nuages comme une comète blanche, se ruant vers l'orage comme un vent furieux. Le rattrappant, pour se plonger à nouveau dans cet enfer si semblable à la tempête qui le secouait, noyer sa détresse et sa colère dans la danse démente des vents furieux et le rythme endiablé des éclairs. Déjà la boule de feu blanc disparaissait à l'horizon, en direction de l'est, à la suite de l'orage...
...
Et sur la Tour, ne demeura que deux gouttes de sang tombées l'une à côté de l'autre, tachant de rouge le blanc de la pierre... elles roulaient portant, l'une vers l'autre, lentement, comme poussées par la main invisible du destin. Se fondraient-elles enfin? Qui sait? La pièce s'arrêtait là, le rideau noir de la nuit était retombé sur la scène. L'avenir appartient aux Dieux et aux étoiles...mais même les étoiles peuvent se tromper.*** Topic clos *** |
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